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 42. Are you alive ♫ ft. Wade J. Wnchester

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MessageSujet: 42. Are you alive ♫ ft. Wade J. Wnchester   42. Are you alive ♫ ft. Wade J. Wnchester EmptyMer 28 Jan 2015 - 21:41

Les choses suivaient leur cours... Tant bien que mal. Et c'était le mot. Après les dérèglements magiques autour de nous, à la dégradation de la flore et à la disparition de la faune, on avait cette Licorne noire et ces Inferi ôdant autour de l'académie. La cérémonie d'ouverture avait été un fiasco, et me laissait un goût particulièrement amer dans la bouche. Et depuis, d'un point de vue tout à fait personnel, plus rien n'allait avec mon don. J'avais été ravie, le mois dernier, de rencontrer Kathaleen et son fantôme Tim. J'avais enfin eu le sentiment d'être avec quelqu'un de similaire à moi, de ne plus être la seule exception à la règle. Et depuis... chaque jour devenait plus confus que le précédent. J'étais de plus en plus incapable de déterminer si ce que je vivais était réel ou s'il s'agissait d'un rêve, si c'était réellement en train de se produire ou si c'était un message de l'avenir qu'il me fallait prendre avec des pincettes. Résultat, j'avais du mal à dormir, pas toujours certaine de ce que la nuit allait m'apporter comme lot de bizarrerie, et certaine en revanche de ne pas être totalement capable de discerner le vrai du faux ensuite.

Et comme si ça ne suffisait pas, le passé revenait me hanter, avec un peu trop de force. Sans doute mon état n'y arrangeait-il rien. Sans doute l'ouverture des Jeux Olympiques me rappelait-elle avec trop de vivacité la bataille des gradins et la débandade qui y avait eu lieu. En tous les cas, je ne cessais de revoir des images des combats. Je revoyais les baguettes levées les unes contre les autres, et les capes sombres, présages de mort tout autour de nous. Et les visages, amis ou inconnus, de ceux qui se battaient à nos côtés. Rosa, et Flo, près de moi. Mon inquiétude grandissante pour mon frère et ma soeur quand je croisais des corps sans vie, tombés au combat. Et les regards anonymes de ceux qui étaient venus nous prêter main forte. Ceux qui m'avaient sauvé la mise, ceux que j'avais sauvés à mon tour. Je ne pensais pas en revoir la plupart et pourtant...

J'étais sortie, mon violon en main, avec la ferme intention de jouer. Pour ça au moins, je ne risquais pas grand chose. Rêve ou réalité, peu importait, je pouvais jouer des heures sans que ça n'ait plus d'incidence que ça... Tant que mes devoirs étaient à jour, ce que je vérifiais des dizaines de fois, pas certaine que mon souvenir de les avoir faits soit réel ou non. En tout état de cause, j'avais fait le tour de mon travail avant de sortir et maintenant, j'avais un peu de temps devant moi. J'approchais cependant des jardins quand j'entendis des notes de guitare, et, persuadée qu'il devait s'agir de ma cousine, j'avais suivi leur direction, confiante. Pourtant, comme j'approchais, je réalisais qu'il ne s'agissait pas le moins du monde de Rosa, mais d'un jeune homme dont les traits ne m'étaient pas inconnus. Et pour le coup, je songeais confusément que je devais encore être en train de rêver. Il n'y avait aucune raison pour qu'il soit là, absolument aucune. Je m'arrêtais à quelques mètres, détaillant ses traits, tandis qu'il jouait les yeux fermés. Et quand il les rouvrit et croisa mon regard, je réalisai qu'il était aussi surpris que moi.

« Bonjour... »

Je lui souriais, malgré mes doutes quant à la réalité de cette rencontre. C'était peut-être inutile si je rêvais, mais si c'était - malgré la faible probabilité à mes yeux - réel, c'était la moindre des choses que d'être polie et amicale. Et puis j'étais rassurée de le voir vivant, finalement, et j'espérais que tout ça ne soit pas que le fruit de mon imagination.

« Je pensais que c'était ma cousine qui jouait. Elle joue de la guitare aussi... Mais je dois bien avouer que je n'imaginais pas du tout tomber sur toi... »

Un peu incertaine de la conduite à tenir, je continuais à l'observer, debout face à lui, mon violon toujours dans les mains.

