C'était une belle fête pourtant. Du genre où j'aurais vraiment pu m'amuser, à la base. Dû, même. Ca aurait été le cas, l'an dernier, je crois. Ca l'aurait été, oui, avec Rosa. Mais elle avait disparu, prétextant un besoin de faire le point, et il y avait des semaines, des mois, même, maintenant, que je n'avais plus eu de nouvelle. Alors chaque jour, je me demandais si je n'allais pas voir son esprit m'apparaître prochainement, confirmant les craintes qui se formaient de plus en plus dans mon esprit.

Et puis... Si j'étais ravie d'entrer à l'Université et d'étudier les créatures magiques - avec l'objectif clair d'axer mon cursus sur l'étude des Sombrals, Licornes et autres créatures équines - je devais bien avouer que déménager à nouveau n'avait rien eu de particulièrement réjouissant. Les appartements de Marie-Antoinette évoquaient l'Elite et en cela, je ne les regrettais pas vraiment, mais ils représentaient aussi une certaine facilité à cacher Brontë. La fin de l'an dernier avait été un peu délicate, afin que ma ratoune ne soit pas vue par n'importe qui - même si Wade et Evangeline étaient au courant, déjà, depuis un moment. Et si j'avais à présent une chambre individuelle puisqu'étudiante, j'y étais aussi... seule.

Tout comme ce soir, au milieu des élèves de l'Académie et des Etudiants qui profitaient de la première soirée de l'année, organisée par les Dyonisos. Le coeur n'y était pas, j'aurais dû être en train de danser mais... non. Rien. J'avais beau entendre la musique, parfois mes doigts battaient la mesure mais ça n'allait pas plus loin. Appuyée contre un mur, à l'écart de la vie, au final, j'observais la salle et ses occupants sans vraiment les voir. Et je crois que j'espérais, aussi, ne pas tomber sur lui, consciente que je ne saurais, alors, plus du tout comment réagir.

Comment occulter son visage, pourtant ? A l'instant où je l'ai aperçu, j'ai détourné le regard, mais ça ne changeait rien. Il était là, et je n'aurais, je le savais, pas le courage d'aller lui parler. Je crois que je n'avais pas non plus envie de savoir avec qui il serait, si bien que j'ai pris la porte, sans vraiment y réfléchir, pour sortir juste devant la vigne, m'asseoir sur les quelques marches qui montaient vers le lieu de l'animation, et lever la tête vers la lune. Je ne sais pas combien de temps je suis restée ainsi, les genoux relevés entre mes bras croisés, le nez vers le ciel, mais sans doute assez longtemps... Et puis un mouvement a attiré mon attention et je me suis tournée vers a provenance pour croiser le regard d'Ivy.

On ne se connaît pas plus que ça, elle et moi. Juste assez pour savoir que nos caractères et nos opinions semblent difficilement compatibles. Elle appartenait au Comité, volontairement, j'étais dans l'Elite contre mon gré. Maudite. Et à cet instant, ça se confirmait sans doute. C'aurait pu être une personne neutre qui me rejoignait, mais non...

« Bonsoir », fis-je pourtant, par pure politesse.

J'ai été plutôt bien élevée, il paraît, et saluer les gens semble être la plus élémentaire des politesses donc. Qu'on apprécie ou non la personne qui nous fait face.