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  [London, UK] So long, my friend ♥ Alastair

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MessageSujet: [London, UK] So long, my friend ♥ Alastair    [London, UK] So long, my friend ♥ Alastair EmptyDim 31 Mar 2019 - 22:57

London, 2018, dec. 28th.

Home sweet home.
Je suis auprès des miens, mon jumeau est arrivé, et c'est rien de dire que ça me fait un bien fou d'être ici, à nouveau, entourée de tous. Je sais bien qu'à un moment ou à un autre, je ressentirai le besoin de bouger et de traverser le monde à nouveau. Ce serait surprenant que ça n'arrive pas. Mais je viens de rentrer, et je vais m'installer à New-York après les fêtes, pour rester proche de mes frangins, et pour l'instant, c'est de ça dont j'ai besoin. De ma famille. De mon chez moi. Jusqu'au jour où j'aurai à nouveau la bougeotte.

Je suis sortie un instant sur le perron, fumer une cigarette, tandis que tout le monde est à l'intérieur. Cinq minutes et je retrouverai l'effervescence familiale. Cinq minutes dans le froid, à regarder cette ru si familière comme si je la redécouvrais. Et mon regard s'est porté sur le perron voisin, celui des Pratt, ces aristocrates hautains et insupportables, et les souvenirs ont afflué, faisant naître un sourire attendri sur mes lèvres.

**

1998

Une cigarette au bec, les cheveux rouge vif, et un look punk déplaisant à la plupart des gens de notre entourage, je suis assise sur les marches, la musique rock dans mes oreilles. J'ai vingt ans, des études d'infirmière bientôt en poche, et l'envie d'envoyer paître le monde entier en permanence. Sauf ma famille. Mes tout petits frère et soeur. Mon jumeau, ma moitié. Mais notre milieu, les gens de cette putain de rue snob, et ces voisins qui nous regardent de haut en permanence. Qu'ils aillent bien se faire foutre avec leurs préjugés à la con. Je suis en colère contre la terre entière pour aucune raison ou presque et quand mon regard tombe sur le môme d'à côté, ce petit blondinet haut comme trois pommes tout seul dehors, je cherche d'abord la nourrice, gouvernante, whatever, censée s'occuper de lui. Mais personne. Personne pour s'occuper d'un môme de quoi, trois, quatre ans. Un môme qui n'a pas forcément conscience du danger, et se diriger dangereusement justement vers la grille séparant sa maison de la rue. De la route. Des voitures qui y passent.

Je me suis levée d'un bond et j'ai jeté ma clope pour m'approcher de la grille, et attirer son attention.

- Hey ! Salut !

Réflexion d'une seconde, comment il s'appelle déjà, le môme des voisins ? Comme les ancêtres, ouais, mais encore... ?

- Harry ? C'est ça non ? Moi c'est Lynn. T'es tout seul ?

N'importe quoi ces cons d'aristo à côté. On laisse pas un môme de cet âge-là dehors sans surveillance. Et après c'est moi la punk irresponsable, pfff.

- Allez viens, on va pas rester dehors dans le froid, je vais te faire un chocolat chaud. T'aimes ça le chocolat ?

Moi j'adore ça, et j'ai bien l'intention de m'en faire un maintenant que j'en ai parlé.

**

Le hasard fait bien les choses des fois. Je suis là, sur mon perron, à me souvenir de ma rencontre avec Alastair - puisqu'il a exprimé le souhait qu'on l'appelle ainsi, je lui fais pas l'affront de l'appeler par son premier prénom. Un sourire sur les lèvres, je me lève et m'approche, étrange miroir à notre première rencontre.

- Salut Ali... Ca fait un bail.

Je sors mon paquet tout frais, acheté à mon retour il y a quelques jours et encore à moitié plein, de ma poche, et en extirpe à moitié une tige, que je lui tends.

- Sauf si t'as arrêté et que je fais office de vil serpent tentateur...

