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 Mayday • 2019, may

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Nathanael Keynes
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MessageSujet: Mayday • 2019, may   Mayday • 2019, may EmptyMar 23 Juil 2019 - 15:48

Je n'avais pas tout compris en réalité... Pourtant je connaissais Ellie depuis des années et j'avais naïvement cru qu'elle n'avait pas le moindre secret pour moi. Je me trompais, je ne savais visiblement pas tout. Un matin elle était arrivée au travail avec les yeux rougis, pensant à de la fatigue, je l'avais taquiné mais avait déclenché une crise de larme au lieu de déclencher des rires. Ellie qui pleure, s'il y a bien une chose que je ne pensais jamais voir de ma vie... Ce n'était pas une pleurnicheuse, jamais, elle était toujours de bonne humeur, toujours optimiste, tellement plus que je ne le serais jamais ! Et pourtant elle n'était pas cette Ellie là ce jour là... Enfin, sauf pour le fait qu'elle ait refusé de rentrer chez elle, préférant travailler d'arrache pied jusqu'au soir en me parlant à peine. Ça aussi je ne pensais pas vivre pour le voir : Ellie silencieuse. J'avais tenté de comprendre mais en vain, elle était restée muette, se contentant de me dire que tout allait bien, que ça allait passer. Je n'avais pas insisté, justement parce que je la connaissais trop bien.

Le lendemain, elle avait reprit son sourire habituel et son enthousiasme malgré le rouge toujours présent dans ses yeux. Elle m'avait fait un long discours sur ce projet au Rwanda qui ne m'était pas totalement étranger. Elle y avait passé une semaine après ses études, ne pouvant faire plus à cause de son Visa et / ou de son stage de validation... Il y avait une amie à elle qui était restée là bas, travaillant avec les gorilles et autres animaux exotiques. Pour la première fois depuis que je connaissais Ellie, elle avait demandé un congé, prête même à le prendre sans solde. Bien sûr, je lui avais rit au nez, refusant de ne pas lui payer son salaire alors qu'elle partait plus ou moins pour son travail. Je lui avais dit que je m'installerait chez elle au besoin pour m'occuper du refuge et que je pourrais gérer le cabinet seul sans problème. Enfin, je n'étais pas vraiment seul maintenant que nous avions un petit nouveau, notre secrétaire et j'avais toujours le numéro de Nérys au cas ou ainsi que celui de Vincenzo. Ellie pouvait partir la conscience tranquille et je savais qu'elle en avait grand besoin.

Mais je n'étais pas au bout de mes surprise, n'ayant pas réalisé à quel point son départ était imminent : elle prit l'avion quelques jours plus tard seulement. Au départ, tout allait plutôt bien mais, le printemps arrivant, les animaux sortant davantage, la liste de consultation s'était grandement allongée et il fallait bien admettre que je peinais un peu à joindre les deux bouts. Demander de l'aide n'était pas dans mes habitudes, loin de là même, mais je ne pouvais pas laisser le cabinet couler ou même des animaux souffrir en m'attendant. Il me fallait du renfort et je n'avais qu'une seule personne vers qui j'avais réellement envie de me tourner. Cette remarque m'avait surpris moi-même d'ailleurs... Ellie m'avait d'abord imposé le jeune homme et je dois admettre que je n'avais pas été des plus tendre avec lui au départ... Il avait fallut l'incident pour que je réalise que j'aimais bien le petit gars, que je me rende compte à quel point il avait tout donné pour gagner sa place auprès de nous... Comme quoi, c'était toujours vrai, c'est quand on manque de perdre quelqu'un qu'on réalise vraiment à quel point cette personne compte.

J'étais passé le voir à l'hôpital quelque fois, incapable de lui dire vraiment à quel point j'étais soulagé qu'il soit en vie et à quel point j'étais désolé d'avoir été un connard finit... Il le savait remarque, Ellie avait du lui dire, le prévenir de qui j'étais avant même qu'il ne foute un pied dans le cabinet. Tu sais, c'est un gros ours grognon, il grogne plus qu'il ne mord mais il peut être un peu impressionnant parfois. Ne fais pas trop attention à lui, c'est une peluche à l'intérieur. Pfff... Une peluche oui... Du Ellie tout craché ! Quoi qu'il en soit je ne pouvais pas la remercier assez d'avoir insisté car il avait été très efficace et j'avais appris beaucoup en sa présence. Après tout cela, j'avais rangé les griffes mais il ne travaillait plus pour nous, plus vraiment même s'il passait encore de temps en temps. Mal à l'aise, je lui avais envoyé un petit texto pour savoir s'il avait le temps de passer au cabinet dans la soirée histoire de boire un verre. J'habitais juste au dessus après tout et je refusais de lui demander de l'aide par message, déjà que ce n'était pas facile pour moi...

J'ignorais qu'Ellie lui avait déjà plus ou moins tout dit, qu'elle était passée le voir pour lui raconter ce beau projet, lui dire à quel point elle était heureuse de pouvoir enfin partir plus longtemps là bas. Elle n'avait pas évoqué les vraies raisons de son départ, personne ne le savait, pas même son frère je pense... Qu'est ce qu'on ne ferait pas par amour, ou pour le fuir dans son cas... Mais je l'ignorais aussi, ne sachant juste qu'elle avait besoin de partir pour ne plus être triste ET pour réaliser un vieux rêve. La seule chose dont j'étais certain était qu'elle avait toujours considéré le petit Vincenzo comme un fils et qu'elle l'avait immédiatement pris sous son aile. Ils avaient été proches tous les deux et c'était presque beau à voir. Je me demandais toujours pourquoi Ellie n'avait pas d'enfant, elle serait une si bonne mère... Une bonne épouse aussi et je ne comprenais pas non plus pourquoi personne n'avait eu la présence d'esprit de lui mettre la bague au doigt... Une belle bande d'aveugles ! Mais là n'était pas la question.

Quand mes derniers patients quittèrent le cabinet, il était là, installé dans la salle d'attente à discuter avec la douce Octavia. Ils étaient arrivés à peu près en même temps chez nous, ayant subit le même traitement de ma part malheureusement... Mais je m'étais bien rattrapé finalement, pas très habilement quand même, nouveau Jamie oblige. Mon sourire s'agrandit alors que je m'approchais pour taper amicalement sur son épaule. Je comprenais pourquoi Ellie l'aimait autant ce petit, c'était vraiment quelqu'un de bien et il méritait vraiment qu'on l'aide. Ma main s'attarda un moment sur son épaule, la serrant un peu en guise de salut sincère. J'eu brièvement envie de le prendre dans mes bras, heureux de le revoir, mais ce n'était pas mon genre et je ne voulais pas lui faire peur. En réalité, j'étais soulagé qu'il soit venu même si j'ignorais encore s'il pouvait m'aider dans cette situation délicate. Il ferait de son mieux, il faisait toujours de son mieux, un chic gamin.

« Je suis heureux de te voir, on monte ? Octavia tu veux prendre un verre avec nous ? » La jeune femme refusa poliment, elle avait un rendez-vous ce soir et cela me fit sourire. Cette fille était un petit ange qui méritait aussi tout le bonheur du monde. « Fonce dans ce cas, je m'occuperais de tout éteindre plus tard. Sois sage ! »


Lançais-je avec un sourire avant d'inviter mon jeune protégé à me suivre vers mon appartement à l'étage. Il connaissait les lieux. D'un geste, je l'invitais à s'installer sur le canapé puis pris la direction de la cuisine pour nous chercher de quoi boire. Je lui avait bien sûr demandé ce qu'il voulait puis je m'étais sagement exécuté, le rejoignant finalement avec nos boisson et un grand sourire. Bon, j'étais mal à l'aise mais pas réellement plus que je ne l'étais en temps normal avec lui. Pas facile d'admettre les choses quand on est un vieil ours mal léché hein ? Il avait l'habitude.

