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 Myriam Michigan - Black Hole

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MessageSujet: Myriam Michigan - Black Hole   Myriam Michigan - Black Hole EmptyLun 17 Aoû 2009 - 22:14


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      ~ Nom : Michigan. Il y a des gens qui portent un intérêt tout particulier à leur patronyme, qui y attachent une certaine importance, y voient une signification notable. Pour My', c'est juste un moyen de différencier une personne d'une autre, de l'associer à sa famille. Encore faut-il que le terme famille évoque quelque chose de particulier. Aux yeux de Wave, la famille, c'est à la fois vaste, et ça n'est presque rien. C'est toute l'humanité, c'est l'ensemble des Black Warriors. Ou c'est sa soeur et sa mère, et elles uniquement.~ Prénom : Myriam Alexandra, deux prénoms qu'elle n'apprécie pas plus que ça. Ils signifient pourtant "celle qui élève", et "celle qui protège les hommes", et quoi qu'elle en dise, de par son statut de grande soeur, et de Black Warrior, finalement, ils lui conviennent plutôt bien.~ Surnom : My’ ou Mimi, mais il faut être assez proche d’elle pour ça - très proche d'elle en fait. C'est d'ailleurs le principe d'un surnom, n'est-ce pas ? Un sobriquet affectif donné par les proches. Et les proches uniquement. Autant dire que si elle entend quelqu'un l'appeler par l'un de ces deux diminutifs qu'elle ne considère pas comme assez proche d'elle pour ça, elle recadre aussitôt en rappelant son prénom entier à ce quelqu'un. Et son ton de voix est rarement équivoque.Sa mère l'appelait déjà Mimi quand elle était petite, et si elle n'apprécie pas plus que ça ce surnom, elle le supporte lorsqu'il est prononcé par Meghann ou par Kath. Quant à My', il a longtemps été réservé à une seule et unique personne... Aujourd'hui, elle le tolère dans la bouche d'autres "proches". Il faut croire qu'il a perdu de son caractère spécial, par la force des choses...Et puis il y a Wave, son surnom en tant que Warrior, son nom de code, en quelque sorte. Pas très original, puisqu'elle manipule les ondes sonores, moins sans doute que celui de sa soeur. Elle n'y apporte pas plus d'importance que ça. L'essentiel, c'est qu'on sache de qui on parle, n'est-ce pas ?~ Date de naissance : 11/08/2250. Peu de gens connaissent sa date de naissance, en dehors du cadre administratif et de ses proches, et pour cause : elle n'aime pas le fêter. Elle ne comprend pas vraiment comment on peut vouloir marquer d'une pierre blanche cette journée-là, comme si ça changeait vraiment quelque chose... Pour elle, c'est une journée comme les autres, ni plus, ni moins. Il faut dire que les anniversaires en famille, ça n'a jamais été spécialement ce qu'elle préférait, et les anniversaires avec les camarades - comme Kath pouvait inviter ses camarades de classe quelques jours après le jour J - ça nécessitait d'avoir certains liens avec les autres... Elle n'était pas vraiment la mieux placée pour ça. Il n'y en a qu'un,  d'anniversaire, dont elle garde un bon souvenir, mais savoir que ça ne se reproduira plus jamais ternit grandement le côté positif de la chose... Donc non, Myriam n'aime pas fêter son anniversaire, étrangement.~ Appartenance : Black Warrior. Elle espère bien pouvoir encore y rester un moment, mais quelques 'détails' pourraient bien l'en empêcher et l'inquiètent grandement...~ Casier judiciaire : A sa connaissance, totalement vierge. BW oblige.~ Pouvoirs : 1er Pouvoir : Contrôle du son.Un pouvoir assez vaste, dont les applications sont diverses. Myriam peut entendre, émettre et contrôler les ondes sonores, audibles aux humains ou non, à sa guise, et si elle n'a pas toujours eu le sentiment d'avoir un pouvoir utile, le contraire lui a été prouvé dès lors qu'elle a pu en constater les multiples effets. A l'origine, on pensait simplement qu'elle avait une très bonne ouïe, sans plus. Il est vrai que ses tests auditifs s'avéraient toujours très bons. Sauf qu'il n'y avait pas que ça. Et que si, pendant un temps, on se demandait si son pouvoir ne se déclenchait pas encore - tant qu'un autre aspect n'avait pas commencé à se manifester, même de manière sporadique -, c'est qu'elle n'en parlait pas, de ce qu'elle entendait, et que les autres ne semblaient pas entendre. Car un murmure, un chuchotement, même à l'autre bout de la pièce est tout aussi audible pour elle qu'un cri de rage. Capable de déceler un battement de coeur autant que de supporter le bruit d'une explosion, elle est une des rares à pouvoir s'entraîner au tir sans casque de protection. Outre la possibilité d'entendre "mieux" que la normale, elle peut aussi entendre "plus" que les autres humains. Elle entend les ultrasons et les infrasons, ce qui a parfois été un handicap, lorsqu'elle ne contrôlait pas encore très bien ce pouvoir. L'avantage, c'est qu'elle les supporte aussi, mieux que les autres, car les infrasons dont la fréquence est vraiment basse peuvent aller jusqu'à provoquer la mort des humains qui les entendent.Elle peut non seulement entendre, mais également produire des sons inhumains. De par leur puissance autant que leur fréquence, puisqu'à la manière des dauphins ou des chauve-souris, il lui est possible d'émettre des ultrasons et des infrasons. Et quel pouvoir utile est-ce là ! Littéralement casser les tympans des gens, des errants notamment ; provoquer malaises, convulsions, voire la mort, de part les infrasons ; pouvoir se repérer même dans le noir complet à la manière des chauve-souris en utilisant les ultrasons émis et en attendant leur retour pour déterminer la place des obstacles éventuels... Elle a dû apprendre à gérer cet aspect, notamment en suivant des cours de physique pour comprendre comment cette application de son pouvoir fonctionnait, mais le résultat est plus qu'intéressant : en mission, il lui semble indispensable. Son contrôle des ondes sonores ne lui permet pas simplement de moduler sa propre voix, autrement dit, ses propres ondes acoustiques, mais également d'agir sur les ondes électromagnétiques sonores. Il s'agit là essentiellement de brouiller des télécommunications, des transmissions d'informations. Sur un poste radio, une télévision, un radar... tout récepteur captant ces ondes qu'elle peut moduler à sa guise. Cela signifie aussi qu'elle peut utiliser n'importe quel équipement électronique capable de transmission pour envoyer un message sur le canal qu'elle souhaite... ou interférer sur les communicateurs de ses petits camarades, même lorsqu'elle n'en a pas un elle-même sur elle. Exemples d'applications du pouvoir :

      • Altération de la voix :
        Imiter un son, la voix de quelqu'un d'autre, d'un instrument de musique, ou à terme, d'un orchestre complet...
      • Ultrasons :
        Perturber certaines espèces animales (à l'heure actuelle les ultrasons sont audibles par les chiens, les chauve-souris, les cétacés, les chiroptères et certains rongeurs, ainsi que par une espèce de grenouille chinoise (Amolops tormotus) notamment, à voir sur les "nouvelles espèces").
        Echolocalisation à la manière des chauve-souris, ou des dauphins (principe du sonar en milieu marin).
      • Infrasons :
        Générer des malaises (nausées, malaises cardiaques, pulmonaires, troubles de la vision) pouvant entraîner jusqu'à la mort du sujet soumis aux infrasons si ceux-ci sont de fréquence suffisamment basse.
        Perturber les animaux, et notamment les éléphants, qui y sont particulièrement réceptifs.
        Briser certains matériaux : Une onde infrasonique puissante peut faire voler en éclat des vitres à des centaines de kilomètres du lieu d'émission...
      • Ondes électromagnétiques :
        Brouiller des télécommunications radio, télévisuelles et radars...
      • Modulation de la puissance vocale :
        Littéralement briser les tympans de quelqu'un (atteindre le seuil de douleur, voire le seuil de destruction de l'appareil auditif).
        Etre entendue malgré le vacarme ambiant.
      • Ondes de choc :
        Briser un matériau fragile, balayer un homme, à terme, raser une maison...
      • Direction de la voix :
        Ne se faire entendre que d'un groupe de personne, voire d'une personne seule, à l'exclusion de toutes les autres personnes alentour.
      • Lance sonique :
        ... Ca veut dire ce que ça veut dire en fait...
      • Bouclier sonique :
        De même, le terme est éloquent : se protéger dans un mur de son.
      • Audition en dessous du seuil de perception humain :
        Entendre les sons trop faibles pour l'oreille humaine : battements de coeur, sons assourdis par des murs ou d'autres obstacles insonorisant.
      • Seuil de douleur surélevé :
        Résistance aux sons puissants (c'est mieux quand on les émet soi-même).
      • Echolocalisation :
        Déterminer l'emplacement d'une source sonore, voire de sa vitesse et de sa trajectoire lorsque celle-ci est en mouvement.
      • Reconnaissance vocale :
        Déterminer dans un brouhaha les différents sons, reconnaître une voix à coup sûr.

      ~ Maîtrise actuelle de vos pouvoirs : Tout dépend de quel aspect de ses pouvoirs on parle. Utiliser son ouïe est une seconde nature pour elle, et si elle n'en a pas toujours eu conscience, il s'est développé dès son plus jeune âge (à ses sept ans, donc, comme pour sa cadette en réalité). Il n'y a rien qui puisse réellement la troubler dans la maîtrise des sons entendus, et elle en use depuis toute petite, un peu tout le temps en fait. Ce qui ne signifie pas qu'elle dévoile ce qu'elle entend, cela dit, et heureusement sans doute... C'est un peu plus délicat concernant l'émission sonore, bien qu'elle s'en sorte plutôt... bien. Et si elle estime qu'elle s'en sort plutôt bien, c'est que c'est vraiment un niveau tout à fait correct. En temps normal, elle agit à sa guise sur sa voix, la module pour imiter celle d'un autre, en altère la fréquence pour "monter" vers les ultrasons ou "descendre" vers les infrasons. Tant que tout va bien. Et si elle est plutôt bien maîtresse d'elle-même, en règle générale, il peut lui arriver d'avoir du mal à contrôler ce pouvoir en cas de trouble émotionnel important. Et on ne parle pas de l'adrénaline du combat, mais bien de ce qui la touche personnellement, et profondément...




Dernière édition par Fiona - Admin le Mer 27 Jan 2016 - 14:55, édité 42 fois
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MessageSujet: Re: Myriam Michigan - Black Hole   Myriam Michigan - Black Hole EmptyJeu 3 Sep 2009 - 14:48

    { Dossier Médical }
    Myriam Michigan - Black Hole Icomy00 Myriam Michigan - Black Hole Icomy01

      ~ Psychologie : Il y aurait bien des choses à dire sur la jeune femme qu'est Myriam, et bien des choses que personne n'imagine.

      De prime abord, on la décrirait comme quelqu'un de volontaire, et c'est sans doute une de ses qualités principales. Particulièrement déterminée, elle s'est toujours donné les moyens de parvenir à ses fins et supporte difficilement qu'on lui vienne en aide, à moins qu'elle n'en fasse elle-même la demande, ce qui reste rare. Avoir le sentiment d'être faible, ou incapable de venir à bout de la moindre tâche lui est particulièrement insupportable, même si on peut considérer cela comme de la fierté mal placée parfois. Et de son incapacité à tolérer l'échec est né un esprit de compétition farouche, qui l'incite à toujours se dépasser et dépasser les autres, à tout faire pour en tous les cas. Un trait de caractère qu'elle partage avec sa cadette et qui leur vaut d'être très souvent en compétition l'une contre l'autre, à celle qui réussira le mieux... Défaut autant que qualité, elle sacrifie peut-être trop de choses pour les objectifs qu'elle s'est fixés, et s'entête sans doute trop également, même lorsqu'elle se rend compte qu'elle emprunte une mauvaise voie, qu'elle perdra plus qu'elle ne gagnera à poursuivre sur sa lancée.

      Peu sociable, il n'est pas rare de la voir s'isoler, ne garder de contacts humains que lorsque c'est véritablement nécessaire. Et ceux qui tentent d'y contrevenir risquent fort de se heurter à un mur de glace. Pas qu'elle soit particulièrement agressive, elle sait rester professionnelle et courtoise quand il le faut, mais briser sa carapace n'est pas chose aisée, et rares sont ceux qui y sont parvenus. Elle a globalement plutôt tendance à rester à l'écart, ce qui ne l'a pas empêchée d'avoir une certaine joie de vivre, fut un temps, même si elle n'était, certes, pas aussi expansive que celle, communicative, de sa soeur, dont elle était d'ailleurs jalouse. Beaucoup d'événements ont quelque peu terni cela, et il est assez rare de la voir encore sourire, plus encore de l'entendre rire, et s'il y avait jadis une certaine fraîcheur dans son regard, on ne la retrouve plus guère aujourd'hui...

      Car c'est quelqu'un de très secret, qui n'aime pas dévoiler ses sentiments, qu'elle assimile trop au fait qu'elle soit née femme, ce qu'elle a longtemps rejeté, et n'accepte toujours pas totalement. Elle aurait dû être un garçon, a-t-elle souvent pensé, et pense-t-elle encore souvent aujourd'hui, pour faire la fierté de son père, pour être telle qu'il l'aurait voulu, pour moins souffrir, peut-être aussi. Le destin ou les lois de la génétique en ont voulu autrement. En a découlé son acharnement à devenir le parfait soldat, comme l'aurait sans doute fait le digne fils de son père, et son entêtement à devenir plus forte et plus résistante, toujours. Et à ne jamais pleurer, ne jamais montrer quelque faiblesse ou quoi que ce soit qui puisse rappeler qu'elle n'était qu'une fille, après tout. Au moins pas devant autrui. Et s'il y a eu une époque où elle était finalement plutôt contente de n'être "qu'une fille", elle en est aujourd'hui revenue.

      Paradoxalement, car la jeune femme est complexe, elle a toujours eu un goût assez prononcé pour l'esthétique et notamment dans le domaine vestimentaire. Goût qu'elle a longtemps tu, de peur qu'on ne l'assimile encore trop à son côté féminin. Il lui aura fallu du temps pour s'autoriser à concilier les deux, mais le travail ne lui fait pas peur, et elle n'a jamais eu besoin de beaucoup de sommeil... Alors quand elle n'est pas en mission ou en entraînement, ce sont le dessin et la couture qui reprennent le dessus, et elle puise son inspiration essentiellement dans son statut de Black Warrior, et dans les anciennes photos de sa mère en noir & blanc. Elle signe d'ailleurs ses créations Black Wings (Black & White et Blossom Wearing en étant des dérivés à ses yeux), de sorte que les initiales sont identiques au groupe auquel elle appartient.

      Il n'y a pas que ce côté créatif, cela dit, qui rappelle qu'elle est femme. A défaut de formes féminines (qu'elle envie paradoxalement à sa soeur, bien qu'elle n'en souffle mot), elle garde au fond un coeur meurtri, qui ne sait pas montrer qu'il aime. Son besoin d'indépendance, son éternelle recherche de reconnaissance la poussent bien souvent à laisser de côté ses sentiments pour poursuivre ses ambitions, et si elle n'en montre rien, par fierté autant que pour ne pas sombrer dans l'image de la petite fille romantique qu'elle refuse obstinément d'endosser et qu'elle n'est pas vraiment, elle ne peut pas dire qu'elle ne souffre pas, parfois, de ce qu'elle sacrifie pour se réaliser. Elle sait ce qu'elle a perdu, et le regrette, mais elle ne l'avouera sans doute jamais, car il lui faudrait admettre qu'elle a eu tort, et remettre en cause tout ce qui a constitué son existence jusque-là.

      Difficile, enfin, de décrire la psychologie de la jeune femme, sans parler de ce qui commence à la handicaper, bien que les symptômes restent vagues et espacés pour l'heure. Elle tente de dissimuler aux yeux de ses pairs - bien qu'elle doute qu'on ne finisse pas par la démasquer, un jour, ce qui serait la fin du monde pour elle - les troubles qui commencent à apparaître quant à sa concentration et à ses souvenirs. Elle ignore encore de quoi il s'agit réellement, mais une chose est certaine : non soigné, il est fort probable que ces absences risquent d'arriver de plus en plus fréquemment - qui ne sont autres que les prémices d'une schizophrénie déclenchée tout récemment, par l'accumulation disons de mauvaises nouvelles qu'elle vient de subir. L'annonce du divorce de leurs parents, auquel elle ne s'attendait pas le moins du monde et qui brise les bases à présent fragiles de son petit monde, la découverte du secret que sa mère gardait jusque-là, qui les rapproche et les éloigne à la fois, puisqu'elle a, elle aussi, subi un avortement, la perturbe et réveille ses propres blessures - et une foule de questions qu'elle n'ose pas encore formuler, et le traumatisme qu'a subi sa soeur, surtout, et qui rejaillit sur elle, non pas de manière directe, mais bien parce qu'elle estime ne pas avoir réussi à protéger sa cadette, sont autant de blessures qu'elle a bien du mal à panser. Protéger son monde, c'était sa raison de vivre. Comme tous les Black Warriors, peut-être... mais particulièrement pour elle. Pour l'heure, il ne sera donc pas impossible de la voir "absente" quelques instants, et revenir à la réalité subitement, ce qui lui demande parfois un temps d'adaptation. Et elle commence à avoir du mal à s'organiser : ses affaires s'en retrouvent de moins en moins ordonnées, alors qu'elle avait plutôt tendance à la maniaquerie auparavant, et il lui arrive parfois d'avoir la manie de fouiller partout, comme si elle était à la recherche de quelque chose - sans qu'elle puisse expliquer ce qu'elle recherche effectivement.


      ~ Phobies / Manies & TOC : Sa plus grande peur est sans doute aujourd'hui qu'on découvre son "problème". Elle le masque autant de possible, et cherche à comprendre ce qui lui arrive afin de pouvoir trouver une solution (on dit bien qu'il faut connaître son ennemi pour pouvoir le vaincre). Mais à l'origine, elle a surtout toujours eu peur de l'échec et l'a toujours rejeté : échouer ne lui était pas permis. Et le pire échec qui soit serait de ne pas parvenir à protéger sa petite soeur (a été, donc...), les autres Black Warrior, l'humanité en général. A ses yeux, c'est normal : c'est son rôle de grande soeur et de soldat. Aux yeux des autres, elle s'oublie peut-être un peu trop dans l'histoire...

      ~ Morphologie : Plutôt grande pour une jeune femme, elle toisait déjà sa cadette à l'adolescence, et a terminé sa croissance en avoisinant le mètre quatre vingt. Longiligne, de musculature sèche, on lui a souvent demandé par le passé si elle avait été mannequin, ce qu'elle a toujours obstinément refusé : d'abord parce que son rêve d'enfant, à l'origine, aurait été de faire carrière de l'autre côté de la barrière, en habillant et maquillant les modèles plutôt qu'en défilant à leurs côtés, et puis parce que maintenant, elle considère cette position comme peu valorisante, rappelant par trop qu'elle est une femme. Et si elle regrette, parfois, lorsqu'elle observe sa cadette, de n'avoir pas plus de poitrine pour féminiser davantage sa silhouette un peu trop élancée, elle est tout autant ravie de ne pas être entravée dans ses mouvements par ces attributs purement féminins...

      Elle a pourtant un joli visage, et une peau de pêche sans doute héréditaire, qui aurait pu lui donner l'air doux, si ses prunelles n'avaient été aussi dures parfois, son regard si volontaire. Un nez droit, une bouche pulpeuse à la moue boudeuse... Il y a fort à parier qu'elle avait tout de la petite poupée, de la douceur incarnée... enfant. Avant qu'elle ne décide de balayer tout ce qui faisait d'elle une femme, et qu'elle ne s'endurcisse. La douceur n'est certainement plus l'adjectif qui vient à l'esprit en la voyant à présent.

      Si elle a longtemps hésité à les couper courts, ses cheveux châtain retombent toujours sur ses épaules, tout au moins les rares fois où ils ne sont pas strictement noués en queue de cheval haute, natte ou chignon lui évitant de les avoir dans les yeux lors d'un entraînement ou, pire, d'une mission.

      Mais surtout, il y a quelque chose de dérangeant chez Myriam, et ce n'est pas seulement son goût pour les matières synthétiques moulantes et... disons l'absence de couleur. Son regard noisette laisse entrevoir ce qui se trame dans son cerveau quelque peu perturbé, et peut d'un instant à l'autre passer des brumes les plus opaques, comme si elle était complètement absente, à une colère sourde mâtinée de détresse qu'elle n'extériorise jamais autrement que sur un sac de frappe ou une cible de tir.


      ~ Habitudes vestimentaires : Myriam a un certain goût pour l'esthétisme sans doute inspiré des photos de sa mère, lorsqu'elle était jeune. Particulièrement sensibles aux clichés en noir et blanc depuis toute petite, son entrée dans les Black Warriors et leurs uniformes sombres a accentué son goût pour le noir et les matières synthétiques. Elle est tout à fait consciente que son physique longiligne n'est pas forcément le plus adéquat (en tout cas de son point de vue), mais lorsqu'elle aime quelque chose, elle n'en démord pas... (j'ai dit quelque chose, pas quelqu'un... quoi que ça se discute sans doute aussi, chut...)

      Alors il est bien rare de la voir vêtue autrement que dans des tenues moulantes, aux formes étudiées pour leur côté graphique et pour leur practicité, arborant deux ailes stylisées, composées de strass sur une manche, une épaule, la poitrine ou la hanche. Si en dehors du travail, elle est tout à fait capable de porter des talons hauts, sa préférence reste aux chaussures pratiques, bottes ou bottines de cuir plates, épousant ses formes, ballerines, baskets fuselées pour courir ou s'entraîner...

      Elle s'autorise parfois une touche de maquillage, lorsque l'occasion le nécessite - certaines soirées mondaines qu'elle n'apprécie guère mais auxquelles elle est tenue d'assister, par exemple - mais a plutôt tendance à oublier ce type d'artifice, et là encore, le noir et le blanc prédominent. Enfin, peu de bijoux ornent ses tenues car elle est plus souvent prête à en découdre qu'à rester tranquille, mais on peut parfois la voir porter quelque boucle d'oreille ou quelque sautoir. Pas de bracelet, ils auraient plutôt tendance à la gêner qu'autre chose, ni bague évoquant sans doute trop l'anneau conjugal... et ça, ça n'est pas pour elle, n'est-ce pas ?


      ~ Antécédents Médicaux : Si on lui demandait directement, Myriam répondrait sans doute qu'elle est faite pour protéger les autres, et que ça lui a effectivement quelques séjours à l’infirmerie - bel euphémisme pour qualifier l'hôpital des Black Warriors. A ses yeux, ce ne sont que quelques dommages inhérents à sa fonction, des égratignures, une fracture ou deux, quelques balles par-ci par là. Elle vous accorderait qu'elle a eu suffisamment de chance, en effet, pour éviter les gros dégâts. D'aucuns argueraient qu'il y a peut-être aussi une bonne part de compétences au combat. Il y aurait pourtant plus à dire, mais il faudrait accéder à certains dossiers confidentiels - secret médical oblige - pour pouvoir consulter les informations manquantes...

