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 16. Événement international • inauguration ♫ ft. people

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MessageSujet: 16. Événement international • inauguration ♫ ft. people   16. Événement international • inauguration ♫ ft. people EmptyMer 28 Jan 2015 - 17:41

La Place du Souvenir. Nous y étions arrivés ensemble, et je dois bien avouer que j'en étais enchantée. Ce qui contrastait avec l'occasion, de fait, puisque nous commémorions les morts. Il y avait déjà foule, mais elle n'était fort heureusement pas compacte, bien espacée chacun sur un siège, discutant avec son ou ses voisins. Nous étions arrivés en avance, et pourtant, nombre de rangs étaient déjà occupés, sans que nous soyons relégués tout au fond pour autant. Reconnaître des visages parmi les spectateurs serait tâche impossible, et j'abandonnai l'idée de retrouver Rosa parmi toutes ces silhouettes pour la plupart inconnues. De toutes les manières, mon regard était irrémédiablement accroché aux yeux bleus de mon correspondant, et cavalier, si je puis dire ainsi, pour l'occasion. C'était aussi ce qui avait achevé ma décision de venir pour l'inauguration : la possibilité de le revoir. De là à lui avouer à quel point je pensais à lui depuis que j'avais commencé à correspondre avec lui, il y avait un gouffre que je n'avais pas le courage de franchir. Mais si je m'étais au départ voilà la face, je ne pouvais que me rendre à l'évidence, à force. Ses lettres m'avaient à chaque fois amené le sourire aux lèvres, mes doigts tremblaient quand je les décachetais, mon coeur s'affolait à mesure que mes yeux parcouraient les lignes qu'il avait écrites.

J'avais eu toutes les peines du monde à en parler aux deux jeunes filles les plus proches de moi, Rosa et Ana. Et même Flo, qui avait pourtant toujours été mon confident jusque-là, n'avait pas eu droit à mes confidences. Je me sentais parfaitement ridicule, le rouge me montant aux joues au moindre de ses mots pouvant s'apparenter à un compliment. Et en même temps, je n'aurais quitté ma place pour rien au monde, et j'appréhendais déjà mon retour à BeauxBâtons demain. La rentrée approchait à grands pas, je n'avais pas d'autre choix. Mais il était clair que j'aurais bien aimé pouvoir rester quelques jours de plus à Londres. En attendant, nous discutions de tout et de rien, tandis que les autres spectateurs se joignaient à nous, emplissaient les chaises encore vides, ajoutant leurs voix au brouhaha ambiant. Et seulement lorsque le son décrut, alors détournai-je le regard des beaux yeux bleus de Cygnus pour le reporter sur l'estrade où notre Directrice s'avançait.

Et mes applaudissements se joignirent à ceux de la foule, sans doute partagée cela dit. Je me souvenais parfaitement de notre entrevue au cimetière de l'Académie, je me souvenais de sa question, et je ne doutais pas un instant de ce qu'elle sous-entendait. Mais pour ma part, qu'elle s'en veuille, qu'elle tente de se racheter, et surtout, que les âmes des défunts lui eussent pardonné, suffisait à me convaincre qu'elle n'était pas fautive. Et à pardonner les erreurs qu'elle avait pu faire, quelles qu'elles soient. Je détaille d'ailleurs sa tenue, somptueuse, et d'une classe indéniable. J'ai toujours admiré ce côté chez elle, ça ne risque pas de changer maintenant. Tout comme j'ai tout de suite remarqué le goût pour les vêtements de la psychomage. Je suis moins conventionnelle qu'elles, mes tenues sont peut-être un peu plus détonantes, pourtant j'y apporte aussi grand soin, dans mon style plus... décalé. Et comme elle salue l'assemblée, j'incline légèrement la tête, comme si elle avait pu le voir, alors que je sais très bien qu'il n'en est rien.

