Revenir en haut Aller en bas

-40%
Le deal à ne pas rater :
Tefal Ingenio Emotion – Batterie de cuisine 10 pièces (induction, ...
59.99 € 99.99 €
Voir le deal

Partagez
 

 29. Closer : Twin flames ♫ ft. Nathanael Delibes

Voir le sujet précédent Voir le sujet suivant Aller en bas 
AuteurMessage
Fiona - Admin
Fiona - Admin
Directrice ♠
Nombre de messages : 797
Date d'inscription : 07/01/2008

https://fionaslab.forum-actif.net
Paspoort
A Amsterdam depuis: Toujours
Petites infos utiles:

29. Closer : Twin flames ♫ ft. Nathanael Delibes Empty
MessageSujet: 29. Closer : Twin flames ♫ ft. Nathanael Delibes   29. Closer : Twin flames ♫ ft. Nathanael Delibes EmptyMer 28 Jan 2015 - 18:12

J'aime les chevaux, ça a toujours été, et depuis mon premier jour à BeauxBâtons, j'ai été particulièrement fascinée par les écuries. Par les espèces de chevaux qu'elles renfermaient. Par la relation si particulière que j'ai si rapidement pu nouer avec eux. Ma cousine aussi, s'est approchée d'eux, les a soignés, les a montés. Tout comme moi. Je ne saurais pas dire laquelle de nous deux a eu la primeur sur ce point, mais nous nous sommes vite retrouvées ici, toutes les deux, de plus en plus régulièrement. A tel point que les palefreniers nous connaissent depuis longtemps, qu'ils savent pouvoir nous demander de l'aide, au besoin, que nous sommes toujours disposées à nous occuper d'eux. Comme je l'ai fait aujourd'hui.

C'était une matinée comme les autres, pourtant, et je n'avais pas vraiment prévu, à l'origine, de venir ici. Je cachais toujours Brontë et m'entraînais à changer une tasse en oiseau pour n'appliquer la démarche à ma ratoune que lorsque je serai certaine de parvenir à un résultat correct, de peur de la blesser. Alors dès que j'avais un moment de libre, je m'exerçais, le plus discrètement possible. Ce que je n'avais pas prévu, c'était qu'on vienne m'ennuyer dans cette salle vide où je m'étais réfugiée. Et je n'ai pas compris tout de suite ce qu'il se passait, trop concentrée sur mon œuvre.

« C'est vrai que tu es du côté de la Dirlo? »

Cette question, je ne l'avais absolument pas vue venir, et elle venait d'une élève de mon écurie, l'air passablement agacé. Je ne réalisais pas encore l'ampleur qu'allait prendre cette bataille rangée entre les pro- et les anti-Courterois, et j'arquais un sourcil, surprise dans mon activité secrète et passablement étonnée de cette question qui, à mon sens, sortait de nulle part.

« Elle a fait entrer l'Organisation ici, elle ne devrait même pas être encore en poste ! »

Qu'est-ce que vous vouliez que je réponde à ça ? Je n'aime pas les conflits, et je n'avais absolument pas l'intention de m'enflammer sur ce sujet, mais les deux personnes qui venaient de m'accoster en avaient manifestement décidé autrement. Campé sur leurs jambes entre la sortie et moi, ils n'avaient clairement pas l'intention de me laisser tranquille, et attendaient manifestement une réponse, que j'hésitai à leur donner. Pour ma part, je n'avais pas vraiment de grief particulier contre la Directrice. Après tout, avec moi, elle s'était montrée plutôt compréhensive. Et les motivations qui l'avaient poussée à faire entrer l'Organisation dans l'Académie pouvaient être diverses et variées, rien n'indiquait qu'elle sût alors ce qui nous attendait. Mais j'avais le sentiment que ces mots-là accentueraient l'inimitié de mes deux interlocuteurs, et je pris la parole à regret.

« Je ne sais pas trop... Elle avait peut-être une bonne raison de le faire ? Qu'est-ce qu'on aurait fait, nous, si on avait été à sa place ? »

J'ignorais le chantage qu'avait subi notre responsable, et si j'en avais eu vent, j'aurais été plus encline à prendre sa défense encore. A ma réponse, cependant, je vis instantanément l'éclat mauvais qui brilla dans le regard des deux autres élèves.

« Comment tu peux prendre sa défense ? C'est une traîtresse, un point c'est tout. Elle ne mérite pas de nous diriger !
- Elle devrait être jugée comme ceux de l'OS, et en tout cas, démissionner.
- Comme tous ceux qui sont avec elle. »

J'étais visée, à l'évidence. Depuis mon entrevue avec Mlle Courterois dans le jardin, j'avais senti les regards lourds qui pesaient sur moi. Déjà qu'avant, je ne faisais pas vraiment l'unanimité en matière de camaraderie...

