Tu n’aurais jamais pensé aller un jour à ces stupides bals de la Saint Valentin. Rien que ce mot était ridicule. Bal. Un évènement pour les jeunes femmes préférant se prendre pour Cendrillon pour une soirée plutôt qu’accepter le sentiment de solitude qui leur rongeait les entrailles. Pourtant, tu avais accepté de t’y rendre, et, deuxième détail surprenant, accompagnée qui plus est d’un garçon. Il fallait dire que cette petite comédie commençait à t’amuser. Tu avais déjà Aliah et Lia, maintenant même Zola devenait un rôle. Adieu voyance et téléphone rose, tu étais la fille d’une professeure émérite en Sciences politique et tu écrivais présentement un livre sur les superstitions, notamment sur l’astrologie. Un bon mensonge contenait toujours un fond de vérité, de telle sorte que si une personne se montrait un peu trop curieuse et commençait à poser des questions sur ton œuvre, tu étais en mesure de répondre. Ce bal n’était qu’une occasion de plus pour endosser ce personnage.

Tu avais, pour te fondre dans la masse, demandé à tes connaissances geek si l’une d’elle pratiquait le grandeur nature et pouvait te dénicher une robe médiévale. Heureusement pour toi – puisque tu refusais de dépenser le moindre centime pour ce bal – on te fit parvenir une magnifique robe longue pourpre et noire, décorée d’argent. L’inspiration était nettement plus elfique qu’historique mais ce n’était pas toi et ton D en Histoire qui allait faire la différence. La personne te prêtant cette tenue avait même eut la gentillesse d’accompagner le tout de bijoux assortis.

Le jour J, tu n’eus qu’à enfiler la robe, serrer vaguement le corset et placer la tiare elfique sur tes cheveux lisses. Tu te peignas le visage avec le seul maquillage que tu maitrisais, le smoky noire, et enfila tes bottes noires à talon épais, prisant pour que la longueur de la robe les dissimule.

Après un court trajet en taxi, tu te pointas au château. Si le plan initial était d’attendre l’amour de ta vie - on y croyait presque - à l’entrée, le froid te fit changer d’avis. Tu pénétras les lieux seule, avec ta tenue sortie des Seigneurs des anneaux et ton maquillage directement inspiré d’Avril Lavigne à l’époque de Sk8ter Boy.

A l’intérieur, tu repéras tout d’abord le champagne, puis un couple étrange collé au mur comme s’ils étaient sur le point de s’embrasser fougueusement et retirer leurs vêtements. Les hétéros étaient détrangent créatures. Si tu devais regarder ce genre de chose, tu préférais le faire en étant légèrement alcoolisée. Tu saisis une coupe et laissa ton regard balayé la salle à la recherche d’une créature agréable à regarder. Tu t’arrêtas sur une rouquine. Ses lèvres te donnaient envie de les embrasser et ses formes te plaisaient. Le sexe de son cavalier, cependant, beaucoup moins. Déçue, tu baissas les yeux et portas ton attention sur ton téléphone. D’un rapide message, tu laissas savoir à ton cavalier où tu te trouvais, espérant qu’il te rejoigne rapidement.

Such a lonely day
Shouldn't exist
It's day that I’ll never miss
Such a lonely day
And it's mine
The most loneliest day of my life

And if you go, I wanna go with you
And if you die, I wanna die with you
Take your hand and walk away



System of a Down – Lonely day – Bal de la Saint-Valentin

Lonely day

Costumes d’époque*. La notion, en soi, était assez large, considérant que la baraque où se tenait l’évènement avait été bâtie au 12e siècle et avait survécu aux multiples conquêtes anglaises jusqu’à aujourd’hui. Pour être original, il aurait presque fallu s’habiller comme Kurt Cobain. C’était un costume d’époque, non? Mais on lui avait martelé la bienséance, depuis sa première gorgée de biberon. Le château d’Edinburgh ne l’impressionnait pas vraiment. Ce n’était qu’un piège à touristes. Il avait passé tous ses putains d’étés au sein de Braemar Castle, après tout, sous le regard des portraits de tous ses ancêtres du clan Farquharson. Il connaissait presque la vie quotidienne que l’on pouvait passer, entre ces murs de pierres humides où les vieux calorifères à eau roulaient, même au tout début de l’automne. Qu’y avait-il de glamour, entre ces vieux murs de pierre qui avait davantage vu de militaires bruts et de batailles que de princes et de bals?

Il aurait préféré passer la soirée chez lui. À travailler sur le dossier de Donna McTavish, comme tous les autres soirs. À boire son whisky, jusqu’à s’endormir sur son bureau, sans rêves ni cauchemars. Mais la secrétaire de son père lui avait envoyé un email. Le juge McDonald de la Cour Suprême comptait assister à l’événement, avec sa tendre épouse. Le message était clair. Il devait y être.

