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 Andy - No Worries Mate

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Nathanael Keynes
Nathanael Keynes
Nombre de messages : 607
Date d'inscription : 12/02/2014


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MessageSujet: Andy - No Worries Mate   Andy - No Worries Mate EmptySam 6 Oct 2018 - 12:10


THIS IS THE STORY OF MY LIFE
WRITTEN IN THESE WALLS ARE THE STORIES THAT I CAN'T EXPLAIN


Né en Pologne, à Gdansk pour être exact tout au nord du pays, comme le reste de sa famille, son nom d'origine évoque clairement les origines polonaises de sa famille. Nom que personne ou presque ici n’aurait jamais pu prononcer correctement, et qu’il a changé de toutes les manières, il y a bien longtemps, lorsqu'il a intégré l'armée américaine, après toute une période où il avait renoncé à corriger ses coéquipiers.

Krzysztof Mlynarczyk et Elzbieta Lysiak, ses parents, se rencontrèrent sur les bancs du lycée, pour ne plus jamais se quitter. Leur amour exemplaire et leur foi bercèrent les enfances de leurs sept enfants qui grandirent au sein d’un foyer aimant bien que modeste. Car Krzysztof était devenu prêtre orthodoxe après leur union, le dogme le tolérant, et si Elzbieta, tout aussi croyante que son mari, arrondissait les fins de mois en faisant quelques ménages, gardes d’enfant et pâtisseries pour les autres foyers du quartier, les revenus du couple n’étaient à l’évidence pas bien élevés. Ce qui ne les empêcha pourtant pas de faire le maximum pour leurs enfants, surtout pour leur éducation, quitte à rogner un peu sur ce qui n’était pas essentiel (les vacances par exemple…), en leur inculquant leurs valeurs morales prônant la tolérance et la foi catholique orthodoxe, évidemment.

Après Andy, né l’année qui suivit leur mariage, vint Ludmila, Lud’ pour les intimes, une blondinette aux yeux clairs, deux ans après son aîné. Il semblerait que la blondeur fût héritée des grands-parents, bien que les enfants les eussent toujours connus aux cheveux d’argent. Puis naquit Michal, brun comme son père, aux yeux gris. Vinrent ensuite Katarczyna et Agnieszka, surnommées Kathy et Ashka, à moins d’un an d’intervalle et si proches qu’on les croyait bien souvent jumelles, aux yeux verts et aux longs cheveux auburn hérités de leur mère, puis Krystyna autre blonde, aux yeux pairs, et finalement, celle qu’on n’attendait plus, Ewa-Maria, petite brune aux yeux vairons. Douze années séparaient Andy de la cadette de la famille, et peut-être est-ce ce qui fit rapidement de lui le grand frère protecteur, chargé de veiller sur cette grande famille en l’absence des parents. Ce qui lui tenait d’ailleurs très à cœur.

Car si, digne héritier, il a intégré les valeurs morales de ses parents, sa famille est tout aussi importante à ses yeux qu’elle l’est pour eux. Au départ, c’était un jeu, ou presque, une fierté que d’être le grand frère, de voir les plus jeunes se reposer sur lui. Petit à petit, à mesure que la famille s’agrandissait, il a fini par comprendre, sans doute trop tôt, les contraintes, et la responsabilité surtout, que cela représentait.

Andy était un enfant très éveillé, et curieux de tout. Chaque nouvelle naissance était un émerveillement, chaque découverte, une nouvelle passion, et il enregistrait les nouvelles informations avec une facilité déconcertante, qui lui valait souvent la première place en classe. L'emprise de sa famille, les responsabilités, et le peu de temps qu'il passait en dehors de chez lui autrement que pour les cours ne l'aidèrent pas vraiment à tisser des liens sociaux poussés, cependant. Il avait peu d’amis, mais ça lui était égal : il avait sa famille. Et nombre de traditions slaves font encore partie de ses habitudes et les fêtes de Noël et de Pâques sont des périodes particulièrement importantes pour lui, vestiges de son éducation sans le moindre doute, bien qu'il ne vive plus en Pologne depuis longtemps.

A l’époque, la petite dernière, c’était Krystyna, petite poupée aux yeux colorés de gris, de vert et de brun dont il ne cessait d’observer les prunelles avec attention - comme si les tâches pouvaient un jour changer de place ! Dès qu’il s’agissait de s’occuper de lui donner le bain, de la faire manger, de la changer, il était auprès de sa mère, prêt à l’aider – ce à quoi elle n’accédait qu’épisodiquement, puisque ce n’était encore qu’un bébé. Le reste du temps, il lisait des histoires aux « fausses jumelles » qui n’en étaient pas, comprenant difficilement les allergies auxquelles elles étaient sujettes qui les privait d’aliments aussi essentiels que les gâteaux par exemple, ou jouait à cache-cache avec Lud’ et Michal, plus proches de lui. C’était aussi lui qui désamorçait les disputes pour telle poupée entre les petites, et aidait aux devoirs, les parents étant bien souvent trop occupés à la paroisse pour le faire.

Et puis vint la dernière grossesse de Maman, pendant laquelle Andy n’eut de cesse de poser des questions. Sur comment on faisait les bébés, et comment on allait l’appeler, et dans quelle chambre elle dormirait, et comment il pourrait aider à s’en occuper aussi. Tout ne se passa pourtant pas aussi bien que prévu. D'une parce que la grossesse n’alla pas jusqu’à terme, et que la petite dernière naquit au bout d’un tout petit peu plus de six mois, pesant à peine plus d’un kilo à la naissance, ce qui mit d’ailleurs en doute ses chances de survie, d’autant que la nouvelle tomba comme un couperet : le dépistage annonçait que la petite fille était atteinte du syndrome de la fibrose kystique, plus couramment appelée mucoviscidose. D’autre part, parce que les médecins expliquèrent à la mère qu’elle ne pourrait plus avoir d’autre enfant, sous peine de mettre en danger et sa vie, et celle du bébé, et qu’ils lui conseillèrent – et lui forcèrent quelque peu la main d’ailleurs – la ligature des trompes pour s’assurer qu’Ewa-Maria serait bel et bien la dernière de la famille. Un traumatisme pour le couple, pour qui la famille, justement, était quelque chose de sacré, même s’ils firent tout pour n’en rien montrer à leurs enfants. Une période difficile aussi, car le bambin réclamait plus d’attention que les autres, même les premiers mois en couveuse passés : sa santé allait rester fragile et vacillante. Avec les allergies de Kathy et d’Ashka, puis l’asthme de Krystyna qui fut diagnostiqué quelque temps après, les rumeurs commencèrent à se répandre dans l’entourage de la famille polonaise, arguant quelque châtiment divin à l’origine duquel toutes les causes possibles et imaginables furent supposées. Sans le moindre fondement, bien évidemment.

