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 55. Where is the edge ♫ ft. Scarlett Rousseau

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MessageSujet: 55. Where is the edge ♫ ft. Scarlett Rousseau   55. Where is the edge ♫ ft. Scarlett Rousseau EmptyMer 28 Jan 2015 - 22:08

J'aurais jamais cru en arriver là. Comment je peux être enfermée ici ? Pourquoi d'ailleurs ? Je suis entrée, ça posait pas de problème, pourquoi cette foutue porte refuse de s'ouvrir à présenst ? Comment ça a pu tourner ainsi ?

C'est pas la première fois que ça arrive, pourtant, je les ai vus ensemble, plusieurs fois, un paquet même. Combien ? J'ai pas compté. Je sais juste qu'à chaque fois, ça me fait mal. Et que j'ai évidemment rien à dire. Après tout, c'est pas comme si j'avais quelque droit que ce soit sur lui. Après tout, c'est pas comme s'il m'avait adressé la parole depuis ce baiser lors de la bataille de la St-Sylvestre. C'est pas comme si je lui avais jamais dit ce que je ressentais, pas comme si j'en avais jamais eu le courage. Et encore moins maintenant.

Des semaines, des mois, qu'on est dans le même bateau, que nos chambres sont terriblement proches, et pourtant, qu'on ne se parle même plus. Des semaines, des mois, que j'ai l'impression que rien ne va, de toutes les manières, et... je crois que je suis à bout. C'était finalement tellement plus simple quand mon don détraquait. Je pouvais me raccrocher au fait que c'était peut-être un rêve. C'est plus le cas, tout ça, c'est vrai. C'est un cauchemar, pourtant. J'ai encore aucune idée que ça va être pire encore à la fin du mois, et peut-être que c'est aussi bien, finalement, que je ne l'aie pas rêvé.

Elle est auprès de lui, donc, pour la énième fois, et ça n'est pas difficile de se rendre compte de la proximité qu'ils ont. Et de la distance que j'ai, moi, avec lui. Jalouse ? Oui, clairement. Je ne comprends tellement pas... Je crois que c'est ça le plus difficile, de ne pas comprendre. Et je devrais, sans doute, poser des questions... J'aurais dû le faire dès le départ, sans doute. Mais je n'en ai pas eu le courage, et plus le temps passe, et moins je l'ai. Ca serait sans doute complètement incongru - n'est-ce pas ? - que maintenant, je lui demande pourquoi il m'a embrassée, ce jour-là, si c'est pour aujourd'hui ne même plus décrocher un mot à mon intention. Ca tomberait au milieu de nulle part, et sans doute que j'aurais l'air complètement ridicule.

En l'occurrence, ridicule, c'est ce que je suis, là, à les observer de loin. C'est par hasard, évidemment, qu'ils ont croisé ma route, ou que j'ai croisé la leur, ou enfin... presque. Je suis encore assez loin, sortant du salon Mozart, mais je ne manque jamais de le reconnaître, je n'y peux rien. Et sans doute qu'il ne m'a pas vu, là-bas, en grande conversation avec elle. Elle non plus, d'ailleurs, qui a l'air d'être en train de prendre congé, je crois. Je n'ai même pas le coeur de m'en assurer, certainement pas de rester visible, et je rebrousse chemin, alors pourtant que je devrais sans doute regagner plutôt le réfectoire, au moins prochainement. C'était l'idée de départ, mais... elle s'est envolée dès que mon regard s'est posé sur eux. Je suis rentrée à nouveau dans le pavillon Hélios, mais au lieu de prendre la salle sud, d'où je venais, et peut-être laisser s'exprimer ma frustration sur un instrument, c'est la porte nord que j'ai passée. Est-ce que je m'explique pourquoi la porte ne me résiste pas alors que l'accès est censé en être règlementé ? Pas le moins du monde. Des larmes roulent sur mes joues, et, oui, je me sens parfaitement idiote de réagir ainsi. Et plus encore quand un léger clic attire mon attention, que je ne comprends pas. Ma main cherche ma baguette en vain, et je tente de tourner la poignée de la porte... Sans succès. Non... Non non non, surtout pas ça.