« Et bien, à la tienne ! » Dis-je en tendant ma bière. « Tu es au courant pour Ellie j'imagine ? Ça fait drôle de ne pas l'entendre piailler toute la journée... »


Dis-je avec une petite moue triste. Je voulais faire passer ça pour une blague mais la nostalgie qui en sortit fut plus forte que moi. Elle me manquait la fourbe... Mon petit rayon de soleil n'était plus, une chance que j'ai une autre Éli pour me remonter le moral même si ce n'était clairement pas de la même manière. Enfin, pour l'instant, restons sur les mondanité, je ne voulais pas lui sauter dessus tout de suite... Et je n'étais même pas certain que j'en aurais le courage en réalité.
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Nathanael Keynes
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MessageSujet: Re: Mayday • 2019, may   Mayday • 2019, may EmptyMar 23 Juil 2019 - 15:49

15 février 2019

« Je suis désolée de devoir vous annoncer ça comme ça, Ellie... ... Oui, oui, il s'est réveillé... ... Non, ils disent que ça va aller, mais que dans un premier temps, il va avoir besoin de repos. Lui aussi me dit que ça va aller, mais il doit rester encore un peu à l'hôpital, et ensuite sous surveillance... ... Je sais pas quand il pourra reprendre le travail, non... Non, mais je suis sûre qu'il viendra vous voir dès qu'il sortira... ... Moi aussi j'espère. A bientôt. »

Ce n'est que le lendemain que Vincenzo a appris la teneur de la conversation entre sa compagne et sa boss. L'air coupable sur son visage, elle l'aurait parié, et elle a fait son maximum pour le rassurer, mais quoi qu'il ait fini par lui dire pour qu'elle ne ressente pas trop l'échec de la démarche, il sait bien qu'elle n'est pas dupe, elle ne l'est jamais. Même quand elle fait mine de ne pas avoir compris.

Il a eu toutes les peines du monde à passer la porte du cabinet, la première fois où il s'est posté devant la devanture, hésitant à en actionner la poignée. Mais une fois qu'il a pénétré dans les lieux, qu'il a été accueilli par une Ellie toujours aussi communicative, il n'a pas fallu bien longtemps pour qu'il se sente à nouveau... presque chez lui. Pourtant, il n'aurait pas parié sur ce ressenti, en fin d'année dernière, quand il a intégré l'équipe. Il n'avait aucune formation dans le domaine, malgré ses études dans une branche quelque peu parallèle, après tout. Mais Ellie l'a pris sous son aile, comme une mère poule couvant son petit, et malgré les réactions souvent rudes du patron, et lui, il s'est efforcé de faire de son mieux, histoire de ne pas trahir la confiance qu'elle lui faisait.

Pourtant n'est-ce pas ce qu'il a fait, en tentant de partir, là, comme ça, sans rien dire à personne ?

Il se souvient parfaitement de l'air fermé de Jamie quand il est arrivé. Bougon, visiblement pas ravi de l'avoir dans les pattes. Il se souvient parfaitement comme il n'en menait pas large, dès qu'il fallait être en contact avec lui, comme il perdait parfois ses moyens, dès lors que la moindre tâche n'était pas parfaite, même alors qu'il débutait.

« Tu sais, c'est un gros ours grognon, il grogne plus qu'il ne mord mais il peut être un peu impressionnant parfois. Ne fais pas trop attention à lui, c'est une peluche à l'intérieur. »

Il se souvient parfaitement des mots de sa patronne, et de sa difficulté à la croire, au départ. Les semaines passées au cabinet lui donnaient pourtant raison, à la longue il devait bien l'admettre. Mais il n'y a pas cru tout de suite non plus, quand il l'a vu entrer dans sa chambre d'hôpital, et il s'est un instant demandé s'il était pas en train d'halluciner.

« Non le posso credere... »

Ca lui a échappé, un cri du coeur sur le coup de la surprise. Et puis il a esquissé un sourire un peu gêné.

« Vous étiez pas obligé de venir me voir, vous savez Boss ? J'imagine que c'est toujours la course au cabinet... »

Il était conscient de la charge de travail global là-bas, et de l'impact de son absence. Et aux dires des médecins qu'il avait vus, il avait interdiction d'y remettre les pieds tant qu'il ne serait pas plus stable. Pour travailler, toujours. Parce que la culpabilité, et le manque aussi, ont mené ses pas là-bas plusieurs fois au cours des semaines qui ont suivi. Par habitude, d'une part. Et pour retrouver la présence réconfortante d'Ellie.

Mai 2019

Quand elle lui a annoncé qu'elle partait en voyage en Afrique, il a eu du mal à y croire, là encore. Et encore davantage quand elle lui a affirmé que Jamie aurait besoin de lui.
Il ne pouvait qu'encourager et soutenir la démarche de sa patronne, dont les yeux brillaient rien qu'à évoquer son projet. Il trouvait ça magnifique, cette passion qui transpirait de ses gestes, ses mots, comme elle en parlait. Pour un peu, il aurait pris ses pinceaux, et sans doute que le visage de celle qui avait parfois des airs de maman de substitution pour lui finirait sur une toile. Et même s'il y avait une logique dans la démarche, il avait toutes les peines du monde à concevoir que le cabinet ait à ce point besoin de lui. Que son patron ait besoin de lui. Pourtant, ça n'était pas si surprenant que ça en soit. Après tout, il commençait à savoir ce qu'il faisait, là-bas, et ses connaissances théoriques concernant les animaux marins étaient un plus.

Ca n'empêche qu'il est resté comme un con à observer son téléphone pendant de longues minutes après avoir reçu le texto de son patron. Est-ce qu'il avait du temps pour passer au cabinet ? Oui, évidemment. Mais la motivation de cette requête le laisse perplexe - est-ce qu'il serait seulement à la hauteur des attentes de tout le monde ? - et c'est assez anxieux qu'il était arrivé ce soir. Il n'a pas fallu longtemps pour que le contact d'Octavia ne le détende : ils se sont retrouvés tous les deux dans le même bateau, à leur arrivée, et naturellement, ils ont eu tendance à se soutenir. Alors c'est tout aussi naturellement qu'il est venu vers elle, et quelques minutes plus tard, on aurait presque pu croire qu'il faisait toujours partie de l'équipe.

D'autant plus que le visage du patron qui s'illumine à son approche a le don de lever un peu plus les angoisses qu'il ne sait, définitivement, pas gérer. La main sur son épaule qui ne semble pas vouloir la quitter tout d'abord aussi.

« Bonsoir Boss.
- Je suis heureux de te voir, on monte ? Octavia tu veux prendre un verre avec nous ? »

Une part de Vince aurait aimé qu'elle accepte, de peur de ce qui ressortira de son entrevue seul à seul avec leur patron - il ne sait pas le voir autrement. Mais une autre reste consciente que la requête nécessite un tête-à-tête. Et puis... Et puis l'avoir vu dans sa chambre d'hôpital change la donne, il le sait bien. Il a beau l'appeler Boss, encore et toujours, il sait bien que ça n'est pas seulement une relation patron-employé. Et qu'Ellie avait raison, comme toujours.

