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 Nathan Thomas Keynes

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Nathanael Keynes
Nathanael Keynes
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MessageSujet: Nathan Thomas Keynes   Nathan Thomas Keynes EmptyJeu 4 Juil 2019 - 14:47

- NATHAN THOMAS SAVOY-KEYNES -

ft. Grant GUSTIN


Nom(s) : Savoy, le nom de ma mère, celui que j'ai réclamé après le divorce, quand bien même ça a dû passer en jugement. Keynes, l'héritage paternel. J'ai songé à m'en séparer, sérieusement, au moment du divorce. Mais ça aurait signifié renier mes grands-parents paternels, et ma demi-soeur aussi. Et ça, c'était impensable. ❇ Prénom(s) : Nathan Thomas. Le nom d'un aïeul que je n'ai pas connu, et celui d'un saint, un peu trop religieux à mon goût... Ca se saurait si j'étais vraiment croyant ou si j'étais un ange... J'ai eu une éducation religieuse plus par tradition qu'autre chose, et sincèrement, j'en ai pas grand chose à faire. Quant à mon caractère... Mouais, non, définitivement pas. Je suis pas le diable incarné, mais je suis pas angélique non plus, loin de là. ❇ Surnom(s): Nate, assez simplement. ❇ Âge : 28 ans. ❇ Date et lieu de naissance : 6 février 1991 à Londres, dont je n'ai pas bougé pendant des années, jusqu'à ce que mon père montre son vrai visage... Et que je la rencontre, elle. Je l'ai suivie, en France, le temps que ça a pu durer, et je suis revenu à Londres, pour mieux m'en séparer et suivre ma mère sur les terres de ses ancêtres. ❇ Nationalité et origines : Anglaises par mon père et ma naissance, françaises et cajuns par ma mère. ❇ Situation matrimoniale : Veuf et père célibataire. ❇ Orientation sexuelle Bisexuel parfaitement assumé. ❇ Situation économique : Classe moyenne, j'ai grandi dans l'opulence mais le divorce a revu notre niveau de vie à la baisse, à ma mère et moi, et la charge d'un petit monstre de moins de trois ans grève légèrement le budget. ❇ Métier : Analyste dans la police scientifique. Le petit grouillot du labo, là, que tout le monde prend de haut. Ouais, c'est moi. ❇ Date d'arrivée à la Nouvelle-Orléans : Début 2017. ❇ Lieux de résidence : Londres, Paris et maintenant La Nouvelle Orléans. ❇ Groupe : Jump blues. Je ne reste pas inactif, c'est une certitude. Et on va finir par le savoir que je bosse comme un taré, aussi... ❇ Signes distinctifs : Un tatouage sur l'avant-bras gauche, une simple ligne calligraphiée : "don't dream it, be it", sur le flanc gauche une partition enroulée à un manche de guitare, comme une branche d'adn, des touches de piano entre elles, encerclée des lettres p.r.o.m.i.s.e et de la date de son décès et la ligne fine d'une fleur de souci sur l'intérieur du biceps droit. ❇ Crédits profils : Avatar by myself ©eck ; icons by gustin packs

Caractère

charmeur ✖ un brin opportuniste ✖ ambitieux ✖ sûr de moi au niveau professionnel, moins quand il s'agit de personnel et de sentiments ✖ susceptible ✖ généreux ✖ parfois colérique ✖ plus altruiste qu'il n'y paraît ✖ romantique ✖ intelligent ✖ curieux ✖ artiste ✖ fier ✖ têtu ✖ taquin avec les gens que j'aime bien ✖ un peu trop impulsif par moments ✖ tolérant ✖ rancunier✖ perfectionniste ✖ légèrement maniaque sur les bords
Je suis pas un ange, je l'ai dit, je vais pas le cacher, de toutes les façons. Je suis pas une ordure non plus. J'aime pas tout le monde, mais j'ai le contact plutôt facile. Je supporte seulement assez mal l'intolérance, et il n'y a rien de tel pour me faire sortir de mes gonds. Pourtant, en dehors de ça, j'ai plus tendance à m'en sortir d'un sourire charmeur que par la violence. Faut dire que je ferais pas de mal à une mouche, j'en ai ni la capacité physique, ni l'envie. Ca serait peut-être bien que j'apprenne à me défendre, un jour, mais j'ai eu beau y songer, je m'y suis jamais mis, et puis c'est quand même pas vraiment dans mes habitudes de chercher la bagarre. Ca m'a pas empêché de me prendre des coups cependant, parfois pour les autres, d'ailleurs... Surtout s'il s'agit de mes proches, ou si l'injustice est flagrante. J'ai des objectifs, j'ai beau avoir l'air nonchalant, je les perds pas de vue, quoi qu'il arrive, et jusque-là, je m'en suis pas trop mal sorti. Mais c'est aussi que je bosse comme un taré pour les atteindre, si bien que quand je suis pas dans les bras de quelqu'un, je suis en train de jouer, d'écrire, de composer... De toute façon, j'ai toujours eu trop d'énergie, et je ne sais pas vraiment rester inactif.

