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 I'll be back, again and again and again...

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MessageSujet: I'll be back, again and again and again...   I'll be back, again and again and again... EmptyJeu 28 Aoû 2008 - 9:06

Azur s'approcha une nouvelle fois de la Brume de Sywhaîd. Elle n'avait pas pensé revenir, pourtant, mais elle était bel et bien là, ce matin, dans la lande écossaise, devant le rideau opaque qui masquait la communauté aux yeux de ceux qui ne devaient pas la voir. Til' s'approcha et vint se frotter à ses jambes comme pour l'encourager. C'était contraire à leurs habitudes de revenir si vite au même endroit. Même Norsken, qu'elles avaient eu bien du mal à quitter, ne les avait pas revues. Elle caressa l'encolure de la gazelle et franchit doucement les quelques mètres qui les séparaient de la Brume, aussi impénétrable que le jour où elle l'avait traversée pour la première fois. Elle s'arrêta lorsque tout autour d'elle, il n'y eut plus que l'opacité blanche qu'elle avait connue, sans savoir si c'était habituel pour les anciens Sywhaîdiens ou si l'entité avait devancé son intention et elle s'assit en tailleur, à même le sol dont elle ne devinait la texture qu'au toucher, Til' presque aussitôt lovée au creux de ses jambes.

- Bonjour Brume, commença-t-elle d'un ton calme. Tu sais sans doute déjà tout ce que je vais te conter, puisque tu m'as fait voir la dernière fois toutes les terres que j'avais traversées depuis Svalbard, mais si tu me le permets, j'aimerais t'en parler de vive voix. Quand nous sommes parties, je t'ai dit "Adieu", et je pensais vraiment que nous ne reviendrions pas. Tu le savais sans doute, toi, qu'il nous serait très difficile de nous y tenir. Nous pensions avoir réussi à guérir de l'île nordique dont tu te souviens certainement, pourtant, et que ce serai pareil pour la noble lande...[/b]

Elle ferma les yeux, posant la main sur l'échine de la gazelle et caressa doucement son poil, comme pour mieux se remémorer les plaines glacées, la colline au pied de laquelle elle avait planté sa tente et certains visages...

- C'était une erreur. Si nous ne sommes pas revenus là-bas, c'est uniquement parce que nos pas nous ont menés à l'Andalousie, une fois encore. Tu te souviens, n'est-ce pas ? Les danseuses de Flamenco, les palmiers et le soleil et la mer... Et puis les céramiques bleues et blanches des mosaïques et la minutie des frises en stuc... Ca n'était pas ce que nous recherchions, pourtant, et je crois maintenant que nous ne le retrouverons jamais...

Un soupir passa ses lèvres tandis que Til' lui léchait la main, comme pour la consoler. Elle continua pourtant, comme si de rien n'était, un léger sourire fleurissant sur les lèvres à mesure qu'elle poursuivait son discours.

- Nous sommes repassées par la France. Nous avons gravi les dunes du Pyla, flâné dans le Massif Central, au cœur de ses volcans endormis. ET puis nous avons traversé la forêt de Brocéliande... Il y règne une ambiance assez particulière... Pas comme ici, pas tout à fait, mais ça y ressemble un peu. Il y a des forces ancestrales qui gouvernent la forêt, un peu comme toi ici. Et puis nous sommes retournées en Afrique du Sud, voir un ancien élève de Norsken, je le lui avais promis la dernière fois de lui rapporter sa commande... Nous avons ensuite remonté la côte, jusqu'à laNAmibie. C'est un pays magnifique ! D'une région à l'autre, tu as l'impression de changer de monde. Tu te souviens des maisons colorées d'Afrique du Sud ? Il y a des villes sur la côte qui y ressemblent un peu : Lüderitz, au sud, Swakopmund et Walvis Bay plus au nord... Il y a aussi le sable rouge des dunes du Sossusvlei, tu verrais comme c'est beau quand le soleil se couche... Et puis les terres arides où seules quelques herbes poussent dès qu'il pleut un peu pour permettre aux Oryx et aux Springboks de se nourrir et de se réhydrater... Imagine : le ciel qui se grise au soir tombant, des montagnes violacées qui se découpent en fond et devant toi, loin devant toi, une lande sèche jaune paille et vert pâle, entrecoupée du lit d'une rivière asséchée couleur anthracite, où l'eau ne coule que quelques jours par an. Ou bien, côte à côte, une dune de ce sable rouge, les stigmates d'une ancienne coulée de lave, de basalte noir et brun et un pic de roche granitique aux teintes rosées... Et puis le silence... un peu comme celui que je brise ici. Non, plus "vivant" si tu me le permets, parce que rompu ça et là par le cri d'un gecko, la course d'une antilope ou le croassement d'un corbeau-pie.

Elle sourit plus franchement à la Brume devant-elle et farfouilla dans sa sacoche pour en sortir plusieurs objets qu'elle nomma au fur et à mesure.