« Vous me connaissez tous déjà. Je suis Pénélope Courterois. Dans la longue lignée de celles qui ont succédé à Mona Lisa, je suis la seule à pouvoir me trouver là, ce soir, pour vous parler de l'Académie de Beauxbâtons et de ce qu'elle représente, non seulement pour les enfants de France, mais pour ceux de Russie et d'Angleterre. »

Elle est digne, elle est solennelle, et le charisme qui l'enveloppe m'impressionne plus encore que d'ordinaire. J'ai envie d'une crayon et d'une toile, de croquer sa silhouette, de dépeindre ses traits et la grâce qui s'en dégage, mais je suis bien loin d'un quelconque atelier. Alors je grave son image dans mon esprit du mieux que je peux, pour plus tard. Et j'écoute, attentive, les mots qui déferlent entre ses lèvres. L'union de tous, voilà ce que nous devons en retirer, et vénérer. Je ne peux qu'agréer.

« La rentrée se prépare. A Beauxbâtons, les cicatrices sont pansées, mais nous n'oublions pas les blessures du passé. Le jardin des disparus est là pour nous le rappeler – dans nos cœurs, ce sont leurs visages qui sont gravés, pour l'éternité. Lorsque j'ai vu mon école ravagée, mes étudiants massacrés, et tout ce en quoi je croyais - piétiné sans la moindre pitié, malgré les efforts déployés, et cette protection que je croyais pouvoir assurer – c'est mon univers qui s'est effondré. Pour remporter cette guerre, nous avons tous beaucoup sacrifié. »

Je sais, je sens, à quel point elle est sincère, et même si je ne sais pas exactement ce qu'elle a sacrifié pour sa part, je sais que le prix payé est encore bien lourd et pèse sur ses épaules. Si les morts pouvaient parler, pourraient-ils l'apaiser ? J'ai tenté de le lui faire comprendre ce jour-là, dans le cimetière, mais je suis incapable de dire si je suis parvenue à un quelconque résultat. C'est mon lot : être plus proche que des vivants. Pourtant, il est à mes côtés, et si je n'arrive pas à l'exprimer, je lui en suis tellement reconnaissante que je crois que c'est écrit dans mon regard. Tout comme je voudrais pouvoir exprimer ma compassion pour la Directrice, alors que les mots me manquent toujours cruellement pour définir mes sentiments.

«L'Académie de Beauxbâtons n'est pas juste une école. C'est un foyer. C'est une maison. C'est un havre de paix où chacun doit pouvoir se sentir en sécurité. »

Elle ne pouvait pas dire mieux, et je suis particulièrement touchée par cette vérité. Si Landernau est ma demeure familiale, si c'est là que les souvenirs de ma mère sont les plus vivaces et que je retrouve mon très cher père, BeauxBâtons est ma seconde demeure, et l'endroit où je peux tenter de retrouver mon frère. Je sais que je serai heureuse d'y retourner, de retrouver ce qui s'apparente grandement à un chez moi, même si ça signifie être loin de lui. Mes pensées varient, entre les morts, les sacrifiés, la douleur et la reconnaissance pour la libération qu'ils nous ont apporté, l'espoir d'un renouveau et la chaleur du foyer qu'est l'Académie pour moi, la toile que je compte entreprendre pour représenter cette femme si digne et si belle, et vulnérable et forte à la fois qui se dresse devant nous. Et ce sentiment si profond qui m'étreint le coeur mais que je n'arrive pas à exprimer, et dont j'ai un peu honte. Ce n'est pas le moment de m'éparpiller ainsi.

Elle s'incline et quitte le pupitre. J'hésite à me lever, mais m'abstiens finalement, tout en applaudissant avec frénésie, presque. Je sais qu'elle est sincère, je sais qu'elle a souffert et je sais le poids qu'elle porte sur ses épaules. Mais elle est là, et ne faillit pas, et rien que pour ça, elle mérite le respect.