      Dossier interne - section médicale.
      Spoiler:

      Confidentiel - Accès sécurisé.
      Spoiler:


Dernière édition par Fiona - Admin le Sam 26 Sep 2009 - 9:48, édité 48 fois
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MessageSujet: Re: Myriam Michigan - Black Hole   Myriam Michigan - Black Hole EmptyJeu 3 Sep 2009 - 15:02

    { Autobiographie }
    Myriam Michigan - Black Hole Icomy04 Myriam Michigan - Black Hole Icokath

      ~ Let's Introduce our Family :

      La famille. Un mot qui veut tout et rien dire. Il y a des gens pour qui c'est sacré, pour qui il s'agit là de liens indéfectibles, quelle que soit la situation, quels que soient les actes commis. Il y en a pour qui ça n'a aucune espèce d'importance, qui ne vivent que pour eux-mêmes. Myriam a un avis plus mitigé. Elle est loin d'accepter tout et n'importe quoi de la part des membres de sa famille, mais il y a certaines choses qu'elle ne renierait pour rien au monde, qu'elle protège à tout prix.

      Sa soeur en premier lieu.

      Kathaleen Michigan, 24 ans, Black Warrior au même titre qu'elle.
      Elle est fière de voir sa cadette porter ses créations autant qu'elle est jalouse de sa plastique bien plus féminine que la sienne. Mélange d'admiration et de rivalité, entre elles, c'est assez complexe, bien qu'il soit indéniable qu'elles s'adorent. Et si Myriam n'a jamais trop bien compris que sa cadette puisse avoir fait d'elle son idole, Kath est certainement la personne qu'elle a le moins envie de décevoir. Elles vivent sans mal ensemble, partageant un appartement depuis la retraite de leur père. Pourtant, ni l'une ni l'autre ne sont très portées sur les confidences ce qui leur a valu quelques accrocs, plus ou moins violents, parfois. Notamment lorsqu'elles sont blessées, et que l'autre tente d'en savoir davantage. Ca a été le cas lors de la rupture de Myriam, où Kath a tenté d'en savoir plus que ce que sa soeur voulait bien lui révéler, et, étrange effet miroir, ça a aussi été le cas au retour de Kath de la mission où son fiancé n'est malheureusement pas rentré. Si elle avait pu choisir le destin de sa soeur, elle aurait tout fait pour qu'elle n'entre jamais chez les BW, parce qu'elle sait que ça peut-être très dur, et qu'elle voulait justement lui éviter ce genre de chose. Manifestement, elle a échoué. Et ça n'est pas quelque chose qu'elle encaisse facilement.

      Il y a sa mère, également, bien qu'elles n'aient jamais été particulièrement proches par le passé.

      Meghann Michigan, 46 ans, femme au foyer, photographe amateur, séparée.
      L'héritage de sa mère quant à l'esthétisme et la mode, est un exemple de ce qu'elle ne peut indéniablement pas renier quand il s'agit de sa famille. Elle est consciente que ses photos l'ont pas mal influencée et c'est une chose dont elle est plutôt fière. Et l'avis de sa mère concernant ses créations - bien qu'elle ne le lui demande jamais et n'en fasse jamais mention - lui tient particulièrement à coeur. Elle est cependant tout à fait consciente également que sa mère aurait préféré qu'elle fasse carrière dans la mode plutôt que chez les BW. Une manière de vivre son rêve par procuration ? Parfois, elle se le demande. Car Meg aura été femme au foyer toute sa vie, depuis qu'elle a épousé Christopher, parce qu'elle était enceinte de Myriam. Elle a cessé de travailler pour faire plaisir à son mari, en quelque sorte, et a donc abandonné la carrière de photographe de mode dont elle rêvait... A défaut, elle a continué à prendre des photos plus axées sur la vie de tous les jours et les sujets qui la touchent, et fait encore parfois quelques expositions, en tant qu'amateur. C'est une femme effacée et surprotectrice envers ses filles. My' ne peut pas lui reprocher d'avoir jamais montré plus d'attachement à l'une ou l'autre, et c'est avec regret qu'elle sait la décevoir, d'une certaine manière, en poursuivant son propre rêve chez les BW. Mais c'est, là encore, quelque chose qu'elle ne peut pas renier, sur lequel elle ne reviendrait pour rien au monde. De ses deux parents, c'est sans aucun doute celle dont elle est le plus proche, et bien plus qu'elle ne l'aurait souhaité, en définitive.

      A contrario, si son père fait, de facto, partie de sa famille, elle ne le considère absolument pas - absolument plus serait sans doute plus juste - comme un proche. Et pour cause...

      Christopher Michigan, la cinquantaine, retraité des Black Warriors, séparé.
      Quoi qu'il en pense, elle ne considère pas les femmes comme plus faibles que les hommes et encore moins comme des choses fragiles qu'il faut protéger. My' fait tout son possible pour lui prouver qu'il y a autant de quoi être fier de ses filles que d'un garçon s'il en avait eu un. De l'amour ? Elle ne dirait pas ça, au contraire même. Entre eux, ce serait plutôt une longue histoire de haine. Et pourtant, il y a ce besoin de reconnaissance. Et si Kath est persuadée qu'il est fier de ses filles, Myriam en doute davantage. Il a été son instructeur lors de son intégration chez les BW, et si d'aucuns ont jamais argué qu'il pouvait y avoir quelque favoritisme, ceux qui ont été spectateurs de ses tests, de ses cours, savent qu'il n'en est rien. Car les quelques années où elle a été sous ses ordres ont été purement et simplement atroces. A l'évidence, il en demandait bien davantage à ses filles qu'aux autres soldats, et le moindre manquement était sévèrement puni. My' n'a pourtant jamais baissé les bras, bien décidée à lui prouver qu'il avait tort, même après avoir passé un certain temps à l'hôpital suite aux bons traitements de son paternel... Et elle continue encore aujourd'hui, bien qu'elle commence à douter de sa capacité à être toujours irréprochable, non plus pour lui, mais pour elle-même. Parce que depuis l'annonce de la séparation de ses parents, elle a décidé qu'elle ne lui adresserait plus jamais la parole. Et My' est têtue. Il lui en faudrait vraiment beaucoup pour qu'elle change d'avis.
      Il y a au moins une chose pour laquelle elle ne peut que lui être reconnaissante : c'est lui qui l'a forcée à venir au mariage de James Miller, il y a six ans, et habillée de façon décente (à savoir, on oublie l'habituelle combinaison moulante) comme une vraie fille, s'il vous plaît. De cette obligation ont découlé deux événements positifs : la création d'une annexe à sa ligne de prêt-à-porter, disons plus... féminine - même si elle l'a quelque peu délaissée depuis - et la rencontre, ou plus exactement, la connaissance plus approfondie de Dean Stanford, le meilleur ami de James. Et ça non plus, elle n'est pas prête de l'oublier.

      Et puis il y a les BW, sa seconde famille en quelque sorte. Si pendant un temps, elle n'aurait pas su dire s'ils passaient avant ou après ses parents, aujourd'hui, elle ne se pose la question qu'au sujet de sa mère. Il y a forcément des membres qu'elle apprécie plus que d'autres, mais une chose est sûre : si n'importe lequel de ses camarades se trouve en danger, elle fera tout pour le protéger. Et s'il est clair pour elle qu'elle donnera sa vie pour protéger n'importe qui, il est certaines personnes pour lesquelles elle n'hésitera pas une seule seconde. Dean Stanford et James Miller en font partie.


      ~ Pour Résumer :
      (Parce que je conçois tout à fait qu'on n'ait pas le courage de lire toute la bio... :siffle: )

      Spoiler:


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MessageSujet: Re: Myriam Michigan - Black Hole   Myriam Michigan - Black Hole EmptyDim 6 Sep 2009 - 21:28

    { Autobiographie } (suite)
    Myriam Michigan - Black Hole Icomy05 Myriam Michigan - Black Hole Icomy06

      ~ When I Was A Little Girl...

      Myriam est née en plein été, quelques jours avant le terme annoncé par les médecins, six mois après le mariage de ses parents - autant dire qu'on imagine assez bien ce qui a poussé les deux jeunes gens à se marier. Heureux événement ? My' n'en sait trop rien. De son point de vue, si sa mère a dû arrêter sa carrière à cause de ça, ça ne devait rien avoir de très heureux. Au moins était-ce ce qu’elle avait toujours pensé, adolescente. Pourtant Meghann n'a jamais montré quelconque rancoeur envers elle, ni par la suite envers Kathaleen. Au contraire. Mère aimante et affectueuse, elle a toujours fait en sorte que ses filles ne manquent de rien, n'a jamais fait de différence entre les deux.

      Myriam se souvient des photos qui ornaient les murs de l'appartement, essentiellement en noir et blanc, et qu’elle pouvait passer des heures à regarder. Elle se souvient de ce qu’elle lui racontait, concernant chacun de ces clichés, ce qui l’avait touchée, les anecdotes qui y étaient liées. Elle se souvient des vieux albums, où s’entassaient ses anciennes photos de mode.

      - Je voudrais habiller mes poupées pareil, lui avait-elle dit, un soir, en feuilletant pour la énième fois ces ouvrages.

      A la naissance de Kath, elle n'avait pas encore trois ans, et elle ne réalisait pas encore tout à fait ce que ça impliquerait, plus tard, d'avoir une petite soeur. C'était drôle, de voir ce tout petit bout d'humain gesticuler, gazouiller. Les gens s'extasiaient devant la masse de boucles brunes qu'elle avait déjà toute petite, lui faisaient des sourires, et My' n'échappait pas vraiment à la règle. C’était un jeu, presque, que de s’occuper d’elle, même si ça se limitait à lui ramener sa tétine perdue…

      Elle avait fini par comprendre, quelques temps plus tard, qu'elle était la grande, et qu'il fallait protéger Kath. De quelle phrase prononcée par ses parents avaient-elle fini par déduire cela, elle n’en savait trop rien. Il fallait qu’elle protège Kath, c’était tout. Et c'était venu naturellement. C'était presque son bébé à elle aussi, que ce petit être qui grandissait. Elle n’était pas beaucoup plus grande, elle était loin de pouvoir la protéger aussi bien que Papa qui était si fort, ou de s’occuper d’elle avec autant de tendresse et de sensibilité que Maman. Mais elle faisait du mieux qu’elle pouvait, avec ses moyens de petite fille. D'aussi loin qu'elle se souvienne, elle a toujours cherché à s'interposer entre les autres et sa soeur, dès qu'il pouvait y avoir la moindre histoire, même alors qu'elle n'était pas bien résistante elle non plus.

      - C'est normal, je suis sa grande soeur. avait-elle répondu, par le passé, lorsqu'on lui avait demandé pourquoi elle s'occupait toujours de ce qui concernait sa cadette.

      C'était normal. A ses yeux tout du moins. Et ça n'était pas près de changer, ça n’avait même jamais changé, en réalité. Pourtant, bien vite, la rivalité s'était installée entre les deux enfants, qui cherchèrent bien souvent à prouver qu'elles étaient chacune mieux que l'autre. Et ça n'était pourtant jamais assez, aux yeux de leur père, pour qui elles n'étaient "que des filles". Que des filles. Est-ce que c’était leur faute, si elles n’étaient pas nées de sexe masculin ? Est-ce que c’était leur faute, à elles, s’ils n’avaient pas eu d’autre enfant, qui eût pu combler le manque de progéniture mâle que ressentait manifestement leur père, et qu’il ne se gardait pas de leur faire ressentir ? Ca n'empêchait pas que les deux fillettes s'entendaient plutôt bien, et que Myriam prenait très à coeur son rôle de grande soeur. Toujours, elle cherchait à protéger sa cadette, quoi qu'il arrive. Et elle a toujours eu du mal à accepter de ne pas pouvoir empêcher, parfois, ce qui lui arrivait.


      Just a Girl - No Doubt

      'Cause I'm just a girl, little 'ol me
      Don't let me out of your sight
      I'm just a girl, all pretty and petite
      So don't let me have any rights

      Oh... I've had it up to here !

      Spoiler:


      ~ I'm Just A Girl... I'll Become A Boy
      24 juin 2260

      My' les avait entendus si souvent, ses parents, regretter de n'avoir pas eu de garçon, et se demander quand ses pouvoirs, à elle, se déclencheraient. Même quand elle n'était pas censée les entendre, même lorsqu'ils étaient dans une autre pièce, elle les entendait, tous les jours, ou presque. Parce que oui, ils en parlaient très régulièrement. Et oui, elle entendait ça très bien. Et elle n’imaginait pas encore que ce qu’elle entendait, un autre être humain n’en était pas forcément capable. Pour elle, c’était normal, et d’ailleurs, Kath n’avait jamais fait mention de ces choses qu’elle n’entendait pas et dont My’ lui parlait naturellement. Et voilà que sa cadette se révélait être une arme redoutable. Oh ! Elle ne lui enviait pas ce qui s'était passé, bien au contraire. Si elle avait pu faire en sorte que sa petite soeur n'en souffre pas, elle l'aurait fait... Mais ça n'était pas en son pouvoir. Et on se demandait encore, ce qu'il pouvait bien être, son pouvoir, à elle, justement. Tout ce que les médecins scolaires pouvaient dire, c'était qu'elle entendait parfaitement bien. Ca n'avait rien d'exceptionnel, ni à leurs yeux, ni aux siens, et ça n'avait rien d'aussi spectaculaire que ce que Kath pouvait faire à présent. C’était pourtant censé l’être, mais puisque My’ n’en parlait pas, personne ne s’en rendait réellement compte. Et ce que sa sœur pouvait faire était tellement visible !

      Parce que Kath avait fêté son septième anniversaire. Et quel anniversaire ! Son pouvoir s'était déclenché, et de façon pour le moins théâtrale. Et assez désagréable pour ses petits camarades, pour l'un d'entre eux en particulier. Emettant subitement des rayons lumineux qu'elle était bien incapable de contrôler, elle avait blessé un de ses amis. My' n'avait rien pu faire d'autre que d'assister, impuissante à ce triste spectacle. Enfin assister. Elle était retournée à la cuisine, en bonne grande soeur s'occupant du ravitaillement des troupes enfantines qui jouaient dans le salon, mais avait rappliqué dès que les premiers cris avaient retenti. Avant que les cris retentissent en fait, dès qu'elle avait entendu les premières exclamations qui n'avaient plus rien à voir avec des jeux d'enfants. Et quand elle s'était arrêtée sur le seuil de la pièce, elle avait vu sa cadette, brillant de mille feux, et le garçon à ses côtés hurlant de douleur. Kath s'écartait d'elle-même, et la réaction de My' avait été d'aussitôt attirer le petit garçon hors de portée de sa petite soeur, dont elle avait renoncé à trop s'approcher au vu de la chaleur qui se dégageait d'elle. Il avait fallu la calmer, lui assurer que tout allait bien se passer, que son pouvoir se déclenchait déjà, qu'elle était précoce, et qu'il fallait seulement qu'elle se détende maintenant, pour qu'elle finisse par enfin redevenir "normale".

      Elle s'en était voulu, de n'avoir rien pu faire pour que sa petite soeur ne souffrît pas de la découverte de ses pouvoirs, pour que ce gosse ne fût pas brûlé, pour qu'ils ne gardassent pas, tous, un mauvais souvenir de ce jour-là. De n’avoir rien pu faire pour la sortir de cette salle de bains où elle s’était enfermée, de l’avoir entendue pleurer sans avoir pu apaiser sa tristesse, d’avoir entendu leur père finir par entrer dans la pièce et la gifler, sans qu’elle eût pu l’en empêcher. Elle s'en était voulu, en définitive, d'être si impuissante. Si... inutile. A bientôt dix ans, My' faisait office de vilain petit canard. Et dire qu'elle était une fille, en plus ! C'était bien ce qui transparaissait de toutes ces conversations qu’elle surprenait de ses parents : elle était inutile. C'était ce qu'elle en comprenait en tout cas, même si, le reste du temps, ils n'en montraient rien. Parce que vous comprenez, les filles, ça ne peut pas se débrouiller toutes seules, il faut les protéger, veiller sur elles.

      *Je ne suis pas si nulle* se répétait-elle lorsqu'elle les entendait évoquer leur regret de ne pas avoir de fils pour représenter dignement la famille. Le regret de son père surtout. Depuis combien de temps les entendait-elle ainsi ? Elle en avait perdu le compte. Elle savait juste que là, elle en avait marre. *Je vais leur montrer que je suis pas si nulle*

      Elle n'avait pas encore dix ans, et du jour au lendemain, les poupées qu'elle avait commencé à ré-habiller en s’inspirant des photos de maman – avec plus ou moins de succès, plutôt moins que plus, d’ailleurs, ce qui n’avait rien de bien surprenant compte tenu de son âge – avaient été enfermées dans un coffre à jouets qu'elle n'avait plus rouvert et elle avait délaissé les jeux d'enfants à l'école pour faire comme les garçons, et les grands, tant qu'à faire. Il fallait qu'elle soit forte, qu'elle sache défendre sa petite soeur. Alors elle avait commencé par être plus sportive, par chercher à muscler ses bras et ses jambes d'enfant. Certains trouvaient ça amusant, de voir cette petite fille utiliser les branches des arbres comme des barres de tractions, qui enchaînait les tours du pâté de maison à la course. D'autres s'interrogeaient sur son mutisme, et quand ses camarades de classe lui demandaient pourquoi elle ne venait pas jouer avec eux plutôt, elle répondait simplement qu'il fallait qu'elle devienne plus forte. Pourquoi ? C'était une question à laquelle elle refusait de répondre.

      L'année qui avait suivi, elle avait demandé à suivre des cours d'aïkido, après avoir vu deux grands s'entraîner dans un parc. Elle leur avait demandé si on était fort quand on savait faire comme eux. Ca les avait fait rire. Elle, elle ne riait pas du tout. Elle était même très sérieuse. Et elle s'était acharnée. Il fallait dire que quand elle avait une idée en tête, elle ne l'avait pas ailleurs, et si les premiers temps avaient été difficiles, car on ne la ménageait pas au dojo - et elle ne le souhaitait pas d'ailleurs - elle n'avait jamais baissé les bras. Et elle allait gravir les échelons petit à petit, aussi vite qu'elle le pourrait. Elle s’en était fait la promesse.


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MessageSujet: Re: Myriam Michigan - Black Hole   Myriam Michigan - Black Hole EmptyLun 7 Sep 2009 - 0:50

    { Autobiographie } (suite)
    Myriam Michigan - Black Hole Icomy07 Myriam Michigan - Black Hole Icomy08

      Under Construction - No Doubt

      But in this humble place
      I'm feeling like red wine
      And I hope to get better with some time
      I'll be fine, in some time I'll be fine

      Spoiler:


      ~ Still Under Construction, Just Give Me Some Time...
      12 septembre 2262

      C'était une chose que de s'endurcir, d'apprendre à se battre. C'en était une autre que de découvrir son pouvoir. Elle pouvait agir sur son corps, et s'entraîner dur, elle avait son propre contrôle là-dessus. Elle ne pouvait pas aller plus vite que la musique concernant la découverte de ce fichu pouvoir qui ne voulait pas se manifester. Elle n'avait aucune idée de ce que ça pouvait être, elle ne pouvait rien faire pour que les choses aillent plus vite, et supportait mal de se sentir aussi impuissante. Pourquoi ? Pourquoi fallait-il qu'elle attende si longtemps alors que Kath avait été si précoce ? C'était tellement injuste... Elle ne savait pas encore que les choses allaient s'accélérer, et peut-être un peu trop rapidement finalement.

      Une énième soirée où leurs parents étaient conviés, puisque Papa était instructeur des Black Warriors. Une énième soirée, où il allait falloir faire comme si elle était une petite fille bien comme il faut, ce qu'elle détestait particulièrement. Mais Papa ne lui laissait pas le choix. Il fallait qu'elle y aille, et il fallait qu'elle fasse honneur à la famille, qu'elle ne la déshonore pas tout du moins. Maman l'avait affublée d'une horrible robe de fille - objectivement, elle n'était pas spécialement inesthétique, Maman était toujours très attentive au choix des tenues - accordée à celle de sa cadette, toutes deux blanches à manches bouffantes ornées de dentelle, une ceinture de couleur sous leurs poitrines encore inexistantes, rouge pour Kath, violet pour Myriam.

      Comme dans toutes ces réunions "pour les grands", elle s'ennuyait ferme. Une vraie perte de temps pour elle qui n'aspirait qu'à retourner courir, faire quelque chose d'utile en fait, et qui se voyait forcée de rester tranquille au milieu d'adultes qui faisaient peu de cas des fillettes qu'elles étaient. Alors elle commentait mentalement les tenues de toutes les personnes présentes. Et quand Kath, tout aussi lasse qu'elle, lui avait demandé ce qu'elle faisait, elle lui avait répondu qu'elle observait les gens, puis murmuré ce qu'elle pensait d'un couple un peu plus loin. Lui portait un costume de pingouin, qu'il portait mal car mal coupé.

      - Regarde, ça baille de partout, c'est moche.

      Et elle arborait une robe de soie et de mousseline rouge, qui aurait pu être jolie, portée par quelqu'un d'autre, mais qui accentuait là la petite taille et les rondeurs de sa propriétaire. Kath avait pouffé de rire à force d'entendre les commentaires de son aînée - le reste de l'assemblée avait commencé à y passer, avec force comparaisons légumineuses peu flatteuses - jusqu'à ce que leur père les entende en passant près d'elle, et les tance vertement de leur incivilité. Il avait attrapé le bras de Myriam, l'avait faite asseoir sur une chaise sans ménagement et lui avait intimé l'immobilité et le silence. Et on ne discutait pas les ordres de Christopher Michigan.

      Kath avait suivi, et le repas n'avait été qu'une suite interminable de plats qu'elle avalait sans vraiment en sentir le goût, silencieuse comme on le lui avait ordonné, pestant intérieurement contre ces soirées inutiles où on ne pouvait rien faire, le regard rivé sur son assiette. Les conversations lui passaient par-dessus la tête. Elle les écoutait, en comprenait une partie, mais ne voyait pas l'intérêt de la plupart. Jusqu'à ce que son père répondît à la question qu'on venait de lui poser, quant aux pouvoirs de ses filles et à ce qu'elles feraient plus tard. Et après s’être extasié une demie heure sur les applications potentielles du pouvoir de Kath, il avait fini par en arriver à elle.

      - Myriam a un don certain pour la mode, elle tient ça de sa mère, manifestement.

      Maman gardait le silence, elle aussi, comme toujours, et Myriam se demandait ce qu'elle avait pu révéler à leur père des poupées qui n'avaient plus quitté leur coffre depuis bien plus d'un an. Elle comprendrait plus tard que Meghann avait cherché là un moyen d'orienter sa fille vers une voie plus calme que celle qu'elle semblait décidée à suivre.

      - J'imagine que nous lui ferons suivre un cursus artistique, poursuivait-il, peut-être qu'elle oubliera ses lubies combattives...
      - Non.

      La petite fille qu'elle était avait relevé les yeux vers son père, les plantant dans les prunelles sévères du soldat à présent formateur.

      - Pardon ?

      Le ton de sa voix était sans équivoque, son regard plus éloquent encore : que sa fille osât lui répondre dépassait les bornes, et il était clair qu'elle ne passerait pas une fin de soirée agréable. Pourtant, elle n'avait pas détourné le regard, du haut de ses douze ans, ses mains crispées sur ses couverts.

      - Non, avait-elle répété. Je veux pas suivre un cursus artistique. Je veux entrer chez les Black Warriors.

      Elle eut bien du mal à comprendre ce qui se lisait dans les yeux de son père. Le visage fermé, il avait laissé planer le silence un moment, mais l'espace d'un instant, ça n'avait été ni mépris ni colère qu'elle avait cru voir dans son regard. Ils étaient pourtant bien présents dans le ton de sa voix lorsqu'il se décida à briser le silence pesant qu'il avait laissé s'installer.