Difficile de nourrir une famille où certains enfants ne peuvent pas avaler grand-chose, et les contraintes autant d’organisation que d’hygiène pour le bien-être des deux dernières n’étaient pas pour simplifier les choses. D’autant que séances de kiné, médicaments, et produits de substitution représentaient un investissement certain pour une famille qui n’avait déjà que très peu de marge de manœuvre, financièrement parlant. Lud’ et Michal commencèrent à se plaindre de ces changements de mode de vie, de ces contraintes qui ne les concernaient pas directement, mais qu’ils se voyaient subir, et mirent parfois sur le dos des petites dernières les réprimandes des parents quant à l’état peu ordonné de leur chambre par exemple… Impossible d’avoir quelque animal que ce soit à la maison, à part des poissons rouges ennuyeux au possible, et ce furent Kathy et Ashka qui commencèrent à pester de ne pas avoir droit à un hamster, un chat ou un chien comme leurs copines. Andy défendait alors ses cadettes, expliquant aux plus grands que ça n’était pas leur faute à elles, si Dieu les avait faites ainsi. En général, les choses se calmaient d’elle-même.

Sauf une fois.

~ . ~


6 août 1992

Michal avait onze ans. Aujourd’hui. Maman s’était affairée en cuisine toute la journée ou presque la veille, comme à chaque grande fête, et ses camarades de classe devaient arriver d’un instant à l’autre. Andy s’occupait des plus jeunes, et notamment d’Ewa-Maria, les plus grandes, Kathy, Ashka et Krystyna jouant tranquillement à la poupée dans l'autre chambre, quand une dispute éclata entre les trois filles, pas d’accord sur le partage de leurs jouets. L'aîné délaissa donc le livre de comptines polonaises qu’il fredonnait à la plus petite et le posa à côté d’elle.

- Tu ne bouges pas, Ewa, d’accord ? Je reviens dans une minute, lui avait-il demandé avant de s’éclipser de la chambre qu’il partageait avec Michal, où ils se trouvaient.

C’était sans compter sur la curiosité de sa cadette, qui le suivit donc jusqu’à la chambre des filles, au moment où Krystyna en sortait en trombe… et elle la renversa. La plus jeune était donc tombée à terre, suffisamment durement pour ne pas réussir à ralentir sa chute et pour ne pas s’en relever de suite, assommée pour le coup. Krysta s’était aussitôt mise à pleurer, sous le choc, et elle avait appelé à l’aide. Et quand Andy était descendu, Ewa-Maria inconsciente dans les bras, pour trouver sa mère, celle-ci s’affola aussitôt. Autant dire que l’anniversaire de Michal s’était aussitôt vu annuler. La famille avait passé la soirée à l’hôpital, où ils avaient préféré garder la petite en observation, par sécurité. Le coup l’avait assommée, mais à première vue, il n’y aurait rien de plus qu’une grosse bosse et une grosse frayeur. Sauf que puisqu’ils avaient passé la soirée aux urgences, exit la fête pour l’anniversaire du deuxième garçon de la famille. Et les reproches de maman envers Krystyna n’avaient cessé de pleuvoir… jusqu’à ce qu’elle fasse une crise d’asthme et que les médecins lui préconisent le plus grand calme.

~ . ~


Maman en était alors venue à s’occuper presque uniquement des deux dernières, et par la suite, Andy avait dû être particulièrement vigilant quant aux repas d’Ashka et Kathy, après qu’elles eurent failli avaler des aliments allergènes, faute d’attention de leur mère. Quelques jours plus tard, le ressentiment des plus grands s’était clairement fait sentir, suite à la différence de traitement évidente de la part d’Elzbieta, et Andy s’était retrouvé face à Michal et Lud, l’un dans une colère noire, l’autre en larmes, qui lui avaient annoncé que les parents ne les aimaient pas. Il avait eu beau leur expliquer que ça n’était pas le cas, qu’ils ne l’exprimaient pas de la même manière, rien n’y avait fait.

Et dès lors, deux clans distincts s’étaient formés au sein de la famille : Krystyna et Ewa-Maria d’un côté, Michal, Ludmila, Agnieszka et Katarczyna de l’autre, les « fausses jumelles » de plus en plus suspicieuses à chaque repas quant à la présence ou non de gluten ou lactose dans les plats que maman leur servait. Andy avait commencé à faire le tampon entre les deux factions, à arrondir les angles comme il le pouvait, tant bien que mal. Et ça n’était pas prêt de s’arrêter.



Tout dévoué qu'il pouvait être à sa famille, Andy ressenti le besoin de s'éloigner d'eux, à l'adolescence, sans pouvoir le mettre en pratique. Si bien qu'à son dix-huitième anniversaire, il prit la décision la plus lourde de son existence, sans doute et s'engagea dans l'armée. Un choix assez difficile pour une personne assez fondamentalement pacifiste, mais il distinguait le devoir envers son pays de la violence gratuite. Ou peut-être qu'il cherchait à se rassurer aussi. Toujours était-il qu'ainsi enrôlé, il ne fut plus présent au domicile familial que lors de ses permissions, où il était accueilli à bras ouverts, par l'ensemble de sa fratrie, et plus encore par ses parents, qui, s'ils ne comprenaient pas complètement son choix, le respectaient malgré tout. La tolérance, l'acceptation, restaient de maîtres-mots chez les Mlynarczyk. Parfois, cependant, les heurts auxquels il avait été habitué, revenaient même au cours de ses courtes périodes de présence, et il reprenait son rôle de grand frère, comme s'il n'était jamais parti.

~ . ~


4 avril 2000

- J'en ai marre !

Ewa-Maria avait quitté la table en trombe, envoyant balader à travers la pièce les pilules qu'elle devait prendre quotidiennement pour aider son organisme à lutter contre la maladie, et qu'elle refusait de plus en plus fréquemment d'avaler. On n'aurait pas dit, comme ça, à la regarder, chétive et fragile, mais dans ces cas-là, sa fureur décuplait ses forces et si Andy n'avait pas posé une main sur son poignet, il n'était pas certain qu'elle n'eût pas retourné la table entière. Maman était partie à sa suite, mais ses suppliques à base de « c'est pour ton bien » n'avaient eu pour toute réponse qu'une porte qui claque. Et quand elle était revenue s'asseoir, les mains devant le visage en murmurant qu'elle ne savait plus quoi faire, ce fut Michal qui renchérit, venimeux :

- T'as qu'à pas tout lui passer sous prétexte qu'elle est malade !

Un coup d'oeil et Lud' et lui s'étaient aussitôt éclipsés, bientôt suivis par les jumelles qui avaient tourné leur regard vers leur aîné, cherchant son accord. Il avait acquiescé d'un signe de tête. Encore un repas mouvementé... Ils étaient de plus en plus nombreux ces temps-ci, même alors qu'il était absent la plupart du temps, il constatait la différence avec ses permissions précédentes. Il ne pouvait pas donner complètement tort à son frère, même s'il déplorait la manière dont celui-ci avait énoncé la chose. Si Ewa n'avait pas été malade, il y a bien des choses que Maman n'aurait pas laissées passer, et elle n'aurait pas toujours été auprès de la petite dernière, à la couver, à la surprotéger à tel point que ça en devenait à l'évidence étouffant pour la petite fille qui approchait de l'adolescence. Il avait tenté une fois de lui suggérer de lâcher la bride, Maman en avait presque fait une jaunisse tant elle s'était emportée. Il n'avait plus vraiment abordé le sujet depuis.

Il avait posé les mais sur les épaules de sa mère, à cet instant, et lui avait murmuré quelques mots de réconfort. Et après qu'elle lui eut tapoté la main comme pour lui confirmer silencieusement que tout irait bien - qui cherchait-elle à convaincre ? - il avait déposé un baiser sur sa chevelure avant de murmurer :

- Je vais voir Ewa...

