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 10. Retomber en enfance ♫ ft. Rosalina && Nathanaël

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MessageSujet: 10. Retomber en enfance ♫ ft. Rosalina && Nathanaël   10. Retomber en enfance ♫ ft. Rosalina && Nathanaël EmptyMer 28 Jan 2015 - 17:32

Quand l'ouverture de la fête foraine à Vaulx-Sur-Les-Pins avait été annoncée, j'avais presque sauté de joie, un sourire ébahi sur les lèvres. Une occasion de rompre avec le quotidien, et d'oublier les événements de l'année dernière, de s'amuser, en prime, ça ne pouvait que me faire plaisir. Et évidemment, j'avais prévu d'y aller avec mes cousins, parce que nous étions assez inséparables, il fallait bien l'avouer. Floriant, pourtant, avait décliné l'invitation, l'air désolé, parce qu'il avait prévu d'y aller avec ses amis. Personnellement, je n'avais pas mis une seule seconde en doute sa parole, et même si sa compagnie m'aurait été agréable, je ne me formalisais pas plus que cela de sa décision. Il n'en était, à l'évidence, pas de même pour ma cousine.

Et quelque part, je l'enviais un peu pour ça. Parce que la relation que nous avions tous les trois, et a fortiori, celle qu'elle avait elle avec son jumeau me faisait cruellement sentir la distance qu'il y avait entre mon jumeau et moi. Avec Nathanaël, même si nous restions cordiaux, il était clair qu'on était loin de la proximité des Bertone entre eux. Dire que par le passé, nous avions nous aussi été inséparables... C'était un triste constat, mais je ne voyais pas comment faire pour y remédier. Et pour l'heure, j'avais autre chose à faire, et de plus accessible à défaut de plus important : remonter le moral de Rosa'.

Parce qu'à partir du moment où elle avait su que Flo' ne nous accompagnerait pas, elle n'avait plus cessé de soupirer. Je supposais que c'était autant de déception que d'exaspération et de lassitude, et je n'aimais pas la voir comme ça. Alors j'avais pris les devants, et je nous avais fait sortir de notre chambre, où elle ne faisait de toute façon plus que tourner en rond.

« J’arrive pas à comprendre pourquoi il ne veut pas venir avec nous. Ca me dépasse. »
« … »

Que vouliez-vous que je réponde à ça ? Je comprenais tout à fait sa déception, mais je ne pouvais pas vraiment en vouloir à Flo', pour ma part. Il avait bien le droit d'avoir des amis en dehors de sa famille, tout de même !

« Non mais sérieusement ! D’habitude, il ne nous tient pas à l’écart comme ça ! Il y a quelque chose qui cloche… »
« Il n'y a peut-être rien de plus que ce qu'il nous a dit, tu sais... Allez viens, on sort. »

Je doutais fort que mes propos fussent entendus et la poussai presque au-dehors. Et je haussai les épaules en fermant la porte derrière nous. Malgré les températures estivales, j'étais trop pudique pour me montrer aussi court vêtue que ma cousine, et avait opté pour une jupe imprimée dans les tons bruns à la coupe flottante qui tombait sous mes genoux et un cache-coeur en lainage turquoise. Tout à l'heure, il ferait sans doute plus frais, et je le supporterais sans doute sans peine. Et si vraiment il m'arrivait d'avoir trop chaud, je pourrais toujours l'ôter et ne porter que le t-shirt près du corps que j'avais en-dessous. Des ballerines turquoise ornée de fleurs sur le côté, une sacoche brune à franges et perlée renfermant le minimum vital, j'entraînais ma cousine par le bras, presque d'autorité.

« Hey ! Doucement Mi’ ! Tu m’emmènes, où, là ? »
« Tu verras bien assez tôt. »

Elle ne tarderait pas à comprendre, et je jugeai préférable de ne pas déjà lui donner l'occasion de rouspéter. D'accord, on avait prévu d'y aller demain à l'origine. D'accord, avec un peu de chance, ça aurait laissé l'occasion à Flo' de revenir sur sa décision. Mais sincèrement, j'en doutais. Et je connaissais assez bien ma cousine pour savoir que là-bas, elle se changerait les idées en peu de temps.