« Qu'est-ce qui te ramène à BeauxBâtons ? La cérémonie est finie... Je suis surprise... »

Agréablement à vrai dire. Mais je crois que je n'ai vraiment aucune idée de la façon dont ça peut être compris, alors je me garde de tout commentaire. Et je dois avoir l'air un peu cruche, debout face à lui, Brontë sagement cachée dans ma poche et mon instrument dans les mains, mais je n'ai vraiment aucune idée de ce que je dois faire maintenant...

***

Moi non plus, je n'en croyais pas mes yeux, mais j'avais toutes les raisons de douter de la véracité de cette entrevue. Douter, c'était le mot, parce que pour le coup, je n'avais même pas la possibilité d'être certaine que c'était un rêve. Alors j'avais pris le parti, comme souvent, de garder en tête l'hypothèse que ça pouvait être vrai. Auquel cas, j'étais sincèrement ravie de le retrouver, en découlait ce sourire rayonnant accroché à mon visage. Une bonne nouvelle, en somme. Il était vivant, et il était même revenu à BeauxBâtons - par je ne savais quel miracle d'ailleurs, parce que je ne savais pas du tout ce qu'il pouvait faire là - et tout comme le retour de ma cousine, ça avait de quoi égayer ma journée. Si c'était bien vrai...

Quant il se leva d'un bond, je sus qu'il était aussi surpris que moi, et que, donc, il ne m'avait pas complètement oubliée, malgré notre rencontre pour le moins... fugace. Et tout autant marquante, cela dit. Après tout, nous avions combattu ensemble, face à l'OS, nous avions risqué nos peaux contre le même ennemi, il avait d'ailleurs failli y laisser la sienne. Ca avait de quoi laisser des traces, même si, parmi tous les belligérants, je n'étais pas certaine de pouvoir laisser un souvenir aussi impérissable. Si je n'avais pas attaqué ce membre de l'organisation qui se retournait contre lui, est-ce qu'il se souviendrait encore de moi aujourd'hui ? J'en doutais fortement.

Et si j'avais su ce qu'il pensait de notre duo de l'époque ! Une sorte d'équipe... Oui, au fond, c'était effectivement ce qu'il s'était passé, et je dois bien avouer que je l'avais un peu vu comme ça moi aussi, au moins le temps qu'il avait été là. Et il n'était pas vraiment parti comme un voleur, même si la bataille faisait encore rage, il me l'avait signifié, qu'il partait. La raison exacte de son départ, je l'ignorais, et même si, sur le coup, ça m'avait un peu fait bizarre de ne plus l'avoir à mes côtés, je ne lui en voulais pas. Non, tout ce que j'aurais aimé, alors, c'est être sûre qu'il allait bien, parce qu'une fois que tout avait été terminé, je n'avais plus eu aucune moyen de le savoir. Mais ça, il n'y pouvait rien, il n'avait aucune moyen de me contacter lui non plus. Des blondes à BeauxBâtons, il y en avait un paquet. Alors maintenant qu'il était face à moi, cette crainte-là s'envolait, et je me raccrochais à l'idée que tout ça pouvait être réel.

« Je suis entré à l'université de Vaux-sur-les-Pins... en médecine magique.
- Oh ! La médecine, c'est un domaine intéressant ! J'en suis pas encore là, j'hésite entre plein de choses encore, mais il faudra que je me décide pour la fin de l'année... »

Et ça voulait dire qu'il serait là tout le temps maintenant, en période scolaire. Que même s'il était à l'Université et moi à l'Académie, on aurait l'occasion de se revoir. Et de jouer de la musique ensemble, peut-être ? Tout le monde ne considérait pas toujours que la guitare et le violon pouvaient s'accorder, jouer harmonieusement ensemble, mais moi, j'étais persuadée que n'importe quel instrument pouvait se mêler à un autre, tant que les musiciens étaient tous deux passionnés. Il dévisageait mon violon comme moi sa guitare, et je ne fus donc pas surprise que sa question suivante y ait trait.

« Tu jouais à la cérémonie d'ouverture n'est-ce pas ?
- Oui, avec mon cousin Flo au piano, et ma cousine Rosa à la guitare. Qu'est-ce que tu en as pensé ? De la partie musicale et artistique, je veux dire... Le reste... »

D'un geste vague de la main, je chassais la licorne et le feu aux tribunes de la conversation. Et comme il désignait mon violon, et que c'était, clairement, mon sujet de prédilection avec la peinture, je n'allais pas me faire prier. Jouer devant les autres ne me posait pas vraiment de souci, d'ordinaire, pourtant, là, comme je m'apprêtai à changer ma prise sur mon instrument pour le porter à mon épaule, je réalisai que mes mains étaient moites, malgré le froid ambiant. Ca ne me ressemblait pas tellement, pas pour la musique en tout cas. Flipper pour plein de choses, ça pouvait évidemment m'arriver, souvent, même, mais pour jouer ? J'étais surprise, vraiment, de ce qui pouvait me décontenancer ainsi.

