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 24. And I want to thank you ♫ ft. Jonatan de Robles

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MessageSujet: 24. And I want to thank you ♫ ft. Jonatan de Robles   24. And I want to thank you ♫ ft. Jonatan de Robles EmptyMer 28 Jan 2015 - 17:55

Mon passage à Londres ne m'a pa slaissé que de bons souvenirs. A vrai dire, il m'a plutôt laissé de mauvais souvenirs : le désintérêt de Cygnus, d'abord, l'inauguration de la stèle et mon malaise qui s'en est suivi, à cause du trop grand nombre d'esprits, les courses de la rentrée et ce qu'elles ont impliqué d'humiliation pour moi... La course aux livres où je me suis retrouvée dénudée notamment, puis ma maladresse à l'animalerie et notre passage avec Rosa chez Madame Guipure où nous avons rencontré cette drôle de vieille dame... Et enfin Gringott's . De positif, je ne voyais que l'acquisition gratuite de nos uniformes, payées par la dame âgée, et le fait que j'aie récupéré Brontë, même si elle était interdite à BeauxBâtons et qu'elle risquait de m'attirer des ennuis. Et le pire, au final, ça avait sans nul doute été, donc, la Banque Magique.

Parce que me retrouver enfermée dans ce coffre, c'était tout bonnement insupportable. Ca n'était pas pour rien que c'était mon épouvantard. Si j'avais été seule, je crois que je n'aurais jamais pu m'en sortir. Heureusement, il y avait Mademoiselle Courterois était là pour nous tirer de là, et surtout Jonatan. Je ne connaissais pas plus qu eça mon camarade avant la rentrée, nous nous croisions seulement, mais ce jour-là, il avait été l à pour moi et je lui en étais particulièrement reconnaissante. Meême si jusque-là, je ne lui avais rien dit. Je comptais bien y remédier cela dit.

C'était un jour comme les autres, mais je m'étais promis de le trouver et de le remercier, de cesser de remettre ça à plus tard, trouvant pour prétexte que je n'étais pas tombée sur lui par hasard ou qu'il y avait trop de monde au déjeuner... Vêtue de mon uniforme que je portais sur un collant opaque blanc orné de licornes bleues aux chevilles, j'avais tressé mes cheveux sur le côté opposé à la pointe de mon chapeau. Mes parchemins et livres de la matinée dans les mains, j'arpentais les couloirs, observant les autres élèves, à sa recherche. J'avais passé un moment dans le trèfle à sa recherche, et fini par me diriger vers l'orchidée, où il passait peut-être un examen. Une fois n'est pas coutume : d'ordinaire, je m'efforçais de ne croiser aucun regard, des fois qu'on me prenne à partie, mais cette fois, je prenais le risque, puisqu'il fallait que je lui parle, et que ce serait dommage qu eje passe à côté de lui sans le voir.

Et quand je l'aperçus pas loin des salles que je connaissais bien, un sourire fleurit sur mon visage.

« Jonatan ! »

Je lui adressais un signe de la main en approchant.

« Je voulais te remercier pour... Enfin tu sais... »

Pas très désireuse de me donner en spectacle devait d'autres élèves et de risquer de nouvelles moqueries, je jetai un coup d'oeil autour de nous.

« Tout le monde n'aurais pas forcément aussi bien réagi. Et toute seule je serai restée là-bas longtemps... Alors merci. »

Je franchis les derniers mètres qui nous séparaient, les doigts noués sur mes ouvrages, et finis par ajouter.

« Je sais pas gérer ça. J'ai d'autres occasions d'être malade à défaillir, mais je crois que c'est le pire... Comme quand il sont trop nombreux et... »

Je m'arrêtai subitement : je n'avais pas vraiment envie d'expliquer qui « ils » étaient. Et en même temps, maintenant, j'en avais un peu trop dit.

