"Je ne rentre.Pas mais ne tinquiète pas. Bonne finde niut, a demain".

C'est le message assez succinct qu'il a envoyé en milieu de nuit à sa coloc'. En milieu de nuit, ou au petit matin ? Allez savoir. La notion du temps lui a échappé, il sait seulement qu'il a fini par s'échouer sur le canapé offert par Alastair, terrassé par l'alcool, la fatigue, et un trop plein d'émotions contradictoires. Qu'il s'est éveillé de longues heures plus tard pour faire face à une vieille dame ressassant les souvenirs du passé, et qu'il a fui les lieux quand l'étudiant s'est levé à son tour. Et que s'il ne sait pas exactement à quoi s'attendre de la part de sa coloc' et amie, il ne s'attend pas à ce que son arrivée dans leur appartement se passe de la meilleure des manières. Comme un enfant pris en faute, il a l'impression d'avoir fait la plus grosse connerie de sa vie en acceptant de raccompagner l'anglais, et plus encore en restant la fin de cette soirée sur place.

Et en même temps, il n'est pas vraiment certain qu'il le regrette totalement. Le souvenir de ses lèvres sur les siennes a hanté ses rêves, et reste vivace comme il conduit son vieux pick-up jusque downtown. Mais malgré une légère crainte des remontrances, il n'est pas fâché de le garer et de regagner la douceur de leur foyer. Ca ne sera qu'un mauvais moment à passer, de toute façon, n'est-ce pas ? Sans doute... Sans doute mais que va-t-il lui dire, à Neala ? "Où t'étais ?" c'est certainement la question qui risque de fuser, et il ne sait pas trop ce qu'il est capable de répondre. "Chez un client" ? Ca sonne tellement comme la réponse d'un gigolo qu'il est loin d'être ! "J'ai ramené un ami chez lui" ? Ami... Le terme est tellement mensonger ! Et la vérité ? La vérité, il ne sait même pas comment la définir ! Il a passé la nuit chez un type qu'il a rencontré au bar. Un musicien comme lui. Un gars qui a mis une ligne de musique sur un de ses morceaux et l'a transcendé. Un type qui semble le comprendre mieux que personne et en même temps ne rien comprendre du tout. Et non il ne s'est rien passé, pas vraiment en tout cas...

- Salut Neala, commence-t-il visiblement embarrassé, après que ses clefs ont tourné dans la serrure.

Sans surprise, son amie est dans le salon à l'attendre et la culpabilité le ronge : il l'a inquiétée, il en est certain et ça n'était aucunement son intention.

"Je vais bien ne t'en fais pas."

Andrew & Neala -

Cela faisait un an que je m’étais mise en colocation avec Andrew et autant dire que notre cohabitation se passait pour le mieux. J’étais quelqu’un de très sociable et vivre seule était plutôt quelque chose qui avait tendance à m’angoisser. J’étais peut-être un peu trop discrète parfois mais j’aimais plus que tout être entourée, la colocation avait donc été un choix qui s’était imposé tout naturellement à moi. Entre Andrew et moi, cela avait collé tout de suite, forcément, il y avait parfois quelques désaccords, comme tous colocataires qui se respectaient, mais je tenais profondément à lui, il était même devenu, dans mon cœur, un membre à part entière de ma famille.

Autant dire que cette nuit-là, quand je ne l’avais pas vu revenir, je n’avais pu m’empêcher de tourner en rond dans l’appartement, comme une mère qui aurait attendu le retour de son ado, qui sortait en boîte pour la première fois. J’avais toujours été du genre à m’inquiéter de façon pour le moins démesurée pour mon entourage et Andrew en avait déjà fait les frais. Sauf que voilà, il en était conscient puisqu’il m’avait envoyé un SMS pour tenter de me rassurer… sauf que ce fut l’effet inverse qui se produisit à la lecture du dit-SMS. Je fronçais les sourcils alors que mon regard parcourais les quelques lignes et m’empressais de chercher à le joindre, en vain.
Les longues heures qui suivirent me parurent interminables elles-aussi. J’avais bien tenté de trouver le sommeil, je n’avais cessé de tourner dans mon lit, avant de tout bonnement renoncer à fermer l’œil. Ma nuit avait finalement été encore plus compliquée que celles que je passais aux urgences et ce n’était pas peu dire. Lorsque j’entendais la clé glisser dans la serrure, je me levais finalement d’un bond du canapé et m’approchais de la porte d’entrée, cachant difficilement mon état de fatigue au vu des cernes présentes sous mes yeux et de mon teint particulièrement blafard. Je n’étais pas réellement en colère contre lui non, après tout Andrew n’était plus un enfant, je lui en voulais juste de m’avoir laissée me faire tout un tas de films dans ma tête alors que, de toute évidence, lui avait l’air de s’être bien amusé, en toute insouciance.