« Au fait, je m'appelle Wade... Et toi ?
- Je suis Micaëla. Mais tu peux m'appeler Mi, ou Mica, c'est plus court. »

C'était vrai qu'après l'année dernière, se présenter ainsi semblait un peu incongru. C'était pourtant la chose à faire, on n'allait pas continuer à ignorer l'identité de l'autre indéfiniment non plus, mais voilà, qu'on l'ait ignorée à l'époque, c'était... étrange. Et peut-être que c'était pour ça, aussi, que j'étais mal à l'aise. Ce qui nous unissait, manifestement, était assez fort, et pourtant, nous ignorions tout l'un de l'autre. Tout ce que nous savions, c'était ce que nous avions traversé, notre goût commun pour la musique manifestement, et maintenant nos prénoms. C'était peu, et en même temps, je me sentais terriblement proche de lui. Trop proche, peut-être. Et pour le coup, je craignais fortement sa déception, que ce soit quant à ma musique que... quant au reste, à ce que beaucoup ignoraient, à mon don, et à ma réputation qui en découlait...

« Je suis pas trop nerveuse pour ça d'habitude mais... »

Mais je ne savais pas quoi dire de plus, à vrai dire, alors j'esquissai un sourire un peu embarrassé, installai mon violon sur mon épaule, et fermai les yeux. Mon archer se posa sur les cordes, et j'entamais la Méditation de Thaïs, cet air que mon père avait souvent joué pour moi et qui m'avait donné envie d'apprendre comme lui, quand j'étais enfant. Cet air aussi, qui donnait mon second prénom. Il y avait de la douceur et de la mélancolie dans les notes, mais ce n'était pas seulement le morceau en lui-même, c'était aussi... moi. Celle que j'étais, quoi qu'on en dise dans les couloirs. La tristesse qui pouvait transparaître naissait de ma solitude, de l'incompréhension des autres. Elle ne tenait pas vraiment du morceau original, au fond, mais elle était pourtant là, dans mon jeu. Et dans les larmes qui roulèrent sur mes joues, un bref instant, comme je me demandais, pour la énième fois, si je n'étais pas encore en train d'imaginer tout ça. Si demain, un autre jour, ou même tout à l'heure, je ne le chercherai pas en vain dans Vaulx-sur-les-Pins pour la simple et bonne raison qu'en réalité, il n'y avait jamais remis les pieds. Mais il y avait pourtant de l'espoir aussi, ne serait-ce que parce que la mélodie y incitait, et parce qu'il me restait aussi celui que tout ça soit vrai, que je sois réellement en train de partager un peu de musique avec Wade, et que, pour une fois, j'ai l'occasion de réellement faire connaissance avec quelqu'un avant que celui-là ne disparaisse ou n'entende dire que j'étais cette fille cruelle qui mentait à tout bout de champ et s'amusait à faire souffrir les autres.

Le morceau touchait à sa fin, les dernières notes résonnaient dans l'air autour de nous, et je me décidai seulement à rouvrir les yeux, sans pour autant parvenir à les poser sur lui pour l'instant. Attrapant mon archet de la main qui tenait le manche de mon violon, je séchai les deux sillons sur mes joues de l'autre main, et esquissai un nouveau sourire embarrassé. Embarrassé parce que d'un côté, je n'avais pas vraiment envie de tout expliquer, de peur de tout gâcher déjà, et de l'autre, je ne voyais pas comment je pourrai ne rien dire alors que mes émotions avaient été les plus fortes - ce qui en soit n'était pas très surprenant vu ma sensibilité à fleur de peau - et qu'il en avait été le témoin privilégié.

« Hum... C'est pas le morceau le plus gai du monde, mais je l'aime beaucoup... »

Quant au reste... Je ne parlais d'ordinaire pas de mes états d'âme à qui que ce soit d'autre que Rosa ou Flo, alors à un parfait inconnu ou presque ? Et en même temps, je n'arrivais pas à me résoudre à le laisser complètement dans l'ignorance, parce que je me doutais bien que des questions, il pouvait en avoir des tas... C'était très perturbant, ce lien qu'il y avait entre nous, malgré tout, malgré la méconnaissance que nous avions l'un de l'autre, et que je n'avais pas envie de briser. C'était sans doute ce qu'en cet instant, je craignais le plus : que ce sentiment d'appartenance entre nous, comme si on faisait partie du même monde, disparaisse subitement. Qu'il n'ait jamais existé ailleurs que dans ma tête, aussi.

