Revenir en haut Aller en bas

-45%
Le deal à ne pas rater :
WHIRLPOOL OWFC3C26X – Lave-vaisselle pose libre 14 couverts – ...
339 € 622 €
Voir le deal

Partagez
 

 Kathaleen Erin O'Riordan

Voir le sujet précédent Voir le sujet suivant Aller en bas 
AuteurMessage
Nathanael Keynes
Nathanael Keynes
Nombre de messages : 607
Date d'inscription : 12/02/2014


Kathaleen Erin O'Riordan Empty
MessageSujet: Kathaleen Erin O'Riordan   Kathaleen Erin O'Riordan EmptyMer 5 Nov 2014 - 20:54

AGE › 27 ans.

DATE DE NAISSANCE › 6 août 1986. Je suis lion et tigre. Je sais pas trop ce que ça implique, et j'y crois pas vraiment de toute façon, mais on m'a sorti une fois que c'était pas très étonnant. Me demandez pas pourquoi, ça m'intéresse pas de toute façon... Quoi que éventuellement le côté félin... Passons.

LIEU DE NAISSANCE › Un manoir surplombant un petit village près de Galway en Irlande.

ORIGINES › Gaéliques : Galloises et irlandaises. Et j'en suis assez fière.

SANG › Sang mêlé, mais sorcière pure souche. Ma mère est sang-pur. Mon père, en revanche, est sang-mêlé, et pour ça, mon oncle maternel a rejeté notre famille. J'aurais pas cru que ça puisse si bien se passer avec mes cousins, d'ailleurs, comme quoi les dictons fonctionnent pas toujours, parce que je suis bien contente que ses enfants soient pas aussi bornés que lui.

BAGUETTE ›  Bois de cannelier, 26,8cm, croc de loup rouge. Délicatement ciselée, toute fine, il faut croire qu'elle est un peu à l'image de sa propriétaire (enfin maintenant...). Elle est particulièrement indiquée pour les sortilèges de protection, de séduction et d'endurance, ainsi que pour tout ce qui touche aux domaines artistiques. En revanche, elle rechigne à être utilisée dans un but létal. C'est la quatrième baguette que j'utilise et c'est « drôle » mais toutes ont eu un cœur provenant d'un type de loup, garou ou non, quel qu'il soit. Griffe de loup-garou pour la première, poils de loup arctique pour la seconde, et nerf de cœur de loup noir des forêts d'Amérique du Nord pour la troisième. J'espère juste que celle-ci aura moins de malchance que les trois autres... Je ne compte pas la toute première que mon père a fait faire expressément pour moi aux Etats-Unis à partir de l'écaille de Merrow que j'avais dans la main quand je suis sortie du Loch Coirib, en bois de pommier, et minuscule puisqu'elle ne mesurait que 17,3 tout petits centimètres : elle n'a jamais fonctionné.

PATRONUS › Un hippocampe. Il représente l'importance du père, la fidélité, le respect et la franchise, paraît-il. Et comment dire... Bah je crois que c'est pas complètement aberrant, hein... Bon même si ça m'arrive de ne pas toujours être archi-franche, mais passons.

EPOUVANTARD › Un loup dévorant un corbeau… puis déchiqueté par une myriade de volatiles aux ailes sombres.

METIER › Anciennement herboriste et apothicaire. Mais je suis actuellement en fuite. Il ne fait pas bon avoir la mort d'un employé du Ministère sur la conscience.

STATUT › Célibataire. Qui voudrait d’une créature comme moi, hein ? Et puis, être amoureuse, j'ai rarement connu en fait...

CARACTERE › Courageuse - Sauvage - Indépendante - Impulsive - Intelligente - Ambitieuse - Charmeuse - Arrogante - Indulgente envers les erreurs des autres - Maladroite - Protectrice envers ceux que j'aime - Affreusement jalouse - Passionnée - Rancunière - Plus sensible que je ne veux bien le laisser croire - Terriblement susceptible.

DON PARTICULIER › Lycanthrope. Et non, ma forme lupine n'est pas rousse mais il s'agit de celle un peu plus commune d'un loup noir.

J'AI DE LA PERSONNALITÉ › Je suis fière d'être de la maison Slytherin. Et n’allez pas croire que je sois sans cœur comme on l’imagine souvent, non. Simplement… Certaines des qualités prônées par Salazar se retrouvent dans mon caractère. L’ambition, par exemple. Et un certain opportunisme. Ca ne veut pas dire pour autant que je sois prête à tout et n’importe quoi, j’ai aussi mes principes. Le choixpeau a hésité pourtant. Un moment. Un long moment. Je me souviens avoir entendu quelqu’un murmurer « c’est un choixpeau flou » avant qu’il ne finisse par se décider pour la maison des verts. Le courage, l’impulsivité des rouges, l’intelligence des bleus, la loyauté des jaunes… Ca marchait aussi. Peut-être juste un tout petit peu moins bien. ♣ J'adore la sensation de vol et de vitesse, c'est pourquoi je possède une collection impressionnante de balais volants, que j'emmène partout avec moi. J'ai été un temps remplaçante dans l'équipe de ma maison, mais la compétition m'importait assez peu au final, et ça ne me dérangeait pas de ne pas être la titulaire, tant que je pouvais voler en dehors des matchs, tout allait bien. Ca reste aujourd'hui, et de loin, mon moyen de locomotion favori. ♣ Horriblement maladroite, j'ai déjà cassé trois baguettes, toutes comportant un cœur étrange pour les héritiers d'Ollivander, mais mon très cher père les a faites venir expressément d'Amérique... ♣ Je suis généralement capable de savoir si quelqu'un me ment, et je déteste ça, d'ailleurs. Et comme je suis quelqu'un d'assez rancunier... Ca n'est jamais une très bonne idée. ♣ Précédant les nuits de pleine lune, je porte toujours une longue cape ainsi qu'une capuche afin de cacher mes yeux qui ont tendance à virer au doré. ♣ J'ai possédé un oiseau, petite, que j'aimais énormément. Je lui ai rendu sa liberté juste après mon accident, mais je n'aurais pas cru qu'il reviendrait me voir, régulièrement, pendant les années suivantes... ♣ Je trouve ma voix bien trop grave et rocailleuse pour être agréable. Ca ne m'empêche pourtant pas de chantonner dans mon coin, et je pense être plutôt juste. Mais hors de question de le faire en public, cela dit. ♣ J'ai un coup de crayon correct, surtout pour les natures mortes et autres planches d'herboristerie. Je suppose que je devrais pouvoir dessiner autre chose, mais à vrai dire... je n'en ai pas vraiment envie. ♣ Je ne sais juste pas résister au chocolat. Dans une moindre mesure, je peux être vite accroc aux autres sucreries, mais le moindre morceau de cacao à ma portée finit englouti en moins de temps qu'il n'en faut pour le dire. Si bien que j'évite d'être tentée, parce qu'une tablette ne ferait vraiment pas long feu... et que je n'ai pas vraiment envie de voir réapparaître mes rondeurs d'enfant. ♣ J'ai une certaine collection de tisanes et thés de ma composition, et c'est ce que je bois le plus en réalité. J'en choisis les fragrances et/ou les propriétés en fonction de la situation et de mon humeur. En revanche, je ne supporte pas le café.