« Je... Mmmh... On peut aller ailleurs. Plus loin des autres ? »

Et en l'occurrence, je ne voyais que trois options : les écuries, mais nous en étions assez loin, la salle de répétition de l'orchestre ou l'atelier. Les endroits où je me sentais le mieux, en fait. Et le plus proche restait l'atelier créatif. Et à cette heure, il ne devait pas y avoir trop de monde, la plupart des élèves étant partis déjeuner. Ca me faisait toujours un peu bizarre d'emmener des gens ici, dans mon antre si je pouvais l'appeler ainsi, mais pour l'instant, je ne voyais pas mieux. Pourtant, une fois sur place, je ne parvins toujours pas à reprendre la parole.

***

Les morts et l'inauguration. Un vaste sujet pour moi. J'avais fini en piteux état, ramassée par ma cousine, la concentration d'esprits étant trop important pour mon don pas encore parfaitement maîtrisé. J'avais entendu l'explosion, sans bien comprendre ce qu'il s'était passé, et c'était Rosa qui m'avait expliqué, plus tard. J'avais eu mal, autant physiquement car le malaise qui m'avait saisie avait été puissant, que mentalement, pour tous ceux qui étaient partis, pour ceux qui étaient restés et dont la peine était particulièrement évidente, pour les champions qui avaient fini à terre alors.

Et puis comme si ça n'avait pas suffi, il y avait eu Gringott's. Je n'avais vraiment pas eu besoin de ça. Mais mon mal-être, sans que je le sache, avait eu au moins un effet bénéfique : couper Jonatan de notre Directrice. J'ignorais les griefs qu'il pouvait avoir à son encontre, alors même que la plupart des Hestia avait tendance à être plutôt neutre. J'ignorais cette inimitié et le fait que ma claustrophobie lui eût permis de trouver une échappatoire. Tout ce que je savais, c'était que je ne m'en serais pas sortie sans lui, même si Mademoiselle Courterois ne m'eût sans doute pas laissée croupir là-bas, au fond. Je n'avais pas de souvenir précis ni de sa présence à partir du moment où les portes se furent refermées, ni de ses actes. Tout ce dont je me rappelais, c'était de la voix de Jonatan et de ses bras m'aidant à sortir une fois qu'enfin nous pûmes le faire.

J'ignorais tout de la lettre qu'il avait reçue, de la mort de sa meilleure amie, de sa souffrance, mais je pouvais le voir, cependant. Ses yeux rougis, par les larmes peut-être, par d'autres substances sans doute, l'odeur d'alcool qui émanait de lui et me faisait froncer le nez. Et cet air ahuri, perdu, loin de se connecter avec la réalité. J'approchais une chaise, l'air peinée pour lui, comme il me répondait finalement.

« De rien… Mais pour… pour… Pourquoi ?
- Parce que tu m'as aidée dans un moment où j'en avais particulièrement besoin. Et que je voudrais pouvoir te rendre la pareille maintenant... »

Sauf que j'ignorais tout de son mal-être. Ca ne m'empêcha pas de le guider jusqu'à la chaise où je le fis asseoir, et d'aller lui chercher un verre d'eau, histoire qu'il se réhydrate un peu. je ne connaissais pas grand chose à l'alcool, je n'y touchais pas, mais j'avais souvenir d'Ana m'expliquant que les lendemains de fête, elle vidait une bouteille en une demi-journée à peine, pour se réhydrater, donc. Nul doute que Jonatan en avait tout autant besoin qu'elle dans ses cas-là.

« J'imagine bien que ça ne me regarde pas, alors je ne te poserai pas de question. Mais si tu as besoin de quoi que ce soit, je suis là... Et je peux écouter, si tu as besoin de parler. »

Ce dont je doutais très fortement. Ou tout du moins, pas avec moi. Nous ne nous connaissions pas. Mais parfois, c'est plus facile de parler à un inconnu, j'en sais quelque chose, alors... Je tentais le coup. Ces derniers jours étaient déjà passablement mouvementés, et je n'oubliais pas la promesse que j'avais faite à la nymphe dans les bois, mais rien ne m'empêchait de prendre, aussi, un peu de temps pour les autres sorciers, en plus de celui que je devais donc consacrer à rendre à la Nature sa gloire d'antan. Jonatan m'avait sorti d'un très mauvais pas, je ne pouvais simplement pas le laisser là, comme ça, sans rien faire. Même si je ne voulais pas non plus trop m'imposer, ma sainte horreur des conflits refaisant toujours surface dans ces cas-là.

