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 Meghann Mills - Obsession : Night

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Meghann Mills - Obsession : Night Empty
MessageSujet: Meghann Mills - Obsession : Night   Meghann Mills - Obsession : Night EmptySam 1 Aoû 2009 - 14:57

Meghann Mills - Obsession : Night Registre
||REGISTRE ||



    Nom : Mills Prénom : Meghann Surnom : Meg si vous tombez vraiment sur un de ses bons jours - ou si elle vous apprécie vraiment, mais ça n'est pas vraiment le cas de tout le monde...Âge : 21 ansCalice : Oui, enfin pas encore, mais à terme, oui.

"Anything for You"
Evanescence

I’d give anything to give me to you
Can you forget the world that you thought you knew
If you want me,
Come and find me
Nothing’s stopping you so please release me

I’ll believe
All your lies
Just pretend you love me
Make believe
Close your eyes
I’ll be anything for you

Nothing left to make me feel anymore
There’s only you and everyday I need more
If you want me
Come and find me
I’ll do anything you say just tell me

I’ll believe
All your lies
Just pretend you love me
Make believe
Close your eyes
I’ll be anything for you

I’ll believe
All your lies
Just pretend you love me
Make believe
Close your eyes
I’ll be anything for you

Anything for you
I’ll become your earth and sky
Forever never die
I’ll be everything you need

I’ll believe
All your lies
Just pretend you love me
Make believe
Close your eyes
I’ll be anything for you



    Connaissance : Elle ne parle qu’anglais, sa langue maternelle, mais est dotée d’une mémoire photographique qui fait sa fierté, ce qui implique cependant qu’elle a besoin de visuel pour se remémorer quelque chose. Une chanson seule, par exemple, un discours, ne lui reste absolument pas en mémoire, à moins qu’elle ne lise la transcription. Par contre, montrez-lui une photo, une peinture, elle vous la dépeint quelques instants plus tard avec tous les détails.Or elle a lu beaucoup de choses sur les vampires, à partir du moment où elle a commencé à s’intéresser à ces rumeurs. Et elle a retenu l’essentiel de ce qu’elle a lu. Et elle est loin d’être idiote, ce qui fait qu’il n’en faut pas beaucoup pour qu’elle fasse les liens entre les meurtres sur lesquels son père enquête avec des œillères humaines, et les informations qu’elle a pu obtenir sur lesdits vampires. Elle s’est ainsi renseignée sur ces immortels dépeints au sein de nombre de civilisations, plus ou moins antiques, et pour elle, il n’y a aucun doute quant au fait qu’ils soient à l’origine des morts étranges qui se multiplient depuis l’hiver dernier (nous rappelons à notre aimable lectorat que l’Australie étant dans l’hémisphère sud, la période de l’été en Europe correspond à l’hiver là-bas Wink).Pourtant, à l’origine, rien ne la prédispose à des recherches sur les civilisations passées, car ce qui l’intéresse, c’est la mode. Elle connaît par cœur les plus grands couturiers, et reconnaît à l’œil le style de chacun, en particulier celui des italiens qu’elle affectionne particulièrement. Lieu de Naissance : Darwin, Australie (on va même pas me croire mais c’est pourtant bien une coïncidence...)Famille : Margaret Mills, née Richards, sa mère, inexistante. Elle passe son temps entre deux avions, étant hôtesse de l’air. En dehors de lui ressembler un peu, physiquement (et il semblerait que ça soit aussi le cas au point de vue caractère, bien qu’elles s’en récrient autant l’une que l’autre), et de lui être reconnaissante pour ça, finalement, elle n’a pas grand-chose à dire à son sujet. D’ailleurs, elle fait tout pour l’éviter, et a toujours une bonne excuse pour ne pas être là quand elle fait escale à Sydney entre deux avions. Il faut dire que c’est d’elle qu’elle a le plus souvent entendu les petites phrases bien sympathiques du genre « regarde ta sœur, elle ne fait pas ça, elle », ou « coudre des vêtements, c’est pas un vrai métier, y a plein d’études plus intéressantes à faire ». Et, parmi nombre d’autres défauts, Meg est assez rancunière…Christian Mills, son père. Elle l’idolâtre, et a bien du mal à supporter de le voir si proche de sa cadette. Journaliste à succès, il a mis sa carrière de côté pour élever ses enfants et laisser à son épouse le champ libre pour continuer sa carrière à elle. Il a toujours été à l’écoute de ses enfants, même s’il ne pouvait que regretter que son aînée fût si peu loquace et réservée pendant la majeure partie de son enfance et son adolescence. Maintenant qu’ils sont adultes, et que tous s’assument plutôt bien, il a repris du service, délaissant les rubriques « plan-plan » qui les faisaient vivre jusque-là, et ne cesse de chercher à dénicher les derniers scoops… Sa curiosité pourrait bien lui jouer des tours, comme elle le met sur la route des vampires. Ce en quoi son aînée le suit, à son grand dam, d’ailleurs. D’un autre côté, sa mémoire, et son goût pour tout ce qui touche au vestimentaire lui est parfois bien utile… Bethanny & Joannie Mills, ses deux soeurs, vrais jumelles, cadettes de deux ans. Meghann ne les aime pas plus que ça, et elles le lui rendent bien. Elles n’ont jamais cherché à savoir ce qu’elle faisait, ne se sont jamais intéressées à elle, et inversement, à quelque exception près. De toute façon, rien que son look leur semble bizarre, alors son intérêt pour les vampires, ça leur passe quarante kilomètres au-dessus. Avant ça, c’était sa façon de traiter ses poupées… Il y a toujours eu une bonne raison pour se moquer et la mettre à l’écart. Et ça aussi, elle n’est pas prête de l’oublier.Amanda Mills, sa cadette. « La plus mieux » dans tous les sens du terme. Celle qui a des amis, celle qui réussit en classe, celle que tout le monde prend en exemple. La plus jeune n’a pourtant jamais cherché à s’attirer les foudres de sa grande sœur. Mais elle ne pouvait pas empêcher les remarques des frangines, ou les réprimandes de leur mère… et pour le coup, elles n’ont jamais été proches, c’est le moins qu’on puisse dire. Meg et Amy sont un peu les meilleures ennemies du monde... Quoi que ? Est-ce qu’au fond, la jalousie n’a pas pour base une certaine admiration ? Il faudrait qu’elle passe outre des années de rancœur pour admettre ça, et c’est loin d’être gagné... Profession : Etudiante. Après trois ans à galérer dans une boîte de couture où on ne lui donnait que les tâches ingrates, ce qui était loin de ressembler à ce qu’elle avait imaginé au départ, elle a décidé de reprendre les études. Evidemment, son père en est ravi. Sa mère, elle n’en sait rien, elle ne la voit jamais (et à vrai dire, elle s’arrange pour ne pas être là quand elle rentre en coup de vent entre deux avions). Toujours est-il qu’elle s’est inscrite au cursus menant au Diploma of Arts, et y a choisi les options « Australian Gothic », « Animal/Human Cultures », « Ancient civilisations », « Myths, Legends and Heroes », « Medieval Literary and Artistic Modes » et « Literature and Cinema », en espérant y glaner quelques indices sur les vampires… enfin… au moins au cours de ses recherches à la bibliothèque universitaire, si ce n’est pas pendant les cours eux-mêmes.

Meghann Mills - Obsession : Night Mindbody
||Mind & Body ||


    Caractère :Difficile de décrire la psychologie de la jeune femme en quelques mots… Quoi que le terme « obsession » prenne tout son sens assez rapidement. Passionnée, elle va jusqu’au bout des choses, abandonnant tout le reste dès lors que quelque chose captive son attention. Comme les études, qu’elle a laissées en plan pour devenir couturière, ou, à présent, le job auquel elle avait fini par s’accommoder pour se consacrer à ses recherches sur les vampires... Lorsqu’elle a quelque chose en tête, il est inutile de tenter de lui faire changer d’avis, et elle a la détermination nécessaire pour parvenir à ses fins. Ce qui ne veut pas forcément dire qu’elle déborde d’assurance, loin de là, mais elle tait ses doutes et les dissimule derrière une certaine arrogance et un tempérament pour le moins sanguin. Elle n’hésite pas à faire savoir ce qui ne lui plaît pas quand ça ne lui plaît pas, et nombre de personnes se sont laissées prendre par son minois à l’air fragile avant de déchanter lorsque la belle a fini par s’emporter... Car en effet, irritable et peu sociable, Meghann a tendance à s’isoler au maximum, à ne garder de contacts humains que lorsque c’est nécessaire. Et ceux qui tentent d’y contrevenir le font à leurs risques et périls, car, véritable tigresse, elle ne supporte pas qu’on vienne l’importuner. Il faut dire qu’elle a longtemps été le vilain petit canard raillé de tous, et que la confiance ne fait pas vraiment partie de ce qu’elle accorde en premier lieu. Elle est donc particulièrement méfiante des gens qu’elle ne connaît pas, ce qui ne l’empêche pas d’entrer en contact avec ceux qui pourraient lui être utiles. Tout est question de sujet de conversation et d’attitude. Tant que l’on reste dans le domaine du courtois, du correct, elle fait bonne figure, en général parce qu’elle attend quelque chose en retour, mais le moindre écart la fait bondir, et ne parlons même pas du contact physique qu’elle repousse dans la seconde... Et très rancunière, elle n’oublie jamais ou presque un affront, qu’elle compte bien faire payer un jour. On dit bien que la vengeance est un plat qui se mange froid, n’est-ce pas ?Si elle montre parfois une certaine joie de vivre, il est évident qu’elle n’est pas aussi expansive que sa sœur, pas aussi communicative, et elle est d’ailleurs jalouse de cela (comme de bien d’autres éléments du physique et de la personnalité de sa cadette par ailleurs). La fraîcheur dans le regard, l’insouciance, ce sont des choses qu’elle ne connaît pas, et si elle a parfois l’air absent, c’est bien souvent parce qu’elle se remémore quelque chose qui lui sera utile dans la minute qui suit, certainement pas pour revisiter quelque souvenir nostalgique. Car à vrai dire, elle ne garde pas vraiment de souvenir agréable de son enfance, et évite donc au maximum les séquences de flashbacks. La jalousie est sans doute son plus gros défaut, et elle est due au fait qu’elle souffre d’un certain complexe d’infériorité qu’elle cherche à compenser en quelque sorte en écrasant les autres. C’est ce qui fait qu’elle se montre méprisante envers sa cadette, hautaine avec les autres, inaccessible. Pourtant, au fond, elle aurait aimé être plus proche d’elle, avoir vraiment le rôle d’une grande sœur. Sauf qu’il y avait déjà les jumelles dans le rôle des grands soeurs confidentes et que la comparaison a vite remplacé l’affection sororale par une rivalité dévorante...Quelle est sa place dans le monde ? Humaine, elle était sans doute destinée à mener sa petite vie, tranquille, loin de tout ce qui pourrait s’approcher du surnaturel, à moins qu’elle ne serve un jour de repas à un vampire et ne vienne ajouter son nom à la longue liste des victimes de meurtres non résolus qui s’agrandit chaque jour, et particulièrement depuis l’hiver dernier. Sauf qu’elle est persuadée qu’ils existent, ces vampires, justement à cause de ces meurtres inexpliqués, et qu’elle veut en savoir plus. Et quand elle veut quelque chose, elle l’obtient, au mépris des conséquences. Ce qui fait qu’elle ne restera pas à sa place de pauvre petite humaine... mais elle ne sait pas encore où elle sera placée sur le grand échiquier du monde. Les Vampires : Elle est persuadée qu’ils existent, et sa rencontre avec l’un deux va lui confirmer qu’elle a raison... Et loin de la terroriser (bon, il faut avouer, un peu quand même, ils sont tout-puissants et terrifiants tout de même), cette rencontre va exacerber sa fascination pour ces créatures sur lesquelles elle n’a de cesse de faire des recherches depuis qu’elle a supposé leur existence, et plus encore à présent qu’elle en a la confirmation.



Dernière édition par Fiona - Admin le Mer 27 Jan 2016 - 12:15, édité 9 fois
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MessageSujet: Re: Meghann Mills - Obsession : Night   Meghann Mills - Obsession : Night EmptySam 1 Aoû 2009 - 16:15

Meghann Mills - Obsession : Night Mindbody
||Mind & Body ||
(suite)


    Qualité Principale :
    La ténacité, sans doute. C’est une jeune femme déterminée, qui sait se donner les moyens de parvenir à ses fins… Même si ses objectifs ne sont pas toujours très raisonnables…

    Plus Gros Défaut :
    La jalousie, c’est l’histoire de sa vie. Elle a toujours été envieuse de sa cadette, de la façon dont les gens la regardaient, de sa bonne humeur, de ses résultats… de tout. Et il ne s’agissait ‘que’ de sa sœur… Alors imaginez seulement ce que ça sera lorsqu’il s’agira de l’objet de son affection…

    Ses Goûts :
    On ne peut pas parler des goûts de Meg sans parler de mode, de création vestimentaire, de couleurs et de papillons. Elle a toujours été fascinée par les défilés et ne fait jamais dans la demie mesure. Petite, c’était ses poupées qu’elle maquillait, coiffait, relookait de A à Z en fonction de ce qu’elle avait pu voir à la télé. Aujourd’hui, elle a remplacé les poupées par son propre corps, bien qu’elle n’ait pas encore totalement passé le cap de l’acceptation de soi, et crée sa propre mode, même si elle reste particulièrement sensible aux créateurs italiens qui n’ont aucun secret pour elle.

    Elle aime les couleurs vives, celles qui attirent le regard et intriguent, et s’il lui arrive de porter du noir ou du blanc, c’est bien parce qu’il y a du rouge, du rose ou du violet pour trancher. Se fondre dans la masse, elle s’y refuse, ça a été le cas trop longtemps, et elle ne veut plus rien avoir de lié à son adolescence, qu’elle a assez mal vécue.

    Et elle aime les papillons, qui ornent toutes ses tenues, d’une manière ou d’une autre, parsèment les murs de sa chambre, s’accrochent à son miroir, pendent à son téléphone ou ornent ses ongles... Jolie métaphore, d’ailleurs, que celle de cet insecte, d’abord larve disgracieuse, qui s’enferme un jour dans un cocon pour en ressortir magnifique, paré de mille couleurs...

    Elle est aussi réceptive à l’art en général, même si elle est incapable d’une œuvre quelconque. Si elle gribouille pour ses créations, elle est tout à fait consciente de ne jamais pouvoir être artiste peintre, et de toute façon, elle n’en a nulle envie. Elle apprécie cependant l’esthétique d’une toile ou d’une sculpture, la mise en scène et les décors d’un film ou d’une pièce, et, critique, elle n’hésite pas vraiment à donner son avis si on le lui demande... ou parfois même quand on ne le lui demande pas.