« Fonce dans ce cas, je m'occuperais de tout éteindre plus tard. Sois sage ! »

Il a mimé un "oui papa" du bon des lèvres de sorte que seule la jeune femme le remarque, puis fait le tour de la pièce des yeux, se faisant la réflexion que lui aussi, il pouvait aider à tout fermer si besoin - pas comme s'il ne l'avait jamais fait. Et le conseil de sagesse de Jamie envers Octavia le fait vraiment sourire. Un papa-poule, lui aussi. Moins expansif que Maman-Ellie, sans doute, mais ça n'a pas d'importance. Vince a acquiescé d'un signe de tête en grimpant les marches menant à l'appartement de son patron, un peu nerveux malgré tout. Même à l'hôpital, ils n'avaient pas vraiment parlé de ce qui était arrivé. Juste de savoir s'il allait mieux, et comment ça se passait au cabinet, à peu de choses près. Il n'était pas prêt à évoquer Harold et ce qu'il s'était passé à Rome, de toutes les manières.

Une fois à l'étage, l'italien s'est retrouvé démuni à la question de la boisson désirée. Par défaut, il aurait bien demandé une bière - assez commun pour qu'il puisse y en avoir dans la plupart des frigo, et un breuvage qu'il apprécie de surcroît - mais les recommandations des médecins lui intiment de s'abstenir, et il opte pour un soda à défaut d'alcool.

« Et bien, à la tienne ! Tu es au courant pour Ellie j'imagine ? Ça fait drôle de ne pas l'entendre piailler toute la journée...
- Oui elle est venue m'en parler. C'est un beau projet. Mais j'imagine bien que ça doit faire vide, le cabinet sans elle... »

Malgré son imagination débordante, il a toutes les peines du monde à visualiser les lieux sans la bonne humeur et l'effervescence amenées par Ellie...

« Et ça ne doit pas être très facile à gérer non plus... »

Est-ce qu'il est volontairement en train de lancer le sujet ? Il ne s'en rend pas totalement compte, mais sans doute qu'inconsciemment, il a besoin d'en avoir le coeur net. Histoire que son cerveau ne se fasse pas tout un tas de films en tous genres toute la soirée...
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Nathanael Keynes
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MessageSujet: Re: Mayday • 2019, may   Mayday • 2019, may EmptyMar 23 Juil 2019 - 15:49

Je ne sais pas pourquoi je me sentais obligé de m'isoler à ce point des gens, pourquoi j'étais devenu aussi méfiant après l'incident. Inconsciemment, je devais craindre que tout le monde ait une ceinture d'explosif autour de la taille ou simplement peur d'exploser moi-même en leur présence. Mes crises étaient restées fréquentes malgré mes progrès, moins violente quand même mais toujours trop pour que j'apprécie de les exposer au monde. Pas la peur d'être jugé, simplement la peur de faire peur. J'étais conscient du traumatisme que ça pouvait créer aux autres et je voulais leur éviter ce triste spectacle. Puis il y avait la pitié aussi, cet air désolé que les gens se sentaient obligé d'adopter une foi qu'ils savaient... Désolé de quoi ? De la connerie humaine ? Non, c'était complètement ridicule, je n'avais pas besoin de ça, bien au contraire.

Quoi qu'il en soit, la barrière que j'avais tenté de créer entre le jeune protégé d'Ellie et moi s'était totalement effondrée quand je l'avais vu à l'hôpital. La rouquine n'avais même pas eu besoin d'insister, dès que j'avais su ce qui s'était passé, j'avais moi-même demandé à ce qu'elle nous emmène à l'hôpital pour lui rendre visite. Je m'étais senti presque aussi inquiet que s'il avait été un membre de ma famille en réalité. Bien sûr, je n'avais rien dit, me contentant de maintenir cette étrange distance qui se voulait professionnelle. Un sourire quand même, un air rassurant... Je détestais pourtant ce genre d'endroit mais j'étais venu et je lui avais dit que cette visite était la moindre des choses. Il savait qu'il pourrait compter sur nous, que nous serions là pour lui, Ellie et moi.

Si je n'avais jamais réellement su faire disparaitre la distance entre nous, son inlassable boss prouvait qu'il n'était guère plus capable que moi. Aujourd'hui, ça me faisait sourire mais je lui avais souvent reproché par le passé. Je n'étais pas le boss, nous étions tous à égalité ici, même Octavia finalement. Tous unis dans le même but, travaillant ensemble pour la même mission... Mais le boss était resté et Ellie s'y était même mise pour me titiller. Une chance qu'Octavia soit trop timide pour en avoir le courage mais je n'étais pas certain que ça dure encore longtemps... Et dire que je faisais tout pour m'effacer de la lumière des projecteurs ! Même mon nom était après celui d'Ellie sur la pancarte. L'homme de l'ombre, ma juste place.

Quand Octavia fut partie, nous nous retrouvâmes donc en tête à tête dans mon petit appartement où je lui servis un verre d'eau avant de me prendre un soda. Trinquer sans alcool était sans doute un blasphème mais je n'en avais que faire et j'étais heureux de le revoir. J'aurais bien sûr aimé que ce soit dans d'autres circonstances mais c'était tout de même mieux que rien. Sacré Ellie, même quand elle n'est pas là elle arrive à me rapprocher des gens ! Une vraie petit fée finalement. Et je sais d'ailleurs à quel point elle est proche du jeune homme, il doit presque en savoir plus que moi sur ce magnifique projet Africain qui lui rode dans la tête depuis tant d'années... Elle m'en à parlé bien sûr, mais je crois qu'elle ne voulais pas trop m'en dire, étranger oblige, zone dangereuse aussi... Ça pourrait en effet éveiller de vieux cauchemars si j'insiste un peu.

« Vide ou calme, dépendamment de ton point de vue. Personnellement j'ai cru que ça allait me faire des vacances mais c'est vrai que c'est assez difficile à gérer même si je ne suis plus vraiment seul. » Soupirais-je avec une petite grimace. Je ne voulais pas lancer le sujet si vite seulement j'avais tendu la perche un peu malgré moi et il avait été vif à la saisir. Mais ça ne me dispensait pas de politesse. Surtout que j'avais été réellement inquiet malgré les mots rassurant d'Ellie et des médecins. « Je suis content de te revoir sur pieds tu sais. Et je suis désolé de ne pas avoir été aussi présent qu'elle. C'était sûrement moi le mieux placé pour t'aider mais... Je ne suis pas aussi doué avec les gens qu'avec les bêtes faut croire. »


Dis-je, sincèrement désolé, mon regard se posant avec une certaine affection dans le sien. Il pourrait presque être mon fils finalement et je n'avais rien vu venir. Je l'avais laissé dérivé et le voir dans ce lit d'hôpital avait soulevé une douloureuse vague de culpabilité. Peut-être que j'aurais pu changé les choses si nous avions été plus proches. Quoi que je ne savais pas réellement ce qui c'était passé à ce moment là, sa petite amie avait été assez vague et moi... Moi je n'avais pas osé demandé de peur de ne pas aimer la réponse sans doute. Puis ce n'était pas mes affaires, il n'était que mon employé après tout... Ellie en savait sûrement plus seulement, par respect pour leur relation, je n'avais rien demandé non plus. S'il voulait m'en parler, il pouvait le faire et j'espérais que je n'avais pas besoin de lui dire pour qu'il le sache.
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Nathanael Keynes
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MessageSujet: Re: Mayday • 2019, may   Mayday • 2019, may EmptyMar 23 Juil 2019 - 15:49

Est-ce que son patron lui a fait peur ? Il ne pourrait pas répondre que non, mais il pourrait affirmer que les névroses du propriétaire du cabinet n'y étaient pas vraiment pour grand chose : tout, tout le monde, le terrorise, la moindre anxiété prend des proportions d'angoisses insurmontables, l'inattendu le paralyse, et il questionne ses choix et ses manquements en permanence, en boucle et pendant des lustres. On a beau lui affirmer que ça n'est pas grave, la moindre erreur le met plus bas que terre. Alors ce qu'il s'est passé avec Harold, là-bas à Rome... Il a beau faire tous les efforts du monde, l'écossais a beau lui intimer l'ordre de cesser de s'excuser, il ne se le pardonne pas vraiment. Et il n'est pas sûr d'y parvenir un jour. Tout comme il ne se pardonne pas la peine qu'il a faite à son amie de toujours, ni la douleur qu'il a vue dans le regard de ses parents. Et encore moins l'inquiétude et le dérangement qu'il a imposés à ses patrons.