Ca fait un bail, donc, qu'on ne s'est plus revus. Les aléas de la vie, ma bougeotte, l'emprise de son père. Beaucoup de paramètres qui ont mis des années entre nos dernières rencontres et aujourd'hui. Mais je suis sincèrement heureuse de le revoir, ici, ce soir. Même si ses traits tirés laissent présager qu'il n'a pas que de bonnes nouvelles à raconter...
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MessageSujet: Re: [London, UK] So long, my friend ♥ Alastair    [London, UK] So long, my friend ♥ Alastair EmptyDim 31 Mar 2019 - 22:57

Il était débarqué de l’avion vers 7h20, épuisé et hagard, le dos rompu par le mauvais siège et les jambes pleines de tiraillements, à force d’être restreintes dans un espace trop étroit. Personne n’était venu le chercher à Gatwick. Personne. Il avait soulevé sa valise et il avait fait alors comme tout le monde. Il avait passé une heure et demie en file aux douanes. Il avait pesté lorsque la languette de cuir de sa valise s’était prise dans les interminables escaliers roulants. Quand il avait raté le dernier Gatwick Express et avait du prendre le Northern Line. Puis le métro, jusqu’à Hyde Park.

Il était rentré chez lui, avait monté le grand escalier sans dire un mot à personne et s’était effondré dans son lit, sous ses éternels posters d’Oasis, des Beatles, de NIN et de Led Zeppelin. Il avait dormi tout l’après-midi et une bonne partie de la soirée, jusqu’à ce que la bonne le réveille pour lui dire que le dîner était prêt. Des tranches de rôti en sauce, un peu trop tiède à son goût, un pudding, des carottes, de la purée de pommes de terre. Pas de dîner festif, même après six mois au loin. Son père était absent et il avait dîné, seul, perdu dans ses pensées, dans la cuisine blanche immaculée. C’était mieux comme ça. Il détestait la salle à manger, trop austère à son goût. On lui avait servi une coupe de vin. Il en avait pris deux. Et s’était enfuit dehors, sur le perron avec le reste de sa bouteille pour y fumer une clope et humer l’air du parc et de sa ville natale.

C’était fou comme le temps paraissait foutrement doux ici, pour une fin de mois de décembre, quand on avait vécu au nord de l’Amérique. Il inspira l’air à plein poumons et prit une large lampée, à même le goulot. Tant pis si les rares voisins qu’il restait encore sur cette foutue rue, par ce temps-ci de l’année, le voyait. N’étaient-ils pas tous dans le sud de la France, sous le soleil, de toute façon?

« Salut Ali… Ça fait un bail… »
[/b]
Un timide sourire apparut sur ses joues creuses. Avelynn, la voisine d’à côté. Il tortilla sa chevelure noire et fit un pas vers la grille qui séparait les deux jardins, les étincelles dans les yeux, pour venir à la rencontre de cette confidente qui avait soulagé sa solitude, jadis.


1998

Nanny était avec le monsieur qui sentait bizarre. Ça ne faisait pas très longtemps qu’elle habitait avec eux, Nanny. Elle disait qu’elle s’appelait Betty et qu’elle venait de… Noooortkérouliiiinah. Quelque chose comme ça. Il aimait beaucoup Nanny. Elle avait de beaux cheveux jaunes. Comme lui. Elle était toujours avec le monsieur qui sentait bizarre, quand Mère n’était pas là. Elle lui mettait une drôle d’émission sur la télé, Teletubbies, avec des choses mauves et lui disait de se concentrer dessus et de ne pas bouger. Il essayait très fort. Mais parfois, ça lui grattait. Les trucs mauves l’ennuyait. Il n’aimait pas ça. C'était pour les bébés.Et il n'était plus un bébé. Il était grand, maintenant. Nanny faisait beaucoup de bruit, dans la chambre. Neil voulait jouer dehors, lui. Neil voulait toujours jouer dehors, dans la neige. Et Scooba Stevie aussi. Alors il allait dehors pour jouer avec eux. Même si Nanny disait Scooba Stevie n’était qu’un jouet de plastique moche. Et que Neil n’existait pas. Il les aimait, lui. C’était ses amis. La Nanny d’avant lui avait dit de ne pas s’approcher de la grille. Mais il y avait le parc, et c’était chouette, au parc. Il y avait plein de chiens et il aimait les chiens. Neil aussi. Mais Mère n’en voulait pas. Elle disait que les chiens ne sentaient pas bon. Il ne comprenait pas pourquoi.