« Apparemment, tu as passé une meilleure nuit que moi… » Lançais-je, tout en réprimant un bâillement, non sur un ton de reproche mais bien pour lui laisser entendre que je m’étais fait un sang d’encre en attendant son retour.

« Tu sens l’alcool à trois mètres… » Ça, c’était un peu plus sur un ton de reproche, mais sans surprise en réalité, j’avais amplement deviné son état à la simple lecture de son message.

Code by Sleepy

Un an à vivre auprès de la jeune femme, et pas une fois il n'est rentré plus tard que prévu. Sa vie est réglée sur ses horaires au bar et les répétitions et concerts de L.i.B et ça n'est pas son genre de ne pas tenir ses engagements. Ca n'est pas son genre de sortir, de découcher, d'aller faire la fête on ne sait où. Seulement de se rendre à la messe aussi souvent que possible, le dimanche matin et pendant les fêtes religieuses. Alors quand il a été clair qu'il ne rentrerait pas de chez Alastair, il a voulu éviter à sa coloc' de s'inquiéter, et envoyé ce sms qui se voulait rassurant. A voir la tête de Neala, l'effet est complètement foiré. Les appels désespérés de la jeune femme sur son portable à la batterie morte, il n'en a pas encore conscience, et sans doute qu'il regrettera de ne pas avoir eu la présence d'esprit de rebrancher l'appareil, là-bas, près de Central Park. Mais son cerveau trop embrumé n'a pas réfléchi jusque-là.

En quelques heures, il a enragé le type qui lui plaît contre toute raison, et inquiété démesurément sa colocataire et amie. Outre le dégoût de lui-même que son état d'ébriété avancée peut générer, le malaise d'avoir blessé les gens autour de lui le gagne, et il baisse les yeux, comme un enfant pris en faute.

« Apparemment, tu as passé une meilleure nuit que moi…
- Je sais pas trop quoi répondre à ça... »

Et le reproche à peine dissimulé de son amie n'aide en rien.

« Tu sens l’alcool à trois mètres… »

Là non plus, il ne sait pas quoi répondre, et l'espace d'un instant, il garde le silence.

« Si tu veux bien, je vais prendre une douche histoire d'être... un peu plus présentable, avant qu'on en parle... »

Parce qu'il sait bien qu'il ne va pas y couper, il la connaît un peu, à force, sa coloc'. La force tranquille mais qui ne se laisse pas faire. Celle qui arrive à lui imposer de partager des moments avec sa frangine, même quand il vient de dire qu'il allait leur foutre la paix, à toutes les deux, qu'il les laissait en famille... Alors la conversation embarrassante sur ce qu'il a foutu cette nuit, il sait bien qu'il n'arrivera pas à l'éviter. Mais elle a raison : il pue l'alcool à des lieues à la ronde, et il voudrait éviter de lui imposer ce désagrément là en plus du reste.

Quelques minutes plus tard, il reparaît dans le salon, douché, changé, les dents brossées dans l'espoir de masquer les effluves éthyliques qu'elle a dû subir à son arrivée, et l'air embarrassé après avoir remis son téléphone à recharger. Il ne sait pas par où commencer, il ne sait même pas déterminer lui-même ce qu'il attendait de cette soirée. Tout ce qu'il sait, c'est qu'elle est loin d'avoir été aussi agréable que le suggérait sa coloc' à son arrivée.