      - C'est ridicule ! Ton pouvoir ne s'est même pas encore manifesté, tu n'auras jamais une maîtrise suffisante lorsqu'il sera temps d'entrer à Newell. Tu n'auras jamais les compétences requises non plus, le niveau d'exigence est beaucoup trop élevé. Surtout pour une fille !

      Le visage de la petite fille s'était alors empourpré, ses yeux brillèrent de rage et elle haussa le ton, sans vraiment le réaliser.

      - Je suis pas juste qu'une fille. J'y arriverai.
      - C'est hors de question. Ta mère a déjà pris toutes les dispositions pour ton intégration à...
      - NON !

      Sa voix avait résonné dans la salle entière, faisant taire les conversations alentour, la plupart des convives portant les mains à leurs oreilles. Myriam ne sembla pas souffrir du volume sonore, elle, mais elle sursauta quand les verres en cristal explosèrent autour de la table et quitta son père des yeux pour s'assurer que sa cadette n'était pas blessée. Les mains sur les oreilles elle aussi, Kath avait secoué la tête et My' avait soufflé de soulagement. Ses mains tremblaient, pourtant, comme elle ne comprenait pas encore complètement ce qui venait de se passer.

      Les discussions avaient commencé à reprendre, doucement tout d'abord, puis de plus en plus fort jusqu'à atteindre le volume qu'elles avaient avant l'incident. My' ne quitta pas de yeux les morceaux de verre que les serveurs commençaient à ramasser, réalisant difficilement que c'était elle qui avait fait ça. Et elle n'avait plus le courage de regarder son père en face, redoutant ce qu'elle trouverait dans ce regard. Elle n'était qu'une fille, elle n'avait pas son mot à dire, et là, elle venait de se faire remarquer non pas seulement de toute leur tablée, mais carrément de toute la salle. Elle attirait l'attention de tout le monde sur elle, bien davantage qu'elle ne l'eût jamais voulu. Elle eût dû être un garçon. Comme ça, Papa n'eût pas refusé qu'elle voulût entrer à Newell. Comme ça, il eût été fier d'elle. Là, elle était certaine qu'il lui en voulait, qu'elle lui faisait honte. Et elle redoutait le moment où il reprendrait la parole, comme elle redoutait celui où il faudrait rentrer à la maison, et où la sanction ne manquerait pas de tomber. Ce n'est pourtant pas la voix de son père qui la tira de sa contemplation stupéfaite, mais celle d'un de ses voisins de table, le sourire aux lèvres.

      - Eh bien, Christopher, je crois que votre fille vient de nous démontrer quel est son pouvoir, et avec panache encore... Ce qui m'intrigue, c'est que, vous le savez aussi bien que moi, ce genre de pouvoir s'accompagne en général d'une ouïe altérée, surdéveloppée, de sorte qu'elle a résisté à sa propre puissance vocale. N'avez-vous jamais remarqué qu'elle entendait disons... différemment ?

      Devant le mutisme du père de famille - Myriam sentait son regard lourd posé sur elle et n'osait plus même bouger d'un pouce - ce fut Meghann qui répondit à son collègue.

      - C'est que... Myriam est une petite fille assez discrète... d'habitude.

      L'inquiétude de Maman transparaissait dans le ton de sa voix. Qu'avait-elle bien pu entendre dont elle n'eût pas dû avoir connaissance ? Depuis combien de temps cela durait-il ? My' n'avait pas de réponse à ces questions, elle avait l'impression que ça avait toujours été comme ça, qu'elle avait toujours bien entendu. Ca n'était sans doute pas réel, l'aspect auditif de son pouvoir s'étant sans aucun doute manifesté petit à petit s'amplifiant avec le temps. Mais elle n'en avait pas conscience, et n'en avait jamais parlé. Il faut dire qu'elle n'avait jamais vraiment eu envie d'évoquer ce qu'elle entendait...

      Un éclat de rire de la part de l'autre Black Warrior avait tranché le nouveau silence qui s'imposait.

      - Une fois n'est pas coutume, dit-on, n'est-ce pas ? Vous devriez lui faire passer quelques tests auditifs, ses résultats risquent d'être assez intéressants... Et puis un tel pouvoir peut être fort utile en mission... Elle a l'air de tenir à entrer à Newell... et vous parliez tout à l'heure de lubies combattives ?
      - Vous ne m'aviez pas dit, Meg, qu'elle prenait des cours de... je ne sais plus quel art martial ?
      - De... d'aïkido, oui. Elle en a manifesté le désir, il y a un peu moins de deux ans... J'espérais que la dureté des premiers cours allait l'en dissuader, mais...

      Meghann s'était tue, jetant de fréquents coups d'oeil à son mari toujours silencieux. Trop silencieux. Myriam ne soufflait mot, son regard étant retombé sur les nouveaux verres qu'on leur avait apportés. Elle en avait déjà passé, des tests. Comme tous les enfants à l'école. Personne n'avait rien vu, personne n'avait remarqué quelque chose d'anormal, ni les médecins, ni ses parents à la réception des résultats. Et les premiers cours d'art martial ne l'avaient pas dissuadée, bien au contraire. Elle avait souffert, et elle revenait encore parfois avec bien des ecchymoses de séances quelque peu musclées, mais elle ne comptait pas abandonner, loin de là. Même si Maman n'avait pas fini sa phrase, tout le monde l'avait bien compris, autour de la table.

      - Elle a encore du temps avant Newell... Laissez-la donc faire... Et si elle est toujours motivée lorsqu'il sera temps de déposer le dossier, et de passer le test d’entrée, c'est peut-être que ça n'était pas qu'une "lubie"...

      *Taisez-vous... par pitié, taisez-vous... n'en rajoutez plus... leur dites pas en plus comment nous élever, il m’en veut déjà assez comme ça*

      Voilà que les autres sous-entendaient que Papa devait la laisser faire, comme si c'était à eux de lui donner des conseils sur l'éducation de sa fille... Elle n'avait pas voulu ça. Elle n'avait pas voulu qu'il se sente humilié face à ses collègues. Elle avait juste voulu qu'il l'écoute, pour une fois...

      La fin de soirée avait été moins drôle encore. Papa ne lui avait plus adressé un seul mot jusqu'à la maison, et le ton froid et dur qu'il avait employé pour l'appeler dans le salon lui avait glacé l'échine. Maman avait emmenée Kath dans la chambre, ça n'était vraiment pas bon signe. Les poings serrés, le regard baissé, elle était entrée dans la pièce, où son père l'attendait, debout près de son fauteuil habituel. Un soupir lui avait échappé avant qu'il ne reprît la parole.

      - Qu'est-ce que tu entends, Myriam, là, maintenant ?

      Elle avait été surprise de ne pas se faire enguirlander de but en blanc, et avait relevé vers lui des yeux stupéfaits avant de réaliser qu'il lui avait posé une question, et qu'il lui fallait donc répondre. Les sourcils froncés, le regard perdu sur un point du mur en face, elle se concentra sur les sons qu'elle entendait, dispatchés un peu partout dans la maison.

      - Je... J'entends... La circulation dehors... Et... Ta respiration... Et euh... Maman qui cherche à rassurer Kath...

      "Qu'est-ce qu'il va faire à Myriam, Papa ?" avait demandé sa cadette à leur mère, visiblement inquiète. Mais Myriam s'était gardée de relater les propos exacts de sa petite soeur.

      - J'entends... Maman s'est assise sur le lit je crois, les ressorts ont grincé... Il y a... un chat dehors... et euh...

      *Et ton coeur qui bat plus vite...* avait-elle pensé sans oser l'annoncer, redoutant surtout ce que cela signifiait, craignant de croiser une fois encore les prunelles glacées de son père.

      - Bon sang Myriam ! Pourquoi n'en as-tu jamais parlé ?

      Elle avait sursauté. Elle ne s'attendait pas à ce qu'il fût si près d'elle aussi vite. Il s'était approché de la fenêtre, et avait constaté la présence du chat en question, de l'autre côté de la rue. A présent, il s'était planté devant elle, et elle ferma un instant les yeux, déglutissant avec peine.

      - Je... Je sais pas... Je savais pas...

      *Parce que tu m’écoutes jamais, je suis qu’une fille* songeait-elle pourtant, sachant très bien qu’elle ne pouvait pas lui répondre ça. Et bien sûr qu’elle savait pourquoi elle n'en avait pas parlé : elle n’allait pas lui dire qu’elle l’entendait tout le temps la dénigrer non plus. Elle savait à présent qu'elle n'eût sans doute jamais dû l'entendre si ça n'avait pas été là une part de son pouvoir. Mais comment eût-elle pu le deviner, de prime abord ?

      - Depuis quand entends-tu... mieux ? Depuis quand entends-tu ce qu'il se passe dans une autre pièce, ou dehors, alors que tout est fermé ?
      - J'en sais rien... c'est... c'est venu comme ça... ça fait longtemps...

      Une vague de panique l'avait envahie, et à raison, en voyant son père aussi près, en entendant le ton de sa voix, en entendant les battements de son coeur s'accélérer encore. Sa main s'était abattue sur sa joue, et elle n'avait pas pu retenir ses larmes, la main sur son visage qu'elle gardait baissé. Elle n'était qu'une fille, évidemment, c'était pour ça qu'elle pleurait, n'est-ce pas ? Elle ne voulait pas qu'il les vît, ces larmes, mais elle ne parvenait pas à les empêcher de couler. Il faudrait qu’elle apprenne à les retenir, si elle voulait vraiment être forte, plus tard. Un nouveau soupir avait passé les lèvres de Christopher, avant qu'il ne se laissât tomber dans son fauteuil.

      - Va te coucher, Myriam, il est tard. On en reparlera plus tard.

      La fillette avait tourné les talons et traversé le couloir, feignant le calme alors que sa joue rougie, et ses yeux embués trahissaient sa douleur, tant physique que morale. Elle n'avait rien fait. Elle n'avait rien demandé. Est-ce que c'était sa faute si c'était parti tout seul, comme ça, ce soir ? Quand Kath avait blessé son camarade de classe, la gifle passée, tout le monde l'avait rassurée, ça n'était pas grave, il s'en remettrait, et en effet, il s'en était remis, ce petit garçon, puisqu'il avait développé un don de guérison. Même Papa, qui n’avait jamais d’autre réponse que sa main leste en premier lieu, il lui avait expliqué, à Kath, lui aussi, ce qui s'était passé, ce que ça signifiait, ce à quoi il fallait qu'elle s'attende à l'avenir.

      Elle doutait cependant qu’il s’en donnât jamais la peine avec elle. Pourtant, elle n'avait fait que briser un peu de cristal... Pourquoi est-ce qu'on s'énervait après elle ? Elle ne savait pas que les autres n'entendaient pas comme elle jusqu'à ce soir. Comment eût-elle pu en avoir conscience ? Elle n'était pas dans leurs têtes ! Elle avait claqué la porte derrière elle, sans faire attention à la présence de Maman dans leur pièce et s'était enfouie sous ses couvertures sans un mot, recroquevillée de sorte que seules quelques mèches de cheveux châtain étaient encore visibles.

      - Tu devrais te mettre en pyjama, Mimi...
      - Toi aussi tu vas me frapper, si je le fais pas ?
      - Non. Mais tu seras plus à l'aise que dans cette robe, et tu risques de l'abîmer d'ailleurs, c'est dommage...

      Maman avait murmuré à Kath un "ça va aller" qui se voulait rassurant avant de venir déposer un baiser sur le crâne de son aînée et de quitter la pièce en leur souhaitant une bonne nuit. My' avait entendu les petits pieds de sa soeur franchir les quelques pas jusqu'à son lit et venir s'installer auprès d'elle. Elle avait fini par sortir des couvertures alors, et par prendre sa petite soeur dans ses bras.

      - T'inquiète pas, Petite Kath, c'est rien. Ca va aller. Ca va passer...

      A bien y réfléchir, à présent, elle se demande encore qui elle essayait vraiment de rassurer, ce soir-là, de sa soeur ou d'elle-même... Mais elle était sûre d'une chose : il pourrait la gifler encore, et encore, et encore, elle n'abandonnerait pas. Elle lui prouverait, un jour, qu'elle pouvait y arriver, même si elle n'était pas un garçon. Et ça passerait par l'apprivoisement de son pouvoir, aussi. Ce sur quoi elle n'aurait de cesse de travailler dès lors, tout comme elle comptait bien continuer à s'entraîner.

      En parlant d'apprivoisement de pouvoir, Kath lui montrait d'ailleurs l'exemple : elle venait "d'allumer" une petite lumière, comme une veilleuse, entre ses mains, à la douceur réconfortante. My' s'était changée rapidement, suivant les conseils de Maman - et se débarrassant par la même occasion de la robe de fille qu'elle n'avait pas voulu porter à l'origine - et lorsqu'elle s'était rallongée, c'était pour finir par s'endormir, quelque temps après que la lumière se fut éteinte, signe que sa cadette blottie dans ses bras avait elle aussi sombré dans le sommeil.


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MessageSujet: Re: Myriam Michigan - Black Hole   Myriam Michigan - Black Hole EmptyLun 7 Sep 2009 - 1:27

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      Staring Problem - No Doubt

      S-T-A-R-I-N-G
      I can't stop staring
      S-T-A-R-I-N-G
      I can't stop staring

      Spoiler:


      ~ I'm So Jealous, I Can't Help It... I Can't Stop Staring At Her...

      Elle s'était posé nombre de questions, sur cette soirée. Elle avait entendu Maman faire remarquer à Papa qu'il n'aurait pas dû la frapper, tout comme elle le lui avait reproché quand Kath avait aussi eu droit à une belle gifle pour avoir blessé son petit camarade de classe - rares exceptions à la règle qui voulait qu'elle ne contredisait jamais son mari - et il lui avait répondu qu'il était en colère. "Contre qui ?" lui avait encore demandé Meghann, mais nulle réponse n'avait traversé les murs de la pièce.

      Contre qui ? Pour Myriam, ça ne pouvait être que contre elle. Alors pourquoi cette question ? Pourquoi cette absence de réponse ? Et puis... Si elle était la seule à entendre toutes ces choses, pourquoi Kath ne lui avait-elle jamais dit qu'elle n'entendait pas tout ça, elle ? Cette réponse-là lui vint naturellement, et elle n'interrogea jamais sa cadette. Tout comme elle-même, elle avait redouté la comparaison, refusé d'être celle qui n'avait pas encore révélé son pouvoir... Elle lui en voulait un peu, mais elle eût sans doute agi de la même manière à sa place, elle ne pouvait pas vraiment lui jeter la pierre. Et puis c'était sa petite soeur, elle ne pouvait vraiment pas lui en tenir rigueur bien longtemps.


      17 avril 2265

      Elle avait commencé à lui en vouloir plus tard. A être jalouse d'elle, plus exactement, lorsque, les années passant, leurs silhouettes respectives s’étaient modifiées. Et celle de Kath avait bien plus vite été plus féminine, sa poitrine et ses hanches plus développées que les siennes. A presque douze ans, déjà, la plus jeune commençait à avoir des formes que son aînée ne pouvait qu’imaginer. Ah ! Elle avait voulu remplacer le fils que les parents n’avaient jamais eu, elle était servie ! Elle ne cessait de grandir, et l’entraînement spartiate auquel elle s’astreignait lui dessinait des muscles saillants. Seuls ses traits, ses articulations fines et les cheveux qu’elle n’avait pas pu se décider à couper court attestaient encore de son statut de jeune fille, alors que la question ne se posait pas le moins du monde pour Kath. Et souvent, elle observait sa cadette, une lueur envieuse dans le regard.

      C’était ce qu’elle avait voulu, certes, et ça n’empêchait pas qu’elle continuait à tout faire pour entrer chez les Black Warriors dans un an. Mais parfois, elle se demandait ce que ça pouvait faire, d’être une vraie fille, de regarder les garçons et d’être regardée par eux, de faire du shopping avec ses camarades de classe. Elle, on la qualifiait de garçon manqué ou de grande asperge. Les garçons, elle avait plutôt tendance à se battre avec – à l’entraînement la plupart du temps, ou parfois quand on s’approchait d’un peu trop près de sa petite soeur avec des intentions peu louables. Les filles, elle ne leur parlait pas, et à vrai dire, elles le lui rendaient bien. Pourtant, si on le lui avait demandé, elle eût pu dire bien des choses, sur les dernières modes sur lesquelles elles s’extasiaient : elle ne regardait ça que de loin, mais elle suivait toujours un minimum les dernières tendances. Un minimum seulement, elle avait autre chose à faire, et Maman lui parlait chiffon des heures durant chaque fois qu’elle la surprenait devant un défilé, si bien qu’elle tâchait au maximum de cacher ses visionnages. Elle savait bien qu’elle espérait qu’elle changeât d’avis, et renonçât à intégrer Newell, mais il fallait bien avouer qu’elle était têtue, et tenace. Défaut ou qualité, tout dépendait du point de vue. Le résultat était là, toujours : elle n’abandonnerait pas. Même si parfois, c’était plus difficile que d’autres.

      Il y avait eu cette fête à l’école, que toutes les filles attendaient avec impatience. Les conversations n’avaient tourné qu’autour de ça pendant des semaines, My’ ne pouvait pas ne pas les entendre. Mentalement, elle s’était forgée une idée des tenues que ses camarades avaient décidé de porter, et imaginait le schéma des couples potentiels – à en croire les aspirations pas toujours réciproques de tout un chacun... – sans prendre part aux discussions. Elle ne voulait pas y aller, mais Maman ne lui laissait pas trop le choix : il fallait qu'elle fasse comme tout le monde. Elle ne voulait pas avoir à s’habiller en fille encore, à faire semblant de passer une bonne soirée alors que personne ne lui adresserait la parole, pour changer. Entorse aux bonnes vieilles habitudes, Meghann l’avait laissée choisir sa tenue, puisque cette fois, il ne serait pas question d’une réunion officielle, où elle eût dû faire bonne impression sur les autres soldats, les supérieurs de Papa. Elle avait tenté, pourtant, au départ, de se fondre dans la masse et faire comme les autres. C’était ridicule, elle s’en était vite rendu compte. Elle toisait ses congénères de près d’une tête, feindre d’être comme les autres, porter la même chose que les vraies filles, c’était juste grotesque. Alors après avoir tenté pendant près d’une heure, rejetant ensemble sur ensemble, robe sur robe, elle avait fini par se décider à faire à sa manière.

      Ca n’avait pas été de la grande couture, loin de là, mais elle avait ajouté une touche personnelle à ce qu’elle portait d’habitude, si bien que rapidement, on n’y prêtait pas la moindre attention. Pourtant l’ensemble avait été retravaillé, le pantalon avait été raccourci, l’ourlet replié orné sur chaque extérieur de deux ailes stylisées constituées de sequins argentés. Le même motif ornait les manches de la chemise, elles aussi raccourcies et repliées aux trois quarts, et elle avait supprimé les boutons, les remplaçant par des cordons d’argent, simplement noués sur sa poitrine – inexistante, cela dit. Des ballerines noires complétaient l’ensemble, et il lui fallut un moment pour accepter son reflet dans le miroir, une fois qu’elle se fut décidée à détacher ses cheveux, les libérant de la queue de cheval qui les maintenait d’ordinaire hors de son visage.

      - Je peux entrer ?

      La voix de sa cadette l’avait tirée de ses contemplations – et de ses réflexions – peu joyeuses. Elle avait ouvert à sa petite soeur et s’était plantée face à elle pour affirmer :

      - Je peux pas y aller comme ça.
      - Pourquoi ?

      Visiblement, Kath ne comprenait pas. Mais elle ne pouvait pas comprendre, bien sûr. Face aux miroirs, leurs différences de morphologie étaient flagrantes, même si sa cadette était encore très jeune. Un soupir avait passé les lèvres de l’aînée comme elle se demandait ce que ce serait, plus tard, pour la elle-ne-savait-plus-combien-tième fois.

      - Elle est chouette ta tenue. Moi je trouve qu’elle te va bien. Oh ! Y a même des ailes d’ange !

      My’ avait seulement hoché la tête. Si on lui avait demandé pourquoi elle avait choisi ce motif ailé, elle aurait répondu qu’elle n’en savait rien, que c’était venu comme ça. C’était joli aussi. Surtout. Ca n’était pas comme si elle y croyait, aux anges, bien au contraire. S’il y avait eu un Dieu, là-haut, avec ces créatures ailées et tout, elle ne serait pas née fille, elle ne ressemblerait pas à ça. Pas alors que Kath était si jolie. Ou alors, c’était pour la punir d’avoir voulu être un garçon, d’avoir tout fait pour remplacer celui que Papa n’avait pas pu avoir ? Non... Il n’y avait pas d’anges dans le ciel, et il n’y avait rien de mystique à ce petit dessin sur ses bras et ses jambes. Elle avait haussé les épaules, jouant nerveusement avec une mèche de ses cheveux.

      - Tu crois que tu pourrais venir avec moi ?

      Kath l’avait dévisagée un moment. C’était si étonnant que ça qu’elle lui demande de l’accompagner ? Bon d’accord, ça l’était sans doute un peu. Elle redoutait la comparaison avec sa cadette, et pour une fois qu’elle pouvait l’éviter, elle cherchait à l’avoir auprès d’elle. Sa petite soeur était plus jolie, plus sociable, plus populaire... plus tout. Et pourtant, elle serait rassurée de l’avoir à ses côtés ce soir-là. Justement parce que les regards se tourneraient vers elle, comme d’habitude. Et parce qu’on l’oublierait un peu comme ça. Paradoxal ? Un peu. Mais c’était plus facile de voir les gens s’extasier sur sa cadette - elle en avait l’habitude, même si c’était parfois douloureux - que de devoir supporter leurs regards sur sa silhouette.

      - Je sais pas... Si tu veux... Et si ils veulent bien...

      Ils, c’était autant pour les autres élèves que pour leurs parents. Et ça n’avait pas été facile de leur faire accepter. Aux parents, bien plus qu’autres autres élèves. Parce que les autres, ils avaient presque tout de suite accepté Kath et sa joie de vivre, et son enthousiasme. Non, le plus difficile avait été de convaincre leurs parents, de passer outre la rigidité de Papa et l’instinct surprotecteur de Maman. Elle avait dû promettre un nombre incalculable de fois qu’elle veillerait sur sa cadette, qu’il ne lui arriverait rien – comme si elle avait besoin qu’on lui rappelle son rôle de grande soeur – et il avait fallu plusieurs séances de suppliques pour qu’ils la laissent venir avec elle.

      - Tu me feras un truc à me mettre, à moi aussi ?

      Ca, elle ne l’avait pas prévu. Mais en même temps, elle ne pouvait pas le lui refuser. Faute de temps, elle n’avait pu lui modifier qu’un haut : Elle avait découpé l’encolure et le bas d’un débardeur noir de façon irrégulière, ne gardant qu’une bretelle et rendant le vêtement parfaitement asymétrique, les mêmes ailes d’anges ornant la hanche gauche, au-dessus des découpes – ça avait eu l’air de lui plaire, ce petit détail. Et Kath avait été ravie, elle l’avait aussitôt enfilé, décrétant que c’était son haut préféré, en lançant un sourire radieux à son aînée.