***

Il n'y avait effectivement pas beaucoup de chances pour qu'on ait pu se croiser à l'inauguration. D'abord j'avais été sur scène, dans le défilé artistique ainsi que dans celui de l'équipe, et puis quand j'avais pu me changer et rejoindre les gradins, la licorne noire était arrivée, et j'avais vu cette fille lui foncer dessus à dos de sombral. Je ne suis pas la fille la plus courageuse du monde, parce que je n'aime pas les conflits, les débats, et que j'ai tendance à éviter de rentrer en contradiction avec les gens. Je n'aime pas ça, je n'arrive pas à encaisser les engueulades, alors je préfère me taire et partir. Mais quand quelqu'un est en détresse, c'est complètement différent. Je ne peux pas non plus rester là à ne rien faire alors que je sens bien que quelque chose d'affreux va se produire. Des pressentiments, j'en ai assez régulièrement, et je n'ai jamais réussi à en faire abstraction. C'est bien le seul cas où je vais au-devant des ennuis. Donc quand j'ai vu ça, j'ai foncé, sans trop réfléchir, sans hésiter, parce qu'il n'y avait pas d'autre option valable, de toutes les façons. Bref... Il ne risquait pas de m'avoir parlé à ce moment-là, parce je n'étais pas restée vraiment longtemps dans les tribunes.

Ce que je ne comprenais pas, c'était cette sensation étrange qui m'étreignait, alors que je m'apprêtais à jouer devant lui. Je veux dire, jouer devant les gens, ça ne m'a jamais vraiment dérangée. Qu'on aime ou qu'on aime pas, à la limite, ce n'était pas important, tant que je faisais de mon mieux, et c'était quelque chose qui me procurait tant de plaisir, que je n'avais jamais vraiment ressenti de stress. Et là... Là, il n'y avait que lui, et pourtant, c'était comme si je faisais mon premier concert devant une foule compacte. Jouer en soi n'avait pas poser de problème pour autant, parce que c'était comme une seconde nature, j'avais été jusqu'au bout, avec tout mon coeur et toute mon âme... et d'ordinaire, même si j'étais moi-même transportée par la musique, je gérais plutôt bien. Si je devais pleurer, j'arrivais à attendre après, après la scène, quand j'étais de nouveau dans un endroit privé, loin des regards. Pas là.

« A... A quoi tu penses ? »

Je ne répondis pas tout de suite, ne serait-ce que parce que je ne savais pas vraiment par quoi commencer, ni même s'il fallait que je commence, en fait. Et quand il me fit signe de m'installer sous l'arbre avec lui, j'hésitai un instant entre l'envie de m'enfuir et l'idée de suivre son invitation. Je voyais bien qu'il n'était pas beaucoup plus à l'aise que moi, et ça ne rendait l'attention que plus touchante encore. Peut-être est-ce ce qui me décida à m'asseoir à genoux devant lui, mon violon sagement posé sur mes jambes repliées. Peut-être, aussi, que j'avais besoin de parler, de sortir tout ce que je gardais pour moi, d'ordinaire. Ce que même Flo et Rosa n'entendaient pas forcément. J'adore mes cousins, mais mon don est la partie de ma vie qu'ils ne peuvent pas comprendre. Je sais qu'ils l'acceptent, autant qu'ils le peuvent, et qu'ils m'acceptent telle que je suis, et je ne les remercierai jamais assez de cette compréhension et de l'affection qu'ils me portent. Alors là, aujourd'hui, je m'apprêtais à faire ce que je ne faisais jamais. Parler.

« A... Beaucoup de choses en fait... Et à la plus importante, surtout... Je suis... »

Je me mordis la lèvre un instant, pas très sûre de vouloir réellement continuer, et certaine par contre de ne pas avoir la force de croiser son regard. J'avais peur, terriblement peur, qu'il fasse comme tous les autres, qu'une fois que j'aurais commencé à raconter mon dons, et mes déboires à ce sujet, il me prenne lui aussi pour une menteuse et refuse de m'adresser la parole de nouveau.

« C'est pas facile à dire pour moi parce que... J'en parle jamais d'habitude, les gens n'y croient pas alors... »

Inspiration profonde. Une nouvelle fois, je fermai les yeux, en espérant qu'il serait plus facile ainsi de poursuivre, de terminer ces phrases que j'avais bien du mal à sortir, pour commencer à expliquer tout ce que j'avais sur le coeur.