    Bien moins férue de littérature et de musique, elle peut tout de même se laisser captiver par un roman fantastique qui puisse faire vagabonder son imagination, ou se laisser entraîner par un morceau rock ou punk, tant qu’il y a un minimum de pêche. Elle reste cependant assez imperméable aux œuvres trop classiques dans un domaine comme dans l’autre. A moins qu’ils ne touchent une corde sensible, auquel cas il est bien probable qu’elle en vienne aux larmes... Ce qu’elle déteste par ailleurs, et aime à la fois : elle ne supporte pas de laisser voir sa faiblesse, et pourtant, peut apprécier d’être touchée, comme elle l’est par certaines toiles...

    Enfin côté alimentation, il n’y a pas grand chose qu’elle n’apprécie pas à vrai dire, en dehors de quelques légumes tels que les petits pois et lentilles qui l’insupportent, et les endives et céleris dont elle ne raffole pas. Les sucreries se font la part belle dans son apport calorique journalier, bien qu’elle doive y être vigilante au niveau de la composition car elle est allergique aux noix et à ses proches (amande, noix du Brésil, noix de cajou, noisette, noix de macadamia, noix de pecan, pignon, pistache, noix de coco et muscade lui sont pour le coup tout autant interdits). Cela étant, comme elle a tendance à pouvoir manger ce qu’elle veut sans prendre un gramme, elle ne se fait pas vraiment prier. En revanche, elle ne tient absolument pas l’alcool (il faut dire aussi que si elle commence, elle a bien du mal à s’arrêter), et évite donc toute boisson alcoolisée, même peu forte.

    Physique :
    Il y a quelque chose de dérangeant chez Meghann, et ce n’est pas seulement son goût pour les peintures faciales colorées et les vêtements tape-à-l’oeil et pour le moins osés (quoi qu’elle reste encore relativement sage par rapport à ce qu’elle dessine et coud pour l’heure). Son regard marron peut d’un instant à l’autre passer des brumes les plus opaques, notamment lorsqu’elle fait appel à sa mémoire, comme si elle était complètement absente, à une avidité évidente, qui mêle désir de séduction et haine farouche des autres. Ou peut-être est-ce de la peur qu’elle change en colère pour ne pas la laisser paraître ? Parce que Meg a besoin de plaire, mais ne supporte pas qu’on l’approche. Rien ne lui fait plus plaisir qu’un compliment sur son physique ou ses tenues (il faut dire qu’après des années à avoir plutôt entendu railler son statut de « grande asperge », voir que les hommes la désirent est assez valorisant, finalement), mais il y a encore une bonne part de la jeune fille esseulée qu’elle était dans son comportement face aux hommes, qu’elle fuit dès qu’ils tentent une approche. Parce qu’elle a peur, indéniablement, de ce qui pourrait se passer après. Mais elle ne laissera personne le dire à sa place.

    Elle a pourtant un joli visage et une peau de pêche sans doute héréditaire, qui aurait pu lui donner l’air doux, si ses prunelles n’avaient été aussi... vives. Un nez droit, une bouche pulpeuse à la moue boudeuse... Elle a le visage d’une petite poupée, la douceur incarnée... On pourrait presque y croire tant qu’on ne la connaît pas, tant qu’on ne s’attarde pas plus de quelques instants sur elle. Ses cheveux bruns et soyeux (tant qu’elle n’y apporte aucune modification toujours) retombent sur ses épaules, mais tout comme son visage qui se pare de couleurs diverses et variées au gré de ses humeurs, elle peut tout aussi bien décider du jour au lendemain d’arborer une coupe courte, bouclée et rousse ou une longue toison blonde, de couper court ou de rajouter des mèches pour revenir à la longueur qu’elle a raccourcie la semaine d’avant...

    Plutôt grande pour une jeune femme, elle toisait déjà ses cadette à l’adolescence, et a terminé sa croissance en avoisinant le mètre quatre vingt. Longiligne, guère musclée, on lui a souvent demandé si elle avait été mannequin, ce qu’elle refuse obstinément : d’abord parce qu’elle avait voulu faire carrière de l’autre côté de la barrière, en habillant et maquillant les modèles plutôt qu’en défilant à leurs côtés, et puis parce qu’elle considère cette position comme trop dégradante. Soit belle et tais-toi, ça n’est pas pour elle.

    Style Vestimentaire :
    Une chose est sûre, elle ne passe pas inaperçue. Ses tenues sont pour la plupart faites main et elle y tient comme à la prunelle de ses yeux. Rien de tel pour la mettre en rogne que de critiquer, ou pire, d’abîmer une de ses créations. Plus ou moins osées, plus ou moins déjantées, elles attirent le regard, à n’en pas douter. Adeptes des couleurs vives, il n’est pas rare de la voir porter du rouge, du rose, du turquoise, de l’orange, du vert, du violet, parfois plusieurs de ces teintes vives en même temps d’ailleurs… Tout au contraire, elle rechigne à porter les couleurs sobres qu’on voit partout, telles que le beige, le brun, le gris, et n’accorde le noir et le blanc qu’avec un autre coloris « pour trancher ».

    Des coupes qui mettent en valeur ses formes, des assemblages de matières, c’est simple : elle s’amuse avec la mode. Décrire en quelques mots son look est impossible, tant il peut varier d’un jour à l’autre, d’un pantalon en simili cuir coloré ajusté sur un top américain bariolé à une robe doublée d’une multitude de jupons de tulles à l’encolure faussement sage bordée de dentelle, elle alterne les genres, selon son humeur. Son symbole fétiche est le papillon, et il se retrouve un peu partout sur ses créations, de façon plus ou moins discrète.

    Signe Particulier :
    Elle a fait tatouer cet insecte au creux de ses reins et sur sa cheville droite lorsqu’elle a eu dix-huit ans, malgré l’interdiction formelle de son père à l’origine – qui a fini par lui céder pourtant.

    Avatar :
    Rose McGowan


Meghann Mills - Obsession : Night Story
|| Her Story ||


    Son Enfance :

    Meghann est née il y a vingt-et-un an, dans une famille sans grande histoire, comme il en existe beaucoup d’autres de par le monde. Première née des quatre enfants, elle n’aime guère évoquer son enfance, pas plus que son adolescence. Une confortable maison dans la banlieue de Darwin, un père très présent, bien davantage que leur mère, trop souvent en déplacement, et bientôt, deux soeurs jumelles, puis une petite dernière, rien de bien fabuleux que le début de son histoire. De la naissance des jumelles, elle n’a aucun souvenir, trop jeune à l’époque pour comprendre et imprimer ce qui arrivait. De celle de sa sœur, elle ne garde qu’une impression floue d’interdit : c’était la petite dernière, surprotégée, elle avait à peine le droit de la regarder. Croyait-on qu’elle allait lui faire du mal ? A l’époque, elle n’avait encore aucun grief à l’encontre de ce bébé… Ses parents n’allaient que précipiter les choses, à lui interdire presque de l’approcher… Elle avait voulu être la grande sœur modèle, au départ. Et pendant les premières années, comme tout ce qui touche à la nouveauté, ça avait été son petit plaisir que de s’occuper du bébé, d’être la grande. Même si les seules tâches qu’on lui octroyait consistaient en lui ramasser sa tétine, ou aller chercher le bavoir ou la boîte de lingettes... Bien vite pourtant, trop vite, au goût de l’aînée, être la plus grande devint un fardeau. « Non, tu ne pleures pas, tu es une grande fille maintenant, ça n’est plus de ton âge ces enfantillages ». « Non, ce manège-là, ce jouet-là, c’est pour les petits ». « Tu vois bien que je suis occupé avec la petite ? » « A ton âge, tu peux te débrouiller toute seule ». « Sois une gentille fille, n’embête pas maman pendant qu’elle donne le biberon à Amy... » Des phrases que tous les parents ont dit un jour à leurs enfants, sans imaginer les répercussions qu’elles pourraient avoir, bien des années plus tard.

***

    "Prom’nons nous dans les bois
    Pendant que le loup y est pas
    Si le loup y était..."

    "Je te tiens!!!"


    Elle était là, pourtant. Elle avait clairement le souvenir d’Amanda, courant pour échapper à Joannie, qui, plus grande, plus rapide, plus sportive, venait de l’attraper par la taille et de la soulever. Elle avait fait semblant d’être absorbée par un livre, mais n’arriverait jamais à le lire jusqu’au bout. Bel-Ami et Maupassant, ça n’étaient justement pas ses amis, à elle. Et comme Jo faisait tourner une petite Amy éclatant de rire autour de lui, puis commençait à la chatouiller, Bethanny s’approcha à son tour… alors elle suivit le mouvement. Pourtant, pas un instant, l’une d’entre elles ne vint vers elle, ne tourna la tête vers elle. Le livre à la main, elle était restée en retrait, comme Amy inversait les rôles, et chatouillait à son tour Beth.

    Bientôt ils quitteraient cette petite maison de Darwin pour gagner la capitale. Papa avait demandé à être muté au siège du journal, et ce serait plus simple pour Maman. Les gens de l’extérieur disaient qu’il y avait une bonne ambiance dans la famille Mills, et que c’était ce qui comptait le plus, dans notre pauvre monde détraqué. Mais Meg ne faisait pas partie de ce tableau, apparemment. Les rires, les cris, les jeux, elle n’y avait pas sa place, ou en tout cas, on ne l’y avait jamais invitée.

    "On se lave les mains et on vient à table !"

    La voix de leur père venait de résonner, de même que ses mains tapant trois coups l’une dans l’autre pour les appeler. Trois. Comme les trois plus jeunes, qui se précipitaient, faisant la course pour rejoindre Christian Mills, dans les bras duquel Amy se jeta instantanément avant de suivre ses aînés. Le meilleur père au monde. Parce que même si elle n’était pas comme les autres, il l’accueillit avec un sourire, passa une main sur ses épaules lorsqu’elle regagna, quelques instants après les trois furies, la petite bâtisse qui leur servait de domicile, et déposa un baiser sur ses cheveux bruns avant qu’elle ne gagne à son tour la salle de bain. Le meilleur père du monde, parce qu’il avait tout quitté pour eux, parce qu’il ne leur en avait jamais tenu rigueur, parce qu’il les aimait, tout simplement. Même elle.

    "Maman rentre demain", avait-il annoncé à la fin du dîner et si elle n’en avait rien laissé paraître, ou plus exactement, si elle avait continué à manger sa tarte sans rien dire, elle n’en avait pas pensé moins.

    Qu’elle aurait préféré avoir encore quelques jours tranquilles. Qu’Amanda pouvait s’extasier, elle, qui était devenue euphorique à cette annonce, puisqu’elle était sa chouchoute et qu’il n’y allait en avoir que pour elle, mais qu’elle, elle allait encore avoir droit à toutes les remontrances et les remarques désobligeantes possibles et imaginables. Qu’est-ce qu’il fallait qu’elle fasse pour qu’on arrête de les comparer ? Ca ne suffisait pas, qu’elle se barbe à l’école pour garder un niveau correct comme ils le voulaient ?

    Elle avait terminé en silence, ramassé ses couverts, et commencé un brin de vaisselle sans ajouter quoi que ce soit d’autre. Et puis elle était montée dans sa chambre et avait passé plusieurs heures à dessiner. Demain, il faudrait qu’elle évite, il ne faudrait pas que Maman la voie faire, alors elle en profitait tant qu’elle pouvait. Et elle attendait déjà avec impatience le prochain vol qui l’emmènerait elle ne savait trop où encore.


Dernière édition par Fiona - Admin le Sam 5 Sep 2009 - 9:44, édité 2 fois
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MessageSujet: Re: Meghann Mills - Obsession : Night   Meghann Mills - Obsession : Night EmptySam 1 Aoû 2009 - 16:15

Meghann Mills - Obsession : Night Story
|| Her Story ||
(suite)


    Son Enfance (suite) :

    Ainsi des jeux avec ses soeurs, elle ne garde que l’impression de les avoir vues jouer entre elles, d’être restée à l’écart. Dans ses souvenirs, Maman n’était que peu souvent là, elle était retournée à ses avions, à ses voyages, et ça lui allait bien comme ça, et Papa passait son temps dans son bureau, occupé à écrire ses articles. Et quand au gré de ses allers et retours, entre deux avions, Maman revenait à la maison, il n’y en avait que pour Amanda, la petite fille si pleine de vie sur laquelle elle aurait dû prendre exemple. Et pourquoi ne passait-elle pas plus de temps avec sa cadette ? Aussi loin qu’elle se souvienne, elle n’a jamais vraiment eu de bon rapport avec elle, et n’a à ce jour aucun véritablement bon souvenir avec elle. Même lorsqu’elles ont dû partager la même chambre lorsqu’il fut décidé que la famille s’installerait à Sydney pour faciliter les allers-retours de Maman et pour que Papa intègre un journal de plus grande envergure, les relations entre les deux jeunes filles ne se sont pas vraiment arrangées.

    Oh certes, on reprochait parfois à sa cadette de n’en faire pas davantage à l’école où elle se contentait de vivoter, mais c’était manifestement bénin. L’aînée, elle, se devait d’être irréprochable, semblait-il. On interrogerait leurs parents, sans doute se récrieraient-ils d’avoir jamais fait tant de différence entre leurs deux filles, pourtant, c’est ainsi que la plus grande l’a ressenti. Une note moyenne, et les sanctions tombaient. Non pas privée de sortie avec les copines, ils savaient bien que ça ne servirait à rien, tant l’adolescente était réservée et peu sociable, mais privée de tout ce qui lui tenait déjà à coeur, à savoir la mode... Fini dans ce cas les retransmissions de défilés, fini les essayages de maquillage, fini les heures de couture pour confectionner des robes aux poupées... Tout était mis sous clef. Alors pas question. Et c’était effectivement là ce qui lui importait le plus, et depuis toute petite déjà. Quand Amy jouait au papa et à la maman avec ses poupées, Meg laissait toujours les siennes bien sagement alignées sur la commode. Mais loin de les négliger, elle en prenait au contraire le plus grand soin et les paraît de tenues plus excentriques les unes que les autres. La première fois que maman l’avait vue couper les cheveux de l’une d’elle, elle s’était affolée, comme si elle avait pu faire du mal à un jouet. Pourtant, quand elle avait vu le résultat auquel elle était parvenue en cachette, elle n’avait plus rien dit. Ni au sujet des coupes, ni au sujet de la peinture dont elle ornait leurs visages synthétiques. « On dirait les mannequins des défilés », avait soufflé une tante éloignée, une fois. Et c’était vrai. Dès qu’elle pouvait voir un défilé, ses poupées en semblaient tout droit sorties, quelques jours après.

***

    "NE TOUCHE PAS A CA !"
    "Qu’est-ce qui se passe ici encore ?"


    Comme à chaque fois que sa mère entrait dans la pièce, Meg se raidissait. Un regard incendiaire à sa cadette qui reposait la poupée qu’elle venait d’attraper sur la commode et elle avait tourné les talons, prête à quitter la chambre. C’était sans compter la poigne ferme de l’hôtesse de l’air qui lui attrapa le bras au passage, arrêtant son mouvement pour planter ses yeux noisette dans ceux de sa fille aînée. Nulle douceur dans ces prunelles, et la détermination ferme d’avoir la réponse à sa question.