      La soirée ne s’était pas vraiment bien passée. Mais elle s’y était attendue, à vrai dire. Seule dans un coin de la pièce, elle avait observé les va-et-vient, les interactions entre les autres sans y prendre part. Et personne n’était venu pour l’intégrer à un groupe quelconque. La plupart des filles étaient venues accompagnées, et quelques garçons en bande observaient les rares solitaires. Les autres, en tout cas, car les regards glissaient sur elle, comme si elle n’avait pas été présente. Une fois, seulement, l’un d’eux avait regardé dans sa direction, et s’était tourné ensuite vers ses petits camarades pour se moquer de la géante. Ca, elle en avait l’habitude. Et à la limite, elle s’en fichait. Ca ne la laissait pas complètement indifférente, bien évidemment, mais c’était toujours comme ça, ça ne changeait pas. Son pote, en revanche, qui avait commencé à émettre des idées peu avouables concernant Kath, c’était autre chose. Elle s’était levée, avait rejoint le groupe et attrapé sans hésiter le bras du type en question, lui faisant une clé de bras qui l’immobilisait devant elle.

      - Une fois, pas deux. Tu touches à ma soeur, tu dis adieu à ton bras. Et ça vaut pour tout le monde.

      Ils avaient peur. Elle l’entendait : leurs coeurs battaient trop vite, leurs respirations étaient trop saccadées. Ils avaient peur. Et tant mieux. Elle était retournée à sa place, entendant leurs murmures.

      - Elle était sérieuse, tu crois ?
      - C’est pas à toi qu’elle a tordu le bras. Moi je veux pas tenter le diable.
      - Mais vas-y, c’est bon quoi, on a tous des pouvoirs, non ?
      - Ouais super, je me transforme en brume une fois sur deux où je le veux. Et même si ça marche, après quoi ? Je vais pas passer mon temps à l’esquiver.
      - Et moi je vois pas l’intérêt de lui verser en gros un verre d’eau sur ses fringues. On maîtrise pas suffisamment, et elle, elle prend des cours d’arts martiaux depuis des années.
      - Comment tu sais ça toi ?
      - Je connais un type qui a été avec elle en cours. C’est une vraie furie. Même lui qu’en fait depuis longtemps, il veut pas être face à elle. Et de ce que je viens d'en voir, je veux pas non plus. Qui voudrait en même temps ? Tu te vois côtoyer la géante, toi ?
      - Tu veux dire, sortir avec ? Même pas en rêve... Dommage pour sa soeur par contre, elle était bien mignonne...


      My' s’était rassise en silence, les bras croisés sur son absence de poitrine, le regard vide. Elle n'aimait pas les entendre parler comme ça. Pourquoi ça leur semblait si bizarre qu'elle se donne à fond dans ce qu'elle faisait ? Parce que c'était un art martial et qu'elle était une fille ? Et après ? Ils étaient tous comme ça, les garçons ? Elle ne comprenait décidément pas cette différence qu'ils faisaient toujours entre les sexes à ce niveau-là. Et puis ses yeux s'étaient posés sur la piste. Kath dansait au milieu d’autres filles, et un sourire effleura les lèvres de son aînée. Ils pouvaient bien dire tout ce qu’ils voulaient, finalement. Tant que Kath était bien, c’était l’essentiel. Même si elle n’en finissait plus d’entendre ces comparaisons peu glorieuses. Même si elle regrettait de ne pas être à sa place. Même si elle l’enviait, oui, aussi, de tout ce qu’elle avait et pas elle. Mais Kath souriait, Kath s’amusait. Et c’était tout ce qui importait. Et elle, elle continuait, et continuerait, à la regarder, à l’envier aussi, et à veiller sur elle, surtout.


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MessageSujet: Re: Myriam Michigan - Black Hole   Myriam Michigan - Black Hole EmptyLun 7 Sep 2009 - 1:27

    { Autobiographie } (suite)
    Myriam Michigan - Black Hole Icomy11 Myriam Michigan - Black Hole Icomy12

      My Vietnam - Pink

      What do you expect from me?
      What am I not giving you?
      What could I do for you to make me ok in your
      Eyes?

      This is my Vietnam
      Im at war
      They keep on dropping bombs
      And I keep score

      Spoiler:



      ~ This Is My War, And I'll Never Give Up

      Elle était venue, une fois, pour des portes ouvertes. Elle savait bien que Papa avait espéré que ça lui ferait peur. Il n’imaginait pas être si loin de la vérité. Parce qu’au contraire, ça n’avait fait qu’affirmer sa détermination. Elle avait vu – de loin certes, mais elle avait vu un peu – certains entraînements, elle avait assisté à une partie d’un cours sur la maîtrise des pouvoirs, elle avait arpenté les couloirs… Et elle avait croisé James Miller. Une recrue récente. Il était là depuis un an – elle avait entendu une autre gamine en discuter avec sa copine en le voyant passer – et My’ avait suivi sa silhouette du regard, un instant. Oh ! Non, elle n’avait pas été de ces filles, qui gloussent avec leurs copines, et pour cause, elle n’avait pas de copine. Mais son visage restait gravé dans sa mémoire. Et sa voix aussi, surtout, lorsqu’il avait salué son père avec toute la déférence qu’il devait à un instructeur. Elle ne pouvait pas expliquer pourquoi son cœur s’était mis à battre plus rapidement ce jour-là. Ou plutôt, à l’époque, elle ne savait pas l’expliquer. Mais elle ne pouvait pas oublier non plus. Et plus encore, elle s’était acharnée pour pouvoir entrer à l’Académie, et, à défaut de lui parler vraiment, au moins pouvoir le revoir.

      Papa lui avait commenté avec force détails peu ragoutant certaines missions qu’il avait eu l’occasion d’entreprendre. Il lui avait parlé de certains tests qu’il avait fait passer. Il lui avait évoqué certains cours, particulièrement difficiles à supporter, espérant la décourager, encore, et encore, et encore. Il n’avait toujours pas compris qu’il lui donnait tous les éléments pour se préparer davantage ? Parce que pour la décourager, il fallait plus que ça. Beaucoup plus. Et peut-être que si Kath lui avait voisé sa détresse, elle eût changé d’avis. Sans doute même que c’était là la seule chose qui eût pu la détourner de la voie qu’elle s’était tracée. Mais sa sœur ne lui avait jamais parlé de ce qu’elle ressentait, et elle ne saurait pas, à quel point elle avait été malheureuse dans leur chambre vide. Et rien n’avait pu entamer sa détermination, donc.

      Le jour de son test était arrivé, et elle n’avait pas cédé. Même quand il avait fallu combattre Papa, qui lui avait indiqué que oui, les pouvoirs étaient acceptés, et qu’il n’hésiterait donc pas à user de sa force surhumaine contre elle. Oui, il l’impressionnait, mais elle ne lui en avait rien montré. Et il lui avait laissé l’occasion de le malmener avec son pouvoir, et elle ne s’était pas faite prier, comme si, quelque part, elle en profitait pour se venger de toutes ces années de mépris de sa part.

      Il avait cru parvenir à la faire flancher sur les questions pièges ? Il ne la connaissait vraiment pas. Il lui avait laissé voir un test. Elle avait une certaine notion de ce qu’on pouvait demander. Et si elle ne pouvait pas savoir à l’avance quelles questions exactement il allait lui poser, elle savait qu’il essaierait de toucher les cordes sensibles. Si Kath, ou Maman, ou lui, devenait errant, que ferait-elle ? Bien sûr qu’elle n’hésiterait pas. Si elle avait peur de la mort ? Comme tout le monde. Mais, elle préférait se la donner que de devenir errante. Il avait rebondi là-dessus, lui demandant ce qu’elle ferait, si elle se savait condamnée, si elle comprenait qu’elle était devenue errante. Il ne l’avait pas crue, quand elle lui avait répondu. Et pourtant, elle était sincère. Tout, mais pas ça. Elle ne deviendrait pas une de ces aberrations. Et elle l’avait défié de lui prouver le contraire, quand il avait suggéré que ce n’étaient là que des paroles. Elle lui avait même proposé d’utiliser quelqu’un d’un disposant d’un pouvoir de persuasion. Il avait hésité. Elle ne saurait jamais quelle avait été la raison exacte de cette hésitation. Tout ce qu’elle savait, c’était qu’une voix avait retenti dans la pièce, pour leur signifier que ça suffisait. Elle n’avait pas cherché plus loin. Elle s’était levée, et était sortie. C’était une victoire sur son père. Et ça valait tout l’or du monde. Et elle allait entrer à Newell, n’est-ce pas ? Ils ne pouvaient pas lui refuser, n’est-ce pas ? Elle avait battu son père, un instructeur. Elle était digne d’y entrer, à l’Académie, même si lui s’y opposait encore, non ?

      Elle avait été angoissée, pourtant, bien qu’elle fît son possible pour n’en rien montrer, en attendant les résultats. Et quand on lui avait annoncé la nouvelle, elle avait hoché la tête, et souri, simplement. Elle avait gagné une bataille, mais pas la guerre. Elle était acceptée, mais elle serait pour l’heure simple recrue. Il faudrait qu’elle continue. Qu’elle devienne une Warrior, vraiment, pour gagner sa guerre contre son père. Et d’ici là, elle continuerait à travailler dur. Elle avait toujours fait ça. Elle n’était simplement pas capable d’arrêter.


      21 juin 2269

      Il y avait eu cette soirée, où Kath avait annoncé qu’elle souhaitait intégrer, elle aussi, les Black Warriors. Le cœur de My’ avait manqué un battement quand elle avait entendu sa sœur l’annoncer à leur père. Elle était sérieuse. Mais elle ne pouvait pas l’être. Elle était… magnifique dans cette robe antique de blanc et d’or. Elle était… une femme, une vraie. Adolescente encore, peut-être, mais belle et féminine et… Elle ne devait pas subir ça. Mais comment pouvait-elle l’en empêcher ?

      Elle était venue, ce soir-là, parce qu’elle n’avait pas le choix. Elle était une recrue, maintenant, comme toutes les autres recrues invitées. Et elle ne pouvait pas transgresser les ordres. Et de la hiérarchie, et de son père, qui en faisait partie. Pas cette fois. Tenir tête à son père, elle pouvait, tant que c’était dans le cadre familial. Transgresser un ordre de sa hiérarchie, c’était autre chose. Et il lui avait fallu porter un costume, pour l’occasion. Elle avait hésité, un moment. Avant d’opter pour un costume de dandy d’un siècle passé. Un costume d’homme, oui. Parce que c’était ce qu’elle eût dû être, n’est-ce pas ? Un homme, pour représenter dignement la famille. Avec fausse moustache postiche. Oui parce que tant qu’à faire, elle avait été jusqu’au bout. Ses cheveux plaqués en arrière, un catogan retenant la longueur, elle avait tout d’un gentleman, si ce n’était ses traits et sa carrure trop fins. Et elle aurait été prête à parier qu’une fois encore, Papa avait honte d’elle, si elle avait ne fût-ce qu'à un moment, pu croiser son regard. Mais il l'avait superbement évitée, et ignorée. Quoi qu’elle fît, ne parviendrait-elle donc jamais à le rendre fier d’elle ? Elle avait beau redoubler d’efforts, être irréprochable, tant en cours qu’en mission, tant sur l’aspect maîtrise de pouvoir que combat pur, que sur tout ce qu’on lui demandait, en fait, jamais il n’y avait eu cet éclat dans son regard, ce petit quelque chose qui voulait dire "je suis fier de toi, ma fille" et elle savait déjà qu’elle ne l’y trouverait jamais. Et il lui en faisait baver, même, bien davantage qu’à quiconque. Les autres savaient pertinemment que dès qu’il faudrait quelqu’un pour essuyer les pots cassés, ce serait pour sa pomme. Les exemples où il risquait d’y avoir de la casse, c’était pour elle. D’ailleurs, elle avait fini à l’hôpital avec une jambe méchamment fracturée une fois… Et elle ne comptait plus les blessures de moindre envergures qu’elle avait subies sous les coups de son propre père. Mais jamais elle ne baissait les bras. Et il l’atteignait de moins en moins souvent, à vrai dire. Parce qu’elle commençait à le connaître, à force.

      Et parce qu’elle commençait à le connaître, et pas seulement sur le terrain, elle avait vu cette étincelle d’admiration dans son regard quand sa cadette était entrée, merveilleuse. Elle était venue la complimenter, comme un gentleman, simulant un baise-main qui les avaient faites rire un instant. Elle avait invité Kath à danser, aussi, lui précisant par contre qu’elle était un piètre danseur, et qu’elle risquait de lui écraser les pieds. Pour quelques minutes, le temps d’une danse au moins, ça avait été une bonne soirée. Même si le chemin du retour avait été un véritable calvaire. Ce soir-là, elle devait retourner à la maison. Et bien qu’elle fût ravie de passer la fin de soirée avec sa sœur, de pouvoir de nouveau passer un peu de temps avec elle, ne serait-ce que pour un soir, il lui fallait aussi supporter l’avis de son père, et sous son propre toit. Autant dire qu’elle n’aurait pas son mot à dire…

      Mais elle était bien loin d’imaginer ce qui allait se passer. Parce que Kath avait fait son annonce donc. Une annonce qu’elle eût souhaité ne jamais entendre, et pour la première fois, réellement, elle avait renié son pouvoir. Elle avait tout entendu de leur conversation. Assise dans leur ancienne chambre, une photo qui trônait sur la table de chevet de sa sœur en main, elle avait attendu le retour de sa cadette, épiant ce qui se déroulait dans une pièce plus loin.

      - Dis-toi simplement que nous t'admirons tellement que nous avons voulu suivre tes traces et nous montrer dignes de toi...

      Elle n’aurait jamais pu dire ça. Pas parce qu’elle ne pouvait pas tenir tête à son père, elle le faisait à sa manière, mais parce qu’elle n’était pas d’accord. Et que même avec toute l'ironie que Kath y avait mis, elle n'aurait pas pu prononcer ces mots. Cela faisait bien longtemps que l’admiration n’existait plus dans le regard de My’ lorsqu’elle le posait sur son père. Parce qu’elle avait le sentiment qu’il la haïssait, et que quoi qu’elle fît, elle fût toujours vouée à le décevoir, quels que fussent ses choix. Elle ne voulait plus être digne de lui, elle voulait simplement qu’il reconnût, un jour, qu’avoir des filles n’était pas forcément une honte en soi. Et plus le temps passait, et plus elle songeait que Kath serait à jamais seule à pouvoir, peut-être, un jour réaliser cet exploit. Elle, elle continuerait pour elle, pour avoir le sentiment de valoir quelque chose. Parce que quoi qu’elle fît, ça ne serait jamais assez suffisant, manifestement.

      Les propos de sa cadette avaient dû piquer leur père au vif, pourtant, mais la gifle qu’elle s’était attendue à entendre retentir ne vint jamais. Un soupir de soulagement avait passé ses lèvres avant qu’elle ne s’allongeât sur son ancien lit, le regard rivé sur le plafond. Kath était déterminée. Personne ne lui ferait changer d’avis, pas même elle. Et que pouvait-elle lui reprocher ? Elle n’avait rien à dire contre les Black Warriors, bien au contraire. C’était toute sa vie, à elle, ou presque. Mais Kath… elle eût tellement mérité une vie plus facile… Pourquoi n’avait-elle pas pu lui éviter ça ? Qu’avait-elle échoué encore pour que sa cadette n’envisageât pas d’autre alternative ?

      - Hey… Joli coup d’éclat… lui avait-elle soufflé lorsqu’elle avait regagné leur chambre. Je suppose que t’es sûre de toi… Je suis là si t’as besoin d’un coup de main… Même quand je suis là-bas…

      Elle lui avait souri. Elle était sincère. Quoi que sa sœur eût pu demander, elle eût tenté d’y subvenir. Quoi qu’elle eût pu redouter, elle était là pour la rassurer. Mais aucun appel angoissé, aucune demande incongrue ne vint l’éveiller en plein nuit ou la tirer de ses cours. Kath se débrouillait très bien toute seule. Ou était trop fière pour se tourner vers elle. Elle ne pouvait pas lui en jeter la pierre. Mais elle se sentait une fois de plus inutile. Elle qui avait toujours voulu protéger sa cadette était-elle donc à ce point bonne à rien ?


      9 septembre 2269

      L’approche de son test avait été pire que tout. Elle ne pouvait pas le lui éviter, encore moins qu’elle n’avait été capable de lui faire changer d’avis. Et elle y avait assisté, dissimulée derrière la vitre teintée, redoutant ce dont elle se souvenait de sa propre arrivée. Il avait corsé le test, en mêlant combat et interrogatoire. Cherchait-il à lui faire perdre sa stabilité, tout comme il n’avait pas cru à la sienne à son arrivée ? Kath ne lui avait pas laissé de répit, et elle avait répondu, et attaqué, et contre-attaqué, sans faille, sans hésitation. Myriam était fière, terriblement fière. Plus encore que lorsqu’elle avait elle-même réussi ces épreuves-là. Sa sœur avait tout de la parfaite recrue. Et en même temps elle était déçue. Si elle avait échoué, elle eût vécu une vie plus normale, non ? Mais elle n’avait pas échoué. Et il n’y eût pas besoin de voix off pour intimer à leur père de mettre fin au test. Et dès qu’elle l’avait rejointe, Kath s’était jetée dans les bras de sa grande sœur, qui les avait refermé autour des épaules de la candidate. Musclées, certes, mais qui lui semblaient si minuscules. Elle y était, oui. Leurs destins étaient liés, plus qu’elle ne l’eût souhaité, à présent. Elle aimait sa sœur, elle l’avait toujours admirée. Mais elle savait pertinemment qu’à présent, elle ne pourrait pas toujours la protéger. Et c’était sans doute la chose la plus difficile à supporter, la bataille la plus difficile à perdre, pour la grande sœur protectrice qu’elle était.

      Si ça avait seulement été la seule des batailles qui avait fini en défaite ! Elle n’avait jamais pu avoir la victoire qu’elle avait longtemps espéré, de voir un jour une pointe d’admiration dans le regard, voire, ô miracle, recevoir le moindre compliment de sa part. Jamais il n’avait manifesté la moindre fierté, et les années d’entraînement, avant qu’elle ne passât finalement Black Warrior, avait été un véritable calvaire. Elle ne les effacerait pour rien au monde, cependant, ces années, parce que c’était aussi ce qui l’avait forgée. Parce qu’elle était devenue plus forte, et plus résistante, et parce qu’elle faisait ce qu’on lui demandait, en tant que Warrior, et qu’elle le faisait bien. Mais cette bataille-là, non plus, elle n’avait pas pu la gagner, comme elle avait commencé à s'en douter depuis quelques temps, déjà. Parce que même au moment de sa retraite, même alors que lui-même quittait les Warriors, jamais il n’avait fini par admettre qu’elle valait quelque chose, bien qu’elle fût une femme. Et quoi qu’elle refusât de l’admettre, cette blessure-là, d’enfance, ne parvenait pas à se refermer, et laissait, et laisserait sans doute toujours, une marque profonde, indélébile, une certaine rancœur, qu’elle ne parviendrait pas à effacer de sitôt. Qu'elle n'effacerait même sans doute jamais.


Dernière édition par Fiona - Admin le Sam 26 Sep 2009 - 9:52, édité 20 fois
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Myriam Michigan - Black Hole Empty
MessageSujet: Re: Myriam Michigan - Black Hole   Myriam Michigan - Black Hole EmptyLun 7 Sep 2009 - 1:27

    { Autobiographie } (suite)
    Myriam Michigan - Black Hole Icomy13 Myriam Michigan - Black Hole Icomy14

      New - No Doubt

      New, you're so new
      You, you're new
      And I never had this taste in the past

      Don't let it go away
      This feeling has got to stay
      And I can't believe I've had this chance now
      Don't let it go away

      Spoiler:


      ~ Don’t Let It Go Away, This Feeling Has Got To Stay
      12 octobre 2271

      My' s'était réfugiée en salle d'entraînement. Outre sa chambre emplie de ses créations, c'était l'endroit où il était le plus fréquent de la trouver, l'endroit où elle se défoulait, relâchait la pression - qu'elle se mettait toute seule à vrai dire - et extériorisait tout ce qu'elle ne disait pas. Et ce jour-là, elle avait besoin de se défouler, davantage encore qu'à l'ordinaire. La salle résonnait des coups portés sur les sacs de frappe, et des bruits secs de ses membres fendant l'air à l'assaut d'un ennemi invisible.

      James s'était marié. Elle savait pourtant depuis longtemps qu'elle ne lui dirait rien, que jamais elle n'évoquerait ouvertement son admiration pour lui et les sentiments qu'elle éprouvait depuis qu’elle l’avait croisé pour la première fois, bien avant d’entrer à Newell. Jamais. Parce qu'il était son supérieur. Parce qu'elle était un soldat, et qu'elle ne devait pas laisser ses sentiments interférer sur son travail. Parce qu'elle était le fils que son père n'avait pas eu, et que ça ne laissait pas de place à la romance. Même quand elle l’avait vu avec d’autres filles, et d’autres recrues, encore, elle n’avait pas été aussi frustrée. Elle n’avait rien dit, parce qu’elle ne disait jamais rien. Mais aujourd’hui, c’était différent. James s'était marié, et savoir qu'elle ne lui dirait rien était une chose, qui n'empêchait pas les rêves qui la hantaient la nuit. Le voir s'engager et avoir la certitude que plus rien, jamais, ne pourrait arriver, c'en était une autre, plus difficile à encaisser.

      My' n'était pas vraiment du genre expansif, elle n'avait que rarement conversé avec ses autres collègues. Elle retouchait leurs uniformes lorsque c'était nécessaire, faisait le point sur les prochaines missions de façon tout à fait professionnelle, mais ça ne quittait jamais le domaine professionnel justement, aussi ne pouvait-elle décemment pas dire qu'elle connaissait réellement ses camarades. Elle savait de quoi ils étaient capables, leurs pouvoirs et leurs points forts, leurs faiblesses et leurs peurs parfois. Elle ne cherchait pas à en apprendre davantage. Ce qu'elle savait de leur vie privée se limitait à ce que son ouïe lui laissait entendre des ragots de certains collègues, avant qu'elle ne bride son pouvoir : ça ne la regardait pas. Mais c'était ainsi qu'elle avait entendu parler du mariage. Et si elle s'efforçait de faire comme si de rien n'était, à elle-même, elle ne pouvait pas mentir, elle ne pouvait pas se dire que ça ne lui faisait rien.

      Elle avait tenté de faire l’impasse, mais ça avait été sans compter les directives paternelles, qui voulaient que ses filles, en tant que Black Warriors et filles de Black Warrior, assistent aux noces de leur supérieur. Et en tenue correcte, s’il vous plait. Le calvaire pour Myriam, qui avait dû renoncer aux ensembles moulants qu’elle affectionnait particulièrement, à la couleur noire, même, qui constituait l’essentiel de sa garde robe. Black Wings ne s’appelait pas Black pour rien. Kath avait réussi à faire accepter une des tenues qu’elle lui avait confectionnées, pourtant noire, elle ne savait trop comment. Elle, elle avait dû choisir une autre couleur, puisque ni le blanc ni le noir ne pouvaient convenir. Alors elle avait opté pour le gris - il n’imaginait quand même pas qu’elle allait porter des couleurs vives, non plus ? Un gris perle qui constituait une robe de soie ornée au col, aux manches et au bas d’un liseré noir, et imprimée d’une grosse fleur noire. Une vraie robe de petite fille modèle, qui l’avait faite grimacer devant le miroir. Pour elle qui cherchait au maximum à dissimuler sa féminité, c’était raté. Mais il avait fallu en arriver là pour contenter leurs parents, et tant que Papa ferait partie des Black Warriors, elle n’aurait pas d’autre choix que de se plier à ses ordres. Un mauvais souvenir, que cette journée, à bien des niveaux... et un souvenir qu'elle chérit, pourtant, également.

      Elle s'entraînait, donc. Ou plus exactement défoulait ses frustrations en combattant cet ennemi imaginaire malmené par ses pieds et ses poings, tendus par la rage, aussi vifs que si sa vie en avait dépendu.