L'ambiance n'était pas vraiment plus heureuse à l'étage à vrai dire. Andy était passé devant la chambre des filles où les autres s'étaient tous réfugiés, et il avait esquissé un sourire :

- Et bien pour un repas de Carême, on pourra dire que ça aura été frugal...

C'était le cas de le dire, vu qu'ils n'avaient pas encore touché à quoi que ce fût. Ca avait au moins eu le mérite d'arracher un sourire à certaines de ses soeurs, même s'il ne fut pas surpris que Michal ne se joignît pas à elles. Il parvint jusqu'à l'autre chambre, où Ewa s'était enfermée avec pertes et fracas, et toqua trois coups à la porte avant de l'ouvrir doucement. Assise sur le lit, la petite fille pleurait, un gros ours en peluche dans les bras.

- Pourquoi il faut toujours que je sois surveillée ? J'en ai marre de devoir toujours voir le kiné, prendre des médicaments et avoir Maman sur le dos...
- Maman s'inquiète, tu la connais... Il suffit d'un rien et c'est l'apocalypse...

Le ton grandiloquent volontairement employé pour faire sourire la fillette avait peu fonctionné, bien qu'elle tentât de sécher ses larmes.

- Je sais... Mais j'en ai marre de jamais pouvoir rien faire ! Même à l'école, ils me regardent tous comme si j'allais mourir demain !
- Tu ne peux pas empêcher les gens d'avoir peur ou de ne pas comprendre, tu sais. Mais tu peux essayer de leur expliquer. Je sais bien que ça n'est pas facile, mais... c'est comme ça...
- Des fois, Dieu, Il fait des trucs pas sympas. Pourquoi je suis née comme ça ?
- Je ne sais pas. Il a certainement ses raisons...
- Oui ben moi j'aimerais bien qu'Il me les explique, ses raisons, parce que pour l'instant, c'est juste une punition. Je sais bien que je suis pas toujours très sage et que je fais des bêtises des fois, mais quand je suis née, j'en avais pas encore faites... Je voudrais... Je voudrais juste être comme les autres...
- Je sais.

Il l'avait prise dans ses bras. Il n'y avait pas grand chose à répondre. Il n'avait pas l'habitude de questionner les choix du Seigneur, mais s'il y en avait un pour lequel il aurait aimé comprendre Ses motivations, c'était bien celui-là. L'asthme de Krysta, c'était gérable, les allergies des jumelles, c'était gérable. Ca demandait quelques adaptations, engendrait quelques contraintes, mais on pouvait faire avec. La mucoviscidose, c'était mortel, tôt ou tard, faute d'une greffe...

- Je sais... répéta-t-il dans un souffle avant que le silence ne plane encore quelques instants, quelques minutes même.

Elle reprit finalement la parole, s'éloignant un peu de lui.

- Je vais les prendre, tu sais, les pilules. Je sais bien qu'il faut que je les prenne. J'ai pas envie de mourir tout de suite. Je voudrais juste être un peu tranquille des fois, c'est tout...

Il avait hoché la tête et lui avait caressé les cheveux quelques temps, et puis ils étaient redescendus en silence, et elle avait avalé ses médicaments sans broncher, le temps qu'Andy aille chercher les autres. Le repas avait finalement repris, presque comme si rien ne s'était passé.

Presque.



14 – 16 décembre 2002

Mais il y a l’inacceptable
Qui vient tout bousculer
Une erreur de là-haut
Qu’on n’a pas demandée
Mais il y a l’inacceptable
En plein vol foudroyé
Et qui vient tout reprendre
Tout ce qu’on vous a donné
Et vous laisse comme une impression
Oh, une impression d’inachevé


C’étaient les derniers jours. Les médecins l’avaient annoncé : à moins d’une greffe immédiate, Ewa-Maria n’en avait plus pour longtemps. Parmi les membres de la famille, les réactions avaient été diverses et variées. Lud' et Michal s’étaient enfermés dans un mutisme sans équivoque. Maman ne cessait de pleurer et de demander au Seigneur ce qu’ils avaient pu lui faire pour mériter un tel châtiment, eux qui lui étaient pourtant si dévoués. Papa ne quittait presque plus l’église. Quant aux filles, elles étaient tout le temps ensemble et recherchaient bien souvent le soutien de leur aîné. Ce qu’Andy leur octroyait sans compter quand il n’était pas au chevet de la petite dernière, ayant obtenu une permission exceptionnelle étant donné les circonstances. Il allait la voir tous les jours, c’était devenu une habitude, depuis qu’elle avait été hospitalisée et ne quittait plus la petite chambre aseptisée qu’on lui avait accordée. Et ce jour-là ne faisait pas exception.

- Hey ! fit-il en entrant, l’air enjoué, bien loin du masque sombre qu’il avait parfois pu porter en pénétrant dans l’hôpital.
- Bonjour Andy… lui répondit une voix faiblarde.

Elle était pâle, plus qu’elle ne l’avait jamais été, et avait de la peine à respirer, visiblement, malgré le sourire qui éclaira quelque peu ses traits à la vue de son frère.

- Fidèle au poste…

Il lui sourit en retour, et vint s’asseoir près d’elle pour lui prendre la main.

- Comment tu te sens ?

C’était un autre rituel, et elle répondait invariablement « Ca va », comme s’ils avaient tous deux été aveugles des appareils auxquels elle était branchée, qui lui permettaient tant bien que mal de respirer. Le silence plana quelques instants avant qu’elle ne le brise avec des mots qui resteraient à jamais gravés dans la mémoire de son aîné.

- Tu sais, j’aurais bien aimé rester avec vous plus longtemps. Avec les filles, Maman et Papa… Avec toi… Et avec Lud et Michal aussi, même s’ils pensent que je ne les aime pas, et que Maman ne les aime pas à cause de moi.

Sa main s’était aussitôt resserrée sur la sienne. Il y avait des sanglots dans sa voix, et il se demandait combien de temps elle avait ressassé ces pensées avant de les lui avouer aujourd’hui.

- Tu voudras bien leur dire ? Que je les aime eux aussi. Et que je veillerai sur vous tous de là-haut.
- Ewa…
- Chut Andy… Je sais bien que c’est trop tard…

Que pouvait-on répondre à une jeune fille d'à peine treize ans qui vous tenait de tels propos ? Que pouvait-on répondre quand on savait pertinemment qu’elle avait raison ? Des larmes roulèrent sur les joues de sa cadette, et pour la première fois, il ne sut pas quoi faire pour les arrêter. Incapable de dire quoi que ce soit, il réprima les sanglots qu’il aurait pu lui-même laisser échapper à cet instant.

Il aurait donné n’importe quoi pour pouvoir la sauver. Sa vie, même, si ça avait été le prix à payer pour qu’elle vive, elle. Il aurait tout aussi bien pu donner ses propres poumons, si les médecins n’avaient pas eu d’éthique et refusé de prendre une vie pour en sauver une autre, et si le Ciel n’avait pas considéré cet acte comme un suicide détourné. S’il avait eu quelque pouvoir mystique, il aurait été ravi d’être capable de faire quelque chose et aurait remercié le Seigneur de lui avoir accordé ce don chaque jour qu’Il faisait. Mais il ne connaissait personne capable d'un miracle pour la sauver. Ewa allait mourir, et il n’y avait rien à faire pour l’empêcher.

