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 Peux-tu peindre en mille couleurs l'air du vent ? • 2019, early march

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Nathanael Keynes
Nathanael Keynes
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MessageSujet: Peux-tu peindre en mille couleurs l'air du vent ? • 2019, early march   Peux-tu peindre en mille couleurs l'air du vent ? • 2019, early march EmptyMar 23 Juil 2019 - 15:38

Quiconque me connait ne serait-ce qu’un tant soit peu sait que je ne suis pas la personne la plus ponctuelle qui a un jour foulé le sol de la planète. C’est à croire que la personne qui a établi mon cadran interne l’a mis sur une heure complétement opposée à celle qui est sensé être programmée.

Pourtant, je m’étais bien préparée. Je m’étais même couchée tôt la veille. Enfin… « tôt ». Avant minuit quoi! C’est bien. Même si j’étais un peu excitée (EUPHÉMISME DU SIÈCLE). C’était toujours comme ça la journée où je recevais les colis de ma mère. Ils étaient toujours plein de belles surprises, de petits trésors qu’elle avait déniché dans un bazar… et de ses toiles que je me tardais de découvrir. Celui-ci était une commande pour une galerie et j’avais peut-être un peu hâte que l’on cesse de me harceler pour l’avoir. Certes, je comprenais qu’ils attendaient après l’œuvre pour préparer leur exposition temporaire… Mais ce n’était pas de ma faute si ma mère était à l’autre bout du monde.

Tout ça pour en venir à ce matin… un matin comme tellement d’autres qui pouvait se décrire par un thé noir englouti à toute vitesse, une rôtie pratiquement attrapée au vol et sitôt disparue, une brosse à cheveux qui se battait pour rendre mes cheveux dont la couleur était un peu trop délavée à mon goût (presque blond! Ciel! J’avais l’air de ma mère) presque présentable. Je me retrouvais donc à vingt minutes du rendez-vous à rouler la toile que j’avais pris le temps d’examiner pour la rentrer dans son tube de transport. Ma brosse à dent dans la bouche, en soutif et en slip, à me battre pour trouver un chandail présentable qui allait avec ma paire de jeans rouges.

Il me restait quinze minutes top-chrono pour parcourir à vélo le chemin vers la galerie. Probablement jouable. J’agrippe en troisième vitesse mon sac avec mon cadenas de vélo, réalise que je n’ai pas mis de chaussures (TELLEMENT UN CLASSIQUE). Demi-tour, caporal tête-en-l’air! Une fois que mes souliers de course ont glissées dans mes pieds et que je me suis battue pour les attacher, je jete un nouveau coup d’œil sur le chrono.

C’est encore jouable… parce que je connais Édimbourg comme le fond de ma poche. C’est ma maison. Je ne me verrais pas vraiment vivre ailleurs que dans ses rues rassurantes. J’ai eu de la chance de tomber dans un loyer abordable dans le quartier historique. Mon appart est petit, en bordel, mais il est au centre de mon petit univers. Me voici sortie et filant à travers les rues avec le trafic piétonnier de ce samedi d’avril. J’attache mon vélo à une minute de la rencontre et me précipite à l’intérieur du musée pour arriver pile à l’heure à la porte du conservateur austère qui sourit quand même un peu à ma petite danse de la victoire. La rencontre ne dure pas très longtemps.

En sortant du bureau, je prends un instant pour flâner dans la galerie… Tiens, en voilà une tête familière assise sur un petit banc avec son calepin à dessin. Tel un ninja, je me faufile derrière lui et je passe à l’attaque. Deux mains sur les yeux comme un enfant – j’ai pas eu le mémo qui ne m’autorise plus à faire l’enfant! « Devine c’est qui? » demandais-je avec un sourire qui paraissait jusque dans ma voix. Il m’était peut-être là avant… je ne l’avais peut-être simplement pas remarquer dans ma course effrénée vers le vieux grincheux.
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Nathanael Keynes
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MessageSujet: Re: Peux-tu peindre en mille couleurs l'air du vent ? • 2019, early march   Peux-tu peindre en mille couleurs l'air du vent ? • 2019, early march EmptyMar 23 Juil 2019 - 15:39