***

La gratitude... Il aurait beau dire qu'il ne la méritait pas, je continuerai de penser le contraire. Ici, il y avait bien souvent des gens pour profiter de mes moments de faiblesse, que quelqu'un, au contraire, me vienne en aide, je trouvais ça extraordinaire. Alors, oui, certainement que ça aurait dû être le contraire. Que ça aurait dû me sembler naturel. Mais ça ne l'était pas. Et Jonatan méritait, à mes yeux, au moins un remerciement.

Et manifestement un peu d'aide. J'ai bien vu que le verre que je lui ai tendu a fini en grande partie sur ses vêtements et non dans sa gorge. Mais ce n'est pas mon genre de me moquer, ni de jouer les marâtres et de le sermonner, parce que je me doute bien qu'il y a un abus de... je ne sais trop quoi, alcool, drogue ou n'importe quoi dont je n'ai pas l'habitude derrière tout ça. Il suffit de le regarder et de l'écouter pour le comprendre. Tout ce que je pense, c'est qu'il n'est pas comme ça, d'ordinaire, c'est un Hestia, pas un Dyonisos. Et même si je ne sais pas ce qui l'a poussé à ça, si c'est une erreur de parcours ou une habitude, loin de moi l'idée de le lui reprocher. Dans le premier cas, il n'y a rien à en dire, on fait tous des erreurs. Dans le second, avec ce que nous avons vécu ces derniers mois, il y avait bien de quoi sombrer dans tout et n'importe quoi. Et quand il me répondit, j'optais pour la deuxième explication, sans savoir cependant si l'abus de ces substances était régulier ou non.

« Un décès, un de plus… La personne qui comptait le plus pour moi, la seule en fait, qui a succombé à son coma. Rien d’important, après tout ce que nous avons vécu, n’est-ce pas ? Je suis faible, et je suis incapable de surmonter tout cela, voilà tout.
- Ca n'est jamais facile d'accepter le départ d'un proche. Et ça n'est pas parce que nous avons vécu ça de façon... démesurée ces derniers temps que ça rend les choses plus faciles. Ca ne veut en aucun cas dire que tu es faible. C'était qui ? Si... Enfin te sens pas obligé de répondre, pardon. »

J'ai sincèrement de la peine pour lui. Je sais ce que c'est de perdre quelqu'un qu'on aime très fort. Alors je pose une main sur son genou, agenouillée devant lui, l'air aussi doux que possible.

« Mais toi, comment vas-tu ? Qu’as-tu fait, cet été, après Gringotts ? As-tu apprécié ton séjour à Londres ?
- On fait aller, comme la plupart des gens, j'imagine. Après Gringott's, j'ai récupéré mes affaires et je suis revenue ici. Quant à apprécier mon séjour à Londres... »

Je lâchai un soupir. C'était loin d'être quelque chose dont j'avais envie de me souvenir.

« Disons qu'à un détail près, je crois que j'aurais préféré rester ici en fait. Les choses ne se sont pas vraiment déroulées comme je l'espérais. »

Inutile d'évoquer plus avant mes déboires amoureux, de toute façon, c'est réellement sans importance, même si ça me fait toujours un peu mal au coeur. Mais j'imagine que j'en verrai d'autres, si je commence - enfin dirait sans doute ma cousine - à regarder les garçons avec un réel intérêt.