L’idée lui était passée par l’esprit de simplement mettre le kilt du clan de sa mère, les Farquharson, rangé dans le garde-robe, sa bourse traditionnelle, une chemise blanche roulée aux coudes, ses Doc-Martens, des bas bleus et un morceau de tissu assortis acheté au rabais, comme les peintures du 18e siècle. Ça plairait aux filles qui lisaient trop Outlander. Et aux garçons qui s’imagineraient ce qu’il y avait en dessous. Mais il imaginait déjà les emails outrés de sa mère et n’avait déjà pas la force de leur répondre. On n’avilissait pas le nom de sa famille pour un bal costumé.

Ou peut-être un costume neutre, standard du 19e siècle. Un truc de bon goût. Une redingote, une chemise blanche à col empesé, une cravate de soie noire. Il avait tout ça. Et puis… il commençait à connaître Zola, après tout. Elle arriverait les yeux fardés de noir comme une goth et habillé d’un truc un peu déplacé. Quand bien même qu’il essayerait d’agencer, rien n’y ferait. Mais il avait besoin d’elle. Il ne pouvait pas aller seul à cette putain de soirée. Le juge McDonald serait là, avec toutes les promesses d’avancement que son père espérait.

Fuck McDonald.

L’idée du siècle lui était apparue. Il était déjà bien alcoolisé, lorsqu’il réserva son costume chez Anycostume, en ligne. Le soir de la St-Valentin, l’Angleterre reconquerrait l’Écosse, à coups de bassins entre cuisses et fesses. Le costume lui allait sur mesure, comme s’il était né avec. Seul le tricorne était un peu grand. Ses cheveux étaient assez longs pour un faire une mini-queue de cheval. Il faudrait les couper bientôt. Il entra dans la salle de bal le dos droit, en conquérant. Une chemise blanche immaculée, des culottes de velours coupées aux genoux, des bas blancs et un manteau rouge de militaire du 18e siècle, orné de broderies et d’épaulettes dorées. Après tout, le château d’Edinburgh n’avait jamais succombé réellement aux Jacobites. Les deux mains dans le dos, comme sur les portraits qu'on pouvait voir au Musée, son regard balaya la salle au moment où son Iphone se mettait à vibrer. Oui. Oui, il savait. Zola était déjà. Il haussa le sourcil et détourna instinctivement les yeux, lorsqu’il vit ce couple d’hommes main dans la main, se diriger vers le buffet. L’Écosse n’était pas réputée pour son ouverture d’esprit, en terme d’homosexualité. Ils n’avaient pas peur, comme ça devant tout le monde? Et si les pneus de leurs voitures se retrouvaient crevés, dans le parking, à la fin de la soirée? Et si… Alastair ferma les yeux. Il les enviait, au fond. Dieu qu’il les enviait, ces mecs….

Puis la robe mauve et noire de Zola retint enfin son attention. Le pourpre, le noir. La putain de tiare. Il poussa un soupir exécré. Sa mère avait raison. Cette fille ne savait pas s’habiller. Avec le violet de sa robe et le rouge vif de sa redingote… ils n’étaient pas le couple le plus agencé de la salle. Ils ne gagneraient pas le titre de roi et reine du bal, cette année, en tout cas. Mais où était McDonald?

Ses yeux tombèrent sur la rousse et son compagnon, dans un coin. Et les yeux de Zola rivés dessus les cheveux de feu. Il arriva derrière elle, comme l’amoureux tant attendu qu’il devait être et plaça un baiser dans son cou, en lui extirpant le verre de champagne qu’elle tenait à la main et en buvant le reste d’un trait. Puis, il plaça ses lèvres tendrement près de son oreille, comme le petit couple parfait qu’ils étaient censés être et murmura, doucement, pour ne pas être entendu.

« Son mec, il est gay. Je le sens. Une fille qui sort avec un mec gay est une fille qui veut être laissée tranquille ou qui veut baiser. J’ignore avec qui, darling, c’est pas mon domaine, c’est le tien. On joue à un jeu, ce soir, toi et moi. On devine qui est gay ou lesbienne dans la salle. Chaque bonne réponse vaut 10 point et le gagnant paie la tournée au World’s End pour la soirée à l’autre. Ça te va? »

*Oui, oui, j'ai tiré un dé pour savoir quel costume Alastair metterait. 1. Le costume de ''Red Coats'' ceux qui ont gagné la bataille de 1746, 2. Le kilt 3. Le costume du 19e siècle. C'est tombé sur 1

Briséis ne changeait pas, elle avait clairement montré à Winter qu'elle ne voulait pas venir. Cependant, le ton sarcastique qu'elle avait employé à son arrivée ne retenait même pas l'attention du garçon qui, lui, était bien trop émerveillé. Finalement, la rousse se détendait un peu, le but était surtout de passer une bonne soirée, de s'amuser, évidemment. Ils riaient ensemble alors que le garçon lui apportait une flûte de champagne. Il gardait encore quelques secondes cet air snob avant de totalement se dérider.

