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 Une Nuit à New York

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Laure De Broglie
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MessageSujet: Une Nuit à New York   Une Nuit à New York EmptySam 19 Déc 2009 - 16:49

~Adalgisa Mancini~

Intuition tells me how to live my day
Intuition tells me when to walk away
Could have turned left
Could have turned right
But I ended up here
Bang in the middle of real life



Buon compleanno !

Ou pas. Ada n'en avait pas parlé à Kath, et pour cause, elle se doutait bien que sa colocataire n'aurait pas trop le coeur à sortir, et elle l'avait déjà un peu forcée quelques jours auparavant pour la St-Patrick, hors de question de jouer les emmerdeuses et de la forcer de nouveau à se faire violence. Pas tout de suite toujours. Et puis de toute façon, même en compagnie de la mentaliste, ça n’aurait pas été un vrai anniversaire. Il n’y en aurait plus jamais, sans doute. Pas sans sa famille, pas sans Giuseppe. Qu’est-ce que Carolina lui aurait inventé, si elle avait été là ? Il valait mieux ne pas y songer… Au lieu de tout ce que sa cadette aurait pu imaginer, elle avait planifié une soirée simple, et seule, ayant demandé à Kath si ça ne la dérangeait pas trop qu’elle sorte ce soir. Et sans surprise, la jeune femme l’avait assurée qu’elle préférait rester seule de toute façon. A sa place, elle n’aurait pas dit mieux.

Un film – un soap pour adolescents, plein de bons sentiments, d’humour et de romance, venait de sortir, parfaitement ce qu’il lui fallait pour passer un moment sans réfléchir – et un verre et elle rentrerait. Impasse sur le dîner, seule, ça ne rimait à rien, déjà que le verre, elle hésitait, mais bon, c’était son anniversaire après tout, il fallait marquer le coup. Quoique si on lui avait demandé pourquoi, elle aurait eu bien du mal à répondre. C’était vrai, après tout : pourquoi ? Pourquoi fêter une nouvelle année quand tous les jours se ressemblaient ? A quoi ça servait de célébrer un an de plus, quand on n’avait personne avec qui le partager ? Ca n’aurait rien changé, si elle était restée à l’appartement comme d’habitude, elle aurait pris un an de plus de la même manière. Et ça n’allait pas rendre l’atmosphère plus détendue, plus joyeuse ou quoi que ce soit du genre qu’elle se soit décidée à sortir, même pour aller regarder un film dont elle ne se souvenait déjà plus du pitch. Une nuit à New-York disait le titre. Un truc sur la musique et une rencontre. Elle ne se souvenait pas de plus, et à vrai dire, ça n’était pas bien important.

Ce qui était important, pour l’instant, c’était le type derrière elle, dans la file d’attente. Elle n’avait pas eu besoin d’entendre parfaitement les messes basses qu’il faisait à ses potes derrière lui, ni de voir plus qu’un bref coup d’œil à sa silhouette pour comprendre que tôt ou tard, il allait passer le cap du simple matage en règle à l’abordage. Et l’argument « j’attends quelqu’un » risquait rapidement de tomber à l’eau une fois qu’elle n’aurait pris qu’une place au guichet. Pas moyen d’être tranquille dans cette ville, c’était impressionnant. Il fallait toujours batailler, mettre les points sur les i, avec plus ou moins de virulence. Souvent plus que moins, d’ailleurs. Elle commençait tout juste à s’adresser à la billettiste, s’approchant du guichet quand il passa à la vitesse supérieure. Elle aurait dû s’en douter, tiens ! Elle fit un signe de la main à la jeune femme derrière la vitre pour lui signifier qu’une place suffirait, lui ayant déjà indiqué le film, écoutant à peine les propos du type en question.

- Je vous offre la place mademoiselle, on ne laisse pas une si jolie fille toute seule au cinéma…

Le ton de voix et la remarque à deux balles… Elle leva les yeux au ciel, ses doigts tapotant sur le comptoir comme si ça avait pu permettre à ce type de remarquer plus facilement son alliance. Peine perdue, son regard fixait son visage et sa poitrine alternativement.

- Mi scusi, ma… chez moi, quand on s’inquiète de la bienséance, on regarde les gens dans les yeux, quand on leur parle. Et on commence par se présenter et dire bonjour. Donnez-moi une seule bonne raison d’accepter de passer outre ces manquements et le manque de tact évident concernant l’intérêt purement physique que vous attribuez aux femmes, et d’accepter votre offre. Une seule. Je vous préviens, vous ne partez pas gagnant.

Et son regard en disait long à ce sujet : il valait mieux qu’il se taise, mais elle doutait fortement qu’il en reste là. Elle ne s’avouait pas vaincue pour autant : hors de question qu’un importun de cet acabit l’empêche de se détendre le soir de son anniversaire.
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Laure De Broglie
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MessageSujet: Re: Une Nuit à New York   Une Nuit à New York EmptySam 19 Déc 2009 - 16:51

~Kyle Hunch~


Era. Il avait retrouvé Era. Son amie d’enfance, celle qu’il avait rencontrée pour la première fois sur une plage française, et avec qui il avait fait les quatre cent coups… Ils avaient été inséparables… Enfin si, ils avaient été séparés par la distance quand Kyle été rentré chez lui, à Phoenix, à la fin des vacances. Mais ils s’étaient revus ensuite, à chaque fois qu’il était revenu en France… Jusqu’à ce qu’elle parte. Qu’elle disparaisse de la circulation. Depuis ce jour, il n’avait plus eu de nouvelles d’elle. Pas le moindre signe de vie. Si bien que tout cela n’avait plus été qu’un souvenir lointain, très lointain. C’était il y avait tellement longtemps… Il lui semblait que des siècles étaient passés, depuis. Les changements qui s’étaient opérés chez lui y étaient sans doute pour quelque chose. Parce que oui, il avait changé. Beaucoup changé. C’était peut-être la première chose qu’elle avait remarqué… Quoique… non, pour être tout à fait exact, la première chose qu’elle avait remarqué avait été son apparence, plutôt avantageuse… Elle ne l’avait pas reconnu, au début, et lui avait parlé comme à n’importe quel homme à qui elle aurait pu porter de l’intérêt…

Et à vrai dire, il avait fait exactement pareil. Il ne l’avait pas reconnue non plus… Et c’était compréhensible, quand on comparait l’ancienne Era à la nouvelle. Elle avait changé sur tous les plans. Elle s’était métamorphosée… Aussi bien physiquement que moralement. Si bien qu’il se demandait s’il arriverait un jour à se faire à l’idée que c’était la même personne qu’il avait en face de lui, la même que celle qu’il avait connue enfant. La nouvelle Era était… fascinante. Effrayante de beauté, et avec des valeurs morales… peu courantes. Aurait-il été aussi fasciné, s’il s’était agi d’une autre personne ? Il en doutait. Il en doutait sérieusement. Plus qu’une très belle créature, plus qu’une jeune femme aux mœurs douteuses, c’était son amie qu’il avait retrouvée. Et qu’il n’avait pas l’intention de perdre à nouveau. Elle le connaissait tellement bien… Du moins, elle l’avait connu tellement bien… Elle avait même rencontré sa mère, ce qui n’était clairement pas négligeable, au vu de la situation actuelle. Sans aller jusqu’à retrouver leur complicité d’antan, il voulait se rapprocher à nouveau d’elle. Il voulait réapprendre à la connaître - « réapprendre » étant effectivement le bon mot, puisqu’elle avait complètement changé -.

Et pour la connaître, il allait commencer par s’intéresser à son activité professionnelle. Parce que sa profession, c’était actrice. S’il avait fait attention, s’il avait ouvert un peu plus de journaux à scandale, il l’y aurait vue. Il aurait su ce qu’elle était devenue. Il aurait peut-être su comment reprendre contact plus tôt… Heureusement, le hasard avait décidé de réparer les dégâts de son ignorance, et l’avait placée sur son chemin. Le prenant comme un signe, il avait décidé de jouer le jeu à fond, et d’aller, dès le lendemain, voir le film dans lequel elle jouait. Une nuit à New York. Il n’allait pas souvent au cinéma, préférant en général le confort de son canapé. Et puis, il fallait avouer aussi que sortir dans ce genre d’endroits en solitaire ne l’enchantait pas vraiment non plus. Mais ce jour-là, il fit une exception. Parce qu’il n’avait pas le choix, parce que ce film venait à peine de sortir en salle, qu’il ne le trouverait pas en DVD, et qu’il voulait absolument le voir aujourd’hui. De toute façon, ça ne le dérangeait pas tant que ça, de sortir. Il était d’humeur à voir du monde, à sourire à des inconnus, et à… sauver les jeunes femmes en détresse.

Arrivant sur les lieux, il s’était d’abord dirigé vers la fin de la file d’attente, prêt à attendre sagement son tour pour prendre sa place. Mais l’agitation au début de la file ne put qu’attirer son attention. Il s’arrêta, observant la scène avec curiosité. Restant volontairement en retrait, un sourire apparut à ses lèvres quand il reconnut la jeune femme. Une italienne au caractère bien trempé qui se promenait avec, au doigt, l’alliance d’un petit ami qu’elle n’avait plus… Il ne l’avait pas oubliée. Pas du tout. Au contraire, il ne se souvenait que trop bien de leur dernière rencontre, qui s’était terminée de manière bien fâcheuse. S’il y avait quelqu’un à qui il en voulait, c’était bien à lui-même. D’abord, il s’était fait avoir par un mauvais jugement, puisque, de toute évidence, elle n’était pas intéressée. Mais ensuite, et surtout, il avait eu un cruel manque de tact… Enfin… ça n’était rien, comparé à cet énergumène qui tentait apparemment de séduire l’italienne. C’était d’un ridicule… Ça lui donnait presque envie de rire. Presque. Parce que la jeune femme, elle, ne semblait pas du tout avoir envie de rire.

Enfin, il se décida à agir, et avança dans leur direction. Alors qu’il marchait, il ne put s’empêcher de se demander si c’était au secours de la jeune femme, ou à celui du jeune homme qu’il volait. Parce qu’une fois qu’elle serait bien énervée, il ne doutait pas que l’italienne puisse se transformer en vraie furie. À cette idée, un autre sourire apparut à ses lèvres, et c’est à ce moment-là qu’il apparut aux côtés de la jeune femme. Sans attendre son avis, sans même attendre qu’elle l’ait vu, il posa sa main sur son dos, et prit la parole.


Coucou ma puce, désolé pour le retard… Y’avait pas de taxi.

Il se retourna ensuite vers la billettiste, qui avait l’air de n’absolument rien comprendre.

Deux places, s’il vous plaît.

La laissant s’affairer à sa commande, il reporta son attention sur Adalgisa et son prétendant de cinq minutes. D’un naturel déconcertant, il déplaça sa main, qui alla se poser sur la hanche de la jeune femme.

Il y a un problème ?
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Laure De Broglie
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MessageSujet: Re: Une Nuit à New York   Une Nuit à New York EmptySam 19 Déc 2009 - 16:52

~Adalgisa Mancini~


Le type avait passé par diverses expressions, et pour cause. Son sourire de minet avait laissé la place à une expression perplexe comme il devait chercher ce qu'il pouvait lui répondre, manifestement avec quelque difficulté. Un éclat triomphant avait passé dans le regard sombre d'Ada, bien décidée à reprendre son silence à son compte et à clore là cette tentative de séduction à deux balles qui l'agaçait profondément. Sauf qu'après la perplexité, ce fut la colère qu'elle put lire sur le visage de l'homme, sans doute n'appréciait-il pas d'être pris pour un idiot - ce qu'il était pourtant aux yeux de l'italienne - et si elle ne jurait pas vraiment par ses capacités physiques pour se défendre en cas d'agression - car elle commençait à se demander s'il n'allait pas en venir aux mains - elle était prête à sonner l'alarme auprès de la billetiste et à menacer d'appeler la police en cas de besoin. Des classiques qui marchaient à tous les coups.

Sauf qu'elle n'eut pas besoin de les mettre en application, et que ce ne fut pas la voix du type face à elle qui retentit, mais une voix qui rappela à elle un souvenir - plus ou moins enfoui dans sa mémoire - juste après qu'une main se fut posée dans son dos. Un contact qu'elle n'aurait accepté de personne d'autre. Qu'elle ne savait pas trop comment interpréter aujourd'hui, à vrai dire, car la seule entrevue qu'elle avait pu avoir avec Kyle lui laissait une impression mitigée. Et vis-à-vis de lui, et vis-à-vis d'elle-même. Et cette fois encore, elle hésitait entre l'envie presque viscérale, un certain instinct de survie peut-être, de repousser cette main, et l'agréable sensation d'avoir une sorte de protection. De protection ? Elle n'avait pas besoin qu'on la protège, elle savait très bien se débrouiller toute seule... Pourtant, elle entra aussitôt dans son jeu, cette fois encore.

- Ah ! Je commençais à me demander si tu allais pouvoir venir !

Si la jeune femme derrière son guichet avait eu un instant l'air perplexe, il lui sembla bien difficile, par la suite, de ne pas éclater de rire devant la mine déconfite du type qui avait tenté une approche sur la napolitaine. Car c'était une nouvelle expression qui se peignit sur ce visage étranger, mêlant déception, une certaine forme de rage, et un brin d'humiliation. L'avocat demanda alors s'il y avait un problème et un sourire éclaira le visage de la linguiste, qui planta son regard dans celui de l'importun.