- Le sable rouge, je pense que je pourrai l'utiliser pour des médiums : Il est très lié à l'air et au feu, donc à manipuler avec précaution. Une pierre basaltique, striée. La terre stable et une pointe de chaleur latente pour éviter l'apathie. Le granit rose, plus doux, pour ceux donc le caractère est à tempérer, sans pour autant refroidir complètement leurs ardeurs. Un diamant brut, un amplificateur hors pair. Il faudra que je sois prudente avec lui, d'autant qu'il devient de plus en plus difficile d'en récupérer. Quelques galets charriés par les rivières... quand elles coulent. Ils apportent un équilibre entre l'eau qui les a portés, le feu du soleil qui les a longtemps chauffés, la roche dont ils sont issus et le vent qui les a façonnés. Regarde, on dirait une peau d'éléphant. Un morceau de la forêt pétrifiée : Le bois a été consumé, la pierre l'a remplacé, l'eau et le sable sont à l'origine de cette transformation... Je crois que je sais déjà à qui il servira... De la poudre d'écorce d'aloe dichotomia, un arbre qui peut survivre sans une goutte d'eau pendant des mois, et quelques branches utiles en baguetterie. Quelques épines de porc-épic et des dents de crocodiles aussi. Et puis quelques roches de Brocéliande, qu'il faut que j'étudie davantage : elles se comportent bizarrement avec les flux environnants. Voilà tout ce que j'ai ramené de mes pérégrinations estivales...

Elle rangea le tout soigneusement dans son sac, en silence, et la gazelle ne bougea pas d'un poil. Et puis elle resta immobile quelques instants, le regard baissé.

- Je suis retournée voir ma mère, en Algérie, pour lui montrer tout ça, reprit-t-elle finalement. Elle m'a appris que mon père est mort. Je ne suis pas vraiment attristée par ça, je crois, il fallait bien que ça arrive un jour, et nous n'avions pas vraiment ce qu'on peut appeler de bonnes relations. Mais je suis peinée de voir ma mère aussi touchée par cette nouvelle. Je crois qu'elle regrette de n'avoir jamais pu faire la paix avec lui. "Tu ne serais pas là s'il n'avait pas existé, et tu es la plus belle chose que la vie m'ait apporté", m'a-t-elle dit. Qu'est-ce que je pouvais bien lui répondre ? Je l'ai prise dans mes bras, on a discuté encore quelques instants avant qu'elle ne s'endorme. A côté, la voisine chantait encore les berceuses que j'entendais petite, peut-être aux enfants de ses enfants à présent. Tu entends ?

Dans son esprit, la mélopée égrainait ses notes, et elle les fredonna un peu de sa voix grave, la tête penchée sur le côté comme pour mieux entendre une mélodie imaginaire et les yeux de nouveau clos. Quand elle se tut et les rouvrit enfin, le sourire qu'elle arborait en arrivant dans la Brume s'était évanoui.

- Ma mère vieillit, tu sais. C'est l'ordre des choses, je le sais bien, et il viendra un jour où elle aussi, elle rejoindra nos ancêtres. Mais lorsque ce jour arrivera, il n'y aura plus personne pour nous attendre nulle part en ce monde. Plus personne pour nous accueillir à bras ouvert et nous écouter conter nos voyages lorsque nous reviendrons après plusieurs semaines ou mois d'absence. Plus personne pour penser à nous autrement que comme un souvenir fugace d'un passé révolu. Avec Til', Nous avons toujours vécu comme nous l'entendions et aujourd'hui encore, nous ne voulons pas qu'on nous dise ce que nous devons faire ou comment nous devons vivre, mais je crois que nous ne voulons plus être seules non plus... J'aime le désert, les déserts qui s'étendent de par le monde. Mais j'ai peur, je crois, de vieillir et de mourir, seule avec mon daemon... En France, on nous a fait écouter une chanson, parmi tant d'autres, mais dont les paroles m'ont marquée : "J'ai laissé des bouts de moi au creux de chaque endroit, un peu de chair à chaque emprunte de mes pas, des visages et des voix qui ne me quittent pas, autant de coups au coeur et qui tuent chaque fois"...

Elle se pencha en avant pour poser la tête contre celle de la gazelle, et poursuivit enfin :

- C'est peut-être ça aussi, qui nous a tant poussées à revenir ici. Il y a des visages, il y a des voix dans nos souvenirs... Et il y en a qui sont ici. Et je crois que je suis fatiguée de laisser un petite bout de mon coeur à chaque fois que je quitte un endroit. Et qu'il y en a un gros morceau ici. Moi je n'oublie pas tout ce que j'ai vu, tout ceux que j'ai rencontrés... mais... Tu crois qu'il y aura quelqu'un pour se souvenir de nous à Sywhaîd ?
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