« I had a nightmare, the wolf eating the raven »

Je n'ai pas vraiment de souvenir de la famille de ma mère du temps de mon enfance. Il faut dire qu'elle a eu le malheur d'épouser un jeune homme dont le sang n'était pas parfaitement pur, et ça n'a pas trop plu. Ca aurait pu être « pire », elle aurait pu n'épouser qu'un né-moldu, ou pire, une sale engeance de non-sorcier. Entendons-nous bien, je ne partage pas l'avis de mon oncle, Clydwyn Coughlin, héritier du nom, du domaine, de la pureté de la lignée, et frère aîné de ma mère. Quand il a su pour mon père, il n'a plus adressé la parole à ma mère. Elle en a été peinée, longtemps. Mais elle a appris à vivre avec, ça n'était pas comme si elle avait le choix, de toute façon. Je crois que c'est une chose que nous avons en commun, cette adaptabilité : on fait avec, de façon peut-être assez fataliste, mais après tout, quand on ne peut rien y faire, à quoi bon se faire du mal, hein ? Arianrhod Brigit O'Riordan, c'est le nom qu'elle portait à présent, elle en était fière, et tant pis si ça ne plaisait pas aux Coughlin. Petite, je ne comprenais pas pourquoi il y avait ces photos de gens que je n'avais jamais vus chez nous. Ni pourquoi maman y tenait autant. Quand ils ont essayé de répondre à mes questions, je n'ai strictement pas compris. Ca me semblait tellement bête que ne concevais pas que quelqu'un de sain d'esprit puisse avoir ce genre de réaction.

Papa a tenté de m'expliquer pourquoi certains faisaient des différences, maintes et maintes fois, mais à l'époque, ça me dépassait complètement – et à vrai dire, je ne comprends toujours pas bien ce mode de pensée. Mais il faut bien avouer que j'ai tendance à être un peu bornée et que c'était déjà le cas enfant. Ce qui fait aussi que je passais plus de temps à m'engueuler avec les autres enfants qu'à jouer avec eux. Et comme je n'allais pas à l'école, mais que maman m'instruisait à la maison, ça n'arrangeait en rien mes capacités sociales. Ni sportives. Les autres enfants avaient des activités extra-scolaires, moi, je n'imaginais même pas ça possible, à vrai dire, et pour le coup, je lisais, apprenais tout ce que maman pouvait m'apprendre, lecture, écriture, mathématiques, parce que c'était le minimum, mais aussi rudiments d’herboristerie, bases concernant les ingrédients pour les potions, pour lesquelles je me suis très vite passionnée à vrai dire. Je n'avais pas besoin de grand chose, un livre, ou une feuille et un crayon et tout allait bien. Je reproduisais les planches d'herboristerie des livres de maman, je dévorais ses recettes de potions diverses et variées. Ca n'était peut-être pas les activités normales d'une enfant, mais ça m'allait très bien comme ça.

Gourmande de nature, j'ai commencé à prendre des formes, cependant, faute d'activité physique régulière, et les railleries des autres du coin me mettaient hors de moi. J'étais bien mieux auprès de la nature qu'en compagnie des autres humains. Pourtant, je devais bien avouer qu'il m'arrivait de me sentir seule, et je crois que mes parents l'ont rapidement compris. C'est dans l'optique de pallier à cet isolement, je crois, qu'ils ont fait l'acquisition pour moi d'une ponette, que j'avais nommée Macha, et d'une fauvette des jardins que j'appelais Aisling. Toutes deux m'étaient très précieuses, pourtant, je ne les ai pas côtoyées très longtemps...

Parce qu'il y a eu l’accident. J'étais sur le dos de Macha, et on était partis se promener auprès du Loch Coirib. J'ai toujours aimé cet endroit, sans pouvoir réellement expliquer pourquoi et aujourd'hui encore, les grands lacs m'attirent particulièrement. Tout aurait pu se passer bien, comme les fois précédentes à vrai dire, mais malheureusement pour moi, un corbeau a effrayé ma monture, qui dans la panique, a couru jusqu’à la berge où elle s’est arrêtée brusquement, me faisant vider les étriers. Je me suis retrouvée la tête la première dans l’eau, paniquée, et depuis lors, je n'ai plus supporté la présence proche d’un animal, quel qu’il soit, particulièrement les volatiles. Chose étonnante cependant, je n'ai pas transposé mes peurs sur l'eau et l'engloutissement, pourtant. Peut-être que cette image fugace de mon sauvetage par un être de l'eau et mon affinité naturelle pour cet élément en est l'explication ? En tous les cas, c'est ainsi, et une phobie handicapante comme celle que j'ai pour les créatures animales est déjà bien suffisante.

Mon père m'a retrouvée sur le bord du lac, trempée et à moitié consciente, une écaille de Merrow dans la main, et je lui répétais sans cesse que c'était Brigid-Boann qui m'avait sauvée. Il m'a ramenée chez nous, mais je suis restée terrorisée par Macha, incapable de l'approcher, et ça ne s'est plus jamais arrangé. On a fini par s'en séparer, et j'ai pleuré des jours entiers, mais il me répétait qu'il valait mieux pour elle qu'elle soit avec une petite fille qui pourrait s'occuper d'elle. Il avait raison, évidemment, mais ça n'était pas comme si ça facilitait vraiment la séparation. Et ça n'était pas mieux pour Aisling. J'étais juste incapable de la toucher, j'essayais encore de lui donner ses graines mais dès qu'elle approchait de cinq centimètres, je reculais de trois pas. Et je lui ai rendu sa liberté, parce que si je ne pouvais pas la nourrir, il valait sans doute mieux qu'elle puisse le faire elle-même au moins. Elle est revenue, souvent, sur le bord de ma fenêtre. Je ne sais pas si un oiseau peut comprendre ce genre de choses, mais elle n'a jamais essayé de revenir sur ma main comme elle pouvait le faire avant. Elle me réveillait seulement en chantant parfois, puis repartait. Et puis elle n'est plus revenue. J'ai fini par comprendre qu'elle non plus, je ne la reverrai plus, et vu comme les oiseaux me terrorisent, ça aurait dû être un soulagement. Pourtant, ça m'a profondément attristée.

Et puis il est arrivé. Eoghan, mon petit frère. La huitième merveille du monde. Quand maman est tombée enceinte, je n'avais pas encore dix ans, et j'étais fascinée par sa grossesse, par son ventre qui s'arrondissait et tout ce qu'on projetait, tous les trois. J'allais être sa grande soeur, une autre maman, et je ne serai plus seule, non plus. Sauf que je n'avais pas compté sur le fait que moi, j'allais passer complètement à la trappe. Et ça, jalouse comme je peux l'être, je ne l'ai absolument pas supporté. C'était lui d'abord, pour tout. Alors certes, c'était un bébé, et il avait davantage besoin d'attention, mais j'en ai vite eu marre de m'entendre dire que moi j'étais la grande fille, et que donc, je ne devais plus faire l'enfant. Marre que quoi que je fasse, ça ne soit jamais exceptionnel, alors que toutes les étapes qu'il franchissait l'étaient. Il était plus précoce que moi, plus sociable, plus... tout. Il était le chef d'oeuvre, et moi, manifestement le brouillon raté, la petite rouquine boulotte terrorisée par les animaux. Rien de bien intéressant, n'est-ce pas ?

Quand il a été temps d'entrer à l'école de magie, j'ai cru que ce serait mon heure de gloire entre guillemets, mais même ça, c'est resté limité. Pourtant, mon père a fait montre d'un caractère particulièrement borné face au fabricant de baguettes. Il tenait absolument à ce que le coeur en soit constitué de l'écaille de Merrow que je tenais si fermement en sortant du Loch. Et comme il n'a pas obtenu gain de cause ici, il a été trouver son bonheur ailleurs. Sans doute aurait-il dû m'emmener avec lui, cependant, parce que cet artefact en bois de pommier qu'il m'a ramené des Etats-Unis n'a jamais fonctionné dans ma main. J'avais envie qu'elle me convienne parce que ça aurait fait plaisir à mon père. Sauf que ça n'a pas été le cas. Rien n'y a fait, elle ne répondait pas. Mon père l'a tenue en main, et a pu s'en servir, mais moi... Absolument rien. Je l'ai gardée, pourtant, parce que son coeur m'était précieux, comme les autres par la suite. Et en désespoir de cause, on est retournés là-bas ensemble, où il a accepté que l'artisan teste les siennes, selon son idée. La première qu'il a alors mise entre mes mains a tout de suite répondu. En bois de chêne noir et contenant une griffe de loup-garou, elle n'a malheureusement pas tenu très longtemps.