    "J’ai dit : Qu’est-ce qui se passe ici encore ? Je veux une réponse, Meghann !"
    "Je voulais juste regarder, Meg, j’allais pas te l’abîmer..."


    Est-ce que c’était parce qu’Amy avait pris la parole ? Meg n’en savait trop rien, à vrai dire, et si on le lui demandait, elle aurait bien du mal à expliquer pourquoi ce jour-là, elle avait haussé le ton, et rétorqué vertement à sa mère :

    "Il se passe que j’en ai marre que vous la laissiez tout faire, Papa et toi. T’es presque jamais là, mais dès que t’arrives c’est pire ! Ca, c’est mes affaires, elle a pas à y toucher ! Mais c’est ta chouchoute, alors tu lui diras rien, comme d’habitude. Par contre si moi j’ose ne serait-ce qu’une fois toucher à un de ses jouets, tout de suite, c’est la fin du monde. Si j’ai une note moyenne, je suis punie. Elle, elle se plante lamentablement, c’est pas grave. Tu trouves ça normal, toi ? Bah moi pas ! J’en ai marre qu’on lui passe tout alors que j’ai droit à rien !"

    De façon assez prévisible, la main de sa mère s’était abattue sur sa joue, et elle avait été punie, pour changer. Papa l’avait forcée à venir à table, au dîner, mais elle n’avait rien avalé, et le repas s’était déroulé dans un silence mortel. Elle était montée se coucher aussitôt qu’on lui en avait donné l’autorisation, et avait refusé de répondre à son père, pourtant venu essayer de discuter.

    "Qu’est-ce qui se passé, Meghann ? Tu sais que je suis là aussi pour vous écouter, pour vous aider, si quelque chose ne va pas, tes sœurs et toi..."

    Elle n’avait rien dit, mais très fortement pensé : « Pour les autres, peut-être, mais moi, vous n’en avez rien à faire ». Ca n’était pas tout à fait vrai, elle le savait au fond, qu’il était vraiment là pour elle aussi. Mais à cet instant-là, elle ne pouvait pas penser autrement.

    "C’étaient des mots durs, tu sais, que tu as eus envers ta mère. Ca n’est pas toujours facile pour elle non plus de ne pas être souvent là... et elle tente de faire au mieux."

    « Oui ben c’est raté », songea-t-elle encore, en serrant les dents et les poings, retournée vers le mur et presque entièrement enfouie sous ses couvertures.

    "Je ne comprends pas pourquoi tu es si dure avec Amy... petite, tu étais ravie d’avoir une petite sœur... qu’est-ce qui a changé ?"

    L’aînée mordit son coussin pour s’empêcher de hurler. Pas sur son père. Pas sur le seul qui avait encore un peu d’affection pour elle. Elle pleurait, et il dut l’entendre car elle sentit sa main sur son épaule à travers les couvertures.

    "Je ne lèverai pas la punition de ta mère, parce qu’elle a eu raison de le faire : tu ne dois pas lui parler comme ça, ni t’emporter ainsi contre Amy. Mais viens me voir, la prochaine fois que quelque chose ne va pas, d’accord ?"

    Il n’attendait pas vraiment de réponse, et elle n’était pas en état d’en apporter une de toute façon. Il avait déposé un baiser sur le peu de chevelure qui dépassait de la couette dans laquelle elle s’était emmitouflée, et avait quitté la pièce en lui souhaitant bonne nuit sur le pas de la porte. Apparemment, Maman l’attendait dans le couloir, car elle l’entendit le réprimander à voix basse, le temps qu’ils traversent le corridor et s’éloignent.

    "Tu n’aurais pas dû aller la voir. Elle est punie, elle va croire que ça n’est rien si tu te montres trop laxiste."
    "Elle n’est pas idiote, ta fille, elle sait très bien ce qu’il se passe. Je voudrais juste comprendre... il est évident qu’elle ne va pas bien..."


    La suite fut étouffée par les murs et la distance. Et par ses sanglots, seuls entorses au silence de sa chambre. Jusqu’à ce que la porte ne s’ouvre de nouveau sur une petite silhouette qu’elle ne vit pas, qui referma la porte sans bruit et gagna l’autre lit discrètement et dans le noir. Il y eut le froissement des draps et couvertures comme sa sœur ouvrait son lit, quelques bruits d’étoffes encore, quand elle se mit en pyjama, le son des ressorts du matelas sur lequel elle s’installait, puis de la couverture qu’elle rabattait sur elle. Et puis de nouveau le silence. Meg pleurait calmement, à présent, refusant de laisser sa cadette entendre ses sanglots. Et après plusieurs minutes, la petite voix d’Amy résonna dans la pièce, en un murmure étouffé avant qu’elle ne se tourne à son tour vers le mur.

    "Je voulais pas que tu sois punie, Meg. Je voulais juste regarder. Elles sont belles tes poupées... Je voulais pas te les abîmer. Juste regarder. Mais j’y toucherai plus, c’est promis."

***

    Et Amy avait tenu parole. Même si Meghann n’avait jamais été expansive avec elle, même si elle n’arrivait pas à la croire quand elle disait qu’elle ne voulait pas, elle, que leurs parents la disputent tout le temps, l’adolescente ne pouvait pas ne pas voir les efforts de sa cadette pour arrondir les angles. L’admettre et aller vers elle, c’était un cap qu’elle ne pouvait pas franchir, cependant, et malheureusement pour les deux sœurs, leur entourage ne semblait pas comprendre ce qui faisait tant souffrir l’aînée de la famille. Ainsi, si elle n’a rien dit, pendant toutes ces années où on encensait la vivacité de sa cadette, ses sourires lumineux, son entrain, elle ne pouvait nier son ressentiment à ce sujet, qui les éloignait toujours un peu plus alors qu’en définitive, elles s’admiraient mutuellement. C’était triste à dire, mais il semblait qu’un gouffre s’était creusé entre les sœurs Mills, que rien ne semblait vouloir combler. Et personne n’avait jamais vraiment cherché à les y aider. Car Papa attendait sans doute à présent qu’elle fasse le premier pas, qu’elle vienne vers lui, ce dont elle se savait parfaitement incapable : il ne reconnaîtrait pas la différence qu’il faisait avec Amy, plus ou moins volontairement, et lui au moins, il ne l’ignorait pas totalement. Elle n’avait pas la force de se disputer avec lui, sa seule bouée de sauvetage en quelque sorte.

    Pourtant, ça allait finir par arriver.

***

    "C’est hors de question. Il y a plein de cursus intéressants et qui offrent de vrais débouchés. Tu n’iras pas dans cette école sans avenir."
    "Ta mère n’a pas complètement tort. C’est de plus en plus difficile de trouver du travail de nos jours, et ce secteur-là est particulièrement bouché. Il n’y a pas un domaine qui pourrait t’intéresser ?"
    "Non. Y a rien. Je veux coudre, créer des vêtements, y a que ça que je sais faire."
    "C’est faux et tu le sais très bien. Regarde tes résultats de l’an dernier. Tu es bonne en histoire, je ne sais pas moi, prends un cursus archéologique, littéraire... Etre prof, ça pourrait être sympa, non ?"
    "Et bah t’as qu’à le faire toi, si c’est si passionnant !"
    "Meghann !"


    Le ton dur de son père ramena le regard de Meg sur lui. Elle était au bord des larmes, et le voir ainsi en colère n’était pas pour l’apaiser.

    "Même toi, tu comprends pas ? Je veux pas passer des années sur un banc d’école pour faire un truc qui me plaît pas. J’ai tout le temps fait des efforts pour vous faire plaisir, pour une fois, j’aurais voulu que vous écoutiez un peu ce que j’ai à dire."

    Elle avait quitté la pièce en trombe, et s’était enfermée dans la chambre qu’elle partageait toujours avec Amy, refusant de laisser qui que ce soit entrer. Pas même l’autre occupante de la pièce, pas même son père. Elle n’aurait pas cru que cela fût si étonnant lorsqu’elle avait annoncé qu’elle voulait être coiffeuse, maquilleuse ou couturière. Ils avaient mis ça sur le compte d’une lubie d’adolescente, et tenaient à ce qu’elle fasse des études bien comme il faut. Elle n’en voulait pas, de leurs études, si ça n’avait tenu qu’à elle, elle aurait déjà arrêté. Mais non. Ils l’avaient déjà inscrite au lycée, et elle allait devoir continuer jusqu’à dix-huit ans maintenant, parce qu’elle savait bien ce qui se passerait si elle refusait : exit tout ce qui l’intéressait.

    "C’est du chantage ! avait-elle fini par hurler à travers la porte. " Je vais les faire vos études à la noix, j’ai pas le choix. Mais à dix-huit ans, je ferai ce que je veux !

    De nature discrète – par peur des moqueries des autres essentiellement – elle n’était pas du genre à se mettre en avant, d’habitude, et pourtant, cette fois-là, elle s’était élevée contre l’autorité, et celle de son père, surtout. Il ne lui avait pas adressé la parole pendant des semaines, et elle en avait été profondément blessée. C’était la première fois qu’elle se disputait avec lui, et c’était aussi la première fois qu’elle avait fait comme il le lui avait demandé : venir le voir quand quelque chose n’allait pas. Sauf que ça n’avait manifestement mené à rien. Mieux valait donc qu’elle ne dise rien, et elle prit le parti de s’enfermer dans un mutisme imperturbable pendant les années qui suivirent, jusqu’à l’obtention de ce diplôme qu’ils avaient absolument voulu qu’elle passe et dont elle n’avait, elle, absolument rien à faire. Ses camarades de classe la décriraient comme effacée, malgré sa taille, sans doute complexée, sans doute peu confiante en elle. Sans doute. Ils n’en seraient pas vraiment sûrs, parce qu’ils ne s’étaient jamais vraiment intéressés à qui elle était, à vrai dire. Et elle n’allait certainement pas, elle, faire le premier pas.


Dernière édition par Fiona - Admin le Sam 5 Sep 2009 - 9:45, édité 2 fois
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Meghann Mills - Obsession : Night Empty
MessageSujet: Re: Meghann Mills - Obsession : Night   Meghann Mills - Obsession : Night EmptySam 1 Aoû 2009 - 16:16

Meghann Mills - Obsession : Night Story
|| Her Story ||
(suite)


    Son Enfance (suite) :

    Elle avait préparé la rentrée comme si ça avait été tout naturel pour elle d’entrer au lycée, alors que ça n’était pas le cas du tout. Et elle allait faire de même chaque année, jusqu’à ce que le calvaire soit terminé. Ils voulaient qu’elle soit une gentille petite fille bien sage, c’était ce qu’elle allait être, parce qu’elle n’avait pas le choix, parce qu’elle ne voulait pas perdre ce qu’elle chérissait. Mais elle rongeait son frein, attendant le jour de ses dix-huit ans où – elle l’avait dit, elle s’y tiendrait – elle ferait ce qu’elle voulait. Et elle était descendue de la voiture sans un mot pour le premier jour dans cette nouvelle école. Une nouvelle jungle pour elle, dont la silhouette n’avait de cesse de s’allonger, lui faisant redouter chaque jour davantage les railleries de ses camarades sur sa taille de girafe, ses jambes de bécasses ou son air de grande asperge. Tout ce qui fallait pour ne pas l’aider à décomplexer sur son physique qu’elle avait de plus en plus de mal à accepter, qu’elle comparait toujours davantage à celui de sa cadette, plus menue, jolie comme un cœur, et sur qui les garçons commençaient à se retourner.

    "T’as vu la géante ?" entendait-elle murmurer sur son passage, et elle en avait particulièrement honte.

    Elle avait grandi trop vite, et elle était trop maigre. Elle n’était pas de Sydney, et elle mettait des papillons partout sur ses cahiers, son sac, ses crayons. Elle dessinait en cours, enregistrait les informations écrites, mais ne se concentrait pas sur ce qu’on lui disait. Elle faisait ce qu’on lui demandait, mais n’allait pas vers les autres, et rapidement, de toute façon, ce furent eux qui vinrent plutôt la houspiller, ce qui ne l’aida pas à nouer connaissance avec qui que ce soit. Elle ne disait rien, malgré les railleries, malgré les bousculades parfois, jetant seulement un regard noir en biais à l’auteur de cette mauvaise blague, et attendait avec impatience la fin des cours. Bientôt, se disait-elle. Bientôt, elle ferait ce qu’elle voulait, et sa réussite vengerait tout ça. Et elle attendait. Même si la patience n’était pas sa principale qualité, savoir ce qu’elle devait sacrifier pour atteindre son objectif lui permettait de rester calme, au moins en apparence. Car dans ses cahiers, dans son journal intime, les noms de ses camarades de classe se succédaient, et des gribouillages sombres les représentant dans des scènes sanglantes où ils avaient manifestement souffert les emplissaient, page après page, morbide exutoire à leurs quolibets.

    Il paraît que chacun a son heure de gloire, à un moment ou à un autre. Pour Meg, ça n’était certainement pas au lycée. Pourtant, il y eut plusieurs fois des photographes ou des agences de mannequins qui la sollicitèrent pour poser, à cette époque. Mais elle déclinait, refusant de s’imaginer, elle, sous les feux des projecteurs, rejetant trop son physique pour l’exposer ainsi. Et puis de toute façon, elle ne voulait pas être de ce côté-là du podium, elle voulait travailler derrière le rideau. Quoi que ces offres, et les regards qui changeaient, commençassent à l’intriguer et à amener une lumière nouvelle sur son corps qu’elle avait eu bien du mal à accepter jusque-là, et qu’elle n’acceptait pas encore vraiment, pas encore totalement. Pour l’instant, il fallait qu’elle tienne le coup, qu’elle obtienne ce diplôme censé lui permettre d’aller vers l’apprentissage d’un vrai métier. Un vrai métier. Ils en avaient de bonnes, tiens ! Styliste, ça n’était pas un vrai métier ? Elle s’était jurée de leur prouver le contraire.

    Et comme si ça avait été la délivrance, lorsqu’elle obtint son diplôme à la sortie du lycée, ce fut la transformation. Autant physique que psychologique. Elle l’avait pourtant obtenu sans grand éclat, ce diplôme, mais sans grande gamelle non plus. La belle affaire, d’ailleurs, pour ce que ça allait lui servir ! Parce que son diplôme en poche et sa majorité obtenue, elle avait décidé de se consacrer à ce qu’elle voulait vraiment faire, elle l’avait dit, quelques années auparavant, et s’il y avait bien une chose sur laquelle on pouvait lui faire confiance, c’était pour tenir sa parole. Elle avait fait ce qui fallait pour qu’on la laisse tranquille, et qu’on lui laisse ses créations surtout, et elle comptait bien s’y adonner à fond à présent.
***

    "Félicitations Meg !"
    "Ouais, bravo… Pis au moins, t’auras fini le lycée…"
    "Comme ça si tu te plantes, tu pourras toujours reprendre de vraies études."