      Et il était entré. Un collègue Black Warrior. Un ami de James. Qui était là au mariage, qui était venu discuter avec elle, lui demandant ce qu’elle faisait là, toute seule dans son coin. Elle n'avait que peu parlé, de son côté, comme avec les autres en somme, redoutant qu’il eût surpris certaines expressions sur son visage lorsque son regard se posait sur un James, radieux, au bras de sa chère et tendre. Mais elle avait quand même fini par lui avouer qu’elle n’était pas à sa place ici, et elle le pensait réellement. Il lui avait tenu compagnie, et il fallait bien avouer que ce jour-là, même si elle avait voulu être seule à l'origine, ça lui avait fait du bien de ne pas ressasser uniquement ses sentiments refoulés, voués à la déception. Elle savait qu'il était plus gradé qu’elle, que son pouvoir lui permettait une résistance corporelle accrue, et la génération de feux d'artifice. Elle connaissait son nom de code presque davantage que son vrai nom. Fireworks.

      Elle s'était arrêtée, à peine avait-elle entendu la porte s'ouvrir, avant de le voir. Elle lui faisait face, sur la défensive, mais s'était un peu détendue en le reconnaissant.

      - Hey... Ca te dérange pas, que je m'entraîne avec toi ?
      - Je t’en prie… Si tu n’as pas peur de te faire humilier par une fille.
      - Pas le moins du monde... A moins que cette jeune fille n'ait peur de se mesurer à quelqu'un comme moi ?

      Un léger sourire avait étiré ses lèvres, et elle lui avait fait signe d'approcher, prête à en découdre. Il était son supérieur, mais elle n'était jamais vraiment inquiète. Au contraire, c’était une occasion inespérée de lui montrer ce dont elle était capable. Elle n’avait pas eu peur de se battre contre son père, à l’entrée à Newell, il n’y avait pas de raison pour qu’elle craignît quoi que ce fût aujourd’hui. Elle l’avait laissé venir, parant sans trop de difficulté les premiers coups, contre-attaquant aussitôt, des coups qu’il parait à son tour...

      - Tu te débrouilles plutôt bien.

      Elle n’était pas du genre bavard, encore moins pendant l’entraînement, mais puisqu’il lui adressait la parole, elle se devait bien de lui répondre, n’est-ce pas ?

      - Et t’es pas trop mal non plus…

      Ambiguë, sa réponse ? Oui, et volontairement. Ca n’était que la stricte vérité, de tout façon : il se débrouillait vraiment bien en combat rapproché – elle n’en avait pas attendu moins à vrai dire – et oui, il était bel homme. Elle avait beau tout faire pour se comporter comme les hommes, elle n’en restait pas moins une jeune femme, et elle n’était pas aveugle non plus. Mais si elle avait affirmé ça du tac au tac, c’est qu’elle avait bien espéré profiter d’une seconde d’inattention pour rompre leur évidente égalité jusque-là. Quoi qu’elle fît, il parait. Quoi qu’il fît, elle parait. Mais ça avait eu l’effet escompté : il avait perdu sa concentration ne serait-ce qu’une fraction de seconde – et esquissé un sourire ? - et elle avait tenté une offensive. Il s’était repris suffisamment rapidement pour parer malgré tout son attaque, et elle avait souri à son tour : il avait sans doute compris le but de sa remarque à présent, et il contre-attaquait, encore, et encore, et encore. Si lui n’appréciait que moyennement le combat à mains nues sur le terrain, pour My’, c’était devenu une seconde nature. Les arts martiaux étaient tout autant une arme qu’un défouloir, un hobby qu’un outil de travail. Certes, ça n’était jamais très bon quand on se retrouvait au corps à corps avec un errant, mais pour elle, c’était juste indispensable. Et ça se ressentait sans doute dans sa façon de combattre : elle se donnait à fond, toujours. Comme dans tout ce qu’elle faisait en réalité. Il n’y avait que comme ça qu’elle pouvait prouver ce qu’elle valait.

      Et cette fois, c’était elle qui avait été surprise. Il avait attaqué d’une manière qu’elle n’avait pas pu anticiper, pour laquelle elle avait été incapable de réagir suffisamment rapidement. Ca n’avait rien à voir avec les techniques qu’on leur enseignait ici, ça n’avait rien à voir avec les arts martiaux qu’elle connaissait, c’était encore autre chose, et elle s’était tellement attendue à ce qu’il se cantonne à ce qu’ils faisaient à l’Académie qu’elle n’avait pas été suffisamment attentive. Elle tombait, et... il la retenait ? Elle n’en était pas certaine, mais s’il avait voulu la ménager de quelque sorte que ce fût, il en était tout simplement hors de question. Hors de question également qu’elle se laissât tomber sans réagir, et elle avait fait en sorte qu’il perdît à son tour l’équilibre. Ce qu’elle n’avait pas prévu, c’était qu’ils finiraient ainsi : dans la chute, elle s’était retrouvée allongée au sol, et il n’avait eu le temps que de plaquer ses mains autour de son visage pour ne pas s’étaler complètement sur elle. Le souffle court, elle était restée immobile, ses yeux plongés dans les siens. Et il ne bougeait pas non plus. Et elle entendait son coeur battre la chamade. Son coeur autant que le sien. L’adrénaline du combat ? Ca devait être ça, ça ne pouvait être que ça, n’est-ce pas ?

      Pourquoi ne se relevait-il pas ? Pourquoi ne bougeait-il pas ? Pourquoi son coeur ne se calmait-il pas non plus ? Elle ne comprenait pas. Et elle ne comprit pas plus ce qui se passait quand son visage s’approcha du sien, et qu’il vint déposer un baiser sur ses lèvres. Incapable de réagir, elle était restée inerte, les yeux grand ouverts, paralysée par la surprise. C’était impensable. Pourquoi faisait-il ça ? Elle n’était qu’une collègue avec laquelle il avait discuté au mariage de James quelques temps, ça n’avait aucun sens. C’était... C’était... C’était agréable, et tendre, et doux. Et ça n’avait rien à voir avec ce qu’elle connaissait. La tendresse, la douceur, ça n’était pas pour elle, ça ne faisait plus partie de sa vie depuis bien longtemps. Elle eût sans doute dû le repousser, rompre cette étreinte et ce baiser... elle en était incapable. Une part d’elle-même rejetait en bloc ce contact, une autre ne voulait pas que ce lien fût brisé... et pourtant il le fut bel et bien.

      Car il s’était relevé. Il avait détourné le regard. Il s’était éloigné d’elle.

      - Pardon.

      Pardon ? Il venait de lui voler un baiser, et tout ce qu'il trouvait à dire, c'était pardon ? Il venait de lui voler son premier baiser, même, et c'était tout ce qui passait ses lèvres ? Elle l'observait, ne comprenant pas le moins du monde ce qui venait d’arriver, écoutant son coeur qui battait la chamade, et le sien qui le lui rendait bien. 'Pardon'... Si son pouls s'était à ce point accéléré, était-ce à cause de la culpabilité ou d'autre chose ? Ca ne pouvait pas être une maladresse, il avait eu tout le temps de se rattraper, il avait eu tout le temps de rapprocher son visage du sien. Alors pourquoi lui demandait-il pardon ? Il n’avait pas voulu ce baiser ? C’était pourtant lui qui le lui avait donné. Elle ne comprenait pas. Elle ne comprenait vraiment plus rien. Et elle s’était relevée, immobile face à lui, attendant sa prochaine réaction, son propre regard neutre braqué sur lui. Il n’y avait rien à y voir parce qu’elle ne savait pas ce qu’elle devait comprendre de ce qu’il venait de se passer, et qu’elle ne savait donc pas le moins du monde comment réagir.

      Alors non, elle n’allait pas se moquer de lui. Il n’y avait rien de risible dans tout ça, ça ne lui avait même pas traversé l’esprit. Et non, elle n’était pas en colère. Pas encore. Elle était juste... perplexe. Elle voulait comprendre. En colère, elle pourrait l’être s’il lui disait là maintenant tout de suite qu’il n’en avait rien à faire, que c’était juste comme ça, qu’on pouvait oublier. Ca, elle ne pourrait pas l’oublier, elle en était certaine. Mais il n’avait rien dit, et son coeur battait toujours aussi vite. Et il la fixait, et elle sentait son propre coeur prêt à sortir de sa poitrine. Et il se rapprochait, finalement, ses yeux plongés dans les siens, jusqu’à s’arrêter, tout près d’elle, autant qu’ils l’avaient été au sol auparavant. Respirer, il fallait qu’elle respire. Depuis combien de temps avait-elle ainsi retenu son souffle ? Aucune idée, mais elle dut se forcer à reprendre une inspiration, comme si ça n’avait plus rien de naturel.

      Il levait les mains à présent, presque trop tard. Du vert, du rouge, du bleu, tout autour d’eux... Et le tonnerre de leurs deux coeurs résonnant à ses oreilles. Fireworks. Il... Il perdait le contrôle ? Si proche de lui, elle sentit ses jambes trembler, poupée de chiffon prête à s’écrouler. Elle était plus forte que ça, n’est-ce pas ? Peut-être pas, finalement. Elle tremblait de tout son être. Est-ce qu’il s’en rendait compte ? Et quand ses lèvres se posèrent de nouveau sur les siennes, elle enlaça sa taille, s’y raccrochant comme à une bouée de sauvetage. Qu’est-ce que c’était, déjà, que cette histoire qu’elle avait dû raconter à Kath, lorsqu’elles étaient petites ? Une histoire de prince et de princesse, avec des feux d’artifices et des papillons dans le ventre... Elle ne savait plus trop bien. Tout ce qu’elle savait, c’était qu’ils étaient là, les feux d’artifices, tout autour d’eux. Et que les papillons n’avaient pas simplement investi son ventre, mais son corps entier, aussi léger, aussi fragile à cet instant qu’une nuée de ces insectes aux ailes aussi colorées que les rayons qui les encerclaient.

      Et qu’elle ne voulait pas que ça s’arrête.


Dernière édition par Fiona - Admin le Sam 26 Sep 2009 - 9:52, édité 15 fois
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MessageSujet: Re: Myriam Michigan - Black Hole   Myriam Michigan - Black Hole EmptyLun 7 Sep 2009 - 1:27

    { Autobiographie } (suite)
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      Conversation with my 13 year old self - Pink

      The pain you feel is real you're not asleep but it's a nightmare
      But you can wake up anytime
      Oh don't lose your passion or the fighter that's inside of you
      You're the girl I used to be
      The pissed off complicated thirteen year old me

      Spoiler:


      ~ To The Girl I Used To Be : Everything Will Work Out Fine, You'll See...

      Et ça ne s’était pas arrêté.

      Oh, certes, après elle ne sait plus combien de baisers, il s'était éloigné d'elle, lui avait souri et l'avait laissée regagner les vestiaires, mais ils s'étaient revus, et revus, et revus... et ça n'avait rien à voir avec les missions. Elle avait craint que ça ne fût pas le cas, pourtant, et sous la douche, s'était demandée un nombre incalculable de fois si elle n'était pas en train de rêver, si elle n'allait pas se retrouver comme une idiote à aller vers lui la prochaine fois qu'ils se croiseraient. La prochaine fois. Aller vers lui. Myriam, qui allait d'elle-même vers quelqu'un, et pas pour lui casser le figure... C'était la fin du monde, non ? Et si lui avait eu un sourire niais plaqué sur le visage en la quittant ce jour-là, à l'évidence, elle n'était guère plus discrète.

      - OK, Mimi, qu'est-ce qu'il s'est passé ? C'est quoi la bonne nouvelle ? T'as jamais été aussi radieuse... lui avait demandé Kath, à peine avait-elle passé le seuil de leur chambre ce soir-là.

      L'instant de surprise passé - elle était donc si transparente que ça, elle qui cachait toujours ses émotions derrière un masque neutre, d'ordinaire ? - elle avait fini par sourire à sa cadette et lui répondre :

      - Dean Stanford...

      Sa sœur lui renvoya son sourire, il n'y avait pas vraiment besoin d'expliquer davantage. Et de toute façon, elle ne comptait pas lui donner plus de détail non plus. Ce soir-là, elle n'avait pas cessé de penser à ses lèvres si douces, aux feux d'artifices qui lui avaient échappé, à ses bras qui la retenaient, aux battements de leurs cœurs. Si c'était un rêve, elle n'avait pas envie de se réveiller. Pour une fois dans sa vie, elle avait le sentiment d'avoir droit à un petit bout de bonheur. Pour une fois dans sa vie, quelqu'un la désirait, telle qu'elle était. Il n'y avait eu aucune condescendance, aucun mépris, aucun rejet de quelque sorte que ce fût dans le regard de Dean. Et il n'y avait pas juste la reconnaissance d'un travail bien fait, ou l'admiration sans bornes de sa cadette. C'était autre chose, de tellement plus puissant qu'elle en était tout simplement bouleversée. Elle s'en voulait d'avoir l'impression d'être une de ces gamines qu'elle avait toujours exécrées, surexcitée parce que la coqueluche du lycée l'avait invitée au cinéma, mais elle ne pouvait rien faire contre son cœur qui s'emballait chaque fois qu'elle repensait à lui. Et puis... Elle les avaient enviées, aussi, ces gamines surexcitées, et ça avait quelque chose de terriblement plaisant que de s'y comparer, autant que de particulièrement pitoyable à ses yeux de soldat. Que pouvait-il bien lui trouver ? Ca restait un mystère pour elle. Tout comme elle ne comprenait pas qu'après tout ce temps, il eût pu prendre la place de James dans ses pensées aussi facilement. Et il l'avait vue dans cette affreuse robe grise au mariage de James - qui soit dit en passant n'avait rien d'horrible en soi, c'était quand même elle qui l'avait créée, de surcroît, mais dont elle rejetait toujours l'image qu'elle lui avait renvoyée d'elle-même, parce que trop féminine.

      Si on lui avait dit, il y a quelques années, qu'à vingt-et-un an, elle aurait réussi à intégrer les Black Warriors, qu'elle aurait quand même réussi à commencer à monter sa ligne de mode - même si sa notoriété restait toute relative puisque sa sœur était sa seule 'cliente' et qu'elle lui offrait ses créations plus qu'elle n'en faisait commerce - qu'elle allait même commencer à décliner trois tendances, et que, cerise sur le gâteau, elle aurait rencontré un homme adorable, qui l'adorait tout autant qu'elle-même pouvait l'admirer, qu'elle serait vraiment heureuse, elle n'y aurait sans doute pas cru. Si elle avait pu revenir dans le temps et dire à la Myriam de l'époque qu'elle ne serait pas toujours le vilain petit canard, dénigré par ses camarades, reléguée au rang de "fille inutile" par ses parents, qu'elle n'aurait plus, un jour, pour seul reflet positif que celui que sa sœur lui renvoyait, elle n'y aurait sans doute pas cru. Et pourtant, c'était vrai, c'était bel et bien réel. Elle était en train de vivre ce qu'elle ne pensait jamais pouvoir vivre, qu'elle refusait presque d'imaginer, tant cela lui semblait irréalisable. Comme quoi il ne fallait jamais dire jamais...

      Il ne l'avait pas rejetée, lorsqu'elle était effectivement revenue vers lui dès le lendemain, refusant de garder ses doutes plus longtemps. Et bien au contraire, elle avait goûté de nouveau à ses lèvres, s'était perdue un instant dans ses yeux d'or avant de reprendre une certaine contenance. Les autres jasaient déjà, elle les entendait. Elle lui en avait fait la remarque en riant, les ragots allaient toujours bon train par ici... Et alors ? Elle s'en fichait éperdument. Au contraire, pour une fois qu'il ne s'agissait pas de critique la concernant... C'était même plutôt agréable que d'être en quelque sorte le centre de leur cancans. Et Dean était attentionné, prévenant et... d'un romantisme à tout épreuve. Les premiers temps, elle avait été touchée par toutes ces petites attentions. Elle n'avait pas l'habitude qu'on la traitât de façon si galante, et les fleurs, les dîners aux chandelles et toutes ces petites choses qui marquaient à quel point il prenait soin d'elle avaient été agréables. Pendant un temps. Jusqu'à ce qu'elle eût parfois l'impression qu'il la surprotégeait trop, en mission notamment. Et elle avait fini par le lui dire, gentiment, qu'il n'avait pas besoin d'être aussi... aussi fleur bleue en quelque sorte.


      12 mars 2272

      - Je t'aime comme tu es, Dean. J'ai pas besoin que tu passes ton temps à veiller sur moi, je suis pas une Warrior pour rien... C'est mon rôle autant que le tien de veiller sur les autres, laisse-m'en un peu l'occasion... Et puis... j'ai pas besoin de bouquets de fleurs et de dîners aux chandelles et de je ne sais quels autres cadeaux encore pour savoir que tu m'aimes. J'ai juste besoin de toi.

      Ce jour-là, ça avait suffi à tout balayer : la déception qu'il avait ressentie à chaque fois qu'elle ne réagissait pas avec autant d'enthousiasme qu'il l'avait espéré à ses petites attentions, et ses propres erreurs quant aux dates... Tous les mois, il espérait qu'elle penserait à leur "anniversaire" (on parlait bien de mois ?), et chaque fois, elle zappait complètement. Mais elle acceptait de laisser tomber ses autres plans pour rester avec lui, avec un sourire et un baiser, rien que pour être encore dans ses bras, et ne pas (trop) le décevoir. Elle ne comprenait simplement pas ce besoin de marquer ces petites dates de pierres blanches... C'étaient des journées comme les autres à ses yeux, des journées où elle était auprès de lui, où elle était en mission, où elle se coltinait les repas familiaux, parfois, où elle dessinait et cousait et créait... Et c'était tous les jours qu'elle l'aimait, sans distinction. Il n'y avait pas de jour plus important que les autres à ses yeux, et pour la quatrième fois, ça lui était complètement sorti de la tête. Il avait débarqué à l'appartement avec un énième bouquet de fleurs, alors qu'elle était en train de dessiner les nouveaux modèles qui lui étaient venus à l'esprit, et elle avait eu l'air un peu agacé par cette énième preuve de son romantisme un peu trop débordant à son goût. Mais s'il y avait eu de la déception et une pointe de colère dans son regard un instant, la surprise les avaient remplacées.

      - Tu peux répéter ce que tu viens de dire ?

      "Je t'aime". Des mots qui n'avaient jamais passé la barrière de ses lèvres pour quelqu'un d'autre que Kath, qu'elle avait prononcé naturellement ce jour-là, et qu'elle fut elle-même surprise de se les entendre dire. Ca n'eût pas dû lui sembler si naturel, ça n'était pas quelque chose qu'elle faisait facilement. Preuve en était que même ses parents n'y avaient pas droit, que même sa cadette devait sans doute avoir du mal à déterminer quand elle le lui avait dit pour la dernière fois... Et Dean semblait aussi surpris qu'elle, parce que malgré quatre mois passés ensemble, jamais elle n'avait avoué ce qu'elle ressentait autrement que par ses baisers, par leurs mains enlacées ou par ses regards débordant de tendresse. Elle se mordit la lèvre, hésita une seconde à l'envie de le taquiner et ne put pas résister à l'envie irrépressible, et démesurément plus forte, de l'embrasser qui l'assaillait. Ca ne lui avait jamais semblé si indispensable, que de dire c'est trois petits mots
      (oui parce que "t'", c'est un mot, ahem...), jusque-là, et à présent qu'elle en réalisait tout la force, elle ne pouvait plus s'empêcher de les prononcer de nouveau. C'était tellement bon d'avoir quelqu'un à qui les dire...

      - Je t'aime... murmura-t-elle encore, et encore, et encore entre chaque baiser qu'elle déposait sur ses lèvres.

      Et qu'il lui rendit avec une certaine fougue. Une fougue qu'ils n'avaient pas pu éteindre, pas su restreindre, ni l'un, ni l'autre, ce soir-là. En avaient-ils seulement eu envie ? Pas le moins du monde. Et quand elle s'était réveillée dans ses bras, et l'avait regardé un long moment, encore endormi, avant qu'il n'ouvrît les yeux et lui sourît, elle eût souhaité que ces moments-là ne disparaissent jamais.

      Les semaines, les mois passaient, et si elle faisait des efforts pour accepter ce qui lui semblait parfois absolument pas indispensable et auquel il avait l'air de tenir, elle était heureuse, vraiment. Le sourire, les taquineries, le rire même, lui venaient naturellement, et Kath avait fini par lui dire, un jour, qu'elle était contente de la voir comme ça, que ça lui faisait plaisir de la voir si gaie. Qu'elle aussi, elle avait bien le droit au bonheur, un peu. Et des matins dans les bras de Dean, il y en avait eus bien d'autres.


      11 août 2272

      Elle se souvient de s'être levée, bien avant lui, parce qu'ayant prévu de déjeuner ce dimanche-là avec sa famille - anniversaire oblige, c'était la tra-di-tion. Sur les ordres de leur père, comme d'habitude. Sauf qu'à cette époque, il venait justement de quitter les Warriors, qu'il n'était donc plus son supérieur. Il était juste son père. Et elle était adulte. Et dans le lit qu'elle venait de quitter se trouvait le plus merveilleux, adorable, charmant des jeunes hommes. Et qu'elle aimait, ce qui était plus important encore que tout le reste. Elle allait sortir et envoyer un message à sa sœur pour lui indiquer qu'elle partait, qu'il ne fallait pas qu'elle s'inquiète, quand elle s'était retournée vers lui : il s'était réveillé.

      - Hey... Bon anniversaire, My'...

      Une seconde d'hésitation, et il avait ajouté.

      - Tu pars déjà ?

      "Oui, il faut que j'y aille", voilà ce qu'elle eût dû lui répondre, mais elle ne pouvait simplement pas résister à ses yeux, à ses lèvres, à ses bras repliés derrière sa tête, à ce surnom qu'il lui avait donné, qu'il venait de prononcer. Elle avait regardé son téléphone un instant, prête à appuyer sur la touche "envoyer", mais avait finalement modifié le contenu avant de l'expédier, et éteint l'appareil avant de venir le rejoindre, pour goûter encore à ses baisers, à ses caresses, à sa peau si douce... Certains comparent l'amour à une drogue, elle n'était effectivement pas loin de l'addiction la plus totale. Pas loin, parce qu'elle n'eût sans doute pas pu ainsi annuler une réunion professionnelle, ou un rendez-vous concernant ses modèles. Mais Papa pouvait bien attendre. Elle avait plus important à faire. C'était son anniversaire après tout, elle pouvait bien en faire ce qu'elle voulait, non ? Et ce qu'elle voulait, là, maintenant tout de suite, c'était l'homme qui émergeait des draps pour venir à sa rencontre alors qu'elle se jetait presque littéralement sur lui.

      Elle se souvient du premier essai, quand elle avait commencé à créer une ligne masculine pour ses créations, se basant à l'évidence sur la carrure de son cher et tendre. Elle se souvient de lui avoir demandé d'essayer son tout premier modèle, pour voir ce que ça faisait en vrai... et d'avoir eu cette petite mimique qu'elle avait bien souvent lorsqu'elle le regardait avec envie, mordillant sa lèvre inférieure, ses yeux brûlant de désir détaillant sa silhouette. Et elle s'était approchée, avait posé les mains sur son torse et lui avait murmuré quelques mots à l'oreille.

      - C'est plutôt pas mal... Mais je te préfère sans.