Parce que je suis et ai toujours été... disons assez maladroite. Si bien qu'à la fin de ma deuxième année, elle est tombée avec moi dans les escaliers farceurs de Poudlard – où j'avais été répartie chez les Serpentards sans grande surprise pour ceux qui ont eu droit à mes mesquineries et mes rancunes ensuite – et n'y a pas survécu. A vrai dire, des chutes, j'en ai fait un paquet, sans jamais réellement me faire mal cependant. Il faut croire qu'en contrepartie de ma maladresse, j'ai de bons réflexes, car je retombais rarement mal, me rattrapais aux rambardes quand mes talons se prenaient dans les marches... Je ne peux pas en dire autant de mes affaires qui dévalaient parfois les escaliers jusqu'au palier suivant. Ni des fioles qu'un faux mouvement propulsait malencontreusement au sol.

« Vous êtes douée en potions, Miss O'Riordan, mais ce serait encore mieux si vous évitiez de détruire le matériel par inadvertance... »

Remarque récurrente qui me valait bien évidemment de nouvelles railleries... dont découlaient de nouvelles vengeances. Pour moi pourtant, à l'origine, intégrer la maison des ambitieux et des sournois selon la pensée commune, ça n'était pas vraiment une évidence au départ. J'étais plutôt réservée, et je ne me voyais pas réellement comme aussi hargneuse que certains de mes camarades, en guerre perpétuelle contre les rouges. Pourtant... J'avais beau être très discrète, n'avoir que peu de relations avec les autres, notamment parce qu'une part de moi restait profondément sauvage et capricieuse, et aussi parce que je voyais bien leurs regards dépréciateurs sur ma silhouette trop ronde alors, je n'acceptais pas les moqueries, et tous ceux dont je remarquais les mesquineries dans mon dos finissaient, tôt ou tard, par s'en mordre les doigts. Ce qui n'aidait d'ailleurs en rien à mon intégration déjà inexistante, puisqu'on commençait à craindre mes vengeances.

J'entrais en quatrième année quand j'ai rencontré les deux blondinets des photos. Je ne les connaissais pas, on me les fourrait dans les pattes, et ça ne me plaisait pas beaucoup. Mais ils faisaient partie de la famille, disait maman, alors j'ai gardé un oeil sur eux, de loin, de temps en temps. Pour Honor, il n'y avait vraiment rien à dire, il était dans son élément chez les rouges, populaire et plutôt doué dans les matières qui plaisaient au plus grand nombre. Sa soeur par contre... Je l'ai vue plusieurs fois se faire emmerder par les miens de loin, sans avoir l'occasion d'intervenir. Ca n'empêchait pas que plus tard, j'allais voir ceux qui lui avaient joué des tours et leur faisait comprendre à ma manière qu'on ne touchait pas à ma famille. J'ai fini par le faire devant elle, un jour où elle s'est retrouvée à devoir ramasser toutes ses affaires à terre. Combien de fois j'ai fait ce genre de choses parce que je suis maladroite, moi ? Elle, en revanche, c'était totalement involontaire, et je trouvais ça encore plus désagréable. Et à partir de là, je ne me suis pas cachée de l'avoir prise sous ma protection.

On est assez différentes, toutes les deux, et pourtant, clairement, je la considère comme ma meilleure amie. Nos vies se sont retrouvées mêlées, et ça n'a fait que se renforcer avec le temps. Et à vrai dire, je ne renierai ça pour rien au monde, pas même pour revenir sur ce que je suis devenue plus tard. A l'époque, on était juste les deux filles bizarres, la rouquine trop ronde revancharde et la blonde solitaire et décalée. Ce qui a été assez « drôle », par la suite – et je mets des guillemets parce que bon... j'en ai pas réellement ri – ça a été de voir le regard des gens évoluer, des garçons, surtout, quand mon physique s'est modifié avec les années. J'ai grandi, et je me suis affinée, ce qui fait que de la gamine boulotte, je suis passée à la jeune fille plutôt désirable...  et que j'en ai honteusement profité. On restait toujours sur ses gardes avec moi, je restais globalement à l'écart des autres – et vu que mon caractère rancunier ne s'est pas arrangé, c'est pas très surprenant – si bien que mes relations avec les hommes restaient éphémères et souvent intéressées, mais ça n'était pas vraiment pour me déplaire, au contraire. Parce que tant qu'à faire, autant joindre l'utile à l'agréable, n'est-ce pas ? Je n'ai jamais été particulièrement romantique, même si comme toutes les petites filles, j'ai pu rêver d'histoires à l'eau de rose que je savais pertinemment irréalisables, si bien que je n'ai pas vraiment eu de mal à profiter de ma nouvelle plastique sans état d'âme. C'était même clairement mieux ainsi. Tant qu'il n'y a pas de sentiment, il n'y a pas de risque d'être déçue, n'est-ce pas ?

Je ne me suis jamais vraiment interrogée sur la façon dont les garçons avec qui je m'amusais me voyaient cependant, à l'époque, pourtant je sais à présent que certains – dont Leeroy pour ne pas le citer – attendaient plus que quelques nuits torrides. Ca n'était pas ce que je recherchais, je ne m'en suis jamais cachée, et quelque part, je suis assez heureuse que ça ne l'ait pas complètement détaché de moi par la suite. On était amants, et amis, mais ça en restait là, et moi ça me convenait. S'il avait coupé complètement les ponts à cause de ça, je crois que j'en aurais été assez peinée, même si je ne le lui aurais sans doute pas avoué. Ca n'était pas comme si j'avais foule d'amis, non plus, et au-delà de ce qu'il voulait bien montrer à tous, j'étais réellement persuadée que c'était quelqu'un de bien. Je le suis toujours d'ailleurs, même si ma situation fait qu'il y a un moment qu'on ne s'est plus vus. Certains de mes camarades, pourtant, voyaient leurs avances systématiquement refusées, et sauvagement encore : ceux-là même qui s’étaient moqués de moi quelques temps plus tôt, et qui espéraient peut-être que j'eusse la mémoire courte. Je crois qu'ils n’oublieront pas de sitôt qu’une rose, aussi belle soit-elle, possède toujours des épines, parfois même empoisonnées.

Quand il a fallu choisir nos options, ça n'a été une surprise pour personne dans mon entourage proche – et limité – que je rejette d'emblée les Soins aux Créatures Magiques. Bien au contraire, cependant, mon père a été très surpris que j'aie choisi l'Etude des Moldus, compte-tenu de l'évident désaccord d'une partie de notre famille. Pourtant, l'existence même de cet autre monde m'intriguait au plus au point, et c'était une chose, outre le sang, que je partageais avec Hope. J'étais particulièrement admirative devant la façon dont ils expliquaient ce qui leur semblait irrationnel, et les technologies qu'ils étaient capable de mettre au point pour palier à l'absence de magie dans leur monde. Ce qui n'empêchait pas que, paradoxalement, je m'intéressais aussi particulièrement à la Magie Originelle – quand bien même je trouvais l'Histoire de la Magie particulièrement ennuyeuse en général – et aux Runes. En fait, c'était les manifestations quelque peu hors normes de la sorcellerie qui me passionnaient, ce qu'un sorcier lambda n'était pas forcément en mesure de faire. Tout le monde dans notre milieu lance des sortilèges, mais les Runes restent un langage plus secret, réservé à ceux capables de les décrypter. Quant à la Magie Originelle... elle nous est devenue tellement inconnue, que c'en est tout simplement fascinant.