    Drôle de tableau, et des plus rares. Meghann était dans la chambre qu’elle partageait avec AMy. Les deux jumelles s’y trouvaient, et pas une ne haussait le ton. Et pourtant, ses frangines la raillaient un peu… Mais elle ne répondit que par un haussement d’épaules, terminant de remplir une énorme valise de ses biens les plus précieux. De bonne humeur ? Assurément. Ou tout au moins, bien décidée à ne rien laisser gâcher son enthousiasme. Et même si ses frangines s’interrogeaient et évoquaient le pire à ses yeux, elle, elle ne doutait pas. Ca marcherait. Ca ne pouvait pas ne pas marcher.

    "T’es sûre de vouloir faire ça ?"
    "Tu sais que ça va pas leur plaire… Si ça se trouve, ils vont te mettre dehors…"
    "Pourquoi tu crois que je fais ma valise ? Et puis, comme ça t’auras une chambre pour toi toute seule, Amy.
    "Ca, ça m’est égal, tu le sais bien. Mais qu’est-ce que tu feras si ça se passe mal ?


    Meg arqua un sourcil mais ne releva pas le « tu le sais bien » de sa sœur. Non elle ne savait pas bien, mais ça n’était pas l’important. L’important, c’était qu’elle avait eu son diplôme, comme elle avait été obligée de le faire, et qu’elle était débarrassée de cette corvée-là. L’important, c’était qu’elle allait bientôt avoir dix-huit ans, et qu’elle se souvenait encore parfaitement de ce qu’elle avait lancé à travers la porte de la chambre où ils se trouvaient tous à cet instant, quelques années auparavant. L’important, surtout, c’était qu’elle avait passé un entretien concluant pour entrer dans une boîte de couture. Ca n’était pas un grand nom, et elle n’aurait certainement pas tout de suite l’allure du job de ses rêves, mais il fallait bien commencer quelque part. Et c’était toujours bien d’avoir un pied dans le métier, aussi petit soit-il… Elle avait voulu garder ça secret, mais comme Bethanny avait répondu au téléphone quand ils avaient appelé pour lui confirmer qu’elle était retenue, elle avait bien dû lui expliquer. Et Beth ne pouvait pas ne pas répéter tout ça à sa jumelle, qui, elle, ne savait pas dire non à leur cadette, ce qui fait que toutes les trois étaient au courant, et qu’elle avait dû leur faire promettre de garder le silence jusqu’à ce qu’elle en parle aux parents elle-même. Ou ne les mette devant le fait accompli, plus exactement.

    Les éventualités, elle en avait abordées pas mal, mentalement. S’ils l’avaient refusée, elle aurait continué à démarcher pendant les vacances scolaires, jusqu’à ce qu’elle trouve une boîte pour l’embaucher. S’ils n’avaient pas pu la loger, et pour le cas où elle serait vraiment fichue dehors, elle avait noté les adresses des hôtels les moins chers, et commencé à écumer les petites annonces pour les studios dans le secteur de la boîte. Il y avait toujours un espoir pour qu’ils le prennent… bon, pas bien, elle était persuadée qu’ils ne le prendraient pas bien, qu’elle aille travailler sans passer par la case université, mais au moins pas trop mal et qu’ils la laissent vivre encore à la maison, le temps d’asseoir sa place et de pouvoir faire vraiment sa vie. Et puis, il y avait encore une alternative :

    "La boîte a deux petits studios pour dépanner ses employés, le temps qu’ils trouvent un appart. J’ai demandé si c’était possible pour moi d’en avoir un, au cas où. Normalement, il ne devrait pas y avoir de problème."
    "Mais t’es vraiment sûre de toi ? Je veux dire… et si ça marche pas ? Si ça te plaît pas au final ?"
    "Beth, c’est ce que j’ai toujours voulu faire. C’est comme l’informatique pour toi, la natation pour Jo ou…"


    Elle s’arrêta et croisa un instant le regard de sa cadette avant de le détourner et de revenir un peu trop brusquement peut-être à sa valise qu’elle avait délaissée un instant en s’adressant à ses soeurs. Pourquoi cela lui serrait-il le cœur de réaliser qu’elle n’avait aucune idée de ce qui pouvait passionner sa sœur, si toutefois il y avait quelque chose qui la passionnât ? Qu’est-ce que ça pouvait bien lui faire, de toute façon, elles n’avaient jamais été proches l’une de l’autre ? Un drôle de silence s’installa avant qu’elle ne reprît la parole, comme si elle n’avait pas encore commencé à répondre à Beth, en s’aventurant manifestement sur un terrain glissant. Amy n’avait rien dit, et elle ne savait pas si elle devait la regarder de nouveau, ne sachant pas ce qu’elle trouverait dans son regard.

    "Sauf que mon domaine à moi, les gens se bousculent pas pour venir te chercher, aussi doué sois-tu. Pour ça, vous avez de la chance. Toi, si tu veux faire ingénieur, ça fera plaisir à tout le monde, tu feras de grandes études et tout. Et en général, les sportifs et sportives qui montrent des prédispositions, on les pousse à fond au lycée, et ils sont recrutés à la sortie, tout naturellement. Moi, il faut que je me batte, et je compte bien le faire. Ca semble peut-être dingue, mais je sais ce que je fais, je sais que c’est ce que je veux, et rien ne m’empêchera d’aller jusqu’au bout. Ni personne."

    Elle ajouta soigneusement une robe imprimée, violette et noire et blanche, aux manches bouffantes et à la jupe doublée de nombreux jupons de tulle noire, prenant manifestement le plus grand soin pour ne pas abîmer le modèle en question, puis ferma le bagage, qu’elle observa quelques instants. Toute sa vie dans une valise. Si courte fût-elle, ça avait quelque chose de déprimant de résumer comme ça son existence à une valise seule. Elle se redressa, ses mains quittant finalement le bagage et inspira profondément.

    "Bon… Je crois que c’est l’heure d’entrer dans l’arène… souffla-t-elle, comme pour se donner un peu plus de courage.

    Elle avait posé son regard sur chacune de ses sœurs, un instant, avant d’esquisser un léger sourire et de se diriger vers la porte où elle s’arrêta brièvement quand la voix de sa cadette retentit dans son dos.

    "Elles sont magnifiques tes créations Meg. Trop bizarres pour la plupart des gens, mais magnifiques. Et elles te vont magnifiquement bien. Je croise les doigts.

    Elle avait bredouillé un vague merci, incapable de se retourner, et adressé un petit signe de la main aux occupantes de la chambre sans les regarder avant de descendre à la cuisine, où ses parents discutaient, de son avenir à ce qu’elle en pût juger. Et manifestement, ils n’étaient pas d’accord. Assis autour d’une tasse de café, un certain nombre de prospectus devant eux, ils s’arrêtèrent de parler au moment où ils la virent entrer, et se diriger droit vers la cafetière. Une tasse fumante en main, elle vint s’asseoir en face d’eux, avala calmement une gorgée du breuvage amer, adoucit par les trois sucres qu’elle y avait dissous, et déposa finalement le récipient à même la table, ses doigts encerclant le grès qui commençait déjà à prendre la chaleur.

    "Ca n’est pas la peine de vous disputer pour savoir dans quelle école je vais pouvoir rentrer l’an prochain, la réponse est simple : aucune."

    Elle avait planté son regard dans celui de sa mère. S’il y avait un de ses deux parents contre qui elle devait gagner cette joute, c’était bien elle. Restait à savoir si son père serait avec ou contre elle…

    "Je suis prise à l’essai chez Goldenmeyer pour un mois. Si c’est concluant à la fin de cette période, ils m’embauchent pour de bon."
    "Tu vas pas faire ça ! Avec les capacités que t’as…"
    "Je vous l’avais dit pourtant : à dix-huit ans, je ferai ce que je veux. J’ai suivi vos études jusque-là parce que je n’avais pas le choix, maintenant c’est à moi de décider."


    Elle avait l’air confiante, et elle ne cillait pas. Au fond pourtant, elle n’en menait pas large, et si elle fixait sa mère, elle redoutait de croiser le regard de son père.

    "Tu n’as pas encore dix-huit ans, et tant que tu vivras sous notre toit, jeune fille, ça ne sera pas à toi de décider."
    "C’était à prévoir…
    souffla-t-elle, quelque peu résignée. J’aurai dix-huit ans dans neuf jours Maman, et ils sont au courant. Mon contrat ne commence que le lendemain de mon anniversaire. Et s’il faut que je parte, je partirai."

    Un silence pesant flotta quelques instants dans la pièce, jusqu’à ce que Christian Mills ne réponde, à voix basse, l’air songeur et quelque peu amusé.

    "J’ai déjà vu ce regard quelque part…"

    Celui, furibond, de sa mère l’avait quittée pour foudroyer son père, qui, imperturbable, lui sourit.

    "Tu avais le même quand tu as défié tes parents de t’empêcher de m’épouser…"

    Ce fut au tour de Meg de tourner les yeux vers son père, incrédule. Elle n’avait jamais posé la question, mais elles s’étaient toujours demandé, toutes les quatre, pourquoi ils voyaient si peu leurs grands-parents, et pourquoi les évoquer amenait assez régulièrement à une ambiance des plus tendues. Elle commençait à mieux comprendre, grâce à cette petite remarque de son père, qui mettait aussi en avant les traits de caractère qu’elle ne pensait pas partager avec sa mère. Il faut dire qu’elle ne pensait pas partager grand-chose avec elle que quelques airs de ressemblance au niveau physique. A peine un peu d’affection, et encore. D’après le regard de son père qui oscillait sereinement entre elles deux, il en pensait manifestement bien plus.

    "Qu’est-ce que tu racontes ?" commença Meghann, d’abord irritée avant qu’un nouveau silence étrange ne s’installât qu’elle ne finît par lâcher un soupir que Meg n’arrivait pas à identifier : exaspération, résignation ? Elle n’en savait rien, et face à sa mère, elle n’aimait pas ne pas savoir. Et quand celle-ci se tourna de nouveau vers elle, l’adolescente ne comprit pas vraiment la… tendresse ? qu’il y avait dans ses prunelles sombres. Tendresse ? C’était bien à ça que ça ressemblait et pourtant elle ne se souvenait pas d’avoir jamais vu ça jusque-là.


Dernière édition par Fiona - Admin le Sam 5 Sep 2009 - 9:46, édité 2 fois
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Meghann Mills - Obsession : Night Empty
MessageSujet: Re: Meghann Mills - Obsession : Night   Meghann Mills - Obsession : Night EmptySam 1 Aoû 2009 - 16:17

Meghann Mills - Obsession : Night Story
|| Her Story ||
(suite)


    Son Enfance (suite) :

    "Je suppose qu’il n’y a aucun moyen de te faire changer d’avis… Si tu es… comme moi, je suis sûre que tu as déjà envisagé toutes les situations possibles."

    Elle s’était levée, et avait commencé à ramasser tous les prospectus qu’ils avaient glanés, et qui, manifestement, ne serviraient pas, tandis que Meghann essayait de comprendre ce qui venait de se passer. Elle avait envisagé tout un tas de situations, oui. Mais pas vraiment qu’ils prennent la chose aussi… calmement. Parce que pour une discussion avec ses deux parents, oui, c’était très, très calme. Même si Maman était déçue, et Papa un peu surpris, ça avait été trop facile, et elle cherchait où il pouvait y avoir une arnaque, se remémorant le déroulé de la conversation mentalement – ou tout au moins les images qui en constituaient le film qu’elle se repassait – jusqu’à ce que son père changeât de sujet.

    "Bon. Et sinon, justement, pour ton anniversaire, puisqu’on l’a évoqué, tu as pensé à ce que tu voudrais ?"

    Meg était alors sortie de la semi-torpeur dans laquelle elle s’était plongée pour se repasser les dernières minutes en tête et avait relevé ses prunelles sombres vers son père. Elle cligna deux fois des yeux, comme si ça avait pu la réinsérer plus facilement dans la réalité avant d’avaler une nouvelle gorgée de café et de finir par lui répondre, redoutant quelque peu sa réaction.

    "Oui. Je veux me faire tatouer un papillon au creux des reins."

    Christian, qui l’avait imitée et qui avait porté sa propre tasse à ses lèvres, avait failli s’étouffer avec son café lorsqu’elle avait annoncé ce qu’elle voulait. Il lui fallut quelques instants pour se forcer à avaler cette gorgée qu’il avait bien du mal à ne pas recracher tout net, et pour retrouver un semblant de respiration normale, après maintes quintes de toux bruyantes. A côté, le bruit de la vaisselle subitement lâchée dans l’évier résonna dans la cuisine, mais Meg n’y prêta pas attention, focalisée sur son père et l’inquiétude de le voir manquer d’air bientôt. Ca n’était rien, cela dit, même s’il fallut quelques minutes avant qu’il ne réussît à articuler.

    "Ca c’est hors de question Meghann, je te l’interdis. Tu ne vas quand même pas te mutiler !"
    "Se percer les oreilles aussi, c’est une forme de mutilation, mais ça ne choque personne… Et puis, c’est artistique."


    Et comme elle avait annoncé ça sur le même ton que son plan de carrière, son père ne put que lui donner son point de vue, manifestement résolu à ne pas se battre avec elle pour un sujet aussi futile et pour lequel il savait la partie perdue d’avance.

    "Je ne serai pas toujours derrière ton dos, Meghann, alors je suppose que je ne pourrai pas t’en empêcher. Mais je n’aime pas ça."

    Il avait dit juste les mots qu’il fallait pour la faire douter : il n’aimait pas ça. Et s’il y avait bien une personne qu’elle ne voulait pas décevoir, c’était lui. Parce que si elle avait tenu jusque-là, c’était bien pour ça, pour ne pas le décevoir, lui. Et là, s’il comprenait qu’elle tienne à son rêve, il avait manifestement plus de mal avec ce qu’il prenait pour une lubie. Comment lui expliquer qu’elle, ça faisait des années qu’elle y pensait, qu’elle avait même déjà choisi le motif, qu’elle l’avait modifié déjà un nombre incalculable de fois, et qu’elle était sûre d’elle, pour ça aussi ?

    "Je vais y réfléchir… mais j’ai pas vraiment envie de quoi que ce soit d’autre, et j’ai encore moins besoin de quoi que ce soit d’autre."

    Peut-être un peu trop subtil comme façon de lui faire comprendre qu’elle savait bien qu’ils avaient toujours fait en sorte qu’elle ne manque de rien, en définitive, même s’ils n’étaient pas toujours d’accord. Elle lâcha un soupir, termina son café en vitesse, et quitta finalement la pièce, sentant le regard lourd de ses parents sur sa nuque comme elle en traversait les quelques mètres.

    Elle avait fait comme elle l’avait dit : elle y avait réfléchi. Longtemps. Mais il n’y avait rien d’autre qui lui eût fait plaisir. Et malgré sa réticence, ce fut son père qu’il l’accompagna jusqu’à la boutique, le jour même de ses dix-huit ans.

***

    Tout ne s’était pas tout à fait passé comme elle l’avait prévu. Le tatouage lui avait fait un mal de chien, mais elle refusait de l’admettre.

    "Ca risque d’être un peu sensible : la cheville et le bas du dos, ce sont des zones où on intervient près des os, ça vibre pas mal..." lui avait dit la jeune femme, percée d’à peu près partout où c’était possible de le faire sur le visage et les oreilles, arborant une coupe courte qui laissait voir la toile d’araignée et la veuve noire qui ornaient son cou.