« Personnellement, je n'ai pas de preuve de sa culpabilité. Qui dit qu'elle n'a pas été contrainte, sous impero ou... »

Ou je ne sais pas, en fait. Je sais seulement que je ne veux pas de cette discussion, je ne veux pas prendre parti, je veux seulement sortir d'ici.

« Excusez-moi. »

Je bats en retraite, cherche à gagner la sortie, mais le plus grand s'impose dans l'encadrement de la porte.

« T'es de son côté ?
- Je ne suis du côté de personne, je veux juste sortir d'ici.
- Laisse tomber, Jo. On règlera ça une autre fois. »

J'ai béni l'horloge de l'Académie qui sonna neuf heures. Ils sont partis, et moi j'ai quitté l'enceinte de l'école pour me diriger vers les écuries. Je n'avais rien demandé à personne, je voulais simplement qu'on me laisse tranquille, m'améliorer pour protéger ma ratoune et voilà qu'on me tombait littéralement dessus. J'étais nerveuse en sortant de la pièce, et clairement, pas en état de jouer, de peindre ou encore moins d'écrire. Il me fallait me calmer et je ne connaissais rien de mieux que ça : les chevaux.

Je crois que j'aurais toujours besoin d'eux, de me retrouver auprès des palominos, de profiter du plaisir simple de leur présence. Leur contact m'a toujours fait du bien, et il me permet de me ressourcer, de m'apaiser. D'oublier un peu les mésaventures que je peux subir le reste du temps, comme certains m'ont pris en grippe à cause de mon don, comme j'ai dû encaisser les fourberies de la chasse aux trésors, ou, simplement, comme j'ai tendance à être un peu dans ma bulle, à l'écart. Ou comme aujourd'hui, parce que je n'étais une pas anti-Courterois comme certains de mes camarades.

« Ca va aller… »

Pour la première fois, j'avais été confrontée d'un point de vue très personnel à la guerre des écuries, et je n'imaginais pas l'ampleur qu'elle allait prendre. Je souhaitais simplement que ça en reste là, que ça ne se reproduise pas. Un abraxan s'avança à mon approche et instantanément un sourire fleurit sur mon visage. Il n'y avait rien de mieux pour me tranquilliser, assurément. Et après m'être occupée de lui, j'avais pu le monter pendant une bonne heure, me laisser aller au plaisir de la course, et oublier tout ça. Et effectivement, après plusieurs allers-retours dans le parc, je commençais à me détendre. Et quand je vis sa silhouette se découper, je crois que ça acheva de dénouer mes épaules. Un sourire fleurit sur mon visage, et je fis approcher ma monture de la clôture.

Nathanaël. Mon jumeau, le roi-soleil. J'avais été surprise, peu avant la rentrée, qu'il nous accompagne à la fête foraine. Agréablement surprise. Et plus encore quand il m'avait donné ce t-shirt qu'il avait gagné. Je ne le quittais plus, d'ailleurs, et chaque nuit, c'était lui qui me servait de pyjama. Même si j'y avais ajouté un pantalon et un chandail comme les températures avaient tendance à descendre ces derniers temps. Je restais toujours assez étonnée de le retrouver, parfois, comme c'était le cas aujourd'hui, mais j'aimais ça, réellement. Pendant longtemps, nous avions été fusionnels, et puis nos grands-parents avaient tout fait pour nous séparer. Maintenant... je ne savais plus trop où nous en étions, à vrai dire, mais que, parfois, nous réussissions à passer quelques instants ensemble, c'était déjà plus que je n'avais osé l'espérer pendant des années.

« Bonjour Nath. Tu vas bien ? »

Mieux que moi il y a une heure, espérais-je. Et parvenue auprès de lui, je descendis de ma monture, flattant l'encolure de l'abraxan, en attendant sa réponse.