Début mars 2019

Il fait ce qu'il peut pour reprendre une activité normale, comme si rien de tout ça n'avait eu lieu. Comme s'il ne pensait pas en permanence ou presque au londonien. Comme s'il ne sentait pas parfois sa main dans la sienne, comme quand il s'est réveillé dans ce lit d'hôpital, après avoir fait la seconde plus grosse connerie de sa vie. Comme si l'arrivée de ses parents, catastrophés, à Edinburgh, était tout ce qu'il y avait de plus normal.

La vérité pourtant, c'est que rien de tout ça ne l'est.

*

- Ils arrivent ce soir.

Il est resté comme un con à la dévisager, la bouche entrouverte, le regard hébété. Nessa avait appelé ses parents, et il ne l'avait même pas imaginé. Pourtant, pour toute famille normalement constituée, ça devait être logique. Un type suicidaire, on s'arrange pour ne pas le laisser seul, pour l'entourer, lui montrer qu'il est aimé, qu'on tient à lui, alors faire venir ses parents, c'est normal, n'est-ce pas ? Se retrouver près de son entourage le plus proche, ça devrait être rassurant, n'est-ce pas ? Pour Vince, en revanche, ça n'a rien de très rassérénant. Et jusqu'à ce que la porte s'ouvre, quelques heures après, il avait eu cet air paniqué, cet air de bête traquée, presque, en faisant les cent pas de cet appartement, qu'ils envisageaient à présent de quitter.

*

Une heure presque, et il n'avait pas réussi à faire grand chose de plus qu'échanger les politesses d'usage, autour d'un verre de chianti. Nessa a fini par se lever, annonçant qu'elle allait préparer le dîner, et Mama a proposé son aide, avec cet air tellement inquiet sur le visage qui ne l'avait pas quitté depuis qu'elle était arrivée.

- Tu sais bambino, tu es mon fils, et je t'aime, ton père t'aime, mais on n'arrive vraiment plus à te comprendre...
- Avez-vous jamais réussi à le faire ?

Il avait les larmes aux yeux, en prononçant ces mots qui sont sortis presque tout seuls, et qu'il regrettera peut-être un peu, plus tard.

- Ai-je jamais été autre chose qu'un fardeau pour vous ?

Il a vu son père, si réservé depuis leur arrivée, se fermer davantage encore, senti un froid glaçant envahir la pièce, juste avant qu'il ne se lève sans un mot et quitte l'appartement, malgré le regard implorant de son épouse. Il a vu sa mère pousser un profond soupir en passant une main lasse sur son visage, avant qu'elle ne se lève à son tour, prête à suivre son mari.

- On a perdu le fil il y a longtemps, c'est vrai. Et on n'a jamais su comment réparer ça. Mais tous les deux, nous restons tes parents, et toi tu es notre fils unique. Ton père... Ton père ne sait pas comment le dire, il n'est pas très doué avec les sentiments, lui non plus. Mais je l'ai vu, moi, quand Nessa nous a appelés pour nous annoncer que tu avais tenté de mettre fin à tes jours. J'ai vu son regard. Ton père t'aime à sa manière, Enzo. Même si ça n'est pas la même que la tienne.

Elle a gagné la porte à son tour, franchissant tristement les quelques mètres qui l'en séparaient. Mais elle s'est arrêtée, le battant entrouvert et la main encore sur la poignée pour tourner son visage peiné vers lui. Une image qui lui restera sans doute à jamais en mémoire.

- Nous allons rester quelques temps ici, à Edinburgh, encore. Pour tenter de recoller les morceaux qui peuvent encore l'être... Enfin je l'espère. Nessa a les coordonnées de l'hôtel. Tu peux nous joindre quand tu veux. Quand tu te sentiras prêt.