« Je suis désolé que tu te sois inquiétée... J'étais effectivement pas en état de conduire pour rentrer, je préférais attendre que mon taux d'alcoolémie redescende avant de reprendre le volant... »

Il a foiré sur toute la ligne. En acceptant de monter chez Alastair, en enchaînant les verres, en envoyant ce texto insuffisant, et même là, face à elle, à pas savoir comment justifier tout ça. Et s'il a l'air contrit et parfaitement penaud face à son amie, il n'est franchement pas sûr de réussir à se pardonner lui-même avant un long moment, d'autant moins que l'anglais n'est pas vraiment parti pour quitter ses pensées, pas plus que le souvenir de ses lèvres sur les siennes...

Je n’avais pas pour habitude de jouer les moralisatrices avec mon entourage, je n’étais pas du genre à être sur le dos des autres, j’étais plutôt l’amie à laquelle on pouvait parler de tout, qui prenait soin des siens autant qu’elle le pouvait. Seulement, j’avais passé une nuit horrible et mon état de fatigue mêlé au stress qui ne retombait pas malgré le retour d’Andrew ne m'aidait en rien à gérer la situation. Dans le fond, je ne lui en voulais pas réellement, je voulais simplement qu’il comprenne à quel point les quelques heures que j’avais passé sans avoir aucune de ses nouvelles avaient été difficiles pour moi, dans l’espoir que cela ne se reproduirait plus. Je tenais beaucoup à Andrew, nous vivions sous le même toit depuis un an déjà et pour moi, ce n’était pas rien. Il avait même, peu à peu, prit autant d’importance que s’il faisait partie de ma propre famille et il suffisait de me connaître un minimum pour savoir que ma famille avait une grande importance pour moi. Je haussais les épaules lorsqu'il me parla de prendre une douche, c’était déjà un bon début, en effet.

« D’accord, ça te fera le plus grand bien… » Lançais-je simplement, le regardant partir en direction de la salle de bain.

Pendant les quelques minutes qui suivirent, je me dirigeais dans le salon et me laissais tomber sur le canapé, totalement épuisée. Pourtant, je ne comptais pas profiter de ma matinée pour faire une petite sieste, c’était loin d’être ma priorité du moment. J’avais beau travailler aux urgences cet après-midi, jusqu’à tard dans la nuit, cela ne m’effrayait pas réellement. Je savais que ce serait difficile mais mon travail était tellement prenant que je réussirais à gérer ma garde, sans aucun doute, même si je tomberais probablement rapidement de sommeil à mon retour. Andy finit par faire son apparition dans la pièce, je lui faisais un petit sourire, un peu fatigué, lorsqu’il m’expliqua les raisons de son arrivée tardive.

« Tu as eu raison, si tu étais rentré ivre, je pense que mon accueil aurait vraiment laissé à désirer.. » Lançais-je, non sans une certaine ironie en m’imaginant la scène. Pas moralisatrice certes, mais en côtoyant jour après jour des personnes victimes d’accidents de la route à cause de leur état d’ébriété avancé, je n’aurais certainement pas pu réagir positivement et ignorer une telle prise de risque de la part de mon colocataire. Je reprenais alors la parole, d’une voix douce pour qu’il ne sente pas agressé mais toujours dans l’état d’esprit de lui faire comprendre ce qu’il m’avait fait endurer, indirectement bien sûr : « Je me suis fait beaucoup de souci pour toi, je me suis imaginé tout un tas de scénarios, j’ai même failli appeler la police… » Et je n’en rajoutais pas, bien évidemment, ce n’était pas mon genre. Si Andrew avait été du genre à enchaîner ce type de soirées, j’aurais probablement fini par m'y faire mais ce n’était pas le cas.

Je laissais un petit silence s’imposer, songeuse, avant de reprendre finalement :

« Je ne veux pas te faire culpabiliser Andy mais… je n’ai pas l’habitude que tu découches, ce n’est pas vraiment ton genre.. » Et je n’avais pas eu besoin d’attendre son retour pour constater son état, son SMS avait parlé pour lui.

Je laissais échapper un bâillement avant de passer mes mains froides sur mon visage, exténuée. Je posais finalement de nouveau mon regard sur mon colocataire en lui adressant un petit sourire, lui faisant signe au passage de prendre place sur le canapé, à mes côtés.