Je me suis acharnée encore quelques instants à essayer de tourner la poignée, de tirer, pousser, cette porte en vain. Pas le moindre espoir de la faire bouger. Quant à ma baguette... Je me vois la poser sur le piano, quelques heures plus tôt, quand je me suis installée dans la salle en face. Comment ai-je pu être assez bête pour l'y laisser ?

« Idiote... »

C'est tout ce que je trouve à dire, dans un premier temps, alors que je tente encore, une fois ou deux, de faire bouger le battant. Et puis ma main libre a commencé à taper dessus, histoire d'attirer l'attention de n'importe qui. Est-ce que quelqu'un passerait seulement par là ? Sincèrement, j'en doute, et la panique prend davantage d'ampleur. Respire Mi... Mais c'est bien le problème, j'ai de plus en plus le sentiment d'étouffer. Du calme... Réfléchis calmement... Mais ça aussi, c'est peine perdue. Et je n'ai même pas l'impression que c'est moi qui parle, pourtant c'est bien ma voix, stridente et haut perchée, cédant à la panique, qui hurle alors.

« A l'aide !... Au secours !... Quelqu'un... Sortez moi de là !... »

J'espérais vaguement pouvoir cesser de pleurer rapidement, me recomposer un visage avant de regagner la Tulipe en entrant ici. C'est clairement hors d'atteinte à présent...

***

Je déteste ça, je déteste me sentir aussi impuissante, aussi vulnérable, aussi faible... Je déteste ne pas pouvoir m'en sortir, et perdre complètement contrôle ainsi. Mais c'est plus fort que moi. J'étais déjà dans un état psychologique assez peu glorieux en entrant dans cette salle, mais là, c'était pire que tout. Tout ce qu'il ne fallait pas, tout ce que j'étais incapable d'encaisser : l'enfermement. Et pourquoi j'ai laissé cette satanée baguette dans la salle en face, hein ? Pourquoi ça n'est pas là-bas que je me suis rendue, plutôt que de venir ici ? Idiote, je me le répète inlassablement.

Je crois que je ne souhaiterais jamais à personne de ressentir ça, ce sentiment d'oppression qui vous serre la poitrine, l'impression de ne plus réussir à reprendre de l'air correctement. Mes mains tremblent, mes jambes flagellent. Sortez-moi de là, par pitié... Je crois que j'ai commencé à hyperventiler, une étape de plus dans la panique, quand une voix a fini par retentir de l'autre côté de la porte. Est-ce que je l'ai reconnue ? Non, pas le moins du monde, je n'ai jamais vraiment discuté avec elle, ni été témoin de leurs conversations. Et quand bien même, je crois que je n'aurais pas été en état de faire le lien.

« Alohomora »

Un sort tout simple, et la porte s'est ouverte. Mon réflexe, mon envie première, était clairement de sortir de là, d'aller prendre l'air, dehors, dans le parc. Mais c'est elle qui se trouve devant moi, c'est elle qui me voit dans cet état pitoyable, et je me retrouve tétanisée, les yeux rivés sur elle. érieusement, pourquoi il a fallu que ça soit elle ? J'ai fait quoi pour que le sort s'acharne à ce point, hein ? Il faut bien que je réagisse pourtant, que je la remercie, au moins, c'est des choses qui se font, il paraît, et j'ai été bien éduquée, à la base...

« Me... Merci... »

Ma voix a du mal à sortir, mais ça n'est même pas dû à son identité, je n'ai simplement pas encore récupéré mon souffle et les sanglots ne sont clairement pas encore complètement taris. Et je n'ai, finalement, rien d'autre à dire à part...

« Il faut... que je sorte... pardon... »

J'ai pas attendu plus longtemps, mes jambes tremblent beaucoup trop et je doute de pouvoir aller bien loin, mais qu'importe. Traverser le hall, descendre sur le perron. Je pourrai m'effondrer sur les marches, s'il le faut, tant pis. Je veux juste plus avoir ces murs autour de moi, ni ce toit au-dessus de la tête.