- Aucun problème, ce monsieur allait justement regagner la file d'attente, n'est-ce pas ?

Elle n'attendait pas de réponse, c'était évident, et d'ailleurs, le type n'essaya même plus d'en apporter. Il tourna aussitôt les talons, et une fois les places en main, ils firent de même en direction opposée. Ada ne fit aucune mention de la main sur ses hanches, comme ils s'approchaient de la salle. Mais elle fronça les sourcils, comme il ne semblait pas décidé à aller voir autre chose, et qu'elle classifiait clairement ce qu'elle allait voir dans la catégorie "film pour midinettes".

- Ôtez-moi d'un doute, Kyle... Vous allez vraiment aller voir "Une nuit à New-York" ? C'est... drôle... Je ne vous aurais pas vraiment imaginé aller voir ce genre de film...

Elle secoua la tête comme ils entraient dans la salle, et reprit.

- Décidément, c'est une habitude de venir sauver les jeunes femmes en détresse ? J'avoue qu'on m'aurait dit que je retomberais sur vous ce soir, je ne l'aurais pas cru... Et vous pourrez récupérer votre main à présent, il ne risque plus de nous voir...

Bon, techniquement, la main de Kyle sur ses hanches ne la dérangeait pas réellement. Mais la façon dont s'était terminée leur première entrevue davantage, et elle préférait que les choses soient claires dès le départ. Enfin pour lui au moins. Parce qu'elle ne l'avouerait pas, mais elle s'était malgré tout posé un certain nombre de fois la question : que se serait-il passé si elle avait accepté son dîner ? Et à présent, une autre se formait dans son esprit : est-ce qu'il lui proposerait de nouveau ce soir ? Auquel cas, elle n'était pas vraiment certaine de refuser. Pas ce soir. Parce que passer sa soirée d'anniversaire seule devant un film pour adolescente, et siroter toute aussi seule un verre dans un bar - où elle avait 99% de chances d'être encore accostée par elle ne savait trop quel énergumène sorti d'elle ne savait trop où -, ça n'était quand même pas tout à fait l'idéal. La passer en compagnie d'un jeune homme charmant, évidemment, c'était tout de suite plus alléchant. La soirée, juste pour ne pas être seule. Rien de plus, évidemment. Une seconde d'hésitation, pourtant, et elle ajouta, désignant la salle au haut de laquelle ils se trouvaient d'un signe de tête.

- Vous avez une préférence ?

Sous-entendu : "vous pouvez rester avec moi"... Non, plus sincèrement, sous-entendu : "je serai ravie que vous restiez". Mais de là à ce qu'elle l'avoue ouvertement, il y avait un gouffre.
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MessageSujet: Re: Une Nuit à New York   Une Nuit à New York EmptySam 19 Déc 2009 - 16:53

~Kyle Hunch~


Qu’elle entre dans son jeu, il n’en avait pas douté une seconde. Après tout, c’était pour elle qu’il faisait ça, et uniquement pour elle. Pour la débarrasser de ce type collant qui ne semblait pas disposé à lâcher l’affaire. Il n’était pas parfait, il était loin de l’être, et était le premier à le clamer haut et fort. Pourtant, il y avait certains moments où il ne pouvait s’empêcher de penser que les autres devraient penser à prendre exemple sur lui. Comme ce type, par exemple, qu’il fixait avec un regard neutre. Si une fille t’envoie balader, abandonne et passe à autre chose, ça vaut mieux. Surtout avec ce genre de filles. Personnellement, il avait accepté sa déconvenue, et s’en était parfaitement remis. Et ça ne l’empêchait pas de lui parler à nouveau, quand il revoyait Adalgisa, et de l’aider à se sortir des griffes d’un dragueur bien maladroit… Là encore, il aurait des cours à prendre avec Kyle, mais des cours de ce genre-là, il n’était aucunement disposé à en donner.

Lorsque son regard croisa celui du jeune homme, il ne put réprimer la lueur d’amusement qui était apparue dans ses yeux. Dans le contexte, sa réaction n‘était aucunement déplacée. On le prendrait juste pour un petit ami conscient de la chance qu’il avait d’avoir une copine comme l’italienne, et pas jaloux pour un sou. Et c’était tant mieux, parce qu’il n’avait pas envie de jouer les jaloux. Surtout qu’une telle attitude aurait pu renforcer l’agressivité de son « rival », jusqu’à ce qu’il en vienne aux mains. Et s’il savait très bien se défendre, il n’avait aucune envie de se battre contre un type frustré de ne pas avoir eu ce qu’il voulait. Finalement, l’histoire se tassa quand la jeune femme lui suggéra de regagner sa place dans la file d’attente, ce qu’il fit sans demander son reste. L’oubliant déjà, Kyle paya les places qu’il avait demandées à la billettiste, et ils s’éloignèrent en direction de la salle.

Quand elle reprit la parole, il haussa un sourcil, songeur. À vrai dire, il n’avait pas pris le temps de se renseigner sur le film qu’il allait voir. Il avait juste… un titre. Une nuit à New York.


Eh bien… Oui, c’est bien ce que je vais voir… Pourquoi ? C’est quel genre de film ?

Un coup d’œil autour d’eux lui permit de faire une rapide analyse du genre de public qu’attirait le film. Ils étaient majoritairement entourés d’adolescentes et de couples. À coup sûr, ce n’était pas un film d’horreur, ou un film d’action bien viril et/ou machiste. Pas que ça soit son genre, en temps normal, mais Adalgisa ne lui aurait pas posé la question s’il s’était agi de ce genre de film. Bah… Ça n’était pas comme s’il avait un genre précis, et puis, c’était Era qu’il venait voir. Le reste, il s’en fichait. Les autres acteurs, il s’en fichait. Ce qu’on pouvait penser de lui, il s’en fichait. Que les autres pensent qu’Adalgisa et lui étaient un couple qui venait voir un film romantique au cinéma, il s’en fichait. Quoique… Il fallait bien avouer que sa compagnie était bien plus agréable que la solitude à laquelle il s’était préparé. Mais de là à en faire toute une histoire… Non. Il espérait simplement que l’italienne ne lui tenait plus rigueur de la maladresse dont il avait fait preuve lors de leur dernière rencontre.

Ils entrèrent dans la salle, et un sourire éclaira son visage alors qu’il tournait la tête vers l’italienne, véritablement amusé par sa remarque. Gardant le silence pendant quelques secondes, il la contempla avec toujours le même sourire, incapable de dire quoique ce soit. Enfin, il obéit, et leva les deux mains, signe qu’il ne la toucherait plus. Le regard taquin, il répondit :


A vrai dire, il n’y a que vous que je sauve de ce genre d’abrutis. Quoique… Je pense que c’est plutôt lui que j’ai sauvé de vous, vu le regard incendiaire que vous lui lanciez.

Il plongea les mains dans les poches de son manteau, et guetta la réaction de l’italienne du coin de l’œil, tout en regardant distraitement la salle se remplir.

Quelle idée, aussi, de venir au cinéma toute seule, un vendredi soir ?

Avec un sourire malicieux, il guettait toujours sa réaction du coin de l’œil, puis son attention fut attirée par un couple qui passait à côté d’eux, l’homme ayant un paquet de pop corn en main. Au même moment, elle prit la parole, et il eut juste le temps de tourner la tête vers elle pour voir qu’elle parlait de leur placement. Il était vrai, en effet, qu’ils ne pourraient rester indéfiniment debout à l’entrée.

Euh… Non. Je ne viens pas assez souvent pour me permettre d’avoir des préférences… Mais j’ai oublié, vous voulez du pop corn ? Vous n’aurez qu’à choisir nos places, pendant que j’irai en chercher… Du pop corn, ou autre chose, d’ailleurs ?

« Nos places », autrement dit, oui, il resterait avec elle. Et le regard qui accompagna ces paroles était un concentré d’innocence, comme un enfant attendant sagement ses instructions. Ce n’était pas calculé. Ce n’était absolument pas calculé. Ce soir, il était tout ce qu’il y avait de plus naturel. Après tout, il n’avait aucune raison de ne pas l’être, de jouer à un jeu quelconque… La séduire n’était plus à l’ordre du jour. Il voulait juste passer une bonne soirée.
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Laure De Broglie
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MessageSujet: Re: Une Nuit à New York   Une Nuit à New York EmptySam 19 Déc 2009 - 16:55

~Adalgisa Mancini~


Si pour Kyle, il avait été évident qu'Ada allait entrer dans son jeu, pour l'italienne, rien n'avait été moins sûr à l'origine. Parce que le jeu en question, même s'il ne leur était finalement pas vraiment inconnu, impliquait un peu trop de proximité à son goût. Enfin... au goût d'une partie d'elle-même toujours, celle qui continuait encore et toujours à se protéger. Celle qui se réjouissait d'apprendre que Rémy avait une petite amie, pour éviter toute ambiguïté. Celle qui songeait toujours à Giuseppe, et lui amenait des rêves peu agréables presque chaque nuit encore où elle le revoyait mourir... Celle que d'aucuns définiraient comme déprimée, se complaisant dans son malheur. C'était une part d'elle-même non négligeable, et la napolitaine aurait réellement été dépressive, si ça avait été là tout ce qui constituait sa psychologie.

Mais il y avait une autre part d'elle, qui était, au contraire, tout à fait ravie de la tournure que prenaient les choses. Qui avait été déçue qu'elle n'accepte pas le premier dîner, qui avait semé le doute, et fait germer les questions quant à ce qui aurait pu se passer, si elle avait répondu "oui" à ce "n'est-ce pas ?" fatidique qui avait sonné le glas de leur première entrevue. Une part d'elle qui faisait battre son coeur un peu plus vite à l'exclusivité qu'elle pouvait avoir quant aux actions chevaleresques du sieur Hunch, et qui ne cherchait qu'à laisser complètement le passé derrière elle, à cesser de fuir et de se barricader derrière des murailles qui tenaient plus lieu de prison qu'autre chose. A revivre, vraiment.

Une part d'elle qui la fit sourire quand Kyle confirma qu'il venait voir le même film qu'elle, et avoua finalement son ignorance à ce sujet. Une part d'elle qui avait clairement - tout au moins suffisamment - évoqué son envie de passer cette soirée avec lui, et qui se demandait si le titre du film n'était finalement pas vraiment évocateur de cette soirée. Elle n'avait pourtant pas vraiment besoin de répondre, puisqu'à jeter un coup d'oeil autour d'eux, il aurait certainement l'information recherchée. Des groupes de filles plus ou moins jeunes (plutôt plus que moins cela dit) essentiellement, des couples aussi, sans doute sur l'impulsion de madame ou mademoiselle... Seul, il aurait particulièrement détonné. A deux, ils passaient un peu plus inaperçus...

Bon, sauf quand il levait les bras ainsi, comme si elle venait de le menacer. Un air faussement indigné se peignit sur son visage, et elle posa les poings sur ses hanches.

- Hey ! Je ne vais quand même pas vous frapper ! Vous n'avez rien fait, vous... Lui par contre...

Elle sourit plus franchement encore quand il ajouta que c'était peut-être bien l'importun qu'il avait sauvé d'elle, et finit par secouer la tête.

- Il me le rendait bien sur la fin. Je commençais à me demander s'il n'allait pas falloir l'intervention de la sécurité... ou d'un prétendu petit ami.

Elle ponctua sa dernière phrase d'un clin d'œil, mais détourna bientôt le regard sur le reste de la salle à son tour. Pour être tout à fait exacte, elle aurait dû ajouter que oui, un instant, elle avait eu un peu peur. Parce que si le type en était réellement venu aux mains, elle n'aurait pas vraiment donné cher de sa peau. Finir à l'hôpital le soir de son anniversaire, ou traquée par des anti-mutants si jamais elle avait eu du mal à garder le contrôle, ça n'était pas tout à fait l'image idéale qu'on pouvait se faire de sa soirée d'anniversaire, aussi terne pût-elle être en vérité. Quant à ses pouvoirs déclenchés en public, volontairement ou non, ses expériences n'étaient pas toujours très agréables, aussi préférait-elle éviter de les renouveler. Un sourire amer se dessina sur ses lèvres quand il commenta son choix de sortie. Elle garda les yeux fixés sur la salle, répondant d'une voix moins enjouée que précédemment.

- Ah... C'est vrai que j'évite d'habitude... Mais aujourd'hui c'est... spécial...

D'un geste désinvolte de la main, elle voulut signifier qu'il n'était pas utile, ni voulu, de poursuivre la conversation dans cette direction... Elle n'avait pas vraiment envie de lui expliquer que c'était aujourd'hui son anniversaire. Pas envie qu'il ne s'apitoie sur son sort et n'accepte de rester avec elle que par pitié. Sauf que c'était inutile, comme il s'intéressait déjà à répondre à la question de l'emplacement, lui laissant en fait le choix, et à lui proposer du pop-corn, ou autre chose dont elle pourrait avoir envie.

- Là c'est à moi de ne pas savoir quoi vous répondre, d'ordinaire, je ne prends pas le temps d'acheter quoi que ce soit...