Il regardait le buffet de haut en bas, l'analysait, pour ne prendre que des choses qui étaient adaptées. Hors de question de se tromper, le tarama, il s'était fait avoir une fois, pas deux. En même temps, c'était tout rose, tout mignon, comment aurait-il pu deviner ?
Fort heureusement, il parvint à trouver le saint Graal, ce qui allait faire entièrement leur soirée, des tartines d'avocats écrasés. Il y avait sans aucun doute autre chose, mais au moins, ils étaient en sécurité avec ce canapé. Il en tendait un à son amie, et en portait un autre à ses lèvres. Il souriait lorsqu'elle lui avouait ne pas vouloir danser lors des slows. Bien sûr que oui, elle allait le faire, il ne lui laisserait pas le choix de toutes manières.

La salle se remplissait peu à peu, et Winter regardait avec attention chaque personne qui entrait, peut-être qu'il y rencontrerait enfin son prince charmant ? Il ne s'attendait à rien en particulier, mais il avait bien le droit de rêver, on aurait dit Cendrillon.
Son attention se porta soudain sur la jeune fille qui venait d'entrer. Sa robe, particulière, avait su le questionner. Elle aussi avait vraiment joué le jeu, on l'aurait pensé tout droit sortie d'un conte, ou d'un jeu vidéo. Il la suivait discrètement du regard, et lorsqu'elle s'arrêta enfin, il remarquait facilement qu'elle aussi semblait analyser toute la population. Il constatait également que son regard s'était arrêté sur sa belle cavalière, alors, de plus belle, il souriait, s'approchant un peu plus de son amie pour doucement, le lui annoncer.
"Sois discrète, pitié, mais y'a cette fille, à ta gauche, qui ne fait que te regarder, je pense que tu lui plais !" Il riait doucement. Le temps qu'il relève la tête pour la voir à nouveau, un homme été apparu à ses côtés. Peu importe, le brun avait quelque chose derrière la tête, et il ne comptait pas s'arrêter. "On devrait aller les saluer, t'en penses quoi ?"

Sans vraiment lui laisser le moindre choix, il la prit par le poignée pour la traîner jusqu'à cet autre couple, qui semblait presque aussi faux que celui qu'il formait avec la rouquine. Il n'avait pas peur de parler aux gens, et là, ça pouvait être vraiment amusant.
"Hey, bonsoir ! Elle est vraiment super cette robe, miss, j'suis presque jaloux." Ce n'était pas tout à fait vrai. "J'me présente, Winter, mais j'pense que t'as plus envie de connaître mon amie." Il se retournait. "Fais pas ta timide, Bri'." Elle allait le détester. "Et vous deux, c'est quoi vos noms ?" Si la blonde semblait être intéressée par la jolie Briséis, Winter, lui, devait bien l'avouer, l'autre cavalier lui plaisait.

Plus la pièce se remplit, plus tu te demandes ce que tu fais encore ici. Il n’y a pratiquement que des couples qui profitent de cette soirée pour se complimenter, pour échanger des mots doux au creux de l’oreille et pour danser coller serrer. De toute manière, tu t’attendais à quoi en venant à ce bal ? C’est la Saint-Valentin, ce n’est pas vraiment une fête destinée aux célibataires. Tu tentes de faire abstraction de ce qui t’entoures en te concentrant sur le buffet. Tu y arrives plutôt bien puisque la nourriture est ce qui rythme ta vie. Tu as un appétit d’ogre que Winter doit combler à longueur de journée puisque tu es incapable de faire toi-même la cuisine. D’ailleurs, il te propose une tartine d’avocat écrasé que tu engloutis immédiatement, faut dire que ce sont des amuses bouches, c’est minuscule. N’étant aucunement rassasié tu continues ton inspection jusqu’à ce que ton regard soit attiré par des petites fours. Tu ne peux pas résister à la tentation alors que tu ne sais pas s’il contient de la viande ou du poisson. Tu aimes vivre dangereusement. Bingo, il est au fromage de chèvre ! Tu tapotes vigoureusement l’épaule de ton cavalier.

- Ils sont trop bons ceux-là, goûtes-les ! C’est une bénédiction du ciel.

Si tu ne devais choisir qu’un seul aliment que tu devrais manger pour le restant de ta vie, ce serait le fromage de chèvre. Alors que tu reprenais une bouchée de l’une de ses petites merveilles, le brun affirme que quelqu’un te regarde avec insistance. En entendant ça, tu as bien failli tout lui recracher à la gueule. Qu’est-ce qu’il raconte ? Tu es dans une robe de princesse ridicule, à qui tu pourrais bien plaire ? Tu te retournes sans aucune discrétion pour connaître l’identité de cette mystérieuse fille. Pour autant, tu n’arrives pas à savoir de qui il parle parce que tu ne remarques jamais lorsque quelqu’un te fixe.