***

La fuite. Je ne connaissais ça que trop bien. Dès qu'une situation s'envenimait, dès qu'un conflit se profilait, je prenais la poudre d'escampette, cherchant à mettre le plus de distance possible entre moi et une éventuelle dispute. Et si c'était à moi qu'on s'en prenait directement, je ne faisais que tenter d'esquiver, je répondais à peine, ou seulement lorsque j'étais acculée. Il fallait vraiment qu'on s'en prenne aux êtres qui m'étaient chers pour que je réagisse réellement. On pouvait m'attaquer, on le faisait d'ailleurs sans vergogne, c'était facile, puisque je ne répondais pas. Mais on ne touchait pas à Rosalina, à Floriant, ou, même si c'était sans doute moins flagrant pour la plupart des gens, à Nathanaël ou Ophélia. Quoi que pour ma soeur, je n'étais pas certaine moi-même de réussir à me mettre réellement en rogne pour la protéger. C'était ma cadette, pourtant, et j'aurais dû agir ainsi, en tant que grande soeur protectrice. Mais il y avait toujours eu cette tension entre nous, d'aussi loin que je me souvienne, et à vrai dire, je songeais souvent qu'elle n'avait de toute façon pas besoin de moi pour la défendre. Contre l'organisation, cela étant, j'aurais levé ma baguette pour la protéger, comme je l'aurais fait pour n'importe qui, à vrai dire. Et c'était peut-être ça qui était triste : je l'aurais fait comme pour n'importe qui. Pas parce qu'elle était du même sang que moi.

Alors que mon frère... C'était mon jumeau, et j'imagine que c'était ce qui faisait que malgré la distance qui s'était peu à peu immiscée entre nous, aujourd'hui, j'essayais de combler le fossé. J'essayais de ne pas voir que ce que nos grands-parents voulaient bien nous montrer, et je chérissais les petites marques d'affection que nous arrivions à nous transmettre, tant bien que mal, maladroitement. Ce t-shirt qui me servait de chemise de nuit, je ne le quittais plus. Et je l'ignorais, mais il utilisait toujours mon briquet. Comme quoi la fête foraine de Vaulx-sur-les-Pins avait eu des vertus inattendues.

J'ignorai, au demeurant, qu'il avait répondu favorablement à la demande de nos grands-parents, et sans doute était-ce mieux ainsi car ça m'aurait profondément blessée. Changer de nom, c'était nous renier, Ophélia et moi, mais aussi les Bertone, et Papa. C'était me renier moi, et je n'étais pas certaine de pouvoir le supporter. Je savais que c'était leur projet, ils en parlaient depuis si longtemps. Mais je n'imaginais pas que l'échéance se rapprochait aussi vite.

Ce que je ne pouvais plus ignorer, cependant, c'était cette discorde qui commençait à régner entre les écuries. Les miens commençaient à s'en prendre à ceux qui ne partageaient pas leur avis, et comme j'étais une fois encore le mouton noir, je n'avais pas été très surprise d'être prise à parti. Je n'appréciais guère cette position cependant, et il m'avait fallu cette belle heure d'équitation pour redescendre en pression, calmer mes nerfs et retrouver au moins le sourire. Et mon sourire s'était agrandi quand au terme de ma sortie, j'avais aperçu la silhouette de mon frère, qui jetait une cigarette à terre. Fronçant légèrement les sourcils, je l'écoutai prendre la parole.

« Salut la p’tite Delibes ! T’as l’air d’avoir la forme dis moi, même si ton sourire a encore du mal à être aussi éclatant que le mien !
- Ah ça... C'est sûr que la lune ne peut pas rivaliser avec le soleil... Mais je sais pas où t'as été chercher l'adjectif 'petit'. »

Parce que soyons honnêtes, avec mon mètre quatre-vingt (enfin un peu moins, mais on n'est plus à ça près), j'ai tout de la grande gigue plutôt que de la petite chose... Et la lune a besoin du soleil pour briller, songé-je à part moi. Je savais bien, de toute façon, que je ne pouvais pas être aussi rayonnante que lui, avoir un humour et une énergie aussi communicatifs. Ce n'était pas dans ma nature, tout simplement. C'était un des nombreux points qui nous opposait, mais j'espérais toujours qu'il n'était pas si important que ça. M'en voulait-il de ne pas être plus expansive ? J'espérais que non, mais le doute s'emparait de mon esprit. S'il avait une certaine tendance à la dépression, il fallait bien avouer que ces derniers temps, je n'étais pas beaucoup mieux. C'est que j'avais tendance à être assez lunatique, au sens premier du terme, et comme nous étions de nouveau en lune descendante, j'avais tendance à broyer du noir plus que d'ordinaire, à être plus souvent au bord des larmes. Ca irait mieux lorsqu'on serait en phase croissante... J'esquissai un sourire quand il tendit la main vers ma monture pour la caresser.

« C’est marrant, mais j’étais presque sûr de te trouver ici… Non pas que je te cherchais hein, mais juste je suis pas étonné… »

J'en étais presque déçue, même si je m'efforçai de n'en rien montrer. Ce qui ne devait pas très bien fonctionner, puisque généralement, mes émotions se lisaient aisément sur mon visage. Je ne me voyais pas expliquer pourquoi j'avais cet air de chien battu à cet instant, mais sans doute était-il évident cependant que cette remarque m'avait peinée. Et pourtant... Il venait d'affirmer qu'il savait où me trouver. Comme quoi il savait ce que j'aimais faire, et où il avait donc des chances de croiser ma route.