« On devait y aller demain ! »
« Si tu y tiens, on pourra toujours revenir. »

Parce que je ne doutais pas le moins du monde qu'elle comme moi, nous trouvions encore à nous divertir ici deux jours de suite. Ce à quoi je m'attendais moins, ça avait été à croiser ainsi la route de mon frère. Le hasard faisait parfois étrangement les choses. Tout à l'heure, je pensais à la différence de nos relations par rapport à celles des Bertone, et voilà que nous croisions sa route. Certes, nous résidions tous dans les mêmes locaux, mais BeauxBâtons restait une académie vaste et il était facile de passer plusieurs jours sans croiser certaines personnes. D'autant que Nath' n'était pas dans la même écurie que nous – ce qui n'était pas très surprenant puisque nos caractères n'étaient pas vraiment semblables – et que, donc, son emploi du temps divergeait pas mal du nôtre. Et puis si Flo' avait ses propres amis, Nathanaël aussi avait son cercle, distinct du nôtre.

« Salut Nath' ! On va à la fête foraine, tu veux venir avec nous ? »

J'avais lancé l'invitation, à tout hasard, mais je ne m'attendais pas vraiment à ce qu'il nous accompagne. J'étais même déjà prête à essuyer un refus, gardant pourtant le sourire, quand il avait accepté. Et même si je n'avais rien dit, la petite fille que j'avais été était ravie qu'il se joigne à nous. C'était mon frère et la distance entre nous ne me plaisait pas forcément. Simplement, je ne savais guère quoi y faire et avais pris le parti de faire avec. Rosa' avait pris le relais, et je la laissais enchaîner.

« Salut, Nath’ ! Comment tu vas ? »

Je me contentais d'un sourire, pas très certaine d'avoir quelque chose de plus à dire. Nous avions grimpé tous les trois dans la barque nous menant à la fête, et tandis que ma cousine faisait la conversation, je m'abîmais dans des souvenirs lointains, d'avant. Avant l'académie, avant la mort de Maman, avant la distance, surtout. Quand je veillais sur lui et qu'il me protégeait. C'était si loin de nous à présent... Je nous revoyais encore, petits, main dans la main dans la cour de l'école ou jouant dans notre jardin. Je le voyais encore prendre ma défense face à des garçons qui m'ennuyaient, m'amenant rapidement les larmes aux yeux. Je me voyais aussi le chercher pour m'assurer qu'il n'avait besoin de rien, qu'il était suffisamment couvert pour sortir en hiver, ou qu'il n'avait pas oublié son sac...

Je ne sortis de mes songes que lorsque nous arrivâmes à destination. Et comme je l'avais escompté, la fête avait eu un effet instantané sur Rosa'. A peine y avions-nous mis les pieds qu'elle oublia, au moins pour un temps, sa déception pour s'émerveiller devant tout ce qui nous entourait. Et je dois bien avouer que je n'étais pas plus calme, pour ma part. Mon regard passait sur les stands devant lesquels nous passions, les uns après les autres, presque littéralement rempli d'étoiles.

« Hey ! Regardez ! »

Je suivis la direction indiquée par ma cousine et un sourire plus large encore illumina mon visage. Et sans vraiment y réfléchir, j'attrapai les mains de Nath' et Rosa' et les entraînai à ma suite vers le stand visé, où je demandais trois cannes. Est-ce que mon jumeau accepterait de se plier à ce jeu pour le moins enfantin ? Sincèrement, je l'ignorais, mais puisque nous étions là tous les trois, il m'avait semblé naturel de l'inclure dans nos divagations puériles. Et j'éclatais de rire devant nos tentatives, parfois vaines, pour attraper les canards en plastique qui barbotaient devant nous. Une fois ou deux, même, ma canne heurta celle de mon frère ou de ma cousine, comme je tentais d'attraper le même canard qu'eux, ce qui ne manqua pas de provoquer mon hilarité. Si Rosa' était retombée en enfance, je n'étais clairement pas mieux lotie.