Elle haussa les épaules, s'étant de nouveau tournée vers lui. Que pouvait-elle répondre à ça ? Que pouvait-elle faire, face à un tel regard ? Est-ce qu'il se rendait compte que c'était encore plus dévastateur que son jeu de séduction plein d'assurance de la dernière fois ? Vaincue d'avance, elle laissa échapper un soupir et secoua la tête avant de plonger ses prunelles sombres dans les siennes.

- Prenez ce que vous voulez, Kyle, je vous fais confiance...

Le mot était lâché. Une fois encore, elle eût été bien en peine d'expliquer de façon rationnelle pourquoi, de donner une réponse précise à cette question : qu'est-ce qui le lui permettait ? Elle préféra ne pas y songer, laissant à l'avocat le choix de prendre ce qu'il voulait par solution de facilité sans doute, pour ne pas avoir elle-même à choisir. De toute façon, elle n'était pas venue là pour manger. Un sourire, et elle s'éloigna légèrement, cherchant la place idéale. Enfin idéale était un bien grand mot, mais elle n'aimait pas être trop près de l'écran, et pas trop à l'arrière non plus, trop habituée à y rencontrer une faune peu engageante - surtout lorsqu'elle devait l'affronter seule. Elle espérait aussi trouver deux places plutôt centrales et éviter les coups dans le dos, et son regard erra un moment sur les allées avant qu'elle ne se décide, si bien que lorsque Kyle la rejoindrait, elle ne serait installée que depuis quelques instants...
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Laure De Broglie
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MessageSujet: Re: Une Nuit à New York   Une Nuit à New York EmptySam 19 Déc 2009 - 16:56

~Kyle Hunch~


S’il avait levé les bras, il se fichait complètement de ce que les autres, autour d’eux, pouvaient en penser. La seule réaction qui lui importait était celle de l’italienne, et il ne fut pas déçu. L’air indigné qu’elle afficha et les poings posés sur ses hanches déclenchèrent l’hilarité de l’avocat, qui ne parvint que difficilement à calmer le rire qui lui secouait les épaules. Elle n’allait pas le frapper ? Il aurait bien aimé voir ça, tiens…

C’est que vous êtes très impressionnante !

Il l’avait dit sur le ton de la plaisanterie. S’il plaisantait ? Oui et non… Parce que, soyons sérieux, Adalgisa n’avait rien de la femme physiquement imposante dont on devait craindre les coups, et d’ailleurs, si elle en arrivait à le frapper, il ne sentirait probablement rien. Ou presque. J’ai dit sérieux, pas méchant. Mais en même temps… Elle était italienne, non ? Bon d’accord, ça ne faisait pas tout, mais ça résumait bien l’idée qu’il se faisait d’elle. Pour rien au monde, elle ne se laisserait faire. Pour rien au monde, elle ne se laisserait approcher si elle n’en avait pas envie. Et là, elle n’en avait vraiment pas envie. Ce genre de comportement était difficile à gérer pour un homme, aussi sincère et charmant puisse-t-il être. Attendez, imaginez juste une seconde que l’homme qu’elle venait d’éconduire ait été vraiment intéressé par elle, qu’il avait des intentions tout à fait saines et nobles… Pas crédible ? Même pas une seconde ? Bon, d’accord… La sécurité ? Elle avait pensé à appeler la sécurité ? Il n’était pas de son avis… Ce genre d’homme aboyait fort, mais ne mordait pas. Même sans son intervention, il n’aurait pas fait long feu face à la furie italienne qu’elle serait devenue. A la fin de sa phrase, leurs regards se croisèrent, et il sourit à son clin d’œil. Deux minutes plus tôt, elle lui demandait de reprendre sa main, et maintenant, elle lui faisait des clins d’œil… Décidément, il ne savait plus quoi penser… Mais quitte à être taquin, autant l’être jusqu’au bout.

La prochaine fois, je demanderai un dédommagement pour l’utilisation de ma personne.

Bon, techniquement, la première fois, elle lui avait proposé un café pour le remercier. Sauf que comme elle était partie un peu précipitamment, l’addition avait été pour lui… Et là, c’était encore lui qui payait les places de cinéma… Mais au fond, ça ne le dérangeait pas tant que ça. Ça ne le dérangeait pas du tout, même. Ça n’était pas comme s’il était vraiment dans le besoin, et qu’il devait absolument surveiller ses dépenses. Et puis, même si elle n’était pas partie comme ça, il aurait certainement payé l’addition, à leur première rencontre. Galanterie oblige… Et pas de machisme, comme certaines le pensent parfois. La galanterie consiste à faire en sorte que la femme se sente le mieux possible, et c’était l’une des principales qualités de Kyle… M’enfin dans tout ça, il fallait qu’il arrête ses plaisanteries, qu’il redevienne sérieux, un peu… Il fallait… Et c’était fait. Son sourire se fit beaucoup plus hésitant, alors qu’elle répondait à sa question d’après. Aujourd’hui c’était… spécial. Et elle n’avait pas envie d’en parler. Et il accepterait, parce que d’une part, les silences et autres moments embarrassants de leur première conversation lui avaient bien suffi, et d’autre part, il savait que tout le monde avait ses secrets - lui le premier -, et il était tout à fait compréhensible qu’elle n’ait pas envie de lui dévoiler les siens. Malgré la curiosité qui le tiraillait, il hocha simplement la tête, et la conversation se poursuivit.

D’ordinaire, elle n’achetait rien - à part sa place, mais ça c’était normal. Elle lui laissait donc la liberté de prendre ce qu’il voulait. Elle lui faisait confiance. Il ne sut pas si c’était ces mots - ce mot -, ou si c’était le fait qu’elle plonge son regard dans le sien, mais il sentit son esprit vaciller légèrement, avant de retrouver son état normal. Ignorant ce moment d’égarement, qui finalement n’avait pas duré assez longtemps pour qu’elle le remarque, il répondit à son sourire, eut un léger hochement de tête, et s’éloigna à son tour dans la direction opposée. Sorti de la salle, un long débat s’engagea avec lui-même, alors qu’il se demandait ce qu’il pourrait bien prendre. Elle n’avait pas l’habitude de manger au cinéma, et lui n’avait pas l’habitude d’aller au cinéma tout court. Il était bien avancé, avec tout ça… Pendant un instant, il fut tenté de revenir en arrière. Si elle n’avait pas l’habitude de manger, il n‘avait pas à changer ses habitudes. Mais non, il ne pouvait pas faire demi-tour. Il lui avait proposé de prendre quelque chose, et elle avait accepté, lui faisant confiance sur ce qu’il prendrait. Confiance… Voilà un mot auquel il ne s’était pas attendu, et qui, si elle ne l’avait pas dit, ne lui aurait pas effleuré l’esprit. Il ne reviendrait pas sans rien. Il observerait les autres autour de lui, et prendrait ce qui lui semblait le plus commun… Voilà, il ferait ça, et tout se passerait bien…

Quelques instants plus tard, il entrait à nouveau dans la salle de cinéma, un paquet de pop-corn, et deux sodas à la main. S’arrêtant d’abord dans l’allée principale, il promena son regard dans toute la salle, jusqu’à ce qu’il rencontre la chevelure brune qu’il identifia immédiatement comme celle de l’italienne. En quelques secondes, il était arrivé à son niveau, et lui tendait le paquet de pop-corn.


Voilà pour mademoiselle…

Mademoiselle… Son regard tomba presque malgré lui sur l’alliance qui encerclait son annulaire gauche. Détournant immédiatement les yeux, il surprit les regards d’un jeune couple qu‘il avait déjà vu, dans la file d‘attente de tout à l‘heure. Faisant mine de les ignorer, il s’installa aux côtés de la jeune femme.

J’ai pris deux sodas différents, en espérant qu’un des deux vous plaise…

Jetant un œil en direction du couple, il se rendit compte qu’ils étaient assez proches pour entendre leur conversation. Leur vouvoiement devait paraître bizarre, puisqu’ils étaient censés être ensemble… Et il se fichait de ce que les autres pouvaient penser, hein ? Posant les sodas sur l’accoudoir qui les séparait pour lui laisser le choix, il releva ses yeux noisette vers elle, et lui adressa un sourire.

Alors, comment s’est passée ta journée ?

Bon… Elle risquait de le prendre mal, encore, ce tutoiement soudain… Comme pour justifier ce changement, il eut un regard plus appuyé en direction du couple, espérant qu’elle les regarderait à son tour, et qu’elle les reconnaîtrait. Encore une fois, il l’embarquait dans une comédie assez loufoque, mais ils commençaient à en avoir l’habitude, maintenant… Et puis, elle ne durerait pas très longtemps cette fois, puisqu’ils arrêteraient dès que le film débuterait, et vu qu‘il y avait de moins en moins d‘agitation dans la salle, il n’y avait pas de doute possible sur le fait qu’il débuterait bientôt.
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Laure De Broglie
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MessageSujet: Re: Une Nuit à New York   Une Nuit à New York EmptySam 19 Déc 2009 - 16:57

~Adalgisa Mancini~



Elle avait levé les yeux au ciel et secoué la tête quand il avait ri et affirmé de façon peu crédible qu’elle était « très impressionnante ». Ses poings avaient quitté ses hanches et elle avait eu un geste désinvolte comme pour repousser ses dires avant de le laisser là, en haut de l’escalier. Il précisait qu’il finirait par lui demander quelque dédommagement pour lui être venu en aide, tandis qu’elle se décidait à aller chercher lesdites places, ponctuant sa dernière phrase d’un nouveau geste vague de la main. « Oui, oui, bien sûr » semblait-elle vouloir dire ainsi. Parler avec les mains était une seconde nature pour l’italienne qu’elle était, à n’en pas douter.

Pour être tout à fait exact, ses pensées étaient bien moins neutres, et il valait mieux, sans doute, qu’il n’y eût que quelques mouvements de mains pour toute réponse. A vrai dire, à cet instant, elle était un peu frustrée de ce qu’il venait d’affirmer, même sur le ton de la rigolade. Ah ! Elle n’était pas impressionnante ? Certes, elle n’avait rien d’une catcheuse, c’était une évidence, mais tout de même... C’est qu’il n’avait pas vu la tête du type de la patinoire, tiens ! Ok, elle ne risquait pas de faire mal avec ses petits poings, mais elle en avait vus suffisamment, des gars qui abandonnaient parce qu’humiliés qu’une fille de son gabarit leur tienne tête, et avec virulence en plus. Et puis s’il ne voulait pas qu’elle se serve de son corps comme protection, il n’avait qu’à pas venir de lui-même. Attendez, elle avait pensé « son corps » ? Sa personne. Il avait dit sa personne. Oui bon, bref, c’était pareil. Ou pas.

*Tu dérailles Ada...*

Enfin assise à une place, son sac et son manteau à ses côtés pour garder la sienne, elle triturait machinalement l’anneau qui encerclait son annulaire gauche. Pourquoi est-ce que ça la mettait aussi en rogne ? Après tout, ça changeait quoi, qu’il la voie comme une faible femme ? Faible. Un mot qu’elle n’aimait pas, et qu’elle avait bien du mal à entendre – ou penser en l’occurrence – après ce qu’elle avait vécu. Si elle avait été si faible, elle serait sans doute dans un autre monde, ou en prison, à l’heure actuelle. Mais qu’est-ce que ça pouvait bien lui faire, d’abord, qu’il la voie ainsi ? Elle secoua la tête, comme pour se forcer à penser à autre chose, en vain. Si ça n’avait pas été à ses dépends, elle aurait sans doute trouvé son rire craquant. Là, il l’agaçait, seulement, et elle était prête à rétorquer quelque chose – elle ne savait pas encore quoi - à son retour.

Sauf que lorsqu’il revint auprès d’elle, le « mademoiselle » qui ponctua son entrée en scène s’accompagna d’un regard à sa main gauche et, par réflexe, elle posa son autre main par-dessus, instantanément alors qu’il détournait le regard, oubliant complètement ce qui l’irritait jusque-là. Elle récupéra rapidement ses propres affaires, lui laissant la place de s’installer, repliant son manteau sur sa main gauche, tandis qu’il lui tendait les sodas. Elle en attrapa un, au hasard à vrai dire, et le remercia brièvement avant d’ouvrir tant bien que mal sa boisson, sans réaliser l’attention de son cavalier fortuit tournée vers un couple installé non loin d’eux. Elle portait justement la cannette à ses lèvres quand il la tutoya : elle eut un temps d’arrêt et bien du mal à ne pas s’étouffer avec la gorgée qu’elle avala le plus doucement possible avant de tourner son regard interrogateur vers lui.

C’était quoi ça ? Ils ne se connaissaient pas assez pour se tutoyer, et jusque-là, de façon naturelle en plus, le vous avait toujours été de mise. Les seuls moments où ils s’étaient autorisés ce genre de libertés l’un l’autre c’était quand... nouveau temps d’arrêt sur le regard appuyé de l’avocat vers un couple un peu plus loin et réalisation soudaine. Pas qu’elle eût reconnu le couple, simplement que ce regard et l’utilisation inopinée du « tu » était sans équivoque. Enfin censément, même si elle avait eu besoin de quelques instants pour comprendre. Elle hocha légèrement la tête, l’air neutre, bien qu’elle n’en pensât pas moins. Ils ne pouvaient donc pas être tranquilles cinq minutes ? Mais tranquilles pour quoi au juste ? Elle lui sourit, le même type de sourire qu’elle lui avait adressé à la patinoire en fait, rien à voir avec ceux du café, et répondit finalement.