Il continuait à venir la voir chaque jour. C’était tout ce qu’il pouvait faire, et c’était cette impuissance qui le hantait depuis des années. A cet instant, c’était pour lui la pire des tortures, mais il refusait d’en rien montrer. Il ne voulait pas laisser le silence s’imposer, entrecoupé des pleurs de sa petite sœur, et même si ça lui semblait particulièrement futile, il commença à fredonner quelques notes d’une berceuse polonaise qu’elle avait toujours entendue. Combien de fois s’était-elle endormie sur cette mélodie, murmurée par lui ? Il n’en avait plus le compte depuis bien longtemps. Sa voix n’était pas parfaite, elle ne l’avait jamais été, mais il était juste, et tentait d’apaiser la jeune fille, autant qu’il le pouvait. Il ne quitta la pièce que lorsqu’elle finit par s’endormir.

On pouvait être aussi fort qu’on le voulait, il y avait toujours un moment où on craquait. Pour Andy, ça avait été dans ce couloir d’hôpital. Il s’était accroupi contre le mur de la chambre, les coudes sur ses genoux, les mains jointes devant son visage, et avait laissé couler les larmes qu’il refusait de montrer à ses proches, déjà suffisamment accablés comme ça. Il savait que ses parents ne viendraient pas ce soir, trop pris par l’église en ce temps de l’avent. Il savait que les petites ne viendraient pas sans eux. Il savait aussi que Lud' et Michal n’osaient pas venir, trop conscients des nombreux heurts qui avaient ponctué leurs relations avec Ewa-Maria. Il n’y avait que là qu’il pouvait se le permettre. Quand il rentrerait, il serait de nouveau le grand frère sur lequel les autres se reposaient. Quand il rentrerait, il essuierait les larmes de Lud' quand il lui passerait le message, et soutiendrait Maman, plus effondrée que jamais. Quand il rentrerait, il écouterait Michal et prierait avec les petites. Quand il rentrerait… Plus tard. Pour quelques instants encore, il était juste le grand frère terrassé par la douleur de sa soeur et par la certitude de la perdre bientôt. Et il pleurait en silence, dans ce couloir impersonnel où les gens passaient sans le voir, semblait-il.

- Vous allez bien ? demanda une voix inconnue près de lui.

Pas totalement inconnue en fait, mais trop peu pour qu’il identifie sa propriétaire sans relever les yeux sur elle, même s’il était certain de l’avoir déjà entendue. D’une main, il sécha ses larmes avant de croiser le regard émeraude d’une des infirmières qu’il avait déjà vue s’occuper de sa cadette. Il esquissa un sourire peu convainquant et hocha lentement la tête.

- Ca va aller, merci...
- Vous êtes son grand frère, n’est-ce pas ? Je suis désolée… On espérait tous qu’il puisse y avoir un donneur…
- Personne n’y peut rien, fit-il en se relevant, haussant légèrement les épaules. Mais merci.
- Si vous avez besoin de quelque chose…
- Merci.

Il avait répété ce mot d’un ton neutre, esquissant un sourire et hochant de nouveau la tête. Le genre d’attitude qui disait clairement « c’est gentil d’avoir proposé, mais ça n’est pas nécessaire ». Et il était parti. Il était rentré, et avait assumé son rôle jusqu’au bout.

C’est dans le courant de la nuit même que l’hôpital avait appelé. Ewa-Maria avait cessé de respirer, son cœur avait cessé de battre, et elle était partie, toute seule, pour son dernier voyage. « J’aurais dû rester », ne cessait de se répéter Andy, bien qu’il n’en fît part à personne. Il avait consolé comme il avait pu Lud' et Michal, qui se reprochaient de ne pas avoir été la voir avant la fin. C’était trop tard à présent, et il avait eu beau leur soutenir qu’Ewa, elle, ne leur en voulait pas, il doutait fort que cela suffît à apaiser leurs remords. Ils devraient vivre avec ça toute leur vie, et une fois encore, il ne pouvait rien faire pour alléger leur peine. Quant à la sienne, de peine, elle ne transparaissait que dans les mélodies tristes qui s’échappaient du piano, lorsqu’il n’était pas occupé à préparer l’enterrement, ou à consoler l’une ou l’autre de ses sœurs, son frère étant trop fier pour montrer de nouveau ses larmes. Il l’entendait, parfois, la nuit, mais le connaissait suffisamment pour savoir qu’il valait mieux ne pas le rejoindre à cet instant.

~ . ~


La veillée funèbre, la mise en bière, l’enterrement, tout s’était déroulé sans qu’il ne craque, et tant pis si certains paroissiens murmuraient que ça n’était pas normal. Il avait fait ce qu’il devait faire, pour rendre un dernier hommage à sa sœur, et il espérait qu’elle fût bien accueillie, là-haut, qu’elle y eût rejoint leurs ancêtres. C’est lui qui avait parlé dans l’église, et on eût pu croire qu’il ne s’agissait que d’une vague connaissance, comme il gardait suffisamment le contrôle pour masquer son propre trouble. Ca avait été dur, pourtant, de voir les visages en larmes de toute sa famille face à lui, de croiser le regard de son père, solennel au possible pour dissimuler sa peine, d’entendre les sanglots et les pleurs, sans céder soi-même aux larmes. Il s’était promis de ne pas flancher, d’aller jusqu’au bout, pour elle, qui avait été si forte jusqu’à la fin. Et il avait tenu bon. Il avait fait bonne figure aussi ensuite, quand tous s’étaient réunis à leur domicile, acceptant les condoléances de visages plus ou moins connus. Il y en eût un pourtant, de visage, qu’il n’aurait pas imaginé voir là, et il prit congé des paroissiens éplorés (il n’aurait pas su dire si leur peine était réelle ou feinte), pour aller au devant de la jeune femme à qui ces traits appartenaient.

C’était l’infirmière qui avait soigné Ewa, et qui avait surpris ses larmes, il en était certain. Et quand elle croisa son regard, elle sourit, et vint vers lui.

- Je suis désolée pour Ewa-Maria, commença-t-elle, peu à l’aise manifestement.

Autant que lui d’ailleurs, la main qu’il passa derrière sa nuque en attestait. Elle avait vu ce que personne d’autre n’avait jamais pu voir. Et ça n’était pas vraiment dans ses habitudes d’être ainsi mis à nu. Il ne s’était pas attendu à la revoir, et sa présence le déstabilisait. Elle dut s’en rendre compte, ou peut-être était-ce dû à son propre embarras, car elle sembla hésitante un instant avant de lui demander :

- Est-ce que je pourrais vous parler… un peu à l’écart ?

Il avait hoché la tête, et elle avait gardé le silence, jusqu’à ce qu’il ferme derrière eux la porte du bureau.

- Je vous en prie, asseyez-vous… fit-il en désignant l’un des fauteuils quelque peu usés par le temps qui faisaient face à un âtre où aucun feu n’avait plus brûlé depuis des années.