Mes anecdotes


1. Des petites choses à raconter sur moi, il y en a un paquet Des choses insignifiantes, d'autres moins anecdotiques... J'aime chanter sous la douche par exemple... Je peux pas m'en empêcher, c'est peut-être un peu ridicule parfois, mais c'est pas comme si j'avais jamais eu beaucoup de public dans ces cas-là. Quoi que ça fasse rire mon fils... et que je suis sûr que ma pomme de douche est très impressionnée, d'abord (parce que non, je ne chante pas faux, bande de mauvaises langues). Mais à vrai dire, j'aime et je sais chanter tout court.
2. Dancefloor addict. Je suis incapable de résister à l'appel de la piste de danse, c'est un fait. C'est pas si terrible, ça arrive à plein de gens très bien. Puis ça déplaît pas forcément à tout le monde en plus... Même si ça peut surprendre de me voir foncer sans crier gare sur la piste pour danser quand une chanson me plaît... L'occasion ne se présente pas assez souvent à mon goût à présent.
3. J'ai aussi la fâcheuse manie de toujours tenter de m'en sortir avec un sourire ravageur. On pourrait croire que ça se calmerait avec les années, mais je crois que non... Définitivement, non. Allez, ça vous fait bien craquer, là, non ? C'est peut-être un peu dû, aussi, au fait qu'on me prenne en permanence pour le blanc bec de service. Pas pour rien que je maintiens une barbe plus ou moins prononcée, ainsi qu'une tenue plus que correcte au taff : sans ça, j'ai l'air trop jeune - on me soupçonne souvent d'être encore au lycée - et zéro crédibilité.
4. J'adore les chats, mais ils me le rendent pas vraiment bien : j'y suis allergique, vive les yeux qui pleurent et le nez qui coule dès qu'il y en a un dans les parages, et manquerait plus qu'il me griffe : vous pouvez être sûr que j'ai intérêt à gérer les antihistaminiques voire l'injection d'adrénaline si la crise devient vraiment sévère, parce que oui, je pourrais y rester. Du coup bah... Je préfère les chiens, pas trop le choix (et eux aussi me le rendent bien).
5. Je fais attention à ma consommation de viande depuis... Je sais pas, trop longtemps pour que je donne une date précise. N'essayez pas de m'en faire avaler un morceau à mon insu : d'une, je vais m'en rendre compte, à coup sûr, et de deux, je vais vous le fiche dans la tronche, clairement. Y en a déjà un tas qui a essayé de m'avoir, ça n'a jamais marché, c'est pas près d'arriver. Je ne suis pas vegan cependant, et je mange des oeufs - non-couvés - des produits laitiers, du poisson... Un homme, ça reste omnivore, et j'ai besoin de protéines comme tout le monde. Je songe juste à l'avenir de la planète, et puis la visite d'un abattoir m'a coupé l'envie d'y participer... Je suis pas du genre à imposer ma vision des choses aux autres de ce point de vue là, cela dit, et je respecte les habitudes alimentaires des autres... tant qu'on respecte les miennes.
6. Je ne suis pas vraiment un lève-tard, parce que je n'aime pas vraiment me prélasser des heures au lit - quoi que si je suis en bonne compagnie, ça peut se discuter - et je n'ai pas besoin de beaucoup de sommeil, mais il me faut quand même un moment pour démarrer le matin. Ma tête au réveil ? Hum... Les cheveux en bataille, les yeux bouffis et à peine ouverts, l'air maussade. Il me faut pas mal de temps pour émerger, pendant lequel je suis assez... grognon. Et un bon café. Impératif. Pas toujours évident de gérer le réveil en fanfare dans la chambre d'à côté parfois...
7. Autre impératif : le thé à 17h. Y a des traditions qui se perdent pas. J'y peux rien si ma mère a toujours fait ça - c'était sacré pour elle, ce qui est assez drôle vu que son côté, c'est la branche française - et que ça m'est resté. Ca peut peut-être faire un peu rire, mais je suis anglais de naissance et de sang en grande partie, après tout... Et ce que pensent les autres, y a bien longtemps que j'y prête plus tellement attention... Et puis ça me fait une excuse pour aller squatter chez elle et la voir de temps en temps... avant de lui refiler la garde de son petit-fils.
8. J'ai une mémoire eidétique. Photographique si vous préférez. Et c'est un sacré atout, c'est moi qui vous le dis. Surtout quand on cherche à montrer qu'on n'est pas aussi branque que les gens veulent bien le croire... Ca arrange bien aussi mon côté curieux. J'ai la fâcheuse tendance d'écouter aux portes et fouiner un peu partout. Je me débrouille pas trop mal pour m'incruster dans les conversations qui me regardent pas et dénicher tout un tas d'anecdotes. Et j'ai tendance à penser que tout peut être utile quand il s'agit de la nature humaine, donc j'enregistre... Ca alimente pas mal mes textes. Mais ça joue parfois des tours, évidemment... Tout le monde n'aime pas forcément les fouines dans mon genre...
9. Je suis fan de musique depuis toujours. Mon ancien groupe a connu diverses compositions, et ça m'a fait un sacré coup de prendre la décision de partir. J'ai toujours un petit pincement au coeur quand je pense à eux, parce que c'était nous contre la terre entière, à la base, et que j'ai le sentiment de les avoir abandonnés. Même si je ne pouvais pas vraiment faire autrement.
10. J'aurais pu me la couler douce dans la demeure familiale et compter sur le nom de Papa-Maman pour m'en sortir, mais ça me plaisait pas, et aujourd'hui, je suis bien content d'avoir tenu bon sur ce point. Je voulais pas leur être redevable pour tout ce que je fais, encore moins ce que je suis, alors j'ai enchaîné les petits boulots pour payer les factures et mes études... Et après la découverte de la double vie de mon paternel, j'ai encore moins envie d'avoir quoi que ce soit qui m'attache encore à lui. Aujourd'hui, je suis bien content de pas avoir vécu sur ses acquis, je suis pas sûr qu'il me resterait grand chose sinon...
11. J'ai une demi-soeur prénommée Jo, une jolie rouquine rencontrée brièvement à Londres quand mes parents ont divorcé, avant qu'elle ne reparte vivre en France. On entretient toujours une correspondance, et je suis avec attention sa vie. Je sais pas ce que c'est de grandir avec la charge d'une petite soeur, je sais pas vraiment ce que c'est d'être grand frère, mais je crois que je commence à comprendre. Et même si notre lien est assez récent, je ne la laisserai jamais à l'abandon, pour quelque raison que ce soit, c'est une certitude, quoi qu'il arrive.
12. Paraît que j'étais un enfant précoce et hyperactif. Je pense que c'est exagéré. Je trouve ça normal d'être actif et je sais pas ce que c'est l'ennui... Quant à l'intelligence bah... *hausse les épaules* je sais pas non plus, je crois pas être trop bête, mais après... En fait je m'en fous un peu, je suis comme je suis, c'est tout...
13. J'ai toujours été attiré par les deux sexes, indifféremment, et ça m'a jamais trop posé de problème personnel. Je me suis assez vite accepté, mais comme à peu près tout ce que j'étais, j'ai aussi vite été conscient que ça ne plairait pas forcément à tout le monde, et particulièrement à ma famille. C'est quelque chose que j'ai gardé pour moi dans le cadre familial pendant des années, alors pourtant que je ne m'en suis jamais vraiment caché à l'extérieur... Et à raison, vu la réaction de mon paternel à la mention de ma relation avec un homme.
14. C'est pourtant auprès d'une femme que j'imaginais finir mes jours, et à qui j'ai dit oui, jusqu'à ce que la mort nous sépare. Ce voeu est terrifiant, en réalité - et la mort nous a effectivement séparés. Garance n'aura vu son fils que quelques minutes, avant de fermer définitivement les yeux. Et Loris ne connaîtra jamais que la photo de sa mère.

Eastern Cookie / ECK


Ton âge : #teammamie #teammommy #teamdinosaure ❇ Ton arrivée ici : 08/07/2019 officiellement, mais ça fait quelques semaines que je tourne et vire sur le forum en anonyme... ❇ Ton avis : :hrt: ❇ Inventé/prélien/scénario : scénario d'Angus ❇ Expression libre : : y a des jours où je serai un peu moins présente pour cause de mini-moi de moins de trois ans tout le temps malade Crying or Very sad mais je suis jamais bien loin quand même :hrt:
par Moses.


Dernière édition par Nathanael Keynes le Mar 9 Juil 2019 - 23:13, édité 4 fois
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Nathanael Keynes
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MessageSujet: Re: Nathan Thomas Keynes   Nathan Thomas Keynes EmptyLun 8 Juil 2019 - 14:20

Mon histoire ▬ At the beginning - London


6 février 1991
C'est le jour où je suis né. On pourrait croire que c'est le jour où mes parents ont été le plus heureux du monde après leur mariage, mais sincèrement, j'en doute. J'ai pas le sentiment que ma mère et mon père, ça ait jamais été une grande histoire d'amour, et en ce qui me concerne, mon père et moi, c'en est clairement pas une.