« On connaît certains dons, le fourchelang, l'animagie, la legilimancie... Certaines créatures magiques aussi qui nous impactent comme les loups-garus ou les vélanes... Et puis... Il y a le reste. C'est le reste qui me concerne. Je suis... »

Allez, Mi, vas-y, dis-le maintenant...

« Je suis médium. Je vois les esprits des gens, et pas seulement ceux des fantômes consacrés comme il y a ceux de Poudlard, tous les esprits. Je peux les appeler, leur parler. Et parfois j'ai des rêves prémonitoires, ou des pressentiments concernant... n'importe qui. Souvent, ce sont plutôt des choses tristes... »

Mes doigts noués sur mes genoux témoignaient de ma nervosité, et je n'osai toujours pas relever les yeux vers lui. Commencer à parler, pourtant, avait l'air d'être nécessaire, parce que je me mis à poursuivre, sans vraiment trop y réfléchir encore.

« Le problème, c'est que personne n'y croit. C'est pas un don connu, alors même les sorciers pensent que je mens... Que je raconte n'importe qui pour faire du mal aux autres. Et en même temps... Je sais pas dire non à un défunt qui me demande de transmettre un message à ceux qui sont restés, ni faire abstraction de l'annonce d'une catastrophe... Mais ça a plutôt tendance à se retourner contre moi... »

Je comptais sur les doigts de la main les fois où ça avait donné quelque chose de positif. Et au final, il y avait un de ces rares quelque chose face à moi.

« La dernière fois que ça s'est plutôt bien terminé... Tu t'es baissé à temps pour que je puisse mettre ce gars hors d'état de nuire. »

J'avais fini par relever le regard, un peu embué encore, sur lui, et esquisser un nouveau sourire.

« Le reste du temps, ça donne... Ce que tu pourras entendre un peu partout ici. Que j'ai cherché à faire souffrir Sophie en lui affirmant que sa mère allait avoir un cancer, ou que j'ai volontairement remué le couteau dans la plaie en reparlant de la cousine de François qui est morte l'an dernier. Ils pensent que je sais pas ce que c'est que de perdre quelqu'un, de rien avoir pu faire pour l'empêcher, et que ça m'amuse tout ça. »

De nouveau, je baissais le regard. Je ne parlais jamais de Maman, pas même à Nath'. Les seuls à qui j'aurais pu en parler étaient les membres de ma famille, mais ils en souffraient tous autant que moi, alors contrairement aux idées reçues, je ne remuais pas volontairement le couteau dans la plaie, et je gardais ça pour moi. Mais on approchait de l'anniversaire de sa mort, et je pense que pour une fois, j'avais vraiment besoin de l'évoquer.

« Ce qu'ils oublient - pour ceux qui le savent - c'est que c'est pas pour rien que je peux voir les sombrals. Ma mère avait ce don elle aussi, et elle comme moi, on savait ce qui allait arriver. On l'a senti. Mais c'est pas pour ça qu'on a pu faire quoi que ce soit pour l'empêcher. Je l'ai vue tomber devant moi et... »

Je secouai légèrement la tête. Il n'y avait pas grand chose à ajouter, au fond. A part la promesse que je lui ai faite ce jour-là, celle que j'ai toujours tenu jusqu'à présent, quand bien même j'en souffrais souvent.

« Elle a toujours tout fait pour que je vois ça comme un don, et pas comme une malédiction malgré l'incompréhension des gens. Et ce jour-là... Elle m'a fait promettre de ne jamais le renier, de toujours faire confiance à ce que je voyais. Même si c'était dur., et même si, parfois, on avait beau savoir, on ne pouvait rien faire pour changer les choses. Mais c'est vraiment dur, tu sais. Souvent... Même mes proches n'arrivent pas bien à comprendre, alors les autres... »

L'enfer c'est les autres. J'ai appris à supporter ce que je voyais, ce dont je rêvais, ce qu'ils me disaient aussi. J'apprends encore, à supporter leur présence quand les esprits sont trop nombreux, le fiasco de ma venue à l'inauguration de la stèle en est un exemple. Mais je n'arrive toujours pas à encaisser le regard des autres, leur haine à mon égard à cause de ça. Ni la solitude, même si elle est relative. J'ai ma famille, même si je suis plus proche de mes cousins que de mes frère et soeur. Mais je n'ai pas réellement d'amis, au final, ne parlons même pas d'un éventuel petit copain. Et si ça se trouve, ce que je viens d'annoncer ruine toutes les chances que Wade et moi puissions avoir un lien réel, autre que celui d'avoir combattu ensemble. Quel que soit ce lien potentiel...