Il prit place à côté d’elle, et le silence plana encore quelques instants, jusqu’à ce qu’il reprenne.

- Merci d’être venue… pour Ewa…

Elle secoua la tête et inspira profondément avant de répondre, d’un ton où ne perçait aucun doute malgré les quelques tics nerveux qu’il remarqua rapidement.

- Je sais que ça n’est pas vraiment le moment, mais… Ce n’est pas que pour dire au revoir à Ewa que je suis venue. Pour ça aussi, bien sûr, mais pas uniquement. En temps normal, je ne m’attache pas aux patients, ça ne rend les choses que plus difficiles mais…

Nouveau hochement de tête, nouvelle inspiration. Si elle ne doutait pas de la véracité de ses propos, elle doutait au moins de leur impact sur lui, manifestement.

- C’était une jeune fille très courageuse… et très bavarde aussi. Elle parlait beaucoup de vous tous. De vos parents, et de leurs habitudes. De ses sœurs qu’elle appelait les jumelles. De… Krysta, c’est ça ? qui était la plus proche d’elle. Elle m’a raconté tout un tas d’anecdotes avec sa « blondinette de sœur », de bêtises qu’elles avaient faites ensemble. Elle parlait moins des deux grands, mais quand elle les évoquait, il y avait toujours un léger voile de tristesse dans son regard. C’était pire encore quand elle parlait de vous. Elle disait… qu’elle avait peur que vous perdiez votre route, que vous ne vous oubliiez à force de vous occuper des autres…

Il l’avait observée tout au long de son discours, notant le léger sourire qui était apparu au coin de ses lèvres rosées lorsqu’elle avait évoqué la volubilité de sa cadette et les bêtises qu’elle avait pu faire, et le mouvement saccadé de ses doigts lorsqu’elle cherchait à se remémorer des détails concernant sa famille. Il avait suivit sa main lorsqu’elle l’avait portée à son visage pour repousser une mèche rebelle brune et la replacer derrière son oreille. Mais lorsqu’elle s’était tournée vers lui en parlant des craintes de sa petite sœur à son encontre, il avait détourné le regard aussitôt, le posant sur l’âtre devant eux sans réellement le voir.

- C’est idiot… poursuivait la jeune femme à côté de lui, mais ça m’a donné envie de vous connaître.

Il avait finalement posé son regard clair sur celui de la jeune femme, quelque peu abasourdi par sa déclaration. Non, ça n’était en effet pas le moment. Et il n’était pas très doué pour ses choses-là non plus. Il n’avait pas su quoi répondre tout de suite, et ce fut elle qui reprit la parole, pour empêcher le silence de s’installer entre eux, qui ne manquerait pas d’être embarrassant. La situation l’était déjà bien assez ainsi. Au moins pour lui.

- Je sais que ça peut paraître choquant et vous n’êtes pas obligé de me croire quand je vous dis que je ne fais jamais ça d’habitude, mais… j’aimerais vous revoir, plus tard, après, quand tout sera fini.

Elle restait ferme, et peut-être était-ce sa conviction qui ébranla la sienne de ne pas vouloir accéder à une requête aussi déplacée. Elle lui avait laissé son numéro et avait quitté la pièce. Il était resté seul dans le bureau, pendant un long moment, se demandant ce que sa petite sœur en aurait pensé, elle, se répétant que ça ne faisait pas des choses pareilles, avant de se décider à sortir du bureau et de retrouver parents et amis de la famille, qui commençaient à s’inquiéter de sa disparition soudaine.

~ . ~


24 décembre 2002

Tout comme il était venu la voir tous les jours à l’hôpital, Andy se rendait chaque jour sur la tombe de sa sœur. Le temps de l’avent avait quelque peu perdu de son sens avec le décès de la petite dernière, mais il faisait en sorte de n’en rien montrer, et de suivre au mieux les rites. Il n’avait, à vrai dire, guère de mal à observer le jeûne et les temps de prière. Et tous les soirs, après le travail, il venait raconter sa journée et déposer des amaryllis sur la stèle, comme si sa cadette avait vraiment pu entendre ses histoires et voir ses fleurs. Elle les voyait de là-haut, croyait-il, elle voyait ses sourires, entendait les mélodies qu’il lui murmurait parfois. Il lui affirmait qu’il continuait à dire à Lud et Michal qu’elle les aimait, qu’ils le croient ou non, comme il lui avait promis de le faire. La vie continuait, même si c’était difficile. Au moins là-haut, elle ne souffrait plus.

C’était ce qu’il répétait aux autres aussi. Mais si même les parents ne montraient pas l'exemple, comment convaincre les plus jeunes ? Le soir de Noël, quand tous les enfants ou presque réveillonnaient, chantaient et riaient, eux, ils avaient soupé en silence, le sapin traditionnel n'avait pas même été allumé, et la dernière veillée n'avait pas duré, les parents ayant regagné leur chambre sans plus de conversation, ni sur la fin de l'avent, ni sur la mort d'Ewa-Maria. Les plus jeunes avaient hésité à faire de même, mal à l'aise devant une fête qui n'en était plus une et le mutisme de leurs parents, et s'ils taisaient leur propre douleur, un sentiment de malaise planait sur la pièce quand Andy y pénétra de nouveau, alors qu'ils venaient de finir de débarrasser la table.

- Joue-nous quelque chose, Andy, avait fini par demander Lud, le regard implorant, jouant nerveusement avec la nappe entre ses doigts comme elle venait de se rasseoir. C'est trop triste un réveillon de Noël sans chanson.

Il avait souri, et lui avait ébouriffé les cheveux, comme si elle avait encore été une enfant... à 22 ans, elle en était pourtant bien loin à présent. Et elle avait raison. Ewa n'aurait pas souhaité ça, il aurait pu le jurer. Alors il s'était installé au vieux piano qui trônait dans le salon, encore debout malgré les ans et le manque d'entretien, et il avait joué. Tous l'avaient rejoints formant un cercle plus ou moins proche autour de lui, et s'il avait été seul, au départ, à fredonner les chants de Noël, américains ou polonais, Lud l'avait vite rejoint. Il avait toujours pensé qu'elle chantait bien, bien qu'elle se refusât d'ordinaire à le faire en public autrement qu'en groupe. Les petites avaient ajouté leurs voix, et même Michal, finalement, s'était joint à eux. Jusqu'à ce que la plus grande des filles s'éclipse et ne revienne avec ce qu'il identifia rapidement comme son journal intime, dont elle retira une feuille de papier pliée, à laquelle une photo de leur soeur défunte était agrafée.

- Andy... Tu crois que tu peux mettre de la musique là-dessus ?

Il avait fixé tour à tour sa soeur et le feuillet, avait lu et relu les vers qui y étaient griffonnés d'une écriture tremblante. Et puis il avait posé ses doigts sur le clavier, et avait joué, hésitant tout d'abord, puis avec plus d'assurance, une mélodie toute simple, douce et nostalgique. Et Lud avait chanté.