- Harry ? C'est ça non ? Moi c'est Lynn. T'es tout seul ?

Il avait la main sur le metal et mit son visage entre les barreaux froid. La dame lui avait fait un peu peur mais il l’avait reconnue. C’était la dame aux cheveux rouges qui vivait à côté. Il hocha la tête comme on le lui avait montré. Oui, oui. Son nom était Harry. Mère l’appelait Alassstairrrr. Mais Père l’appelait Harry. Il hésita un moment et se mit les doigts dans la bouche, un peu gêné. Mais il finit par les enlever. Mère lui disait tout le temps de ne pas se mettre les doigts dans la bouche. Que c'était pas poli. Que c'était pas beau. Qu'il avait trois ans et demi et qu'il était un grand garçon, maintenant. Un grand garçon qui savait même écrire son nom. Nanny, elle, disait qu'il était encore un bébé. Un bébé qui suçait encore son pouce, en cachette.

« Est-ce que Scooba Stevie peut avoir du chocolat chaud aussi? Et Neeeeiil? S’il-vous-plait. Neil, il va avoir du chocolat chaud aussi. Avec des guimauves? Neil, il aime les guimauves. »

***
Alastair prit la tige de nicotine qu’on lui tendait au travers des barreaux de fer et fit un clin d’œil presque séducteur à la femme en face de lui, en portant la cigarette à ses lèvres. Les cheveux rouges de sa jeunesse avaient disparus pour faire place à des cheveux blonds, semés parfois de gris. Le jeune homme s’accota les bras sur la grille qu’il dépassait maintenant sans peine et souffla sa fumée dans la nuit noire qui les enveloppait doucement.

« Je serai mort, le jour où j’arrêterai de fumer, Lynn. »

Il lui fit un autre clin d’œil. Elle n’avait pas besoin de savoir que son temps était maintenant compté et qu’un virus incurable s’amuserait bientôt avec son système immunitaire. Un sourire triste lui échappa, en pensant avec sa conversation presque mystique, avec le polonais. Non, il ne croyait pas en Dieu. Il n’en avait pas besoin. Il avait déjà une présence omniprésente bien au-dessus de lui qui contrôlait tout et qui, au bout du compte, déciderait de sa vie ou de sa mort. La trithérapie? Comment pourrait-il commencer la trithérapie sans que le vieux s’en rende compte, hein? Depuis l'overdose de Pettigrew, à Oxford, le Vieux surveillait tout. Ses entrées et ses sorties d'argent. Si il n'y avait pas des cachets de Valiums ou de Dilaudid qui apparaissaient mystérieusement sur le rapport d'assurance privée. Comme si ça l'empêchait d'avoir de la came, quand il en avait un peu besoin. Mais la trithérapie ne se vendait pas au noir, elle.

« Alors t’es revenue Lynn? Ouais, ça fait un bail. Tu étais où? Non, attends… Tu t’en vas où, maintenant?
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MessageSujet: Re: [London, UK] So long, my friend ♥ Alastair    [London, UK] So long, my friend ♥ Alastair EmptyDim 31 Mar 2019 - 22:57

Un léger sourire sur ses lèvres, qui élargit le mien. Ali. Ce môme que j'ai récupéré avant qu'il n'aille seul dans la rue, il y a une éternité. Il a bien grandi. Je le regarde avec tendresse, ce beau jeune homme de bonne famille. Allez, combien elles sont, dans le quartier, à le voir comme un de plus beaux partis qui soient ? Combien vendraient leur âme au diable - ou à son père - pour pouvoir mettre son nom à la place du leur, ou marier leur fille ? Je me souviendrai toujours de ce petit bout d'homme dévalant les marches, son jouet préféré en main. Même s'il est loin, très loin, cet ce petit garçon. Le temps a passé, trop vite sans doute. Je suis plus la punkette qu'il a rencontrée sur les marches, pas plus qu'il n'est un enfant. Et je tire sur ma propre clope en songeant à l'âge qu'il a maintenant, et à celui que ça me fait, aussi. Ce à quoi j'ai toutes les peines du monde à me faire, quand j'avise les fils d'argent qui commencent à parsemer ma chevelure blonde, ou ces rides qui se forment peu à peu au coin de mes yeux.