    *Ca, c’est de la mutilation* avait songé Meghann en observant les cercles qui agrandissaient les trous de ses lobes, étirant les chairs. Heureusement que Papa était resté l’attendre dans la voiture...

    Un peu sensible, ça n’avait rien été de le dire. Meg avait eu l’impression qu’on lui tatouait les os directement, et que cette sensation de vibration désagréable ne partirait jamais. Le retour en voiture l’avait achevée : marcher lui demandait quelque effort pour ne pas laisser voir la douleur qui lui lançait la jambe, et si elle avait par réflexe pris la posture qu’elle prenait d’habitude - à savoir à peu près complètement avachie dans le siège - elle avait vite résolu de se redresser et de laisser le moins possible de contact entre le bas de son dos et... quoi que ce soit, en fait.

    *Elle a intérêt à ce que ça rende bien* s’était-elle répété mentalement un nombre incalculable de fois, menaçant en pensée la tatoueuse contre laquelle elle ne pourrait de toute façon rien faire s’il s’avérait que ça ne rendait pas bien, finalement.

    La femme de la boutique lui avait montré le résultat à l’aide de miroirs, en lui précisant que ce serait bien plus joli lorsque la peau aurait cicatrisé et dégonflé. C’était à espérer parce que pour l’instant, la future styliste était plutôt déçue, elle ne voyait que le sang qui commençait à former des croûtes disgracieuses autour du dessin grossier qui « serait parfait une fois que ça aura dégonflé », dixit la veuve noire, mais qui restait pour l’instant bien loin du résultat qu’elle avait en tête. Mais ça aussi, elle n’allait pas l’avouer.

Meghann Mills - Obsession : Night Tatpapchev
Meghann Mills - Obsession : Night Tatpapdos

    Et quand ça avait cicatrisé, que ça avait finalement fort heureusement donné le résultat escompté, ce fut au niveau du travail qu’elle commença à déchanter. Parce que s’il lui avait semblé évident qu’elle commencerait par des petites tâches, des retouches, des finitions peut-être, elle commençait à douter de la sincérité de Mr Goldenmeyer quand il lui assurait que lui aussi avait commencé en bas de l’échelle avant de gravir un à un les échelons jusqu’à pouvoir monter sa propre boîte. Ou plus exactement, elle commençait à douter du rythme auquel elle pourrait gravir ces mêmes échelons. Et elle n’avait pas vraiment l’intention d’attendre le troisième âge pour imposer son style et ses idées en matière de mode.

    C’était en discutant avec l’autre retoucheuse qu’elle avait commencé à avoir des doutes. Cendryne, que tout le monde appelait Cindy, surnom que Meg trouvait bien moins charmant que le prénom réel de la jeune femme, était là depuis trois ans, à la même place, et si elle avait de prime abord douté du talent de sa collègue pour qu’elle n’évoluât pas ainsi en tant de temps, elle avait vite appris à reconnaître son travail. Elle était douée, elle aussi. Très douée. Elle avait presque redouté la comparaison, au départ. Mais Cendryne manquait cruellement de confiance en elle, et ça expliquait peut-être qu’elle n’eût pas rué dans les brancards à force de n’être assignée qu’aux petites finitions. Toujours était-il que si Cindy n’avait pas évolué, il y avait peu de chance pour que ce soit différent pour elle. Sauf qu’elle ne comptait pas se laisser faire.

***

    "Je te comprends pas Cendryne. T’es douée, tu mérites mieux que ça, pourquoi t’es encore là ?"

    Elles avaient sympathisé, et Cendryne raccompagnait régulièrement Meghann en voiture. L’occasion pour elles de discuter à l’abri des oreilles indiscrètes. A la longue, Meg avait appris à connaître un peu mieux la jeune femme effacée qu’était sa collègue, à appréhender, à défaut de comprendre parfaitement, sa façon de penser. Ca n’était pas qu’elle n’avait pas d’ambition, elle aussi rêvait de monter son label, mais ça faisait un moment qu’elle avait mis ses rêves de côtés, et elle se contentait de ce qu’elle avait.

    "Ca paie le loyer, les factures, les repas... C’est pas tout à fait ce dont je rêvais, c’est sûr, mais ça s’en approche. J’aurais pu m’en sortir plus mal."

    C’était ce qu’elle lui avait répondu quand Meg lui avait posé la question, ne comprenant visiblement pas comment elle pouvait rester aussi passive. Ca n’avait jamais vraiment été dans le caractère de la jeune femme, de se laisser avoir sans rien dire, sans rien faire pour changer une situation qui ne lui convenait pas, et ça ne l’était certainement plus maintenant qu’elle avait pris de l’assurance. Ronger son frein en silence quand on s’est fixé un but précis, elle en était capable. Se résigner ainsi, c’était presque inconcevable.

    "On n’a pas tout à fait le même âge non plus, Meg."

    Ce qui était vrai, même si elle n’arrivait toujours pas à mettre ça sur le compte de leurs quelques années d’écart. Cendryne n’avait que vingt-quatre ans, mais elle en paraissait parfois trente, lorsque, fatiguée, peu maquillée, les cernes sous ses yeux creusaient son visage maigre. Elles n’avaient pas le même âge, certes, et pas les mêmes obligations non plus. Un soir, elle avait découvert ce qui épuisait parfois sa collègue, quand celle-ci avait dû faire « un détour ». Meg s’en fichait de rentrer un peu plus tard chez elle, et en définitive, ce qu’elle avait appris ce soir-là lui avait permis de comprendre.

    "Je suis désolée Cindy, je peux pas te le garder plus ce soir, je vais déjà être en retard."
    "Je sais Oryane, c’est pas grave."

    C’est les yeux ronds que Meghann avait vu Cindy récupérer un bébé sur le pas d’une porte inconnue, et remercier une autre inconnue qui lui ressemblait un peu avant que celle-ci ne parte au pas de course, visiblement pressée. Et c’est quand elle était remontée en voiture après avoir installé et attaché le dénommé Floriant, qu’elle avait fini par répondre aux interrogations muettes de sa jeune collègue.

    "Son père m’a gentiment expliqué qu’il n’avait pas la fibre paternelle en me claquant la porte au nez quand il a appris que j’étais enceinte. Alors je me débrouille. Ma soeur me le garde en journée, comme elle travaille de nuit. Les autres le savent, au boulot, j’ai pas eu le choix quand je n’ai plus pu le camoufler, mais ils font semblant de rien, et de toute façon, on m’a clairement fait comprendre qu’il était hors de question que ma situation ‘m’avantage’. La dernière fois que j’ai demandé une journée parce qu’il était malade, Mr Goldenmeyer m’a fait remarquer que j’avais déjà eu des congés pendant ma grossesse, bien assez longs comme ça, que ça ne devait pas se reproduire trop souvent. Tu sais comme il est, tu vois bien ce que ça veut dire. Je sais que du jour au lendemain, je peux être remplacée. Si je m’absente, il trouvera quelqu’un d’autre. J’ai bien cru que c’était le cas quand t’es arrivée.

    Elles avaient terminé la route en silence. Et Meg n’avait plus osé aborder le sujet de l’ambition, sachant qu’elles n’auraient de toute façon pas les mêmes objectifs. Pourtant, Cendryne avait remis le sujet sur le tapis, régulièrement, visiblement curieuse des plans de sa jeune camarade, et presque trop enthousiaste parfois, comme si elle vivait ce qu’elle n’avait pas pu vivre par procuration.

    "Je suis sûre que tu y arriveras, Meg. T’as le talent et le caractère pour. Laisse seulement jamais un mec prendre le dessus sur toi. Ca ruine tout."

    Elle ne pensait certainement pas être si prémonitoire...

***

    Trois ans. Trois ans qu’elle était assignée aux ourlets, aux petites retouches, parfois – exploit – à la finition pour broder quelques perles, quelques sequins, par ci par là, sur le dernier modèle. Parfois. Trois ans qu’elle voyait pousser le petit bout d’homme que devenait Floriant, qu’elle avait appris qu’il faisait ses dents, qu’il commençait à marcher, elle avait eu le détail des premiers mots, des premières bosses aussi, à force qu’il aille tout explorer… Et elle revoyait invariablement les premières fois d’Amy, avec un pincement au cœur, à chaque fois que sa collègue lui racontait une nouvelle anecdote. Elle était toute petite à l’époque, pourquoi se souvenait-elle aussi clairement de tout ça ?

    Trois ans que Cendryne l’encourageait, qu’elles discutaient ensemble des nouvelles idées de Meghann, qu’elles échangeaient leurs points de vue, pour le jour où ça marcherait vraiment. Trois ans que la jeune maman lui soufflait de ne pas porter ses créations au travail, de peur qu’ils lui piquent ses idées.

    "Il faudra des noms à tes collections, Meg. T’as des idées ? Je suppose que ça serait pas mal de centrer d’une manière ou d’une autre sur tes papillons."
    "Butterfly, butterfly."
    "Pour la marque ?"

    Meg avait simplement hoché la tête, et Cindy avait souri. Elle n’en attendait pas moins de sa camarade à vrai dire : elle avait de la suite dans les idées, et il était clair que son cerveau fonctionnait sans cesse, élaborant les futurs plans de sa propre ligne de couture. Pour Meg, il était tout aussi évident que le jour où elle arriverait à ses fins, Cindy serait à ses côtés. Elle n’avait pas vraiment eu d’ami jusque-là, et Cendryne était sans doute ce qui s’en rapprochait le plus. Et elle n’imaginait même pas ce que ce serait, sans ses commentaires. Elle lui sortait d’ailleurs un petit carnet qu’elle avait toujours sur elle, et lui désigna un petit croquis, représentant un papillon un peu stylisé, encerclé.

    "Butterfly, butterfly", avait répété la jeune femme, "il faudra que je trouve des noms pour chaque modèle par contre, mais mon père m’a emmené voir une pièce l’autre jour, je pensais pas que je pourrais trouver des trucs intéressants chez Shakespeare."

    Une fois encore, Cendryne avait souri, puis posé un doigt sur ses lèvres, comme on commençait à les surveiller.


Dernière édition par Fiona - Admin le Sam 5 Sep 2009 - 9:47, édité 2 fois
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MessageSujet: Re: Meghann Mills - Obsession : Night   Meghann Mills - Obsession : Night EmptySam 1 Aoû 2009 - 16:18

Meghann Mills - Obsession : Night Story
|| Her Story ||
(suite)


    Sa Rencontre avec un Vampire :

    Le père de Meghann avait écopé – officiellement – de la rubrique arts et culture. Au départ, il y allait un peu à reculons, pas très enclin à critiquer des œuvres qu’il ne connaissait pas forcément, et sur des points de vue qu’il n’avait pas forcément. La première fois, il avait axé son article presque entièrement sur le jeu des acteurs et le travail de mise en scène, et on lui avait reproché de ne pas évoquer du tout les costumes et décors, pourtant essentiels à l’appréhension de la pièce et de l’ambiance générale. Il en avait vaguement parlé un soir au dîner, et Meg avait levé les yeux de son plat, qu’elle mangeait en silence, comme bien souvent. Elle lui avait demandé des descriptions, froncé les sourcils un certain nombre de fois, une moue boudeuse avait déformé ses traits une fois ou deux.

    "C’était quoi le principe de la pièce ?" lui avait-elle demandé, n’y connaissant pas grand-chose à vrai dire.

    Les livres, elle n’en ouvrait pas vraiment, à part quand elle y était forcée, ou quand elle cherchait quelque chose en particulier.

    "Ils ont gardé le même décor pour le jugement et pour les flashbacks ?"
    "Non… Il y avait un jeu de lumière pour représenter l’un et l’autre. Le centre était pour les flashbacks, et à droite et à gauche, lors des phases du jugement, il y avait des douches sur les personnages en scène, le reste étant dans l’ombre.
    "Tu peux me re-décrire les costumes"

    Pendant quelques instants, à mesure que son père décrivait ce qu’il avait vu, Meg était restée songeuse. Et puis elle lui avait donné son avis. Il y avait de bonnes idées, à son sens. On faisait bien la distinction avec l’ersatz de Widgery Report figuré par les saynètes à droite et à gauche, mais l’essentiel de l’action – et le plus parlant de la pièce – était mis en valeur, d’une part parce qu’il occupait l’essentiel de la scène, et d’autre part parce que les éclairages, les décors et les costumes, étaient bien plus colorés. Papa avait réécrit son article en ajoutant les commentaires de Meghann. "C’est mieux", lui avait-on dit. Et il avait décidé d’emmener sa fille, les prochaines fois. Si elle n’était pas très enthousiaste à l’idée d’assister à des pièces de théâtre qu’elle ne lirait sans doute jamais, ou des opéras dont la musique la laissait particulièrement impassible, elle était ravie de partager au moins quelque chose avec son père.

    C’était devenu un rituel. Toutes les semaines, un soir ou un autre, elle partait avec Papa, voir une pièce, un opéra, un concert. Et comme tout rituel, il y avait tout le cérémonial qui allait avec. Meg ne portait pas ses créations pour aller travailler, et même si elle appréciait qu’on se retourne sur son passage, elle avait encore du mal à passer totalement le cap du look normal dans la vie de tous les jours pour ne porter que ses créations. Alors pour les soirs où elle allait à l’opéra, ou dans les grandes salles de concert ou de théâtre avec son père, elle apportait un soin tout particulier à ses tenues, à son maquillage, à sa coiffure. Tout ce qu’elle n’osait pas encore tout à fait, en plein jour. Ca avait surpris Papa, la première fois, parce qu’il n’avait pas l’habitude de la voir ainsi accoutrée. Mais il avait fini par passer outre sa surprise et la complimenter et ces mots restaient gravés dans sa mémoire. "Tu es superbe", lui avait-il dit, et elle n’avait eu de cesse de redoubler d’efforts, chaque soir où ils sortaient, rien que pour ne pas le décevoir.

    Il y avait la partie "technique", qu’il gérait, le côté littéraire pur, qu’il gérait, et il y avait l’esthétique des décors et des costumes, qu’elle commentait. Il retranscrivait, il était bien plus habile avec les mots qu’elle n’aurait jamais pu l’être, et il commençait à gagner un peu en notoriété au niveau du journal. De là à ce qu’il ait droit à une autre rubrique, il y avait de la marge. Mais tout vient à point à qui sait attendre, répétait-il, et Meg ne doutait pas de lui, jamais. Elle l’encourageait, même, et il ne répondait que par un sourire, et par une petite tape sur sa tête, comme il l’avait parfois fait lorsqu’elle était enfant. Il n’en fallait pas beaucoup plus pour égayer ses journées, pourtant assez mornes quant à sa propre carrière à vrai dire.

***

    "Je croyais qu’il était terminé, cet article ?" s’interrogea-t-elle un soir, en entrant dans le bureau, où son père tapait encore sur le clavier de son ordinateur, après que Maman eut appelé déjà trois fois de suite.