J'ai passé mon enfance à tenter de lui plaire. Un gosse qui recherche l'étincelle de fierté dans le regard de son père, c'est sans doute normal, non ? J'ai été ce gosse. Et j'ai jamais trouvé cette étincelle. J'étais turbulent, je sais bien. Je tenais pas en place, et le verdict a été donné par un peu tout le monde - je suis toujours pas certain que ça ait été très justifié - "mais il est hyperactif votre enfant !". Pas que je sois pas capable d'écouter ou d'enregistrer ce qu'on me dit, mais me demandez pas de le faire assis droit sur une chaise sans bouger, ça marche pas. J'étais un enfant précoce, en prime, paraît-il, si bien qu'enregistrer les nouvelles informations, ça marchait - faut dire qu'au moins pour ça, mon cerveau fonctionne vraiment bien. Ca marchait même un peu trop bien. Au bout de trois minutes, je m'ennuyais, et je devenais intenable. J'en ai saoulés, des profs et des mômes, à parler en non-stop, à bouger dans tous les sens. Mais quelque part, c'est ce qui m'a permis de rencontrer mon meilleur ami, alors je m'en plains pas vraiment.

Il a fallu des années pour que j'abandonne l'idée de tenter de lui plaire. Des années à tenter d'être ce que je n'étais pas. Je me souviens d'avoir essayé de jouer au cricket avec une jambe dans le plâtre, parce que je pensais que c'était ce qu'il voulait. Parce qu'il a dû émettre l'idée, une fois, que ça au moins, c'était "digne d'un Keynes". Je me suis mis au piano, parce que "ça au moins, c'était de la musique" et qu'il prenait éternellement en exemple le fils d'un de ses amis qui y excellait. Sauf qu'il en a rien eu à faire, et que chaque fois un peu plus, j'ai été déçu.
Jusqu'à ce que j'arrête d'espérer.

*

- Maman... Pourquoi Père n'est pas avec nous ici ?
- Ton père est à l'ambassade en France, Nate. C'est son travail, tu le sais bien.

Je le savais, oui, mais j'avais beau être enfant, j'étais d'ores et déjà persuadé qu'il n'y avait pas que ça. C'était son travail, oui, et j'avais bien compris qu'on n'avait pas le choix dans ces cas-là, mais ça ne changeait rien au fait que quand il revenait chez nous, il était évident qu'il n'en était pas particulièrement heureux. Et je ne pouvais pas m'empêcher de penser que c'était un peu à cause de moi. J'ai gardé le silence, mais elle a bien vu dans mon regard que je n'en pensais pas moins..

- A quoi penses-tu, mon chéri ?

J'ai hésité, pas très certain de sa réaction face à la réponse que je pourrais apporter. J'avais déjà bien compris qu'elle prendrait sa défense, qu'elle lui trouverait des excuses. Je supposais que c'était logique, que c'était comme ça partout, dans tous les couples de parents : ils s'aiment alors ils prennent la défense de l'autre. Même si l'amour restait un concept assez vague pour moi à l'époque - entre l'indifférence de mon père et la réserve de ma mère - je supposais que c'était comme ça que ça fonctionnait. Je ne savais pas encore, alors, que l'amour, ça faisait longtemps qu'il n'y en avait plus vraiment entre eux. Encore moins que lui l'avait retrouvé ailleurs.

- Il aime plus la France que nous.

Je n'imaginais pas encore à quel point j'étais dans le vrai. Maman a bien évidemment tenté de me raisonner, de me faire entendre que ça n'était pas le cas, et si j'ai fini par acquiescer pour lui faire plaisir, je n'ai jamais été convaincu. Ce travail qui le retenait si loin, il était manifestement bien plus intéressant que nous... que moi, particulièrement. Et même si, quelque part, mon coeur d'enfant espérait encore un peu que ça pourrait changer, je ne me faisais pas vraiment d'illusion quant au fait que le lien que d'autres peuvent avoir avec leur père n'existait pas entre nous, et que je ne le connaîtrais jamais.

*

Septembre 1999
Ca a été LA rentrée. Celle qui a fait qu'on s'est rencontrés, sans doute un peu malgré lui au départ. Il est arrivé dans la même école que moi quand on avait huit ans. Et comme nos noms se suivent dans l'ordre alphabétique, on s'est retrouvés à côté l'un de l'autre - petite lubie de notre prof du moment, plutôt positive pour le coup parce qu'on s'est plus quittés. C'est pourtant pas comme si on était si semblables, au fond, mais faut croire que les contraires s'attirent, parfois. Il disait rien, venait pas vers les autres, et moi... bah tout le contraire. Je faisais le pitre, allait emmerder un peu tout le monde... Comme je disais, je m'ennuyais vite, vu que... bah c'est bon, m'dame, ça vous l'avez déjà écrit au tableau, pas besoin de le répéter douze mille fois... Fallait bien que je m'occupe. Et c'est passé par causer avec le mec à côté, au nom bizarre. S. Khan, ça me faisait rire, parce que je faisais le lien avec le livre de la jungle de Kipling, et que, donc, bah lui, il était Shere Khan dans ma petite tête d'enfant... En moins méchant. Avec un autre prénom, en réalité, mais ça me passait un peu au-dessus. A vrai dire, je sais pas de combien de surnoms j'ai pu l'affubler. Shere Khan, donc, Tiger, parfois, parce que ça en découlait, Shahrukh Khan ensuite, quand j'ai découvert son petit plaisir coupable devant les films bollywoodiens... Et je sais plus, y en a sans doute tout un tas que j'ai utilisés une fois et oubliés ensuite. On était le jour et la nuit, mais on était inséparables. Et à l'époque, j'imaginais pas une seconde que ça changerait un jour.

La famille Khan est devenue un peu ma seconde famille. Je crois que j'ai passé presque autant de temps chez eux que réellement chez moi, pendant mon enfance et mon adolescence. Et Anushka, sa petite soeur, est devenue comme la mienne, si bien qu'en grandissant, elle s'est retrouvée avec deux grands frères protecteurs pour le prix d'un. Ses parents m'auraient adopté que ça n'aurait pas été tellement différent, et leurs coutumes très enracinées dans la tradition indienne n'ont vite plus eu de secret pour moi. A tel point que quand j'ai décidé de suivre leur exemple et de ne plus manger de viande, mes parents - mon père surtout, sans surprise - ont pesté contre cette nouvelle lubie héritée des voisins...

Je pense que pas que ça soit pour ça qu'on ait déménagé, mais c'est peu après qu'on a quitté Hampstead et qu'on s'est installés dans Kensington, dans la demeure familiale de mon père, mon grand-père avant lui. On a échangé nos maisons, en gros, mes grands-parents et nous, et c'est en allant voir mes grands-parents, à partir de ce moment-là, que j'ai retrouvé le lieu de mon enfance. Sans grande surprise, la vaste bâtisse blanche sur Holland Park n'éveille pour moi que peu de bons souvenirs, et la plupart d'entre eux datent du temps où mes grands-parents y vivaient.