« Son coeur saigne. »

Et moi j'en avais les larmes aux yeux. Ma sensibilité était décidément bien trop à fleur de peau pour mon propre bien. Elle n'est pas la seule, je le sais bien. Et beaucoup n'y croient pas, ça aussi j'en suis consciente, mais moi je le sais, et j'avais besoin de le dire. Et lui, qu'en pense-t-il ? Tandis que les intervenants changent de place, je repose mes prunelles vert pâle sur lui, esquisse un sourire triste. Si je l'ai évoqué dans mes lettres, je n'ai jamais précisé exactement mon don, et je ne sais pas ce qu'il en a entendu, et je n'ai jamais, non plus, décrit mon entrevue avec la Directrice. Je n'en voyais alors pas l'utilité, mais à présent, j'ai envie de lui expliquer, de lui faire comprendre. Ce n'est pourtant pas le moment, et je garde le silence à contrecoeur, attendant la prochaine intervention comme le reste de l'assemblée.

***

L'oppression étreignait peu à peu mon coeur. Je crois que cette Place du Souvenir amenait son lot d'esprits, même s'ils ne se présentaient pas à moi. Je sentais des présences, autres que les vivants. Et comme toujours, elles me touchaient profondément. Alors loin de ma claustrophobie habituelle, dans cet espace pourtant ouvert, je sentais ma respiration s'alourdir, saccadée et difficile. Je la verrai demain, de toutes les manières, au moins chez Madame Guipure. Lorsque nous irions, comme si de rien n'était, procéder à nos achats de rentrée. Pouvions-nous seulement retrouver une vie normale après tout ça ? Je sais bien que c'était ce que nous nous efforcions de faire, et je crois que les sentiments naissants qui faisaient battre mon coeur m'y enjoignaient. Même si ça n'enlevait en rien à l'horreur des événements passés, même si ça n'effaçait pas le souvenir des disparus. Et moi j'étais là, parmi la foule, perdue entre ma romance pour le moins ridicule et l'ambiance lourde de ces lieux.

Madame de Courterois quittait l'estrade et j'avais applaudi, comme bon nombre des spectateurs. Je n'avais plus osé lui parler, sa froideur à mon égard m'ayant quelque peu repoussée, mais je n'en pensais pas moins ce que je lui avais répondu. L'émotion dans sa voix me confirmait mon opinion : quoi qu'elle eût fait, elle n'était qu'une victime de plus de cette organisation néfaste, je n'en démordais pas. Mais je savais que tout le monde n'était pas d'accord avec moi, et j'hésitai à donner mon opinion plus avant. Silencieuse alors, je l'observai encore un instant, gravant sa silhouette dans ma mémoire, certaine de produire prochainement une toile à son effigie, qui resterait secrète, cependant, tant j'étais persuadée que, tout comme ma réponse, elle risquait fort d'être mal perçue.

Je crois finalement que je suis plus à l'aise avec les morts qu'avec les vivants, et même si c'est assez triste à dire, je n'y peux rien. Ca ne me facilite pas la tâche quand il s'agit de tenter de me faire bien voir par la seule personne pour qui je voudrais que ça compte, et j'ignore comment faire à cet instant. Et tandis que la Directrice de Durmstrang prend la parole, j'ai toutes les peines du monde à respirer normalement, et mes mains se crispent un peu sur mes genoux.

« On pourrait croire que les valeurs et les traditions de notre noble institut ne sont que progrès, qu'avancement, que compétition, que prix et que gloire. Celles-ci sont également persévérance, elles sont vérité, elles sont force, elles sont grandeur et elles sont celles qui ont été au cœur de cette bataille. Cette nuit, nous sommes ici pour nous recueillir sur tous ceux qui ont laissé leur vie en se battant pour ce qu'ils croyaient juste pour cet idéal qu'ils défendaient. Nous n'avons pas laissé l'horreur triompher et malgré les cicatrices qui déchirent les flancs de nos cœurs et de nos êtres, nous sommes toujours debout. »

Très différent du précédent, son discours n'en est pas moins fort. Ses propos résonnent, dignes et fiers. Mais pour ma part, j'ai toutes les peines du monde à rester debout, comme elle l'annonce, ou plutôt assise. La reconnaissance des âmes perdues vibre dans l'air lorsqu'elle affirme que nous n'avons pas laissé l'horreur triompher. Et comme un écho, je crois que je tremble aussi.