- Tu parles de qui ? Je suis certaine que tu te trompes.

Tu ne peux pas t’en tirer comme ça, tu devais te douter qu’il n’allait pas en rester là. Sans te laisser le temps de répondre par la négative à sa question, tu te retrouves devant deux personnes que tu ne connais pas. Tes yeux se posent sur la blonde qui doit certainement être la fille à qui tu plais selon Winter. Tu dois bien avouer qu’elle est très jolie mais tu n’es absolument pas à l’aise dans ce genre de situation. Tu ne veux pas entendre parler de drague, d’amour ou tout ce qui s’en rapprochent. Tu lances un regard noir à ton colocataire, il va te le payer. Tu reprends contenance et affiche un grand sourire.

- En parlant de robe, fais gaffe qu’il ne te la vole pas. Il adore enfiler le costume de la Reine des neiges. Je vous assure, je n’en peux plus de l’entendre brailler libéré, délivré dès le matin…

Petite référence à Radio Thunder qui avait inventé cette anecdote dans l’une de ses émissions. Cela t’as beaucoup fait rire même si tu sais que c’est totalement faux, lui beaucoup moins. C’est un coup bas néanmoins c’est lui qui a commencé les hostilités. Tu t’es tout simplement vengée. Et tu t'en fous royalement de potentiellement le rendre ridicule devant le garçon qui semble l'attirer.

La Saint-Valentin. Il a envie de s'y rendre, à ce bal, autant que de se pendre. Mais Nessa a insisté, elle a envie d'y aller, elle, et il lui faut un cavalier. Il a cherché des excuses en vain, il n'a pas pu y couper. Pas vraiment voulu la décevoir non plus. Il en a déjà bien assez fait par le passé, et les répercussions de Rome ne sont à son grand dam, pas vraiment derrière lui. Alors il a cédé, mais il a manqué de s'étouffer quand elle lui a avoué - après qu'il a promis de venir, évidemment - qu'il s'agissait d'un bal costumé. Qu'il lui faudrait mettre un costume d'époque. Mais de quelle époque ? Il l'a dévisagée avec des yeux aussi ronds que des balles de golf pendant de longues minutes. Mais qu'est-ce qu'elle voulait qu'il enfile costume ? Il ne pouvait pas faire ça, lui qui ne rêvait que de se fondre dans la masse, il était mal barré.

Elle a insisté, lui a affirmé qu'elle avait l'idée parfaite, avec sa bonne humeur et son enthousiasme naturels. Dès le lendemain, elle rassemblait ce dont elle pensait qu'ils auraient besoin, les trois quarts de ce qu'elle cherchait se trouvant déjà dans sa garde-robe. Et pour cause.

« Je m'occupe de la partie... cosmétique », a affirmé son amie.

Et elle s'y est tenue, tant pour elle, et ses yeux rehaussés d'eye-liner noir, ses lèvres ourlées d'un rose poudré presque trop sage, et ses cheveux retenus d'un ruban blanc, que pour sa coupe à lui.

Le soir en question, c'est vêtu d'un t-shirt blanc près du corps sous son perfecto, sur un jean retroussé à la mode rétro qu'il est apparu au bras de sa rouquine de coloc, les cheveux gominés en une banane très rock'n'roll. Sans doute que l'effet aurait été plus efficace s'il avait une démarche plus assurée, mais il n'a qu'une envie a peine a-t-il vu la foule amassée dans la salle de réception : s'enfuir. Nessa, elle, rayonne, et il s'en veut de lui faire autant d'ombre. D'être le boulet qu'elle se traîne en permanence, quoi qu'elle s'en défende. La robe rétro marine à pois blanc ceinturée à la taille, ces gants courts, de dentelle ouvragée, et les ballerines assorties à ses pieds, elle est magnifique. Le soin qu'elle a apporté à sa tenue témoigne de son envie de participer à la fête, contrastant drastiquement avec sa propre urgence de vider les lieux. Et c'est sur le champagne qu'il se venge, et les verres passant à sa portée ne restent pas pleins bien longtemps. Un, puis deux... Nessa a serré sa main, il l'a assurée que tout irait bien, de sorte qu'elle puisse s'éloigner, retrouver des amies et s'amuser sans qu'il ne la tire vers le bas. Et la valse des verres à continué, à un rythme effrayant. Trois, quatre, cinq... La tête commence à lui tourner, mais ça ne l'empêche pas de continuer à boire.