    Meghann avait été en train de terminer une création, et quand elle était descendue, faisant fi du regard incendiaire de sa mère, et avait réalisé l’absence de son père, elle avait aussitôt tourné les talons pour aller le chercher.

    "Il l’est… Je fais des recherches sur autre chose.
    "Sur quoi ?"
    "La série de meurtres qui défraient la chronique. Ils l’ont confiée à d’autres journalistes, mais ils ne font que des comptes-rendus stériles et ne cherchent pas plus loin. Et je dois avouer que ça m’intrigue. Les victimes sont toutes vidées de leur sang, il doit bien avoir une raison de faire ça, ce tueur en série…"

    Meg avait jeté un coup d’œil par-dessus son épaule pour visualiser l’écran de l’ordinateur. Les différents articles y étaient retranscris, il avait imprimé certaines pages, et annoté et surligné certains passages. Manifestement, il y avait déjà passé pas mal de temps.

    "Et t’as une piste ?"

    Son ton était neutre, comme s’il était normal qu’elle voie son père jouer les enquêteurs. Ca n’était pas tout à fait le cas, à vrai dire, bien que cela pût faire partie du travail d’un journaliste d’investigation. Sauf qu’à l’heure actuelle, il n’était pas journaliste d’investigation, justement, il s’occupait seulement de la rubrique culturelle.

    "A vrai dire, non. Je ne comprends pas… Tout ce que je trouve, ce sont ces rumeurs idiotes sur les vampires."

    Sur l’écran, il y avait un lien vers un forum de discussion à ce sujet, et Meg vint cliquer dessus.

    "Et tu n’y crois pas ?"
    "Pas le moins du monde. Les gens sont crédules et vulnérables quand il y a des événements aussi terribles. Malheureusement, ça permet surtout au tueur de se dissimuler davantage. C’est sans doute pour ça que l’enquête piétine depuis si longtemps."

    Meg avait simplement hoché la tête et jeté un dernier coup d’œil à l’écran avant de tourner la tête vers la porte. Maman appelait encore, et au ton de sa voix, il était évident qu’elle perdait patience.

    "Vaut mieux que tu continues après dîner, je crois…"

    Ce fut au tour de son père d’acquiescer simplement d’un signe de tête et de fermer le battant de son ordinateur portable avant de rejoindre sa fille pour regagner la cuisine. Papa n’en parlait pas à table, parce que Maman n’aimait pas qu’il s’intéresse à un sujet aussi dangereux. Mais Meghann avait continué d’y penser. Parce qu’elle ne voulait pas croire à un truc aussi bizarre que cette histoire de vampires de but en blanc, mais qu’elle trouvait étrange qu’il y ait plusieurs forums qui en parlent, et que ces meurtres étaient assez particuliers aussi.

***

    Elle s’était mise à faire des recherches, elle aussi. D’abord sans rien dire. Parce que Papa n’y croyait pas, surtout, et parce que si Maman l’avait entendue, elle imaginait très bien la scène qui eût suivi, aussi. Et puis parce que les autres, ça ne les intéressait pas. La seule fois où Beth l’avait surprise à ses recherches, elle avait haussé un sourcil, l’air de dire « qu’est-ce que tu fabriques sur des forums de goth’ débiles ? », avait vaguement attendu quelques instants une éventuelle explication, puis haussé les épaules et quitté la pièce en lançant une fois qu’elle fut presque arrivée à la porte qu’elle repasserait plus tard.

    Elle accompagnait de plus en plus régulièrement Papa, non seulement au théâtre ou à l’opéra, mais aussi lorsqu’il se rendait sur les lieux des derniers crimes, et enregistrait les éléments visuels dont elle lui redonnait parfois des détails lorsqu’elle venait le voir dans son bureau.

    "Tu sais, je n’aime pas trop ça, Meghann. Ca peut devenir dangereux, si celui qui commet tous ses meurtres se rend compte que tu le suis... Mais merci pour ton aide..."

    Elle avait seulement souri, comme à chaque fois qu’il la mettait en garde de la sorte. Parce qu’à chaque fois, malgré tout, il l’emmenait avec lui, et que plus ça allait, et plus elle était certaine que ces vampires, d’une manière ou d’une autre, existaient. Peut-être pas de la façon dont on les dépeignait sur les forums ou dans les livres qu’elle avait commencé à lire, mais elle restait persuadée que c’étaient eux qui étaient à l’origine des crimes sordides dont tous les journaux parlaient régulièrement à présent, et pas seulement un psychopathe obsédé par le sang manifestement.

    "Ah ! Je dois chroniquer Lucia di Lamermoor... J’ai deux places pour vendredi soir, tu viendras avec moi ?"
    "Bien sûr."

    Bien sûr. S’il y avait bien une chose qu’elle ne manquât sous aucun prétexte, c’était bien ces sorties-là. Non seulement elle était avec lui, ce qui était pour beaucoup dans son enthousiasme à l’idée d’aller voir ces pièces de théâtre ou ces opéras dont elle ne connaissait pas grand chose à l’origine, mais en plus, elle avait l’occasion de porter certaines de ses créations. Parce que même si dans la salle, tout le monde ne faisait pas forcément beaucoup d’effort sur le look, il y avait encore pas mal de gens un peu vieux jeu qui s’habillaient pour cette sortie, et elle appréciait de pouvoir faire pareil. Quoi que les soirées avec Cendryne à discuter de ce qu’elles mettraient en place quand elles auraient leur propre maison de couture rivalisassent pas mal avec les sorties avec son père. Papa revêtait d’ailleurs toujours son smoking, alors elle n’avait pas longtemps hésité à sortir les tenues de soirée, et elle apportait d’ailleurs un soin tout particulier à sa toilette. Lucia di Lamermoor ne fit pas exception à la règle.

    Ils avaient des places dans une loge au premier étage, qui avaient dû coûter une petite fortune au journal. Elle s’était installée, en prenant un soin tout particulier pour ne pas trop froisser sa robe bustier, en soie rose agrémentée de sequins et de dentelle noirs, dessinant deux papillons sur son ventre, à gauche. Le printemps s’installait, mais elle gardait un boléro noir aux manches légèrement évasées et au col montant froncés. Plusieurs épaisseurs de tulle noir donnaient de l’épaisseur à la jupe évasée qui découvrait ses jambes jusqu’aux genoux, recouvertes d’une résille fine noire. Des escarpins vernis, une boucle agrémentée d’un papillon rose enserrant chacune de ses chevilles, complétaient l’ensemble. Une barrette ornée d’un papillon de dentelle et de tulle roses, aux ailes parsemées de sequins noirs retenait ses cheveux hors de son visage sur la droite, et elle avait, comme à son habitude, apporté un soin particulier à son maquillage, dessinant ses yeux à l’eye-liner noir, marquant la courbe de ses sourcils, donnant du volume à ses cils. Un dégradé de blanc et de rose illuminait ses paupières et un gloss à peine plus sombre que sa robe ourlait ses lèvres.

    Elle eût aimé que les costumiers apportassent autant de soin aux tenues des chanteurs qui évoluaient devant eux, que coiffeurs et maquilleurs soignassent davantage leur travail, que les décorateurs allassent un peu plus loin dans leur démarche d’épurer la scène. Tout ne lui semblait abouti qu’à moitié. Et la musique ne l’intéressait pas plus que ça à vrai dire, mais il était rare qu’elle accrochât à la musique d’un opéra. Au bout de vingt minutes, elle jouait déjà avec la bague en perle de rocaille qui ornait son majeur droit, à l’effigie de son insecte favori, et murmura quelques mots à son père avant de quitter la loge au bout d’à peine trois quarts d’heure de représentation.

    Elle avait arpenté les couloirs un moment, son petit sac à main oscillant au rythme de ses pas, avant de se décider à s’arrêter dans un énième corridor, devant une porte entrouverte sur une salle vide, pas très sûre de l’endroit où elle se trouvait jusqu’à ce qu’elle repérât, au fond, une affiche qu’elle avait vue en arrivant. Appuyée contre le mur de la pièce plus restreinte que celle qu’elle venait de quitter, elle avait fini par ouvrir son sac et en sortir un carnet et un crayon de papier minuscules, avec lesquels elle commença à griffonner quelques esquisses, censées remplacer avantageusement les costumes de Lucia et de son cher et tendre – si toutefois ce qu’ils portaient ce soir pouvait être appelé « costume ». Elle ne s’attendait pas le moins du monde à ce qu’on vînt lui tenir compagnie, et sursauta quand une voix masculine retentit à côté d’elle.

    "Les acteurs vous ont inspirée ?"
    "Non", commença-t-elle de façon abrupte, sans à peine relever les yeux sur son interlocuteur plus d’un quart de seconde. "Enfin pas vraiment, j'y connais rien en jeu d'acteur. Juste que leurs costumes sont nuls."

    Elle ne le voyait pas, mais elle imaginait bien qu’il était en train de regarder – ou de tenter de regarder – ce qu’elle était en train de griffonner. D’ailleurs, elle en eut la confirmation lorsqu’il reprit la parole.

    "Vous voudriez les remplacer par ceux-là ?"
    "Ca m'étonnerait qu'on m'en laisse l'opportunité..."

    Elle se décida finalement à s’arrêter un instant de dessiner pour relever le regard vers celui qui tentait de lier contact et planter ses prunelles sombres dans les siennes. Elle n’aimait pas les importuns. A vrai dire, elle n’aimait pas les gens en général. Il n’y avait que la compagnie de Cendryne, et de son père, qu’elle supportait bien, elle s’accommodait tant bien que mal du reste de sa famille, et préférait largement la solitude aux autres formes de compagnie. Un instant seulement, elle resta immobile, à le fixer, détaillant les courbes de son visage, remarquant la coupe soignée de son costume. Et puis sans crier gare, elle brandit son carnet, le lui fourrant juste sous le nez ou presque. Elle y avait esquissé plusieurs tenues, visiblement modulables : la robe de mariée de Lucia n’était qu’une version quelque peu améliorée de la première toilette de la jeune femme, de sorte que la diva n’eut pas trop de peine à changer de costume entre deux scènes. A ce qu’elle avait pu voir, ils avaient voulu faire dans la simplicité, elle était restée dans cette optique... mais il y avait simplicité et simplicité. Et en l’occurrence, l’espèce de tunique informe que la Lucia à l’intérieur arborait lui semblait juste ignoble. Contrairement à son habitude, il n’y avait pas de dentelle ou de tulle un peu partout, pas de papillon pour orner un pan de robe ou une épaule. C’était pour la pièce, pas pour sa collection – quoi qu’elle songeât à garder certaines idées pour Butterfly, butterfly – et elle tentait donc de s’adapter.


Dernière édition par Fiona - Admin le Sam 5 Sep 2009 - 9:48, édité 2 fois
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MessageSujet: Re: Meghann Mills - Obsession : Night   Meghann Mills - Obsession : Night EmptySam 1 Aoû 2009 - 16:18

Meghann Mills - Obsession : Night Story
|| Her Story ||
(suite)


    Sa Rencontre avec un Vampire (suite) :

    "Vous en pensez quoi vous ?"

    Devant les yeux de l’homme qui lui faisait face apparaissait une robe quelque peu inspirée de l’époque renaissance, quelque peu modernisée aussi. Si elle avait gardé le corset en pointe au niveau de l’abdomen et la tunique à manches bouffantes, ces dernières étaient plus légères que celles de l’époque et sans fioriture. On oubliait aussi les douze épaisseurs de jupe, une seule à la coupe fluide effleurait le sol, doublée d’un simple jupon de dentelle. Elle avait prévu deux cordons, coulissant de chaque coté de la jupe pour dévoiler lors du mariage la dentelle du jupon, et une cape brodée qu’on pouvait simplement agrafer sur les montants du corset avant l’entrée en scène d’une Lucia résignée à une union qu’elle ne souhaitait pas. Le capuchon rabattu sur la tête évoquerait sans trop de mal le deuil de son amour perdu, auquel l’héroïne se préparait. Quant à la fameuse scène de la folie – Papa lui avait dit que ça devait finir ainsi, Lucia reparaissant avec sa robe en lambeaux et maculée de sang – on pourrait la représenter facilement en prévoyant qu’une des manches et que le bas de la jupe puisse être détachés de l’ensemble. Elle ne s’était pas encore attaquée au cas des costumes masculins, mais ses esquisses, suffisamment détaillées, permettaient déjà de comprendre son objectif concernant le costume de l’héroïne tragique, si on connaissait un minimum le synopsis de la pièce.

    "Je pense que vous méritez qu'on vous laisse cette opportunité. Vous devriez tenter votre chance..."

    Pour la première fois depuis qu’il s’était approché, le visage de Meg se détendit. Elle esquissa un sourire, et rangea précautionneusement son carnet et son crayon dans son sac.

    "Je pense que vous n'êtes qu'un vil flatteur. Mais peut-être que je finirai par suivre votre conseil, qui sait ? Vous ne restez pas regarder la pièce ?"

    Il avait simplement souri, légèrement, sans chercher à nier, sans répondre à cette petite pique, pas tout à fait innocente, qu'elle venait de lui lancer. Il répondait à sa question, par contre et elle haussa les épaules.

    "Je l'ai déjà vue... Et pour tout vous dire, les acteurs sont aussi bons que leurs costumes."
    "Et bien comme ça je n'ai pas de regret. C'est comme pour le talent vocal, ça me passe au-dessus. Moi j'ai juste l'impression qu'ils passent leur temps à crier..."

    Il y avait des exceptions, tout de même, mais il fallait avouer que globalement, l'opéra, la musique classique en général, ça n'était pas vraiment son truc. Parfois, malgré tout, certaines pièces arrivaient à l'émouvoir, certaines voix la touchaient, et peut-être qu'en d'autres circonstances, avec une autre interprète, le rôle de Lucia eût pu faire partie de ces exceptions. Pas ce soir manifestement. Il avait fini par tourner la tête, regardant droit devant la salle vide autour d'eux, adossé au mur. Elle regarda à son tour droit devant elle, imaginant un bref instant sa version de Lucia évoluant sur la scène. Il brisa de nouveau le silence et sa Lucia fantasmée s'évapora instantanément comme elle reposait le regard sur lui.

    "Vous ne devriez pas rester seule, par les temps qui courent."

    Nouveau haussement d'épaules : elle était venue avec son père, il ne tarderait sans doute pas à la chercher, dès que l'entracte approcherait. Elle l'observa un instant, se demandant s'il faisait référence à son sujet de prédilection du moment - ses créations mises à part - et finit par détourner de nouveau le regard pour répondre :

    "C'est vrai qu'avec les derniers événements, je ne dis pas que j'irai me promener dans les rues avoisinantes non accompagnée, mais on est tout de même encore dans l'enceinte du théâtre... Jusque-là, les meurtres qui défraient la chronique ont plutôt eu lieu dans des endroits moins fréquentés..."