« Je dois avoir l’air ridicule, tu dois avoir l’impression de vivre avec ta mère, je me trompe ? » Demandais-je, avec une pointe d’ironie. Je ne voulais pas qu’il me trouve envahissante, même si j’avais, depuis un moment déjà, prit l’habitude d’être très présente pour lui, même quand il ne le voulait pas réellement.

Je me tournais finalement vers lui en croisant mes jambes en tailleur et le regardais avec une certaine tendresse, mêlée à l’inquiétude qui ne me quittait pas.

« Comment tu te sens ? Tu veux que je te rapporte quelque chose pour le mal de crâne ? » Je ne doutais pas que son état d’alcoolémie avait dû être particulièrement élevé et que donc, il devait très certainement souffrir d’un mal de tête relativement prononcé à cet instant. L’infirmière bienveillante venait finalement de reprendre le dessus sur la colocataire un peu trop envahissante.

« D’accord, ça te fera le plus grand bien… »

Andy ne lui en veut pas un instant de sa colère : elle a toutes les droits de l'être. Seul sous l'eau glacée qui parvient à peine à lui remettre les idées en place, il a envie de hurler et de cogner dans quelque chose, mais se contente du froid sur sa peau pour expier ses fautes, à défaut d'extérioriser ce qui bouillonne en lui. Quand il reparaît devant sa coloc' et amie, il tente quelques excuses, presque plus embarrassé par ce petit sourire qu'elle lui adresse que par la colère précédente.

« Tu as eu raison, si tu étais rentré ivre, je pense que mon accueil aurait vraiment laissé à désirer...
- Ce qui aurait été parfaitement justifié. »

Une pointe d'humour, de part et d'autre. Ils tentent de dédramatiser l'événement, l'un comme l'autre, même si certaines doivent être dites. Alors il laisse son amie reprendre, exprimer son ressenti. Il s'imagine à sa place, et le sang d'encre qu'il se serait fait.

« Je me suis fait beaucoup de souci pour toi, je me suis imaginé tout un tas de scénarios, j’ai même failli appeler la police…
- Je suis vraiment désolé, Neala... »

Le silence qui s'installe le rend malade, mais il ne sait pas comment le rompre, à part en répétant à nouveau à quel point il est désolé. Et si elle savait à quel point !

« Je ne veux pas te faire culpabiliser Andy mais… je n’ai pas l’habitude que tu découches, ce n’est pas vraiment ton genre...
- Non je sais... Et si ça peut te rassurer, ça n'est pas près de se reproduire... »

Elle a l'air exténué, et la culpabilité pèse un peu plus lourd encore sur ses épaules voûtées. Un enfant pris en faute, réellement. Il n'a jamais vraiment été cet enfant-là, il n'en a jamais eu l'occasion. Mais le ressenti présent ne lui fait pas vraiment regretter de ne pas avoir eu une enfance vraiment insouciante à vrai dire... Il accueille l'invitation de son amie avec un profond soulagement, pour le coup, et ne se fait pas prier pour la rejoindre sur le sofa, passant un bras affectueux autour de ses épaules.

« Je dois avoir l’air ridicule, tu dois avoir l’impression de vivre avec ta mère, je me trompe ?
- Je sais pas, j'ai jamais vu ma mère comme ça... »

Le contact est rompu quand elle change de position, et il la laisse faire, avisant encore l'inquiétude dans son regard, moins dur qu'à son arrivée cependant.

« Comment tu te sens ? Tu veux que je te rapporte quelque chose pour le mal de crâne ?
- Je vais surtout me réhydrater... mais ne bouge pas, je suis encore assez clair pour trouver la cuisine ! »

Saoûl comme un polonais, il paraît. Les mots de l'anglais à la porte de sa voiture se fraient un passage dans son esprit, comme une torture de plus, comme il s'exécute et quitte le salon pour la cuisine attenante.