Pourtant il ne peut pas nier que les avoir vus, tous les deux, Ellie et Jamie, dans sa chambre d'hôpital, ça l'a touché. Enormément. Et bien plus qu'il ne saurait l'exprimer. Parce que même s'il n'a pas réussi à faire autrement qu'appeler son patron "Boss" en permanence - et sans doute que l'habitude est à présent ancrée en lui et qu'il aura toutes les peines du monde à la perdre - il doit bien admettre que, loin des siens qui n'ont jamais vraiment réussi à le comprendre, il a retrouvé dans ce duo parfois assez comique au vu de la façon dont la jeune femme est capable de titiller son partenaire, l'image des parents envers lesquels il n'a jamais vraiment pu se tourner. Et quand il voit comme la jeune femme s'est montrée prévenante envers lui, et quand il repense au regard du véto lorsqu'il est entré dans cette chambre d'hôpital, il ne peut s'empêcher de se demander si les choses se seraient passées autrement, s'il avait accepté de leur parler, à eux aussi, comme il tente parfois de le faire avec Nessa. Des questionnements stériles, dont les réponses ne changeront rien aux faits établis et révolus, mais qui polluent éternellement son esprit torturé. Alors évoquer l'absence d'Ellie semble plus facile. Plus sain, peut-être, même. Et puis c'est bien pour ça qu'il est là, n'est-ce pas ?

« Vide ou calme, dépendamment de ton point de vue. Personnellement j'ai cru que ça allait me faire des vacances mais c'est vrai que c'est assez difficile à gérer même si je ne suis plus vraiment seul. »

Il a souri à la mention des "vacances" générées par l'absence de la brune. Il n'en pense pas moins, en réalité : il est parfaitement conscient que Jamie n'est pas insensible au départ de son associée, loin de là, et que ces taquineries et cette fausse indifférence ne visent qu'à masquer les sentiments réels. Le vide, oui. C'est sans doute le mot juste. Celui-là même qu'il ressent, lui aussi, au fond de sa poitrine, chaque fois qu'il laisse ses pensées vagabonder. Vers son Italie natale et la petite île de Korcula. Vers le cabinet, qui lui manque plus qu'il n'aurait pu le croire. Vers l'écossais, qui hante toujours son esprit et ses nuits.

« Je suis content de te revoir sur pieds tu sais. Et je suis désolé de ne pas avoir été aussi présent qu'elle. C'était sûrement moi le mieux placé pour t'aider mais... Je ne suis pas aussi doué avec les gens qu'avec les bêtes faut croire.
- Vous avez pas à vous en vouloir, je crois pas que qui que ce soit pouvait vraiment faire grand chose... »

A part Harold et son pardon, peut-être, mais il n'est pas certain qu'il l'obtienne un jour.

« Je suis pas très doué avec les gens non plus, vous aurez remarqué... »

Et un instant, le silence plane. Ils ne sont expansifs ni l'un ni l'autre, c'est une certitude. Pourtant la sollicitude de son patron l'émeut plus qu'il ne parvient à l'exprimer. La culpabilité qui transpire de ses mots lui fait mal au coeur, il n'a pas à la ressentir, il en est persuadé.

« Et vraiment, vous y êtes pour rien. Personne y est pour rien. C'est juste... moi... »

Lui, et la culpabilité qui le ronge. Lui, et son hypersensibilité qu'il n'a jamais appris à gérer. Lui, et sa dépression à peine soignée encore. Il baisse la tête, honteux. Est-ce qu'il parviendra à en sortir ? Il n'en a aucune certitude. Tout ce qu'il sait, c'est que s'il supporte mal sa propre peau, contrairement à ce qu'il a pu parfois penser, il y a quelques personnes qui ne supporteraient pas de le voir disparaître, à commencer par sa rouquine de meilleure amie. Poppy en souffrirait sans doute aussi. Ses parents, malgré tout ce qu'il a pu croire toutes ces années. Jamie et Ellie, à l'évidence, Octavia sans doute également.
Et s'il n'ose trop l'espérer, Harold, aussi, peut-être...
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Nathanael Keynes
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MessageSujet: Re: Mayday • 2019, may   Mayday • 2019, may EmptyMar 23 Juil 2019 - 15:49

Vide était en fait le mot juste. Je pense sincèrement que la présence d'Ellie va manquer à tout le monde et qu'aucun de nous n'a réellement bien pris son départ soudain. Alors oui, c'est pour réaliser son rêve et elle semblait plutôt enthousiaste à l'idée de nous quitter si vite mais... Mais une vie sans elle n'en était pas réellement une. J'avais des sœurs et des amies seulement Ellie n'était pas comme les autres, sa bonne humeur était communicative et elle n'avait jamais eu pitié de moi, pas une seule seconde. Dès mon retour, alors que j'étais encore muet à l'hôpital, elle m'avait mit les coups de pieds aux fesses dont j'avais besoin, parlant pour moi et me mettant devant le fait accompli. Jamais elle n'hésitait à me dire mes quatre vérités et je n'avais que très rarement le choix. Ça ne l'empêchait pas de réagir à mes crises de façon douce et avenante bien sûr, elle n'était pas un monstre. Enfin, elle était mon monstre, mon abominable casse co*illes mais j'avais besoin d'elle... Hors de question de l'admettre néanmoins, je préférais de très loin en rire et faire semblant, comme toujours.

Vincenzo nous connaissait assez maintenant pour savoir ce qu'il en était réellement. Il nous avait vu ensemble, il savait que nous étions comme les deux doigts de la main et que mon soulagement n'était qu'un masque. J'ignorais d'ailleurs pourquoi je m'obstinais à lui mentir, c'était sûrement plus fort que moi. Peut-être le choc aussi, la voir débarquer comme ça, les cheveux courts et presque son billet d'avion à la main, son sourire aux abonnés absents, son air presque suppliant... Ce n'était pas Ellie qui avait quitté le pays en fait, c'était une pâle copie d'elle et ça m'avait brisé le cœur. La vérité était que j'étais mort de trouille car je ne savais pas ce qui se passait, je n'avais pas compris et je n'avais rien fait. Je n'avais pas aidé l'amie à qui je devais pratiquement la vie, je l'avais laissé fuir sans rien dire, espérant que ce soit la meilleure chose à faire... Et si je m'étais trompé ? Et si les choses se passaient mal là bas ? Le Rwanda n'était pas sans risque, encore moins pour une femme seule et visiblement déprimée... Qu'avais-je donc fait ?

Ce n'est pourtant pas cette culpabilité qui ressortit en premier en la présence du jeune homme. J'avais plusieurs flèche à mon arc et un bon paquet de casseroles derrière moi à vrai dire... Le nouveau Jamie n'était pas très utile, encore moins que l'ancien, et visiblement il avait pour passion d'abandonner les gens qu'il aime à leur sort... Était-ce pour se protéger ? Pour me protéger ? Était-ce une façon de ne pas ouvrir les yeux sur mes propres problèmes que de ne pas voir ceux des autres ? J'aurais du aider Vince après son hospitalisation, lui parler un peu plus car, finalement, j'étais le mieux placé pour le comprendre et pour l'aider. Seulement je n'avais pas eu le courage de le faire, je n'avais pas trouvé les mots justes... Pourtant j'appréciais le jeune homme, presque comme un fils maintenant que j'y pense. Il avait toujours tout fait pour être à la hauteur et je m'étais contenté de l'ignorer, de le sous-estimer... Ça n'avait clairement pas aidé et il fallut un nouveau silence entre nous pour que je relève enfin mon regard vers lui. Non, ce n'était pas lui, il ne pouvait pas penser cela, j'étais trop bien placé pour savoir que le problème était toujours ailleurs, que nous n'y pouvions rien non plus.