Jusqu'à ce qu'il l'aperçoive, lui. Là-bas. Près du buffet, au bras d'une blonde. Un costume militaire du 18e siècle impossible à manquer, le rouge carmin tranchant le noir et le pourpre de la robe elfique à ses côtés. Rouge sang. Et les flashs violets zébrant l'obscurité d'une chambre glauque. Et les bulles de champagne ne suffisent plus à l'isoler ni de la foule ni des souvenirs. Il a l'impression d'étouffer, là, au milieu de tous ces gens costumés. Et la culpabilité qui le ronge depuis des mois et des mois n'a fait que prendre plus d'ampleur depuis qu'ils se sont revus, avec pertes et fracas, dans ce bar où Nessa l'avait traîné.

Nessa... Son regard scrute la salle à la recherche de la chevelure rousse de son amie, mais se retrouve irrémédiablement attiré par la veste écarlate. Et une autre chevelure rousse qui s'en approche. L'alcool embrume son esprit, anesthésie toute raison. Comme une répétition morbide de ce soir-là. Et mécaniquement, il traverse la salle, un énième verre à moitié vide à la main.

« Hey... » commence-t-il presque timidement comme pour annoncer sa présence. « Désolé de vous interrompre. Promis, je vous importune pas longtemps. »

Des excuses pour commencer. Ou pour continuer. Combien de fois lui a-t-il dit qu'il était désolé ? Combien de fois l'a-t-il pensé ? Il a perdu le compte il y a bien longtemps, mais se tourne pourtant vers le londonien, cherchant ses prunelles olive qu'il peine à fixer.

« Je voulais juste que tu saches que... je suis désolé, mec. Vraiment. Je te l'ai dit ça, hein ? Ouais... ouais... mais c'est pas grave, c'est pas grave... C'est cool, ouais c'est cool, mec, si t'as trouvé quelqu'un de... cool. »

Est-ce qu'il parle de l'autre beau brun qu'il a à peine regardé et à qui il tourne à moitié le dos, qu'il reconnaîtrait peut-être en d'autres circonstances, et fuirait sans doute tout autant ? De la rousse qui l'accompagne ? Ou de la blonde au bras de celui dont le souvenir hante encore ses nuits ? Il n'est même pas vraiment capable de le préciser.

« Enfin tu vois, hein ? Vraiment, je suis content pour toi. Et je te souhaite tout le bonheur du monde, tu sais ? Je suis sincère, tu sais ?... »

Il insiste, sans même vraiment s'en rendre compte. Appuie sur les mots, trop lourdement. Comme sa main qui pèse sur l'épaule de l'anglais. Le regard brillant, la démarche mal assurée, il tente un sourire qui n'a rien de convainquant, avant de se détacher, prêt à se détourner. Et sa coupe presque vide qui se lève comme un toast porté à la cantonade.

« Buon San Valentino a tutti ! »

Partir, maintenant. Fuir la foule, le monde dans lequel il n'a jamais réussi à trouver sa place de toute façon. Fuir, loin de tout et de tous, de tous ces couples transis ou simulés.
Loin des regards inconnus, de celui plein de reproche de Riccioli d'Oro. Et surtout de celui, réprobateur ou inquiet, de sa plus proche amie.

Il fallait décidément plus de champagne, s’il voulait survivre à cette maudite soirée. Il se leva sur la pointe de ses hautes bottes noires, survolant l’atmosphère de toute sa grandeur - en plus des talons obligatoires de l'époque choisie, pour survoler un peu trop rapidement la salle de bal. Les couples commençaient à affluer et à faire leurs premiers pas sur la piste de danse, dans leurs costumes tous plus bigarrés les uns que les autres, sans aucune unité. On aurait dit que tous les représentants de l'histoire occidentale s'étaient donnés rendez-vous, ce soir. Sauf, ce mec en kimono, là, en train de causer avec des potes. Au moins lui, il était original.

Nope. Le juge McDonald n’avait pas encore fait son apparition. Il pesta silencieusement et attrapa deux coupes de champagne sur un plateau quelconque. Il cala la première d’un trait et tendit l’autre à sa dulcinée de fortune, avec la bouche en cœur, à l’oreille de celle-ci.

« Je te signales que le but de la soirée est de paraître le plus hétéro possible. Fuck! On ne sait même plus quelle est la couleur de tes yeux, darling, tellement ta pupille est dilatée à cause de la rouquine d’à côté. Hétéro. On. Doit. Paraître. Hétéro. Champagne, chérie? Un petit four, peut-être?»

Il lui avait mit le verre de champagne sous le nez, entre elle et la rousse et l’avait entraînée, vers le buffet et l’expansion de plateaux de flûtes blondes. L’alcool gagnait toujours, avec Zola. Il espérait que ce soit le cas ce soir. Il prit un hors-d’œuvre au hasard et l’engouffra sans même le mastiquer. Le goût aigre du fromage bleu et la texture immonde des épinards qu’il haïssait tant lui emplit la bouche, comme une nausée de gueule de bois. Pourquoi? Mais pourquoi servait-on des putains épinards? Et du fromage bleu ou du fromage de chèvre bordel? Le visage cramoisi, il se retourna pour recracher la chose et trouver désespérément une serviette de papier où mettre le truc maintenant gluant qu'il avait dans la main mais le couple que lorgnait son amie s'avançaient déjà vers eux. Tant pis. Il replaça mine de rien le hors-d’œuvre machouillé sur son plateau, s'essuya la main sur sa veste en priant le ciel que personne ne l’ait vu. Il attrapa une autre coupe de champagne et la vida aussi vite que les précédentes, pour se donner du courage.