« Je viens souvent ici » commençais-je alors en guise d'explication. « Les chevaux au moins ne cherchent pas à savoir si je suis pour ou contre la directrice, ou à me faire dire que je suis une menteuse parce que je parle aux esprits. »

J'en ai trop dit. Ma balade à cheval n'a manifestement pas suffi à me détendre parfaitement et voilà que je me plains. Je déteste ça. Je n'aime pas donner l'impression que je suis Cosette ou n'importe quel personnage de ce type. Je ne suis pas comme ça. Je sais que je peux pleurer pour un rien, mais je dis d'ordinaire que ce n'est rien, que ça va passer, et je passe sous silence mes états d'âmes. Mais me retrouver acculée par deux élèves tout à l'heure qui n'en auraient pas démordu s'ils n'avaient pas eu à choisir entre être punis pour leur retard et continuer à me tourmenter a mis mes nerfs à rude épreuve et voilà que ça sort juste devant Nath'.

« Pardon... »

Je détourne le regard, pas très ravie d'être partie dans cette direction. Il va vraiment falloir que je me reprenne si je ne veux pas anéantir le lien ténu que nous commencions tout juste à essayer de tisser.

***

La lune et le soleil… Ca nous collait à la peau, mais force m'était d'avouer que parfois, c'était pesant. Parce qu'au final, on avait tendance à se cantonner à ça, à ce lien impossible entre les deux astres qui nous empêchait de nous retrouver. Petits, nous étions suffisamment proches et inséparables pour ne pas en pâtir. Aujourd'hui; c'était une image que nous souhaitions effacer, l'un comme l'autre, sans pouvoir se l'avouer mutuellement. Et si la lune me correspondait pourtant plutôt bien, j'ignorais à quel point mon frère cachait son côté sombre. Nemesis. Il n'était peut-être pas vraiment le soleil, peut-être que cet astre mythique proche de lui lui correspondait mieux. Je n'en savais rien, et je crois que si je l'avais supposé, j'en aurais été triste pour lui. Je ne voulais pas qu'il souffre, et cette sensation d'étouffer qu'il ressentait à force de porter son masque rayonnant tous les jours, j'aurais aimé pouvoir l'effacer. Je n'en savais rien, et n'en étais de toutes les façons pas capable, au demeurant. Mais s'il reniait nos grands-parents, s'il revenait vers nous ? J'en serais ravie. Et eux pourraient le mépriser tant qu'ils voulaient, j'étais persuadée que le reste de la famille l'accueillerait à bras ouverts. Je m'en assurerais, d'ailleurs.

Quant à nos deuils respectifs... Le mien n'avait jamais été total, parce qu'au fond, il me suffisait de faire appel à mon don pour garder un contact avec elle, à défaut de physique. Et Nath' avait si bien caché sa peine que tout le monde, moi y compris, pensait qu'il avait surmonté cette épreuve la tête haute. Non pas que je pensais qu'il n'avait pas aimé notre mère, ou que ça ne lui avait rien fait. Il m'avait récupérée, ce jour-là, et même si je n'étais pas bien vieille et lui non plus, nous avions partagé la même peine. Mais depuis, il avait toujours tout fait pour se montrer fort, joyeux, pour faire croire qu'il n'en souffrait plus. Et moi, triple andouille, je l'avais cru. Tout comme j'en arrivais à croire qu'il ne cherchait pas forcément à me voir, qu'il ne s'intéressait pas vraiment à moi, mais que c'était là un pur hasard dont il s'accommodait tant bien que mal. S'il avait seulement pu me dire qu'il était content de me voir ! Rien que ça, ça aurait suffi. Mais non, il en était incapable et moi, j'étais tout aussi incapable de poser la question, craignant par trop la réponse : s'il me disait clairement que non, il n'en avait rien à faire, j'aurais beaucoup de mal à l'encaisser. Et même si je vis bien qu'il détournait le regard, j'étais incapable d'en déterminer la raison.