« Ce n'est pas toi. » M'exclamais-je, avec un peu plus de véhémence que je ne l'aurais voulu, répondant à l'étrange impulsion qui s'était emparée de moi quand il s'était accusé à tort. « Je ne sais que trop bien ce qu'on ressent après... Après ce genre de chose. On se sent seul et la culpabilité nous ronge mais nous n'y sommes pour rien. C'est notre cerveau qui fait des nœud, qui retourne sans cesse les choses et qui nous empêche de sortir de là. Je ne suis pas doué avec les deux pattes non plus mais j'aurais dû au moins être là pour t'écouter. » Dis-je, plus calmement, un air grave sur le visage et une profonde sincérité dans le regard. « Tu as fait beaucoup pour nous ici et je ne t'ai rien rendu en retour. Saches que je suis là si tu as besoin. »


Le sentir si triste et déstabilisé m'avait complètement fait oublié le but premier de mon invitation. Il faut dire que je ne m'étais pas réellement attendu à cela... Quoi que je ne savais pas du tout à quoi je m'attendais en fait... Il n'était pas venu depuis un moment et je n'avais fait que le croiser brièvement puisqu'il était toujours accaparé par maman Ellie... Ils étaient plus proches tous les deux, elle était plus efficace avec les gens, elle savait quoi faire. Je n'étais décidément pas grand chose sans elle et j'espérais vraiment que les choses ne dégénèreraient pas en son absence. Tout comme j'espérais pouvoir aider le jeune homme, au moins un peu... Il méritait d'être heureux, c'était un garçon bien.
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MessageSujet: Re: Mayday • 2019, may   Mayday • 2019, may EmptyMar 23 Juil 2019 - 15:49

Est-ce qu'il a bien ou mal pris le départ de celle qui faisait office de maman de substitution pour lui ? Il n'en sait trop rien. A vrai dire, il s'est retrouvé forcé de prendre ses distances, alors il ne peut pas vraiment lui jeter la pierre de prendre les siennes. Et puis techniquement, elle ne lui doit rien. Elle a été présente pour lui pendant des semaines, alors que rien ne l'y obligeait, alors qu'ils n'avaient aucun lien, si ce n'est celui de patronne et d'employé. Alors il ne peut pas vraiment mal le prendre, d'autant moins qu'elle avait cet air ravi en en parlant l'autre jour, quand elle le lui a annoncé. Elle réalise son verre, qu'y a-t-il de mal à ça ?

Mais est-ce qu'il le prend vraiment bien pour autant ? Pas vraiment. Vide, c'est le mot, oui : elle va lui manquer, c'est une certitude. Quand bien même ses parents ont passé du temps auprès de lui pour recoller les morceaux. Quand bien même les retrouver atténue le manque d'une figure maternelle que la vétérinaire a comblé pendant quelques mois. Et il ne peut pas affirmer haut et fort ce qu'il lui semble avoir perçu au fil des semaines entre ses deux patrons, manque de confiance en soi oblige, mais il serait quand même prêt à parier que la bravade de Jamie n'est qu'une façade, et que tout comme lui-même tait le vide en le masquant derrière l'illégitimité de son attachement - ou tout au moins le croit-il - son aîné dissimule sa peine à sa manière, derrière ces taquineries dont ils ne sont dupes ni l'un ni l'autre.

Pourtant, rapidement après le départ d'Ellie, c'est sa tentative échouée qui vient sur le tapis - sans grande surprise toutefois - et l'italien n'en mène pas large. La culpabilité qu'il ressent, rien ne l'efface. Celle de l'acte, celle de cette nuit fatidique à Rome. Pas même les dires d'Harold alors qu'il était encore à l'hôpital. Pas même ses incessantes demandes pour qu'il cesse de lui présenter des excuses, pour quelque raison que ce soit. Pas même l'affection grandissante pour le pianiste, au fur et à mesure de leurs entrevues, et malgré leur rencontre chaotique et ses conséquences désastreuses ; ni celle de son amie d'enfance, éternelle.

« Ce n'est pas toi. »

Le ton peut-être un peu trop véhément le choque. Il ne s'y attendait pas. Pourtant il ne peut pas être d'accord avec lui, il ne peut pas croire que ça ne soit pas lui. Pas alors qu'il avait les cartes en main pour que tout se passe autrement, et que son inaction a scellé le destin de cette nuit-là. Mais Jamie ne peut pas savoir, il ne peut pas comprendre. Et Vince ne peut pas lui expliquer.

« Je ne sais que trop bien ce qu'on ressent après... Après ce genre de chose. On se sent seul et la culpabilité nous ronge mais nous n'y sommes pour rien. C'est notre cerveau qui fait des nœud, qui retourne sans cesse les choses et qui nous empêche de sortir de là. Je ne suis pas doué avec les deux pattes non plus mais j'aurais dû au moins être là pour t'écouter.
- Je n'aurais pas dit grand chose de plus... »

Toutefois, ce qu'il dit fait un drôle d'écho en lui. C'est notre cerveau qui fait des nœuds, qui retourne sans cesse les choses et qui nous empêche de sortir de là. Son cerveau retourne toujours tout en permanence et dans tous les sens, c'est vrai. Il ne peut pas nier cette partie-là. Mais pour le reste...

« Je ne peux pas tout expliquer, ça ne concerne pas que moi, mais... Mais vous avez tort. J'y pouvais quelque chose... J'aurais dû... J'aurais pu... Mais je n'ai rien dit. Rien fait... Et... »

Et quelqu'un d'autre que lui en subira les conséquences toute sa vie. Les trémolos incontrôlés dans sa voix témoignent de la difficulté qu'il a, encore et toujours, à sortir ne serait-ce que ces propos évasifs. Comment peut-il vivre avec ça, à présent ? Comment pourrait-il un jour se le pardonner ? Il n'en sait rien. Tout ce qu'il sait, c'est qu'il ne s'imagine pas ne plus voir l'anglais, ne plus savoir ce qu'il devient, ce qu'il advient de lui. Que le voir vivre est une petite pierre dans le grand chantier de sa reconstruction.

« Tu as fait beaucoup pour nous ici et je ne t'ai rien rendu en retour. Sache que je suis là si tu as besoin. »

Et ces mots-là en sont une autre. Comme l'affection indéfectible de Nessa, malgré toutes ses conneries. Il sent ce picotement caractéristique au coin de ses yeux, s'en veut d'avoir l'air aussi minable, encore et toujours. De ne rien pouvoir expliquer, aussi.