Et à côté de ça, je me consacrais toujours à l'étude des potions, qui restaient, clairement, ma plus grande passion. Ma deuxième baguette, d'ailleurs, a fini au fond d'une de mes potions – il fallait bien que ça arrive un jour – et n'a pas supporté le traitement. Son cœur en poils de loup arctique est entré en conflit avec le philtre et a perdu ses pouvoirs, c'est devenu un morceau de bois inutile. Comme les premières, je l'ai gardée précieusement, et l'ai toujours avec moi aujourd'hui. Je sortais cependant de cette mésaventure, un peu agacée, et je me suis défoulée entre guillemets dans les bras d'un camarade de maison... à la bibliothèque (les endroits où on peut être surpris ont quelque chose d'excitant, non ?), quand j'ai surpris un autre vert à une table, en train de bosser comme un forcené à en juger par la pile de bouquins à ses côtés. A cette heure, ni lui, ni moi, n'étions censés être là, et clairement, aucun de nous n'avait envie d'être surpris. J'en ai profité. Le lendemain, je suis venu le trouver, et j'ai mis en avant ce que j'avais compris. Parce que Dreogan était très fier de dire que sa réussite était « innée », qu'il avait en gros la science infuse. Or, je savais donc que ça n'était pas du tout le cas, que c'était un travail acharné qui lui permettait de se maintenir à niveau. Il n'a même pas essayé de se défendre, m'a juste regardée, la mâchoire serrée, en me demandant ce que je voulais.

« T'aider... Si tu me sers à devenir plus... populaire... »

Parce que soyons francs : j'étais tout à fait consciente du fait que bien que je n'aie pas de mal à trouver quelqu'un dans les bras de qui passer la nuit, je ne pouvais considérer quasiment personne d'autre que Lee et mes cousins comme de réels amis. Si j'avais des relations avec les gens, c'était uniquement parce que je pouvais leur apporter quelque chose – mon corps en général – ou qu'ils pouvaient m'apporter quelque chose de leur côté. Ami, c'était un mot que je ne connaissais pour ainsi dire pas, puisque ma cousine, c'était ma famille, donc encore autre chose et que Lee était... disons mon amant attitré. Je crois que j'avais envie de voir ce que ça pouvait faire d'être près de quelqu'un, malgré tout ce que je pouvais bien dire sur le fait que je ne souhaitais pas m'attacher. Cette relation était fausse, évidemment, puisque ça tenait du chantage : je ne disais rien du secret de Dreogan s'il me laissait être auprès de lui, profiter de son propre cercle d'amis, et même, je l'aidais dans les matières où j'excellais, les potions et la botanique, par exemple. Mais c'était le plus proche que je pouvais avoir d'une relation affective normale, puisque tout le monde se méfiait de moi, parfois sans même trop savoir pourquoi, tout le temps et que malheureusement pour lui, mes sentiments pour Lee n'ont jamais été au-delà d'une profonde amitié. A vrai dire, autant je ne supportais pas les moqueries, autant cet état de fait, cette méfiance des autres, je ne pouvais pas trop leur en vouloir : Je suis dangereuse, c'est un fait, ils l'ont tous constaté, et ça ne s'est pas arrangé par la suite.

Dreogan n'a pas eu d'autre choix que d'accepter. Et pendant quelques années, on est devenus les inséparables... Parce que je n'hésitais pas à me jeter dans ses bras à la moindre occasion, à lui tourner autour à peu près tout le temps... Lui est toujours resté aussi droit et digne que tout le monde le connaissait, même quand il se raidissait à mon contact, ce qui, je dois bien l'avouer, me décevait à chaque fois. Je crois que j'aurais voulu qu'il me voie autrement, tout en sachant pertinemment que ça n'arriverait jamais. On a fini notre scolarité de cette manière, sur des faux-semblants et des mensonges. Je ne crois pas qu'il ait jamais su exactement ce que j'étais devenue lors de notre dernière année, quand bien même sa passion allait aux créatures magiques. Il n’était pas vraiment du genre démonstratif, c’était ce qu’on disait, et ça faisait souvent sourire de me voir… lui sauter dessus. Parce que moi en revanche, je n’hésitais pas une seconde à lui sauter au cou, et à m’accrocher à lui, laissant comprendre à travers mon regard qu’il n’avait pas vraiment intérêt à me repousser. A vrai dire, j’en profitais honteusement, parce que je savais pertinemment que c’était là les seuls contacts que j’aurais jamais avec lui. Je crois bien que quelque part, j’aurais aimé qu’il voie plus loin que les apparences, qu’il comprenne que si je faisais ça, c’était surtout parce que je n’avais pas vraiment de meilleure solution en tête pour le garder près de moi. C’était sans doute assez… puéril, comme façon de faire, mais à l’époque, les relations humaines m’étaient encore plus inconnues que maintenant, et je ne voyais que la triste évidence : il ne pourrait jamais réellement me faire confiance. Invariablement, les gens se méfiaient, et restaient distants. On souriait de loin à mes extravagances et on se méfiait de mes rancunes. C’était à peu près tout ce qui composait mes liens avec les autres. Et lui faisait avec, parce qu’il n’avait pas le choix, s’il voulait garder son secret entre nous. Je ne sais pas trop ce que Lee en a pensé, quand j'ai commencé à m'afficher avec lui, et c'est peut-être ce que je regrette le plus : je ne lui ai jamais rendu ce qu'il attendait de moi, mais... ça ne se commande pas, n'est-ce pas ? Il n'empêche qu'il restait quelqu'un de très important pour moi, un des rares, et ça n'est pas pour rien que lorsque j'ai fêté ma majorité, je l'ai invité à nous rejoindre, Honor, Hope et moi, sur l'île où mes cousins vivaient.

Et c'est à partir de là que c'est moi qui en ait eu un, de secret. C'était l'été avant ma dernière année, et comme presque tous les ans, je me débrouillais pour passer une partie des vacances avec ma cousine, au grand dam de leur père quand je la faisais venir chez nous. Cette année n'a pas fait exception, et je squattais chez elle, sur l'île de Holyhead. Je me suis démerdée pour nous incruster à une fête sur la plage, et j'y ai traîné mes cousins. Je n'imaginais pas que ça se passerait comme ça. Sinon je ne les aurais jamais faits venir. Ni Honor, ni Hope, ni Leeroy, ni personne. Parce que oui, j'ai profité de l'occasion pour inviter certains verts, et notamment le serpentard avec lequel il m'arrivait de passer du bon temps. Je pouvais pas avoir Dreogan, alors autant profiter de ce qu'on voulait bien me laisser prendre, et au moins avec lui, les choses étaient tout à fait claires – même si on n'était pas tout à fait dans la même optique malgré tout. Et ce soir-là, on était bien partis pour en profiter. Sauf que ce type est arrivé, terrorisé, parlant de Loup-Garou et de la blonde à lunettes... Hope. J'ai pas cherché, Honor, non plus, et on a foncé. Un trait qu'on avait manifestement en commun, mon cousin et moi. Et on s'est effectivement retrouvés face à un Loup-Garou, à protéger une "blondinette à lunettes", comme il disait, paralysée par la peur. J'ai pas vraiment de souvenir précis de ce qu'il s'est passé ensuite, j'ai pas vraiment réfléchi, on s'est battus, Honor et moi, jusqu'à ce que le Loup parte... Mais il m'a mordue, et c'est mon cousin qui l'a repoussé, au prix de son visage. Et puis j'ai perdu connaissance. Je me suis réveillée avec ma cousine à mes côtés, qui s'est excusée à peu près douze milliards de fois. Mais sincèrement, j'aurais rien changé. Ok, je me retrouve avec du sang de Louve et j'en suis pas super heureuse. Mais elle, elle va bien, et c'est tout ce qui compte. Ca complexifie un peu ma vie, mais après ? Je suis vivante, tout va bien, non ? Je sais qu'elle s'en veut, je sais que j'ai beau dire, elle n'arrivera jamais vraiment à accepter cette responsabilité. Moi pourtant, je ne lui en veux pas le moins du monde et si c'était à refaire, je le referai sans la moindre hésitation.