"Hey, bonsoir ! Elle est vraiment super cette robe, miss, j'suis presque jaloux. "J'me présente, Winter, mais j'pense que t'as plus envie de connaître mon amie."

Alastair lança un regard noir à son amie et se retourna pour faire face au couple qui avait fait voler en éclats leur petit mensonge. Et si McDonald était là? Et s'il avait entendu? Il passa un bras autour des hanches de sa partenaire, en la serrant contre lui et lui fichant une baiser sur la joue et mit sur ses lèvres un grand sourire ravi, comme si on leur avait fait le plus beau des compliments, en prétextant ne pas avoir entendu le reste. Il tendit une main solide, gantée de blanc au jeune homme en face de lui. Il devait avouer que la rouquine autant que son cavalier étaient tous deux canons. Le mec. Le mec avait de ces grands yeux limpides où on pouvait tout lire et de ces lèvres sensuelles qui pouvaient promettre mille choses, dans une cabine de toilette un peu à l’écart. Gay. Définitivement gay. Son sourire s’élargit. Le fantasme d’un après-bal survolté et clandestin dans un recoin du château fit briller une étincelle narquoise, dans ses iris clairs.

« Ma fiancée a toujours cette touche… magique pour paraître originale. N’est-ce pas ma chérie? Harold. Harold Pratt. Et voici ma partenaire de crime, Zola. Enchanté, hein! Alors, avouez qu’ils ont mis le paquet, cette année! La soirée se passe bien pour vous? »

Un autre sourire. Il attrapa une coupe sur un plateau et fit un clin d’œil au jeune homme en face de lui. Finalement… cette soirée ne serait pas si mal, non? Vraiment pas si mal, en si belle compagnie…

Il allait en remettre, avec d’autres formules polies, toutes aussi vides, en plaisantant peut-être lui aussi sur cette Radio-Mystère et ses chimères lorsqu’une voix un peu plus chantante et un peu plus engourdie par l'alcool que les autres derrière eux l’arrêta net.

L'Italien.
Non.... Non, pas lui. Pas ce soir, bordel... Pas ce soir...

Tous ses muscles se crispèrent. Il baissa la tête pour cacher son vertige. Il eut l'impression, un fugace moment, que toute l'atmosphère s'était enveloppée de noir, de violet et de sueur. Il frissonna. La robe de sa partenaire lui donnait la nausée, tout d'un coup... Serrait-il Zola trop fort? Il ne voulait plus revoir ce mec. Plus jamais. En tout cas, pas ce soir. Il ne voulait pas se retourner. Il ne voulait pas affronter ce regard noir qui l'avait hanté, depuis un an et demi maintenant... Et si les deux autres étaient là, eux aussi...

Il vit la tête blanche de McDonal faire enfin son apparition, à l'entrée. Alastair ferma les yeux, livide.


« Hey! Désolé de vous interrompre. Promis, je vous importune pas longtemps. »

Winter était plutôt assez satisfait d'avoir traîné son amie jusqu'ici, il était même carrément heureux, et ne prêtait pas attention au regard noir que lui lançait sa cavalière. Il savait exactement, de toutes manières, qu'elle le regardait de travers. Ça l'amusait, tout comme la remarque de cette dernière sur la rumeur qui était passée à la radio. Il riait légèrement, acquiesçait, comme pour confirmer ses dires. Il n'y avait aucun mal à aimer la Reine des Neiges hein ? Ce n'est pas comme si elle avait pu révéler certains de ses pires secrets. De toutes manières, elle n'avait aucune idée de tout ce qu'il avait pu traverser, depuis deux ans, il avait su être parfaitement discret. Winter ne cessait de regarder l'homme face à lui, qui lui tendait une main. Sans plus attendre, il s'empressait de la serrer. Il avait su capter le clin d’œil qu'il lui faisait, et son sourire s'étirait davantage. Il n'était peut-être pas venu pour rien, finalement, il allait pouvoir bien profiter de la soirée.

L'ambiance, qui était au départ au beau fixe, changeait immédiatement lorsqu'un inconnu s'approchait des deux "couples". Winter l'avait vu entrer dans la salle, il l’avait vu enchaîner les verres, et il avait un bon moment espéré qu'il ne vienne pas les déranger. Evidemment, c'était bien trop beau, et ce garçon se dirigeait rapidement vers eux. Il soupirait, il lui tournait le dos, mais ne cherchait dans un premier temps pas à se retourner. En revanche, il continuait d'observer celui qui s'était présenté, Harold, et lui qui était resté tout le temps agréable et souriant changeait subitement d’attitude, comme si la présence du garçon l'avait chamboulé.