*

Mai 2005
A quelques exceptions près, cela dit, notamment la découverte de ma sexualité. De la sexualité, même. Des amis de la famille, les Bridgestone étaient les plus proches de Maman, et Mrs Bridgestone et elle prenaient régulièrement le thé ensemble. Pour ma part, j'avais toujours vu cette femme comme "une amie de ma mère", une femme mariée, hors de portée de l'adolescent que j'étais. Jusqu'à ce qu'elle me fasse comprendre, à coups de regards insistants, de mains frôlées ou hasardeuses, et de pied sous la table que ma jeunesse ne la dérangeait pas le moins du monde. J'ai eu des doutes, la première fois où sa main a frôlé la mienne et nos regards se sont croisés avec une certaine insistance. J'aurais menti, alors, si j'avais affirmé qu'elle me laissait totalement de marbre : il se dégageait de cette femme une prestance, un charisme indéniable et ses grands yeux clairs semblaient vous inviter à vous y noyer. Alors quand son pied est venu rencontrer mes jambes, alors même que ma mère se trouvait à la même table que nous, je dois bien avouer que j'ai eu du mal à dissimuler l'excitation qui m'a gagnée.

Je suppose que certains regretteraient que leur première fois se soit passée ainsi, en catimini et sous couverts de mensonges pour que je gagne sa demeure en l'absence de son époux, mais pour ce qui me concerne, je n'ai aucun regret. Je ne me voyais pas m'engager avec qui que ce soit, je ne voyais pas comment je pourrais faire confiance à quelqu'un affirmant m'aimer, alors que mon propre père se fichait éperdument de ce qui m'arrivait, et je n'imaginais pas que quiconque puisse réellement avoir de relation durable - à quelques exceptions près comme les Khan - en tout cas pas avec des sentiments véritables, puisqu'il n'en existait même pas dans ma propre famille. Et certainement pas moi. Il m'était arrivé de flirter avec des filles de mon âge, et j'avais bien remarqué que les garçons ne me laissaient pas indifférent non plus, mais à l'époque, ça en était resté là. C'est donc dans ses draps que je suis pour la première fois passé à l'acte, tout à fait conscient qu'il ne s'agissait que d'une relation éphémère, ce qui m'arrangeait bien.

Et même si je n'ai pas dû faire des prouesses ce jour-là, novice que j'étais, mes hormones d'ado en ébullition et le souvenir du plaisir qu'elle m'a procuré m'ont encouragé à poursuivre sur cette lancée. Elle a été la première, et j'ai enchaîné les conquêtes dès lors, davantage conscient à mesure que le temps passait de l'attirance de certaines à mon égard...

*

Août 2006
...et de certains.
C'était le voisin de mes grands-parents, dans leur maison de vacances à Hastings. Ou plus exactement, le fils du voisin de mes grands-parents. On ne se connaissait pas réellement, jusque-là, même si on s'était déjà croisés un certain nombre de fois, comme on venait tous les deux là presque tous les étés. On a bien dû jouer ensemble, plus jeunes, sur le sable, mais il n'était alors qu'un enfant parmi les autres.

Cette année-là, au départ, on s'est juste retrouvés sur la plage aux pieds de nos demeures respectives, par hasard, mais je crois que nos regards sur le corps de l'autre en ont vite dit long sur l'effet que ça pouvait nous faire. Pendant quelques jours, ça en est resté là : des regards, et quelques mots échangés vaguement avant d'aller se baigner - surtout lui, il était bien meilleur nageur que moi, et je ne me lassais pas vraiment de l'observer. Et puis, je me suis décidé à aller le rejoindre dans l'eau, avant qu'il n'en sorte, tandis que le soleil commençait à décliner. La discussion somme toute anodine au départ a pris une autre tournure quand ma main a cherché son torse sous l'eau, loin des regards indiscrets. La seconde de surprise passée, il a mêlé ses doigts aux miens, et la conversation a dévié vers "où et quand ?" si bien qu'on a fait le mur tous les deux, en pleine nuit, pour découvrir entièrement le corps de l'autre et assouvir nos envies.

C'était la première fois pour lui comme pour moi, avec un partenaire du même sexe. Ca n'a rien eu d'impérissable, mais on a remis ça plusieurs fois, pendant le reste de l'été, tout en sachant l'un comme l'autre que ça n'irait pas plus loin. Ou tout au moins pensais-je avoir été clair. Mais il n'est plus revenu les étés suivants, et je suppose que j'ai pu le blesser malgré moi en ne cherchant pas à garder le contact une fois revenu à Londres. C'est mon seul regret concernant ma première aventure homosexuelle, qui garde pour le coup un goût un peu amer, contrairement à mes premiers ébats avec une femme. Dès lors, je me suis assuré que mes partenaires étaient tout à fait conscients du caractère éphémère de nos relations avant de commencer quoi que ce soit. Je ne voulais pas m'engager, de peur de finir par être rejeté, j'en étais conscient, mais je n'avais pas pour autant l'intention de faire du mal aux autres et je préférais être clair dès le départ.

*

2006 ─ 2009
C'est Khan qui m'a appris à jouer de la guitare. Enfin... Je l'ai vu faire, j'ai trouvé ça cool, et j'ai voulu faire pareil. J'apprends vite, il paraît... On a commencé à jouer un peu pour nous, à reprendre les trucs qu'on écoutait, par-ci, par-là. Je chantonnais parfois derrière lui, ça se voyait que lui s'éclatait plus là-dessus que sur sa gratte. Du coup, les rôles se sont naturellement placés, on chantait et jouait tous les deux, mais chacun avait son domaine de prédilection.

Pendant quelques temps, on a joué uniquement tous les deux, et c'était vraiment quelque chose de privé, parce qu'on ne se produisait que derrière la porte de sa chambre, même si je me doute que le reste de sa famille a eu droit à des concerts plus ou moins volontaires. Puis un jour, on s'est dit que ça serait cool de faire vraiment quelque chose à nous, et il a pris les devants pour monter le groupe. On était au lycée, c'était une lubie d'ado d'après nos aïeux respectifs, un peu comme ma décision de ne plus manger de viande. Des lubies qui ont duré des années, pourtant, pour ce qui me concerne, mon soit-disant végétarisme - allez lui faire comprendre que ça n'était pas tout à fait ça... - autant que ma passion pour la musique ne m'ont jamais passé.

*

September 2009 ─ June 2014
Mais je crois que pour la plupart des membres de ma famille, tout ce que j'entreprends ne constitue que des lubies passagères. La musique, l'absence de viande quasi systématique dans mon assiette, les romans policiers et tout ce qui touche à l'investigation... Tout n'était censément voué qu'à disparaître de ma tête, un jour. A leur grand dam, ça ne m'a jamais quitté. Il en a été de même de mon inscription en cursus scientifique, alors que tous attendaient que je suive les traces de mon père. Tout ce que je refusais de faire, et travailler dans l'ombre me convenait bien - à l'opposé des feux des projecteurs sur scène. Et puis ça devait, aussi, me permettre de me faire un nom (surtout) dans un domaine différent de l'armée ou de la diplomatie (des univers qui ne m'intéressent pas le moins du monde). J'en ai entendues des remarques désobligeantes sur la profession que je briguais, un paquet de fois, du genre que ces scientifiques cherchent mais ne trouvent jamais rien - notez la mauvaise foi notoire. Ca m'a pas empêché de m'y accrocher. Et comme j'avais déjà décidé de me débrouiller sans leur aide pour mes frais scolaires, ça ne faisait que me conforter dans cette idée.