J'ai fini ma scolarité de la même manière que les années précédentes, les Lunes en plus. J'ai continué à bosser les potions, pour apprendre à faire la potion tue-loup notamment, et ne plus dépendre de personne – il n'aurait plus manqué que ça ! – puisque mon père en avait parlé à la direction pour s'assurer que le professeur de potions me fournisse ma dose tous les mois, et j'ai continué ma vie. Je n'avais pas l'intention de m'arrêter à ça. Et au départ, je n'étais pas d'accord pour que Hope soit là les nuits de Pleine Lune. Mais elle est aussi têtue que moi, et au final... Avouons-le, je suis contente de ne pas être complètement seule à ces moments-là. Même si je me suis encore engueulée avec elle quand elle a parlé de devenir animagus non déclaré pour m'accompagner complètement. Sur le coup, j'ai trouvé ça con. Enfin, surtout, beaucoup trop dangereux. En pratique aujourd'hui, je suis heureuse qu'elle l'ait fait. Comme je suis heureuse de certaines rencontres, même si je ne suis pas vraiment le genre de fille à exprimer cette reconnaissance. Hope et Honor, c'est une chose, mais Leeroy fait aussi partie de ces personnes que je suis heureuse d'avoir connues. Et Dreogan, évidemment. Même s'il ne m'a jamais aimée, ni jamais fait confiance non plus.

Le pire dans l’histoire, c’est que je ne suis pas certaine que j’aurais vendu la mèche, quand bien même il m’aurait repoussée. Ce qu’il n’a pas fait, même quand je lui ai volé un baiser sur le quai de la gare, à la fin de notre dernière année. Je crois que c’était uniquement dû à la surprise, il n’a pas su comment réagir, et à vrai dire, je ne suis pas restée pour en savoir plus. Au fond, je crois que j’avais peur de ce qu’il allait en dire, alors je suis partie. J’ai fui. Paradoxalement, c’était le premier baiser que j’ai donné sincèrement, le seul qui ait fait battre ainsi mon cœur de glace – ou tout au moins était-ce ce qu’on en disait. Je n’ai jamais oublié Dreogan, et je crois que je ne l’oublierai jamais, parce que même si je l’ai littéralement fait chanter en découvrant le secret qu'il dissimulait aux yeux de tous, j’aimais sa compagnie… Je l’aimais tout court, en fait, même s’il m’a fallu bien trop de temps pour le comprendre, et même si je ne le lui ai jamais réellement avoué.

Et je n’en aurai plus jamais l’occasion.

On a suivi chacun notre route, lui est parti étudier des créatures magiques plus dangereuses les unes que les autres sans savoir je crois que j’en faisais partie, et moi j’ai pris le parti de voyager un peu partout à travers le monde magique, d’enchaîner les stages pour parfaire mes connaissances dans les domaines que j’affectionnais réellement. L’herboristerie, les potions, les légendes concernant la Magie Originelle, l’étude des fluides. C’était assez étrange, d’ailleurs, mais il était un fait que même si j’avais failli périr dans le Loch Coirib petite, j’avais gardé un lien très fort avec cet élément, l'eau, que je manipulais, clairement, plus facilement qu’aucun autre, quelle que soit la baguette dont j’usais. Et à vrai dire, la troisième, renfermant un nerf de cœur de loup noir des forêts d'Amérique du Nord, affectionnait particulièrement les sorts que je pouvais lancer et qui y étaient liés. Je ne jurais que par moi-même, n’attendait rien de personne, et pour cause : personne n’agit par pure bonté, j’en étais persuadée. A l’exception de ma famille, en gros, je savais que je ne pouvais compter sur personne – et encore, puisque je n'ai jamais réussi à nouer quelque lien que ce soit avec mon petit frère, trop rancunière de la place qu'il m'avait involontairement volée dans le cœur de nos parents. Je suis injuste, certainement, mais c'est plus fort que moi. Et maintenant que je suis ce que je suis, c'est pire encore : je ne serai jamais aussi parfaite que lui, compte tenu ce que je suis devenue. Alors non, définitivement, je ne peux pas entendre parler de lui sans sentir mes poils se hérisser. Ce qui ne m’empêchais pourtant pas de me sentir seule, souvent et déjà à l'époque, quand bien même je continuais à flirter à droite à gauche.

Et ça n’a été que pire ce jour-là. Je n’ai aucun talent pour la divination, c’est un fait avéré, et la prof à l’époque de Poudlard n’a eu de cesse de le répéter, à raison – je n'ai d'ailleurs pas continué cette option après trois cours catastrophiques. Pourtant ce jour-là, j’ai tout de suite su que quelque chose n’allait pas. Que quelque chose de grave était arrivé. J’étais sur une île nordique, partie en quête de découvertes sur les propriétés de certains champignons résistants particulièrement aux froids glaciaux des pôles. J’y préparai une nouvelle potion, ou tout au moins je tentais de le faire, de créer mon propre philtre de soin… mais ce jour-là, rien n’y faisait, je n’étais pas capable de me concentrer, et cette sensation terrible et menaçante ne me quittait pas. Alors j’ai contacté mon père, pour me rassurer, être sûre qu’il allait bien, et maman aussi. Je n'ai pas demandé de nouvelle d'Eoghan, « étrangement », de toute façon je savais qu'ils en parleraient, et il m'a assuré qu'ils étaient tous les trois en pleine forme. Alors pourquoi ? Pourquoi ce si mauvais pressentiment ? Et pourquoi cette voix morne et ce visage attristé, aisément perceptibles même à travers le miroir qui nous servait de communicateur ?

« Je crois que tu devrais revenir ici, Petite Kath... »

Ca ne m’a pas rassurée, évidemment, et j’ai tout laissé en plan – ou presque, je ne pouvais me résoudre à abandonner ni les balais, ni mes baguettes, ni les plantes que je chérissais particulièrement – dans le grand nord pour rentrer en Irlande en transplanant, au mépris du risque de désartibulation que mon état émotionnel pouvait induire… Je suis rentrée chez moi pour y découvrir les gros titres des journaux auxquels je m’étais abonnée et que mon père recevait pour moi, ceux-là qui traitaient particulièrement des développements et recherches dans le domaine des créatures magiques. Un brillant zoologue magique s’était brûlé les ailes à toujours chercher à dépasser ses propres exploits. Il avait voulu dompter une chimère particulièrement caractérielle et avait fait les frais de son arrogance. Je savais qu’il s’agissait de lui avant même que son nom ne soit cité dans l’article. Et je suis purement et simplement devenue incontrôlable ce jour-là. Il faut dire que la Pleine Lune approchait, également, jouant sur mes émotions, malgré les potions que je m’administrais chaque mois.