      La veste était tombée aussitôt, sous ses mains, et le reste avait suivi. Dépendante. Oui, en un sens. Elle ne pouvait pas se passer de ses bras, de ses lèvres, de ses caresses... Mais ça n'était qu'une partie de leur vie de couple, tout n'était pas toujours aussi rose... Parce qu'elle ne pouvait pas tout abandonner non plus. Elle ne pouvait pas délaisser complètement Black Wings, et elle restait avant tout une Black Warrior. Et petit à petit, l'exclusivité qu'il eût souhaité et qu'elle n'était pas capable de lui donner était venue s'immiscer entre eux.

~alternate background song~
sous tes mains ~ emma daumas
c'est contre ton cœur moite
que je m'endors vivante et belle
sous tes mains
et belle sous tes mains


Dernière édition par Fiona - Admin le Sam 26 Sep 2009 - 9:54, édité 32 fois
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MessageSujet: Re: Myriam Michigan - Black Hole   Myriam Michigan - Black Hole EmptyLun 7 Sep 2009 - 1:28

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    Myriam Michigan - Black Hole Icomy17 Myriam Michigan - Black Hole Icomy18

      Leave Me Alone (I'm Lonely) - Pink

      Go away
      Give me a chance to miss you
      Say goodbye
      It'll make me want to kiss you

      Spoiler:


      ~ Leave Me Alone, I'll Beg You To Come Back
      12 avril 2272

      Ca n'était pas la première fois qu'il venait à l'improviste et qu'elle avait prévu autre chose. Il y avait eu des soirs où elle faisait avec et laissait tomber ses plans, et d'autres où elle s'en tenait à ce qu'elle avait prévu, et où il repartait déçu. Et chaque fois, elle revenait vers lui, ou l'accueillait avec force baisers lorsqu'il revenait, parce que non, elle ne pouvait pas vraiment se passer de lui.

      Ce soir-là, elle ne comptait pas capituler. Demain, elle devait présenter de nouveaux croquis à une toute petite boîte de couture qui semblait intéressée par ses modèles. Car pour l'heure, Black Wings n'existait que sous ses doigts, et les modèles uniques qu'elle confectionnait n'étaient portés que par Dean, parfois, et par Kath et elle-même, essentiellement. Sa sœur avait toujours été fière de porter ce qu'elle cousait, et l'avait toujours encouragée dans cette voie - et parfois, elle supposait une certaine pression maternelle pour qu'elle abandonnât l'armée et se consacrât plutôt à la couture. C'était là une occasion inespérée, peut-être la seule qui se présenterait jamais à elle, d'avoir un pied dans le milieu, de faire connaître son travail en dehors de son cercle de connaissances, plutôt restreint à vrai dire. Alors oui, ce soir, elle avait prévu de travailler, de peaufiner le book qu'elle leur présenterait. Sauf que ce soir, c'étaient leurs cinq mois. Et que si elle s'en fichait un peu des dates - elle n'avait pas besoin de ça pour savoir qu'elle l'aimait ou le lui montrer, c'était tous les jours qu'elle le prouvait, non ? - lui y tenait, à cette soirée. Et ce soir-là, elle n'accepta pas d'abandonner ses projets. Bien sûr qu'il avait été déçu, terriblement déçu, effroyablement déçu. Et ça lui avait fait mal, à elle aussi, de lire cette déception dans son regard. Parce qu'elle ne voulait pas lui faire de mal, parce qu'elle l'aimait. Mais ça aussi, ça faisait partie d'elle, et elle ne pouvait pas faire comme si la My' styliste n'existait pas. Il avait accepté, pourtant, lui avait laissé un énième bouquet de fleurs qu'elle avait fait sécher, plus tard, parce que malgré tout, de temps en temps, ses attentions lui faisaient plaisir, et était retournée à ses créations. Elle ne savait pas encore que ça n'était que la première d'une longue série de déceptionset de disputes, et que les portes allaient claquer, encore, et encore, et encore.

      Ca avait marché. Oh ! Ce n'était qu'une petite boîte de couture, mais elle avait décroché un petit contrat, et elle avait été si fière de lui annoncer ! Et ils avaient fêté ça - et leurs cinq mois en retard - le soir de cette annonce, par un dîner dans un restaurant chic, avec musique, chandelles, et tout ce qui va avec. Il lui avait pris la main, à un moment, et y avait déposé un baiser avant de reprendre la parole.

      - Tu sais My'... C'est pas si grave si tu n'y penses pas tout le temps, au douze... Mais essaie juste de pas complètement m'oublier non plus...
      - Comment tu veux que je t'oublie ?


      Elle ne comprenait pas, évidemment. Elle ne pouvait pas le comprendre. Parce qu'elle avait besoin de se réaliser aussi, autant qu'elle avait besoin de lui. Et ce besoin irrépressible de se prouver, et de prouver aux autres, ce dont elle était capable passait par des moments de solitude. Bien sûr qu'il lui manquait quand elle ne le voyait pas. C'était justement ce qui faisait qu'elle était si heureuse de le retrouver le lendemain. Comme une droguée en état de manque qui revient en rampant vers son dealer, chaque fois qu'elle s'imposait une soirée de travail et qu'elle devait le repousser, elle ressentait cruellement son absence et se concentrait sur ce qu'elle avait à faire pour ne pas succomber à la tentation. Parce qu'elle était ce qu'elle était, parce qu'elle était trop volontaire pour ne pas garder en tête les objectifs qu'elle s'étaient fixés. Alors non, lui non plus, il ne pouvait pas comprendre, que si elle ne revenait pas aussitôt lorsqu'il claquait la porte, ça n'était pas qu'elle s'en fichait. Ca lui faisait mal aussi, même si elle se taisait, et ça n'était pas pour rien qu'elle lui sautait au cou la fois d'après : c'était véritablement là qu'elle lui montrait ses sentiments.

      Des portes avaient encore claqué, de plus en plus souvent. Des larmes avaient coulé, aussi, bien qu'elle les gardât toujours secrètes, qu'elle ne s'abaissât jamais à les lui montrer. Et qu'elle ne les lui montrerait jamais, à présent, elle se l'était juré. Et peut-être que c'était de l'orgueil mal placé. Et peut-être qu'il eût mieux valu, ne fût-ce qu'une fois, qu'elle lui laissât voir aussi cette part d'elle-même. Peut-être que ça eût pu suffire à sauver son couple, peut-être qu'elle n'en serait pas là à présent. Elle n'en saura jamais rien.


      12 octobre 2272

      Un an.
      Elle eût dû les fêter avec lui, elle eût dû s'endormir dans ses bras ce soir là. Ca comptait pour lui. Et parce que ça comptait pour lui, ça comptait aussi pour elle. Elle avait tenté d'attendre, de laisser passer ce fameux 12 octobre avant d'en avoir le cœur net. Et puis, les jours passant, elle avait eu du mal à garder sa concentration, car trop inquiète, et avait résolu de vérifier avant. Sauf que les missions ne lui en avaient pas vraiment laissé l'occasion. Et qu'il lui avait fallu soit attendre le lendemain, soit s'isoler ce soir-là. Mais attendre... elle n'en pouvait plus. Elle espérait tellement que ça ne fût pas "ça". Ca mettrait sans doute un terme à sa carrière... mais elle était trop jeune pour déjà l'abandonner.

      *Pitié, faites que ça ne soit pas ça...* avait-elle supplié mentalement elle ne savait trop qui, elle ne savait combien de fois.

      Les nerfs à fleurs de peau, elle faisait son maximum pour se contrôler et pour réguler les envies qui la prenaient, parfois, d'envoyer paître tout le monde, juste parce qu'elle ne pouvait retirer cette angoisse de son esprit. Elle gâcherait de toute façon la soirée, à un moment ou à un autre, elle en était certaine. Et elle ne pouvait pas lui expliquer pourquoi elle lui refusait cette soirée si importante, elle ne voulait pas l'inquiéter tant qu'elle n'en était pas absolument sûre. Mais puisqu'elle ne lui expliquait rien, évidemment qu'il ne pouvait pas comprendre ce qui la retenait loin de lui précisément ce soir-là, évidemment qu'il le prenait mal. Et les mots étaient rapidement devenus venimeux. Il était pourtant la dernière personne contre laquelle elle voulait passer ses nerfs et pourtant, elle s'entendit lui mentir, et sur un ton tellement trop sec qui plus est.

      - Tu savais déjà que c'était pas vraiment mon truc les anniversaires, c'est pas nouveau. J'ai oublié, ok. Je suis désolée. Mais ce soir je peux pas... On peut pas... Juste dire qu'on remet ça à demain ?

      Il avait bien fallu qu'elle trouve une excuse, aussi minable fût-elle. Elle ne pouvait pas juste lui dire 'je ne viens pas'. Quoi que... peut-être eût-ce été moins difficile...

      - Okay, t'en as rien à foutre, en fait ?
      - C'est pas ça... C'est juste...


      Elle avait envie de l'embrasser, et de lui murmurer qu'il allait peut-être être papa. Elle avait envie de pleurer et de se blottir dans ses bras, comme si d'un souffle il avait pu balayer tout ce qui la tracassait. Elle avait envie de hurler, de lui crier dessus, parce qu'il ne pouvait pas comprendre qu'elle était peut-être en train de ruiner tout ce pourquoi elle s'était battue jusque-là. Mais elle ne pouvait pas faire ça. Et elle refusait de montrer sa détresse. Elle était une Warrior. Elle était forte. Elle n'avait pas le droit de craquer, jamais.

      - Quoi que je dise, j'ai tort de toute façon, hein ? Je fonctionne pas comme ça, Dean, j'ai jamais fonctionné comme ça... Je veux bien faire tous les efforts que tu veux... mais juste pas ce soir...

      Ce qu'elle les avait regretté, ces mots. Elle s'entêtait, alors qu'une petite voix tout au fond de son cœur la suppliait d'arrêter, de lui montrer ce qu'elle ressentait, de lui expliquer. De sauver ce qui pouvait encore l'être. C'était trop tard à présent. Son masque neutre, celui qu'elle portait toujours, lorsqu'elle ne savait pas comment réagir, lorsqu'elle ne voulait pas craquer, plaqué sur le visage, elle avait vu la colère briller dans son regard, elle l'avait entendue envenimer sa voix.

      - Ouais, c'est ça... Tu sais quoi ? Prends tout ton temps, fais tout ce que t'as à faire...

      Son cœur s'était arrêté. Elle savait ce qu'il allait dire avant qu'il n'ouvrît de nouveau la bouche. Elle eût tellement voulu ne pas les entendre, faire en sorte qu'il ne les prononçât jamais, ces quelques petits mots, si lourds de sens. C'était trop tard. Il n'y avait plus rien à sauver.

      - We're done, Myriam.

~alternate background song~
there are worse things I could do ~ grease
but to cry in front of you,
that's the worst thing I could do


Dernière édition par Fiona - Admin le Sam 26 Sep 2009 - 9:55, édité 18 fois
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Myriam Michigan - Black Hole Empty
MessageSujet: Re: Myriam Michigan - Black Hole   Myriam Michigan - Black Hole EmptyLun 7 Sep 2009 - 1:28

    { Autobiographie } (suite)
    Myriam Michigan - Black Hole Icomy19 Myriam Michigan - Black Hole Icomy20

      Justify - The Rasmus

      The last goodbye burns in my mind
      Why did I leave you behind ?
      Guess it was too high to climb

      You were the answer
      All that I needed
      To justify, justify my life

      Spoiler:


      ~ You Were All That I Needed To Justify My Life... What's Left Now ?
      12 octobre 2272

      - We're done, Myriam.

      Elle était restée stoïque, immobile et silencieuse, son regard fixé sur lui. Non ça ne lui faisait pas plaisir. Non, ça ne la laissait pas insensible, bien au contraire. Alors pourquoi ne parvenait-elle pas à lui dire ? Pourquoi restait-elle à ce point inerte ? Il n'y avait plus rien dans son regard, comme il n'y avait rien eu le jour où il l'avait embrassée pour la première fois, parce qu'elle était sous le choc. Parce qu'elle avait toujours réagi comme ça, quand quelque chose la dépassait. Parce qu'elle n'avait jamais pu supporter de se montrer faible. Elle ne voulait pas entendre ces mots, il ne pouvait pas les lui avoir dits, pas maintenant. Pourtant ils résonnaient à ses oreilles, encore, et encore, et encore, comme s'il les lui avait répété un nombre incalculable de fois. Elle avait simplement hoché la tête, détournant le regard, incapable de le soutenir plus longtemps, refusant de lui montrer sa détresse. Non, elle ne fondrait pas en larmes, elle était plus forte que ça, n'est-ce pas ? Alors pourquoi avait-elle aussi mal ? Sans un mot elle avait tourné les talons. Ne pas craquer, pas maintenant. Peut-être eût-ce pu sauver son couple, pourtant, si elle avait rangé un instant sa fierté maladive de côté, si elle avait accepté que parfois, il ne lui était pas possible de maîtriser tout, de contrôler parfaitement ses émotions. Si elle avait accepté de lui faire partager ses doutes, ses craintes, plutôt que de vouloir à tout prix l'en préserver. S'il n'avait pas été aussi aveuglé par la colère, eût-il pu remarquer sa mâchoire crispée, ses doigts noués sur le sac à main qu'elle serrait contre elle comme s'il contenait la chose la plus importante au monde, sa démarche trop rigide ? Elle n'en saurait jamais rien.

      Elle avait regagné l'appartement qu'elle partageait avec sa sœur, et s'était enfermée dans la salle de bains, sortant d'une main fébrile le test de grossesse dont elle n'avait parlé à personne, pas même à celui à qui elle eût sans doute dû l'évoquer. Il ne comprendrait jamais pourquoi elle lui avait refusé cette soirée. Quel que soit le résultat, elle ne lui en parlerait pas. Parce que s'il était négatif, ça n'avait de toute façon plus aucune importance. Parce que s'il était positif, elle ne reviendrait pas vers lui en larmes pour lui annoncer "ça", parce que c'était pitoyable comme tentative pour garder quelqu'un. S'était-elle seulement demandé s'il eût voulu, lui, le savoir ? A cet instant, elle était trop angoissée pour se poser ce genre de questions.

      Les quelques minutes nécessaires lui avaient semblé interminables, une véritable torture. Le résultat avait été pire encore.

      *Pas ça... Par pitié pas ça... Pas maintenant...*

      Jamais, eût été plus juste. Elle n'était pas faite pour être mère. Et surtout pas maintenant qu'il venait de la sortir de sa vie. Elle avait pleuré, parfois, quand il était parti en claquant la porte, à l'abri des regards derrière les murs de sa chambre. Ca n'était rien en comparaison avec l'état dans lequel elle se trouvait à présent. Seule dans leur salle de bains, elle avait hurlé, à tel point qu'elle en avait brisé toutes les vitres de la pièce. Et elle avait pleuré, comme jamais elle n'avait pleuré jusqu'alors. Prostrée dans la petite pièce dévastée, la tête enserrée dans ses mains crispées, elle avait laissé d'amères larmes couler, et couler encore... Comme si tout ce qu'elle avait toujours retenu était venu exploser ce soir, brisant l'armure qu'elle avait passé tant d'années à se forger, balayant par la même occasion sa belle assurance et sa détermination sans faille. Pas si infaillible que ça, manifestement... Et puis à quoi bon, à présent ? Qu'est-ce que ça pouvait faire, si elle n'était plus irréprochable, si elle ne valait plus rien, même ? Qu'est-ce que ça pouvait faire, même, si demain, elle mourrait en mission ? Il ne voulait plus d'elle, certainement pas de l'enfant qu'elle portait, donc, ça ne changerait rien qu'elle l'emporte avec elle...

      Et puis Kath était rentrée. Elle avait entendu ses pas dans le couloir, et la clé dans la serrure. Elle ne pouvait pas tout lui cacher, l'état de la salle de bains allait l'alarmer, évidemment. Mais elle ne pouvait pas lui expliquer. Elle ne voulait pas lui parler. Est-ce que la douleur s'estomperait, si elle n'évoquait pas le sujet ? Ca ne changerait rien à ce qui se passait dans son ventre... Il fallait qu'elle se calme, pourtant, qu'elle cesse d'y penser, qu'elle cesse de pleurer, parce que Kath ne la laisserait pas si facilement tranquille, parce qu'il allait falloir qu'elle soit forte et dure pour couper net à ses interrogations. Mais Dieu que ça faisait mal !

      Lorsqu'elle avait fini par sortir de la petite pièce, les indices de ce qui la mettait dans cet état bien soigneusement dissimulés dans son sac à main plaqué contre son buste, sa sœur l'avait déjà appelée trois fois. Trois fois où elle avait dû lui assurer que tout allait bien à travers la porte, trois fois où elle crut pouvoir remercier son pouvoir de lui avoir permis de stabiliser son ton de voix davantage qu'elle n'en était humainement capable. Pas suffisamment, manifestement, puis que Kath avait l'air inquiète, dès qu'elle avait ouvert la porte. Et quand son regard était tombé sur la pièce aux vitres brisées, ses yeux s'étaient agrandis d'effroi.

      - Mimi... Qu'est-ce qu'il se passe ?
      - Rien. J'ai juste besoin d'un peu de repos.
      - Rien ? Tu crois vraiment que je vais te croire ? Tu vas pas me dire que ça c'est rien ?! Si t'en arrives à détruire la salle de bains, c'est qu'il y a vraiment eu quelque chose de grave !
      - Il n'y a rien de grave, j'ai juste perdu un peu le contrôle. Je m'occuperai de ça demain, je vais me coucher.


      Demain, elle appellerait quelqu'un pour qu'il fasse les travaux nécessaires dans la salle de bains. Demain, elle appellerait l'hôpital, aussi, pour faire 'ce qu'il fallait'. Demain, elle reprendrait son travail, comme si de rien n'était. Ce soir, elle voulait juste qu'on l'oublie, à défaut, elle, de pouvoir oublier.

      - Te coucher ? A cette heure-ci ?

      Kath l'avait attrapée par le bras, puisque My' avait commencé à traverser le salon en direction de sa propre chambre. A l'évidence, sa cadette ne comptait pas la laisser tranquille.

      - Attends Myriam... Tu devais pas être avec Dean ce soir ? Qu'est-ce qu'il s'est passé ?
      - C'est fini. Voilà, t'es contente ? Et je n'ai absolument pas envie d'en parler. Je veux juste que tu me fiches la paix.


      Elle s'était dégagée brusquement et son ton de voix était monté, venimeux. Pourquoi criait-elle contre sa cadette ? Elle n'y était pour rien, elle... Mais contre qui d'autre pouvait-elle s'emporter à ce moment-là, à part elle-même ? Elles s'étaient disputées un moment jusqu'à ce que My' ne s'enfermât dans sa chambre après en avoir claqué la porte. Une porte qui claque, encore... Comme toutes celles qu'il avait fermées avec violence, parce que déçu par elle. Devait-elle donc tout rapporter à son histoire avec lui ? Où qu'elle posât le regard, il se trouvait quelque chose, un détail, un bibelot, n'importe quoi, qui ravivait un souvenir avec lui. Une part d'elle voulait revenir en arrière, courir jusqu'à chez lui, et sonner jusqu'à ce qu'il acceptât de lui ouvrir, qu'elle pût se blottir dans ses bras et lui expliquer. Mais non, elle ne pouvait pas faire ça. Elle ne pouvait pas s'abaisser à ça. De toute façon, il n'avait pas cherché à la retenir non plus, n'est-ce pas ? Ah... Si elle avait pu s'endormir et ne pas s'éveiller, ne pas avoir à recroiser son regard, à repartir en mission avec lui. Demain, il faudrait donner le change, feindre l'indifférence, si ce n'est pour lui, pour les autres, au moins. Demain, elle souffrirait en silence, et ravalerait les larmes qui ne manqueraient pas de lui monter aux yeux quand elle poserait le regard sur lui.
      Ce soir, elle pleurait, recroquevillée dans son lit désespérément vide, loin de celui qu'elle aimait, et qu'elle avait perdu à jamais.

      Elle avait fait ce qu'elle avait à faire. Des ouvriers allaient venir s'occuper de la salle de bains, et elles utiliseraient les douches de la salle d'entraînement, en attendant. Et elle avait rendez-vous à l'hôpital civil. Elle traversait les couloirs, passant parmi ses collègues sans les voir, n'adressant la parole à quiconque que si on l'appelait. Certains murmuraient qu'elle était redevenue aussi froide qu’avant. Mais ça n'était plus comme avant, ça ne le serait plus jamais, et Kath, au moins, le savait. Mais Kath lui en voulait, aussi, qu'elle eût refusé de se confier à elle. Elle se sentait terriblement seule, terriblement vide. Il n'y avait que pendant les missions qu'elle parvenait à oublier, ne serait-ce que quelques temps, la douleur et l'angoisse qui la tenaillaient jours et nuits. Et rien que pour ça, il fallait qu'elle mette un terme à tout ça. Parce qu'elle ne pouvait pas perdre et Dean, et sa place au sein des Black Warrior. Pourtant, la date fatidique approchant, elle avait hésité, et annulé son rendez-vous. Et puis elle en avait repris un autre, se persuadant que c'était le mieux à faire. Combien de fois avait-elle renouvelé ses appels au centre hospitalier ? Elle ne savait pas. Elle ne savait plus. Tout ce qu'elle savait, c'était que quand elle songeait à ce petit être qui commençait tout juste à se former en elle, elle comprenait ce que sa mère avait dû ressentir, lorsqu'elle était enceinte d'elle. Et pourquoi elle avait tout abandonné pour épouser son père.

      *Je suis pas faite pour être maman... J'aurais certainement pas été très bonne dans ce rôle-là. Mais j'aurais pu, je crois, oublier que je suis un soldat. J'aurais pu continuer Black Wings seulement... Si t'avais été avec moi... Pour élever notre enfant... Est-ce que ça changerait quelque chose, si je te l'avouais maintenant ?*

      Parce que plus encore que tout le reste, c'était lui qui lui avait donné le sentiment d'exister, vraiment. D'exister aux yeux de quelqu'un. Et il n'était plus là. Plus avec elle, tout au moins. Et même si elle avait parfois des doutes quant à sa capacité à laisser tomber sa si précieuse carrière, elle l'eût vraiment envisagé, si la situation avait été différente. Mais c'était trop tard. Chaque jour qui passait rendait plus improbable l'éventualité qu'il acceptât de l'écouter, lui aussi muré dans son mutisme - comme quoi ils n'étaient peut-être pas si différents que ça l'un de l'autre... - alors elle avait continué à garder le silence. Et elle avait fini par se décider à y aller, à ce fichu rendez-vous, le énième qu'elle eût pris, un matin de novembre.


      2 & 12 Novembre 2272

      Le médecin n'avait eu de cesse de la mettre en garde contre les impacts psychologiques d'une telle démarche, de chercher à savoir si elle était certaine de sa décision. Quel autre choix avait-elle ? Il avait fini par hocher la tête, simplement, lui renvoyant l'image qu'elle avait dû donner à Dean, ce jour-là, et lui avait expliqué ce qu'elle savait déjà concernant les deux méthodes possibles, lui proposant d'éviter l'opération, puisque les résultats de la méthode médicamenteuse étaient très bons.

      - Il y a des exceptions, bien sûr, mais c'est assez rare...

      Pas tant que ça, manifestement. Les prélèvements sanguins à suivre avaient confirmé qu'elle était toujours enceinte. Elle n'avait pas réagi à cette annonce, malgré la tempête qui régnait sous son crâne. Et si c'était un signe ? Et si son corps autant que son cœur - stupide organe ! - refusait de mettre un terme à tout ça ?

      - S'agissant d'une grossesse non désirée, j'imagine que vous souhaitez une intervention au plus tôt ?