« Hey! Désolé de vous interrompre. Promis, je vous importune pas longtemps. »

Et il continuait à déblatérer quelques mots, à parler, à dire des phrases qui n'avaient strictement aucun sens entre elles. Winter soupirait une nouvelle fois, légèrement agacé, mais également inquiet pour lui, et pour Harold, qui allait décidément de moins en moins bien. Il se décidait alors de se retourner légèrement.
Alors face à lui, il le reconnaissait. Ce mec, ce n'était pas la première fois qu'il le voyait. Il l'avait souvent observé, de loin, en train de dessiner, et à chaque fois qu'il voulait s'approcher, l'autre fuyait. Le jeune "prince" devait bien avoir alors au moins une dizaine d’œuvres du garçon. C'était bête, il en avait peut-être besoin. Il attendait qu'il finisse son discours, mais son sourire rayonnant s'était envolé depuis bien longtemps. Posant une main sur son épaule, il le prit légèrement à part. "Hm... Ça va aller ?" Il se retournait vers le groupe, puis fit quelques pas pour s'isoler avec lui. "Tu devrais... Je ne sais pas... Boire un verre d'eau ? Vous vous connaissez avec Harold ? Tu veux que je lui demande de venir ?" Il était un peu perdu, il ne savait pas comment réagir, peut-être que l'autre saurait mieux comment le gérer. Il fit signe au garçon de le rejoindre, mais restait néanmoins à ses côtés, il avait bien vu ce que ça lui avait fait de revoir ce garçon, alors on ne savait jamais.

Tu sursautas sous le baiser d’Alastair. La rouquine avait occupé tes pensées au point de t’en faire oublier la raison de ta venue. Jouer l’hétérosexuelle avait quelques inconvénients, comme celui de ne pas pouvoir ouvertement draguer d’autres femmes. Mais sans ton « petit-ami », tu n’aurais jamais mis les pieds dans ce château, donc le résultat aurait été le même. Tu pensais devoir faire une croix sur la jolie rousse lorsqu’Alastair. Faire hétéro. Tu repensas au conseil donné par ton frère lors de ton premier rendez-vous en faux couple. L’idée te fit sourire, mais tu étais encore capable de distinguer les bonnes des mauvaises idées. Tu imaginas un instant la chaleur et la douceur de cette peau immaculée s’offrant à ton regard puis tâchas de balayer ces pensées. Tu ouvris la bouche pour répondre à Alastair, mais ce dernier occupa tes doigts d’un verre de champagne auquel tu ne pus résister. Tu la vidas presque aussi vite qu’Alastair. Hé bien. Si toi, tu buvais par plaisir, tu te souviens que cette soirée devait avoir un vrai enjeu pour l’homme, l’obligeant à faire bonne figure. Tu regrettas de ne pas avoir fait plus d’effort quant à ta tenue, mais le trouvais également gonflé de te traîner à ce genre de soirée sans te briefer un minimum sur les règles de la bienséance en amont. Tu l’accompagnas pour un second verre, voyant l’objet de tes pensées s’approchant de toi. Le garçon à son bras menait clairement la danse et possédait une assurance admirable. Son compliment vis-à-vis de ta tenue te fit lever les yeux au ciel. Tu t’étais vite rendu compte que tu détonnais, surtout à côté de ton cher et tendre. Tu ignorais comment il avait pu se procurer une telle tenue. Tu arrivais même à te demander si sa garde-robe n’était pas plus grande que ton appartement.

Tu préférais concentrer ton attention sur la demoiselle qui l’accompagnait. Tu crevais d’envie de lui lancer un regard ténébreux, mais ce dernier ne fonctionnait que sur les personnes passablement ivres et n’avait rien d’hétéro du tout. Alors tu suivis le ton d’Alastair, enlaçant sa taille de tes bras et te faisant petite contre lui. Petite était une façon de parler : si l’homme était, certes, plutôt grand, tes talons diminuaient de moitié les centimètres d’écart. Tu n’ajoutas rien, te contentas de tendre la main à ton tour comme pour ponctuer les présentations faire par Alastair. Puis, avant que tu ne comprennes vraiment ce qui se passait, un inconnu vint vous interrompre et parla, parla, parla sans que tu ne parviennes à suivre le fil. Alastair, quant à lui, s’agitait contre toi. Tu pouvais presque sentir ses ongles s’enfoncer dans ta peau, mais jugeas préférable de ne pas t’écarter. Il semblait à deux doigts du malaise. Tu attrapas une énième coupe de champagne et la bu avant de la remplacer par une pleine. Tu surestimais ta tolérance à la boisson. Tu savais très bien à quoi ce discours, aux apparences sans queue ni tête, te faisais penser : à toutes les soirées gâchées par tes ex bourrées, squattant ta messagerie ou ayant le doigts collé à ta sonnette. Voulant faire une touche d’humour, tu levas les sourcils et te penchas à l’oreille d’Alastair. « Hétéro, hein ? ». Ce n’était pas le moment. Ton ami n’était pas en état de répondre à cette taquinerie.