Alors c'est ce que j'ai fait. J'ai détourné les yeux de son visage, l'ai contournée, vacillante, pour gagner la sortie. Et sur les marches, je me suis laissée tombée, sentant enfin avec soulagement l'air frais sur mon visage. Quelques minutes. Il ne faut pas plus de quelques minutes pour que je pète complètement les plombs. Ridicule. J'ai l'air de rien, là, la mine complètement défaite et je me surprends à penser que je ne souhaiterais pour rien au monde qu'il repasse par là. Ni personne d'autre à vrai dire, pas envie de devoir m'expliquer. Pourtant... Elle est derrière moi, et peut-être qu'il faudra que je finisse par le faire... Pas tout de suite, s'il te plaît, j'ai besoin d'un instant. Ou plus qu'un instant, en fait, pour me recomposer un visage à peu près correct. Et je donnerai cher pour avoir un peu d'eau, là, un orage, même, histoire de faire semblant de rien, que c'est la pluie et pas mes larmes, sur mes joues...

***

Je fais pitié, hein ? J'ai vu son mouvement, quand elle a avancé vers moi, je crois, mais je ne pouvais juste absolument pas rester là, à l'intérieur. De l'air, le ciel. Sortir, c'était presque devenu un besoin vital. Une fois sur les marches, j'ai levé la tête vers le ciel, observant les nuages comme s'ils pouvaient vraiment m'apaiser. Est-ce que ça marchait ? Plus ou moins. Il y avait de l'air, et je devais me forcer à respirer calmement, histoire de ne pas finir en syncope pour avoir trop hyperventilé. Mais c'était plus difficile à faire qu'à faire, et peu importe le nombre d'inspirations, j'avais toujours ce sentiment affreux de manquer d'air. Mes mains tremblaient sur mes genoux, et je savais que je ne pourrais pas regagner ma chambre avant de longues minutes. Et pourquoi je n'ai pas pris Brontë avec moi, aujourd'hui ? Et pourquoi j'ai laissé ma baguette sur ce foutu piano ? Il faudra que je rentre à nouveau, la chercher. Plus tard. Pour l'heure, je crois que je ne suis même pas capable de me relever.

J'ai d'abord senti sa présence plus que je ne l'ai vue. Un mouvement à mes côtés. Mais je n'ai pas tout de suite tourné la tête vers elle. Pourquoi fallait-il que ce soit elle qui me voie comme ça ? J'ai fermé les yeux un instant, maudissant le sort, ma phobie, ma bêtise aussi, et puis j'ai fini par me tourner vers elle. Je ne pouvais décemment pas l'ignorer alors qu'elle se trouvait à quelques dizaines de centimètres de moi. Je n'ai pas vu son sourire cependant, trop fade sans doute, et mes yeux encore trop embués. Mais elle est là, et elle pourrait avoir tout un tas de réactions désagréables, mais non, nulle moquerie, nul rajout à mon état pitoyable.

« Tu te sens mieux ? Tu veux un verre d'eau ? Qu'est-ce qu'il s'est passé ? »

Au contraire, elle se montre prévenante et j'en suis particulièrement surprise. On ne s'est jamais adressé la parole, toutes les deux, et clairement, on s'évite autant que possible. Je crois que l'une comme l'autre, on n'est absolument pas inconsciente de la situation. Les seuls regards qu'on a su échangés sont éloquents et je crois qu'il est le seul à ne pas avoir compris, n'est-ce pas ? Ou en tous les cas, à ignorer nos sentiments.

« Ca... va aller... Il faut juste un peu de temps... »

Une phrase sans trop buter sur les mots, il y a du mieux... Mais c'est exactement ça, il faut du temps. Pour tout, d'ailleurs. Pour oublier aussi, sans doute. Est-ce que je peux seulement faire une croix sur lui ? Je n'en suis absolument pas certaine... Mais les choses sont claires, n'est-ce pas ? C'est avec elle qu'il passe du temps, avec elle qu'il parle et rit. Est-ce qu'il joue aussi de la musique avec elle ? Je détourne le regard, repose mes yeux clairs sur mes mains toujours aussi tremblantes.