- Rien de bien particulier, à part un certain abordage pas très délicat… La routine habituelle, quoi. Et toi ? Dure journée ?

Le brouhaha ambiant se calmait à présent que les publicités et bandes annonces touchaient à leur fin et après un dernier regard et un sourire un peu embarrassé à vrai dire, à l’attention de Kyle, elle reporta son attention sur l’écran. Embarrassé, parce qu’elle avait rarement été au cinéma en compagnie de quelqu’un d’autre que sa sœur, Laurina ou Giuseppe, et que si concernant sa sœur ou Laurina, il n’y avait évidemment aucune équivoque, la compagnie de Giuseppe n’avait jamais été autre que romantique. Ce soir, c’était différent. Il n’y avait rien de spécial avec Kyle, ni lien familial, ni amitié de longue date, ni sentiments particuliers qui les liaient. Simplement le hasard de deux rencontres, une romance devant laquelle ils allaient passer près de deux heures, et un jeu bizarre pour éloigner les importuns. Rien de spécial donc...
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MessageSujet: Re: Une Nuit à New York   Une Nuit à New York EmptySam 19 Déc 2009 - 16:59

~Kyle Hunch~


Il n’avait pas immédiatement réalisé que sa remarque pouvait être vexante… Ce ne fut que quelques instants après, quand il s’était retrouvé seul à attendre sa commande, qu’il s‘interrogea. A priori, elle ne l’avait pas trop mal pris… Il n’en savait rien, en fait, puisqu’il n’avait eu pour toute réponse qu’un geste vague de la main, qui pouvait aussi bien signifier « On en reparle après » que « Oui oui, c’est ça, cause toujours, tu m’intéresses ». Donc, finalement, il n’avait absolument aucune idée de la manière dont elle avait pris sa remarque, et espérait qu’elle ne s’était pas vexée pour si peu. « Si peu »… C’était vite dit. Mais ce n’était qu’une gentille boutade, qui était à prendre à la légère. Le genre de choses qu’il ne disait que quand il se sentait en confiance… Enfin non, pas en confiance. À l’aise. Oui, voilà. Le genre de choses qu’il ne disait que quand il était à l’aise. Pourquoi le mot « confiance » lui revenait-il sans cesse ? D’un imperceptible mouvement de tête, il chassa loin de ses pensées cette question à laquelle il n’avait, de toute façon, pas de réponse. À sa connaissance, il n’avait pas à se justifier. En fait, s’il avait voulu la séduire, il ne se serait jamais permis ce genre de choses. C’était donc la preuve qu’il n’attendait rien de cette soirée. Et c’était bien ce qu’elle voulait, elle, qui lui avait demandé de reprendre sa main… Non ?

Quant à sa demande de dédommagement pour l’utilisation de sa personne, ça relevait également de la plaisanterie. Quel dédommagement pourrait-il demander, au juste ? Financièrement ? Il était loin d’être dans le besoin. Affectueusement ? Ahem… Mieux valait ne même pas y penser. Et puis, il n’avait pas besoin de ça non plus, il était très bien comme ça, merci pour lui. Pas que la présence de la demoiselle Mancini lui soit désagréable, bien au contraire, mais il avait bien compris le message, lors de leur première rencontre, et cela lui suffisait amplement. Et puis, pour être tout à fait honnête, le fait qu’elle utilise son corps - pardon, sa personne - comme protection ne le dérangeait pas tant que ça. Ce petit jeu commençait même à l’amuser. Il ne savait pas ce qu’elle pensait de tout cela, mais lui trouvait ça très drôle. Le fait que ce ne soit pas lui qui se fasse éconduire y était sans doute pour quelque chose. Quand il repensait à la tête de ces hommes… Celui de la patinoire, et celui de la file d’attente… Il avait presque de la pitié pour eux… Presque. Lui aussi, avait été à leur place, d’une certaine manière. Lui aussi, avait vu sa fierté en prendre un coup. Et pourtant… Il était encore là. Il avait accepté sa défaite, si on pouvait l’appeler ainsi, et était prêt à lui venir en aide, quand elle en avait besoin. C’était ce qui le rendait différent. Du moins, il osait espérer que c’était ainsi qu’elle le voyait…

Vraiment ? Il espérait qu’elle le trouve différent des autres ? Et pourquoi donc ? Pourquoi, soudainement, ne voulait-il plus se fondre dans la masse ? Il n’attendait rien de cette soirée… Rien de ce qu’il attendait d’habitude, en tout cas. Mais alors… Que cherchait-il ? Qu’attendait-il, de la part de cette jeune femme qui continuait à porter son alliance, même après… Après quoi, d’ailleurs ? Elle n’avait pas précisé ce qui s’était passé, pour qu’elle se retrouve seule. Et à vrai dire, il n’avait pas cherché à savoir non plus. Et à la question « voulait-il le savoir ? », il n’avait pas de réponse. D’un côté, il y avait le Kyle de tous les jours. Celui qui évitait les sujets sensibles, pour lui ou pour les autres. Celui qui se fermait comme une huître dès que le mot « confiance » surgissait dans ses pensées. Et de l’autre, il y avait un Kyle curieux, désireux de la comprendre, d’éclaircir tout ce mystère autour d’elle. Un Kyle qui aurait été prêt à tout, juste pour la voir rire comme elle l’avait fait la première fois, à ses dépends. Tiens, d’ailleurs, c’était vrai, ça. Il ne s’en était pas offusqué, lui. Pourquoi l’aurait-elle fait, elle ?

Elle ne s’était pas vexée. La preuve, quand il était revenu à ses côtés, elle n’avait rien dit. Si elle avait eu quelque chose à dire, elle l’aurait dit, non ? Bon, en même temps, elle n’en avait pas vraiment eu l’occasion. Il ne lui en avait pas vraiment laissé le temps, avec son tutoiement qui apparaissait de manière assez brutale dans la conversation. Mais il n’avait pas pu faire autrement, lui non plus, avec ce couple un peu trop curieux qui les écoutait. D’abord inquiet en voyant qu’elle avait failli s’étouffer en avalant de travers, il fut soulagé qu’Adalgisa entre finalement dans son jeu, après un hochement de tête sans équivoque. Ils ne les lâcheraient pas, trop curieux par ce qui aurait pu être leur « petit jeu ». Il était vrai que se vouvoyer, dans un couple, ça n’était pas commun. C’était sans doute la raison pour laquelle ces deux personnes ne les quittaient plus du regard, désireuses d’en savoir plus sur « comment briser la monotonie dans un couple ». Si Kyle ne se sentait pas d’attaque à leur donner une autre leçon du même genre, il saurait au moins se montrer convaincant, en leur montrant qu’ils étaient bel et bien un couple.


Oh… Pas pire que d’habitude. Mais ça fait du bien de la finir avec toi.

À ces mots, il lui sourit, et s’accorda même le luxe de plonger son regard dans celui de l’italienne, en arborant un air fasciné. Ce n’était pas un rôle bien difficile à jouer… Il espérait juste qu’elle ne le prenne pas comme une autre tentative de séduction. Et comme pour lever tout soupçon, il ouvrit à son tour sa boisson, et la porta à ses lèvres en fixant des yeux l’écran qui diffusait la dernière publicité. Quand le film commencerait - bientôt, donc -, ils seraient tranquilles, et pourraient retrouver une attitude normale. Mais qu’est-ce qu’une attitude normale, quand on est au cinéma, aux côtés d’une inconnue - plus tout à fait inconnue -, et devant un film pour adolescentes ? Après un dernier regard et un sourire échangés avec Adalgisa, il se rendit compte que la situation devait lui sembler particulière, à elle aussi. Et bizarrement, cette pensée le rassura. Et s’il eut encore un moment de doute, celui-ci s’évapora immédiatement, quand il vit l’actrice qui apparaissait à l’écran. Era Boskovitch. S’il resta muet à ce moment-là, son regard ne pouvait que le trahir. Il était si fier d’elle, de voir ce qu’elle était devenue… Elle était… rayonnante. S’il avait tourné la tête pour voir les visages des autres hommes de la salle, il aurait certainement surpris des regards débordants de désir… Il était fier, oui, mais finalement, il ne valait mieux pas qu’il les voit, ces regards. Des regards qu’il aurait trouvé inconvenants, alors, et qui l’auraient dérangé. Il valait mieux ne pas y penser, et se concentrer sur le film. Avec Era, il ne pouvait qu’être bien…

Il était bien, en effet. Ponctué de scènes comiques, qui déclenchaient des sourires, parfois des rires dans la salle. Sans être un chef-d’œuvre, il était parfait pour se détendre. Parfois, Kyle décollait ses yeux de l’écran pour jeter des regards discrets à sa voisine, qui ne le remarquait pas. Ou en tout cas, si elle le remarquait, elle ne le montrait pas. Pour ce qu’il pouvait en voir, elle passait un bon moment. Parfois un sourire, Kyle crut même la voir rire à un moment. Ce qui était un bon signe en soi. Il ne savait pas exactement pourquoi, mais le fait que ce film, le film de son amie, plaise à l’italienne, ça le… rassurait. Et à son tour, il souriait, toujours sans savoir pourquoi. À la dernière scène du film, qui se terminait par un baiser, comme on pouvait s’en douter, il eut un nouveau sourire… C’était tellement prévisible… Sans même le regarder, puisqu’il avait fini par enregistrer sa position à force d’y piocher, il plongea la main dans le paquet de pop corn qui se trouvait entre Adalgisa et lui. Mais au lieu des graines de maïs soufflé auxquelles il s’était attendues, ce fut un contact doux et chaud qu’il rencontra, alors que sa main se posait sur celle de l’italienne. Instinctivement, il releva sa main, et la ramena vers lui. Lui lançant un regard, il murmura :


Désolé.

Simple et concis. Mais le mal était fait…

Au même moment, le générique de fin démarra, et les lumières se rallumèrent.
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MessageSujet: Re: Une Nuit à New York   Une Nuit à New York EmptySam 19 Déc 2009 - 17:00

~Adalgisa Mancini~


Le noir s'était fait dans la salle, les dissimulant aux yeux du couple indiscret. Et le film avait commencé. Elle n'avait pas été déçue. Elle qui voulait quelque chose de simple, juste pour se détendre, sans chercher plus loin, elle était servie. Et les acteurs n'étaient pas mauvais - ce qui était souvent le cas dans les comédies romantiques pour adolescentes - en prime. Même si certaines ficelles du scénario restaient prévisibles, ça ne l'avait pas empêchée de sourire au ton humoristique de bien des scènes. De rire, même, une fois. Par réflexe, elle avait porté la main à ses lèvres, puis jeté un coup d'oeil à Kyle, à côté d'elle, l'air absorbé par le film.

Pour être tout à fait honnête, des coups d'oeils, elle en avait jeté plus d'un, curieuse des réactions du jeune homme devant le film pour midinettes qu'elle avait bien du mal à imaginer figurer dans sa DVDthèque. Et il avait vraiment eu, à chaque fois, l'air absorbé par le film. Passionné eût été un bien grand mot, mais ce qui se déroulait sur l'écran, contre toute attente, semblait vraiment trouver de l'intérêt à ses yeux. C'était loin d'être un chef-d'oeuvre, songeait-elle, mais pour ce qu'on demandait à ce type de film, il atteignait son but, même si le dénouement était prévisible. C'était tout ce qu'elle voulait, ce soir : se détendre, rire, être émue. Ne pas penser à tout le reste. Et ça fonctionnait. La scène de baiser finale lui arracha même un sourire attendri. Dans son regard, il devait y avoir quelque chose qui semblait vouloir dire : "Ca, ça n'arrive que dans les films... ou ça dégénère après". Mais c'était aussi ce qui faisait qu'on aimait bien ce genre de romance : ça faisait rêver, au moins quelques instants. Et elle avait bien besoin de ces petits moments-là, de temps en temps, pour compenser le reste.

La réalité la rappela bien vite à l'ordre quand un contact se fit sur sa main plongée dans le paquet de pop-corn. "Une dernière", s'était-elle dit, et à cet instant, elle songea qu'il eût mieux valu s'abstenir. Son regard se releva pour se planter dans celui de l'avocat, à peu de choses près comme lorsqu'il lui avait répondu quelque chose comme "heureux de pouvoir finir la soirée avec toi", tout à l'heure, pour jouer le jeu devant le couple qui les observait. A cet instant-là, son coeur avait manqué un battement, bien qu'elle lui eût simplement souri, comme si ça avait été tout naturel qu'il lui tienne ce genre de propos, comme si ça avait été tout naturel qu'elle en soit ravie. La pénombre avait alors dissimulé le rose qui lui montait aux joues et le film lui avait servi d'échappatoire. Maintenant au contraire, les lumières se rallumaient et ses prunelles sombres ne parvenaient pas à se détacher de la palette d'ocre et de vert des siennes. Il avait relevé la main, instinctivement, et s'était excusé. Elle avait eu la même réaction, de moindre ampleur cependant, ses doigts ayant fini par se poser sur le bord du paquet.