« Pardon... »

Une main passe sur son visage comme il essaie désespérément de retenir les larmes qui menacent de couler. Il ne sait pas quoi dire de plus, regrette que la conversation ne soit pas restée sur le départ d'Ellie, et son absence, et le besoin de quelqu'un de plus, au cabinet. Il a du mal à concevoir qu'il puisse être nécessaire à qui que ce soit, il n'était pas vraiment prêt à entendre une requête de ce genre : reviens, on a besoin de toi, c'était complètement impensable dans son esprit. Mais il l'était encore moins à évoquer son geste, et ce qui se cache derrière, malgré tout l'attachement qu'il peut avoir envers son patron et les autres collègues du cabinet.
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MessageSujet: Re: Mayday • 2019, may   Mayday • 2019, may EmptyMar 23 Juil 2019 - 15:49

L'ancien Jamie se serait contenté de lui mettre une tape dans le dos et de l'inviter à sortir pour qu'il se change les idées. Il aurait fait en sorte que Vince ne pense plus à ses problèmes au lieu de chercher à les comprendre. Belle preuve que je n'avais en fait jamais été très doué avec les humains, cherchant toujours à fuir les difficultés plutôt qu'à les affronter, me réfugiant derrière mon sens de l'humour où je me réfugiais aujourd'hui derrière cette étrange froideur. C'est sûrement pour cette raison que je n'avais jamais été capable de garder une femme en temps qu'ancien Jamie d'ailleurs, incapable de me poser un instant, d'assumer les choses pleinement... Et le Jamie d'aujourd'hui n'était pas mieux, lesté par une culpabilité constante, hanté par des démons qu'il ne pouvait pas combattre seul. Une chance que j'ai des alliés pour m'aider, Ellie notamment, Élisabeth aussi bien sûr et Vince finalement. Ils étaient ma seconde famille, celle que le destin avait noblement mis sur ma route et que j'aimais bien plus que je ne voulais l'admettre.

Quoi qu'il en soit, voir Vincenzo aussi mal éveilla une fois de plus ma culpabilité, me remettant à la figure le fait que je n'avais rien fait pour l'aider. Rien de bien efficace en tous cas, trop distant, trop silencieux alors que j'étais sans doute le seul à réellement pouvoir le comprendre. J'avais été dans ce lit d'hôpital, j'avais été muré dans le même silence, j'avais eu mal moi aussi... Pas pour les mêmes raisons de toute évidence, mais un cœur détruit se fiche des origines de son mal finalement... J'aurais du me reconnaître en lui, lui dire ce que j'avais tant voulu entendre... Le problème étant que je ne savais pas moi-même ce que je voulais justement entendre, je n'avais pas encore résolu mon propre mystère et le voir ainsi avait remué un peu le couteau dans ma plaie... Incapable d'aider mon ami, une fois de plus, je l'avais laissé exploser comme j'avais vu mes camarades mourir ce jour là... Comment avais-je pu laisser faire ça ? Je n'avais aucune excuse cette fois, la bombe aurait pu être lancée un peu plus loin dans son cas, j'aurais pu apaiser sa peine mais je n'avais rien fait...

Sa confession me fit me pincer les lèvres. J'avais tant de fois dit la même chose, tant de fois cru que je n'aurais rien dit de plus... Je n'avais pas les mots moi non plus, je ne savais pas où était le problème et j'avais obstinément refusé que quelqu'un mette le doigt dessus. Par peur que ce soit pire ? Par peur de rouvrir une plaie déjà béante ? Je l'ignore, mais je savais maintenant que c'était une erreur, qu'il fallait chercher les mots, affronter ces démons en face à face au lieu de les laisser errer dans notre âme. Les miens régnaient toujours au fond de moi, de plus en plus repoussé par les assauts qu'Élisabeth créait dans mon cœur. Trouver une raison de se battre, une autre âme pour sauver la notre, nous ne pouvions pas être seul, on ne peut pas se battre sans armes contre notre propre cerveau, je ne le savais que trop bien. Vince ne me laissa néanmoins pas le temps de lui dire, reprenant la parole en s'accablant à nouveau. Je fronçais légèrement les sourcils, bien décidé à ne pas la laisser sombrer dans ces profondeurs que je ne connaissais que trop bien.

« Hey... » Dis-je, doucement cette fois. Je m'étais levé pour m'assoir à côté de lui, n'osant néanmoins pas le toucher parce que je ne savais pas si c'était ce qu'il fallait faire et que le contact m'avait trop de fois rendu fou quand j'étais au plus mal. « Quoi qu'il ait pu se passer, tu ne peux pas réécrire le passé. Tu aurais peut-être pu faire quelque chose à l'époque oui, tu aurais pu éviter ça ou limiter les dégâts qui sait mais... Ça n'a plus d'importance. Même si tu as foiré, il faut te relever maintenant, ne plus trop regardé en arrière. Je... Je sais ce que tu ressens, je rêve encore de... De ce qui a fait de moi ce que je suis aujourd'hui. » Même autant d'années plus tard, en parler m'était presque impossible, pas sans risquer une crise quelconque que je ne voulais pas lui imposer. Je me pinçais à nouveau les lèvres, prenant une inspiration pour justement me sortir ses pensées de la tête. « Nous sommes prisonniers de notre passé, de notre esprit et c'est ça le plus horrible. C'est en ça que ce n'est pas de notre faute, on ne peut pas lutter seul contre ce genre de chose et les psy ne servent à rien je pense, la vérité est ailleurs. »



Après un bref silence, je le rassurais en lui disant que, à défaut d'avoir été là pour lui à l'époque, je serais là pour lui aujourd'hui. Mais ma réponse n'eu pas l'effet escompté, déclenchant cette lueur dans ses yeux que je ne connaissais que trop bien dans les miens... Il s'excusait encore, sans doute de sentir ses nerfs lâcher ou de ses aveux, ou de tout le reste. Je sais qu'on a tendance à s'accuser de tout dans ces moments là, presque assez pour se reprocher le temps qu'il fait... Je soupire, plus pour reprendre mon courage qu'autre chose, puis pose doucement mon bras autour de ses épaules. Tant pis pour les risques, je ne peux pas le laisser comme ça, je sais qu'il a besoin de s'accrocher, que quelqu'un lui tende la main alors qu'il pendait dangereusement dans le vide. Ne pas le laisser tomber, ne plus jamais laisser personne tomber dans cet enfer. Je peinais à en sortir moi-même mais je comptais bien porter tous ceux qui risquaient la chute avec moi, les portant à bout de bras dans ma pénible ascension. J'avais laissé partir Ellie pourtant, je ne ferais pas deux fois la même erreur.

« Tu n'as pas à t'excuser, pas à moi. » Dis-je simplement, tentant de me faire rassurant alors que je paniquais un peu au fond. Qu'avais-je voulu à sa place ? Oui, qu'on me laisse tranquille, qu'on arrête de me parler ou de vouloir me faire parler... Je faisais tout le contraire. Nouveau soupir malgré un léger sourire qui venait de s'afficher sur le coin de mes lèvres. « Si Ellie nous voyait comme ça je crois qu'elle n'aurait pas fini de se foutre de notre tête... Mais au moins elle aurait su quoi faire pour nous remonter le moral... »


Parler de mon petit rayon de soleil personnel, m'imaginer ce qu'elle ferait à notre place, comment elle réagirait... C'était un bon moyen pour moi de dissiper un peu les nuages et de tenter de lutter contre ceux qui stagnaient au dessus de sa tête. Ce ne serait sûrement pas très efficace mais, au moins, je détournais le sujet de son problème. Je sais qu'il était inutile de s'apitoyer, que retourner les choses n'avaient pas la moindre utilité, il fallait laisser le temps au temps, simplement lui montrer que j'étais là et que je le comprenais. C'était vrai dans mon cas, je le comprenais vraiment, sûrement trop bien même. J'avais tant de fois reproché aux autres de me mentir, à raison d'ailleurs, personne ne pouvait nous comprendre, pas sans être passé par là. J'espérais sincèrement l'aider un peu malgré mon échec apparent, je lui devais bien ça.
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MessageSujet: Re: Mayday • 2019, may   Mayday • 2019, may EmptyMar 23 Juil 2019 - 15:49

Il ne lui en veut pas, pas le moins du monde. A ses yeux, Jamie n'a pas de compte à lui rendre, et clairement aucune obligation de veiller sur lui. Ca n'empêche qu'intérieurement, il sait bien qu'il le voit comme une figure paternelle, mais de quel droit après tout ? C'est une charge qu'il n'a pas à faire peser sur les épaules de son patron... Et peut-être bien que son sempiternel "Boss" vise à garder cette distance qu'il ne se sent pas légitime d'avoir tendance à chercher à combler. Alors non, son aîné n'a pas à se sentir coupable, il l'affirmerait s'il pouvait lire ses pensées. Personne d'autre que lui n'a a l'être.