.*.

Le môme s'est approché, le visage collé aux barreaux métalliques séparant la propriété des Pratt de la nôtre. L'air un peu perdu, sa petite main dans sa bouche, un jouet en plastique indescriptible dans l'autre. Et son regard qui pétille à la mention du chocolat. On va être potes, mon gars, moi je te le dis.

« Est-ce que Scooba Stevie peut avoir du chocolat chaud aussi ? Et Neeeeiil ? S’il-vous-plait. Neil, il va avoir du chocolat chaud aussi. Avec des guimauves? Neil, il aime les guimauves.
- Bien sûr. C'est lui Scooba Stevie ? Enchantée. Par contre Neil a des pouvoirs magiques, je crois : moi je ne peux pas à le voir. Tu me montreras où je lui pose sa tasse, d'accord ? »

J'ai contourné les grilles pour venir le chercher, ce petit bout de blondinet haut comme trois pommes, et prendre sa main libre dans la mienne - rien à battre des trois gouttes de salive sur ses doigts. De toute façon, première étape...

« D'abord, on se lave les mains. Tu veux m'aider à le préparer ? Tu sais comment on fait ? Viens, je vais te montrer. »

Je suis pas une cuisinière hors pair. Sauf s'il s'agit pâtisserie - faut croire que je suis très motivée en ce cas. Et je vais vous faire le meilleur chocolat du monde, petit, à toi et tes copains.

.*.

Le clin d'oeil aguicheur élargit mon sourire. Maintenant qu'il est debout, je dois relever le regard pour croiser le sien, vu ma toute petite stature. Il est loin le temps où je m'agenouillais pour le regarder dans les yeux.

« Je serai mort, le jour où j’arrêterai de fumer, Lynn.
- Et je ne serai sans doute plus là pour voir ça. »

Ca a fusé direct, mais je n'imagine pas la portée de ce que je viens de dire, ni à quel point il pourrait me contredire. Et si je savais ? Bordel, si je savais, je le secouerais comme un prunier pour qu'il envoie paître son connard de vieux et se soigne ! Je lui paierai si l'autre con lui coupe les vivres. Hors de question de le laisser comme ça, laisser le virus s'installer. Mais j'ignore tout ça, et c'est un regard attendri que je pose sur lui, peut-être un peu trop maternel compte tenu de notre passif. Peut-être que j'ai trop reporté sur lui l'absence d'un enfant dans ma vie. Peut-être que je n'ai pas toujours été celle qu'il fallait, non plus, que je n'ai pas toujours agi comme j'aurais dû.

« Alors t’es revenue Lynn ? Ouais, ça fait un bail. Tu étais où ? Non, attends… Tu t’en vas où, maintenant ?
- Tu me connais vraiment depuis trop longtemps, toi. »

Je me suis approchée de la grille, comme lui à l'époque. Je me suis appuyée contre le fer froid, une main agrippée à un barreau. Et j'ai levé les yeux au ciel avant de répondre, un peu songeuse.

« Je suis revenue pour Noël, oui. Ca me manquait ici. Même ta mine de playboy, my dear. »

Un petit regard et un sourire narquois comme j'expire une large bouffée de nicotine qui monte en volutes grisâtres dans l'atmosphère londonienne. Bah quoi, c'est pas comme si t'avais pas enchaîné les clins d'oeil l'espace de trois minutes, n'est-ce pas ?

« Je reviens d'Afrique. Voyage humanitaire. »

J'en dis pas plus, j'ai pas vraiment envie de m'étaler ce soir sur les ravages de la malnutrition et de la maladie là-bas, sur la difficulté de scolariser les enfants ou d'émanciper les femmes, encore moins sur les ruines des zones de guerre.

« Y a un moment que ça me trottait dans la tête. Je peux barrer ça de ma to-do-list maintenant. Même si je crois que j'aurai pas assez d'une vie pour la compléter... »

Il y a au moins la ligne fonder une famille qui risque fort de rester non cochée, à mon grand désespoir, mais ça non plus, il n'a pas besoin d'en entendre parler. Un voile triste ternit un instant mon regard, cela dit, même si je m'efforce de rebondir et le passer sous silence.