« Je suis claustrophobe. Et je sais pas pourquoi ça s'est refermé alors que j'ai pu entrer normalement juste avant mais... je peux juste pas supporter de pas pouvoir sortir... Et ma baguette est dans le salon de Mozart en face je crois... »

Parce qu'en plus je suis blonde et je l'y ai oubliée. Et pourquoi je lui explique tout ça ? Aucune idée. Peut-être juste parce qu'elle a posé la question. Un soupir et je secoue doucement la tête avant de relever de nouveau le regard vers le ciel. Je voudrais qu'il pleuve. Je sais pas pourquoi ça m'a toujours apaisée, mais c'est comme ça. J'ai toujours aimé les orages, même, surtout sur la mer. Mais elle est loin d'ici, et même la bruine intermittente qui est tombée dans la journée n'a pas l'air décidée à revenir. Je suis complètement ridicule, hein ? J'ai presque eu envie de les dire, ces mots. Vas-y tu peux en profiter pour me descendre, c'est pas comme si j'avais jamais eu l'habitude... Je m'attends à ce qu'elle le fasse, après tout, quel meilleur moment pour montrer à quel point elle m'est supérieure, histoire de bien enfoncer le clou ? Elle aurait pourtant pu le faire dès le départ, et ça n'a pas été le cas. Elle aurait, même, pu me laisser là-dedans, mais ça non plus, elle ne l'a pas fait.

« Merci encore... Je... Euh... »

Je... rien. Je commence à comprendre pourquoi il peut t'apprécier et ça me tue un peu plus. Les genoux repliés, je finis par me pencher davantage pour les enserrer de mes bras et poser le front dessus. Je crois que les choses sont claires, n'est-ce pas ? Je pourrais jamais lutter contre elle, et il a visiblement fait son choix depuis longtemps... Et je voudrais continuer à te détester pour ça, mais... Tu viens de m'aider, et je suis pas sûre de pouvoir continuer à te haïr complètement. On sera certainement jamais les meilleures amies du monde, mais je suis pas du genre à faire sciemment du mal aux autres, de toutes les façons, quoi qu'on en pense vu mon statut, donc t'as rien à craindre de moi. Même pas d'être ta rivale, je crois qu'aujourd'hui, le doute est même plus permis... Malheureusement pour moi.

***

C'est pas vraiment la toute première fois que je me retrouve en crise face à des inconnus. Ca me fait pas plaisir de devoir expliquer à qui que ce soit tout ça, mais... J'ai essayé une fois de ne rien dire, et le jugement, les regards, sont pires. Alors autant lâcher ce qu'il en est une bonne fois pour toute. Ca m'oblige pas à expliquer tout le reste de ce qui ne va pas. Juste à annoncer pourquoi je suis tétanisée dans ce type de cas de figure. On a tous un épouvantard, j'imagine qu'on doit facilement faire le parallèle avec le sien dans ces cas-là, non ? C'est ce que j'espère à chaque fois, en tous les cas. Je passe déjà assez souvent pour ce que je ne suis pas – la fille qui raconte des cracks pour blesser les gens à cause de mon don et des messages de défunts ou des prémonitions que j'ai pu relater, la membre de l'Elite à la botte du Ministère ; finalement, tout ça n'a pas tellement changé... – je n'ai pas vraiment besoin en plus qu'on me catalogue dans le registre petite chose fragile incapable de gérer une porte fermée. Ou pire encore : la fille qui fait genre pour qu'on s'occupe d'elle... Parce que tout ça est complètement faux. Bon sauf que je ne sais vraiment pas gérer une porte fermée, d'accord.

Je ne sais pas si j'aurais imaginé que tout le monde pouvait savoir les relations... quelque peu tendues de notre trio. J'avais eu toutes les peines du monde à avouer à Rosa mon attirance pour Wade, certaine de toutes les façons qu'il ne me regarderait jamais de la même manière, et j'ai évidemment été très surprise du baiser qu'il a posé sur mes lèvres le soir du 31 décembre... Et depuis... Plus rien. Pas un mot ou presque. Est-ce qu'il y a vraiment des gens qui se sont intéressés à ça ? Des gens qui y ont compris quelque chose, d'ailleurs ? Parce que moi je veux bien une explication, un jour. Quant à la position de Scarlett, j'avoue qu'à mes yeux, elle était bien loin de n'être qu'une fille de passage, qu'une amie comme une autre. Tout au contraire. Je crois que j'ai toujours vu en elle... c'est un peu fort à dire, mais... une menace. La fille qui est trop proche de lui, et il suffit de voir ses regards à elle, je crois pour comprendre... Je peux me tromper, ça n'est pas comme si mon expérience avec les garçons était très importante, bien loin de là, puisque c'était, ce soir-là, le premier baiser qu'on m'ait jamais donné, mais... plus encore maintenant que je ne peux pour ainsi dire plus l'approcher, je ne peux pas m'empêcher de la voir, elle, comme ma remplaçante. Ce qui est débile, parce que ce n'est pas comme s'il y avait vraiment eu quelque chose de si notable entre nous, n'est-ce pas ? C'était juste un petit baiser, dans le feu de l'action. Je suis sûre que pour tout le monde, c'est tout ce qu'il en est. Malheureusement, ce n'est pas le cas pour moi.