C'était le point qui faisait tiquer Maman, d'ailleurs. Que je décide de me lancer dans les sciences et techniques de laboratoire ne la chagrinait pas tant, mais que je refuse qu'elle paie mes frais et décide de quitter la maison, ça, ça l'inquiétait davantage. Et s'il y avait bien une personne de ma famille bancale avec laquelle je n'avais pas envie de couper complètement les ponts, c'était elle. Alors on a fini par trouver un arrangement : elle avait cet appartement, qui lui appartenait d'avant leur mariage avec mon père, et qu'ils venaient de rénover. Elle comptait le mettre en location, à l'origine, mais on a fini par tomber d'accord sur le fait que je l'occuperai, puisque je souhaitais mon indépendance. J'ai abandonné l'idée de lui payer un loyer, tout comme celle de l'empêcher de verser de l'argent sur mon compte personnel, parfois.

- C'est pour ton aide...

Tout travail mérite salaire, tout ça... Ouais, c'est ça, ouais... C'était plus pour se trouver une excuse qu'elle se cachait derrière ce genre de principe, et le moindre coup de main que je pouvais lui apporter notamment niveau informatique comme elle tentait difficilement de s'y mettre était systématiquement rémunéré. Mais ça aussi, ça a fait partie des concessions que je me suis résigné à faire. Je ne regrette pas aujourd'hui, je crois que je n'aurais pas bien vécu de me brouiller avec elle, au final, même si je lui en voulais un peu, parfois, de son attitude passive face aux réactions de mon vieux.

C'est aussi pendant cette période qu'on a réellement formé le groupe Lucky Strikes avec Spencer. Il avait un pote bassiste, on a trouvé un batteur sur une petite annonce, et ça a plutôt bien collé. Il a fallu trouver un nom à cette formation qui commençait à bosser des morceaux, de reprises dans un premier temps puis des titres originaux qu'on a passé des heures, avec Tiger, à écrire et composer. Lucky Strike, c'était la marque de ses cigarettes. C'est parti d'une blague. Et c'est resté.

Des lors, je partageais mes journées entre mes études et les répétitions ou l'écriture, et mes nuits entre le bar - que j'y bosse en tant que barman pour payer mon école ou qu'on joue avec les Lucky Strikes - et les conquêtes toujours différentes qui passaient dans mes bras. Certaines plusieurs fois, comme Katee, maquilleuse et maman au caractère bien trempé, qui menait sa vie de son côté mais qui partageait mon lit quand l'envie nous prenait, l'un ou l'autre - ou je partageais le sien -, la plupart une seule nuit sans espoir d'autre chose. A aucun moment je n'ai senti le désir de me fixer avec qui que ce soit, et je n'imaginais pas une seconde que ça allait changer.

*

July 2011 ─ September 2014
Je bossais davantage encore l'été, ce qui me permettait de payer mes factures le reste de l'année. J'accumulais les heures, histoire de mettre un peu d'argent de côté pour le reste de l'année, et ça me permettait au passage de jouer aussi davantage avec mes potes. Je repartais souvent bien accompagné pour finir la nuit dans les bras de quelqu'un ou quelqu'une. Et puis ce soir-là il est entré. Je l'ai remarqué dès qu'il a passé le seuil, mais l'air de rien, j'ai laissé faire. De toute façon, je bossais, et à un moment ou à un autre, il y avait de grandes chances pour qu'il passe devant moi. Ca n'a pas tardé, d'ailleurs, et son approche a été plutôt remarquée.

- Dis-moi quand tu prends ta pause qu’on puisse aller faire un tour aux toilettes afin que je glisse ma langue sur ton corps, beau gosse.

Tout dans la délicatesse. Ca m'a fait mourir de rire. On a échangé quelques propos, lui avec son cynisme caractéristique, moi avec une nonchalance et une dérision évidente... et puis il m'a mis au défi de faire mieux que le groupe (mauvais) sur scène, et on a fini en compétition devant le public. Compétition pour le moins serrée parce que ce type est putain de doué. On a fini en duo explicite, je lui ai signifié que je terminais à 2h du mat' à nouveau, et on est effectivement repartis ensemble, à la fin de mon service. Je me doutais pas une seconde à ce moment-là qu'il serait bien plus qu'un simple coup d'un soir comme les autres.

J'aurais dû, pourtant, parce que nos chemins se sont encore croisés, ensuite, que ce soit dans des événements organisés par la ville, au bar, ou parce que je me suis retrouvé à débarquer chez lui en plein milieu de la nuit... Il nous a même dépannés lorsqu'un des musiciens du groupe nous a fait faux bond à la dernière minute, et ça n'a fait qu'accroître mon attirance déjà bien présente, même si je me voilais la face.

Ca aurait dû me mettre la puce à l'oreille, je suppose, que je prenne la défense de "mon plan cul régulier" face à "mon meilleur ami, mon frère". J'ai pourtant continué à ignorer les élans de mon coeur un moment encore, fait d'autres rencontres, et cru que rien n'avait changé. C'est à partir du moment où j'ai discuté avec Anushka du froid entre son frère et moi, et qu'elle m'a ouvert les yeux sur ce que je ressentais sûrement envers cet homme qui ne devait soit disant être que de passage, que je n'ai plus vraiment réussi à me satisfaire de ma vie d'avant. Je savais pertinemment, cependant, qu'il était encore plus réfractaire que moi à la base à l'engagement, et que nos relations ne pourraient jamais être autres que celles que nous avions eues jusque-là : une nuit torride de temps en temps, quand l'envie nous prenait l'un ou l'autre. Alors j'ai simplement cessé de le contacter, alors qu'il m'arrivait jusque-là par moments de satisfaire mes envies dans ses bras. Je l'évitais, purement et simplement, mais ça n'effaçait rien.

Et quand il a débarqué un soir avec l'idée de remettre ça, j'ai fini par lui avouer ce que je ressentais mais seulement pour lui expliquer pourquoi je refusais, pour la première fois au cours de ces derniers mois. Ca me minait, clairement, mais je ne comptais pas être le relou de service qui s'accroche alors qu'il est clair qu'il n'y a aucune chance.