Je crois que j’ai rarement été aussi violente et destructrice. Ma chambre s’est trouvée dévastée, ma baguette n’y a pas résisté. Seuls mes possessions les plus précieuses, restées dans la remise à mon arrivée, ont survécu à la rage désespérée qui m’avait enveloppée, et j’ai disparu quelques jours, terrée dans les bois avoisinants, désireuse de ne voir personne, pas même mes propres parents, pas même ma cousine, sous forme Lupine lorsque la Lune a été parfaitement ronde. Je sais qu'elle n'était pas loin, j'ai senti son odeur, mais je suis restée loin d'elle. Et j'ai continué, pendant plusieurs jours, où je sais qu’ils se sont tous faits un sang d’encre, elle et mes parents. Plusieurs jours où j’étais cependant bien incapable de comprendre leur propre peine et leurs inquiétudes. Tout ce que je voyais, c'était ma peine, et ce que j'étais. La liberté, la communion avec la nature, les sens plus aiguisés aussi. D'accord. Mais quelle liberté lorsque les autres vous rejettent même sous forme humaine, et qu'on vous traque, dussiez-vous croiser la route d'un humain une nuit de Pleine Lune ? Quelle communion avec la nature, puisque tout ce que nos instincts nous poussaient à faire, c'était tuer ? Et quel avantage à avoir des sens plus aiguisés, si c'était pour passer pour un monstre lorsqu'une odeur subtile pour les autres nous agressait ? J'aurais donné cher, ce jour-là, pour que tout ça ne soit jamais arrivé, mais ça, ça n'était pas en mon pouvoir. Et malgré tout ça, je savais bien que je n'aurais jamais pu accepter de sacrifier ma cousine. J’ai fini par rentrer, cependant. Par retrouver le foyer que j’avais délaissé pendant plusieurs années, la famille qui n’avait eu de nouvelles que par lettres pendant trop longtemps. Je n'ai jamais réussi à manifester réellement d'affection à Eoghan, mais j'ai vu son regard, à mon retour, et ses tentatives vaines pour me réconforter alors même qu'il ne pouvait clairement pas m'approcher. Dire que j'en ai été touchée serait trop fort, mais j'avoue que ça m'a surprise, et que ça m'intrigue encore, quoi que j'en dise ouvertement. J’ai inauguré ma quatrième baguette en réparant les dégâts que j’avais commis auparavant, une baguette que j’ai tout de suite adoptée, et adorée. Et pourtant, je m'en sers peu. En fait, je crois que j'ai toujours considéré qu'elle était trop précieuse pour servir à des tâches disons ingrates. Ce jour-là, je n’ai guère eu le choix, les dommages que j’avais causés étaient bien trop importants pour que je les répare d’une autre façon, mais la plupart du temps, elle a beau être toujours près de moi, son léger parfum de cannelle aisément discernable pour mes sens de Louve, elle sert peu. Un fait qui me vaut quelques railleries de la part d’une certaine personne, depuis.

J’ai tenté de tourner la page, sans pour autant réellement oublier le seul homme que j’aie jamais réellement aimé, me jetant plus particulièrement dans un travail acharné pour monter ma boutique et me faire ma réputation. Je n’étais pas faite pour les relations humaines, c’était un fait, mais je pouvais aider, quand même, avec mes potions, en dénichant les herbes rares que d'autres ne trouveraient jamais. C'était mon domaine, ça l'avait toujours été, et je m'y donnais corps et âme. Hope m'y retrouvait souvent, les rares fois où elle est tombée sur Lee, ça a été drôle, parce qu'elle lâche toujours ce qu'il lui passe par la tête, et qu'il n'a jamais eu réellement bonne presse auprès d'elle. Elle y a aussi fait – à mon grand plaisir d'ailleurs – quelques rencontres, et pour moi qui l'ai toujours vue comme quelqu'un d'exceptionnel quoi qu'elle en dise, c'était quelque chose de particulièrement important. Mais ça aussi, ça ne s'est pas bien passé jusqu'au bout, malheureusement.

Le régime a changé, les moldus ont été stigmatisés, et Hope a tiqué. Moi, à la base, ça ne m'intéressait pas vraiment. Disons que comme elle, je trouvais ça con, mais tant que ça ne me touchait pas, je m'en foutais un peu. Les querelles de clocher, ce n'était pas mon truc. Je n'étais ni spécialement pour les Résistants, ni spécialement pour le Ministère. Disons surtout que... j'avais un peu tendance à être du côté des gagnants, tant qu'on me foutait la paix, que je pouvais continuer mes recherches, même si au fond, ça ne me plaisait pas complètement, et tant qu'on ne touchait pas à ceux que j'aimais. Hope n'était pas du tout d'accord avec moi, pour elle on devait forcément choisir un camp, prendre position, et c'était évident que malgré son sang-pur, le sien était pour les Résistants. Alors on évitait le sujet qui fâche, jusque-là, histoire de ne pas purement et simplement s'engueuler pour rien : on savait toutes les deux qu'on resterait sur nos positions, et que, surtout, on n'avait pas vraiment des avis si divergents. Juste que j'étais courageuse pour mes proches, mais je ne me voyais pas aller défendre la veuve et l'orphelin. Elle en revanche n'était pas sûre d'être capable d'être brave jusqu'au bout, mais voulait protéger tout le monde. Quelque part, elle avait sans doute raison. J'aurais dû savoir qu'à un moment ou à un autre, ça allait finir par me toucher de façon plus personnelle. On ne peut jamais rester neutre éternellement dans une situation pareille, pourtant... Pourtant c'est bien ce que j'essayais de faire. Même si ça signifiait fuir constamment. Aujourd'hui, ça me complique drôlement la tâche les soirs de Pleine Lune. Comment voulez-vous que je réalise une potion correcte si je ne peux pas rester au même endroit plus de quelques jours sous peine qu'on me retrouve ? Force m'est de constater que parfois, je suis contrainte de me diriger vers un professionnel, pour acheter le philtre nécessaire, à défaut d'avoir la possibilité technique de le faire. Et j'essaie toujours d'avoir un stock d'avance, que j'emporte à chacun de mes déménagements... Mais malgré tous mes efforts, il y a eu une fois où ça n'a pas suffi. Une fois de trop.

Parce que j'ai merdé, clairement. J'ai loupé une prise de tue-loup, et je me suis transformée. J'ai viré ma cousine à temps mais... Je n'ai pas pu ne pas être le danger qu'on pensait que j'étais. J'ai toujours pris mes potions en temps et en heure, de sorte que personne n'ait à pâtir de mes griffes ou de mes crocs mais ce soir-là, j'étais trop nerveuse. La Lune n'était pas la seule fautive, bien que son influence sur mon état à fleur de peau fût indéniable, car c'était aussi l'anniversaire de la mort de Dreogan, et, comme tous les ans, cette période restait particulièrement douloureuse. C'était ma dernière dose de Tue-Loup, et elle m'était indispensable ce soir. Mais maladroite comme je le suis, qui plus est dans un état nerveux terrible, je n'ai rien trouvé de mieux à faire que de briser le flacon par inadvertance. Résultat, la panique a commencé à me gagner. Je ne pouvais évidemment pas me permettre de rester comme ça, alors j'ai transplané jusqu'à l'allée des Embrumes, avec l'objectif évident d'acheter la dose nécessaire, Hope sur les talons contre mon gré. C'est une chose qui m'a toujours fait une drôle d'impression, ce parallèle qu'on peut faire, au fond, avec un drogué moldu... Et peut-être que mon imagination en ce sens, ce soir-là, a été démesurée. Toujours est-il que je me dirigeais vers la boutique quand j'ai croisé le regard de cet homme, qui n'avait rien à envier aux dealers qu'on dépeint dans les œuvres moldues. Panique, encore, ce soir-là, la moindre de mes sensations prenait des proportions aberrantes, et je n'arrivais clairement plus à reprendre mon calme, ni à réfléchir de façon posée. J'ai intimé l'ordre à ma cousine de s'en aller, et pour une fois, elle l'a fait, et moi j'ai passé mon chemin, comme si c'était exactement mon but d'origine, alors qu'il n'en était rien. Je n'aurais pas dû. J'ai senti la transformation s'amorcer, avant que j'aie pu avaler cette si précieuse potion, et je n'ai rien pu faire pour l'empêcher, si ce n'est la retarder de quelques instants, le temps de m'éloigner un peu. Vaine tentative pour m'isoler, j'étais encore trop près de zones civilisées quand j'ai perdu tout contact avec mon moi humain. La Louve a pris le dessus, et n'en a fait qu'à sa tête pour la seule et unique fois de ma vie depuis que les métamorphoses avaient commencé.