« As-tu été chez ta famille ? J’espère que tu as pu te distraire quelque peu, t’éloigner de tout ce que nous avons vécu, passer de bons moments avec ta famille, tes amis, peut-être ton petit ami ou ta petite amie, que sais-je…
- J'ai vu ma famille cet été, mais je n'ai pas pu rentrer entre Londres et la rentrée. Mais j'ai mon frère, ma soeur, et mes cousins les plus proches ici, alors je ne suis pas complètement seule. Quant à un petit ami... Pour ça, il faudrait déjà en avoir eu un... »

Sincèrement, pourquoi je répondais à cette question ? A vrai dire, je n'en avais pas la moindre idée, j'étais juste venue le remercier et... ça n'avait aucun sens. Je tiltais seulement à présent sur la petite amie. Euh... Non je n'étais pas de ce bord-là, enfin en tout cas je le croyais, et donc... Je passais ce point sous silence finalement, c'était sans doute le mieux à faire.

« Et toi ? As-tu la possibilité de laisser... tout ça, de côté un peu ? »

Je songeais à part moi que je pourrais peut-être contacter cette personne qu'il avait perdue. Que, peut-être, un message de sa part lui ferait du bien. Ou au contraire le détruirait un peu plus. C'était toujours le souci avec le départ des gens. Outre le fait qu'on me croyait rarement quand j'affirmais parler aux esprits, les réactions n'étaient pas toujours positives. Avoir un dernier message d'un être aimé pouvait parfois être plus néfaste que de ne plus avoir aucun contact. Tout dépendait de la façon dont on faisait son deuil. Et concernant Jonatan, j'ignorais parfaitement la réaction qu'il pourrait avoir.

***

J'ignorais si mes mots parvenaient à l'apaiser un peu, mais c'était ce que j'espérais. Parce que ça me faisait de la peine de le voir aussi mal, d'autant que cet état-là n'était pas vraiment dans les coutumes d'un Hestia. J'imaginais mal tout le reste mais ce sentiment de culpabilité qu'il ressentait, je le connaissais bien aussi. Je m'en étais voulu de n'avoir rien pu faire pour empêcher Maman de faire cette rupture d'anévrisme. Je l'avais su, tout comme elle, un peu avant, mais ça n'avait rien empêché. Elle était morte, foudroyée, devant mes yeux, et tout ce que j'avais pu faire, c'était serrer son corps sans vie dans mes bras et pleurer devant son esprit qui me répétait que tout allait bien se passer. Alors même s'il n'en parlait pas, et même si je ne posais pas la question, j'imaginais à peu près ce qu'il pouvait ressentir, parce que je crois qu'on passe tous par là, d'une manière ou d'une autre. On s'accuse de tous les maux, parce qu'on est encore là, et l'autre non. Mais au fond, on n'est pas responsable, à moins d'avoir sciemment levé la baguette pour lancer un avada kedavra. C'est juste un mécanisme qu'on enclenche, parce qu'on n'arrive pas à accepter la mort de ceux qu'on aime. Et cette culpabilité, ça nous donne une raison de ne pas oublier. Alors même qu'on sait très bien qu'on oubliera pas, quand bien même on continue à vivre. On ne sait juste pas faire autrement.

« C’était Madeleine… ma meilleure amie, depuis toujours. Depuis que j’ai trois ans, je crois. Mes parents m’ont interdit de la voir, quand ils se sont aperçus qu’elle n’était qu’une roturière à leurs yeux. Je crois que je l’ai toujours aimée, sans m’en apercevoir. Et maintenant, je l’ai perdue… »

Je l'écoute parler de sa Madeleine, et j'ai de la peine pour lui. Pour plein de raisons, d'ailleurs, pour la perte de cet être si cher à son coeur, pour l'incompréhension de ses parents aussi. Et puis parce qu'il aura fallu qu'il la perde pour qu'il réalise la place qu'elle tenait dans son coeur. C'est humain, terriblement humain, de ne pas se rendre compte de la valeur des choses tant qu'on ne les a pas perdues, mais ça n'enlève rien à la douleur. Et les larmes qu'il s'autorise - enfin ? - à laisser couler en sont le témoin muet. Et moi je reste silencieuse, à le regarder, un air doux sur le visage, une main sur son genou cherchant à lui faire passer un peu de tendresse. Je suis même étonnée qu'il m'ait parlé de mon séjour à Londres, et qu'il s'intéresse réellement à la réponse que je lui ai apportée.