***

Il pouvait avoir le sentiment d'avoir eu une petite victoire, parce que ce qui était en train de se produire, ce n'était vraiment pas gagné d'avance. Que je sois là, que je parle de tout ça, c'était complètement extra-ordinaire, et je n'arrivais pas à me sortir de la tête que j'étais peut-être toujours en train de rêver, finalement. Mais au fond, aussi difficile cela soit-il à cet instant, j'espérais vraiment que ce n'était pas le cas. J'étais terrorisée à l'idée que ça finisse mal, qu'il réagisse comme un peu tout le monde à ce que je m'efforçais de dire, et en même temps, je n'arrivais pas à me résoudre à taire la vérité, encore moins à lui mentir. Alors je déballais ce que je pouvais comme ça pouvait me venir, sans trop y réfléchir au fond. Je n'étais pas sûre que ça ne soit pas un peu décousu, ni incompréhensible par moments, mais j'étais persuadée que si je m'arrêtais, je serai incapable de reprendre le fil. Et quand il posa ses mains sur les miennes, je relevai les yeux vers lui un bref instant, surprise.

Je n'ai pas l'habitude du contact. Avec personne, pas même avec Rosa et Flo, même si avec eux, ça passe plus facilement quand même. Alors les mains de Wade sur les miennes, c'était quelque chose d'un peu embarrassant pour moi. Je tremblais déjà, difficile d'en rajouter, mais je sentis aussitôt mes joues s'empourprer, et il ne risquait pas de manquer ce... détail... Pourtant je continuais, baissant de nouveau le regard, évoquant ma mère encore. La pression de ses mains sur les miennes avait quelque chose de perturbant autant que... d'agréable. Il était là, il ne partait pas, et ce geste attentionné voulait dire beaucoup, beaucoup plus que n'importe quels mots qu'il aurait prononcés. Et pourtant quand il reprit finalement la parole, je crois qu'il n'y avait pas grand chose de plus qui aurait pu me faire plus plaisir.

« Tu sais... Je... Je te crois moi.
- Merci... »

C'était on ne peut plus sincère, et je ne crois pas qu'il pouvait y avoir de poids dans un long discours que dans ce simple petit mot. Ce qu'il venait d'affirmer, si c'était bien réel - et je voulais vraiment y croire - ça avait une valeur inestimable. Même mon frère ne m'avait pas cru, au départ. Mon frère jumeau, ma moitié à l'époque, celui sur qui je me reposais... Il avait fait comme les autres. Il avait refusé de croire à ce que je disais, à l'existence de ces gens avec qui je parlais et qu'il ne voyait pas. Jusqu'à ce que Maman apprenne l'existence du don chez moi, et l'explique au reste de la famille, personne ne croyait aux divagations de la petite fille que j'étais. Et après ça, le fossé que nos grands-parents avaient commencé à creuser entre Nath' et moi n'avait eu de cesse de s'agrandir. Aujourd'hui, nous avions toutes les peines du monde à tenter de le combler, pierre après pierre, et sans mes cousins...

« Je sais que c'est pas la fin du monde, tu vois... Qu'en ce moment, il y a des tas de choses plus graves... C'est juste que... Je me sens seule souvent... »

Je retirai finalement une main de sous les siennes, pour simplement la poser au-dessus. Je crois que ce contact-là, la surprise et l'embarras passés, me faisait plus de bien que je ne l'aurais jamais imaginé. Et pour le coup, je doutais encore et toujours de la véracité de tout ça...

« Ce qu'il y a aussi c'est que... Avec les dérèglements magiques, je crois qu'il y a quelque chose qui touche mon don aussi... J'espère que c'est pas aussi grave que... ce qui est arrivé à MacArthur... Mais je... Je sais jamais trop bien si c'est un rêve ou la réalité. Je sais même pas si là, maintenant, je suis pas en train d'imaginer tout ça...Et... je suis fatiguée... Même mes cours je sais pas si c'est correct ou si j'ai inventé tout ce que je crois avoir appris... »