Vole vole petite sœur
Vole mon ange, ma douleur
Quitte ton corps et nous laisse
Qu'enfin ta souffrance cesse
Va rejoindre l'autre rive
Celle des fleurs et des rires
Celle que tu voulais tant
Ta vie d'enfant

Vole vole mon amour
Puisque le nôtre est trop lourd
Puisque rien ne te soulage
Vole à ton dernier voyage
Lâche tes heures épuisées
Vole, tu l'as pas volé
Deviens souffle, sois colombe
Pour t'envoler


Il avait failli lui demander si c'était le type de mélodie qu'elle attendait, mais les mots n'avaient pas passé la barrière de ses lèvres : elle avait chanté, naturellement, comme si ça avait été exactement le morceau qu'elle voulait, comme si elle l'avait toujours connu. Il n'avait pas besoin de réponse, il avait juste continué à jouer. Jusqu'aux derniers mots, jusqu'aux derniers accords, espacés pour ralentir la cadence. Et le silence avait de nouveau régné sur la pièce, jusqu'à ce que la jeune femme - à qui Andy attribuait désormais un certain talent pour l'écriture qu'il n'avait jamais soupçonné - ne le brise :

- Je voulais que ça soit un cadeau pour Maman... Mais je ne suis pas sûre qu'elle en veuille...
- Demande-le-lui, lui avait-il alors conseillé, en désignant d'un signe de tête l'entrée de la pièce dans son dos, où se tenaient leurs parents, redescendus après les premières notes.

Et les mots n'étaient pas nécessaires pour montrer à quel point ils avaient été touchés. Il suffisait d'un regard pour le comprendre à l'émotion qui transparaissait de leur visage, de leur attitude en entier. Maman s'était finalement approchée, et avait pris Lud dans ses bras, déposant un baiser sur sa chevelure avant de la serrer contre elle. Elles avaient pleuré ensemble. Les petites avaient pleuré. Papa avait versé quelques larmes. Et Michal et lui avaient échangé un regard, sans équivoque. L'un comme l'autre n'en pensait pas moins, bien qu'ils n'en montrassent rien.

- Tu crois qu'elle sait que je l'aime moi aussi ? avait fini par demander la jeune fille, des sanglots obstruant son élocution.
- Elle l'a toujours su, et je suis sûre qu'elle aussi, elle pleure, là-haut...

C'était la voix de Michal : il venait de poser une main maladroite sur l'épaule de sa cadette et ses yeux brillants trahissaient les larmes qu'il refusait de laisser couler. Papa avait rejoint Andy, les jumelles s'étaient blotties dans ses bras, Krysta dans ceux de son père. Et pour la première fois depuis bien longtemps, ils avaient été vraiment unis.

Et la vieille horloge du salon sonna les douze coups de minuit.

~ . ~


31 décembre 2003

Il avait revu la femme de l'enterrement, l'infirmière, Grażyna. Une fois, puis plusieurs, dans un café, se promenant dans un jardin public, dans les couloirs de l'hôpital où il la rejoignait. Ils avaient commencé à sortir ensemble et il voyait en elle la femme de sa vie. Il n'avait pas compris, qu'au bout d'un an, elle s'était lassée de la routine qui s'était installée, et de ses absences dues à l'armée, alors que lui ne voulait que son bonheur. Certaines se plaignent de trop peu d'attentions, Grażyna en avait trop. Trop de lettres. Trop de fleurs. Trop de dîners aux chandelles. Trop de cadeaux sans raison précise, juste pour le plaisir. Et pas assez de plaisir justement, car elle ne voyait pas leur couple sous le même angle que lui, qui ne concevait pas de passer à l'acte avant d'être passé devant l'autel.

Il avait tout prévu, le dîner aux chandelles dans un petit restaurant de Montmartre sur la place du Tertre, la balade au Sacré-Coeur et la demande, genou à terre, devant l'église blanche comme la neige qui leur tombait dessus. Elle l'avait regardé, les mains dans les poches de son manteau rouge comme la colère qu'il lut dans son regard quand elle prononça ces quelques petits mots pour lui répondre :

- J'ai froid.

Pas autant que lui à cet instant manifestement. Il avait refermé la boîte et l'avait rangée dans sa poche. Il s'était relevé, et ils avaient marché côte à côte, sans un mot jusqu'à l'hôtel. Elle s'était couchée presque aussitôt, tandis qu'il occupait la salle de bains, et il s'endormit après des heures à la regarder sommeiller, sur le fauteuil, à côté. C'était fini et elle n'eût sans doute pas pu trouver manière plus cinglante que celle-ci pour le lui faire comprendre. Un an d'abstinence lui avait semblé trop long sans doute. Elle irait trouver l'âme soeur ailleurs. Il n'avait plus qu'à l'accepter, qu'à se résigner au fait que quoi qu'il eût cru, ça n'était pas elle, qui lui était destinée. Et son affectation en Irak le lui a confirmé.



Elle s'appelait Evangeline, et venait de Etats-Unis. Elle était infirmière - à croire qu'il avait quelque chose avec les personnes de cette profession - au sein de l'unité médicale de l'armée américaine. Son bataillon avait croisé la route d'un des bataillons américains, il y avait eu pas mal de blessés lors de l'attaque qu'ils avaient subie, dont lui-même, alors qu'il tentait de sauver un de ses soldats, grièvement touché. Elle l'avait soigné, ils avaient gardé contact, s'étaient revus dès lors qu'ils le pouvaient. Elle admirait son dévouement et ses valeurs, il trouvait son engagement fascinant. A son contact, il avait appris qu'il pouvait assouplir quelque peu sa ligne de conduite, sans pour autant se dénaturer complètement. Leurs routes étaient vouées à s'éloigner, tôt ou tard, ils le savaient. Elle repartirait aux Etats-Unis, un jour. Il rentrerait en Pologne. C'était dans l'ordre des choses... Pourtant l'un comme l'autre n'en avait aucune envie.

- Je vais partir avec toi. L'armée américaine recrute aussi les non-résidents, n'est-ce pas ?
- C'est pas de la désertion, ça ?
- Pas si je fais les choses comme il faut.

Il y avait tout un tas de démarches administratives et même s'il disait ça sur le ton de la rigolade, il y pensait sérieusement. Il s'était renseigné, même s'il n'avait pas vraiment mis les choses en marche.

- Ou alors je t'épouse et tu deviens femme de militaire, et tu suis ton charmant mari partout où il est envoyé.

Une boutade, c'était comme ça qu'elle l'avait pris, la première fois, elle avait ri, était rentrée dans son jeu, elle l'appelait Monsieur Mlynarczyk en écorchant son nom à chaque fois, il répondait à Pana Mlynarczka en relevant son accent polonais déplorable, elle en rajoutait sur le sien, typiquement slave, comme il lui parlait anglais. Une petite blague, que même leurs collègues avaient commencé à reprendre, et qui faisait son chemin, au final.

Parce que la fois suivante où il avait évoqué l'éventualité d'un mariage, toujours sur le ton de la blague, il lui avait présenté un petit écrin, pourtant, renfermant l'alliance qui devait sceller leur union. Oh bien sûr, il avait beau garder un masque aussi souriant qu'ému en lui faisant sa demande, il n'en menait pas vraiment large. La dernière fois, la réponse apportée n'avait pas été tout à fait celle qu'il avait escomptée. Et pourtant, il avait mis autrement plus de moyens pour faire ça dans les règles. On ne peut pas dire que le camp ait réellement été l'endroit le plus romantique de la planète. Pourtant elle avait dit oui, et ils avaient passé les semaines suivantes à organiser leur mariage. En Pologne, à Gdansk, pour être près de sa famille à lui, en prévoyant des chambres pour sa famille à elle qui venait de l'autre bout de la Terre. Ca avait été le plus beau jour de sa vie, réellement.