Et puis nos routes se sont à nouveau croisées, par hasard, et ça n'a fait que confirmer que les mois loin de lui n'ont rien changé à ce que je pouvais ressentir. Bien loin de là. Le simple fait de le croiser me rendait fou, j'ai repéré aussitôt son changement de coiffure alors qu'il pourrait s'agir d'un simple détail, et si le petit jeu de vannes entre nous ne s'est pas tari, j'ai fini par m'éclipser, avant de ne pouvoir retenir l'envie de lui sauter dessus qui m'étreignait. Je l'ai encore aperçu quelques fois, en me gardant bien d'approcher... Pourtant j'ai pas pu résister le soir de Noël, et je me suis retrouvé sur le pas de sa porte, des sacs de victuailles sur les bras pour dix, je me demande encore comment. Il n'empêche que ce soir a été décisif pour nous. J'ai passé la nuit dans ses bras, après des mois de frustration, et compris à demi-mots qu'il n'avait lui-même pas séduit d'autre homme depuis plusieurs semaines. Au petit matin, j'ai craint la douche froid, et la fin du rêve, ce qui n'aurait rien eu de très surprenant. Pourtant, malgré une petite mise au point parce que pour la première fois de ma vie, je me suis un peu laissé emporté par un côté fleur bleue que je ne me connaissais même pas, j'ai encore passé la journée, et la nuit suivante dans ses bras. Tout en sachant qu'il ne fallait pas attendre beaucoup plus, mais à vrai dire, tant que j'avais le droit d'être auprès de lui quand je le souhaitais, ça me convenait. En tout cas mieux que de ne pas faire du tout partie de sa vie.

Ou tout au moins le croyais-je.

*

July 2014
Mais on n'était pas vraiment un couple. J'étais fourré chez lui les trois quarts du temps, et je lui avais seulement demandé de ne pas aller voir ailleurs, parce que je n'aurais pas pu supporter ça, mais c'était clair qu'on n'était pas un couple tel qu'on se l'imagine. Je pensais que ça me convenait, mais manifestement, je me suis voilé la face, une nouvelle fois. J'ai fini par péter un câble, tout seul comme un grand, parce qu'on faisait que coucher ensemble, globalement, et que même si j'attendais pas à ce qu'on se tienne la main et se fasse de grande déclaration en public, j'aurais apprécié qu'on aille se faire une toile ou manger un bout, ne serait-ce que comme des potes, de temps en temps. J'ai gardé ça trop longtemps, je suppose, et ce jour-là, j'ai explosé, de façon complètement disproportionnée. J'ai claqué la porte, et il ne m'a pas retenu. Mais je l'ai regretté dans la minute qui a suivi, même si ma fierté mal placée m'a empêché de faire marche arrière. Pendant un mois - une éternité - je suis resté loin de lui, ne sachant pas comment revenir vers lui bien que l'envie ne s'estompe jamais. Et puis j'ai fini par réussir à lui présenter des excuses, en chanson d'abord sur la scène du bar alors qu'il se trouvait dans l'assistance, et en face en suite. J'étais gauche dans mes propos, je sentais bien que je m'en sortais mal, et je suis globalement vraiment pas fier de moi dans ces cas-là, mais ça a été pire encore face à lui. Ca m'a quand même permis de revenir dans sa vie et je me suis fait la promesse que je n'en sortirai plus jamais de la sorte parce que j'étais certain de ne pas le supporter.

Tout comme j'ai mal supporté de rencontrer une de ses conquêtes de cette période de creux entre nous. Je pouvais rien en dire, mais ça m'a bouffé. Et peut-être que ça a été un des facteurs pour que je finisse par avouer ma relation à mes parents, un peu sous le coup d'une colère sourde au fond de moi, qui a fait que ce jour-là, je n'ai pas laissé passé je ne sais plus quels propos insupportables de mon paternel.

Je me souviens seulement de m'être retrouvé au sol, mon cerveau ayant comme figé sous le coup de la surprise, du choc, les coups cessant seulement parce que ma mère s'est placée entre nous. J'ai ignoré un long moment encore, ensuite, que pendant que je jouais pour la fête de la musique - et je ne saurais trop remercier Katee de m'avoir redonné visage humain ce soir-là - mon petit-ami s'est rendu chez mes parents, pour expliquer à mon père qu'il n'avait pas intérêt à me frapper à nouveau, parce que ça ne passerait pas sans conséquence.

Mais à vrai dire, cette première attaque non plus, puisque c'est ce qui a décidé ma mère à partir. J'ai compris bien plus tard qu'elle hésitait depuis un moment, mais faisait bonne figure, tant que c'était si ce n'est mieux, au moins aussi bien pour moi. Dès lors qu'il a osé lever la main sur moi, sa décision a été prise. Et je ne risquais pas de l'en dissuader.

*

Hiver 2014
Peut-être que ça a achevé de tuer notre relation. Les départs successifs de mes proches, le divorce et mon implication auprès de ma mère, mon outing plus ou moins forcé au moment du procès... Peut-être qu'inconsciemment, je me raccrochais à Tyler comme à la dernière bouée stable, peut-être que j'en demandais trop. Maman allait repartir aux Etats-Unis, en Louisiane, près de sa soeur et de la famille qui lui restait. Je voulais retrouver un semblant d'ancrage, ici à Londres, je crois, auprès de lui, et l'idée de fonder une famille, malgré toutes les difficultés que ça représentait, s'imposait de plus en plus à mon esprit.

Mais pas au sien. Après plusieurs mois de conversations houleuses à ce sujet, j'ai fini par partir. Avec plein de regrets, et des sentiments confus. Je l'aimais encore, c'était une certitude. Et il avait beau ne jamais le dire, je savais bien qu'au fond, lui aussi. Mais peut-être que c'était ce qui me manquait, j'avais besoin qu'on me le montre, qu'on me l'avoue. Et la seule personne qui l'avait jamais fait jusque-là, ça restait ma mère. Je ne me voyais pourtant pas traverser l'Atlantique. La Manche et ses cousins parisiens m'ont semblé plus accessibles, et j'ai cherché une équivalence et un boulot là-bas. Ca n'a pas été simple, mais j'ai réussi à obtenir mon diplôme et un job stable à Paris.

Et je l'ai rencontrée, elle.



Dernière édition par Nathanael Keynes le Dim 14 Juil 2019 - 9:28, édité 6 fois
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MessageSujet: Re: Nathan Thomas Keynes   Nathan Thomas Keynes EmptyLun 8 Juil 2019 - 14:21

Mon histoire ▬ The end of this chapter - Paris


Début 2015
On était les deux petits nouveaux de l'équipe, les deux nouvelles recrues. Les deux novices qu'on prenait rarement au sérieux. On a vite compris que le manque de considération nous insupportait autant l'un que l'autre, et on était tous les deux conscients qu'on valait plus que ce que le reste de l'équipe voulait bien croire. Alors on s'est serré les coudes, pendant des semaines, des mois. Et de fil en aiguille, on a commencé à faire connaissance, de façon plus personnelle que professionnelle. Garance était brillante, mais elle avait dû se battre en permanence pour parvenir à décrocher son diplôme et obtenir ce poste. Contre le manque d'argent, l'incompréhension de ses parents face à une branche qu'ils avaient toutes les peines du monde à appréhender, les préjugés misogynes ou son origine provinciale. Toute sa vie elle a dû redoubler d'efforts pour montrer qu'elle méritait sa place autant que les autres, et sa force de caractère et sa détermination m'ont rapidement séduit, autant que son intelligence et ses traits ravissants.