« Mais t'as raison, je vais repartir. C'est pas que de ma faute, cette fois par contre ! »

Je me défends comme une môme prise en faute, c'est un peu ridicule. Mais j'ai jamais vraiment été complètement adulte, au fond.

« Je suis revenue pour retrouver un peu mes racines, mais Reece, Norman et Clare vivent tous aux Etats-Unis à présent, alors je vais les rejoindre à New-York. »

J'imagine évidemment pas la coïncidence qui se forme, répond le plus naturellement du monde, et lui renvoie tout aussi naturellement la balle.

« Et toi alors, qu'est-ce que tu deviens depuis le temps ? »

Je plisse le regard pour chercher un peu dans le sien à l'avance la réponse à ma question à venir.

« Je te demanderais bien si t'as fini par l'envoyer bouler, mais tu serais sans doute pas sur son perron à siffler son vin si c'était le cas... Droit, je suppose ? »

Parce que j'ai aucun doute qu'il le laisse pas faire de musique. Quand bien même, moi, je sais que c'est toute sa vie. Et je me plais à penser, parfois, que j'y suis pas complètement pour rien.

.*.

« Ca te plaît la musique ? Attends, j'en mets un autre. »

U2. Bon Jovi. Nirvana. Silverchair. Foo Fighters. Radiohead. Oasis. The Verve. Blur. The Cardigans. Aerosmith. Je passe tous mes disques, me déhanche sur les morceaux les plus pêchus, me rassoie près de lui, et tapote le rythme sur ma cuisse devant ses petits yeux émerveillés. Je vois bien qu'il est réceptif, et pas qu'un peux. Chaque fois que je le récupère, on passe des heures à écouter de la musique. Qu'il découvre du tout au tout. Sérieux, ils font quoi dans c'te baraque ? Personne lui fait de chocolat chaud, personne lui fait écouter quoi que ce soit - ok, ptêt pas mes groupes de jeunes débauchés, mais même ! - il y a des gens qui s'en occupent, des fois, de ce mioche ? Je suis pas toujours là, et je me surprends à penser à lui, parfois, quand je suis en stage. Qui va le chercher quand il sort de l'école, hein ?

« Hey Draven, on va manger un morceau avant de rentrer, ça te dit de te joindre à nous ?
- Quand on finit tôt comme ça, je te parie que...
- Que je vais me dépêcher de rentrer, oui. Mon petit prince m'attend. Désolée, vous pouvez pas rivaliser. »

Quand mes gardes se terminent en début d'après-midi, je m'éternise jamais. Je soupe avec eux quand on finit plus tard en soirée, accepte volontiers un verre pour la fin des gardes nocturnes. Mais il est plus de quatorze heures, et je veux être là quand il sortira de classe. Et qu'une énième nounou fera n'importe quoi.

« Je suis nulle au piano. Mais Reece, mon frère jumeau, il pourrait te montrer mieux. Tiens... Moi tout ce que je sais, c'est que ça, c'est un do. Un ré. Et jouer Frère Jacques vaguement. Rigole pas ! On peut pas être bon partout ! »

Mais je suis la première morte de rire. Et promis, quand Reece passe, on le cloue à cette chaise.

.*.

« Tu veux venir prendre un verre avec nous ? »

Petit sourire et regard qui en disent long. Non je n'ai pas fini, et oui, je vais honteusement te tenter.

« Le piano de Reece est toujours là. Et ça fait une éternité que je t'ai pas entendu jouer... »

Allez. Ca sera mon cadeau de Noël. S'il te plaît, Petit Prince. En souvenir du bon vieux temps...
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MessageSujet: Re: [London, UK] So long, my friend ♥ Alastair    [London, UK] So long, my friend ♥ Alastair EmptyDim 31 Mar 2019 - 22:58

« Attends… Vous êtes tous à New York, vous aussi? Depuis quand? Depuis quand…?»

Alastair serra les barreaux de fer et planta des yeux agrandis de surprise dans ceux que son ainée. Cinq mois. Cinq longs mois de solitude et d’isolement, loin de sa terre natale, loin de son piano. Seul avec sa noirceur et ses secrets dans une ville qui lui était totalement étrangère.