~ . ~


8 octobre 2005

- Tu sais que Maman était persuadée qu'elle était d'origine slave ?

Michal tirait sur le col de sa chemise, aussi peu à l'aise avec les costumes qu'il l'avait toujours été. Il avait dû répéter une centaine de fois que c'était bien pour son grand frère et parce qu'il était garçon d'honneur et témoin qu'il faisait un tel effort.

- Elle a seulement dû me l'écrire un million de fois, je crois.

La blondeur et le nez droit d'Evy avaient suffi à Maman pour se persuader de ce qu'elle voulait bien croire, mais au final, ça n'avait pas vraiment d'importance. Dès lors qu'elle avait posé les yeux sur le couple, elle avait fondu en larmes, répétant à quel point ils étaient beaux à qui voulait bien entendre. Les frangins en rigolaient pas mal, sans méchanceté aucune, d'autant que ça avait permis beaucoup plus facilement son intégration au sein du clan Mlynarczyk... Ca et le fait qu'elle rende manifestement Andy heureux.

C'est leur père qui avait officié dans la belle église Saint-Nicolas, avant qu'ils ne passent par la mairie, les choses ne se déroulant pas forcément dans le même ordre que dans d'autres pays en Pologne. L'émotion se sentait clairement dans sa voix, quand bien même on ne voyait pas ses yeux brillants. Les filles de la famille n'étaient pas forcément plus discrètes, et même si Ludmila s'était installée à l'orgue et avait joué avec brio, elle admettait volontiers qu'elle n'aurait pas pu chanter correctement. C'est d'ailleurs elle qui reçut le bouquet de la mariée, sous les railleries de Michal - et ses joues cramoisies en disaient long sur ce qu'elle espérait de la part de son petit-ami depuis quelques années, un certain Marek qu'Andy avait malheureusement trop peu vu, trop souvent au loin.

Ils n'avaient cependant pas pu trop prolonger leur séjour et étaient repartis sur le terrain, se promettant de planifier leur voyage de noces plus tard, dès qu'ils le pourraient. Dès que cette foutue guerre serait terminée. Dès que les américains auraient gagné, rajoutait-elle, et Andy souriait simplement. Et un jour, ils auraient une grande maison dans la banlieue de San Francisco d'où elle venait, avec un chien, et de beaux enfants. Ils passeraient toutes leurs vacances auprès de sa famille, à lui, et les feraient venir pour Thanksgiving. Elle était presque à déjà choisir les prénoms de tout ce petit monde.

Un petit monde qu'ils ne verraient jamais.



- Je suis désolé Andy...
- Pas autant que moi.

Il savait bien que ses soldats, ses équipiers, n'y pouvaient rien. Il savait bien qu'ils avaient tout fait pour la sauver. Que c'était son heure, que c'était comme ça. Dieu l'avait rappelée à Lui, il ne pouvait rien y faire, et surtout, il n'avait rien à en dire. Pourtant il n'arrivait pas à l'encaisser. L'état-major envisageait de le rendre à la vie civile, son état psychologique devenant préoccupant : il allait finir par être un danger pour lui-même et pour les autres. Mais il refusait de partir, catégoriquement. Il ne se voyait pas le moins du monde regagner la Pologne, la vie civile, seul. Pas là-bas, pas sans elle. Une part de lui était morte avec elle, il en avait la certitude, et même s'il n'était pas prêt à abandonner la vie comme certains de ses coéquipiers l'avaient craint, il n'était, clairement, plus tout à fait le même. Alors il avait fait ce qu'il avait évoqué, il y a longtemps. Il avait contacté l'armée américaine, s'était enrolé en tant que citoyen étranger, mais surtout en tant que soldat émérite. En dehors de son deuil, ses états de service étant irréprochables, il n'y avait pas grand chose qui pouvait empêcher son affectaction, et il avait tourné les choses à son avantage en soulignant qu'il voulait apporter son soutien aux troupes pour éviter qu'une nouvelle tragédie de ce genre se reproduise. Ca avait fonctionné, et dès lors qu'il avait été délivré de ses liens avec l'armée polonaise, il s'était engagé auprès des Etats-Unis d'Amérique, pour servir le pays d'Evangeline. Huit ans, c'était la durée du contrat, et c'était bien ce qu'il comptait faire. Et tout comme il avait entrepris ces démarches-ci, il avait demandé à changer de nom, mettant en avant son affectation américaine et la difficulté à prononcer son nom polonais pour son entourage professionnel.

Il en a vu, des juges et des tribunaux, charger d'étudier la recevabilité de sa requête. Il a dû insister sur son désir de devenir citoyen américain. Il n'en était pas certain jusque-là, il restait polonais dans l'âme, mais puisqu'il comptait clairement vivre là où ils s'étaient promis de s'installer ensemble, ça n'était pas si aberrant, ni réellement un mensonge. La famille d'Evangeline avait appuyé sa demande, mais ça avait fendu le coeur de ses propres parents. Il s'était même violemment disputé avec son frère, qui ne comprenait pas qu'il puisse ainsi les renier.

- Vous êtes ma famille et vous le serez toujours, avait-il tenté d'expliquer. C'est qu'un nom...
- C'est celui de tes ancêtres ! Ca te suffit pas de déjà toujours être à l'autre bout du monde, faut encore plus que tu coupes les ponts avec nous ?

Il s'était refermé aussitôt, avait abandonné toute idée de faire comprendre son point de vue à sa famille. Il était parti sans claquer la porte, mais sans vraiment dire au revoir non plus. Et s'ils n'acceptaient déjà pas son changement de nom, il doutait fort que d'autres points qu'ils ignoraient encore obtiennent davantage leur adhésion. Parce qu'il s'en doutait depuis l'adolescence, bien qu'il ne l'ait jamais évoqué avec quiconque - il avait étrangement autre chose à penser - et qu'il ne soit jamais passé à l'acte, mais il devait bien se rendre à l'évidence, il n'y avait pas que des jolies filles au sourire ravageur qui lui faisaient de l'effet. Et même si la Bible rejetait ce type d'amour - un des facteurs qui l'avaient longtemps perturbé, et encouragé à brider cet aspect de sa personnalité - il ne pouvait plus vraiment se voiler la face : il y avait bel et bien aussi les hommes qui lui plaisaient.

Et un homme en particulier. Un de ses coéquipiers, dont il se rapprochait sans vraiment le vouloir. Il avait beau faire, taire son attirance, tenter de rester relativement distant, ils avaient la même affectation, passaient le plus clair de leur temps ensemble, et le courant passait bien, c'était indéniable. Pour tout le monde, ils étaient devenus plus que de simples coéquipiers, de réels amis, des frères presque. Il ne détrompait personne, bien décidé à garder pour lui le fait qu'il désirait plus que l'amitié de son camarade, de deux ans son cadet. Ca pourrait être ton frère, vraiment... Et rien que ça, ça suffisait à calmer ses ardeurs quand l'envie de se rapprocher de Nick, de le toucher, de l'embrasser, se faisait trop pressante. Au moins au début.