Et comme moi à cette époque, elle ne vivait pas vraiment en dehors du travail. Parce qu'elle n'avait jamais eu le temps de se poser et de prendre réellement du temps pour elle-même. Et je ne faisais pas mieux depuis que j'avais débarqué à Paris. J'avais laissé mon groupe derrière moi - ou ce qu'il en restait, parce que rien n'a plus jamais été pareil après le départ de mon meilleur ami pour l'Inde - et ma passion pour la musique restait en stand-by depuis de longs mois. Sa famille était restée en Province, la mienne se résumait à ma demi-soeur, que je m'efforçait de ne pas accaparer outre mesure, mes grands-parents londoniens que je ne risquais pas de revoir de sitôt et ma mère exilée aux Etats-Unis. Nous nous sommes reconnus l'un dans l'autre, je crois, et de simples collègues, nous sommes vite devenus amis, inséparables, presque.

C'est avec elle que j'ai pris le temps de visiter les lieux incontournables de Paris, découvert des chemins piétons et des ruelles détournées que je n'aurais jamais vues sans son intervention, passé des soirées mémorables dans des bars-karaokés avant de revenir bosser sans à peine avoir dormi.

- T'es sûr que c'est "juste une collègue" ?

Jo avait raison, au fond je le savais bien. Mais je n'étais pas certain de vouloir avouer, à Garance, ni tout à fait à moi-même, d'ailleurs, qu'au fond j'espérais plus. Je ne voulais pas gâcher ce que nous avions, de peur de la perdre complètement. Et pendant près de trois mois, les choses sont restées telles quelles.

Avril 2015
Elle fêtait son anniversaire, seule à Paris. En tout cas, ça a été son discours, ce matin-là, en me regardant droit dans les yeux.

- Et tu crois vraiment que je vais te laisser dîner seule ce soir ?

Elle a souri, simplement. C'était un prêté pour un rendu, le 6 février, ma soeur avait dû rentrer en urgence en Normandie, j'étais censé être seul... et je me suis fait entraîné dans un bar par ma charmante collègue, bien décidée à fêter mes vingt-quatre ans. Elle n'en attendait très certainement pas moins en lançant l'air de rien qu'elle n'avait personne qui venait pour son anniversaire, ses parents restant en province malgré la date qu'ils n'avaient à l'évidence pas oublié puisqu'elle avait reçu une alerte comme quoi un paquet l'attendait au bureau de poste. Ce à quoi elle ne s'attendait peut-être pas, visiblement, ça a été à la livraison d'un bouquet au labo, au mépris du règlement intérieur... J'ai vu ses joues se colorer de rouge et ses yeux briller un peu trop lorsqu'elle a achevé de lire le petit mot attaché au bouquet et relevé le regard vers moi. Il était tard, assez pour qu'il n'y ait plus trop de collègues sur place de façon générale, et pour qu'on soit seuls dans le labo, surtout, et elle est venue se planter devant moi, la carte en main.

- Et maintenant, qu'est-ce que tu attends pour m'embrasser ?

Je ne me suis pas fait prier, et c'est main dans la main qu'on est sortis du bureau, son bouquet dans l'autre bras, pour rejoindre le restaurant dans lequel j'avais réservé une table avant même de la taquiner au sujet de la soirée. Et si on nous qualifiait déjà d'inséparables avant ce soir-là, ça n'a été que plus récurrent ensuite, et il n'a fallu que quelques semaines de plus pour qu'on s'installe ensemble.

Septembre 2015
Et quelques mois de plus avant qu'on ne se dise oui pour la vie. On a tout géré dans l'urgence, et ç'aurait pu être délicat si on avait dû inviter beaucoup de monde, mais ça n'était pas le cas. Une cérémonie somme toute assez simple et en petit comité, avec quelques déceptions comme ses parents n'ont pas pu venir - ou pas voulu ? - et que seul un de ses frères avait fait le déplacement, une séance photo près du Sacré-Coeur, et un petit restaurant privatisé au coeur de Montmartre... Ca a été une cérémonie qui nous ressemblait, et c'était tout ce qui comptait. Maman est venue expressément de La Nouvelle Orléans, et a même fait connaissance avec Jo, au départ pour me faire plaisir, je crois, mais par la suite, le courant est plutôt bien passé entre elles, à mon grand soulagement. Ce n'était pas vraiment évident de devoir cloisonner les deux seuls pans de ma famille qu'il me reste, et savoir, depuis, que je peux plus facilement évoquer l'une auprès de l'autre sans risquer une troisième guerre mondiale, c'est plutôt rassurant.

Malgré la déception familiale, Garance était radieuse, et moi le plus heureux des hommes : j'ai passé la bague au doigt de la femme que j'aimais, en compagnie des personnes qui m'étaient le plus chères, ça ne pouvait qu'être une journée magnifique.

Fin 2015
C'est sur l'impulsion de Garance, à force de m'entendre gratter ma guitare dans notre salon, et fredonner à tout bout de champ, que je me suis réellement octroyé le droit de rejouer. Sans Spencer, sans Lucky Strike. Sans la culpabilité, aussi, de les avoir abandonnés. On a épluché des annonces ensemble, et un piano a intégré mon bureau. Quelques semaines plus tard, elle débarquait avec une annonce pour un restaurant musical.

- Tu as un entretien la semaine prochaine.

Ca m'a fait bizarre de laisser un peu de côté le rock pour renouer avec la musique classique. J'ai eu l'impression de revenir quelques années en arrière... Sauf qu'il n'était plus question du regard de mon père et de la déception permanente : c'était celui, empli de fierté de ma femme qui accompagnait les oeuvres de Mozart, Bizet ou Verdi. Et je lui ai fait la promesse que je n'arrêterais plus jamais de jouer, ne serait-ce que pour voir encore l'étincelle admirative dans ses yeux sombres. Je ne pensais pas que cette promesse allait être si difficile à tenir quelques mois plus tard seulement.

Février 2016
Tout a toujours été très rapide entre nous. Tout nous est un peu tombé dessus, sans qu'on s'y attende réellement. Notre rencontre, notre attirance, notre union, tout a été rapide, et peut-être qu'il aurait mieux valu que les choses se passent autrement. Peut-être que si tout n'avait pas été si vite, elle serait encore là aujourd'hui.

Quelques mois après notre union, Garance est tombée enceinte. Ca n'était pas prémédité, mais mon désir de paternité se trouvait comblé, et si elle n'avait pas prévu que ça arrive tout de suite, ma femme rayonnait en m'annonçant la nouvelle. Et c'était une merveilleuse nouvelle, réellement. Jusqu'à ce que la grossesse l'affaiblisse à tel point qu'elle a dû s'arrêter de travailler bien avant les dates de congé légales. C'étaient des jumeaux, il était peut-être logique que la présence de deux embryons en son ventre puise davantage dans ses réserves, mais pour elle qui n'avait jamais cessé d'avancer, rester inactive la rendait folle. Pendant les deux tiers de sa grossesse, garder un repas s'est avéré particulièrement difficile, et le moindre effort - ne serait-ce que sortir marcher un peu ou faire quelque courses - engendrait des contractions lui imposant à nouveau le repos. Elle n'a eu de cesse de pester contre ce corps qui la lâchait, et de s'excuser auprès de moi de son incapacité à faire quoi que ce soit.