C’est vrai, Olympe était là. Mais ce n’était pas pareil. Il avait beau l’adorer cette fille, elle restait une américaine. Et il continuait à avoir le mal du pays. Comprenait-elle son besoin de musique? Et Andrzej? Il avait eu tellement mal… Il n’arrivait pas totalement à croire à ces baisers d’adolescents qu’ils s’étaient volés à une ou deux reprises, la semaine d’avant. Tôt ou tard, le polonais retournerait dans sa honte théologique… ou le fantôme de sa femme reviendrait les hanter. Comment s’ouvrir complètement à quelqu’un qui finira par vous abandonner?

Rien n’était stable, rien. Il avait l’impression d’avoir perdu tous ses repères. Toutes ses attaches.

Et ils étaient là. Les Draven. Presque tous là.

Et personne ne le lui avait dit. Personne. Surtout pas son père, qui devait sans doute être au courant. Son père était au courant de tout.

Il lança presqu’instinctivement un regard noir vers la maison de pierres blanches, derrière lui. Alastair avala une longue rasade de vin pour calmer la rage qui montait.

**

« Tu peux pas t’asseoir là. Est-ce que Noel peut en avoir d’autre? Il en a pas, chez lui. »

Il avait baissé les yeux, un peu gêné, sourit à la dame aux cheveux rouges et regardé le tabouret vide à côté de lui avec de gros yeux, en murmurant à Noel d’être gentil. Noel était parfois très méchant. C’est Père qui le disait. Ils avaient fait le chocolat chaud tous ensemble. Lynn l’avait même soulevé pour qu’il ajoute du lait dans la casserole. Il était très fier de lui. Il n’avait pas trop renversé partout. Il avait même brassé, avec la cuiller. Comme un adulte. Lynn avait mis de la musique. De la musique un peu bizarre. Avec beaucoup de bruit. Noel aimait le bruit. Alors il aimait ça aussi. Il avait dansé aussi, en faisant le chocolat chaud. Il était content, très content.

Il n’avait pas trop compris pourquoi Père criait, quand il était venu le chercher, dans la maison d’à côté. Il avait demandé à avoir les cheveux rouges, comme Lynn. Il avait pleuré un peu, même, comme un bébé. Père l’avait envoyé au lit, tout seul, en lui disant que s’il recommençait à s’enfuir de la maison, il prendrait la place de Noel.

**

Le jeune homme baissa la tête, presque honteux. Envoyer bouler son père? C’était comme se mettre un fusil sur la tempe et jouer à la roulette russe. Sauf qu’il n’y avait qu’une cartouche vide dans le baril. Une seule. Et encore… On n’envoyait pas bouler Harold Clarence Alexander Pratt Jr. Pourquoi avait-il cette impression que son père avait le droit de vie et de mort sur lui? Pourquoi, hein?

« Ouais… ouais… Droit. J’ai terminé mon diplôme à Oxford. Je fais… je fais quelques cours d’appoint à Columbia, en plus de travailler chez le Procureur du Compté de Brooklyn. Mon père veut ouvrir une filiale à New York d’ici deux ou trois ans. Alors… alors c’est mieux d’être formé aussi là-bas. Leurs façons de faire sont tellement différentes, là-bas… »

C’était l’excuse officielle qu’il fallait donner à qui voulait l’entendre. Admettre qu’un Pratt avait été renvoyé en douce d’Oxford ne se faisait tout simplement pas. Et il ne fallait pas parler de musique. Il ne fallait pas parler de son band rock, même s’il brûlait d’env. C’était la consigne. Il lança un regard d’excuse à sa voisine. Se rendait-elle compte de ses petits mensonges? Il sourit, gêné et tira une bouffée de cigarette.

« L’Afrique, hein? Wow… t’en a déjà fait bien plus que je n’en ferai jamais, Lynn. »

Elle lui avait manqué. Beaucoup. Son visage, à la sortie de l’école. Sa façon de danser sur Silverchair. Sa chaleur à elle et à son frère jumeau, sur le tabouret de leur piano. Leurs gestes en diapason, qu’il enviait secrètement. Ses mains chaudes sur ses petits doigts, pour lui placer les mains, sur les touches d’ivoire. Sa main douce sur sa joue lorsqu’il avait un peu foiré à la faire jouir.