***

« Salut les minettes ! Bah oui je pète la forme, j’essayai d’éviter une fille en furie alors vous accompagner me semble être une excellente idée ! »
« Ca te fournira un alibi pour la planter… »

J’avais souri à la façon dont mon frère avait accepté mon invitation. Déjà parce qu’il avait accepté, et que ça me faisait plaisir, mais aussi parce qu’il y avait été de son attitude de pitre habituelle qui avait tendance à me faire rire. C’était juste dommage que ce ne soit plus le cas quand nos grands-parents étaient dans les parages…

« Je suis le champion les filles, vous ne pouvez rien contre moi ! »[/color]
« Faut dire que j’essaye pas de gagner »

Il fallait bien avouer qu’il ne s’y prenait pas trop mal… Mais moi non plus, malgré les tentatives de Rosa’ pour fausser la direction de nos cannes. C’était un moment étrangement agréable que je passais avec ma cousine et mon frère. Sans doute le fait d’être loin des pressions familiales nous rapprochait-il. Et j’en déduisis qu’il faudrait sans le moindre doute que je renouvelle l’expérience si je voulais faire ce qu’Ana’ m’incitait à faire. Elle avait d’ailleurs sans doute raison. Après les événements de l’année dernière, après ce qu’elle avait vécu elle, et après le départ de Maman, je savais bien que la vie était éphémère, qu’il fallait en profiter, avant de n’avoir plus que des regrets. Mais les années avaient passé, et c’était difficile de rompre avec les habitudes.

Il faut croire que Nath’ avait décidé de ne pas me laisser penser ainsi, parce qu’il profita d’une inattention de celui qui tenait le stand pour nous asperger allègrement, Rosa’ et moi. Une nouvelle fois, j’éclatais de rire. Je n’étais pas aussi expansive que ma cousine, mais j’avais malgré tout le rire facile, et plus encore aujourd’hui que d’ordinaire. Rosa’ s’y mettait, et je trempai à mon tour les mains dans l’eau pour asperger mon frère… jusqu’à ce qu’un regard noir du forain nous incite à la réserve. Sans commentaire pour ma part, je rendis la canne et récupérai le petit lot que les quelques canards attrapés représentait : un flacon de bulles de savon, avec lequel je m’amusai comme une gamine jusqu’au prochain stand.

« Hey Nath ! Toi qui te dis le champion… Montre-nous un peu ce que tu sais faire… »

Tir à la carabine. Je fronçai les sourcils, pas très certaine de vouloir me retrouver avec une arme dans les mains. Je n’eus, une nouvelle fois, guère le choix, pourtant, et écoutai sans doute trop distraitement les conseils du forain. Les huit plombs passèrent complètement à côté des ballons, trop mouvants pour moi. Je grimaçai, pas contente du tout de ma prestation, et jetai un œil vers les cibles de Rosa’ et Nath’. Si ma cousine ne s’en sortait pas mieux que moi, mon frère, lui, devait être né avec ça dans le sang et j’éclatai de rire devant son air triomphant.

« Ahem… Je crois que j’ai besoin de m’entraîner un peu… »
« De même pour moi. »

Et comme miss Bertone demandait deux nouveaux tours, je payais pour tenter ma chance à nouveau. Sur les huit plombs suivants, cependant, un seul fit mouche et je grommelai, pestai sur mon incapacité à viser correctement. Et puis je regardai, dubitative, le briquet brillant qui constituait mon lot de consolation. Je ne fumais pas et ne voyais donc pas trop bien à quoi il pourrait me servir. Peut-être Ana’ trouverait-elle quelqu’un à qui ça servirait…

***

« Hihi ! Bienvenue au club ! »

Au moins n'étais-je pas la seule à ne pas être douée... Je bénissais Rosa' pour qui j'étais venue ici et Ana', sans les conseils de qui, je n'aurais sans doute pas tenté de me rapprocher de lui. La bonne humeur qui régnait entre nous trois me rappelait notre enfance, et je me surpris à penser que tout n'était pas perdu. Ca n'avait plus rien à voir avec cette cruelle distance et cette indifférence qu'il y avait entre nous - que nous feignons tous les deux ? - quand nos grands-parents étaient dans les parages. Je maudissais par contre le stand devant lequel nous nous trouvions et que mon côté perfectionniste exécrait. J'en étais à me promettre mentalement de continuer jusqu'à ce que j'arrive à quelque chose de correct, parce que bien avant d'avoir la carabine dans les mains, je savais déjà que ce n'était pas mon truc. Ce n'était pas naturel pour moi qui détestais les conflits, la violence et tout ce qui s'en rapprochait. Alors les armes...