- Vas-y... fit-elle finalement, après sans doute quelques secondes de silence de trop, en écartant finalement sa main, un léger sourire sur les lèvres.

La salle commençait à se vider, et, en définitive, il ne lui venait plus à l'idée de grignoter encore du pop-corn, même s'ils étaient loin d'avoir fini le paquet qui trônait entre eux. Elle détourna finalement le regard comme le couple se levait enfin à son tour pour regagner la sortie, et les observa s'éloigner. Elle se leva alors après une nouvelle seconde d'hésitation pour enfiler son manteau. Tout comme à la patinoire, elle retira les cheveux pris dans son col d'un geste gracieux de la main, puis esquissa un nouveau sourire embarrassé. Il n'y avait vraiment plus grand monde à présent, un ou deux puristes attendant la toute fin du générique pour s'éclipser seulement, et elle ne parvenait pas à se décider à partir. Sortie d'ici, elle terminerait sa soirée d'anniversaire comme elle l'avait prévue, seule devant un verre avant de fuir les beaufs qui viendraient à coup sûr l'accoster et regagner l'appartement. Un soupir passa ses lèvres : la perspective lui semblait bien moins alléchante à présent, et elle avait bien du mal à vider les lieux.

Lieux qu'ils quittèrent finalement ensemble, côte à côte, au cas où les indiscrets ne les épient jusqu'au bout. Le paquet de pop-corn en main - elle refusait de le laisser jeter - elle avait avancé de quelques mètres, jusqu'à un clochard installé un peu plus loin et le lui avait tendu. Ca n'était pas du grand luxe, mais ça lui ferait toujours un petit quelque chose dans le ventre ce soir... Ca et les dix dollars qu'elle y glissa en prime. Ils étaient à quelque distance du cinéma, à présent, il n'y avait plus vraiment de risque, plus de raison pour qu'il vienne à son secours.

- Merci Kyle, commença-t-elle en rajustant sa sacoche, grâce à vous, je commence une nouvelle année sur un souvenir un peu agréable...

Elle avait tenté un sourire, pour dédramatiser ses propos pourtant peu enthousiastes, mais était déjà prête à s'enfuir. Vite. Pourquoi lui avait-elle dit ça ? Elle avait perdu la tête, assurément. Il fallait qu'elle s'en aille, avant qu'il ne soit trop tard. Avant qu'il ne comprenne, avant qu'il ne pose des questions. A peine un geste de la main pour prendre congé et elle avait tourné les talons, priant tout autant pour qu'il la rattrape que pour qu'il ne la retienne pas.
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MessageSujet: Re: Une Nuit à New York   Une Nuit à New York EmptySam 19 Déc 2009 - 17:01

~Kyle Hunch~


Il s’était excusé. Et désolé, il l’était, vraiment. Et s’il lui avait lancé un regard confus, s’attendant à ce qu’elle l’incendie du regard, ou à ce qu’elle prenne peur, au choix, il ne s’était pas attendu à ce sourire, et à ce « vas-y » qui le surprit encore plus. Sans vraiment avoir la notion du temps, et donc sans avoir conscience des secondes qui passaient, il lui rendit son sourire, et murmura encore un « merci » avant de plonger sa main dans le paquet. Il n’en prit qu’une, cependant, n’ayant plus vraiment envie de pop corn après ce qui venait de se passer. Osant à peine regarder sa voisine, il fixa des yeux l’écran où défilait le générique, jusqu’à apercevoir du coin de l’œil l’autre couple quitter leurs places. Et seulement là, il se rendit compte que la salle était presque vide, et qu’ils devraient eux aussi partir. Ce fut d’ailleurs ce moment que choisit l’italienne pour se lever, et enfiler son manteau. Se levant à son tour, il s’arrêta pour observer ses cheveux lisses retomber par-dessus son manteau alors qu’elle les dégageait de l’encolure. Avant qu’elle ne se retourne vers lui, il s’affaira cependant à enfiler son propre manteau, et quand ce fut fait, il marqua un temps d’hésitation, avant de prendre enfin le chemin de la sortie.

Le sourire embarrassé qui s’était dessiné sur les lèvres de la jeune femme symbolisait parfaitement le moment. Qu’allaient-ils faire, maintenant ? Qu’allait-il se passer ? Allaient-ils sortir, et s’en aller tous deux dans des directions opposées ? Kyle allait-il finir la soirée dans un bar quelconque ? Ou tout seul chez lui… ? Non, le bar était de loin le plus tentant. Enfin, pour être tout à fait honnête, le plus tentant aurait été de rester en compagnie d’Adalgisa. Mais le voudrait-elle seulement ? Il n’osait pas lui poser la question, craignant sa réponse. Craignant qu’elle l’envoie balader comme elle l’avait fait la première fois. Même si sa proposition à lui n’aurait rien eu à voir avec celle de la dernière fois. Même si ses intentions à lui n’avaient rien à voir avec celles de la dernière fois. C’était une certitude. Il savait très bien que ce qu’il avait voulu la dernière fois n’était plus à l’ordre du jour, aujourd’hui. Ce qui lui posait plus de problèmes, cependant, était qu’il ne savait pas ce qu’il voulait exactement. Il savait ce qu’il ne voulait pas, mais il ne savait pas ce qu’il voulait. Et même en l’observant du coin de l’œil, il ne parvenait pas à comprendre ce qui le poussait à vouloir rester à ses côtés, alors que tout indiquait qu’ils pouvaient se séparer, maintenant.

Maintenant qu’ils étaient hors du cinéma, loin des regards indiscrets qui les avaient obligés à rester côte à côte. Obligés ? Pas tant que ça… Pas du point de vue de Kyle, en tout cas. Il arqua un sourcil en voyant la jeune femme tendre le paquet de pop corn qu’elle avait récupéré à un clochard. Jusque là, il avait cru qu’elle avait voulu le garder pour continuer à y piocher. L’idée de le garder pour l’offrir à quelqu’un qui en avait besoin plus que lui ne lui avait même pas effleuré l’esprit… Il se sentit même un peu honteux, à ce moment, mais masqua son trouble par un sourire, en apercevant le billet qu’elle glissa également au sans-abri. Et en plus, elle avait le cœur sur la main… Pour sa part, il lui arrivait de lancer une pièce à un artiste de rue, parfois… Et quand on lui demandait de faire un don pour une œuvre de charité quelconque, il le faisait, sans vraiment chercher à savoir de quoi il s’agissait. Il n’avait pas exactement été élevé dans un milieu qui lui permettait d’avoir ce genre d’initiatives, sans qu’on vienne expressément lui en faire la demande. Et il le regrettait, parfois… Là, par exemple, il le regrettait. Et même avec ses revenus d’avocat, et son compte en banque qui n’avait absolument jamais connu la zone rouge, et qui ne risquait pas de la connaître de si tôt, il se sentait incroyablement pauvre, à côté de l’italienne.

Et d’ailleurs, il la fixait des yeux, admiratif. Il ne sortit de ses pensées qu’au moment où elle prit la parole, pour le remercier, ce qu’il ne comprit pas tout de suite, ayant encore en tête la bonne action qu’elle venait de faire. Avec un temps de retard, il comprit la raison de son remerciement. Temps de retard pendant lequel elle avait déjà poursuivi sur autre chose, sur lequel il dût encore méditer quelques secondes pour en comprendre le sens. Et avant qu’il ait pu réagir, elle avait déjà tourné les talons, ne lui adressant qu’un vague signe de la main en guise d’au revoir. Muet. Il était devenu muet. Et incapable de bouger. Il la regardait partir, simplement, sans le moindre geste pour la retenir, sans le moindre mot. « Une nouvelle année » … « Aujourd’hui, c’est… spécial » . Il avait compris, enfin. Et elle s’en allait. Et il restait planté là, seul. Ne sachant pas quoi faire, hésitant entre tourner les talons à son tour, et lui courir après, la rattraper, la retenir… Pour quoi faire ? Pourquoi voudrait-il la retenir ? Et pourquoi voudrait-elle rester ? Elle n’avait plus aucune raison de rester. Pas plus que la première fois qu’il lui avait proposé, et qu’elle avait refusé. Pourquoi réagirait-elle différemment, cette fois ? Même si ses intentions à lui n’étaient plus les mêmes, comment le lui faire comprendre, sans qu’elle doute de lui ? Il était plus sage de la laisser partir. Même si c’était son anniversaire. Même si… il ne pouvait se résoudre à la laisser partir ainsi… à la laisser s’enfuir ainsi…


Atten…

« Pour la prochaine fois que vous voudrez m’empêcher de m’enfuir… »

Aspetti

Il ferma les yeux. Pourquoi avait-il fait ça ? Qu’allait-il lui dire, maintenant ? Pourquoi diable n’avait-il pas pu juste se taire, et la laisser partir ? Maintenant qu’il avait dit cela, il n’était plus sûr de vouloir savoir si elle était restée, si elle avait attendu… Et dans le cas où elle s’était effectivement arrêtée, il n’aurait plus su quoi dire, puisqu’il n’avait absolument aucune idée de la raison qui l’avait poussé à dire cela…

Je l’ai bien dit ?

Avec ce qui ressemblait à un sourire d’excuse, il rouvrit les yeux, priant presque pour avoir parlé dans le vide… Ou pas.
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Laure De Broglie
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MessageSujet: Re: Une Nuit à New York   Une Nuit à New York EmptySam 19 Déc 2009 - 17:02

~Adalgisa Mancini~


Le regard qu’il avait posé sur elle lorsqu’elle avait quitté le sans-abri pour se tourner de nouveau vers lui la hantait, sans qu’elle parvînt à définir précisément pourquoi. Il y avait cette palette de couleurs qu’il ne lui semblait pas avoir jamais vue ailleurs que dans les prunelles de l’avocat, certes… mais il n’y avait pas que ça. Il y avait une expression qu’elle avait dû déjà surprendre quelque part, mais qu’elle ne parvenait plus à ressituer, sans doute parce qu’elle rappelait des souvenirs qu’elle tâchait d’enfouir au plus profond d’elle-même, de peur que son masque ne s’effritât. Car si elle avait pu retrouver les souvenirs qui y étaient liés, elle eût compris que ce qu’il y avait là dans les yeux de l’avocat, c’était ce qu’il y avait aussi eu dans son propre regard devant les toiles de Carolina. C’était ce qu’il y avait eu dans son propre regard lorsqu’elle écoutait jouer Marco. C’était ce qu’il y avait eu dans son propre regard lorsqu’elle assistait à une représentation de Sofia. C’était ce qu’il y avait eu aussi dans les yeux de sa cadette, lorsqu’elle venait la voir sur scène, et qu’elle venait la féliciter en coulisses. Et c’était ce qu’il y avait eu dès les premiers soirs, dans ceux de Giuseppe. De l’admiration, oui. Cet engouement inexplicable qui nous liait à un autre, en extase devant ce que cet autre était ou pouvait faire, et dont on se savait incapable. Et il valait mieux qu’elle ne l’eût pas compris encore, en réalité, elle qui n’aspirait qu’à être une jeune femme comme les autres ici, à se fondre dans la masse, pour qu’on oubliât, peut-être enfin, ce qu’elle pouvait faire. Et ce qu’elle avait fait.

D'autant que si elle avait compris ce qu'il y avait dans son regard, elle n'aurait sans doute pas compris pourquoi. Donner quelque chose qu'elle ne mangeait pas à quelqu'un qui avait faim, c'était naturel pour elle. Ca l'avait toujours été. Elle avait même été surprise parfois, du refus qu'elle avait dû essuyer, d'un clochard préférant de l'argent - pour manger ou pour boire ? - au sandwich qu'elle lui tendait. Mais ça ne l'empêchait pas de continuer. Parce que ça lui semblait normal. Bien plus que cette idée qu'avaient les restaurants de tout jeter, et de chasser les nécessiteux qui fouillaient dans leurs poubelles. Bien plus que ce qu'elle avait parfois entendu dans le métro : « Lui je lui donne des sous parce qu’au moins il joue bien ». Parce que les autres, ils n'avaient pas faim ? S'ils n'avaient juste rien joué du tout, vous ne leur auriez rien donné non plus ? Elle s'était un peu embrouillée, une fois, avec un couple qui tenait des propos de ce genre... Bref, pour elle, c'était dans l'ordre des choses. Si elle s'était trouvée à leur place, elle aurait aimé que quelqu'un en fasse de même pour elle. Alors tant qu'elle le pouvait, elle aidait. Ca valait ce que ça valait, ça ne changerait pas la face du monde, mais c'était toujours ça. Si elle avait pu, elle aurait sans doute fait davantage, d'ailleurs, auprès d'organismes et d'associations caritatives divers et variés. Ca n'était pas les occasions qui manquaient. Mais elle n'avait pas pu se résoudre à souscrire à quelque chose de ce genre, qui impliquait de donner ses coordonnées, postales et bancaires, qui impliquait une traçabilité à laquelle elle se refusait. Elle avait trop peur qu'on la retrouve pour ça et limitait au maximum tout ce qui impliquait la constitution d'un dossier. Elle ignorait encore que ça n'était pourtant pas suffisant pour qu'elle passât totalement inaperçue.