Quand j'ai repris conscience au petit matin, je ne gardais pas le moindre souvenir de ce qu'il s'était passé dans la nuit, mais je n'ai pas pu ignorer le triste spectacle qui s'offrait à moi. Il y avait deux hommes, à terre, devant moi, un blafard, dont je ne décelais plus de souffle, et l'autre le visage ensanglanté, lacéré. Par mes griffes et non mes crocs, fort heureusement. Louve avait-elle eu une part de lucidité en refusant de transmettre à quelqu'un ma malédiction ? Je n'en sais rien, et n'en saurais sans le moindre doute jamais rien. Tout ce que je sais, c'est que je ne pouvais simplement pas le laisser ainsi, même si la panique que j'avais déjà ressentie la veille au soir rappliquait, de façon plus importante encore. Il fallait que je le sauve, d'une manière ou d'une autre, mais en étais-je seulement capable ? En théorie, oui. En pratique...

J'ai réussi à transplaner avec lui, avec toute la difficulté du monde pour déplacer son corps inerte beaucoup plus imposant que le mien. J'ai toujours été de toute petite stature – beau contraste avec ma forme de Louve imposante, quoi que plus fine que celle de nombre de mes congénères sans doute – et depuis l'adolescence, je n'ai guère changé de silhouette. Toute menue, ma force physique n'était due qu'à la Louve, clairement, et sans elle, je n'aurais jamais pu le ramener. Elle m'aidait un peu à réparer les dégâts qu'elle avait commis... Maigre consolation, dont je devais pourtant me contenter. Les potions et onguents étaient censés être ma spécialité, mais mon état psychologique faisait ressortir avec tellement de force ma maladresse naturelle que je n'arrivais à rien faire de correct, ou presque. Certes, j'ai pu stopper l'hémorragie, résorber les plaies dans une certaine mesure et ses jours n'ont pas été comptés. Mais j'ai été tout bonnement incapable de faire disparaître complètement les marques sur son visage, qu'il arbore encore aujourd'hui par ma faute. Quand ma cousine est arrivée, quand il a repris conscience, je m'évertuais encore à tenter de les atténuer.

« Arrête... Tu vas finir par faire plus de dégâts qu'autre chose.
- C'est de ma faute, je peux pas te laisser comme ça... »

Ca n'est pas dans mes habitudes que de tutoyer ainsi d'emblée un inconnu, et pourtant, avec Leo, ça s'est fait naturellement. Son ton avait été ferme, mais je refusais de l'écouter. Il s'était redressé sur mon lit où j'avais finalement réussi à l'étendre – comme j'ai pu... – et m'a pris les mains quand je me suis approchée de lui.

« Arrête. »

Nos regards sont restés plongés l'un dans l'autre quelques instants avant que je ne finisse par capituler. J'ai lâché un soupir, lasse et particulièrement déçue de mon incapacité à réparer parfaitement les dommages que j'avais engendrés. L'échec m'a toujours particulièrement rebuté, et celui-là n'était pas anodin, bien loin de là.

« Tu m'as sauvé, c'est l'essentiel.
- Tu n'aurais pas eu à être sauvé, si je n'avais pas croisé ta route à ce moment-là... »

Il n'a rien ajouté, mais je crois que son regard en disait beaucoup trop pour que je ne puisse me permettre de continuer à protester. A vrai dire, on aurait pu continuer des heures un dialogue de sourd sur ce sujet, parce que quoi qu'il dise, je ne me suis jamais pardonnée ni de l'avoir blessé, ni mon échec à réparer ça. Mais ça n'aurait mené à rien, tout comme avec ma cousine – qui flippait d'ailleurs de ce qu'il s'était passé avec des gens du Ministère, puisqu'elle les reconnaissait –, on serait restés chacun sur nos positions. Et je devais bien admettre qu'il avait raison : à tout essayer, et dans l'état de nerfs dans lequel j'étais, j'allais finir par lui faire à nouveau du mal, sans le vouloir.

Je crois que je lui a présenté des excuses un million de fois, en précisant à chaque fois que je ne suis jamais hors de contrôle d'ordinaire, tout au long des quelques jours qui ont suivi et pendant lesquels on a appris à faire connaissance. Et je crois que je comprends à présent ce que Hope a ressenti, après ce soir sur l'île. Presque dès le départ, il a décidé de me surnommer Red, ce qui m'a prise au dépourvu : personne d'autre que ma famille la plus proche ne m'a jamais donné de surnom, « Petite Kath » était le seul diminutif que j'aie jamais obtenu, de leur part, et cet homme, cet inconnu que j'avais blessé, que j'aurais pu tuer, non seulement ne se méfiait pas de ma nature, mais en plus se permettait ce type de marque d'affection ? Pourquoi ? Je ne comprenais pas ce qui nous liait si aisément, alors même que nous étions pourtant de parfaits inconnus. Et ça me fascinait tout autant que ça me terrorisait. Je ne voulais plus d'attaches, je ne voulais plus souffrir de perdre encore quelqu'un. J'avais déjà perdu Dreogan, je n'avais pas besoin de ça en plus. Et pourtant...

Pourtant ça fait près de deux ans. Je continue de déménager chaque fois au bout de quelques jours, une semaine au grand maximum quand je n'ai pas d'autre choix, pour ne pas permettre aux gens du Ministère qui enquêtent sur la mort de leur collègue de me retrouver, et je le tiens au courant de mes déplacements, parfois. Bon, disons plutôt souvent. Très souvent. Tout comme je préviens Hope de l'endroit où je me trouve à chaque Pleine Lune. A vrai dire, je suis toujours étonnée de pouvoir lui parler presque naturellement, à lui, cet Auror – malgré les réprimandes de ma cousine, qui s'en inquiète beaucoup, puisqu'il est « de leur côté ». Trop naturellement. Il sait beaucoup de choses sur moi, beaucoup trop de choses. Notamment les circonstances dans lesquelles j'ai dû prendre des vies, pour survivre, par exemple, pour rester libre, par la suite. A chaque fois, j'ai peur de passer pour un horrible monstre, mais jamais il n'a émis de tel jugement, et c'est sans doute ce qui fait que j'ai continué à me confier à lui.

J'ai beau ne pas savoir les noms des quatre personnes à mes trousses à qui j'ai lancé des sorts fatals – avec difficulté car ma baguette les a en horreur, autant que moi, mais c'était une question de survie –, je  revois constamment leurs visages. Des cauchemars, j'en fais tout le temps ou presque. Quand ce n'est pas une représentation pure de mon épouvantard, ce sont ces visages, qui reviennent me hanter. Il le sait, il est le seul à qui j'en ai parlé. Il sait même, donc, la forme de mon épouvantard, et là encore, il n'a rien dit. Il aurait pu ; je pense que le corbeau évoque davantage les Mangemorts pour tout le monde que ma phobie des volatiles, séquelle de mon enfance. Mais non, il ne s'est pas prononcé. J'avoue que j'ai eu peur, quand j'ai réalisé ce qu'il pourrait en comprendre. Peur de lui avoir trop fait confiance, d'avoir pris un risque trop grand. Et s'il me vendait ? Ca n'est jamais arrivé... Mais j'ignore que c'est peut-être pire encore au fond. J'ai bien compris qu'il y a beaucoup de choses qu'il me cache, de son côté, beaucoup de choses que j'ignore sur lui, sur sa vie en dehors des moments où nos chemins arrivent à se croiser. Ca me terrifie. Que peut-il y avoir de si horrible qu'il ne m'en parle pas, alors qu'il sait, au final, mes pires méfaits ? C'est d'autant plus troublant que je suis incapable de mettre fin à cette relation. Je sais, pourtant, que la raison me dicterait de ne plus donner signe de vie, de disparaître et surtout de faire en sorte qu'il disparaisse de ma vie. Mais non, je ne peux simplement pas m'y résoudre. Depuis le premier jour, il y a quelque chose de fascinant chez lui, et je crois bien que je n'arriverai jamais à me défaire de cette emprise qu'il a – sciemment ou non – sur moi.