Mais il y a des choses qui ne se contrôlent pas, les sentiments en l'occurrence. Les terreurs aussi. Ca fait quelques minutes que je suis dehors, mais si mes larmes commencent à se calmer, mes mains tremblent encore. Je sais que c'est parti pour plusieurs heures, que quand mes jambes me porteront à nouveau, il vaudra sans doute mieux que je retourne aux appartements de Marie-Antoinette et trouve un brin de sommeil avant que le calme ne revienne complètement. Et je crois que j'aurais bien voulu que cette conversation s'arrête là. En tous les cas, je n'avais certainement pas envie d'entendre ça.

« Que faisais-tu dans les salons ? Il me semble qu'ils sont interdits en dehors des clubs, je me trompe ? »

Oh non, en effet, ce ton ne me plaisait pas. Un reproche, une accusation, c'est comme ça que je le prends. Pourtant... La réponse est évidente, à mes yeux toujours. Une part de moi peut comprendre qu'on se montre curieux, mais face à elle... Ca ne passe pas vraiment. Je n'ai cependant pas vraiment l'énergie pour me battre à ce sujet, et de toutes les manières, ça n'est pas vraiment mon genre...

« Il faut bien qu'il y ait quelques avantages à faire partie de l'Elite, n'est-ce pas ? »

Je ne devrais sans doute pas dire ça comme ça. Pas à une inconnue. Donner une idée de mon ressenti sur le groupe auquel je suis censée appartenir mais dont je ne partage pas les valeurs, et que je suis pourtant incapable de quitter.

« Je suis pas vraiment capable de me passer de musique, et les horaires des clubs ne sont pas suffisants pour moi, c'est tout... En tant qu'Elite, j'ai... disons des droits étendus... »

Enfin c'est presque tout. Parce que c'est l'explication stricte du pourquoi j'étais au salon de Mozart tout à l'heure, où se trouve sans doute encore ma baguette. Mais pour ce qui est de mon enfermement au salon de Marivaux... Joker. J'ai pas vraiment envie d'expliquer en détail que j'ai pas supporté de les voir tous les deux. C'est la vérité, une fois encore, mais... Je crois que j'ai pas vraiment envie d'affronter un regard triomphant ni la moindre remarque en ce sens. Est-ce qu'elle le ferait réellement ? J'en sais rien, mais je n'ai pas vraiment envie de courir le risque.

« Au fait, ta baguette, tu veux sans doute la récupérer ? Tu veux que j'y aille ?
- Je... »

Ne suis clairement pas capable encore de me lever avec la certitude de ne pas sentir mes jambes se dérober sous moi.

« Je veux bien... Merci encore... »

T'imagines à quel point c'est aberrant pour moi d'être là à te remercier depuis tout à l'heure ? Oh... Sans doute oui, parce que ça doit te faire le même effet. Je lui ai remis la clef du salon de Mozart, ai attendu qu'elle revienne en tentant de me recomposer un visage plus serein, ou au moins, moins défait, et en me demandant pourquoi le salon de Marivaux n'a pas nécessité sa propre clef magique à mon entrée, et pourquoi, donc, il a refusé ensuite de me laisser sortir, sans parvenir à trouver la moindre réponse. Et quand elle est revenue, j'ai relevé la tête vers elle, les larmes en moins.

« Tu ne devrais pas trop tarder à aller dîner, tu sais... Tu risques d'avoir des ennuis si tu ne respectes pas les horaires et que d'autres te tombent dessus... »

Sous-entendu, ça ne viendra pas de moi. Mais sur ce point comme sur tout le reste, au final, qu'est-ce qui lui prouve qu'elle peut me croire, hein ?