Et ça, je n'en avais même pas parlé à Flo et Rosa. Mon cousin avait l'air inquiet, il trouvait que j'avais l'air fatigué, et il avait raison, mais je ne m'étais pas étendue sur le sujet, parce que de toutes les manières, la seule qui pouvait comprendre, c'était Kathaleen, et elle était à Poudlard. Et Rosa venait de rentrer, et je n'avais pas abordé le sujet avec elle non plus, ne sachant pas trop, au fond, comment l'amener sur la table. Si ça se trouve, j'allais foirer mon année parce que je ne suis plus capable de travailler correctement. Et si ça se trouve, je ne serai même plus là à la fin de l'année, d'ailleurs... Et si ma confusion n'était qu'une première étape ? Si à la fin, ça donnait... Quelque chose comme pour le joueur de Quidditch animagus ? Un frisson me parcourut l'échine, et je m'invectivais moralement. Il valait mieux que j'arrête de penser au pire, parce que de toutes les manières, je n'avais pas vraiment de moyen de l'empêcher si ça devait arriver et...

« J'ai peur en fait... »

***

A cet instant, malgré la nuit tombante, je devais bien avouer que je ne pensais pas le moins du monde aux nouvelles règles de Rubens... Et puis... Personnellement, j'avais une certaine immunité pour appartenir aux Hébé quant au couvre-feu, alors ça aidait sans doute à ne pas m'affoler outre mesure. A vrai dire, je ne pensais plus à grand chose d'autre en dehors de ce qu'on se disait, enfin surtout moi. A ce que je révélais, aux questions qui restaient posées, à savoir notamment si tout ça n'était pas encore qu'un rêve... Et à ses mains sur les miennes qui me perturbaient autant qu'elles m'apaisaient. C'était étrange d'ailleurs, parce que d'un côté, elles me mettaient mal à l'aise, et d'un autre côté, je n'avais aucune envie qu'il les retire.

Et à vrai dire, je n'avais aucune envie de partir, de m'éloigner de lui. J'avais un tas de questions que je pourrai lui retourner, mais qui ne passaient pas la barrière de mes lèvres, parce que ça n'était d'une pas mon style de me montrer intrusive, et de deux, parce que nous venions juste de nous rencontrer en quelque sorte. Que même si j'étais clairement un très mauvais exemple aujourd'hui, parce que sans trop bien savoir pourquoi, il avait fallu que je parle, en général, ce n'était pas vraiment lors de la première conversation avec quelqu'un qu'on se laissait aller aux confidences, encore moins sous la pression d'ailleurs. Alors les questions que je pouvais avoir envie de lui poser attendraient, un jour, peut-être, plus tard...

J'esquissai un sourire de remerciement lorsqu'il déposa sa veste sur mes épaules. Ce n'était pas le froid qui m'avait faite frissonner, mais l'attention me touchait.

« Ne t'inquiète pas... Il ne t'arrivera rien... En tous cas pas pendant que je serai dans les parages. Tu... Tu peux compter sur moi. N'importe quand, pour n'importe quoi... Je pourrai même t'aider pour tes cours si tu veux... Tu ne vas quand même pas laisser ces dérèglements te gâcher la vie !
- Merci Wade... J'ai de la chance que tu sois venu ici alors... »

Je ne savais pas vraiment quoi dire de plus, à vrai dire. Mais je lui rendis son sourire. Je n'étais pas vraiment complètement rassurée pour autant, mais ça faisait indéniablement du bien de se dire qu'il y avait une personne sur qui elle pouvait compter ici. Enfin si, plus tard, je ne réalisais pas que tout ça, ça n'était pas réel, évidemment.

Et puis Wade regarda partout autour de lui, visiblement à la recherche de quelque chose. Du chemin ? Je n'en étais pas certaine, mais je ne voyais pas trop bien ce qu'il pouvait rechercher de plus. Il avait sa guitare, moi mon violon, mais je jetais quand même un regard autour de nous pour m'assurer que nous n'oubliions rien.

« On devrait sûrement rentrer avant que le directeur nous voit traîner...
- Tu as sans doute raison... C'est par là... »

J'amorçai les premiers pas vers les bâtisses, hésitai un instant encore et finis par ajouter.

« Wade ? La prochaine fois, tu pourras jouer pour moi ? »

Je crois que c'était une manière pour moi de m'assurer que ce serait réel, la prochaine fois qu'on se verrait. Que, s'il le faisait, ce moment que nous venions de partager n'était pas un rêve. Et puis... Je crois que j'avais envie de l'entendre jouer à son tour, rien que parce que j'étais bien placée par savoir qu'on laissait passer beaucoup de choses par la musique, parfois plus ou moins volontairement, d'ailleurs. Des choses qu'on n'expliquerait pas forcément par des mots. Et qui m'empêcheraient peut-être de poser des questions que je ferais mieux de continuer à garder pour moi.