« L'ordre est désormais revenu sur le monde magique. Cet ordre si précieux qui nous permet à tous de reprendre le cours de nos vies. Un peu plus lentement, les membres encore fourbus de la bataille, mais la tête haute. Ainsi donc devait être le monde, ainsi donc le destin devait-il être, et nous avons été unis devant celui-ci. Dans l'adversité, l'unité a vaincu et a déplacé des montagnes. La magie ne sera jamais aussi forte et vivante que l'amour, que l'amitié, que la ténacité. Les liens qui nous unissent sont plus puissants que jamais et il ne tient qu'à nous de les tenir et de ne jamais les perdre. Ce soir, nous célébrons certes nos morts au combat, mais nous célébrons surtout cette fraternité entre nous. Nous sommes ici, nous sommes eux, nous sommes ce qu'ils voulaient être et ce que la vie a voulu que nous soyons. Nous sommes ensembles. »

Elle a raison, et c'est effectivement ce qui a fait notre force, ce qui a permis d'obtenir une victoire pourtant incertaine. A cet instant, cependant, je suis seule parmi les morts, puisant de la force dans l'habitude de les côtoyer, maigre rempart pourtant. Ils sont trop nombreux et je suis isolée. Je n'ai jamais caché mon don, mais je n'en ai jamais ouvertement parlé non plus. Mes lettres ont évoqué ma différence sans mettre un nom dessus et je ne sais pas s'il est réellement au courant. Je crois que j'ai eu peur de sa réaction, d'un énième rejet, si j'avais réellement évoqué ma capacité de médium auprès de lui. Maintenant je le regrette, parce que je n'ai aucune explication à fournir, et rien auquel me raccrocher. Ma vue se brouille, la tête me tourne. Je n'arrive plus à penser à autre chose qu'à mon souffle de plus en plus court.

Laissez-moi... Par pitié, laissez-moi... Allez-vous-en... Mais comment demander à ceux qu'on honore de quitter la scène ? On demande d'ordinaire s'il y a un médecin dans l'assistance, moi j'aurais besoin d'un médium. Quelqu'un comme moi qui comprendrait, qui saurait réellement comment m'aider. J'ai beau tenter de fermer mon esprit, ils sont trop nombreux et je n'y parviens plus. Et je blêmis à vue d'oeil, alors que Miss Westwood retourne à sa place.

***

Il est à côté de moi, et il ne se rend compte de rien. Je crois que ça me fait plus de mal que je ne veux bien l'admettre, même si je m'efforce de rester digne sur ma chaise. J'ai pourtant toutes les peines du monde à le faire, tremblante, crispée, respirant difficilement. Et alors que l'estrade est vide, je l'entends se poser une question qui m'a, certes, effleuré l'esprit, mais qui reste à présent peu importante à mes yeux.

« Je me demande bien qui va parler ensuite »

Il faut que je réponde, que je lui dise quelque chose. J'inspire difficilement, déglutit avec peine. Et m'efforce de prendre la parole d'une voix qui se veut aussi posée que d'ordinaire, bien qu'on pût sans doute y percevoir un tremblement.

« Je... Je ne sais pas... »

J'aurais voulu ajouter quelque chose, proposer des options de réponse, comme le directeur de Poudlard pour rester dans la lignée, ou ceux des universités. Je sais que j'en suis incapable, et je garde alors le silence, le regard embrumé, posé sur un point vide devant moi. Et puis je tourne la tête, cherchant encore de l'aide dans l'assistance. Un visage connu, autre que lui, que je refusais de déranger. Mes yeux trouvèrent ceux de ma cousine, qui me souriait. J'aurais voulu faire de même, mais aussi crispée que je l'étais, je ne parvins pas à esquisser plus d'un rictus douloureux.