Elle était partie d’un pas vif, fourrant les mains dans ses poches, ses talons claquant sur le bitume. Et pourtant, ni leur clac-clac-clac sonore, ni le brouhaha de la rue ne parvint à couvrir les deux petits mots qui la firent s’arrêter net.

Atten… Aspetti.

Elle ferma les yeux à son tour, ignorant que dans son dos, Kyle faisait de même et elle resta immobile elle aussi, pendant ce qui lui parut une éternité et qui pourtant ne dura que quelques secondes. Aspetti… C’était aussi étrange que la première fois de l’entendre utiliser (ou essayer à ce moment-là, d’utiliser) sa langue natale. Et perturbant. Parce qu’ici, outre le Musée qui restait du domaine du professionnel, et donc assez neutre à ses yeux, elle ne l’entendait que chez Mama Regina, napolitaine elle aussi. Et on ne pouvait pas vraiment avouer que ça sonnait de la même manière, dans la bouche de l’avocat, que dans celle d’une vieille patronne d’un petit restaurant italien près de chez elle qui avait tout de la cantine familiale. Elle aimait discuter avec elle, pouvoir converser dans sa langue, parler de ce qu’elles avaient connu, là-bas en Italie, chacune à leur époque, comparant leurs souvenirs et commentant ce qui avait évolué. Mais ça n’avait simplement rien à voir. Ce tout petit mot avait agi comme une décharge électrique et subitement stoppé son élan. Il résonnait encore et toujours à ses oreilles.

Aspetti. Et pourquoi s’était-elle arrêtée, répondant à son bon vouloir ? Pourquoi n’avait-elle tout simplement pas continué son chemin ? Après tout, c’était bien ce qu’elle avait prévu, en tournant les talons, en prenant la fuite, non ? Peut-être qu’au fond, ça n’était pas tout à fait ce qu’elle voulait… Peut-être qu’au fond, elle savait, comme une sorte d’intuition bizarre, qu’elle ne risquait rien de mal, ce soir, en acceptant une entorse à ses propres règles, et en passant la soirée – sa soirée d’anniversaire, tout de même – en compagnie d’un jeune homme charmant. Peut-être qu’au fond, elle n’avait plus envie d’être seule, et qu’elle pensait pouvoir faire confiance à cet homme-là, qui attendait sans doute une réaction de sa part, maintenant qu’elle s’était arrêtée. D’ailleurs, n’était-ce pas ce qu’elle avait dit dans la salle tout à l’heure ?

Elle se retourna doucement, et revint croiser son regard si particulier pour elle. Il ne semblait pas tout à fait à l’aise, et elle lui rendit son sourire embarrassé.

Je l’ai bien dit ?

Le sourire de l’italienne s’agrandit comme elle baissait la tête un bref instant. Il y avait l’innocence d’un enfant dans cette remarque, comme lorsqu'il lui avait proposé d'aller chercher quelque chose à boire ou à manger. Elle releva finalement le regard, hochant la tête pour répondre à sa question.

- Perfettamente.

Elle ne savait pas si elle devait revenir vers lui ou rester où elle se trouvait… Dans le doute, abstiens-toi dit-on, et elle ne bougeait plus, ses mains quelque peu crispées dans les poches de son manteau de cuir. Elle savait qu’elle ne voulait plus partir, pas vraiment en tout cas. Mais elle n’avait aucune idée de ce qui allait arriver à présent, et ça l’effrayait un peu.

Nouveau silence qui lui parut de nouveau interminable – si toutefois on pouvait appeler ainsi le bruit des voitures qui passaient à côté et les conversations des passants qui faisaient peu de cas des deux drôles d’énergumènes, prostrés face à face en plein milieu du trottoir, qu’ils étaient – pendant lequel elle eut bien du mal à détacher son regard de celui de Kyle. Jusqu’à ce qu’elle réalisât qu’elle le fixait depuis un peu trop longtemps et détournât les yeux, une main quittant ses poches pour venir ramener une mèche derrière son oreille. Un tic qui témoignait de sa nervosité pour qui la connaissait suffisamment. Le regard encore baissé, elle brisa finalement ce trop long silence.

- Et maintenant que vous m’avez empêchée de m’enfuir…

Et nouveau retour de ses yeux dans les siens – pourquoi diable fallait-il donc qu’elle revînt s’y accrocher ainsi, comme un papillon s’approche sans cesse de la lumière ?

- … Qu’est-ce qui se passe ensuite ?
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MessageSujet: Re: Une Nuit à New York   Une Nuit à New York EmptySam 19 Déc 2009 - 17:04

~Kyle Hunch~


Aspetti… Et dire qu’il s’était promis de ne pas l’utiliser… Et dire que la première fois qu’elle lui avait donné ce mot, comme une sorte de code, il avait pensé ne jamais avoir à l’utiliser. Il avait pensé ne jamais avoir à l’empêcher de s’enfuir. Il avait pensé que le jour où elle essaierait, il ne la retiendrait pas. Il s’était trompé, encore une fois. Il s’était laissé abuser par… il ne savait quoi. Une espèce de certitude, qu’il pouvait se permettre d’avoir, d’habitude. Mais toutes ses habitudes, ses certitudes, ses règles qu‘il s‘imposait, semblaient disparaître en présence d’Adalgisa, comme si elle avait été un remède qui agissait sur ses maux. Mais tout cela le bouleversait profondément. Être dans une situation inhabituelle, et donc ne pas savoir à quoi s’attendre, ça le bouleversait. Et pourtant, il n’utiliserait pas son pouvoir. Il n’essaierait même pas. Pas cette fois. Parce que d’une part, son avis quant à l’utilisation fréquente de son pouvoir pour des raisons totalement futiles avait changé depuis la dernière fois. Et d’autre part, après le fiasco qui avait résulté du songe qu’il avait eu, cette même dernière fois, il préférait ne pas retenter l’expérience.

Aspetti… Elle l’avait entendu, et écouté… Elle s’était arrêtée, et se retournait au moment même où il avait rouvert les yeux. Et dès lors, leurs regards se croisèrent. Il était soulagé qu’elle soit restée. Incroyablement soulagé, qu’elle ne se soit pas enfuie, qu’elle n’ait pas eu peur. Et elle n’avait même pas l’air contrariée qu’il ait utilisé ce mot, ce mot précis. Mais peut-être était-ce parce qu’il l’avait utilisé, justement, qu’elle s’était arrêtée ? Peut-être qu’il lui avait laissé autre chose qu’une mauvaise impression, la première fois, et qu’elle se souvenait du reste de leur conversation, et pas uniquement de sa maladresse ? Le cœur léger, il ne la quittait plus des yeux, ne s’inquiétant plus que de sa prononciation. Le sourire et le « Perfettamente » dont elle le gratifia lui arrachèrent un franc sourire, comme un enfant qui vient de recevoir un bon point à l’école. Il aimait les langues étrangères, et il aimait les apprendre, il avait juste besoin d’un professeur pour le faire. Et celui-là, bien qu’il fut plutôt improvisé, se révélait bon. Et si tous les cours devaient se dérouler comme celui-là, il se ferait une joie d’en apprendre plus sur cette magnifique langue qu’était l’italien.

Ils se tenaient tous les deux immobiles, à plusieurs mètres de distance, se faisant face en ne se quittant plus du regard, alors qu’un long silence s’était installé entre eux. Pourtant, Kyle n’aurait su dire si ce silence était gênant, ou non. Personnellement, il n’en avait pas vraiment l’impression. D’ailleurs, c’était particulier comme silence, vu tout le bruit qu’il y avait autour. Mais ce bruit, il l’entendait à peine. Et les passants et les voitures autour, il les voyait à peine aussi. Il ne voyait que son visage, son regard mystérieux. Regard qu’elle baissa finalement, en ramenant une mèche derrière son oreille. À son tour, il baissa les yeux vers le trottoir, n’osant pas briser ce silence. Ou plutôt, ne sachant pas comment le briser. Comme il s’y était attendu, il ne savait pas quoi dire. Comment pouvait-il justifier le fait qu’il lui avait demandé d’attendre ? C’était peut-être ce qu’elle attendait maintenant, elle. Après tout, il était censé avoir une bonne raison pour lui avoir demandé d’attendre. On ne demandait pas aux gens d’attendre sans raison… Et maintenant qu’il lui avait demandé d’attendre, il devait trouver la raison pour laquelle il l’avait fait.

Avant qu’il ait pu la trouver, cependant, le pseudo-silence dans lequel ils s’étaient enfermés fut brisé par la jeune femme. Aussitôt, il releva les yeux vers elle, et leurs regards se croisèrent une nouvelle fois, alors qu’elle ramenait à son tour ses yeux vers lui. Qu’est-ce qui se passe ensuite ? C’était une question pertinente. Extrêmement pertinente. Et à vrai dire, il n’en avait pas la moindre idée. Mais à en juger par son regard, elle n’en savait pas plus que lui. Et puisqu’elle lui posait la question, il comprit qu’elle s’en remettait à lui. Elle lui laissait le choix. Elle lui faisait… confiance. Oui, encore ce mot. Mais cette fois, ça ne le gênait plus. Ou disons plutôt que la partie de lui qui avait une peur bleue de ce mot avait décidé de prendre des vacances, en même temps que ses certitudes, ses habitudes, et ses règles. Et même s’il s’en rendait plus ou moins compte, il n’avait pas le temps de s’en inquiéter. Parce que si sa partie méfiante avait momentanément disparu, il restait toujours l’autre partie, celle qui lui redonnait parfois l’innocence, la curiosité, et la joie de vivre de son enfance. Et il fallait croire que la réapparition d’Era dans sa vie ramenait cette partie-là de lui beaucoup plus en avant, alors qu’elle était restée, jusque là, enfouie au plus profond de lui.

Il garda le silence, et se contenta de sourire. Un léger sourire, qui en disait long, et pas assez en même temps. Un sourire plein de malice, comme il n’en avait plus eu depuis longtemps. Lentement, il fit un pas dans la direction de l’italienne. Puis un autre, et encore un autre, avec toujours ce sourire aux lèvres. Il restait moins d’un mètre entre eux quand il s’arrêta enfin, son regard toujours plongé dans celui de la jeune femme. Il resta silencieux pendant encore quelques instants, puis détourna finalement les yeux, alors qu’il se décidait à prendre la parole.


Si je vous promets qu’il n’y aura plus jamais méprise sur vos intentions… Il ramena son regard dans le sien …accepterez-vous de passer la soirée avec un américain égoïste et beaucoup trop ignorant de votre merveilleuse langue, et qui aimerait changer cela ?

Quel beau portrait il faisait de lui-même ! Les mains plongées dans les poches de son manteau, il eut à nouveau un sourire, partagé entre l’humour qu’il avait voulu faire, et l’incertitude face à la réponse de l’italienne.
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MessageSujet: Re: Une Nuit à New York   Une Nuit à New York EmptySam 19 Déc 2009 - 17:05

Le temps semblait s’être arrêté, dans cette rue de New-York. Et pourtant les gens continuaient de passer autour d’eux, les voitures défilaient toujours sur la route… Mais il ne bougeait pas. Et pour l’instant, il ne disait rien. Et Ada ne bougeait pas non plus, son regard rivé au sien. Un instant - une minute, une seconde, pas même une fraction de seconde ? - elle se demanda si elle devait prendre la fuite, de nouveau, si ça n’avait pas été qu’une erreur de plus, de s’arrêter à sa demande, de lui demander ce qui allait se passer. Et puis il s’était avancé vers elle, un pas après l’autre, il avait franchi les quelques mètres qui les séparaient, pour s’arrêter à peine à un mètre d’elle, ses yeux mordorés toujours plongés dans les siens. Et puis le contact s’était rompu. Il avait détourné ses prunelles dorées, pour prendre la parole, pas vraiment hésitant, pas tout à fait assuré non plus, et elle avait elle-même détourné les yeux dans le sens opposé.

"S’il promettait"… une promesse… ça impliquait une certaine dose de confiance, ça, n’est-ce pas ? Alors il voulait qu’elle lui fasse confiance, vraiment ? Elle lui avait pourtant déjà dit que c’était le cas… mais l’avait-elle vraiment pensé ? Tout au moins suffisamment pour qu’on pût aller jusqu’à la promesse qu’il était en train de formuler ? Elle n’en était pas certaine. Et en même temps… elle ne savait pas l’expliquer, évidemment, mais au fond, elle pensait bien qu’elle y croirait, à cette promesse, quelle qu’elle fût. Et quand il reprit ses propres termes de leur précédente entrevue, elle releva finalement les yeux vers lui. Comment pouvait-il vouloir lui promettre une chose pareille, lui assurer qu'il n'y aurait aucune méprise, lui, alors qu’elle n’était pas elle-même certaine de ses propres intentions ?

Il avait lui aussi ramené ses prunelles vers les siennes, et comme à chaque fois, elle était comme hypnotisée par ce regard d’ocre et de bronze. Si elle accepterait de passer la soirée avec lui ? Son cœur fit une nouvelle fois un bond dans sa poitrine. S’il avait seulement su, s’il avait seulement pu se douter que, depuis qu’il avait fait irruption auprès d’elle au début de la file d’attente, c’était tout ce qu’elle avait attendu. Simplement pour ne pas être seule le soir de son anniversaire, entendons-nous bien. Uniquement pour ça.