***

J'ai bien vu que ma question, ma requête, avait dû le déranger un peu. Il s'était arrêté, et même s'il avait fini par me répondre de façon positive, j'ai bien compris que ce n'était pas si évident que ça. En résultait que j'étais plutôt ravie qu'il me dise oui, finalement, d'autant plus que ça n'avait pas l'air d'être si facile pour lui que d'accéder à ma demande. Et quelque part, je pouvais le comprendre... parce qu'au final, ça n'avait pas été simple pour moi non plus aujourd'hui, alors que je n'ai, d'habitude, absolument aucun problème pour jouer devant les autres. C'était très étrange, comme si, cette fois, il y avait beaucoup plus que ce que je n'exprime d'ordinaire qui était passé au travers de ma musique. Beaucoup plus que ce que je souhaitais y mettre à l'origine. Alors je pouvais clairement comprendre la gêne que ça pouvait donner, que d'être observé ainsi alors qu'on se mettait à nu. Je crois bien que ça ne m'avait jamais vraiment marquée, parce que d'ordinaire, je crois que je faisais facilement abstraction du public, au fond, et que même si mes émotions transparaissaient et de ma musique, et sur mon visage, je ne prenais jamais la peine de les expliquer. Alors pourquoi aujourd'hui ? Pourquoi lui ? Je n'en savais absolument rien. Ce que je savais, en revanche, c'était que je n'avais absolument pas l'intention d'en profiter pour me moquer de lui ou quoi que ce soit du genre, ne serait-ce que parce que ce n'était absolument pas dans mes habitudes. Ca ne m'est jamais venu à l'idée, en fait, que de tourner quelqu'un en ridicule, et c'est même plutôt un comportement que je ne comprends pas. Tout ce que je voulais, en lui faisant cette demande, c'était apprendre à le connaître un peu plus. Sans me montrer trop intrusive non plus, parce que ce n'était pas mon genre, même si je crois bien qu'au fond, j'avais une multitude de questions qui ne demandaient qu'à sortir. Pour l'heure, pourtant, rien ne passait la barrière de mes lèvres. Ni des siennes d'ailleurs. Nous marchions vers l'Académie, silencieusement, échangeant simplement quelques regards.

Et à vrai dire, ils ne me mettaient pas plus à l'aise que ça, ces regards, loin de là, même. J'avais le sentiment d'être épiée, et je ne savais pas trop quoi en penser. D'un côté, ça montrait de l'intérêt - ou est-ce que je l'espérais seulement ? - mais d'un autre côté... à vrai dire, quand on m'observait de la sorte en général, ça ne partait pas vraiment d'un bon sentiment. Sauf quand j'étais sur scène, mais c'était un cas de figure tout à fait différent. Et puis si ça se trouvait, je m'imaginais encore tout et n'importe quoi, et je fonçais droit dans le mur. Et puis s'il y avait vraiment de l'intérêt, là, c'était quel genre ? Je devais en attendre quoi ? Je n'en savais absolument rien, et ça avait plus tendance à me terroriser qu'autre chose. Et en même temps, c'était bien là le problème d'ailleurs, je crois que j'espérais réellement que tout ça ne soit pas le fruit de mon imagination. Mais comment le savoir ? Comment en être sûre ? Impossible... Si bien que je me taisais, et détournais le regard à chaque fois que je croisais le sien, sentant bien que mes pommettes gardaient une jolie teinte rosée sans doute pour le moins ridicule... Et quand nous parvînmes à l'Académie et qu'il me raccompagna à la chambre rose, j'esquissais simplement un sourire en le remerciant brièvement. Et je le regardais partir, sans trop bien savoir ce que je devais penser de tout ça. Mon violon et mon archer dans une main, l'autre fourrée dans ma poche comme pour chercher du réconfort dans le contact avec Brontë, j'étais restée un moment, debout devant les portes, à fixer l'endroit où il avait disparu.

Tu craques Mi', ça va pas du tout... songais-je en fermant un instant les yeux.

Et vu ce qu'avaient donné mes deux derniers - et seuls - béguins, je résolus de ne pas en souffler mot, peut-être même pas à Rosa ni Flo, et de, surtout, ne jamais rien laisser transparaître de ce que je pouvais ressentir, quand bien même mon coeur s'affolait légèrement et mes joues prenaient une teinte carmine. A défaut de savoir mentir, j'éluderai les questions...
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42. Are you alive ♫ ft. Wade J. Wnchester

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