« Je suis le champion un point c’est tout ma p’tite Rosalina, tu ne peux rien faire contre moi. »

Ca, c'était clair. J'avais cessé de tirer - de toute façon pour ce à quoi je parvenais - pour observer mon frère, qui, lui, était tout simplement un dieu avec une arme dans les mains.

« Tu sais que tu ferais peur, là, presque... ? »
« Pfff… C’est un coup de chance, oui ! J’suis sûre que si tu retentais, tu ferais comme nous… »

Moi je n'en étais pas aussi sûre que ma cousine. Mais je ne m'attendais pas le moins du monde à la suite... D'accord, le T-shirt qu'il avait gagné ne lui correspondait pas vraiment mais... je ne m'attendais absolument pas à ce qu'il me le tende. Un peu fébrile, un drôle de sourire aux lèvres, je l'acceptai sans rien dire, et le passai même par-dessus mon cache-coeur. C'était très étrange de recevoir ainsi, presque naturellement, un cadeau de mon frère, en dehors des périodes obligatoires. Et c'était même plutôt agréable. Et puis Nath' vint m'emprunter mon briquet pour allumer une cigarette. J'ignorais qu'il fumait, mais, aussi idiot que ce fût, j'étais contente qu'il eût besoin de moi pour quelque chose. Alors c'est avec le sourire que je lui tendis mon gain.

« Je pensais pas que j'en trouverais l'utilité... T'as qu'à le garder, tu penseras à moi de temps en temps comme ça. »

C'était sorti tout seul, et je m'en étonnais moi-même. Ca ne me mettait pas du tout à l'aise d'ailleurs, parce que je n'avais aucune idée de la façon dont il prendrait la chose. Est-ce que c'est cette fébrilité qui me fit manquer ma dernière tentative ? Je ne crois pas vraiment, même si ça me fait une excuse. Je ne suis juste pas douée pour ces trucs-là. Parce que la troisième tentative, donc, ne fut pas vraiment meilleure que la seconde, et je me retrouvais donc avec un deuxième briquet brillant qui ne me servirait pas le moins du monde.

Une main sur mon épaule me fit sursauter, mais c'est avec un sourire que je me tournais vers mon frère.

« Tu veux que je t’offre une crêpe pour te réconforter ? Ou autre chose hein dis moi p’tite sœur ! »

"Petite soeur". Ce n'était pas très juste, ni du point de vue de notre gémellité, ni du fait que j'étais une grande gigue d'un mètre soixante-dix-huit. J'avais fini ma croissance, et heureusement d'ailleurs, je ne crois pas que j'aurais aimé être plus grande que trop de garçons, déjà que. Bref.

« Vas-y… Ca vous fera du bien d’être un peu tous les deux… »

Je hochai simplement la tête. Ca ne me mettait pas plus à l'aise, loin de là, mais je savais qu'Ana' m'en voudrait si je ne tentais pas ma chance. Et à vrai dire, je m'en voudrais aussi. C'était une occasion rare, je n'avais pas le droit de la laisser passer. Sauf que...

« Je t’offre aussi quelque chose Rosalina si tu veux ! »

J'en étais presque déçue. Et c'était très étrange comme sentiment, parce que j'adorais ma cousine, elle était ma plus proche amie, ma confidente, une soeur plus encore que la mienne... et...

« Allez-y tous les deux. Je vais m’entrainer encore un peu, et puis je vous rejoindrai. Je ne vais pas m’arrêter sur un échec, quand même ! Pas vrai ? »
« Moi si. »

Ce qui ne me ressemblait absolument pas. Mais j'avais le choix entre continuer à me ridiculiser avec un maigre espoir de faire mieux et la certitude d'acquérir une belle collection de briquets inutiles, ou partager un moment exceptionnel avec mon jumeau...

« Mmmh... Crêpe, pomme d'amour ou barbe à papa ? Le choix est rude... »

Nous étions déjà loin quand Rosa gagna son premier t-shirt et plus encore quand elle nous joua une tragédie grecque lorsqu'elle manqua de peu son cinquième ballon. Et pendant quelques moments, nous nous retrouvions seuls, avec Nath, tous les deux. Comme avant.