    Quoi que cette salle-ci, à bien y réfléchir, n'était pas vraiment très fréquentée, de même que le couloir qu'elle avait emprunté pour y parvenir. Et son père et les autres spectateurs n'entendraient rien, tant que la pièce se poursuivrait. D’ailleurs, ce type-là, comment l’avait-il rejointe ? D’accord, elle n’avait pas fermé la porte derrière elle, laissant ainsi filtrer la lumière du couloir dans la pièce plongée dans la pénombre. D’accord, sa tenue ne devait pas passer inaperçue, pour qui passait par là et apercevrait la soie rose dans l’encadrement de la porte. Mais que faisait-il ici, lui ? Elle sentit son regard se poser de nouveau sur elle plus qu’elle ne le vit. Un brin d’amusement perçait dans les prunelles sombres de son interlocuteur quand elle jeta un bref coup d’oeil dans sa direction, pourtant un frisson lui parcourut l’échine sans qu’elle pût expliquer pourquoi.

    "Les tueurs en série n'ont donc pas le droit d'aimer l'opéra ?"

    Elle haussa pourtant seulement les épaules, refusant de paniquer juste pour une impression bizarre, qui n'avait, somme toute, aucune raison de se vérifier, n'est-ce pas ?

    "Je suppose que si... On dit qu'il ne faut pas se fier aux apparences, que les pires monstres n'ont pas du tout l'air de ce qu'ils sont, bien au contraire..."

    Oui, l'appellation « monstre » faisait référence aux vampires, mais l'évoquerait-elle de façon aussi explicite ? Sans doute que non. Pas comme ça, pas sans une bonne raison. Elle avait suffisamment eu du scepticisme de Papa et des railleries des jumelles comme exemples pour savoir que le sujet ne passait pas vraiment très bien auprès de la majorité des gens... Son interlocuteur gardait pour l’heure le regard fixé droit devant lui et un instant, elle crut déceler une pointe de nostalgie dans son regard perdu dans le vide. Une impression ? Sans doute, elle n’avait jamais été très douée pour les relations sociales, elle avait depuis longtemps appris à ne pas se fier à ses impressions, bien souvent erronées. De toute façon, elle et les gens en général, ça n’était pas vraiment une grande histoire d’amour.

    "C'est ce qu'on dit..." commença-t-il avant de laisser planer quelques instants d’un silence qui lui sembla rapidement trop pesant. "Les... « monstres » sont partout..."

    Il avait tourné la tête vers elle, et bien que son idée première eût été de ne pas croiser son regard à cet instant, elle ne put s’empêcher de regarder un coup d’oeil dans sa direction. Et lorsque leurs regards se croisèrent, ce fut comme si elle avait été happée par ses prunelles sombres, incapable de détacher les siennes de ces yeux intensément plongés dans le sien.

    "Bien plus qu'on ne pourrait le penser..."

    Quelques instants encore, le silence plana entre eux, comme si le temps avait subitement suspendu son cours. Quelques instants seulement ? Elle n’avait aucune idée de la durée de ce silence, jusqu’à ce qu’il détournât finalement les yeux pour les poser à nouveau droit devant lui.

    "Vous ne devriez pas rester si seule"
    "Ca vous l’avez déjà dit. Et vous non plus, vous ne devriez pas rester seul : les victimes n'étaient pas toutes de frêles jeunes filles..."

    Elle se détendit légèrement, comme il ne la fixait plus de cette manière qui lui avait semblé étrange sans qu’elle eût, une fois encore, pu expliquer pourquoi, et l’imita quelque peu, bien que ses pensées ne vagabondassent plus le moins du monde vers Lucia. Ou alors une Lucia faisant la une des journaux...

    ""Je ne suis pas si seule, cela dit..." finit-elle par souffler, pour briser le silence qu'elle ne voulait pas voir s'installer de nouveau. "Mon père va bien finir par sortir de la salle de torture... chroniquer des pièces, ça peut être sympa, mais s'ils sont aussi bons que vous le dites, même pour lui, ça risque d'être rapidement barbant..."
    "Il est chroniqueur ? Il vient souvent par ici alors ?"

    Etait-ce vraiment une pointe d’intérêt qui perçait dans sa voix ? Elle se décida à reposer les yeux sur lui, un peu surprise, et hocha doucement la tête avant de reprendre la parole.

    "Assez... C'est pas tout à fait le genre d'articles qu'il espérait faire en revenant à Sydney, mais c'est mieux que rien. Ca l'empêche pas d'essayer de dénicher un scoop..."
    "Un scoop ? Quel genre de scoop espère-t-il dénicher, à l'opéra ?"

    Elle arqua un sourcil, dévisageant l’homme qui lui faisait face. Est-ce qu’il se fichait d’elle ou est-ce qu’il voulait vraiment une réponse à sa question ? Et d’ailleurs, pourquoi est-ce qu’il avait bien pu venir lui parler, cet inconnu, blasé par le spectacle ? Elle hésita un instant, et soupira avant de se décider à lui répondre.

    "Le truc qui ferait décoller sa carrière, et il cherche pas forcément ici, juste qu’il y en a eu aussi dans le coin, des victimes. Je suppose que c'est pas particulièrement un secret que tous les journalistes du coin sont sur la brèche avec ces meurtres en série. Y a ceux qui se cantonnent à relater les faits, et ceux qui essaient de trouver autre chose. Je crois juste qu'ils font tous fausse route... mais c'est plus facile de garder des oeillères que d'aborder des hypothèses pas très orthodoxes"

    Elle haussa une nouvelle fois les épaules et eut un geste vague de la main, comme pour signifier que tout ça n’avait pas vraiment d’importance, ce qui n’était pas tout à fait vrai, mais qu’elle espérait bien faire croire, histoire d’éviter de passer pour une folle devant un parfait inconnu. Elle ne s’attendait pas à ce qu’il enchaîne aussitôt, et toujours sur le même sujet.

    "Il a une piste ?"

    Une fois encore, elle l’observa, les sourcils légèrement froncés, flairant un piège, comme lorsqu’elle était plus jeune et que ses camarades de classes amorçaient une conversation seulement pour tenter de trouver une faille et de se moquer d’elle. Sauf qu’il avait juste l’air de discuter calmement et de s’intéresser au moins un peu à la réponse qu’elle allait apporter.

    "Lui non... comme les autres. Ils piétinent. C'est pas faute d'essayer pourtant, on peut pas le leur reprocher... Des recherches ils en font un paquet, mais ils laissent certaines pistes, comme vous dites, de côté, parce qu’elles leur semblent trop fantasmées... Mais je vais pas vous embêter avec mes théories alambiquées, je ferai mieux de rejoindre le hall avant qu’il ne sorte, il risque de s’inquiéter..."

    Elle avait à peine tourné les talons, amorçant un départ vers le couloir et donc ledit hall quand la main de son interlocuteur se referma sur son bras, forte et implacable un instant, quelque peu plus délicate l’instant d’après comme elle tournait vers lui un visage à la fois surpris, quelque peu courroucé et aussi apeuré. Elle n’aimait pas qu’on la touchât, et il y avait quelque chose dans sa poigne qui l’effrayait. S’il voulait la retenir de force, il était certain qu’elle ne pourrait pas lutter.

    "Vous ne m'embêtez pas, au contraire, ça m'intéresse... beaucoup. Je vous en prie, continuez..."

    Nulle supplique dans sa voix, une simple demande, courtoise, diplomate. Elle l'observa un moment, songeant qu'il y avait quelque chose d'aristocratique, de mondain dans son attitude, qu'il devait sans doute venir d'un milieu complètement différent du sien, et que c'était peut-être pour ça, aussi, qu'elle se sentait assez peu à l'aise. Elle se détendit quelque peu, comme il adoucissait sa prise sur son bras, et s'en dégagea d'un geste peut-être un peu trop sec, s'écartant légèrement bien qu'elle lui fît toujours face. Non, vraiment, elle n'aimait pas qu'on la touchât, même si ça venait d'un type plutôt séduisant, il fallait bien l'avouer. Et dont elle avait instantanément remarqué le style vestimentaire plutôt intéressant d'ailleurs.

    Ca l'intéressait ? Vraiment ? Elle en doutait, mais elle n'aimait pas ce silence, moins encore que le fait d'aborder un sujet qu'elle ne souhaitait pas vraiment évoquer avec un parfait inconnu. Qu'elle ne souhaitait évoquer avec personne, en définitive...
    "Vous allez me prendre pour une folle..."

    Elle esquissa un geste vague de la main, avant de préciser que ça n'avait sans doute pas d'importance, puisqu'ils ne se connaissaient pas et ne se reverraient sans doute jamais. Et comme tous les sujets qui la passionnaient, une fois lancée, elle devenait intarissable. D'abord hésitante, jetant fréquemment des coups d'oeils à sont interlocuteur pour y déceler - en vain - ses réactions, elle prit peu à peu de l'assurance, comme elle n'avait droit à aucune remarque acerbe, aucune moquerie de sa part, et détailla de façon précise ce qu'elle avait vu, lu, sur les vampires et qui concordait avec les faits, inconsciente de l'étau qui se resserrait autour d'elle à mesure qu'elle parlait. Et puis subitement, elle s'arrêta, réalisant qu'elle ne lui en avait pas laissé placer une depuis un bon moment, et coupa court à son monologue.

    "Ca doit vous sembler complètement absurde..."

    Elle s'appuya de nouveau contre le mur, les mains croisées derrière son dos, son sac pendant contre la paroi et observa la pièce plongée dans la pénombre, haussant légèrement les épaules comme pour signifier qu'en définitive, même si ça avait été le cas, elle s'en fichait. L'avis de Papa, et celui de Cendryne, étaient les seuls qui lui importaient, et l'un était complètement fermé à ses hypothèses, et l'autre ignorait tout de ses recherches. Ca n'était pourtant pas le cas du tout de son interlocuteur, mais ce qu'il en pensait, réellement, en définitive, elle n'en faisait pas vraiment cas. Elle avait répondu à sa question, voilà tout. Elle ne s’attendait pas à ce qu’il fût si attentif, à vrai dire.

    " Non, non, pas du tout..." lui répondit-il simplement, et elle revint poser ses prunelles où se lisait sans doute une pointe de surprise sur lui.

    Il l’observait en retour, en silence, et pendant un long moment – tout au moins aux yeux de la styliste – il n’y eut rien pour briser ce silence, et cette sorte d’hypnose qui l’envahissait chaque fois que leurs regards se croisaient et qui l’empêchait de rompre ce contact visuel qu’elle trouvait pourtant quelque peu oppressant.

    "Ainsi, vous pensez vraiment qu'ils existent ?"

    Sa voix la fit réagir, et elle hocha doucement la tête, pas très certaine de comprendre ce qui se passait à cet instant.

    "Oui", s’entendit-elle répondre comme dans un rêve. "J’en suis persuadée."
    "C’est intéressant... vraiment intéressant... et peu commun, comme théorie."

    Son regard ne la quittait pas, et elle était incapable de s’en détacher.

    "Il y a d’autres personnes qui pensent comme vous ?"
    "Je sais pas, j’en parle à personne d’habitude..."


Dernière édition par Fiona - Admin le Sam 5 Sep 2009 - 9:49, édité 2 fois
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MessageSujet: Re: Meghann Mills - Obsession : Night   Meghann Mills - Obsession : Night EmptySam 1 Aoû 2009 - 16:19

Meghann Mills - Obsession : Night Story
|| Her Story ||
(suite)


    Sa Rencontre avec un Vampire (suite) :

    Elle avait vaguement l’impression de s’entendre parler de loin, comme si elle n’était pas tout à fait là.

    "C’est un privilège que vous m’accordez, alors..."

    Il lui souriait, et elle lui rendit son sourire sans vraiment s’en rendre compte. Tout à l’heure, elle avait été sur le point de partir, et effrayée par sa poigne. A cet instant, elle n’avait plus vraiment l’intention de bouger de là, et avait presque oublié pourquoi elle avait voulu s’éloigner quelques instants auparavant. Presque, parce que si la peur s'était estompée, elle se souvenait encore parfaitement de ses doigts sur son bras, et si elle s'était rapprochée, elle gardait toujours quelque distance.

    "Si vous voulez... Je sais pas, si c’est un si grand privilège, mais on doit pouvoir dire que c’est exceptionnel, oui..."
    "Vous m'en voyez flatté."

    Flatté ? Il n'y avait pas vraiment de quoi : après ce soir, ils ne se reverraient sans doute jamais, et tout ça n'aurait plus aucune incidence. Ca ne changerait rien ni pour elle, ni pour lui, qu'elle lui ait raconté tout ça. Enfin surtout pour lui. Elle, elle avait eu une oreille attentive au moins une fois, et qui avait trouvé sa théorie 'intéressante', ce qui n'était pas négligeable : elle imaginait plutôt les gens réagir comme son père et rejeter en bloc cette hypothèse saugrenue. C'était plutôt à elle d'être flattée...

    Subtilement, lentement, il se rapprochait d'elle, et elle ne s'en rendait plus vraiment compte.

    "Vous ne devriez pas rester si seule..."

    Combien de fois déjà le lui avait-il dit ? Elle voulait répondre une fois encore quelque chose sur le fait qu'il se répétait, mais c'était comme si sa voix n'avait pas voulu réagir comme elle le voulait. Ou était-ce que le temps s'écoulait bizarrement, et que le silence qui lui sembla durer une éternité n'avait en fait représenté que quelques fractions de secondes ?

    "Vous n'imaginez pas la tentation que vous représentez..."

    La tentation ? Ses lèvres tentèrent de former ces syllabes mais aucun mot, aucun son ne s'échappa de sa bouche. Elle ne pouvait détacher ses prunelles des siennes, son corps ne semblait plus vouloir réagir. Le souhaitait-elle vraiment ? Elle n'en était même pas certaine... Elle eût voulu s'enfuir, l'instant suivant, mais ses jambes refusèrent de bouger. Il était trop près, ses mains effleuraient sa nuque, dégageant les mèches qui y ondulaient, capricieuses. Ses bras se refermèrent sur elle, lui interdisant tout mouvement - eût-elle seulement pu en esquisser le moindre ? Elle sentit son souffle sur sa peau et n'eut pas besoin de voir les canines qu'il dévoila pour comprendre. Elle ferma les yeux, deux larmes roulant sur ses joues blafardes.

    "Vous êtes un vampire..."

    A peine un souffle, pas même un murmure. Pas même un cri, une plainte, lorsque ses crocs s'enfoncèrent dans sa chair, lorsqu'elle sentit ses jambes vaciller, privées de sang. Il la maintenait suffisamment fermement pour qu'elle ne s'effondrât pas, elle ne sentait plus ses membres, plus rien d'autre que la douleur vive qui irradiait de son cou. Au loin elle entendit des pas, des voix, un brouhaha qui lui semblait particulièrement inaccessible, diffus, presque inexistant. Il était réel, pourtant, et elle ne comprit qu’il avait abandonnée sa proie que lorsqu’elle s’effondra sur le sol, inerte, incapable de réaliser encore ce qui arrivait, ni de faire le compte du temps qui s’écoulait.