      Il sortait déjà son planning, elle n'avait pas besoin de répondre à ça, et peut-être était-ce mieux ainsi. Parce qu'un instant, elle s'était vraiment demandée ce qu'elle allait lui répondre.

      - Je peux vous proposer le douze, si ça vous convient ?

      Bon sang, mais pourquoi cette date-là ? Pourquoi le douze ? Fallait-il donc qu'elle perde tout ce jour-là ? Elle mourrait d'envie de lui faire avaler son précieux planning, tout autant que de fondre en larmes. C'est pourtant d'une voix calme, et neutre, et posée qu'elle lui répondit, le visage impassible.

      - Très bien. Vous avez besoin de combien de temps ?

      Question rhétorique, elle savait que c'était rapide. Mais il lui avait conseillé de prendre du repos, en plus de la journée de l'intervention. Elle avait hoché la tête à son tour, sachant pertinemment qu'elle n'en ferait rien. Elle aurait déjà pris deux journées de congé dans le même mois, ce qui était rarissime la concernant, elle ne comptait pas éveiller davantage les soupçons et délier les langues déjà bien pendues qui l'entouraient. Et de fait, l'après-midi même, elle était en salle d'entraînement, défoulant ses frustrations sur les sacs de frappe, comme elle l'avait si souvent fait par le passé.

      Sauf que cette fois, ça ne changeait rien. Elle avait beau frapper et frapper et frapper encore, elle avait toujours mal. Elle avait beau s'essouffler, sentir ses muscles lui crier d'arrêter, la douleur physique n'avait rien de comparable avec ce qu'elle ressentait. Et elle avait beau se mettre en danger - à s'escrimer dans cette salle alors qu'elle eût dû se reposer, autant qu'en mission les jours suivants - elle s'en fichait éperdument.


Dernière édition par Fiona - Admin le Sam 26 Sep 2009 - 9:56, édité 19 fois
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MessageSujet: Re: Myriam Michigan - Black Hole   Myriam Michigan - Black Hole EmptyLun 7 Sep 2009 - 1:28

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      Ex-Girlfriend - No Doubt

      I kinda always knew I'd end up your ex-girlfriend
      I hope I hold a special place with the rest of them
      And you know it makes me sick to be on that list
      But I should have thought of that before we kissed

      Spoiler:


      ~ I'm Another Ex-Girlfriend On Your List, But I Should Have Thought Of That Before We Kissed...

      Elle était redevenue celle d'avant. En façade au moins. Elle entendait les mauvaises langues plaindre ce pauvre Dean qu'elle avait sans doute dû faire souffrir avant de le jeter, comme une vieille chaussette dont elle n'avait plus rien à faire, n'est-ce pas ? D'ailleurs, elle avait toujours cet air froid et hautain, non ? S'ils savaient. S'ils savaient, tous, ce qui la rongeait, derrière ce masque imperturbable. Ah ? Ils étaient sûrs qu'elle s'amusait bien, à l'extérieur, à faire tourner les tête et à briser des cœurs ? Mais où avaient-ils été chercher ça ? Certes, son histoire avec Dean l'avait un peu réconciliée avec elle-même, parce qu'elle avait été belle à ses yeux, et que ça avait été tout ce qui importait. Et qu'elle ne pouvait décemment pas lui dire "tu dis n'importe quoi" à chaque fois qu'il lui faisait un compliment, et qu'elle avait fini par y croire, au moins un peu. Mais il y avait toujours plein de choses qu'elle n'aimait pas chez elle, et elle n'était certainement pas du genre à aguicher tout ce qui passait à sa portée. Ah ? Et c'était sans doute comme ça qu'elle avait réussi à décrocher son contrat dans sa boîte de couture-là... Elle mourrait d'envie de leur faire goûter à ses infrasons, et de les voir convulser, juste pour leur faire ravaler tout ce qu'elle entendait. Parce qu'ils le savaient bien - n'est-ce pas ? - qu'elle les entendait. Mais elle restait impassible, feignant l'indifférence qu'elle était bien loin de ressentir.

      Elle avait essayé, une fois, d'oublier la douleur dans les bras de quelqu'un d'autre. Un inconnu dont elle se rappelait à peine le visage, vaguement la voix, rencontré un soir où elle n'avait plus supporté d'être seule dans sa chambre et où elle était sortie sans rien dire à Kath. Elle n'avait rien oublié du tout, elle ne comprenait pas comment certaines pouvaient fonctionner comme ça. Tout ce qu'elle avait gagné, c'était un profond sentiment de dégoût, et des nausées plus violentes encore que celles, matinales, liées à sa grossesse à présent avortée, auxquelles elle avait fini par mettre un terme définitif. Elle était partie avant qu'il ne se réveille, refusant de passer plus de temps dans cette sordide chambre d'hôtel. Plus personne ne l'avait touchée depuis - combat en corps à corps excepté - et plus personne ne la toucherait jamais, elle s'en était fait la promesse.

      Et la douleur était restée, lancinante et sourde, à peine effacée par la colère, qui, elle, n'avait fait que croître. Contre lui, un peu, parce qu'il n'avait pas cherché à la comprendre. Contre elle-même, surtout, parce qu'elle n'avait jamais essayé de lui expliquer, parce qu'elle n'avait pas eu le cran de lui avouer ce qu'il se passait, parce qu'elle n'eût pas été capable de le faire sans pleurer. Contre elle-même, encore, parce qu'elle n'était plus capable de continuer correctement ses croquis, parce que sa ligne masculine avait fini au fond du placard, et qu'elle ne pouvait pas dessiner de nouveaux modèles sans penser à lui, ni regarder les anciens sans le voir les porter. Parce que Blossom Wearings prenait invariablement des allures de collection femme enceinte et que ces croquis-là aussi, finissait au fond d'un carton. Black Wings et Black & White ne vivotaient que pour Kath, parce qu'elle se raccrochait à sa sœur pour continuer à habiller sa silhouette si parfaite, et parce qu'elle devait bien avouer que si elle voulait ne pas porter indéfiniment les mêmes ensembles, il lui fallait bien les dessiner, le commerce lui offrant un choix assez limité étant donné sa stature, et ses goûts assez particuliers.

      Et puis Dean avait commencé à voir d'autres filles. Qui souffrait le plus à présent ? Elle était redevenue l'adolescente qui passait son temps à observer les autres, et à écouter, et à les envier. Comme quand James était sorti avec la sœur de Dean, elle observait, et elle ne disait rien. Et elle les entendaient, toutes, là, qui jalousaient sa copine du moment, et se proposaient volontiers de venir le consoler, elles aussi. Elle n'avait plus aucun droit sur lui, elle ne pouvait rien dire. Mais elle mourrait d'envie de leur fiche son poing dans la figure à chaque fois qu'elle surprenait une conversation de ce type. Alors elle les gardait serrés, ses poings, et traversait les couloirs jusqu'en salle d'entraînement où elle faisait souffrir les cibles et les sacs de frappe plutôt. Est-ce qu'il était vraiment heureux, comme ça, au moins ? Elle n'en était même pas certaine. Peut-être qu'elle eût pu l'accepter davantage, autrement, parce qu'à défaut que ça soit avec elle, il eût au moins eu droit au bonheur, lui. Mais non, elle n'en était vraiment pas certaine. Parce qu'elle le connaissait suffisamment pour savoir quand il était vraiment bien. Parce qu'elle se souvenait parfaitement de ses sourires, de ses regards, et qu'il n'y avait plus cet éclat qu'elle y avait connu. Parce que quand elle le voyait retrouver sa chère et tendre du moment, elle n’entendait pas son cœur battre comme il avait battu ce douze octobre. Est-ce qu'il ne pouvait pas se rendre compte qu'elle n'était pas aussi indifférente qu'elle voulait bien le laisser paraître ? Il la connaissait si mal que ça ? Manifestement oui... Et si ses cibles prenaient invariablement l'apparence de ses copines, jamais elle n'avait jamais imaginé son visage, à lui, sur aucune d'entre elle. Parce qu'elle l'aimait. Et qu'elle lui avait déjà fait assez de mal comme ça, et qu'il y en avait sans doute encore bien assez avec ce qu'elle ne lui avait pas révélé. Et surtout, quoi qu'elle ressentît, elle n'avait pas le droit d'être jalouse. Elle n'en avait plus le droit. Et c'était plus frustrant encore.

      Elle restait professionnelle, cependant. Et ni ses conquêtes, ni lui - surtout pas lui - ni personne d'autre ne pouvait lui reprocher quoi que ce fût concernant son travail, personne ne pouvait lui reprocher de faire quelque différence que ce fût entre ses collègues. Quelle que fût sa frustration, quels que fussent ses griefs, en mission, il n'y avait que des vies à protéger, rien d'autre. Pas d'ex-petit-ami et de nouvelles-copines-de-cet-ex. Juste des vies. Elle restait la collègue qu'elle avait été, avant. Celle qu'elle était pour tout le monde. Au fond, c'était sans doute ça, sa place. C'était ce qu'elle avait toujours voulu, n'est-ce pas ? Etre un soldat. Un soldat, c'était fait pour protéger. Protéger Kath, protéger Dean, protéger James, protéger les autres Black Warriors, et protéger la ville de New York. Protéger. C'était tout ce qu'il lui restait à faire.


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MessageSujet: Re: Myriam Michigan - Black Hole   Myriam Michigan - Black Hole EmptyLun 7 Sep 2009 - 1:29

    { Autobiographie } (suite)
    Myriam Michigan - Black Hole Icomy23 Myriam Michigan - Black Hole Icomy24

      Shot - The Rasmus

      I'll take the shot for you
      I'll be the shield for you
      Needless to say
      I'll stand in your way

      I'll take the shot for you
      I'll give my life for you
      I'll make it stop
      I'll take the shot for you

      Spoiler:


      ~ I'll Be The Shield For You, I'll Give My Life For You
      23 Mars 2276

      Et protéger, c’était bien ce qu’elle avait fait, cette fois-là aussi.

      Il y avait quelque chose d’étrange dans son comportement, depuis quelques temps, bien qu’elle ne parvînt pas à s’expliquer exactement quoi. Et elle n’avait plus vraiment le droit de lui demander des comptes, depuis bien longtemps maintenant. Elle n’avait rien à dire, Dean était son supérieur, elle suivait les ordres, point. Et elle était en arrière, cette fois, sentinelle et bouclier. Et elle n’eût pas dû bouger de sa position, en temps normal. Sauf qu’il y avait quelque chose d’anormal, et que dans le feu du combat, il avait dû louper quelque chose, faute d’attention, parce qu’un projectile que les errants leur envoyaient lui fonçait droit dessus. Et il ne semblait pas l’avoir vu. Et certes, il était résistant, mais ça risquait quand même d’être douloureux, à défaut d’entamer sa peau si solide.

      Et puis surtout… elle avait bien entendu "diamant", elle en était certaine.

      Autrement, elle n’eût peut-être pas bougé. Autrement, elle eût peut-être seulement usé de sa voix pour qu’il l’entendît et réagît. Cette fois, même si elle ne savait pas d’où c’était venu, la menace était trop grande pour qu’elle suivît bien sagement ses ordres initiaux qui lui imposaient de rester en arrière. Et elle s’était élancée à son tour, parce que s’il ne l’entendait pas, ou s’il ne voulait pas l’écouter, elle était certaine qu'il y resterait. Parce que s’il l’entendait, mais qu’il n’avait pas le temps d’esquiver, il y passerait. Et elle ne pourrait pas le supporter. Alors elle avait couru à sa poursuite, désobéissant sans doute pour la première fois à l’ordre qui lui avait été donné, et l’avait poussé, le déviant de la trajectoire du projectile qui lui fonçait littéralement dessus. Plaqué, eût été plus juste. Sauf qu’elle n’avait pas prévu de se retrouver ainsi allongée sur lui dans la chute, étrange miroir au jour où il l’avait embrassée pour la première fois. Il avait l’air surpris, et elle sentait son propre cœur s’emballer, une fois encore. Stupide organe ! Il ne pouvait donc pas se taire deux minutes ? Lui ne l’entendait sûrement pas, c’était là sa chance. Sa chance, vraiment ? Elle s’était relevée d’un bond, détachant son regard de ses prunelles d’or, juste assez longtemps pour laisser la colère l’envahir, plutôt que ses sentiments pour lui. Et son poing s’était abattu sur sa joue avec toute la violence dont elle était capable.

      - Je sais pas ce qu’il s’est passé, et ça me regarde certainement pas, mais c’est pas ton genre de te laisser surprendre comme ça ! C’est quoi le problème ? T’es si pressé que ça d’y passer ? Et bah voilà un scoop : je te laisserai pas mourir avant moi, Fireworks !

      Que de non-dits dans ces quelques phrases, vociférées sous le coup de la rage – pour une fois qu’elle ne lui montrait pas que son masque impassible habituel, pour une fois que c’était My’, qui parlait, et pas le parfait petit soldat dont elle endossait le rôle chaque jour. Il avait failli mourir, là, sous ses yeux. Si ce projectile en diamant l’avait touché, sa peau n'aurait pas pu le protéger, cette fois. Et elle avait beau n'avoir aucun droit de regard sur ce qu'il faisait de sa vie, elle n’aurait pas pu supporter ça, elle en était certaine. Tout comme elle était certaine qu’elle eût pu essayer de suivre les ordres et de simplement lui "parler" en usant de son pouvoir pour qu’il l’entendît malgré le vacarme du combat qui continuait de faire rage autour d’eux, il eût complètement fait abstraction de sa voix. Elle était injuste ? Peut-être bien. Mais il avait failli mourir sous ses yeux, et ça la perturbait. Est-ce que ce qui la perturbait le plus était ce qu'elle venait de lui faire éviter ou le fait qu'elle n'eût plus réellement le droit de lui demander des comptes ? La réponse lui semblait bien moins évidente cette fois... Mais elle était sûre d’une chose : c’était qu’elle ne le laisserait pas mourir. Pas avant elle. Parce que même si elle devait y rester, elle ferait tout pour le protéger. C’était ça aussi d’être une Black Warrior, non ?

      Il n’eut pas vraiment le loisir de répondre qu’elle activait de nouveau son pouvoir. Elle avait entendu le projectile qui revenait vers eux – tête chercheuse et diamant, c’était donc vraiment à lui qu’ils en voulaient… mais ça n’avait pas grand chose d’étonnant, il était le numéro deux, n’est-ce pas ? – et avait cherché à atteindre la fréquence propre du diamant pour le détruire, se plaçant entre lui et Dean. Ca avait pris un peu de temps avant que la résonance ne fût suffisante, avant que les vibrations ne fussent suffisamment fortes pour qu’il explosât. Trop de temps, bien qu’il ne se fût agi que de quelques secondes : il était trop près. Et si elle avait aussitôt voulu mettre en place un bouclier sonique, elle n’avait plus le temps de l’installer parfaitement.

      *Et merde !*

      Par réflexe, elle avait détourné le visage, et levé ses bras en croix pour se protéger des éclats de diamants qui parvenaient en partie à passer sa défense imparfaite et fusaient encore vers eux.
      Etaient-ce ses bras qu'elle avait senti sur ses épaules ? Etait-ce sa voix, ou la douleur l'avait-elle faite divaguer ?

      Le retour avait été morose. Elle s’en fichait d’avoir le corps lacéré, elle s’en fichait de la douleur à chacun de ses gestes parce qu’ici ou là, il y avait encore des éclats de diamant à extraire dans ses bras, sa poitrine ou son ventre. Elle s’en fichait de n’avoir pas pu régler leur compte à ceux qui avaient mis au point cette arme spécialement conçue pour exterminer son ex, parce que les autres s’en étaient chargés. Elle ne s’en fichait pas, par contre, de savoir qu’il était blessé lui aussi, même si c’était minime, même s’il avait évité le pire, parce qu’elle n’avait pas pu le protéger suffisamment bien. Et elle ne se fichait pas de ce qui allait se passer ensuite, quand on lui demanderait des comptes pour avoir transgressé les ordres et frappé son supérieur. La joue de Dean avait bleui, déjà, et il arborerait un magnifique cocard encore quelques temps.

      Il n’y avait rien eu, pourtant. Personne n’avait jamais remis ça sur le tapis, pas même James, qui eût été tout à fait à même de la suspendre pour insubordination, à partir du moment où il avait lu le rapport de n’importe lequel de leurs collègues. Pas même Dean lui-même, qui eût tout à fait pu profiter de son statut pour ça. Et si personne ne lui avait tenu rigueur du coup qu’elle lui avait porté, ça ne pouvait venir que de lui. Alors elle était venue le trouver, ce qu’elle n’avait pas fait volontairement depuis plusieurs années, ce qu’elle ne faisait que lorsqu’elle n’avait pas le choix, pour une prochaine mission, et uniquement pour ça. Elle était restée dans l’encadrement de la porte, immobile. Jusqu’à ce qu’elle se décidât à ouvrir enfin la bouche, soutenant son regard tant bien que mal bien qu’elle n’en laissât rien paraître.

      - Merci.
      - Tu m’as sauvé la vie, c’est plutôt à moi de te remercier.
      - C'est mon rôle. Mais j’ai transgressé tes ordres, et j’ai frappé un supérieur, je devrais être suspendue pour ça...
      - Ca, je m'en remettrai. Tu m'as sauvé la vie, Myriam. Le reste n'a pas d'importance...


      Oh que si ça en avait de l'importance, pour elle au moins. Elle l'avait frappé. Elle n'en revenait pas. Pas qu'elle n'en fût physiquement pas capable, on voyait bien le résultat, mais... c'était tout ce que ce coup sous-entendait qui importait, tout ce qu'elle n'avait pas pu contenir et qui s'était exprimé sous la forme de cet oeil au beurre noir qu'il n'avait pas d'autre choix que d'arborer. Qu'est-ce qu'il pouvait bien en comprendre, à présent ? Qu'est-ce que ça pouvait lui montrer ? Qu'elle n'en avait pas rien à faire de lui ? En avait-il réellement douté ?

      - J'ai...

      *Enormément de choses à te dire...*

      - ... pas eu le temps de mettre mon bouclier en place parfaitement... Désolée pour tes bras... Et pour ça...

      Elle avait posé le regard sur ses blessures, l'air réellement désolé. Et elle l'était. Parce que c'était physiquement, cette fois, qu'elle lui avait fait du mal, plus ou moins volontairement... Et parce que non, définitivement, elle ne pouvait pas lui expliquer le reste. C'était sans doute mieux comme ça, c'était il y avait bien trop longtemps, ça ne servait à rien de revenir sur le passé. Ca ne servait à rien de remuer le couteau dans les plaies... Dans ses plaies à elle, en tout cas, toujours béantes. Quant aux siennes, de blessures, elles avaient l'air de lui passer quarante kilomètres au-dessus de la tête, et à vrai dire, si ce n'était la gêne et la douleur qu'elles occasionnaient parce qu'il fallait bien avouer qu'elle ne faisait pas particulièrement attention, c'était tout à fait le cas.

      - My'... Sans toi, je serais même plus dans ce bureau, maintenant. Comment je pourrais t'en vouloir ?

      *M'appelle pas comme ça...*

      Pas ce surnom-là, qui ravivait une étincelle d'espoir qui n'avait pas lieu d'être. Elle n'avait rien à répondre à ça. Elle n'avait rien à dire de plus, en réalité, puisqu'elle avait décidé de taire tout ce qu'elle eût pu avoir à lui avouer. Elle haussa les épaules. Ca n'était pas vraiment un sourire, qui avait point sur ses lèvres, on en était encore bien loin. Mais ça s'en rapprochait peut-être un peu. Ou en tout cas son visage avait-il été moins neutre que d'ordinaire, ne fût-ce qu'un instant.

      - Soigne-toi bien, Dean...

      Elle avait failli, une fraction de seconde, l'appeler Danny, de ce surnom pas vraiment diminutif qu'ils lui avaient cherché, quand il avait commencé à l'appeler My'. C'était parti d'une réplique idiote, d'un "si tu continues à m'appeler comme ça, je te préviens, je me venge..." qu'elle lui avait lancé quand il avait volontairement continué à raccourcir son nom. C'était plus facile d'écourter son prénom à elle, que le sien à lui. Et parce que Danny, ça sonnait quand même mieux que Deany, elle avait fini par l'utiliser, de temps à autre. Rarement, les surnoms et My', ça n'avait jamais vraiment fait bon ménage...

      Il lui avait souri. Un vrai sourire, pas de ceux qu'elle avait parfois observés, de façade. Un de ceux qui transparaissaient aussi dans son regard, dans l'éclat de ses prunelles mordorées. Un de ceux qu'elle avait connus, il y avait de ça une éternité, et qui faisaient encore et toujours battre son coeur.

      - Prends soin de toi... My'...

      My'. Encore. Fallait-il vraiment qu'il continue à l'appeler ainsi ? Elle hocha seulement la tête, prête à battre en retraite, une main sur l'encadrement de la porte, amorçant son départ. Ne pas lui montrer qu'il la troublait, pas maintenant. Plus maintenant. Sa voix s'était voulue assurée, elle s'était pourtant entendue hésiter.

      - Toi aussi... Danny.


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MessageSujet: Re: Myriam Michigan - Black Hole   Myriam Michigan - Black Hole EmptyLun 7 Sep 2009 - 1:29

    { Autobiographie } (suite et fin) ( qui a dit enfin ?)
    Myriam Michigan - Black Hole Icomy25 Myriam Michigan - Black Hole Icomy26

      Uwind – Pink

      I've only been here for 27 years
      But already my life is over

      And I need to unwind, yes, and I
      I need to unwind, yes, and I
      Want all the time
      To be loved, to unwind

      Spoiler:


      ~ Happy Birthday To Me, I’m Losing Everything
      11 août 2277

      Elle n’avait jamais aimé les anniversaires, elle l’avait toujours dit. Elle n’avait jamais vraiment eu envie de le fêter, à une exception près, ça n’était pas comme si cette fois-ci était inhabituelle. Mais celui-là, elle n’avait particulièrement pas envie de le célébrer. Si elle faisait le bilan de cette année, qu’est-ce qui en ressortait de bien ? Ok, après des années de mutisme, elle avait recommencé à avoir certain contact avec Dean. Mal ou bien, ça restait à définir, puisque ça réveillait quelque espoir qu'elle s'efforçait de faire taire. Elle lui avait déjà fait du mal par le passé, elle s'était fait du mal, à elle aussi, elle n'avait pas vraiment envie de recommencer. Et en même temps, qu'est-ce qu'elle n'eût pas donné pour pouvoir revenir en arrière... Non, c'était du passé, et ça devait le rester, n'est-ce pas ? Et puis techniquement, c'était au cours de l'année précédente encore. Et depuis, si elle ne se terrait plus dans son mutisme, il fallait bien avouer qu'elle n'allait pas vraiment vers lui non plus. Ca restait difficile de faire comme s'ils étaient seulement des collègues de travail, comme si tout ce qui s'était passé n'avait jamais eu lieu. La peine, la rancoeur, la jalousie... elle ne pouvait pas complètement en faire abstraction, même si elle s'efforçait de n'en rien laisser paraître.

      A côté de ça, il lui avait fallu batailler pour Black Wings, mais elle avait réussi à faire en sorte qu’on lui accorde une dernière chance. Elle n’avait plus le droit à l’erreur, et même si elle n’avait jamais eu besoin de beaucoup de sommeil, tenir son engagement du contrat devenait de plus en plus difficile. Elle n’avait jamais réussi à reprendre Blossom Wearing. Elle n’avait jamais réussi à continuer à dessiner pour une ligne masculine. Elle avait fini par le faire accepter, tant qu’elle compensait avec Black Wings et Black & White, mais ça n’avait pas été le cas ces derniers temps. Il fallait qu’elle rattrape son retard à présent, qu’ils puissent avoir une collection digne de ce nom à sortir. Et elle était encore loin du compte. Et si elle n'y parvenait pas, elle pouvait dire adieu à la couture, ou presque.