***

Je n'imaginais pas le moins du monde que mon frère pouvait penser à ce point à moi, j'étais même à mille lieues d'avoir ne serait-ce que la plus infime idée de son désir secret de nous retrouver, comme lorsque nous étions enfants. J'y pensais peut-être moins que lui, parce que j'avais créé ma propre bulle, et parce que j'avais notre trio d'enfer avec Rosa' et Flo', mais ça n'empêchait pas que j'enviais leur lien, à eux deux, jumeaux aussi proches que Nath' et moi avons pu l'être par le passé, et que ça me manquait. Aveuglée par l'image qu'il voulait donner de lui, et celle que nos grands-parents façonnaient, je ne parvenais pas à voir ce qu'il dissimulait, ce qui, au fond, nous rapprochait plus encore que notre seule gémellité.

« Entraîne toi bien alors mais ne va pas te jeter dans la marre aux canards si tu te rends compte que tu ne pourras jamais atteindre mon niveau… »

Des enfants. Nous étions tous les trois simplement redevenus des enfants, et un éclat de mon rire cristallin vint ponctuer cette phrase tandis que mon frère tirait la langue à ma cousine. Nous nous éloignions, et tandis qu'il tirait sur sa cigarette, je jouais un peu nerveusement avec le deuxième briquet dont j'avais écopé, hésitant autant sur le choix d'une friandise que sur la conduite à tenir.

« Bon alors, dis moi tout, qu’est ce qui te ferait plaisir, profite bien de mon jour de générosité ! »

Un sourire fleurit de nouveau sur mon visage. Nous avions beau ne plus être très proches, je savais tout de même que l'avarice ne faisait pas partie des défauts de mon frère, et puis il suffisait de regarder son visage, d'entendre le ton de sa voix pour voir l'ironie dans son propos. Il y avait toujours cette facette de clown prêt à faire rire tout le monde en lui, ce que, pour ma part, je considérais comme une grande force. Quelque chose qui me laissait admirative, puisque plus rêveuse, j'avais tendance à passer dans les couloirs sans vraiment voir les gens, alors qu'il passait son temps à leur apporter un peu de joie par ses pitreries. En attendant, il fallait que j'arrête mon choix sur quelque chose, et comme nous passions justement devant un stand où on proposait des barbes à papa, je stoppais notre marche.

« Ca te va si on en partage une ? »

C'était une question dont j'osais à peine entrevoir la réponse, autant posée parce que je doutais d'être capable d'avaler l'entièreté de la sucrerie que parce que, plus ou moins consciemment, je cherchais encore à partager quelque chose avec lui. Presque au même moment, il avait repris la parole, et je tournai doucement la tête vers lui.

« Alors, que s’est-il passé de ton côté dernièrement ? »

Je restai songeuse un instant. Ce qu'il m'était arrivé récemment... Et bien... On m'avait filé des bonbons fourrés d'amortensia et j'étais tombée dingue d'une fougère dans les jardins de l'académie, et ça m'avait fait réaliser qu'il y avait une personne qui me faisait à peu près le même effet que cette potion, et j'avais donc résolu de lui écrire, puisqu'il avait quitté l'Académie... J'avais aussi discuté avec la Directrice de mon don, et c'était une entrevue qui me laissait assez perplexe, au fond. J'avais toujours pensé qu'il était de mon devoir de transmettre ce que les esprits me communiquaient, mais elle refusait catégoriquement ce contact, et plus que les railleries des autres, c'était cette décision qui me faisait réfléchir. En dehors de ça, il n'y avait pas grand chose. Et j'hésitai sur ce que je pouvais bien lui dire. C'était mon frère, ma moitié quand nous étions petits, mais je n'avais même pas parlé de Cygnus avec Rosa' ou Flo' alors...

« Je crois que je suis amoureuse... Enfin je sais pas trop, ça m'est jamais arrivé... »

Je m'étonnais moi-même d'avoir pris la parole. Je crois que j'étais presque persuadée de n'avoir que pensé ces mots, mais un coup d'oeil au visage de mon frère m'indiqua rapidement que je les avais bel et bien prononcés à voix haute.

« C'est débile, ridicule. Il est même plus ici... et je crois qu'il se souvenait à peine de mon existence avant que je lui écrive alors... »

Je haussai les épaules, absolument pas certaine de ce que je cherchais en prononçant ces mots. Et parce qu'il me fallait une échappatoire, je m'approchais du stand et demandait une barbe à papa, le plus gros modèle soit dit en passant, pour nous deux, laissant à mon jumeau le soin de régler la note...
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