« Quel dommage que tu n’en aies pas profité. Peut-être passerons-nous du bon temps, ici, cette année. J’espère… Nous l’avons mérité, je crois. Quel élément as-tu apprécié ? Etais-tu seule à Londres ou avec des amis ?
- Je suis venue avec ma cousine, Rosalina. Je crois que je fais définitivement beaucoup trop de choses avec elle, j'ai du mal à l'idée qu'elle parte à Poudlard pendant plusieurs semaines. Mais c'est bien pour elle alors... Quant au détail sympathique... Disons que c'est mon secret. »

Je lui ai adressé un petit clin d'oeil, comme si ça pouvait vraiment dédramatiser la situation, même si je sais bien que ce n'est pas le cas. Je sais juste que ce n'est pas mon genre d'abandonner quelqu'un qui a l'air d'avoir besoin d'aide, et c'est son cas, manifestement.

« Au pire, tu retourneras surement chez eux aux prochaines vacances ? Quant à moi… Non, non, je ne suis pas retourné chez ma famille, entre Londres et la rentrée. Et très peu avant. On n’est pas vraiment en très bons termes, à vrai dire. Et je n’ai que mes parents. Je n’ai jamais connu le reste de ma famille, ils sont indignes de nous, d’après eux. Dans tous les cas, je ne compte pas y revenir. Je n’aurai pas perdu Madeleine sans eux, et ils ne sont que des idiots avec des notions désuètes de pureté, de noblesse… Il ne mérite pas que je reste avec eux. Je suis majeur, de toute façon, donc voilà.
- Je comprends ça. Ils devraient bien s'entendre avec mes grands-parents d'ailleurs... Moi je suis... la fille de mon père, donc celle d'un moins que rien. Ma mère n'aurait jamais dû épouser un moldu, selon eux, et nous, nous ne sommes que des erreurs de la nature. Enfin... peut-être pas mon frère, mais lui, ils ont bon espoir qu'il reprenne leur nom de famille qui va tomber aux oubliettes sinon. Enfin tout ça pour dire que je te comprends. »

J'ai fini par me relever et par aller chercher un nouveau verre d'eau puisqu'il a vidé le premier. Un sourire effleure mes lèvres quand il reprend.

« Tu es chanceuse, de bien t’entendre avec ta famille. Ils veillent sur toi, je suppose ?
- Mes cousins oui. Ma soeur et moi ne nous entendons pas vraiment bien. Et avec mon frère c'est... compliqué. Mais je suppose que ce sont des histoires de famille ordinaires... »

A l'origine, je n'avais vraiment pas prévu de parler de moi, mais j'ai l'impression qu'il a besoin d'entendre quelque chose de banal, histoire de sortir un peu, même quelques instants seulement, du drame qu'il a vécu.

« Je vais peindre un peu, avant de retourner en cours. Tu peux rester ici tant que tu veux. Et si t'as besoin de quoi que ce soit, n'hésite pas. »

Finalement je n'ose pas lui parler de mon don. Je crois que faire son deuil est le mieux à faire pour lui, et si je fais revenir Madeleine, j'ai peur qu'il ait toutes les peines du monde à la laisser partir, qu'il veuille encore et encore que je l'appelle. Et ça ne serait pas bien. C'est difficile, et je suis un mauvais exemple, parce qu'il m'a fallu plusieurs années pour arrêter d'appeler Maman à tout bout de champ. Mais je sais que pour continuer à avancer, il faut laisser les gens partir. Même si ça fait terriblement mal. Et puis je crois que j'ai peur aussi de sa réaction si je tente de lui expliquer ce que je suis et je n'ai pas vraiment la force de me battre, je ne l'ai jamais eue. C'est peut-être une solution de facilité, je n'en sais trop rien. Ce que je sais, c'est que je lui adresse un nouveau sourire, et que j'attrape mes pinceaux et ma palette pour terminer la toile que j'ai commencée pour Zeppelin.