Qu'est-ce qui allait se passer ensuite, donc ? Il dépeignait de lui un portrait bien trop négatif aux yeux de l'italienne qui esquissa un sourire et secoua la tête.

- Vous êtes bien dur avec vous-même, Kyle, vous n'êtes pas si égoïste puisque vous venez au secours des demoiselles en détresse. Quant à améliorer votre italien...

C'était étrange comme ses pensées tournaient en boucle. Elle avait pensé à Mama Regina un peu plus tôt, et la cantine italienne en question lui semblait toute indiquée pour ce qui concernait la conversation en italien, d'autant qu'il y avait toutes les chances pour que la patronne vienne s'incruster dans leur discussion (ou cours de langue improvisé) à un moment où à un autre. Quoi de mieux pour entendre et apprendre l'italien que l'immersion ? Bon, Mama Regina risquait fort de poser nombre de questions sur le jeune homme qui l'accompagnait auxquelles elle aurait sans doute bien du mal à répondre, mais, aussi étrange que cela pût lui sembler, elle se surprit à penser qu'elle serait ravie de présenter Kyle à cette femme qu'elle considérait un peu comme une seconde maman. Elle hésita un instant avant de finalement lui demander à peu près aussi rassurée que lui juste avant :

- Vous aimez la cuisine italienne ?
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MessageSujet: Re: Une Nuit à New York   Une Nuit à New York EmptySam 19 Déc 2009 - 17:06

Il attendait sa réponse. Sagement, les mains fourrées dans les poches de son manteau, le regard plongé dans celui de l’italienne. Il n’était pas nerveux… Non, pas vraiment. Il était presque sûr qu’elle accepterait… Puisqu’elle avait attendu, et qu’elle lui avait même demandé ce qui se passerait ensuite, c’était bien la preuve qu’elle aimerait, elle aussi, passer la soirée en sa compagnie, non ? Juste la soirée. Juste… entre amis. C’était clairement ce qu’il avait voulu lui faire comprendre. Enfin… aussi clairement que lui voyait la chose. Pas de jeu de séduction, pas de malentendu, pas de temps d’arrêt à chaque geste de travers, comme sa main sur la sienne, dans le paquet de pop corn… Juste une bonne soirée en perspective, c’était tout ce qu’il voyait. C’était tout ce qu’il voulait, pour l’anniversaire d’Adalgisa. On ne fêtait pas son anniversaire tous les jours. Et même s’il ignorait son âge - chose qu’il se garderait bien de lui demander… on ne demande pas son âge à une femme, non mais… -, il ferait tout ce qu’il pourrait pour lui offrir le meilleur anniversaire possible. Surtout que, d’après ce qu’elle avait laissé entendre, elle n’avait pas eu une année des plus faciles. Loin de son pays natal, loin de sa famille - dont elle parlait d’ailleurs au passé -, Kyle ne doutait plus, désormais, que c’était une vie difficile qu’elle avait eue. Et même si ça ne constituerait qu’une soirée dans l’année, qu’une soirée dans sa vie, il ferait tout pour qu’elle lui soit agréable, il s’en faisait la promesse.

Et en parlant de promesse, il ne se doutait pas un seul instant que la jeune femme restait perplexe face à celle qu’il avait exprimée à haute voix. Enfin si, il craignait qu’elle doute de lui, de sa capacité à respecter son engagement, mais pas pour la même raison. Si lui, pensait que le plus difficile serait de ne pas succomber au charme ravageur de la jeune femme, dont le regard n’avait de cesse de l’envoûter à chaque fois qu’il s’y aventurait, il ignorait qu’elle, en revanche, doutait plutôt de ses propres intentions. Et finalement, il valait mieux qu’il n’en ait rien su. Tout comme il valait mieux qu’il n’ait rien su de la réaction qu’avait entraînée ses paroles chez l’italienne. Il ne se basait plus que sur ce qu’il voyait. À savoir, à ce moment-là, le sourire qu’elle lui adressait, alors qu’elle lui répondait enfin. Sourire auquel il répondit, en entendant le début de sa réponse. En effet, un égoïste digne de ce nom ne viendrait pas au secours des demoiselles en détresse… À moins d’avoir une autre idée derrière la tête, mais il préféra taire cette remarque, qui aurait pu porter à confusion… Pas de méprise, ni sur les intentions de la jeune femme, ni sur les siennes. C’était là-dessus que se basait leur soirée, et il n’allait tout de même pas commencer à installer le doute dès le début… Se taire, donc, et la laisser continuer, alors qu’elle enchaînait sur son apprentissage de l’italien. Elle eut un moment d’hésitation, pendant lequel il attendit avec un léger froncement de sourcil, se demandant ce qu’elle pouvait bien hésiter à lui dire, puis son regard s’éclaira quand elle lui posa enfin sa question. S’il aimait la cuisine italienne ? Voyons… Il lui avait déjà dit qu’il trouvait sa langue merveilleuse, et ses origines belles… Se posait-elle vraiment la question ?


Oui, bien sûr ! Et je serais ravi de savoir ce que mange une véritable italienne !

Sa bonne humeur avait définitivement pris le pas sur ses doutes et sa méfiance, et même le fait de parler de l’Italie ne le dérangeait plus… Certes, il ne fallait pas trop lui en demander, et il se montrerait beaucoup moins enclin à discuter si sa mère revenait au cœur de leur conversation, mais tant qu’il parvenait à mettre de côté les souvenirs qu’il avait de son dernier séjour en Italie, il savait que tout se passerait bien.

Ah, et pour être tout à fait sûr d’avoir perdu mon égoïsme, au moins pour la soirée, je vous invite.

Un énième sourire en direction de la jeune femme, et il se retourna vers la route, s’intéressant de plus près au trafic des voitures. Il ne voyait pas de taxi, pas encore, mais il ne doutait pas qu’il en verrait un bientôt. Ils n’étaient pas à New York pour rien…

Vous voulez que j’appelle un taxi ? Ou alors… On peut aussi marcher… Jusqu’à…

Il tourna à nouveau la tête vers la jeune femme, le regard interrogateur. Elle n’avait pas précisé où ils allaient… Et en fait, il s’était peut-être un peu emporté… Peut-être… Un sourire embarrassé se dessina sur ses lèvres, alors qu’il reprenait, plus posément.

Vous pensiez à quoi ?
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MessageSujet: Re: Une Nuit à New York   Une Nuit à New York EmptySam 19 Déc 2009 - 17:07

Il avait eu raison d'attendre : elle avait accepté. Comment aurait-elle pu faire autrement, après s'être arrêtée ? Comment aurait-elle pu faire autrement, alors qu'il lui proposait d'égayer une soirée qui lui avait semblé bien morne de prime abord ? Elle lui souriait, comme il lui souriait en retour, et il ne lui venait pas un instant à l'idée de briser de nouveau le silence, ni de rompre le contact avec ses prunelles d'or. Jusqu'à ce qu'il réponde, l'air enthousiaste, l'humeur taquine aussi, à en croire sa réplique. Et pour ce qui était de véritables italiennes, il allait être servi.

A commencer par une certaine fierté. Elle lui avait attrapé le bras, presque naturellement, et de façon peut-être un peu trop enthousiaste quand il avait accepté le restaurant, ponctuant ce geste quelque peu familier mais qui lui semblait à ce moment-là parfaitement naturel - il n'était pas certain qu'elle ne s'interroge pas à ce sujet par la suite, cependant - par un "Suivez-moi" enthousiaste qui avait amorcé un départ vers la Casa Napolitana, répondant sans le vouloir à sa question suivante. Mais lorsqu'il avait parlé de l'inviter, elle s'était arrêtée net, se tournant de nouveau pour lui faire face, délaissant sa prise sur son bras.

- Hors de question. Vous avez dû payer les cafés la dernière fois, vous avez payé le cinéma, le pop-corn et les boissons, cette fois c'est mon tour.

Il se retournait vers la route, demandant s'ils prendraient un taxi et cherchant à en savoir plus sur l'endroit où elle comptait l'emmener.

- Pas besoin de taxi, venez, je vais nous guider, c'est à quelques rues d'ici.

Visiblement, elle ne comptait pas en dire plus, et d'ailleurs, elle n'avait pas attendu davantage pour reprendre la route, lui lançant un regard pour s'assurer qu'il suivait le mouvement, même si il n'avait guère le choix à vrai dire, car elle venait de reprendre prise sur son bras, et aurait eu l'air assez ridicule à avancer ainsi s'il restait immobile...

Il avait fallu un peu moins d'une dizaine de minutes, et quelques carrefours pour qu'ils parviennent au restaurant. Et sans surprise, elle poussait à peine la porte - au diable la galanterie, elle était un peu à la maison ici - que Mama Regina l'accueillait en levant les bras au ciel.

- Bambina ! Tu aurais du me dire, je t'aurais réservé une table tranquille... Oh ! Mais tu as de la compagnie !

Mama Regina n'avait parlé qu'en italien, mais le regard qu'elle venait de jeter à Kyle était particulièrement évocateur. Appréciateur, pourrions-nous dire. Ada sourit à son amie, et s'empressa de lui répondre dans sa langue maternelle.

- E un amici, Mama. Et ça ne se fait pas de dévisager les gens comme ça.

Elle ne laissa pas le temps à la matrone de répondre et se tourna vers Kyle pour lui présenter son ami.

- Kyle, je vous présente Mama Regina. Elle est napolitaine comme moi. Mama, voici Kyle Hunch. E avvocato.

'Qu'est-ce qu'il ou elle fait dans la vie' était la première question que Mama posait, dès qu'Ada parlait de quelqu'un. Kath y était passée, Rémy aussi... Comme si tout ne se résumait qu'au métier qu'on exerçait aux yeux de la restauratrice. Et au physique à en croire les œillades qu'elle ne cessait de lancer vers l'avocat.

- Smettila ! lui lança-t-elle finalement avec un regard noir, ou en tout cas qui se voulait noir.

Il était évident qu'elle aimait la femme d'âge mûr qui se tenait face à eux, comme elle la suivit des yeux lorsque celle-ci se détourna, précisant toujours en italien qu'elle leur préparait une table tout de suite. Mama Regina avait tout de la caricature, avec son teint halé et ses cheveux sombres retenus en un chignon strict dont quelques mèches rebelles s'échappaient pour encadrer son visage, son embonpoint, son sourire communicatif, ses yeux expressifs et son franc-parler. Sa volubilité aussi, même si Kyle n'avait pas - encore - eu l'occasion de le constater. Et son chauvinisme à toute épreuve, qui fit que lorsqu'elle revint quelques instants plus tard pour accompagner Ada et Kyle à leur table, elle hocha simplement la tete l'air entendu quand la napolitaine lui dit encore, en italien.

- Je sais que ça n'est pas aux demoiselles d'inviter les messieurs, Mama, mais ce soir, c'est quand meme moi qui paie. S'il vient te voir, tu lui dis que c'est déjà réglé, d'accord ?

Et elle ne doutait pas une seule seconde que la patronne accepte d'attendre le lendemain pour régler cette note-ci.
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Laure De Broglie
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MessageSujet: Re: Une Nuit à New York   Une Nuit à New York EmptySam 19 Déc 2009 - 17:08

Il avait eu raison d'attendre : elle avait accepté. Comment aurait-elle pu faire autrement, après s'être arrêtée ? Comment aurait-elle pu faire autrement, alors qu'il lui proposait d'égayer une soirée qui lui avait semblé bien morne de prime abord ? Elle lui souriait, comme il lui souriait en retour, et il ne lui venait pas un instant à l'idée de briser de nouveau le silence, ni de rompre le contact avec ses prunelles d'or. Jusqu'à ce qu'il réponde, l'air enthousiaste, l'humeur taquine aussi, à en croire sa réplique. Et pour ce qui était de véritables italiennes, il allait être servi.

A commencer par une certaine fierté. Elle lui avait attrapé le bras, presque naturellement, et de façon peut-être un peu trop enthousiaste quand il avait accepté le restaurant, ponctuant ce geste quelque peu familier mais qui lui semblait à ce moment-là parfaitement naturel - il n'était pas certain qu'elle ne s'interroge pas à ce sujet par la suite, cependant - par un "Suivez-moi" enthousiaste qui avait amorcé un départ vers la Casa Napolitana, répondant sans le vouloir à sa question suivante. Mais lorsqu'il avait parlé de l'inviter, elle s'était arrêtée net, se tournant de nouveau pour lui faire face, délaissant sa prise sur son bras.

- Hors de question. Vous avez dû payer les cafés la dernière fois, vous avez payé le cinéma, le pop-corn et les boissons, cette fois c'est mon tour.

Il se retournait vers la route, demandant s'ils prendraient un taxi et cherchant à en savoir plus sur l'endroit où elle comptait l'emmener.

- Pas besoin de taxi, venez, je vais nous guider, c'est à quelques rues d'ici.

Visiblement, elle ne comptait pas en dire plus, et d'ailleurs, elle n'avait pas attendu davantage pour reprendre la route, lui lançant un regard pour s'assurer qu'il suivait le mouvement, même si il n'avait guère le choix à vrai dire, car elle venait de reprendre prise sur son bras, et aurait eu l'air assez ridicule à avancer ainsi s'il restait immobile...