Il a pleuré comme un môme, après que le panneau de bois lui a occulté la silhouette familière de sa mère. Et comme ce jour-là à Rome, Nessa l'a gardé dans ses bras un long moment, jusqu'à ce qu'il finisse par se calmer, et les larmes se tarir d'elles-mêmes.

*

Il lui a fallu quelques jours pour prendre son courage à deux mains, et appeler ses parents. Il a été surpris d'entendre l'enthousiasme de sa mère au téléphone, quand il les a invités à dîner avec eux, le soir-même. Et ému en la serrant dans ses bras à son arrivée tout autant que par la main affectueuse de son père sur son épaule.

Et puis l'angoisse a repris, alors que sa mère a proposé comme d'ordinaire son aide à Nessa en cuisine. Seul face à son père autour de la table, à quelques mètres des deux femmes qui s'affairaient à préparer le dîner, Vincenzo n'en menait vraiment pas large. Et quand ils ont fini par parler, les vannes si longtemps fermées se sont ouvertes, avec le fracas que ça pouvait bien impliquer. Il a lu la surprise, l'inquiétude dans le regard de ses parents. Il a craint leur réaction quand il leur a avoué sa préférence pour les hommes, s'est mordu la lèvre d'angoisse devant le regard étrange qu'ils ont échangés. Et puis sa mère lui a affirmé que ça ne changeait rien. Qu'il restait leur fils, quoi qu'il arrive. Que ça leur demanderait sans doute un petit temps d'adaptation, mais c'était tout. Et lui, il leur a présenté mille fois des excuses pour les avoir blessés, même si c'était réellement son ressenti que d'être un poids pour eux. Des excuses réciproques, même, comme ils regrettaient, eux aussi, qu'il ait ainsi pu se sentir non désiré.

Il y a un point qu'il n'a pourtant pas évoqué, un nom qui n'a pas franchi ses lèvres, aussi important soit-il pourtant dans tout ça.
Harold Pratt.

Mais sans doute qu'il n'en parlerait pas, tant qu'il ne parviendrait pas lui-même à déterminer la relation qu'il entretenait - ou non - avec l'anglais.

*

Reprendre une activité normale, ça implique aussi retourner dessiner au Summer Hall, chercher l'inspiration chez les autres, retrouver ses habitudes artistiques. En pénétrant dans le centre culturel, il a frissonné, inquiet d'y croiser à nouveau le regard de celui qui a si souvent tenté d'engager la conversation avec lui, et qui l'a vu dans cet état déplorable, le soir de la Saint-Valentin fatidique. Il n'est pas sûr d'avoir le courage de répondre aux questions qu'il se pose certainement. Mais pas de visuel direct sur le brun qu'il redoute de croiser, et il s'est installé, calepin et crayon en main.

Il n'a pourtant guère avancé que deux mains se posent sur ses yeux, lui bouchant la vue sur son carnet.

« Devine c’est qui?
- Attends, je réfléchis... »

Un sourire dans la voix, il a posé son matériel sur ses genoux puis les mains sur celles de la jeune femme aux cheveux colorés qu'il devine derrière lui, pour les retirer de son visage.

« Comment tu vas Poppy ? Ca fait longtemps... »

Poppy, c'est ce petit rayon de lumière multicolore qui s'est imposé dans son périmètre sans qu'il comprenne trop comment. L'art les a liés, indéniablement, mais que son caractère diamétralement opposé au sien, parvienne à s'accorder à sa nature réservée n'était pas vraiment l'évidence même. Et pourtant, chaque fois qu'il l'a retrouvée ici, il a été ravi de la voir et de discuter avec elle des oeuvres de sa mère, et des autres...

Mais à peine a-t-il prononcé ces quelques mots qu'il les regrette déjà : c'est en grande partie de sa faute, ces dernières semaines, il s'est plus renfermé que jamais, s'isolant même des gens qu'il aime et qui l'aiment. Et il est bien conscient à présent que ça n'était sans doute pas la chose la plus intelligente qu'il lui ait été donné de faire...
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