    Dérangé. Voilà ce qui était arrivé. Il avait été dérangé pendant son repas, et c’était ce qui lui avait sauvé la vie, à elle, pauvre humaine vouée à nourrir un vampire. S’il n’avait pas été surpris par l’entracte et les spectateurs perdus qui étaient passés par là au lieu de rejoindre directement le cocktail qui les attendait de l’autre coté, elle serait morte à l’heure actuelle, ajoutant son nom à la longue liste de ces meurtres mystérieux sur lesquels sont père enquêtait. Bientôt, d’ailleurs, son père la chercherait, ne la trouvant pas près des boissons à l’attendre pour critiquer ouvertement la pièce. Il fallait qu’elle se levât, qu’elle le rassurât, qu’il ne s’aperçût de rien... Elle n’en avait pas la force. Elle avait pourtant l’intention de se redresser, mais son corps refusait de lui répondre. Il lui fallut faire appel au peu d’énergie qu’il lui restait pour réussir à extirper de son sac à main la seringue et le flacon d’adrénaline qu’elle gardait sur elle en permanence, au cas où elle ferait une réaction allergique, et pour préparer l’injection. Elle resta inerte, quelques instants encore, après que la molécule eut fait effet, accélérant son rythme cardiaque et dilatant ses pupilles. Restait à espérer que son sang se renouvelât suffisamment rapidement pour qu’elle pût se relever et rejoindre les autres. Restait à espérer que Papa acceptât de s’éclipser avant la fin de la pièce, elle ne se voyait pas tenir jusqu’au bout.

    "Meghann ?"
    "J’arrive !"

    Etait-ce vraiment sa voix ? Elle doutait que son père eût pu l’entendre tant elle lui avait semblé faiblarde. Elle avait fini par parvenir à se lever, ses jambes tremblant encore à chacun des pas qu’elle s’efforçait de faire. Elle s’arrêta aux toilettes pour femmes où elle but quelques gorgées d’eau et prit le temps – beaucoup de temps, bien plus qu’à l’ordinaire à vrai dire – pour vérifier sa tenue, s’assurer que rien ne pût trahir ce qui venait de se passer, pas même le mascara déposé par ses larmes sur ses joues, et encore moins la marque laissée par les crocs du vampire dans son cou, fort heureusement dissimulable sous le col de son boléro, et la couche de fond de teint supplémentaire qu’elle y appliqua. Agrippée au lavabo, elle inspira profondément une fois, puis deux, puis trois, avant de se décider à repartir, pour rejoindre son père et les autres, où elle devrait faire bonne figure.

    Il avait pourtant vu tout de suite qu’elle n’allait pas bien. Elle avait prétexté une chute de tension ou une crise d’hypoglycémie, quelque chose de ce type, plus commun, moins impliquant. Et il avait proposé aussitôt de rentrer. Tant pis pour la fin de la pièce, il ferait comme si.

    "De toute façon, c’était mauvais..." avait-elle fini par murmurer dans la voiture, l’air absent, complètement épuisée qu’elle était. C’était d’ailleurs ce qu’il écrirait dans son article, en s’appuyant pour une bonne part sur les commentaires qu’elle lui donnerait plus tard, concernant costumes et décors, insipides à ses yeux.

"Silhouette of a Dancer"
Delain

My skin still burns
At all the places you've touched
So aware
You leave no place for hiding
Not last night
Not this time

I close my eyes, so the world can't see me
And draw the silhouette of a dancer in my head
I can't look through your eyes
But my mind betrays mine
Should I starve unmarked
Or confess to my blindness ?

My eyes still hurt
Fighting chasing lights
As they form
Silhouettes behind me
Let them go
This time

Waiting for a change
I can't fight
these chains every day,
I bleed to avoid the pain
Every day
I fade a little more

I close my eyes, so the world can't see me
And draw the silhouette of a dancer in my head
I can't look through your eyes
But my mind betrays mine
Should I starve unmarked
Or confess to my blindness ?



    Sa Vie Aujourd’hui :

    Elle aurait pu – elle aurait dû peut-être – éviter l’opéra comme la peste, arrêter de s’intéresser aux meurtres, cesser ses recherches sur les vampires. Si elle avait été tout à fait sensée, si elle avait été comme la plupart des jeunes australiennes, peut-être aurait-ce été ce qu’elle aurait fait. Elle aurait alors repris son train-train quotidien, évitant toute la zone environnant l’opéra de Sydney, se barricadant la nuit. Au lieu de ça, elle avait continué, et de plus belle encore. Régulièrement, elle retournait aux représentations à l’opéra ou aux pièces de théâtre données au complexe avec son père, et guettait les visages, certaine de reconnaître celui de son vampire entre mille s’il se présentait. En vain. Sans doute évitait-il le périmètre après le fiasco de son agression à elle. Il devait bien savoir, pourtant, que rien n’avait été ébruité, que ne restait de leur rencontre que la vague rumeur d’une fille au teint livide qui avait quitté l’opéra à l’entracte, sans doute en hypoglycémie. Après tout, les filles à la mode étaient toutes anorexiques, n’est-ce pas ? Elle n’avait pas dû suffisamment se nourrir, voilà tout... Elle les avait elle-même lancées, ces rumeurs, à l’origine, et personne n’était jamais venu chercher plus loin.

    Parfois, elle faisait un détour entre le boulot et la bibliothèque où elle passait de plus en plus de temps pour s’arrêter près du complexe. A chaque fois qu’elle s’en approchait, elle avait l’impression de sentir à nouveau les mains de son vampire sur ses épaules, effleurant sa nuque, repoussant ses cheveux, parcourant son dos. Elle sentait ses lèvres dans son cou, et la douleur vive et lancinante de la morsure. Le souvenir lui restait vivace, aussi terrifiant qu’obsédant. Elle y pensait le jour, en rêvait la nuit. Il lui semblait parfois entendre sa voix, elle redessinait sans peine les contours de son visage. « Son vampire ». Elle n’avait aucun droit, aucune emprise possible sur lui, et pourtant, elle ne pouvait pas le qualifier autrement. C’était lui qui était venu à elle, lui qui l’obsédait jour et nuit à présent. Qu’elle le veuille ou non, ils étaient liés, d’une certaine manière. Parce qu’elle devrait être morte à l’heure actuelle, et de sa main.

    Et elle n’arrêtait pas d’y penser. Parfois même sans qu’elle s’en rendît compte, son esprit vagabondait et revenait à cette soirée, à ces quelques instants où sa vie avait failli arriver à son terme.

    "Meg, fais gaffe, tu dessines un papillon là..."
    "Hein ?"

    Magnifique intervention, Meghann, du plus bel effet... Elle cligna des yeux deux fois et observa le tracé qu’elle était en train de représenter par des strass, délicatement cousus sur le tissu du nouveau modèle de chez Goldenmeyer. C’eût dû être un modèle floral...

    "Merde !" jura-t-elle à voix basse en s’efforçant de rattraper sa boulette. S’ils voyaient ça, elle était virée, à coup sûr. Elle s’arrêta une seconde sur cette pensée. Et puis ? Si elle était vraiment licenciée, est-ce que c’était si grave ? De toute façon, elle devrait être morte à l’heure actuelle. Elle ne devrait pas avoir le temps de monter quoi que ce soit avec Cendryne : Les vampires chasseurs n’abandonnaient jamais une proie, à ce qu’il paraissait. Mais elle était incapable de l’expliquer à son amie. Et il fallait qu’elle arrête d’y penser, mais elle n’y parvenait pas.

    "Qu’est-ce qu’il t’arrive ? Je t’ai jamais vue comme ça..."
    "C’est rien... je suis un peu... fatiguée en ce moment... une anémie passagère, a dit le médecin. Ca va passer..."

    Ce qui n’était pas tout à fait faux : c’était bien là le diagnostic du médecin que son père avait appelé pour elle, bien qu’elle refusât de voir qui que ce fût. Ca avait beau faire des semaines, elle n’arrivait ni à oublier, ni à se sentir parfaitement maîtresse d’elle-même. Cendryne et elle se connaissaient suffisamment pour que la jeune femme comprît qu’il était inutile de chercher à en savoir davantage, mais elle l’observa encore un instant, visiblement inquiète. Elles continuèrent à travailler en silence, jusqu’à ce que Cindy lui indiquât qu’elle ne pouvait pas la ramener ce soir-là, ce à quoi elle n’obtint pour toute réponse qu’un vague hochement de tête. Elle irait à la bibliothèque avant de rentrer. Elle continuerait à en apprendre un maximum sur eux, en espérant que Papa ne s’y mît jamais à son tour. Parce qu’elle avait bien cru comprendre que c’était son intérêt pour eux qui avait attiré ce vampire à elle. Tant qu’il garderait ses oeillères, son père serait en sécurité, n’est-ce pas ? Elle l’espérait. Mais peut-être que les autres n’attaquaient qu’au hasard, peut-être que celui qui l’avait mordue, elle, n’agissait pas comme ses congénères. Elle secoua la tête, il ne fallait pas qu’elle y pense, pas maintenant, pas tant qu’elle était au travail.

    "Fais attention à toi Meghann", lui avait soufflé sa collègue en l’embrassant avant de partir de son côté à la fin de la journée.

    C’était étrange, pour Meg de voir quelqu’un s’inquiéter pour elle. En dehors de son père, s’entend. Même si ce quelqu’un était Cendryne, la personne la plus proche qu'elle eût au monde en dehors de son père, qu'elle considérait presque comme une amie. Presque, parce qu'elle n'était pas certaine de pouvoir parfaitement définir ce terme. Et puis parce qu'elle savait qu'elle allait l'abandonner. Au prochain semestre, elle reprendrait des études, à la plus grande joie de ses parents qui n'attendaient manifestement que ça, de Maman notamment, qui s'était fait un plaisir de lui rabâcher qu'elle s'était plantée. Le pire dans l'histoire, c'était qu'elle n'en avait rien à faire. Ou plus exactement, même si les reproches de sa génitrice l'agaçaient, elle savait qu'elle ne pouvait pas comprendre, qu'il y avait bien trop de choses qui lui restaient obscures. Et d'un certain côté, son ignorance était salutaire pour l'hôtesse de l'air, tout autant que jouissive pour sa fille : au moins cette fois, et même si elle ne pouvait pas le lui prouver, elle savait quelque chose que Margaret ne savait pas, qu'elle ne soupçonnait même pas.
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MessageSujet: Re: Meghann Mills - Obsession : Night   Meghann Mills - Obsession : Night EmptySam 5 Sep 2009 - 9:52

Meghann Mills - Obsession : Night Story
|| Her Story ||
(suite)


    Sa Vie Aujourd’hui :

    Une fois de plus, elle avait arpenté les rues jusqu'au complexe lyrique. Elle s'était arrêtée à quelques dizaines de mètres de l'imposante bâtisse blanche, un frisson lui parcourant l'échine comme à chaque fois qu'elle s'en approchait. Elle ne pouvait pourtant pas s'en empêcher. Malgré tout ce que ça impliquait, malgré le danger évident, elle ne pouvait pas ne pas revenir, régulièrement, vers l'opéra, avec ou sans son père. Comme si un lien invisible et absurde la raccrochait à cet endroit, indéfectiblement. Comme si une force surnaturelle n'avait de cesse de guider ses pas vers cet endroit. Elle tourna les talons et gagna la bibliothèque, sa destination d'origine. Combien de fois avait-elle refait ce trajet ? Combien de fois s’était-elle arrêtée sur un banc, à observer le bâtiment comme si ça avait pu l’en faire sortir. Elle en avait depuis longtemps perdu le compte.

    Elle avait donné sa démission. Elle en avait parlé à Cendryne, qui n'avait pas pu masquer une pointe de déception, mais l'avait assurée de son soutien. Elle avait raison d'assurer son avenir, lui avait-elle dit, de faire de vraies études. Elle avait du talent, et un jour ou l’autre, elle percerait, elle en était certaine. Si elle avait seulement su ! Mais Meg refusait d'impliquer davantage la jeune maman qui avait encore un avenir à construire, elle. Pour elle comme pour son petit Floriant. Meg ne parvenait pas à appréhender le sien, d'avenir. Elle était morte ce soir-là, au moins en partie. Fantôme de celle qu'elle avait été, elle ne prêtait attention à ... rien ou presque. Même la mode et ses créations ne la satisfaisaient plus autant qu’avant. Elle ne les délaissaient pas totalement, continuait à coudre et à regarder les défilés avec intérêt, mais ils n’avaient plus la même saveur. Ses pensées restaient éternellement centrées sur les vampires, et elle commençait à avoir une certaine collection d'informations à leur sujet. Suffisamment pour avoir appris ce que pouvaient devenir les simples humains pour les vampires. Un repas, bien évidemment, elle avait failli être dans cette situation, et ne s’expliquait toujours pas pourquoi il n’était pas encore revenu achever son oeuvre. Un infant, s’ils jugeaient la personne digne de les rejoindre. Elle doutait de faire partie de cette catégorie-là : s’il avait été intéressé par elle de cette manière-là, il lui eût sans doute offert l’immortalité ce soir-là, et plus ouvertement. N’est-ce pas ? Elle ne connaissait rien de la psychologie que pouvait avoir un vampire, et pestait de ne pouvoir se forger de réponse précise.

    Et puis il y avait encore une autre solution, qu’elle avait eu plus de mal à appréhender lorsqu’elle avait lu de quoi il s’agissait, qui l’intriguait. Elle écumait les ouvrages de la bibliothèque universitaire, maintenant qu’elle y était officiellement admise, au grand étonnement de ses professeurs et camarades, qui ne comprenaient pas son engouement pour les vieux films et les légendes glauques. Personne ne pouvait comprendre son engouement irraisonné, qui en venait même à surpasser sa passion pour la mode. C’était fini, Butterfly, butterfly ne verrait jamais le jour, officiellement. Elle n’en avait plus le courage, plus l’envie même. Oh bien sûr, elle en rêvait encore, parfois. Mais le visage de son vampire venait tôt ou tard déchirer ces songes, anéantir ce qu’elle parvenait à construire lors de ces fictions nocturnes. Et elle s’éveillait avec l’impression d’un malaise, d’une présence alors qu’elle se trouvait seule dans sa chambre, sentait encore et encore et encore et encore les mains du vampire sur sa peau.

    Elle ne pouvait pas vivre comme ça. Vivre n’était même plus le mot adéquat, elle avait cessé de vivre ce soir-là, quoi qu’elle prétendît. Il fallait qu’elle y mette un terme.

    Quel qu’il soit.


Meghann Mills - Obsession : Night Other
|| Other ||


  • Vous : Non je ne parlerai pas de mon age, de toute façon, y a plein de gens qui sont déjà au courant que je suis vieille.
  • Mots de Passe :
    Eternel Calice (ça tombe bien lol)

    [edit] ah tiens, faudrait que je retourne voir le règlement, on dirait bien qu'ils ont changé depuis le temps... :ange:

  • Comment avez vous connu le forum ? : Par Nicholas ^^




Et vous savez quoi ?

Et bah c'est enfin fini ^^

:tralalala:

bon je suis pas fan de la fin, mais je suis jamais fan de tout, et je suis sûre que j'ai zappé des coquilles...*chut*

:niii:

Bonne lecture (ou bon courage, au choix !)

:hourra: :hourra: :hourra:
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