Il avait fallu un peu moins d'une dizaine de minutes, et quelques carrefours pour qu'ils parviennent au restaurant. Et sans surprise, elle poussait à peine la porte - au diable la galanterie, elle était un peu à la maison ici - que Mama Regina l'accueillait en levant les bras au ciel.

- Bambina ! Tu aurais du me dire, je t'aurais réservé une table tranquille... Oh ! Mais tu as de la compagnie !

Mama Regina n'avait parlé qu'en italien, mais le regard qu'elle venait de jeter à Kyle était particulièrement évocateur. Appréciateur, pourrions-nous dire. Ada sourit à son amie, et s'empressa de lui répondre dans sa langue maternelle.

- E un amici, Mama. Et ça ne se fait pas de dévisager les gens comme ça.

Elle ne laissa pas le temps à la matrone de répondre et se tourna vers Kyle pour lui présenter son ami.

- Kyle, je vous présente Mama Regina. Elle est napolitaine comme moi. Mama, voici Kyle Hunch. E avvocato.

'Qu'est-ce qu'il ou elle fait dans la vie' était la première question que Mama posait, dès qu'Ada parlait de quelqu'un. Kath y était passée, Rémy aussi... Comme si tout ne se résumait qu'au métier qu'on exerçait aux yeux de la restauratrice. Et au physique à en croire les œillades qu'elle ne cessait de lancer vers l'avocat.

- Smettila ! lui lança-t-elle finalement avec un regard noir, ou en tout cas qui se voulait noir.

Il était évident qu'elle aimait la femme d'âge mûr qui se tenait face à eux, comme elle la suivit des yeux lorsque celle-ci se détourna, précisant toujours en italien qu'elle leur préparait une table tout de suite. Mama Regina avait tout de la caricature, avec son teint halé et ses cheveux sombres retenus en un chignon strict dont quelques mèches rebelles s'échappaient pour encadrer son visage, son embonpoint, son sourire communicatif, ses yeux expressifs et son franc-parler. Sa volubilité aussi, même si Kyle n'avait pas - encore - eu l'occasion de le constater. Et son chauvinisme à toute épreuve, qui fit que lorsqu'elle revint quelques instants plus tard pour accompagner Ada et Kyle à leur table, elle hocha simplement la tete l'air entendu quand la napolitaine lui dit encore, en italien.

- Je sais que ça n'est pas aux demoiselles d'inviter les messieurs, Mama, mais ce soir, c'est quand meme moi qui paie. S'il vient te voir, tu lui dis que c'est déjà réglé, d'accord ?

Et elle ne doutait pas une seule seconde que la patronne accepte d'attendre le lendemain pour régler cette note-ci.
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MessageSujet: Re: Une Nuit à New York   Une Nuit à New York EmptySam 19 Déc 2009 - 17:10

A peine avait-il eu le temps d’accepter son invitation qu’elle lui avait attrapé le bras, l’invitant à la suivre alors qu’elle s’était mise à marcher… Il avait été surpris de son attitude, mais l’avait suivi sans rien dire. En même temps, elle ne lui avait pas vraiment laissé le choix. C’est que l’italienne se montrait de plus en plus en plus directive… Il ne savait pas si c’était parce qu’elle s’était habituée à sa présence, ou si c’était parce qu’ils se dirigeaient vers un lieu qu’elle connaissait bien, et où elle aurait l’avantage, si on pouvait le dire ainsi. Peut-être un peu des deux, en fait… Toujours était-il que Kyle se sentait de plus en plus à l’aise, lui aussi, et ne cachait plus ses multiples sourires amusés au vu du comportement de la jeune femme. Il l’avait bien dit, que les italiennes étaient caractérielles… Hein, qu’il l’avait bien dit ?

Et d’ailleurs, il eut l’occasion d’en refaire l’expérience, quand elle refusa qu’il lui offre la soirée. Déjà, il s’était arrêté juste à temps, pour ne pas heurter la jeune femme qui s’était arrêtée brusquement, et qui lui avait fait face sans qu’il s’y attende. Encore un peu, et… bref, il ne fallait pas penser à ça. Mais quand elle avait pris la parole, et énoncé tout ce qu’il avait déjà payé, il n’avait juste pas su quoi répondre… Oui, d’accord, il lui avait offert quelques petits trucs, déjà… Mais c’était son anniversaire, bon sang ! C’était logique, que ce soit lui qui paie… Non ? Ça ne lui paraissait pas logique, à elle ?


Vous ne me facilitez pas les choses !

Lui qui voulait être galant, et surtout, montrer qu’il pouvait tout à fait être généreux… C’était raté si elle ne le laissait pas faire. Mais elle semblait décidée, et il n’était pas sûr de pouvoir lui faire changer d’avis… En tout cas, s’il voulait le faire, ça n’était pas maintenant qu’il y parviendrait. D’abord, parce qu’elle campait sur sa position, et que toute tentative aurait été vaine, à cet instant précis. Et ensuite, parce qu’elle s’était remise à marcher, le traînant à nouveau par le bras, et lui lançant un regard comme pour s’assurer qu’il la suivait bien. Mais oui, il la suivait. Il n’avait pas tellement le choix, en même temps… Mais il s’en fichait, en fait. Parce que son comportement l’amusait. Et puis, il n’allait pas lui en vouloir. C’était son anniversaire, elle pouvait bien faire absolument tout ce qu’elle voulait, non ? Enfin, peut-être pas « absolument » tout, mais il lui faisait suffisamment confiance pour savoir qu’elle n’abuserait pas de ce droit qu’il lui accordait en silence. Tant qu’elle se faisait plaisir…

Ils avaient marché ainsi pendant quelques minutes, elle lui tenant le bras, et avançant vers la destination qu’elle s’entêtait à garder secrète, et lui, la suivant, tout simplement. Quand il la vit se diriger vers un restaurant, italien d’après l’enseigne (sans blague…), il la suivit naturellement, même après qu’elle lui ait lâché le bras. Et quand il la vit pousser la porte de la Casa Napolitana, il comprit immédiatement qu’elle devait être une habituée, et peut-être même qu’elle connaissait bien le gérant… Gérant qui se révéla être une gérante, qu’il salua d’un signe de tête poli, quand il fut entré à la suite d’Adalgisa. Il assista en silence aux retrouvailles des deux italiennes - il n’avait pas trop le choix, en même temps, puisqu’il ne comprenait rien à ce qu‘elles disaient… -, et se contenta de quelques sourires polis, surtout quand celle qu’Adalgisa lui présenta comme Mama Regina se mit à l’observer avec insistance, comme pour le scanner, ou le jauger, ou l’évaluer, ou… il ne savait pas trop quoi… Mais il espérait quand même être à la hauteur de ses attentes… Juste pour ne pas se faire jeter dehors, entendons-nous bien. Et puis, oui, il fallait bien l’avouer, il espérait être à la hauteur, il espérait qu’on le trouve assez bien pour dîner avec Adalgisa. Mais ça ne voulait rien dire d’autre, n’est-ce pas ? Il n’y avait pas de quoi en faire toute une histoire… Il voulait juste bien se faire voir, ce qui était une réaction tout à fait normale…


Enchanté… Mama.

Il lui adressa un autre sourire poli, n’écoutant que d’une oreille distraite les paroles qu’elle échangea avec Adalgisa avant de s‘éloigner, et profita qu’ils soient de nouveau seuls pour reprendre, dans le bon vieil anglais qu’il connaissait.

Très… charmant. Vous venez souvent ici ?

La réponse à sa question lui semblait évidente, il n’était pas sûr de savoir exactement pourquoi il l’avait posée… Sans doute parce qu’il n’avait rien trouvé d’autre à dire. Encore une fois, Adalgisa l’impressionnait par sa simplicité… Il ne pensait pourtant pas avoir un goût si prononcé pour le luxe, mais il fallait bien avouer qu’il n’avait clairement pas l’habitude de fréquenter ce genre d’endroits. C’était chaleureux, convivial à souhait… Italien, en fait. Un autre sourire sincère étira ses lèvres, alors qu’il regardait la jeune femme. Il avait tellement de choses à apprendre d’elle… C’était une sacré coïncidence qui l’avait remise sur son chemin, et cette fois, il n’allait pas tout gâcher pour une simple histoire d’une nuit… Ils pouvaient être amis, non ? Finalement, c’était bien de cela qu’il était question, entre eux…

Il fallait croire qu’Adalgisa était une cliente privilégiée, ou alors que les employés étaient efficaces… Ou encore qu’il y avait beaucoup de place dans ce restaurant. Quoi qu’il en soit, ils n’eurent pas à attendre très longtemps avant que Mama Regina vienne les chercher pour les conduire à leur table, à la surprise de Kyle. Il suivit les deux italiennes, ne cherchant toujours pas à comprendre ce qu’elles pouvaient bien se raconter, et se contenta de tirer la chaise de la jeune femme, en bon gentleman qu’il était, puis d’aller s’asseoir en face d’elle après qu’elle se soit installée. D’abord adossé à son siège, il l’observa en silence pendant quelques secondes, puis joignit ses mains sur la table, en se penchant au-dessus de celle-ci.


Bon… Disons que pour les cafés, je l’avais bien mérité. Mais le cinéma, le pop-corn et les boissons font partie de la soirée, et j’ai envie de vous faire plaisir pour votre anniversaire. Laissez-moi vous inviter ce soir… Ensuite, si vous y tenez tant que ça, je vous laisserai m’inviter une autre fois…

Ce qui impliquait qu’ils se verraient une autre fois, oui. L’italien avait beau être une merveilleuse langue, une soirée ne serait jamais suffisante pour qu’il en apprenne tous les secrets…
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MessageSujet: Re: Une Nuit à New York   Une Nuit à New York EmptySam 19 Déc 2009 - 17:11

"Peut-être un peu des deux, en fait…" L'avocat ne s'y trompait pas vraiment. Et fort heureusement, il n'avait fait que penser que les italiennes étaient caractérielles, car il eût sans doute dû essuyer quelque orage si ces mots-là avaient passé ses lèvres... Comme quoi il était dans le vrai, là encore, sans doute.

Elle avait souri, seulement, quand il lui avait annoncé qu'elle ne lui facilitait pas les choses, laissant de côté la question qui avait commencé à germer dans son esprit : quelles choses ? Au moins, il avait tout à fait raison sur un point : elle était décidée. Et fière de ses origines napolitaines, quand elle avait une idée dans la tête, elle ne l'avait pas ailleurs... Voilà, il l'avait pensé, c'était son anniversaire : elle pouvait bien faire ce qui lui chantait, n'est-ce pas ? Et là, ce qui lui chantait, c'était d'emmener Kyle dans ce petit restaurant qui ne payait pas de mine, mais qui était si cher à son coeur.

Quand Mama s'était éclipsée et que Kyle avait repris la langue de Shakespeare, Ada avait hoché la tête, un peu embarrassée par l'impolitesse de son amie, et la sienne : les regards de Regina et l'exclusion du jeune homme de la conversation puisqu'elles avaient utilisé une langue qu'il ne maîtrisait pas, ça n'était pas vraiment dans le respect des convenances.

- Assez... répondit-elle. Je suppose, que ça se voit pas mal... disons que quand j'ai besoin de retrouver un peu de mon Italie natale, je viens me réfugier ici... ou quand je n'ai pas très envie de faire la cuisine, c'est assez pratique, aussi...

Son regard erra sur la décoration un instant, et une pointe de nostalgie brilla dans son regard sombre. Elle avait fini là, après la nouvelle du tremblement de terre, et pleuré dans les bras de Mama, encore un moment avant qu'elles ne boivent un verre en mémoire des disparus, et à la santé des survivants, comme si ça avait pu changer quelque chose pour eux que deux exilés trinquent à l'autre bout du monde.

Mama les avait installés, donc, et Kyle avait tiré sa chaise, ce qui fit naître un nouveau sourire sur les lèvres de l'italienne. Un vrai gentleman, oui, oui... Et en bon gentleman, il refusait habilement de la laisser payer une fois encore... Si elle avait souri quant à l'épisode des cafés - la patinoire ne lui laissait pas un si mauvais souvenir que ça, en définitive... - elle resta un moment perplexe quant à ce qu'il ajouta ensuite. Que pouvait-elle bien répondre à présent ? D'une part, elle était certaine que Mama allait rebondir là-dessus - parce qu'elle était certaine que bien planquée derrière son comptoir, elle suivait assidument ce qui se déroulait à leur table - et d'autre part... Il sous-entendait bien qu'ils allaient se revoir, là, n'est-ce pas ? Etrangement, alors qu'elle eût sans doute dû être quelque peu mal à l'aise d'une telle perspective, son sourire finit par s'accentuer, et elle allait lui répondre quand la gérante lui coupa l'herbe sous le pied.

- Il est très bien ce jeune homme, tu devrais l'écouter Bambina. Je vous sers quelque chose à boire ? Cadeau de la maison. Pour ton anniversaire.

Regard interrogateur vers Kyle. Ok, c'était son anniversaire, mais puisqu'elle devait l'écouter, conseil - que dis-je - ordre de Mama, autant commencer dès à présent, non ?
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