***

Etre l'Elite, être un modèle... Je n'ai jamais vraiment réussi à voir ça comme ça, puisque les valeurs que nous étions censés prôner n'étaient pas, pour moi, un modèle à suivre. Pour le reste, pourtant... Je n'en étais pas si loin. Les règles, je les suis, toutes ou presque. Je suis aussi censée les faire appliquer, et sanctionner leurs manquements, et je fais en sorte de ménager la chèvre et le chou, autant que je peux. De passer pour la ravissante idiote s'il le faut pour croire les excuses de ceux qui en ont enfreint certaines et ne pas avoir à les mener à l'échaffaud. La seule règle que j'enfreins, entre guillemets cela étant, c'est bel et bien celle-là, celle du salon de musique interdit. Mais j'en ai la clef, n'est-ce pas ? Je suis l'Elite. C'est le seul privilège que j'en retire, le seul qui me permette de ne pas devenir complètement folle, en réalité. Et tant que je n'enfreins pas d'autre règlement, que je ne manque pas les horaires de repas, ou ne sèche pas de cours, en soit, j'ai le droit d'être là, ou à peu près en tous les cas.

Si j'entendais ses pensées, je crois qu'un rire amer m'échapperait. Parfaite et insensible... Je ne suis ni l'un, ni l'autre, c'est pour moi une évidence. Et je serais particulièrement surprise qu'elle ait cette idée de moi, parce que... personne ne m'a jamais jugée ainsi, en définitive. J'ai toujours été une déception pour les Du Pin, un sujet de rage pour ma sœur... Ici, j'ai bien vu les réactions que mon don suscitait. J'avais l'estime de mes cousins, cependant, et celle de Wade je crois. Avant. A présent... Un soupir a passé mes lèvres, quand j'ai dû me rendre à l'évidence et accepter son aide pour récupérer ma baguette. Et lorsque mes doigts ont enfin pu se refermer sur le bois clair, caresser le manche en forme de tête de cheval, je me suis sentie légèrement moins faible. J'irais clairement pas monter un abraxan tout de suite, mais... Je ferme les yeux un instant. Ca va finir par aller, à un moment ou à un autre. Du temps, donc. Y a que ça, de toute façon, dans ces cas-là... Mais qu'elle le croie ou non, j'ai pas envie qu'elle s'attire des ennuis à cause de moi, alors je lui conseille d'y aller... Je m'attendais pas vraiment à ce genre de réaction. Je crois que j'imaginais qu'elle en profiterait pour se barrer, clairement, parce que... bah elle et moi, c'est pas le grand amour, clairement. Pourtant...

« Ce ne serait pas la première fois que j'aurai des ennuis... »


T'es vraiment en train de dire ça à une Elite ? Elle s'est levée, pourtant, mais a arrêté sa manœuvre. Pourquoi... ? J'en sais trop rien, je la comprends pas, pas plus qu'elle ne me comprend. Il y a définitivement un fossé entre nous, et je ne suis pas sûre de vouloir le combler, de toutes les manières.

« Au fait, je n'ai pas très bien compris ton histoire. Et je ne suis pas du genre à laisser l'incompris dans ma tête. Alors tu ferais mieux de remettre de l'ordre dans tout ça et de me dire la vérité rapidement car de toute manière, je saurais ce qu'il s'est passé. »

Là par contre, tu m'agaces, clairement. Mes doigts tremblent encore un peu sur ma baguette, et je lâche un soupir, lasse. Tu veux toute l'histoire, hein ?

« Ca reste la vérité, il en manque juste un bout. Mais qu'est-ce que tu veux qu'il se soit passé, hein ? Je sortais du salon de Mozart, je vous ai vus, j'ai pas encaissé, je voulais pas que vous me voyiez, j'ai rebroussé chemin, j'ai pas choisi la bonne salle et je me suis retrouvée enfermée. Point... »