« Un verre? Juste un? Attends que je vous montre ce que je sais faire, au piano, maintenant. Reece va se pisser dessus. »

Il renifla et jeta son mégot dans l’allée de sa maison, avec un rictus sarcastique. Le Vieux disait tout le temps que ça manquait de goût, ces foutus mégots. Qu’il avait des habitudes de clochard. Il glissa sa bouteille de vin de l’autre côté des barreaux de fer et lui fit un clin d’œil charmeur.

« Tiens-moi ça, tu veux, Lynn? »

Et d’un geste presque gracieux, il escalada la barrière qui les séparaient.
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MessageSujet: Re: [London, UK] So long, my friend ♥ Alastair    [London, UK] So long, my friend ♥ Alastair EmptyDim 31 Mar 2019 - 22:58

« Tu peux pas t’asseoir là. Est-ce que Noel peut en avoir d’autre? Il en a pas, chez lui.
- Ah ? Je t'avais dit qu'il avait des pouvoirs magiques, moi je peux pas le voir. Pardon Noel. Il en reste encore un peu, Noel et toi pouvez vous le partager, si tu veux. »

J'ai pas cherché, je me suis juste assise de l'autre côté. C'est pas comme si ça gênait ou quoi. Paraît que c'est une phase chez certains enfants, tant que ça n'a pas plus d'incidence que ça... Et puis moi je le trouve mignon ce petit bonhomme. Je trouve même qu'il se débrouille super bien, quand on le guide, je l'ai trouvé plutôt agile.

Et puis j'ai mis de la musique, et je l'ai trouvé super réceptif. Alors on a dansé, et bu notre chocolat chaud. J'ai entendu son petit rire résonner dans la cuisine, et ça, ça n'a pas de prix. Mais j'ai eu toutes les peines du monde à ne pas devenir grossière - pas devant le petit - quand son Père est venu hurler que c'était inadmissible qu'une écervelée comme moi montre le mauvais exemple à son fils.

- Parce que c'est plus admissible de le laisser sans surveillance peut-être ? Vous auriez préféré qu'il passe sous une voiture, peut-être ?

J'aimais déjà pas beaucoup les voisins, ça s'est pas arrangé après ça. Mais j'aimais bien leur môme, et c'est pas parce que son con de père essayait de faire sa loi que j'allais l'écouter. Surtout quand ses petites idiotes de baby-sitter le laissaient livré à lui-même. Je me suis fait un plaisir, une fois, d'entrer exprès dans la maison pour en surprendre une en pleine action avec son petit branleur de mec - pire que les types bourrés que je peux me taper parfois en soirée, faut le faire. Je crois qu'elle s'est fait virer après ça. Et moi, limite accusée d'entrée par effraction, le comble. Ce type me sort définitivement par les yeux.

**

« Attends… Vous êtes tous à New York, vous aussi? Depuis quand? Depuis quand…? »

Je vois la surprise dans ses yeux, avant qu'il ne jette un regard noir en arrière. Bien sûr. Ben sûr que son père devait savoir que Clare, Norman et Reece étaient là-bas, déjà. Bien sûr qu'il s'est bien gardé de le dire à Ali. Il régente sa vie depuis toujours, et ne supporte pas ma famille. Ca me fait toujours un pincement au coeur de voir mon Petit Prince ainsi enchaîné, tenu loin de ce qui le rend vraiment heureux.

Le droit, évidemment. Le droit, pour prendre la suite familiale, quand bien même il n'en a rien à faire.

« Ouais… ouais… Droit. J’ai terminé mon diplôme à Oxford. Je fais… je fais quelques cours d’appoint à Columbia, en plus de travailler chez le Procureur du Compté de Brooklyn. Mon père veut ouvrir une filiale à New York d’ici deux ou trois ans. Alors… alors c’est mieux d’être formé aussi là-bas. Leurs façons de faire sont tellement différentes, là-bas… »

Je hoche la tête, compréhensive. Je suis pas complètement dupe, non plus. C'est mieux, ouais, mais pas pour lui. Qu'est-ce qu'on en a à faire, du droit international, quand on veut devenir une rock star ? S'assurer une porte de sortie si ça ne fonctionne pas, c'est très bien. Renoncer à ses rêves, ça l'est bien moins. Mais je ne suis sans doute pas impartiale à ce sujet : je n'ai jamais accepté qu'on me dicte ses lois, ni de renoncer à mes rêves.