J'hésite. Je sais que si je veux retrouver le contrôle de mon corps et la paix de mon esprit, il faut que je m'éloigne, que je quitte ces lieux trop chargés. Mais je suis venue pour ça, pour cette inauguration qui commémore la mémoire des disparus. Et il est là. Si je me lève maintenant - si tant est que j'en sois capable - il faudra que je lui explique. Et je ne m'en sens pas la force encore. Pourtant, si je reste, je sens bien que je ne tiendrai plus très longtemps. Le discours suivant peut-être, mais guère plus. Et après ? Que va-t-il se passer ? Je n'en sais rien. Même au cimetière blanc de BeauxBâtons, malgré les sentiments partagés des âmes présentes, j'ai pu tenir. Ils étaient moins nombreux cela dit, même si c'était bien plus que ceux que j'ai plus ou moins l'habitude de côtoyer. Immobile et indécise, je tente vainement de prendre une décision. Et je crois que mes sentiments l'emportent sur la raison. Je ne veux pas qu'il m'en veuille, autant de mon don et de ce qu'il représente que de mon abandon si je quitte les lieux, ou de le priver de ces moments si importants. Je dois tenir. Garder un semblant de dignité. Et je puise dans tout ce que je peux avoir de force pour le faire, incertaine pourtant du résultat.

***

Tout comme le discours de la Directrice de Durmstrang, celui du Directeur de Poudlard me parvient comme dans un brouillard épais. Je ressens la solennité de son ton, sans parvenir à réellement lire l'expression grave de son visage. Quelques phrases sortent du lot, peut-être parce que leur écho résonne aussi chez les morts autour de nous ? Je n'en sais rien, je m'y accroche autant que je peux, incapable du moindre geste.

« Nos sorciers sont cependant allés au-delà. Ils n'ont pas hésité à combattre même lors de l'avènement de la terreur – au péril de leur vie. Nous leur devons tout. A chacune des personnes que nous avons perdues. A chacun des sorciers dont nous pleurons la perte. N'oublions jamais, que si nous célébrons la paix, aujourd'hui, c'est grâce à eux. »

Autour de moi, il y a plus de reconnaissance dans ces mots que dans tout le discours de Miss Westwood. Ils sonnent sans doute plus justes aux yeux des morts. Plus... Je ne sais pas trop quoi. Mais ils les touchent, clairement. Et ils touchent surtout un visage féminin qui pleure de le voir ainsi endeuillé. J'ai peur de comprendre, et peur qu'elle me demande quelque chose. A l'heure actuelle, je suis incapable de rien, et je crains de ne pas pouvoir accéder à sa demande, si toutefois elle en formule une. Je devrais plutôt m'inquiéter pour mon sort, je sais les risques que j'encours. Pourtant je reste immobile, aussi concentrée que possible alors que tout me semble flou autour de moi. Il faut que je m'accroche. Que je tienne le coup, encore un peu.

« Mais le plus important, il me semble, c'est l'amitié nouvelle qui s'est liée entre les étudiants des différentes écoles. Durmstrang, Beauxbâtons et Poudlard n'ont jamais été aussi proches. Ce n'est plus la compétitivité qui anime nos relations. C'est une profonde amitié. Et c'est ce qui fera notre force à l'avenir. Nous ferons tout pour entretenir ce lien, pour que jamais personne ne vienne le rompre. Cette place en est le symbole. »

Il a fini et je dois applaudir. Lever mes mains m'apparaît comme une tâche incommensurable et j'applaudis trois fois, un son bien faible presque inaudible entre mes mains tremblantes, avant de les reposer sur mes genoux, serrant sans trop m'en rendre compte ma jupe. C'est au tour d'Ariel, et si nous ne nous connaissons pas plus que ça, je sais qui elle est. Qui l'ignore, en fin de compte ? J'entends ses mots au loin jusqu'à quelques phrases qui me touchent particulièrement.