***

« Je comprends ce que tu ressens, mais ne t'inquiète pas, tu te feras d'autres amis... Qui sait, peut-être que ça pourrait te faire du bien, après tout, de passer plus de temps auprès d'autres personnes ? Regarde moi, je n'ai jamais eu que deux amis, et maintenant... »

Je souris amèrement à ses mots. D'autres amis... En neuf ans, je n'ai guère pu m'en faire... Des connaissances, quelques-unes. Mais de réels amis... Ma réputation me précède bien souvent, et je ne me suis jamais vraiment battue pour la redorer. Comment leur faire comprendre ce que je vivais, que ce que je voyais était pourtant bien réel ? Comment leur faire accepter ce que je sais vrai, mais qui reste si marginal qu'on imagine difficilement que ce puisse être autre chose que des fabulations ? J'avais pris le parti de ne pas en parler davantage, par ailleurs. Le peu de sympathie qu'il me témoignait aujourd'hui aurait toutes les chances de disparaître autrement, et je devais bien avouer que je n'étais pas vraiment encline à prendre ce risque. Et puis ça ne nous avancerait à rien, ni l'un, ni l'autre, j'en étais persuadée à mesure que nous parlions.

« Peut-être pourrons-nous arranger un speed dating entre tes grands parents et mes parents. Entre personnes respectables et irréprochables, ils devraient passer un bon moment.
- Oh je suis sûre qu'ils s'entendraient à merveille, en effet ! »

Et l'amertume ne risquait pas de me quitter sur ces considérations... Tout comme pour lui d'ailleurs, je l'entendais bien à sa voix railleuse. Mais vu ce que nous avions vécu avec eux, je ne vois pas vraiment comment nous aurions pu être davantage respectueux. Ce n'était peut-être pas très charitable, mais après tout, eux, ne l'étaient pas vraiment avec nous non plus, n'est-ce pas ? D'accord, je n'étais pas vraiment partisane du dicton 'oeil pour oeil, dent pour dent', mais de là à accepter gentiment les dénigrements de ceux qui sont pourtant censés m'aimer, il y avait un pas. Et ce n'était que quelques mots, pour ma part, je savais que ça n'irait jamais plus loin, alors... ce n'était pas si grave, si ?

Jonatan se levait, tandis que je me rapprochais de mes toiles, et je l'observais du coin de l'oeil, inquiète quant à sa stabilité physique. Apparemment, il reprenait quelque peu le dessus, car je n'eus pas besoin de lâcher ma palette pour lui venir en aide, même s'il n'était pas forcément parfaitement stable.

« Merci encore, Micaëla. Je suis sincèrement désolé de... Tout ça... Mon état, mes confidences probablement non désirées... N'hésite pas à m'envoyer un message par colombe, si tu veux qu'on se voit, un de ces jours, quand ta cousine sera partie. Ou même avant. Et j'exige de voir la toile que tu peins quand elle sera finie !
- Je n'y manquerai pas. »

Pour la toile tout du moins, parce que pour le déranger par colombe - par colombe ? Où comptait-il donc disparaître alors que l'année ne faisait que commencer ? - je n'étais pas certaine d'avoir le cran de le faire. Au fond pourtant, j'aurais aimé le faire, et discuter encore avec quelqu'un qui me témoignait réellement de la sympathie, mais je n'avais pas besoin de voir l'avenir pour savoir qu'à moins de ne pas trouver d'autre solution, je n'oserai pas. J'avais une toile à finir, cependant, et s'il partait et que je voulais tenir ma promesse, j'avais tout intérêt à le faire rapidement. Au travail, donc.
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