Le premier gars au nom de saison semblait vouloir prendre les choses en main alors que ton partenaire refusait tout commentaire. Ton regard chercha celui de la rousse et tu levas ton verre à son attention. « J’aime les chibres ! » Tu n’avais rien trouver d’intelligent à dire, alors tu usurpas les mots de ton frère afin de faire diversion et alléger le poids de l’air devenu insupportablement lourd. Tu dus te mordre la lèvre inférieure extrêmement fort afin de ne pas partir dans un fou rire incontrôlable. Tu ignorais si Alastair te demanderait encore de l’aide après ça. Il allait falloir rattraper tes conneries, et peut être même les siennes au passage, si vous vouliez garder votre couverture intacte.

Tu maudis Winter de t’avoir emmené dans cette galère. Pour la peine, tu ne feras pas la vaisselle durant une semaine. Peu importe si elle s’empile jusqu’au plafond. De plus, tu feras exprès de prendre plusieurs goûters dans la journée pour qu’il y ait plus d’assiettes à laver. Clairement, on part sur une petite vengeance. Ton regard balaie la salle et tu tombes sur une scène pour le moins comique, enfin surtout de ton point de vue. Lindsay, une fille que tu as croisé quelques jours plus tôt dans un restaurant, accuse Rudy de l’avoir trompé avec une prostituée. Tu ne peux pas t’empêcher de lâcher un petit rire tout en fronçant légèrement les sourcils. Ils sont ensemble ? L’homme ne t’avait pas dit qu’il voyait quelqu’un. Tu vas avoir beaucoup de questions à lui poser quand vous vous reverrez. Tu aurais pu venir à sa rescousse pour le sortir de cette situation embarrassante sauf que tu trouves ça beaucoup trop amusant de le laisser se dépatouiller tout seul. De toute manière, une femme vient tenter de l’aide. Tu te reconcentres sur tes trois interlocuteurs. Les deux personnes qui vous avez rejoint ont l’air assez proches. Une nouvelle fois, ton colocataire a dû s’imaginer des choses, la blonde est en couple, elle ne peut par conséquent pas s’intéresser à toi. Te voilà rassurer, tu aurais été gêné durant toute la soirée si c’était la cas. Quand une personne te porte un peu trop d’attention et que tu n’as pas décidé de jouer comme Sinéad te l’a appris, tu n’es pas à l’aise. Cela te fait littéralement flipper.

Soudain un jeune garçon que tu ne connais pas et qui a visiblement bien bu s’approche de votre emplacement et vous interrompt. Il s’adresse tout particulièrement à Harold. Tu ne saisis pas tout ce qu’il raconte, surement parce que tu ne connais aucun des deux individus. Tu ne sais pas quelle est la nature de leur relation, tout ce que tu remarques c’est la décomposition du visage du brun quand l’autre a fait son apparition. C’est après ça que celui qui te sert normalement de cavalier a décidé de revêtir le costume du chevalier servant et tenter d’apaiser la situation en emmenant le garçon à l’égard. Tu décides de le laisser faire, de toute manière comment tu pourrais apporter ton aide ? Tu te retrouves seule avec le couple et il règne une ambiance assez… bizarre. Tout d’abord parce que tu ne les connais, même si tu es de nature très sociable, votre rencontre s’est faite de manière étrange. Mais surtout parce que le brun est encore très tendu. Heureusement, tu reçois un message d’Ozcar qui te sors de cette situation gênante. Un sourire se dessine sur ton visage au fur et à mesure de la conversation. Tu dois bien avouer que tu l’aimes bien, le garçon. Tu décides tout de même de te détacher de ton téléphone pour ne pas paraître malpoli et désagréable. Tes yeux trouvent ceux de la blonde et elle sort une phrase assez surprenante. Tu ne l’avais pas vu arriver mais ça te fais beaucoup rire. Au moins, ça a le mérite de détendre l’atmosphère. Tu lèves toi aussi ton verre dans sa direction.

- Eh bien tu as de la chance, tu en as pleins à ta disposition !

Et en plus elle avait du choix.

@Winter L. Monroe pardon pardon, je savais pas si je devais attendre Ali et j'ai un peu zappé de poser la question... Si tu veux qu'on continue séparément - avant que IRP Vince aille faire une bêtise - je suis tout à toi, ici ou dans un sujet à part, sinon on peut se revoir après quelques jours/semaines au Summerhall (au hasard xD)