« Je nous imaginais déjà Zazy, Paula et moi, vieilles et rabougries, devenues les meilleures amies du monde et ressassant nos souvenirs du tournoi. Cela ne se fera jamais. L’Organisation ne m'a pas pris, c'est vrai. Elle a pris ma soeur. »

Je ressens encore une fois son mal-être, ou est-ce celui d'un esprit présent ici ? Je suis incapable de le définir et je me perds dans la masse des âmes autour de nous. Je ne sais plus si c'est moi qui l'entends, ou si je réagis pour eux. Des larmes roulent sur mes joues autant que l'émotion transparaît de la voix d'Ariel. Douleur, peine, colère, rancoeur, tout se mêle et je ne sais pas m'en sortir, je ne suis plus capable du moindre geste, à peine à même d'entendre encore les mots qu'elle continue de prononcer. Je crois que je ne réalise même pas vraiment qu'elle a salué l'assistance et est descendue de l'estrade. Je ne vois plus les vivants, seulement les morts, et mon esprit semble se perdre parmi eux.

***

Encore un discours. Celui de Kurt. Encore un discours et je suis incapable de me concentrer sur ses mots, alors pourtant que je me focalise dessus pour ne pas sombrer. Je comprends son sentiment de honte, mais je voudrais pouvoir lui dire qu'il n'a pas à l'être et qu'autour de nous, ceux qui sont là comprennent.

« Et tous ces morts. Ceux-là mêmes à qui nous tentons de rendre hommage aujourd’hui. Ils sont morts injustement, ils sont morts innocents, pour nous protéger… »

Une vibration dans les esprits autour de nous me met plus mal à l'aise encore et je ferme les yeux. Elle résonne trop fort, relayée par je ne sais combien d'âmes. Je ne tiens plus, et je ne vois pas l'orateur s'adresser à ses deux camarades d'infortunes, je ne l'entends même plus vraiment, en fait. Pourtant une phrase m'interpelle et je rouvre les yeux pour scruter le visage de Kurt.

« J’ai vu Paula, son fantôme. J’ai vu ses yeux égarés, j’ai senti son cœur lourd, le cœur d’une jeune fille à l’avenir plein de promesses, partie trop tôt, trop brusquement. J’ai vu nos morts. »

Un instant, je me mets à m'interroger sur ces mots. Est-il comme moi ? Si c'est le cas, il gère mieux que moi, et j'ai à apprendre de lui. Pour l'heure cependant, il fuit l'estrade et moi je fuis cette assemblée. Tremblante, chancelante, je me lève et bredouille un « Excuse-moi » mal assuré pour Cygnus à mes côtés. Je n'ai même pas le courage de le regarder et je m'accroche aux dossiers de chaises pour traverser, tant bien que mal, les rangs vers la sortie. C'est au tour d'Enora, sans doute, mais si sa voix s'élevait parmi la foule, je n'étais plus vraiment capable de l'entendre. Je cherchais ma cousine du regard, je sentais bien que je ne tiendrais pas debout très longtemps. Regarder autour de nous, disait la championne, moi j'en étais incapable, je fixais Rosa et me dirigeai maladroitement vers elle. Il fallait que je m'éloigne, et je m'en voulais de la priver de la fin de l'inauguration, mais avais-je réellement le choix ?

« Je tenais à adresser un message aux familles de mes camarades… Ben et Zazy… »

« Tu les adresses aussi à Ben et Zazy et Paula… » songeai-je, pendant le silence qui suivit, et qui me paraissais interminable. Ils étaient tous là, sans surprise. Les nommés et les anonymes. Les champions et les victimes. Et je n'arrivais plus à en faire abstraction depuis un bon moment déjà.

« Et pour partir sur une note un peu plus joyeuse, profitez bien des Jeux Olympiques, et n'oubliez pas combien, ensemble, nous sommes forts. »

J'atteignis enfin Rosa, livide et vacillante, et posais une main sur son bras, le visage ravagé de larmes, aussi mal que honteuse de ne pas pouvoir contenir suffisamment mon don. C'était pour ce genre de choses, notamment, que Maman me manquait terriblement. Elle, elle aurait pu m'apprendre à gérer ça, je crois. Sans elle, même si je pouvais voir son fantôme parfois, j'étais démunie. Je ne connaissais personne partageant ma particularité, et ça restait une croix bien lourde à porter, même si je ne souhaitais pas me renier, malgré tout.