« C’est quoi bordel, ton truc? Un Death Wish? Tu veux rejoindre ta femme et ta sœur plus tôt que prévu en te tuant complètement ivre sur la route? C’est pas comme ça que tu vas atteindre ton putain de paradis, mec. »

Non, il n'avait aucunement envie d'ôter sa propre vie. Ca lui fermerait complètement les portes du paradis. Il n'est déjà pas si sûr de les voir s'ouvrir, à présent, le jour de sa mort, mais il n'a aucunement l'intention de s'en barrer volontairement l'accès. Les yeux lui piquent un peu, et il passe une main fébrile sur son visage, attrape une bouteille d'eau et deux verres, avant de rejoindre son amie sur le canapé. Une question non formulée après avoir ouvert le contenant, tendant vaguement la bouteille vers elle avant de remplir le deuxième verre, et puis il vide le sien d'un trait et le remplit à nouveau. Ca ira mieux quand son corps aura retrouvé son équilibre aqueux habituel, et il peut bien avoir un peu mal au crâne, comme châtiment pour ses excès de la veille...

Je m’en voulais un peu de lui demander ainsi des comptes. Après tout, nous étions colocataires mais il ne me devait rien et je ne doutais pas que ce côté un peu trop mère-poule de ma part ne devait pas toujours être très facile à gérer pour lui. Pour moi, la cohabitation n’était pas rien et je m’inquiétais autant pour le jeune homme que je pouvais m’inquiéter pour ma propre famille dans ce genre de cas. Quand j’étais gravement malade, au cours de mon enfance, chaque membre de ma famille avait veillé sur moi autant qu’il le pouvait. Peut-être était-ce cette période de ma vie qui m’avait rendue ainsi, un peu trop attentive à mon entourage. C’était plutôt mignon dans le fond mais à trop forte dose, je ne doutais pas que cela pouvait devenir grandement envahissant au fil du temps. Je laissais un silence s’installer, après les excuses d’Andrew puis je lui adressais un sourire rassurant, toujours en silence. Finalement, je reprenais la parole, calmement, lentement :

« Tu trouves que je m’inquiète trop.. ? Je n’ai pas envie de te pourrir la vie mais c’est plus fort que moi… »

Je n’avais pas envie qu’il se sente comme forcé de devoir s’expliquer systématiquement. Je m’étais fait du souci pour lui, je n’avais pas dormi de la nuit mais il n’était pas réellement fautif, il était adulte et faisait bien ce qu’il voulait. Au final, j’’aurais peut-être simplement du faire comme si de rien n’était… Même si je me doutais qu’il aurait rapidement comprit que je n’étais pas dans mon état habituel, il me connaissait assez pour cela…

Lorsque je lui avais proposé quelque chose pour le mal de tête, il s’était levé sans me laisser le temps de réagir, pour aller se chercher à boire.

« Si tu veux, même si j’aurais pu… »

…Y aller à ta place. Je me stoppais dans mon élan et le regardais sortir de la pièce. Je finissais finalement par me lever pour lui sortir un comprimé contre le mal de crâne que je posais sur la table. Il estimait sans doute ne pas en avoir besoin mais cela ne lui ferait pas de mal, vu son état.

Lorsqu’il revenait dans le salon, je prenais le comprimé dans la main et lui tendais avec un sourire, dans l’espoir qu’il accepterait mon aide puis, après avoir prit une légère inspiration, je prenais de nouveau la parole, un peu hésitante :

« Je n’ai pas envie de te faire subir un interrogatoire, si tu ne veux pas me répondre, ne le fais pas surtout … »

Je m’étais posée tellement de question pendant la nuit qu’il était difficile pour moi de me contenir d’avantage. Ce n’était pas de la curiosité mal placée, non, c’était simplement une inquiétude dont je ne réussissais pas à me libérer. Il avait l’air d’aller plutôt bien, c’était déjà une bonne chose, mais je me demandais bien ce qui avait pu le retenir pendant si longtemps pendant la nuit…

« Qu’est-ce qu’il s’est passé ? Tu as eu un souci ? Tu te souviens de ce qui s’est passé au moins ? » J’étais la première à être consciente que l’alcool pouvait faire des dégâts dans bien des cas et je voulais juste m’assurer qu’il n’avait rien fait de regrettable. Je laissais un petit silence s’installer et reprenais d’une voix fluette, pas vraiment sûre de moi, mais soit : « Ou alors tu as rencontré quelqu’un.. ? »