Je voudrais bien être vraiment cassante, mais j'ai pas vraiment l'énergie pour. On sent surtout la lassitude dans ma voix. Je suis fatiguée, de la crise, mais de tout ça aussi. J'en ai marre de toujours passer pour ce que je ne suis pas, je suis pas une menteuse, je l'ai jamais été, et j'en ai marre de la solitude, aussi. Je devrais être habituée, mais... non. C'est pas le cas, j'ai jamais réussi à vraiment m'y accoutumer. Et je déteste ça. Parler de ce que je ressens, j'ai jamais vraiment aimé ça. J'ai même toujours tenté de garder le silence, d'exprimer autrement, par la musique ou la peinture, par exemple, plutôt que de mettre des mots dessus. Ca se voit toujours sur ma tête, j'ai toujours été trop expressive, mais de là à donner des explications... Non. Alors là, face à elle... Ca m'arrache un peu les lèvres, oui, clairement.

« Ca te convient mieux comme réponse ? »

Je la regarde même plus, mes yeux restent rivés sur ma baguette, sur mes doigts noués dessus. Vas-y, tu peux en profiter pour enfoncer le clou, prendre un air triomphant ou.. je sais pas. Ce que tu veux... Là, maintenant, tout de suite, moi je veux juste attendre que ça se calme un peu plus pour regagner mes appartements, mon rat, mon lit... The winner takes it all, the loser has to fall...

***

On se comprendra définitivement jamais. Tout ça, c'est tellement ridicule, au fond. Oui je suis jalouse, mais... Ca ne changera rien aux faits, et elle n'y est pas pour grand chose, en réalité. Tant mieux pour elle, s'il s'intéresse à elle, s'il passe du temps avec elle. Je peux pas la blâmer de l'apprécier, évidemment que non. Je suis jalouse, oui, parce que ce lien qu'elle a avec lui, moi je n'y ai plus droit. Mais qui je dois blâmer au final ? Ca devrait être lui, si on y réfléchit bien, pour m'avoir sorti de sa vie sans aucune explication, alors même que c'est lui, pourtant, qui a posé ses lèvres sur les miennes ce soir-là.

Elle allait partir, et j'aurais sans doute dû laisser les choses comme ça, sa question en suspens... Faire en sorte qu'on reprenne nos vies séparées comme avant. Je l'éviterais certainement plus encore à présent, sans le moindre doute... Pourquoi lui ai-je répondu, d'ailleurs ? Au fond, je n'en sais trop rien. Mais je l'ai fait, sans doute d'un ton trop sec, trop aigri. Je le suis, c'est un fait, mais est-ce qu'elle doit en être victime ? Je sais bien que non, quelque part, mais à cet instant, ça a été plus fort que moi. Et j'ai à peine fini de parler que je m'en veux déjà.

« Tu ne me feras pas me sentir coupable alors n'essaye même pas...
- C'était pas mon intention. Tu voulais une explication, je te l'ai donnée... »

Et c'est tout, et je suis fatiguée. J'ai pas la force de me battre, pas maintenant, et pas pour ça. J'ai mal à chaque fois que je les vois ensemble, c'est un fait, mais qu'elle se sente coupable, ce n'était pas vraiment l'objectif, en tout cas clairement pas consciemment. Je m'attendais plus à ce qu'elle en profite pour me descendre, au contraire. Et d'ailleurs, même inconsciemment, je vois pas en quoi ça aurait pu être un but... Et puis coupable de quoi, au juste ? Qu'est-ce qu'elle pouvait bien avoir à se reprocher ? D'avoir de l'affection pour un garçon formidable ? En quoi c'était répréhensible ? J'ai fermé les bras sur mes genoux, la tête posée dessus, le regard perdu dans le vide devant moi. Je l'ai laissée partir, je crois qu'il n'y a plus grand chose à dire. Elle a une chance que moi je n'ai plus.

« T'as bien raison, t'aurais tort de gâcher ta chance, clairement... »

Ca serait clairement parfaitement idiot. Mais je crois qu'il y a peu de risque, de toutes les façons. J'ai bien compris où elle en était, et elle a bien raison de pas se laisser faire. C'est ça le pire, je crois : en être consciente, et ne même pas réussir à vraiment lui en vouloir, à la haïr réellement pour ça. Je hais leur relation, qui me rappelle cruellement l'absence de lien en ce qui me concerne, mais elle... non. Elle n'y est pour rien après tout, c'est juste... comme ça. Et la fatalité, c'est vraiment moche, définitivement.
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