« Hey... »

Sa présence a ses côtés le surprend autant qu'elle soulage invraisemblablement son esprit. Certains refusent sans doute le contact physique, lorsque leur esprit torturé les malmène. Mais lui en ressent le besoin. Il ne l'accepterait peut-être pas de la part de tout le monde, mais Nessa, Ellie, et Jamie ne sont pas n'importe qui.

« Quoi qu'il ait pu se passer, tu ne peux pas réécrire le passé. Tu aurais peut-être pu faire quelque chose à l'époque oui, tu aurais pu éviter ça ou limiter les dégâts qui sait mais... Ça n'a plus d'importance. Même si tu as foiré, il faut te relever maintenant, ne plus trop regarder en arrière. Je... Je sais ce que tu ressens, je rêve encore de... De ce qui a fait de moi ce que je suis aujourd'hui. »

La même douleur, le même poids de la culpabilité. La même souffrance, sourde, en toile de fond. L'impossibilité de se pardonner totalement, quand bien même on s'efforce de recommencer à avancer. Est-ce que les deux boulets qu'ils se traînent chacun aux pieds pourraient s'annuler, devenir plus légers, s'ils sont deux à les porter ?

« Nous sommes prisonniers de notre passé, de notre esprit et c'est ça le plus horrible. C'est en ça que ce n'est pas de notre faute, on ne peut pas lutter seul contre ce genre de choses et les psy ne servent à rien je pense, la vérité est ailleurs. »

Il le dévisage, incrédule, dans l'incompréhension la plus totale. Les psys ne servent à rien ? Et ces foutus cachets qui morcellent ses souvenirs, lui donnent d'affreux vertiges et limitent sa concentration alors ? Ce bras autour de ses épaules, il s'y raccroche comme à une bouée de sauvetage. Et les siens se referment dans le dos de Jamie, comme il se laisse aller finalement, les larmes roulant d'elle-même sur ses joues. Ce pourquoi il ne peut s'empêcher de s'excuser. D'être ce poids que les autres traînent, du triste spectacle qu'il offre à cet instant, et de toutes les erreurs qui l'ont mené ici, aujourd'hui. De celles qui ont ruiné la vie d'Ali, surtout.

« Tu n'as pas à t'excuser, pas à moi. »

Pourquoi tout le monde lui intime-t-il l'ordre d'arrêter de s'excuser ? Pourquoi doit-il cesser de répéter qu'il est désolé ? Ce n'est que la stricte vérité, il l'est réellement. Sincèrement. Et ça le mine de l'intérieur.

« Si Ellie nous voyait comme ça je crois qu'elle n'aurait pas fini de se foutre de notre tête... Mais au moins elle aurait su quoi faire pour nous remonter le moral... »

Un rire bref, un peu nerveux, lui échappe. Oui, Ellie se paierait sans doute leur tête.

« Manquerait plus qu'elle soit accompagnée de Nessa... »

Il imagine instantanément les deux rousse, là, de l'autre côté de la pièce, à les regarder tout sourire, mais avec aussi cette lueur bienveillante dans le regard. Oui, elles se seraient payé leur tête. Mais elles auraient été touchées, attendries peut-être, même, par cette proximité qu'ils n'ont jamais osé avoir jusque-là.

Vincenzo s'écarte légèrement, sèche péniblement les larmes qui ont coulé dans le t-shirt de son patron, penaud. Est-ce qu'il faut qu'il explique ? Est-ce qu'il en est seulement capable ? Un instant, il se pose réellement la question, hésitant. Mais pas maintenant, pas ce soir. Une autre fois peut-être. Sans doute même.

« Hum... »

Il se racle la gorge, cherchant à reprendre contenance autant qu'à trouver ses mots.

« Vous m'avez sans doute pas fait venir pour que j'inonde votre t-shirt... »

Une gorgée de sa boisson, comme si ça pouvait éclaircir sa voix tiraillée par l'émotion. Le regard fuyant. Au fond, il est plus que reconnaissant à son aîné de lui porter autant d'intérêt. De sa sollicitude et de sa compréhension. Mais il ne sait pas comment l'exprimer, et le passe sous silence, tentant maladroitement de remettre la conversation sur les rails qu'Ellie avait de prime abord tracés.
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MessageSujet: Re: Mayday • 2019, may   Mayday • 2019, may EmptyMar 23 Juil 2019 - 15:50

Je n'étais pas habile avec les humains et je ne l'avais jamais réellement été en réalité. L'autre Jamie ne se sentait pas mal à l'aise mais ça ne faisait pas de lui quelqu'un d'habile pour autant. Il usait de l'humour, lançait des piques à longueur de temps, se moquait un peu parfois. Alors oui, ça avait au moins le mérite de remonter le moral des troupes mais ce n'était que temporaire, qu'une douce illusion qui s'effaçait bien vite. Les gens ne se tournaient vers lui que pour une partie de rigolade ou pour ses talents de médecin, pas pour ses capacités d'écoute ou pour ses conseils avisés. Il n'en avait jamais eu. C'était au moins une chose que le nouveau Jamie m'avait apporté finalement, en me prenant ma langue bien pendue il m'avait offert une oreille plus attentive mais je ne parvenais pas encore pleinement à en faire bon usage. J'étais plus calme, moins taquin aussi, mais toujours pas de bon conseil, même pas pour moi. Surtout par pour moi même, préférant me laisser dériver doucement, persuadé que j'étais un cas désespéré. Pourquoi imposais-je ça aux autres ? Pourquoi ne parvenais-je pas à faire au moins un peu semblant malgré toutes ces années qui s'étaient écoulées depuis l'incident ? Je n'en savais rien, peut-être justement parce que je n'écoutais pas les psy et que je refusais les traitements médicaux nocifs qu'ils me proposaient sans cesse. Pas de ces merde là dans mon organisme, jamais.

Maladroitement et sans réellement avoir pleinement conscience de ce que je lui disais, je m'étais laissé entraîner par cet étrange instinct qu'il ne serait pas faux de considérer comme paternel à ce stade. Mon bras autour de ses épaules, ma voix rassurante et mon étreinte qui se resserre légèrement alors qu'il se blottit un peu plus contre moi. Le voir dans cet état me fait bien plus de peine que s'il n'avait réellement été qu'un employer à mes yeux, il m'est impossible de le nier à présent. Ce qui ne me poussera pas à l'avouer quand même, sans vraiment comprendre pourquoi il me serait trop pénible de l'admettre. C'est peut-être pour cela que je change soudain de sujet, imaginant bien Ellie devant nous à rire de bon cœur en nous envoyant une petite pique. Elle, elle saurait quoi faire, je lui devais presque la vie après tout. Le rire du jeune homme me réchauffe le cœur un instant et j'y répond volontiers alors qu'il suggère aussi la présence de Nessa.