Et j'étais tout aussi incapable d'imaginer qu'à mon tour, je venais de le blesser. Parce qu'au fond, je ne me souvenais pas vraiment que lui, comme les autres, avait refusé de me croire, plus jeune, lorsque je disais voir des gens que lui ne pouvait voir. Je ne me souvenais pas qu'il avait fait partie de mes détracteurs, sans doute parce qu'ils étaient bien trop nombreux, et que ça m'apparaissait comme un brouillard confus de regards accusateurs. Alors, seule la bienveillance de notre mère me restait en mémoire de manière précise, comme dernier rempart contre l'intolérance des autres. Et je n'avais certainement pas dit ça pour le faire culpabiliser, loin de là. C'était sorti presque tout seul, et je m'en voulais un peu, parce que je n'aimais pas me plaindre, encore moins alors que j'avais la chance rare de pouvoir passer un moment avec lui. Alors oui, je m'en excusais, même si j'avais été sincère pourtant. Et je ne sus pas comment interpréter le soupir qui passa ses lèvres.

« T’excuse pas, je suis ton frère après tout, tu peux bien me dire ce qui te tracasse…
- Si tu savais... »

Comme lui, ma voix s'était faite plus basse. Comme lui, j'avais du mal à sortir ces mots. Et j'étais clairement loin de pouvoir me laisser aller à la confidence : lui parler plus avant de cette guerre intestine qui me pesait parce que je refusais d'y prendre part et que les autres ne comprenaient pas mon désir de neutralité ? Evoquer mon entrevue avec la Directrice et évoquer encore l'intolérance des autres élèves ? Lui raconter encore mes déboires sentimentaux avec un garçon qui n'en avait clairement rien à faire de moi et qui, finalement, était très bien là-bas à Londres ? Non. J'en étais incapable. J'avais déjà eu toutes les peines du monde à en parler à Rosa et Flo. Je ne comptais pas m'étendre davantage sur le sujet, d'autant que mes sentiments allaient être quelque peu chamboulés dans les semaines à venir. Et même si j'en avais déjà un peu parlé avec Vahon, lors de ma petite escapade nocturne en début de mois, je n'imaginais pas une seule seconde que j'allais m'entretenir davantage de toutes ces choses qui me pesaient avec qui que ce soit.

Quand mon jumeau reprit son habitude de pitre, je souris à mon tour. Le voir faire semblant d'être l'homme fort en montrant des muscles à peine existants pour prendre ma défense, au-delà du comique de la situation en elle-même, manifestait un minimum d'affection à mon égard et ça me rassurait un peu. Comme quoi même si c'était fortuit, il n'était pas complètement mécontent de la tournure des choses, sinon il n'aurait pas cherché à prendre ainsi ma défense, n'est-ce pas ?

« Regarde ces muscles ! Tu me montres ceux qui t’embêtent et ils vont tâter de mon poing ! Bon avant je les ferais rire pour les déconcentrer, comme ça le combat sera plus équitable !
- Tu n'aurais pas fini de te battre, tu sais, si tu devais te mesurer à tous ceux qui m'ennuient au quotidien. Et je n'ai pas envie de te voir à l'infirmerie à cause de moi. Des blessures de guerre, on en a suffisamment eues comme ça. Mais merci. »

D'être là, malgré tout, malgré ce fossé qui s'est creusé entre nous et que nous ne savons pas comment combler, ni l'un ni l'autre. De chercher à me faire sourire même quand je ne vais pas complètement bien comme ce matin, d'autant que ça fonctionne et que je finis même par éclater de rire à force de te voir faire le zouave. De prendre ma défense alors qu'ils sont si rares à le faire, même si ça n'est que des mots à cet instant. Tu es là, tu les as prononcés, ces mots, et tu ne t'en rends peut-être pas compte, mais ça me fait un bien fou. Il faut que je retire la selle de ma monture, et que je la panse, mais je n'ai pas envie de m'éloigner de lui. Alors après une seconde d'hésitation, je finis par ajouter.

« Tu veux venir avec moi à l'intérieur, le temps que je m'occupe de lui ? »

D'un geste de la main, je désigne le cheval à mes côtés. Et j'espère sincèrement que la réponse sera oui, même si je ne le forcerai pas à rester s'il me disait non.
Revenir en haut Aller en bas
 

29. Closer : Twin flames ♫ ft. Nathanael Delibes

Voir le sujet précédent Voir le sujet suivant Revenir en haut 
Page 1 sur 1

 Sujets similaires

-
» 10. Retomber en enfance ♫ ft. Rosalina && Nathanaël
» 27. La guerre des écuries ♫ ft. Nathanael && Vahon
» 01. Micaëla Thaïs Delibes ♫ Fiche
» 02. Micaëla Thaïs Delibes ♫ Suivi perso
» 24. And I want to thank you ♫ ft. Jonatan de Robles

Permission de ce forum:Vous ne pouvez pas répondre aux sujets dans ce forum
Fiona's Laboratory :: RP&co :: Holly :: Micaela - Vulnera Samento-