« Il faut... que je m'éloigne... »

Je n'en pouvais plus. Réellement. Je n'étais plus capable de tenir debout, même, et m'effondrai au sol, encore consciente, à genoux et les bras tremblant sous le poids de mon torse, mais plus capable de grand chose malgré tout.

« Je suis désolée... »

Je m'en voulais d'incommoder ma cousine. Si j'avais pu, je serais partie dignement, je lui aurais assuré que tout allait bien, j'aurais fait en sorte de ne pas l'inquiéter. Mais c'était hors de portée à présent, j'avais attendu trop longtemps.

***

« Rien ne remplacera ceux que nous avons perdu. Ils seront toujours dans nos coeurs et dans nos esprits. Nous sommes ici pour témoigner de leur bravoure, de leur bataille. Ils ne sont pas morts en vain, et c'est leur mémoire, leurs gestes, que nous honorons. »

C'est au ministre de prendre la parole tandis que je m'évertue à rejoindre ma cousine, et je l'entends de tellement loin... Je ne vois plus qu'elle, le monde autour de moi me semble parfaitement flou, perdu dans une brume épaisse. Je suis déjà debout, quand la foule l'acclame. Je suis debout, mais dos à lui, cherchant la sortie, désespérément, honteuse de perturber la cérémonie, désolée de devoir incommoder ma cousine.

« Non ! Ne t’excuse pas ! Tu n’y es pour rien ! »

J'entends les mots qu'elle prononce comme à travers une vitre, Comme si elle était perdue au loin. Pourtant je sens ses bras autour de moi, cherchant à me relever. Je sens à peine mes jambes, supportant difficilement mon poids pourtant léger.

« Viens… »

J'entends tout comme au loin, et pourtant je perçois le vacarme. Et je chancelle encore, quand les champions tombent à leur tour.

« Qu'est-ce qu'il se passe ? »

Je n'ai rien vu, je n'ai même pas la force de me retourner pour assister au sinistre spectacle. Des voix murmurent, pourtant, autour de moi, parmi les morts. L'indignation, la colère, la tristesse et la peur règnent en maître. Et moi je regrette d'avoir mis les pieds à Londres, pour y trouver un homme qui jamais ne me regardera comme moi je le regarde, pour y avoir subi les faiblesses de mon don encore erratique, pour être incapable, finalement, de réellement comprendre ce qu'il s'y passe. Il me tarde d'être à demain, de revenir en France. Si je survis jusque-là.

Je trébuche encore, m'agrippe à la première personne qui passe, sans me rendre compte que ma chute a repoussé ma cousine. Je ne sais pas qui je retiens, pas même si c'est un garçon ou une fille, tout ce que je sais, c'est que je ne parviens pas à défaire mon emprise, trop vacillante pour tenir debout toute seule. Et je m'y accroche, comme à une bouée de sauvetage, sans savoir qu'il cherchait à venir en aide aux malheureux champions, inertes. Je n'ai aucune idée de ce qui leur est arrivé, je n'ai aucune idée de l'état de la stèle. Le drame, je l'ai entendu de loin dans un brouillard diffus. Mais des mots me parviennent pourtant, prononcés non par les vivants, mais parmi les morts. "Attentat". "Drame". "Explosion". "Trahison". Je pleure encore, plus que jamais. Je suis incapable de me battre ni contre les traîtres en questions, ni contre mon don. Je ne suis même plus capable de m'accrocher encore à lui, et mes doigts se dénouent. Ma vision se brouille plus encore, le monde autour de moi s'obscurcit. Et dans un dernier murmure avant de sombrer dans l'inconscience, je prononce le nom de ma cousine, la seule ici à vraiment se soucier de moi.

« Rosa… »
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