« On aurait pas finit d'en entendre parler ! »


Répondis-je avec légèreté, un sourire amusé sur les lèvres. Les deux jeunes femmes étaient proches et similaires sur bien des points. Deux amours sans lesquelles lui et moi ne serions sûrement pas grand chose, deux supers-héroines qui nous portaient à bout de bras. Je le laissais s'écarter puis haussais les épaules à sa remarque, jetant un bref coup d'oeil sur mon t-shirt qui était en effet un peu plus humide qu'au départ. Je n'en perdis pas mon sourire pour autant, le vieux Jamie luttant toujours pour garder la lumière, persuadé qu'il serait le plus efficace dans le cas actuel. Il avait sûrement raison remarque, un peu d'humour ne nous ferait pas de mal et il avait déjà redonné un petit sourire au jeune homme.

« J'avoue que ce n'était pas l'idée principale mais je le trouvais un peu basique alors ça lui ajoute une certaine originalité. » Souriais-je, espérant lui remonter un peu le moral. Néanmoins, c'est moi qui me mit à me sentir un peu moins à l'aise, redoutant le moment de lui demander de l'aide bien plus que de raison. Foutu fierté... Et ce n'était même pas justifié ! Je ne perdais tout de même pas mon sourire, pas vraiment, baissant quand même un instant les yeux sur ma bière. « Non je... Je me demandais si tu avais envie de revenir travailler un peu ici. Juste quelques heures pas ci par là, à ton rythme. Ellie serait ravie de te revoir parmi nous en revenant. »


Remettre encore les choses sur Ellie. Ce n'était pas faux remarque, elle m'avait plus d'une fois suggérer de reprendre Vincenzo dans l'équipe. Je n'avais pas osé lui demander pourtant, sachant qu'il était mal ou peut-être parce que... Parce que je n'assumais pas vraiment d'avoir besoin de lui et de me sentir si protecteur envers lui. Le nouveau Jamie avait la fâcheuse tendance de s'isoler des gens auxquels il tenait, ayant toujours peur de les perdre comme il avait perdu son équipe, de les blesser comme il avait blesser sa famille en manquant de mourir. Rester sans attache, dériver doucement dans la tempête, seul. De loin la pire idée du monde et j'espérais sincèrement que Vincenzo ne fasse pas la même erreur que moi. Tout comme j'espérais qu'il voit à quel point j'étais prêt à l'aider, toujours.
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MessageSujet: Re: Mayday • 2019, may   Mayday • 2019, may EmptyLun 2 Sep 2019 - 19:32

Un père de substitution. C'est ce qu'il voit, là, quand il croise le regard de Jamie, le sien encore embué de larmes. Est-ce que son père aurait trouvé les mots pour le rassurer, l'aider à avancer ? Sans doute que non. Mancini père n'a jamais été très loquace, plus prompt à relever ses erreurs qu'à réconforter son fils. Pas qu'il ne l'aime pas, il le sait à présent bien qu'il en ait souvent douté, mais il ne sait pas y faire, lui non plus. Rien d'étonnant alors à ce que le peintre ait toujours cherché chez les autres l'affection qu'il n'a jamais su trouver chez ses parents. Il a trouver celle inconditionnelle de Nessa, il y a déjà bien des années. Et ce cabinet vétérinaire, qui revêt des atours de second foyer à présent. Même s'il y manque la figure maternelle, depuis quelques temps.

« On aurait pas finit d'en entendre parler ! »

Il sourit encore, comme la réplique de son "Boss" est on ne peut plus vrai. Un instant, son regard se perd vers la porte d'entrée où il visualise les deux femmes qui les tiennent, tous les deux, hors du gouffre. Ellie lui manque, il ne peut pas vraiment le nier. Même s'il ne l'avoue pas ouvertement, lui non plus.

« J'avoue que ce n'était pas l'idée principale mais je le trouvais un peu basique alors ça lui ajoute une certaine originalité. »

Un sourire encore, des boutades pour dédramatiser tout ça. L'italien baisse pourtant le regard, un peu honteux du triste spectacle qu'il offre à cet instant. Et la question est finalement posée, et ses prunelles olive cherchent à nouveau celles de Jamie.

« Non je... Je me demandais si tu avais envie de revenir travailler un peu ici. Juste quelques heures pas ci par là, à ton rythme. Ellie serait ravie de te revoir parmi nous en revenant. »

Un sourire plus franc paraît sur ses lèvres fines. Il l'attendait, il l'espérait, cette demande. Il n'aurait pas pu s'imposer de lui-même, il n'en aurait pas eu le courage. Mais il ne peut évidemment pas laisser passer l'occasion.

« J'adorerais ça. »

Ne serait-ce que pour ne pas rester enfermé à l'appartement, ne pas continuer à broyer du noir quand Nessa est en cours. Retrouver ce second foyer, qui lui manque plus qu'il n'a jamais réussi à le dire.

« Et puis si c'est pour faire plaisir à Ellie... »

Comme s'ils ne savaient pas tous deux que ce n'était qu'une excuse. Mais ça n'a pas d'importance. Ce ne sont que non-dits et faux semblants, mais ils se comprennent. C'est tout ce qui compte, n'est-ce pas ?

« Je vous ramène mon planning demain. Demain à quatorze heures. J'ai des cours le matin... »

Il se projette déjà, se revoit face aux clients, à soigner les petits ou gros bobos des animaux de compagnie de tout Edinburgh. Il entend Jamie râler, les messes basses à ce sujet quand il a le dos tourner. Le rire d'Ellie, quand elle reviendra. Il imagine Nessa venir le chercher quand ses horaires coïncident. Et peut-être Harold, un de ces quatre.

Une deuxième maison, vraiment. Bien plus, au fond, que celle de son adolescence à Rome. Il ne refuserait ça pour rien au monde. Et quand il quitte le cabinet, pour regagner son petit deux pièces auprès de sa rousse préférée, pour la première fois depuis une éternité, il se sent un tout petit peu plus léger.
Presque bien, même.
Comme s'il venait enfin de retrouver une part de lui, dont il avait trop longtemps été privé.
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MessageSujet: Re: Mayday • 2019, may   Mayday • 2019, may EmptyLun 2 Sep 2019 - 19:32

Je n'étais pas très doué avec les deux pattes mais j'étais heureux de constater que mes paroles lui redonnaient un semblant de sourire. J'ignorais les détails de son traumatisme comme il ignorait ceux du miens mais ça ne nous empêchait pas de nous comprendre. Avec le temps, il était devenu comme un fils pour moi, un petit protégé que j'aurais sincèrement voulu pouvoir aider davantage. Ce qu'il m'offrit un peu de faire finalement, puisqu'il accepta de revenir travailler au cabinet de temps en temps. À cette idée, mon sourire se fit plus large et plus franc, ma main se posant presque tendrement sur son épaule pour la serrer doucement. Une façon virile de le serrer dans mes bras j'imagine...

« Merci. » Murmurais-je presque, comme si je peinais à admettre que j'adorerais ça moi aussi. Ellie serait aux anges bien sûr, mais j'étais dans le même cas au fond. « N'en doute pas une seule seconde ! Je pense même qu'elle va revenir d'Afrique à la nage en apprenant ton retour ! » Plaisantais-je même si je l'en savais capable. « Et prend ton temps, le cabinet ne va pas disparaître et je ne suis pas prêt de changer d'avis. »


Ajoutais-je, profondément touché qu'il n'ait pas refusé malgré tout. Nous discutâmes encore un peu, de choses moins sérieuses, puis je le laissais partir, soulagé qu'il soit plus souriant et qu'il ait l'air un peu plus détendu. Ce n'était pas gagné, j'étais passé par là et je ne croyais pas au miracles... Mais je ne l'aurais pas laissé partir en pleurs et mal comme il l'avait été un peu plus tôt. Puis, maintenant, je pourrais veiller discrètement sur lui, en espérant que ça l'aide, au moins un peu. Je ne l'abandonnerais pas.
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