« Cos I'd give my life for you, and I'd die right here for you »

Je ne regrette pas le moins du monde ce que j'ai fait à cet instant, mais je regrette de les avoir embarqués là-dedans, tous. Hope, et Honor, et Leeroy... et tous les autres qui ont eu la trouille de leur vie aussi. C'est malheureux à dire, mais j'aime mes cousins comme un frère et une sœur, bien davantage que je n'arrive à aimer mon propre frère. Alors quand ce type a débarqué en criant au Loup-Garou, je n'ai pas hésité une seconde. J'ai abandonné Lee, et j'ai foncé dans la direction que le type quittait, pour défendre ma blondinette de meilleure amie. Je me doutais bien que Honor aussi interviendrait, mais je crois que j'espérais qu'on s'en sortirait mieux. On était plutôt doués, l'un comme l'autre, mais... on était seulement deux adolescents, et c'était à tout le moins présomptueux d'imaginer qu'on pourrait s'en sortir sans le moindre mal contre une de ces créatures de la nuit. Une créature que je suis devenue. Je crois que je reverrai cette scène parfaitement, dans le moindre détail, jusqu'à ma mort. Je suis en revanche beaucoup moins douée pour la décrire, mais c'est comme si ça avait été filmé au ralenti et qu'elle se déroulait devant moi, à nouveau, à chaque fois que j'y repense. Comment ai-je pu ne pas l'éviter, alors, puisque tout m'apparaît comme particulièrement lent ? Je sais bien que la réalité a été toute autre, qu'il a suffi d'une fraction de seconde pour qu'il se jette sur moi, qui lui lançait tous les sorts qui me passaient par la tête et que ses crocs se plantent dans mon épaule, tout comme il n'a pas fallu plus pour que Honor se jette sur lui, prenne ses griffes sur la joue et lance un énième sort sans doute par réflexe plus qu'autre chose. Un sort qui, cette fois, l'a enfin mis en fuite avant que je ne perde connaissance et lui aussi peu après, d'après ce qui nous a été raconté par la suite.

Quand je me suis réveillée et que j'ai compris ce que tout cela impliquait, je crois que les médecins ont été surpris du calme avec lequel j'ai pris les informations qu'ils me donnaient. Hope. Honor. Tout ce qui m'importait, c'était qu'ils aillent bien. J'étais peinée d'apprendre que le visage de mon cousin ne guérirait jamais complètement, mais il était en vie, et il n'avait pas été mordu, une chance. C'est ainsi que je l'ai pris. Quant à ma cousine, elle n'avait rien, si ce n'est une légère commotion, et c'était un profond soulagement pour moi. Le reste...

« Je ferai avec. »

Et c'est la stricte vérité. Ca a toujours été : je fais avec. Avec ma famille à moitié disloquée, avec la préférence de mes parents pour mon petit frère, avec l'indifférence générale pour celle que je suis réellement, avec ma nouvelle nature maintenant. Ca ne veut pas dire que je laisse passer tout et n'importe quoi, loin de là, des rancunes j'en ai toujours de tenaces, et je n'oublie jamais rien. Mais ça, c'est comme ça. Je suis devenue Louve, j'ai eu un mois pour me préparer psychologiquement à la prochaine Lune, et pour une fois, ma mère s'est intéressée à mon cas, puisqu'il fallait bien gérer la créature que j'allais devenir. Ce que je n'avais pas prévu, ou plutôt, ce que j'avais occulté, c'était l'entêtement de ma cousine. Elle était là quand je me suis transformée pour la première fois. Elle était là pour me voir me tordre de douleur lorsque la métamorphose a commencé, quand mes os, ma chair, ont dû s'étirer, se modifier, pour me donner l'apparence du Loup Noir que je suis devenue. Je crois que je n'ai même pas réussi à hurler, ni sous forme humaine, ni sous forme Louve, trop exténuée par la souffrance pour même former le moindre son. Elle était là, et elle est restée jusqu'au matin, jusqu'à ce que je redevienne moi.

Elle était là aussi les fois suivantes. Et elle a tout fait pour partager ça avec moi, malgré mon désaccord, malgré nos engueulades. Quand elle m'a accompagnée sous forme Lupine la première fois, après avoir enfin réussi à maîtriser son animagie, j'ai grogné à son approche. Elle ne devait pas faire ça, c'était beaucoup trop dangereux. Et Louve n'appréciait pas complètement d'avoir de la concurrence, je crois. Elle s'est couchée devant moi, me laissant clairement la dominance, et je crois que ça a calmé ma moitié animale. Elle est restée avec moi, a suivi les ordres que j'ai pu lui intimer. Et j'ai dû me rendre à l'évidence, à force : je suis plutôt contente de pouvoir partager ça avec elle. Même s'il m'a fallu un certain nombre de Lunes pour parvenir à le lui avouer.

« Ca me tue de l'admettre, mais je suis quand même contente que tu sois là avec moi ces nuits-là, tu sais ? »



On venait de reprendre forme humaine, et je revêtais les vêtements qu'elle apportait chaque fois avec elle, cachée dans un coin qu'on regagnait pour finir la nuit. Tout ce qu'elle a alors fait, c'est me prendre dans ses bras. C'était la seule chose à faire et en même temps, c'était le signe qu'entre nous, ça allait finalement au-delà des apparences, et bien au-delà des mots, alors qu'elle est plutôt du genre à laisser sortir de sa bouche tout ce qui lui passe par la tête. Ce qu'on partage, c'est incompréhensible pour qui que ce soit. Même nos frères ne peuvent pas le concevoir, et j'aurais tendance à dire, surtout le mien. Le lien qui nous unit dépasse le simple lien familial, le lien du sang qu'on avait déjà depuis l'enfance, surpasse l'affection qu'on a rapidement eu l'une pour l'autre, ou la confiance qu'on a réussi à instaurer très tôt, alors même qu'on était si différentes, et les confidences qu'on peut se faire. Ca n'est comparable à aucun autre, pas même à une relation amoureuse je crois, parce que si l'intensité est sans doute proche, ce sera toujours quelque chose de différent. Elle est la seule à savoir comment gérer mes sautes d'humeur à l'approche d'une Pleine Lune, et moi qui n'est déjà pas un caractère si facile en temps normal, je deviens à l'évidence particulièrement irascible quand l'astre nocturne s'arrondit. Elle est la seule avec qui je partage... tout finalement, quand bien même nos métamorphoses divergent de par leur nature. J'aurais donné ma vie pour elle ce jour-là, je recommencerai mille fois si c'était nécessaire. Et Louve ou pas Louve, je vous jure que personne ne touchera à un seul de ses cheveux sans le payer, tôt ou tard.
Revenir en haut Aller en bas
 

Kathaleen Erin O'Riordan

Voir le sujet précédent Voir le sujet suivant Revenir en haut 
Page 1 sur 1

Permission de ce forum:Vous ne pouvez pas répondre aux sujets dans ce forum
Fiona's Laboratory :: RP&co :: Kate :: Kathaleen - à reprendre :: Hidden Thestral-