Certaines femmes vivent pleinement leur grossesse, paraît-il. Pour mon épouse, ça n'a été qu'un calvaire, du début à la fin. Si le dernier trimestre s'est montré plus clément quant à sa capacité à se nourrir sans rendre le contenu de son estomac, elle n'a quasiment plus pu quitter le lit, forcée de rester alitée sous peine d'accoucher prématurément. Et malgré toutes les précautions prises, c'est en urgence que l'accouchement a été déclenché, pour tenter de sauvegarder la vie de la mère autant que de ses enfants.

Octobre 2016
Je ne saurais dire combien de temps je suis resté dans ce couloir d'hôpital à attendre le retour de quelqu'un à même de me dire ce qu'il se passait. Sans doute guère longtemps, dans les faits, mais ça m'a semblé duré une éternité. Dès lors qu'elle a été prise en charge, ils l'ont emmenée au bloc, et si j'ai bien compris que le pronostic vital était engagé, je n'ai su ce qu'il en était qu'une fois que tout a été terminé.

Pré-éclampsie. Elle a été sous surveillance toute sa grossesse, et pourtant, rien n'a été empêché. "La seule solution en ce cas, c'est de provoquer l'accouchement, pour cesser d'empoisonner la mère comme les enfants". "A huit mois, on considère que le terme est arrivé, le dernier mois ne servant qu'à faire grossir le bébé, provoquer l'accouchement n'est plus néfaste pour l'enfant". J'ai l'impression qu'on m'a asséné ces vérités des milliers de fois pendant sa grossesse, comme si ce devait être annonciateur de ce qui allait se passer. J'entends encore la voix de la sage-femme m'expliquant ce qu'il s'était passé, comme si j'étais loin de mon propre corps. Je n'ai pu la rejoindre en salle de réveil, après avoir rencontré mon fils et ma fille un instant avant qu'on s'occupe d'eux en nursery.

- Comment s'appellent-ils ?

J'ai bugué un instant face à la question de l'aide-soignante. Un sourire las sur les lèvres, les larmes au bord des yeux, j'ai donné ces prénoms qu'on avait mis des mois à chercher, afin de se mettre d'accord. Des prénoms proches des nôtres par l'esprit, gardant l'influence française malgré mes ascendances anglaises.

- Naëlle et Loris.

Et j'ai enfin été autorisé à voir mon épouse, mais la voir ainsi m'a brisé le coeur. Elle d'ordinaire si forte, elle était si pâle, si faible... Davantage encore qu'au cours de sa grossesse difficile. Et je n'ai pu lui serrer la main qu'un instant, juste avant de voir les moniteurs s'affoler.

Fin 2016
Elle est partie, comme ça, quelques minutes après qu'ils ont sauvé nos enfants. Une hémorragie interne, et ils n'ont pas pu la ranimer. Je ne doute pas qu'ils aient fait leur possible en ce sens, mais quand ils sont revenus me l'annoncer, j'ai littéralement pété un câble. Je me suis retrouvé sous sédatif léger, de sorte de ne plus représenter un danger, pour le personnel autant que pour moi. On m'a conseillé un suivi psychiatrique pour affronter le traumatisme, et posé mille questions pour l'avenir de mes enfants. Ma mère a traversé l'océan, ma soeur la moitié de la France, et pendant quelques semaines, je n'ai pas réussi à décider de ce que je devais faire.

La vie de Naëlle et Loris aurait dû être à Paris, mais chaque recoin de notre appartement me rappelait son absence, chaque rue que nous avions arpentée ensemble criait son nom, et je ne supportais pas la torture incessante que ça représentait. Plusieurs fois, je suis venu sur sa tombe, lui demander conseil comme si elle allait pouvoir me répondre. Et puis ma mère a bien dû repartir : sa vie à elle était à La Nouvelle Orléans, et elle l'avait laissée là-bas, mise entre parenthèse pour ses petits-enfants et moi.

- Tu es sûr que tu ne veux pas venir avec moi ?

Elle me l'a proposé je ne sais combien de fois au cours de son séjour, et ma réponse avait toujours été que mes enfants ne pouvaient pas ne plus avoir de lien avec la France... J'avais bien vu dans son regard la pointe de scepticisme, et ma soeur n'était pas en reste non plus.

- Je serai ravie de faire du baby-sitting mais... Nate, à part moi, qui est-ce qu'il te reste ici ?

Elle avait raison, mille fois raison. La famille de Garance n'avait brillé que par son absence au cours de notre relation, et au moment de son enterrement, une partie d'entre eux avait eu l'outrecuidance de faire peser la faute de son trépas sur mes épaules. Ma mère les avait remis à leur place, avec toute la dignité froide dont elle était capable, mais le coup avait porté.

- Je ne sais pas...

Après les refus catégoriques que j'avais pu lui opposer jusque-là, elle a bien compris que ma détermination se trouvait ébranlée. Jo a pris le parti d'organiser les choses avec elle, et j'ai plus ou moins suivi le mouvement, entre deux changes ou deux biberons. Et quelques mois après la mort de Garance, je prenais l'avion avec ma mère, ma soeur, et deux poupons pour traverser l'Atlantique pour la première fois de ma vie.

2017 ─ 2019
Deux ans. Deux ans que je suis installé dans cette ville auparavant totalement inconnue. Deux ans que mes enfants grandissent entre l'appartement de leur grand-mère, juste à côté, et le mien, qu'ils apprennent autant le français que l'anglais, et qu'ils accueillent avec ravissement leur "tata Jo" quand elle vient les garder. Deux ans que j'ai laissé Paris derrière moi comme j'avais précédemment fait une croix sur Londres. Les souvenirs s'entassent, pourtant, dans mon bureau, le cadre brisé de notre photo de mariage et les albums photos enfermés dans un tiroir verrouillé.

Deux ans que j'ai intégré un nouveau job, où je me retrouve éternellement à être "le jeunot", quand bien même j'use de subterfuges, comme les costumes et la barbe, pour avoir l'air moins pré-pubère et qu'on me prenne un minimum au sérieux. Deux ans que je n'ai laissé personne s'approcher, que mes conquêtes éparses ne sont qu'éphémères et charnelles, quand la solitude se fait un peu trop sentir, et que mon monde ne tourne plus qu'autour des deux têtes blondes qui s'entraînent l'un l'autre à faire les quatre cents coups. Leurs avancées m'émerveillent chaque jour un peu plus, comme moi, la musique les passionne déjà, comme elle, ils aiment les livres et les tableaux. Et peut-être que je les couve un peu trop, peut-être que je m'accroche à eux plus que je ne devrais. Ils sont la prunelle de mes yeux, ceux que je défendrais bec et ongles, envers et contre tout et tous. Mais chaque jour je me demande, encore et encore, comment je peux les élever comme il faut, sans la présence aimante de leur mère...



Dernière édition par Nathanael Keynes le Dim 14 Juil 2019 - 23:41, édité 1 fois
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