Pendant près de trois ans, il avait tu ses sentiments, mais ça n'avait fait que leur donner plus d'ampleur. Pendant trois ans, il sauvait les apparences, demandait mentalement à Evy de lui pardonner son infidélité bien qu'elle ne fût plus de ce monde, et à Dieu de ne pas le rejeter, malgré ses tares. Dieu est Amour... Il ne pouvait pas le rejeter pour ça, n'est-ce pas ? Il restait un chrétien exemplaire, au fond, il avait toujours suivi ses valeurs... Il aimait seulement la mauvaise personne, tout au moins aux yeux du plus grand nombre. Et aux yeux de l'armée, surtout. Il le savait, s'il le dévoilait, ou si on apprenait ses penchants, il serait viré, purement et simplement. Exit Andy Miller, quand bien même il avait changé de nom pour l'état américain, quand bien même il avait pris du galon, pour ses états de service irréprochables, notamment. De toute façon, il n'était même pas citoyen. Il n'avait pas l'intention de laisser ça arriver.

~ . ~


25 novembre 2009

Thanksgiving. Une fête qui n'avait pas vraiment de connotation particulière pour lui, parce qu'elle ne faisait pas partie de sa culture, mais qu'il respectait pour ses collègues... et puis à vrai dire, c'était l'occasion de faire la fête, justement, et ça, il ne s'en privait pas vraiment. Ce soir-là, ils étaient un certain nombre en poste, qui n'avaient pas eu de permission malgré la fête - il fallait bien un minimum d'astreinte - et il en faisait partie. Et Nick aussi. Ca ne les avait pas empêchés, tous autant qu'ils étaient de faire la fête malgré tout, quand bien même ils n'étaient pas avec leurs familles de naissance. Ils étaient avec leur autre famille, après tout, avec l'armée. Et Andy avait sans doute un peu trop forcé sur le vin français qu'ils avaient fait importer pour l'occasion. Et Nick aussi. Et ce qui devait arriver était arrivé... Ils avaient fini par s'éclipser, tous les deux, le polonais pas mal surpris de la réceptivité de son coéquipier, à vrai dire, mais de façon des plus agréables, et s'étaient enfermés dans une pièce à l'écart de la fête. Sauf qu'ils avaient été surpris en plein milieu de leurs ébats. Et l'un comme l'autre, ils savaient pertinemment ce qui les attendait.

- Je suis désolé Andy...

Il entendait beaucoup trop cette phrase, mais Nick était parfaitement sincère, il le voyait bien.

- Tu vas me manquer...
- Toi aussi.

Ils empaquetaient tous les deux leurs affaires, virés pour le compte sans que personne eut vraiment pris de pincettes. Et le polonais qu'il était n'était donc plus vraiment le bienvenu sur le sol américain. Nick retournait chez ses parents dans le Minnesota, et lui regagnait Gdansk, parce qu'il n'avait pas trop d'autre endroit où aller. Ils étaient tous les deux parfaitement conscients qu'ils ne se reverraient sans doute plus, ça ne les avait pas empêchés de garder contact, au moins un temps, de se donner des nouvelles par écrit, à défaut de pouvoir être ensemble. Ils ne s'étaient rien promis non plus, bien au contraire. Andy ne souhaitait que le bonheur de Nick, et manifestement, ce ne serait pas avec lui. Et sur ce point, comme sur bien d'autres, ils étaient tout à fait d'accord. Il avait pris l'avion, donc, et posé à nouveau le pied sur le sol polonais. Même s'il s'attendait à tout sauf à un accueil chaleureux de la part de sa famille orthodoxe, et qu'il avait quittée avec pertes et fracas quelques années plus tôt. Il avait donné des nouvelles, pourtant, mais les réponses étaient restées laconiques. Et il avait d'abord pris une chambre d'hôtel plutôt que de frapper à leur porte. Ils ne l'avaient pas rejeté pour autant.

- Tu restes mon fils, Andrzej, quoi qu'il arrive, avait affirmé Maman, et il l'avait prise dans ses bras, passablement ému.
- Qu'est-ce que tu vas faire maintenant ?

Il s'était tourné vers son père, sans trop savoir quoi lui répondre. Ils en avaient discuté un moment, tous ensemble, il avait fait pas mal de recherches, hésité à postuler à nouveau pour l'armée de son pays, sans grande conviction, puis à trouver une affectation civile, dans la police ou la surveillance, mais sans guère plus d'engouement. Et puis il était tombé sur un article, un peu par hasard, relatant le déficit de personnel de l'armée australienne, et la possibilité pour les non-résidents australiens d'intégrer leurs rangs. Il craignait cependant que son passif joue en sa défaveur, malgré sa condition physique et son expérience indéniable. Et préféra taire certains points de son parcours, lors de l'entretien qu'il dut passer.  



Trois mois de service actif, et il demndait la naturalisation australienne. Pas qu'il reniât sa nation polonaise, mais il n'avait plus vraiment envie de risquer d'être dégagé contre son gré du pays où il tentait de refaire sa vie - à nouveau. Il avait signé un contrat pour quatre ans. Quatre années au service d'un autre pays que le sien, à nouveau. Quatre années au cours desquelles les lettres de Nick se raréfièrent et il ne l'en blâmait pas : il avait refait sa vie, là-bas, près de sa famille et d'un homme plus jeune que lui, s'était installé à son compte comme surveillant dans des immeubles de renom, et s'en sortait plutôt bien. Andy était heureux pour lui, tout comme il avait été ravi d'assister au mariage de Ludmila et de son Marek. Il détournait cependant la conversation quand on lui demandait quand est-ce qu'il retrouverait quelqu'un, lui aussi. Il n'était pas sûr d'être prêt à le faire, quand bien même il ne rejetait pas forcément l'idée. Et quand il apprit qu'il allait être tonton, il était persuadé que ça ne manquerait pas de revenir sur le tapis aussi. Plus encore l'année d'après où, Kathy et Ashka tombèrent enceinte presque en même temps, même si elles n'étaient pas passées par la case mariage - au grand dam de leurs parents, décidément voués à devoir concilier leurs précepts religieux et les vies pas tout à fait catholiques de leurs enfants.

- Vous savez que ça se fait pas tout seul, un bébé, hein ?

Il n'en pensait pas moins, mais se gardait bien de soulever qu'il n'était pas sûr d'être avec une femme le restant de sa vie non plus. Ils ne le rejetaient pas, mais il était conscient qu'ils n'étaient pas tous tout à fait à l'aise avec cet aspect de sa personnalité, et n'avait pas l'intention d'en rajouter.

La paperasserie qui devait ne prendre que quelques semaines avait manifestement pris du retard. Au terme de son contrat avec l'armée, il n'était toujours pas citoyen australien, mais n'abandonnait pas pour autant. Tant qu'il était en contrat, son séjour sur le sol australien n'était pas remis en cause et après l'armée, il avait aussitôt signé avec l'AFP à Melbourne, avec une petite équipe sous ses ordres, avec laquelle il s'était rapidement senti à l'aise. Il espérait cependant que les démarches aboutiraient prochainement. Quatre ans, c'était définitivement beaucoup trop long...
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Andy - No Worries Mate

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