« L’Afrique, hein? Wow… t’en a déjà fait bien plus que je n’en ferai jamais, Lynn.
- Tu as encore tout le temps, toi... »

Hum... Ouais, lui. Moi... Ca se discute, selon le sujet. Mais on va éviter d'en parler.

Et Dieu qu'il m'a manqué ce môme ! Savoir qu'il va être à New-York avec nous lui aussi me fait chaud au coeur, et je me promets de le traîner avec moi quand je sortirai voir des concerts à l'arrache. Ou quand je me sentirai un peu seule. Même si je me suis promis il y a longtemps que je déraperai plus, sa compagnie me manque.

« Un verre? Juste un? Attends que je vous montre ce que je sais faire, au piano, maintenant. Reece va se pisser dessus. »

J'ai souri devant ses fanfaronnades, j'ai tellement hâte de voir ça ! Je me souviens comme si c'était hier de ses premières notes sur le piano de la maison, les essais un peu ratés d'un môme qui pose ses doigts pour la première fois sur les touches d'ivoire, les étoiles dans ses yeux quand il arrivait à suivre la mélodie. J'ai vu de ces progrès, au fil des années, tant que j'étais encore à la maison, et encore un peu après... Mais ça remonte, là aussi, à loin !

Il a jeté sa clope dans l'allée et je termine la mienne en me faisant un plaisir de l'imiter. Démerde-toi avec ça, vieux con. Ok, c'est pas cool pour la personne qui se tape le ménage - et qui n'est évidemment pas Mr Pratt Senior - mais faire chier le voisin, ça n'a quand même pas de prix.

« Tiens-moi ça, tu veux, Lynn?
- Avec plaisir ! »

Un clin d'oeil charmeur auquel je réponds par un sourire, et j'ai attrapé cette bouteille qu'il me tend à travers les barreaux, en détaille l'étiquette avec appréciation - il a quand même de foutus bons vins français dans sa cave, l'avocat - et la porte sans délicatesse à mes lèvres. Est-ce que je ferais autrement si j'étais au courant de sa séropositivité ? Non, ça ne changerait rien. Ca me désolerait pour lui, et m'inquièterait, mais ça ne changerait rien. Ca ne changerait rien à mon regard attendri, presque admiratif comme il escalade avec grâce la barrière qui nous sépare. Et il a à peine posé les pieds au sol que je viens déjà me lover dans ses bras.

« Tu m'as manqué Petit Prince, tu sais ? »

C'est pas parce que je pars toujours à un moment ou à un autre à l'autre bout du globe, que j'ai besoin de mon indépendance et de moments à moi, que les gens ne me manquent pas.

« Allez viens, Reece vient juste d'arriver, il était coincé à son église pour Noël. Tu savais qu'il était devenu prêtre ? Au moins, je n'ai pas à m'inquiéter de relations sentimentales toxiques, comme ça !... »

La jumelle un peu possessive et protectrice dans toute sa splendeur. Evidemment, j'ignore tout de la relation compliquée et balbutiante du fils d'avocat avec un polonais pratiquant. Et puis, main sur la poignée de la porte, je jette un petit regard en coin à mon petit protégé.

« J'ai déjà bien assez à faire avec Clare, Norman... et toi... »

Je rigole... à moitié. Je n'ai pas l'intention de devenir trop envahissante, non plus, mais je m'inquiète pour ma famille. Et Ali en fait définitivement partie. Et même si je ne vais pas lui tirer les vers du nez, je tends clairement une perche pour qu'il se confie à moi quand il s'y sentira prêt.

En attendant...

« Regardez qui je ramène ! »

Et c'est tout sourire que je dévoile la présence de mon Petit Prince au reste de la famille réuni pour les fêtes.
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