      Elle ne s’était jamais sentie aussi inutile qu’après le retour de Kath de mission, celle où Stefen y était resté, et où sa cadette était revenue dévastée. Ils s'étaient fiancés. Kath avait eu l'air si heureuse ce jour-là. Elle se souvient de son regard, quand elle s'était tournée vers elle comme si elle avait eu besoin de son approbation. Comme si My' avait été vraiment bien placée pour la conseiller sur les choses de l'amour... Mais pourquoi avait-il fallu que cela cesse ? Pourquoi avait-il fallu qu'il périsse, sous ses yeux, au cours d'une mission ? Elle savait, quand sa soeur avait passé avec brio son test d'entrée, qu'elle risquait de vivre des choses difficiles, dont elle ne pourrait pas la protéger... Elle en avait eu l'amère confirmation ces dernières semaines. Et Kath et elle étaient trop semblables, sur certains points, pour que la plus jeune acceptât de se confier. Et My' ne voyait pas comment l’aider. Et c’était la chose la plus difficile à supporter qui fût. C’était son rôle de veiller sur elle, et elle n’avait rien pu faire. Elle avait beau se dire qu’elle n’était pas envoyée sur cette mission, que son pouvoir ne pouvait pas lui permettre de déceler des sons d’aussi loin, qu’elle ne pouvait pas deviner ce qu’il se passait… Elle s’en voulait quand même de n’avoir rien pu faire. Et de ne toujours rien pouvoir faire pour l’aider à l'heure actuelle. Mais comment pouvait-elle l’aider à surpasser la perte de celui qu’elle aimait, elle qui n’était pas capable d’en faire de même, dans une situation pourtant bien moins tragique ?

      Et puis, coup de grâce, il y avait eu cette soirée hebdomadaire chez leurs parents. Cette soirée où les dernières bases de son monde, ce qu’elle croyait pourtant immuable, avaient été soufflées. Ils allaient divorcer. Ses parents, qu’elles croyaient pourtant unis pour la vie, qu’elle n’imaginait pas autrement qu’ensemble, allaient divorcer. Et si ça avait été la seule nouvelle catastrophique de cette soirée…

      Elle revoit la table, ses parents chacun à un bout. Elle revoit Kath, en face d’elle, qui ne disait pas un mot, comme elle restait le plus clair de son temps plongée dans son mutisme depuis le drame, pas plus qu’elle-même n’ouvrait la bouche, pour ne pas changer. Elle entend encore leur père tenter une fois ou deux de lancer la conversation. Sa voix n’était pas si assurée qu’elle eût dû l’être. Elle n’avait pas pu l’expliquer, au départ. Et son cœur battait trop vite. Celui de sa mère aussi. Elle ne comprenait pas. Elle ne pouvait pas comprendre, à ce moment-là. Jusqu’à ce que Maman pose ses couverts. Ca n’était pas normal. Ca n’était pas Maman qui prenait la parole, c’était Papa. Elle les avait regardées, toutes les deux, l’une après l’autre, et ses yeux s’étaient remplis de larmes. "Si au moins vous aviez été heureuses…" avait-elle commencé. Ce qu’elle avait annoncé ensuite avait été pire que tout.

      Elle n’en pouvait plus. Elle n’en pouvait plus de ressentir leur détresse à toutes les deux. De les voir si malheureuses. Elle avait mis sa vie de côté depuis tout ce temps pour ses enfants, espérant que ses filles pourraient être heureuses. Elle avait renoncé à sa passion, pour les élever, pour leur offrir tout ce qu’elle pouvait leur offrir. Et parce qu’elle n’avait pas pu avoir de fils, elles en avaient endossé le rôle. Et parce que leur père n’avait jamais pu leur montrer qu’il était fier d’elles, elles avaient poursuivi dans cette démarche et intégré les Black Warriors. Si au moins elles avaient été heureuses, elle aurait supporté de les voir risquer leurs vies chaque jour que Dieu faisait, même si ça lui faisait mal et qu'elle regrettait leurs choix et l'incapacité de leur père à les féliciter. Mais elles ne l’étaient pas, ni l’une, ni l’autre. Et elle était certaine que ça ne serait pas le cas, tant qu’elles continueraient à suivre cette voie. "Je n’en peux plus de vous voir malheureuses. De ressentir votre douleur, de vous regarder vous sacrifier comme ça. Je ne peux pas vous empêcher de faire ce que vous voulez faire. Mais je ne peux plus supporter de rester là, à faire comme si de rien n’était." avait-elle encore ajouté. My’ était restée imperturbable, mais elle sentait son cœur battre la chamade. Pourquoi avait-il fallu que Maman eût un don de lecture des émotions ?

      Elle leur avait expliqué, ce qu’elle pensait. Qu’elles n’auraient pas souffert autant, l’une comme l’autre, s’il n’y avait pas eu toute cette rancœur. Et Papa gardait le silence. Pourquoi ne disait-il rien ? Que ça faisait un moment qu’elle en avait marre, mais que là… c’était trop. Et Papa ne disait toujours rien. Et que c’était pour ça, qu’elle avait pris cette décision importante. Et Papa n'avait pas pris la peine de répondre, là non plus. Tout comme elle en avait déjà prise une, tout aussi importante, il y avait maintenant dix-huit ans. Bon sang, mais quand est-ce qu'il allait se décider à parler ?

      My’ avait écouté Maman parler, en silence, le regard rivé sur la table. Ca n’était pas possible. Tout ce qu’elle disait, ça ne pouvait pas être vrai. Et surtout pas ça. Elle sentait son regard se poser sur elle, comme elle annonçait le reste. Parce qu’il y avait pire que le divorce. Il y avait pire que la souffrance de leur mère qui était tout autant du fait de leur père que du leur, à toutes les deux. Elle avait toujours su que Maman l’eût préférée styliste que soldat, mais elle n’en avait fait qu’à sa tête, et Maman avait accepté. Mais à quel prix ? Et même si ça, c’était difficile à encaisser, il y avait plus dur encore. My’ avait senti ses doigts trembler, comme elle avait reposé les mains sur ses genoux, quand sa mère avait repris la parole. Et son visage avait porté dès lors ce masque imperturbable, ce regard vide, qu’elle arborait dès que ça n’allait pas.

      Elle avait neuf ans à l’époque. Elle eût dû s’en rendre compte, non ? Maman était tombée enceinte. Une fille, encore. Avait-elle hésité, elle aussi ? S’était-elle posé les mêmes questions qu’elle ? Oh… pas toutes, sans doute. Elle était mariée, elle, elle n’avait pas à s’inquiéter de la présence du père du bébé. Et elle n’avait pas à s’inquiéter de sa carrière, puisqu’elle avait depuis longtemps pris la décision de la mettre de côté. Mais elle avait choisi de mettre fin à cette grossesse. Parce qu’elle ne voulait pas revoir les mêmes choses arriver à un troisième enfant.

      Son cœur s’était-il arrêté de battre ? Non, il battait trop fort, au contraire, couvrant tout le reste, à ses oreilles. Ou était-ce que le silence avait régné dans la salle à manger à ce moment-là ? Elle n’entendait plus rien, elle ne voyait plus rien. Il n’y avait que ses doigts, noués sous la table, qu’elle avait failli plaquer contre son ventre vide. Il n’y avait que le sang affluant à ses tempes. Il n’y avait que ses souvenirs, et la douleur qui enserrait son cœur.

      Elle s’était levée, lentement, le visage encore baissé, l’air impassible bien qu’elle sentît le regard pesant de sa mère sur elle. Et elle s’était tournée vers son père, sans vraiment le voir pourtant. Elle ne se rendait même pas compte qu’elle lui parlait, jusqu’à ce qu’elle ne réalisât que c’était sa propre voix, qui résonnait dans la pièce. "C’était si difficile que ça, de dire une fois dans ta vie à un de tes proches que tu étais fier d’eux ? C’était si difficile que ça, d’aimer ta femme et tes enfants tels qu’ils étaient ? Regarde ce que ça donne aujourd’hui. Bravo Papa. Tu peux être fier. Tu voulais un fils que tu n’as jamais eu. Tu en auras perdu ta femme… et ta fille." Etrangement, sa voix était restée calme et posée. Peut-être était-ce cela le pire. Elle n’avait pas voulu impliquer sa sœur, elle n’avait pas voulu lui imposer sa décision, et elle n’avait pas voulu rester, non plus, de peur de craquer, devant eux. Devant lui, surtout. Elle avait toujours essayé d'être digne d'être sa fille, il n'en avait jamais rien eu à faire. Et aujourd'hui, elle comprenait qu'elle n'était pas la seule à en souffrir. Alors elle lui en voulait, oui, bien plus qu'elle n'eût pu le dire. Et si ce qu'elle lui disait à l'instant lui faisait du mal, ça n'était au final qu'un juste retour des choses. Elle savait dès lors qu'elle ne le reverrait plus, qu'elle ne ferait plus rien pour aller vers lui à présent.

      Elle s’apprêtait à partir, quand la voix de Kath avait retenti à son tour. "Et TES filles." avait-elle simplement ajouté, avant de la rejoindre. My’ s’était alors tournée vers sa mère, son regard posé sur elle sans la voir vraiment. Elle ne pouvait pas croiser ses yeux embués de larmes sans fondre en larmes à son tour, elle le savait, alors elle refusait de s’y attarder. Elle s'était approchée pour la prendre dans ses bras un instant, un peu trop raide sans doute pour que cela fût parfaitement naturel, puisqu'elle s'efforçait de contrôler son corps au mieux, de ne pas trembler. "Je suis désolée..." lui avait-elle alors murmuré à l'oreille, de sorte qu’elle fût la seule à l’entendre, avant d'ajouter qu’elle l’appellerait plus tard. Maman avait répondu qu’elles avaient certainement des choses à se dire et My' avait gardé le silence, avant de repartir avec sa soeur.

      Elle avait ramené Kath, elle ne se souvient pourtant guère du chemin du retour, bien qu'elle eût été conductrice. Elle se souvient des mots de sa mère, résonnant encore et toujours à ses oreilles. Elle avait mis fin à sa troisième grossesse. Elle avait mis fin à sa troisième grossesse. Elle avait mis fin à sa troisième grossesse... Et Maman avait senti que ça perturbait son aînée. Elle eût sans doute souhaité qu'elle se confiât à elle, mais elle en était incapable. Plusieurs fois, depuis, Maman avait tenté de l'inciter à parler, mais My' avait toujours refusé. Elle ne pouvait pas lui expliquer, pas alors qu'elle était déjà si malheureuse à cause d'elle. Mais qu'elle le voulût ou non, c'était quelque chose qui les rapprochait.

      Peut-être était-ce pour ça qu'elle avait accepté ce dîner, ce soir, avec Kath et elle, alors qu'elle n'en avait absolument aucune envie. Même si elle avait dû redemander plusieurs fois à Kath à quelle heure elles étaient censées se retrouver, pour cet anniversaire entre filles. Même si elle ne parvenait pas à se souvenir parfaitement de certains détails que Maman évoquait, de leur passé. Même si elle avait parfois l'air absente, sans vraiment bien savoir pourquoi elle ne parvenait pas à se concentrer sur ce qu'elle disait. Ca n'était pas la toute première fois, mais c'était assez rare, qu'elle fût aussi distraite. Ces derniers temps, elle trouvait que ça devenait un peu plus fréquent, et oui, ça l'inquiétait. C'était sans doute dû à la fatigue, n'est-ce pas ? Elle avait du mal à dormir, ces derniers temps, ça devait être ça. Ca ne pouvait être que ça. Il fallait bien qu'elle se rassure, d'une manière ou d'une autre... Elle ne pouvait pas aussi perdre sa place au sein des Black Warriors...


Dernière édition par Fiona - Admin le Sam 26 Sep 2009 - 9:58, édité 13 fois
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Myriam Michigan - Black Hole Empty
MessageSujet: Re: Myriam Michigan - Black Hole   Myriam Michigan - Black Hole EmptyLun 7 Sep 2009 - 1:29

    { Exemple de rp }
    Myriam Michigan - Black Hole Icomy27 Myriam Michigan - Black Hole Icomy28

I've been waiting for this moment
It's time for the battle
Even if I never make it
Take me home

I might never get my story
Carved in stone
But I will rise again
The fight is to the end


Combien de fois avaient-ils été là, tous, à attendre les ordres ? La tension était palpable, les sens de tout un chacun aux aguets, ceux de Wave particulièrement. Sentinelle. C'était sans doute là la place qui lui convenait le mieux. Ce que les errants attendaient pour lancer une nouvelle offensive, elle n'en avait aucune idée, et à la limite, elle s'en fichait. Il n'y avait que cette nuit noire, la tempête qui menaçait de leur tomber dessus, et l'attente, avant que le combat ne reprenne. Elle le saurait, bien sûr, elle les entendait toujours, bien avant qu'on ne puisse les voir arriver. Et elle préviendrait les siens, les Black Warriors. Sa famille.

Ils se battraient, jusqu'au bout, jusqu'à ce que tous les errants soient tombés, ou que les derniers, ceux trop lâches pour continuer à se battre, se soient enfuis. Ils mourraient, parce que c'était ainsi que ça devait finir, parce qu'ils n'auraient jamais dû se relever, parce que c'était leur travail, à eux, soldats, de les renvoyer au repos éternel qu'ils n'auraient jamais dû quitter. C'était sa raison de vivre, à elle, depuis qu'elle avait pris la décision d'entrer à Newell, il y avait dix-sept ans. Et c'était son rôle, depuis qu'elle avait affronté son père et qu'elle avait été acceptée dans l'Académie, malgré tous les efforts de celui-ci pour la faire flancher, pour qu'elle soit recalée, onze ans auparavant. Elle s'en souvenait comme si c'était hier.

*.*

Il l'avait accompagnée, sans lui préciser que ce serait lui son examinateur. Kath et Maman les avaient regardés passer les portes de Newell, manifestement angoissées à en juger par leurs coeurs qui battaient si vite. Le sien aussi, avait quelque peu accéléré son rythme, mais elle n'était pas vraiment inquiète. C'était comme là, avant le combat. Une pointe d'adrénaline, l'excitation grandissante, l'expectative. Quel sera le prochain mouvement de l'autre ? Elle était entrée dans la salle qui servait aux examens, droite comme la justice, regardant droit devant elle et n'avait pas vraiment été surprise quand ce fut lui qui apparut devant elle. Elle n'avait pas intérêt à lui faire perdre son temps, lui avait-il affirmé à peine les portes refermées derrière elle. Elle n'avait répondu que par cette question en le voyant adopter une de ses postures de combat habituelles.

- Pouvoirs acceptés ?

De l'avantage de l'avoir observé, toutes ses années, quand il s'entraînait aussi à la maison. De l'avantage d'entendre sa respiration se retenir à chaque fois qu'il s'apprêtait à lui porter un coup. De l'avantage d'avoir appris à user de la force de l'adversaire contre celui-ci, surtout quand la force, c'était justement le pouvoir de l'adversaire. Il s'était sans doute attendu à la mettre au tapis rapidement. Elle ne lui fit pas se plaisir, bien au contraire.

Elle ne s'était cantonnée qu'à la défense et à l'usage de son ouïe, au début. Pour voir jusqu'où il comptait aller. Jusqu'au bout, fut la réponse à cette question non formulée. Jusqu'à ce qu'il la fasse craquer. Espérait-il donc qu'elle le supplie d'arrêter ?

*Tu me connais bien mal, Papa...*

Ca avait été à son tour, ensuite, de mener la danse. Elle avait attaqué, et attaqué, et attaqué encore. Il avait eu l'air surpris, au départ, de la force qu'elle pouvait décupler.

*Faute. Je n'aurais jamais dû pouvoir déceler ta surprise Papa...*

Il s'était repris bien vite, bien sûr, changeant de tactique, tentant de contre-attaquer à chacune de ses offensives. Pouvoirs acceptés, qu'il lui avait dit. Elle n'allait pas se priver. Et elle les avait utilisés, ses pouvoirs. Insidieusement, pour le déstabiliser, petit à petit. Elle n'était qu'une fille, n'est-ce pas ? Ca faisait quoi, qu'une fille te mette mal à l'aise, Papa ? Ca faisait quoi, que ta fille te fasse perdre l'équilibre, les infrasons commençant tout doucement à faire leur effet, lui donnant cette impression de malaise, qui ne le laissait évidemment pas complètement de marbre. Elle était jeune, encore, et ça ne fonctionnait évidemment pas parfaitement, de sorte que les vagues de malaises se succédaient, affluaient et refluaient comme la marée, au gré de son pouvoir encore capricieux. Peut-être en était-ce encore plus perturbant ?

Il avait perdu l'équilibre, un instant, elle avait attaqué, accentuant sa chute.

- Est-ce que c'est fini ?

Il n'avait répondu qu'en tentant de la déséquilibrer à son tour... Elle l'avait entendu venir bien avant que ses bras ne tentent de se refermer sur elle, son pied était venu s'abattre sur ce visage qu'elle avait appris à détester, avec les années, avec toutes ces petites remarques qu'il lui assénait toujours, puisqu'elle n'était qu'une méprisable fille, absolument pas digne du moindre intérêt, certainement pas de suivre ses traces.

- Est-ce que c'est fini ?

Combien de fois avait-elle répété cette phrase ? Elle ne savait plus. Sans doute à l'époque eût-elle pu répondre avec certitude le chiffre exact, aujourd'hui, elle savait juste qu'il avait fini par prononcer ces deux petits mots qu'elle attendait : "Ca suffit". Et si elle avait gardé un masque impassible et hoché simplement la tête, intérieurement, elle avait jubilé. Non seulement elle avait passé une étape, mais elle avait montré ce qu'elle valait à son père, ce qui était plus gratifiant encore. Bien qu'il ne se soit jamais abaissé à la complimenter une seule fois dans sa vie.

Ca n'était pas fini, pour autant. Il lui avait posé un nombre incalculable de questions, tournant autour d'elle, toujours debout, immobile, le regard rivé sur un point invisible de la pièce. Elle était restée aux aguets, pour peu qu'il l'attaque de nouveau, profitant de sa concentration sur les questions posées, toutes plus éprouvantes les unes que les autres. Que ferait-elle dans telle ou telle situation, criante de vécu. Croyait-il qu'elle n'imaginait pas ce que c'était que d'être sur le terrain ? Bien sûr, la première mission allait être difficile. Bien sûr, la première fois qu'il faudrait appuyer sur la gâchette pour tuer un errant, elle s'en souviendrait toute sa vie. Elle s'en souvenait d'ailleurs parfaitement aujourd'hui encore. Quoi qu'à bien y réfléchir, certains détails lui semblaient flous, de cette journée-là...

Il avait touché aux cordes sensibles. Lui, Maman. Kath. S'ils devenaient errants, si elle se retrouvait face à eux, en mission, que ferait-elle ? Ils n'avaient pas plus original comme question ? Lui. Elle n'avait eu aucune hésitation. Bien sûr qu'elle le tuerait. C'était le boulot d'un Black Warrior, non ? Maman. Son coeur s'était accéléré, mais elle n'avait pas hésité. Même traitement. Ce ne serait plus Maman, de toute façon.

Kath. Un bref instant d'hésitation - elle s'imaginait face à sa cadette. Petite Kath. Errante. Son coeur se serra une fraction de seconde.

- Un errant, ça n'est plus la personne que ça a été. Son enveloppe corporelle est la même, certes. Mais c'est un leurre.

Elle aurait tiré. Il ne la croyait pas. Elle l'avait défié de la mettre à l'épreuve. Un sourire mauvais avait étiré ses lèvres, et il avait poursuivi.

- Et si tu te réveilles avec la faim ? Si tu réalises que tu es devenue, toi aussi, une errante ?
- Tu feras ce qu'il faut de mon corps, n'est-ce pas ?


Elle n'avait pas attendu sa réponse, et avait mimé le revolver qu'elle plaquerait sur sa propre tempe. Elle ne deviendrait pas une de ces créatures assoiffées de sang, jamais. Il avait ri. Il ne la croyait pas. Elle était restée immobile, stoïque et déterminée.

- Try me.

Ils pouvaient bien trouver ça, n'est-ce pas ? Un illusionniste suffisamment puissant pour qu'elle croie réellement être devenue errante. Qu'il lui laisse une arme à disposition pour voir. Il avait plutôt intérêt à réagir rapidement, ou il perdrait sa fille... et une recrue. Parce qu'elle ne pouvait pas échouer, pas face à lui. Il avait tenté, encore, et encore, de lui faire dire le contraire, qu'elle ne pourrait pas aller jusque-là, et sa réponse avait toujours été la même.

- Try me.

Avait-il hésité à la mettre réellement en situation ? Un bref instant, le silence avait retenti dans la pièce. Mais ça ne fut pas lui qui le brisa.

- Ca suffit.

*.*

Ca avait suffi. Et elle était là aujourd'hui, parmi les envoyés pour protéger le dôme cette fois-ci. Parce qu'il y en avait eus bien d'autres, et parce qu'il y en aurait encore bien d'autres, des combats contre les errants. Parce que c'était son rôle, en tant que Black Warrior. Et que c'était sa raison de vivre. Elle n'avait pas peur, elle n'avait jamais vraiment eu peur. Si elle mourrait en mission, c'était que ça devait arriver. Que ça soit en protégeant les autres, tant qu'à faire, elle était là pour ça, non ? Qu'importait que personne ne se souvienne de ce qu'elle avait fait, de ceux qu'elle avait protégés ? Elle faisait ce qu'elle avait à faire, et blessée ou non, elle finissait toujours par se relever, chaque fois que c'était nécessaire. Et elle se battrait jusqu'au bout. Parce que c'était ça, sa raison d'être. Jusqu'au bout, jusqu'à son dernier souffle, elle se battrait, pour protéger ceux qu'elle aimait.

Son regard balaya ses camarades, elle évaluait leurs positions, se remémorait les pouvoirs de chacun. Et ses yeux se posèrent sur Lyrae. Elle était dans le groupe d'attaque, souvent, cette fois n'échappait pas à la règle. C'était un peu pour elle, aussi, qu'elle continuait. C'était elle qui lui donnait la force de tenir, malgré les écueils, malgré la douleur aussi, parfois, tant physique, que morale. Malgré tous les obstacles que le destin s'évertuait à mettre sur sa route, malgré ses propres erreurs, aussi, qu'elle avait bien du mal à accepter. Sa petite soeur. Celle que personne ne remplacerait jamais. Qu'importaient les honneurs ? Elle n'avait jamais été faite pour être sous les feux de la rampe. Elle faisait ce qu'elle avait à faire. Et tant que Kath était là, elle lui donnait la force de poursuivre, jusqu'au bout.

Le reste n'avait pas d'importance. Ou presque.
Give me strength to carry on
'till my life is done

Everybody wants the glory
But you better remember
The fight is to the end

The fight is to the end


    { Hors-Jeu }
    Myriam Michigan - Black Hole Icomy29 Myriam Michigan - Black Hole Icomy30

      ~ Célébrité sur l'avatar : Natalie Portman

      ~ Comment avez-vous connu le forum : Vu mon perso, la question se pose moyen, mais bon, par Kathaleen Michigan et Dean Stanford. et parce que j’étais sur Origins aussi.

      ~ Une question ? : Euh... non, je fais suffisamment ma chieuse comme ça le reste du temps, c’est bon, pas déjà.
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